La jeune femme avait réussi à s’échapper, laissant Asher avec une victoire fragile à savourer. Désormais seul, ses poignets entravés le réduisaient à l’état d’une bête vulgaire. La lueur de joie qui avait brièvement illuminé son esprit s’estompa rapidement, laissant place à la douleur lancinante dans son genou. C’était comme plonger à nouveau dans l’abîme de son impuissance, une sensation familière d’échec qui le tourmentait. Mais que pouvait-il bien accomplir avec un fémur en morceaux ? Son regard se fixa sur la silhouette qui le surveillait, mais l’homme semblait s’être retiré.
Puis survint le silence, le genre de silence qui annonce généralement des événements funestes. Et comme prévu, le silence fut brisé brusquement par l’arrivée tumultueuse de plusieurs SUV. Asher tenta laborieusement de se redresser, mais chaque mouvement était une épreuve en soi. C’est alors qu’une détonation déchira l’air, suivie d’une rafale de coups de feu. L’ancien soldat sursauta, son corps endolori se battant pour répondre à son désir de mouvement. La douleur lancinante qui émanait de sa rotule rendait chaque tentative difficile, transformant le moindre déplacement en un défi insurmontable. Malgré sa détermination, la douleur refusait d’être ignorée, tout comme l’impuissance du compagnon de Kassandra. D’ailleurs, c’est à elle qu’Asher pensait. Et si elle ne sortait pas de cette situation ? Et si elle se retrouvait au milieu de la fusillade ?
Rien qu’en imaginant ces scénarios morbides, une colère froide naquit en Asher, une colère qui aurait pu faire fondre la glace elle-même, l’envie de hurler à pleins poumons son impuissance, de briser les chaînes de sa propre frustration. Une rage impuissante, telle une tempête intérieure, s’empara de lui alors qu’il se trouvait là, les mains liées, le corps meurtri, impuissant face à la tourmente qui se déroulait autour de lui.
Alors qu’il sentait la colère lui dévorer les entrailles, une silhouette familière émergea dans le chaos. « — Kassandra ? » C’était bien elle, mais il avait besoin d’être absolument sûr, agrippant cette lueur d’espoir fragile dans l’obscurité écrasante. Et comme toujours, la jolie brune s’enquit de l’état de son homme, lui lançant un regard scrutateur sous tous les angles, comme pour vérifier qu’elle n’était pas aussi mal en point que lui. « — Je vais bien, sauf si l’on omet ma rotule gauche. C’est une douleur difficilement supportable que je dois à cette charmante miss Parker. Je crois qu’on va devoir avoir une sérieuse conversation avec Jarod. »
Cependant, le temps pressait et les détonations se faisaient plus intenses, une preuve palpable qu’il ne fallait pas perdre de temps ici. Kassandra, ayant fait un aller-retour express, revint promptement se préoccuper de l’état de l’ancien combattant, avant de lui exposer rapidement la tournure des événements, glissant à demi-mot la présence de la CIA. « — Mais… » commença le beau blond aux yeux bleus, ses mots s’interrompant par impuissance. Il devait à présent se préparer à sauter à l’arrière du pick-up. Heureusement, le toit sur lequel il se tenait était bas, suffisamment pour ne pas craindre d’aggraver sa condition. Toutefois, conscient de l’état de son genou, Ash savait que le saut serait un supplice pour lui. « Qu’il en soit ainsi ! », lança-t-il avec une vaine résolution, murmurant ces mots dans un coin de son esprit, se préparant ainsi au pire.
« — Allez, Ash, tu peux le faire ! » Se trouvant contraint de s’auto-encourager dans cette situation chaotique, il tentait de puiser de la force en lui-même. Kassandra fit alors son apparition au volant du sacro-saint pick-up. Elle quitta presque aussitôt le véhicule pour y disposer à l’arrière une couverture, qui amortirait la chute à venir d’Asher. Ce dernier ne trouva même pas le temps de s’accorder une ultime prière à quelque divinité que ce soit. Avec effort, il s’efforça de se redresser en utilisant sa jambe encore valide, puis, prenant un minuscule élan, il se lança en prenant grand soin d’éviter de retomber sur son genou brisé. Cependant, la douleur ne tarda pas à se manifester violemment. Grimaçant et serrant les dents, il mordit son poignet pour étouffer sa réaction, alors que le véhicule reprenait déjà la route pour s’éloigner du chaos, quittant cette pluie métallique de balles derrière eux.
Cole ne s’attendait en aucun cas à ce que sa nouvelle supérieure lui déroule le tapis rouge. Cependant, un brin de reconnaissance supplémentaire aurait été plus que bienvenue. Après tout, il venait de mettre la main sur un caméléon qui avait réussi à échapper au Centre pendant des mois. Malheureusement, les priorités de Madison Rhodes semblaient être ailleurs. Cette constatation agaça déjà Cole, ravivant les souvenirs des actions minutieusement préparées par feu Alexis Novak. Les blessures anciennes et les souvenirs douloureux refirent surface, mais il n’y avait pas de place pour les sentiments à ce moment critique. Cole savait qu’il devait reprendre ses esprits, ce qu’il fit en lançant un regard empreint de mépris envers sa supérieure, avant de se focaliser sur la femme masquée à ses côtés.
« — Nous ne serions pas déjà croisés ? » La jeune femme n’eut pas l’occasion de répondre, fort heureusement pour elle. Dehors, une agitation étrange régnait, symbolisée par le crissement de pneus. Était-ce des renforts ? Un premier coup de feu retentit, rapidement suivi par un second. « — Bordel de merde ! » Cole eut à peine le temps de se mettre à couvert. « — Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-il à Madison, puis à Parker, comme si cette dernière était détentrice de toutes les réponses. Cole s’approcha d’une fenêtre pour observer la scène à l’extérieur. Deux imposants SUV venaient de se garer à quelques pas. Les occupants étaient armés jusqu’aux dents, vêtus de gilets pare-balles.
« — C’est une opération gouvernementale ! » Il était conscient que la CIA était derrière cette arrivée fracassante, mais par habitude, il préférait rester vague dans ses affirmations. Il arma son pistolet en attendant les instructions de Madison. Cependant, lorsque la jeune femme donna finalement ses ordres, Miller crut défaillir. « — Analyser la situation ou compter les troupes, ce n’est pas au programme ? On fonce tête baissée et on défouraille ? » souffla-t-il, exaspéré. « — Amateure ! » ajouta-t-il, à voix basse. Mais déjà, Madame Rhodes semblait prendre les devants, tandis que Parker tapotait nerveusement sur son clavier. Cole serra les dents, observant la femme masquée d’un regard intense, puis chercha des yeux les otages, scrutant chaque recoin.
« — Putain ! Les cibles se sont échappées ! » lâcha-t-il résigné.
Cependant, il n’y avait pas de temps à perdre, car Madison venait de pousser une porte. La colère montait en Cole, qui se rua vers un endroit pour se cacher, se fondant dans l’obscurité pour obtenir une meilleure vue d’ensemble de la situation.
No attachments!
C'est un paradoxe cruel de l'existence : trouver la force dans la vulnérabilité et, simultanément, le danger dans l'affection.—
J'avais entendu que des intrus étaient là, et pas n'importe qui ! Des agents de la CIA. Pendant deux secondes, je fus figée. Que faire ? Si je n'aidais pas la Division, ma couverture serait grillée, pas sûre qu'ils apprécient qu'une policière se soit infiltrée dans leurs rangs... Et le Centre n'accepterait plus de soigner ma fille gratuitement... Putain d'Andrew, dans quelle merde tu m'as fourrée !
Je reprismes esprits quand Rhodes Donna ses ordres et partit en bas des escaliers. J'avais reconnu Cole et entendis sa voix s'élever et marmonner, il n'était clairement pas d'accord avec sa supérieure hiérarchique. J'avais froid dans el dos, cet homme était un tueur, et j'avais couché avec lui, plusieurs fois. J'étais loin de m'en douter... Quelle flic en carton !
Je l'entendis une nouvelle fois rompre le silence en disant que les cibles s'étaient échappées. Que faire ? Je ne voulais pas canarder la CIA au risque de me retrouver en prison à vie. Je n'étais pas une meurtrière.
- Je m'en charge ! soufflai-je en me précipitant vers la fenêtre.
C'était la seule issue. Et cela me permettrait, si des agents de la CIA n'étaient pas dehors, de me sortir de cette situation. Je prenais le risque d'être assimilée à la Division et me faire tirer dessus mais j'avais le même risque, avec de plus fortes probabilités en restant à l'intérieur.
Alors que je sortais, j'entendis les tirs derrière moi. Le cœur serré, j'avançai sur la toiture en ayant éteint ma torche. Je vis un pick-up partir en trombes. Sûrement les fuyardes. Cela me permettrait de me planquer et me barrer à mon tour.
J'étais loin de me douter que les pneus de ma caisse étaient dégonflés...
Oui/Non La CIA se fait-elle maîtriser par la Division ?
Cole était abattu d’avoir laissé échapper les cibles, son visage trahissant la frustration qui le submergeait alors qu’il observait impuissant leur fuite. Il était évident qu’à partir de maintenant, il ne pourrait plus se vanter devant le Centre et ses quelques agents de terrain. C’était un échec cuisant, et la présence constante de Novak aux côtés de Cole ne faisait qu’attiser sa colère. « Avec lui, les choses se seraient passées différemment. » Mais il n’y avait plus de temps pour déprécier la nouvelle dirigeante. Le temps leur était compté, et bientôt les lieux se transformeraient en un champ de tir.
Le cœur de Cole battait à tout rompre, résonnant dans sa poitrine comme un tambour enragé. Sa main tenait fermement la crosse de son arme, ses doigts crispés autour du métal froid, tandis qu’une fine goutte de sueur perlait sur son front, trahissant à la fois son anxiété et l’effort physique intense. Dans un coin de sa tête, il évaluait la situation, calculant les options qui s’offraient à lui.
Alors que l’ennemi était aux portes, l’ancien protégé de Novak revit mentalement Kassandra crever un à un les pneus de tous leurs véhicules avec une dextérité terrifiante. « — Bordel ! » Sa voix était empreinte de frustration et d’impuissance. Il n’eut guère le temps de se ressaisir avant de voir la femme masquée, s’échapper par la fenêtre, sa silhouette disparaissant dans l’obscurité de la nuit. Quelques secondes plus tard, le chaos s’installa dans les lieux, les coups de feu crépitant comme un feu d’artifice de la destruction. Les murs résonnaient des échos de la bataille acharnée entre la CIA et la Division. Cole, invisible dans l’ombre, tenta de se déplacer sans être repéré, son souffle retenu à chaque pas.
Il n’eut aucun scrupule à tirer sur l’ennemi pour ralentir sa progression, sa silhouette se fondant dans l’obscurité tel un fantôme vengeur. Malheureusement pour lui, il fut vite repéré, les regards ennemis se fixant sur lui comme des projecteurs dans la nuit, ce qui le força à bouger. Il devait absolument se rapprocher de Madison, sa supérieure au regard déterminé, pour lui faire savoir que la plupart de leurs véhicules étaient désormais hors d’usage.
Il s’élança donc et se précipita vers Madison comme un athlète engagé dans une course pour sa vie. Soudain, un bruit sec retentit, suivi d’une vive douleur. Une balle avait presque aussitôt transpercé son épaule droite, arrachant à Cole une grimace de douleur. Son souffle se coupa un instant, mais il ne s’en formalisa pas davantage.
Il continua de courir malgré la blessure, ignorant la chaleur brûlante qui émanait de sa blessure. Les tirs ennemis crépitaient autour de lui, des projectiles mortels sifflant à ses oreilles. Enfin, il arriva à la hauteur de Madison, la poitrine haletante, le visage déterminé.
D’un regard, il lui fit comprendre l’urgence de la situation, puis il articula d’une voix ferme, mais précipitée, couverte par le fracas des armes à feu : « — L’une des cibles a crevé tous nos pneus. Il nous faut des renforts. » Sa voix portait la gravité de la situation, et il pouvait voir dans les yeux de Madison qu’elle comprenait l’ampleur du problème.
Pendant ce temps, le déluge de balles continuait de s’abattre sur les agents de la Division, laissant planer le doute quant à leur survie. La pièce était un champ de bataille chaotique, une véritable danse macabre de la violence et de la détermination.
Soudain, un bruit assourdissant déchira l’atmosphère alors qu’un hélicoptère surgit dans les cieux sombres, attirant immédiatement l’attention des agents de la CIA et de la Division. Le déluge de balles sembla suspendu dans l’espace, brièvement interrompu par le vacarme des pales tournoyantes. Des pneus crissèrent à nouveau sur le bitume, signe que quelque chose d’important se tramait.
« REPLI ! » lança l’un des agents de la CIA, sa voix portant au-dessus du chaos. Cole se redressa avec précaution, les yeux rivés sur la scène extérieure. Le chaos métallique s’était déplacé à l’extérieur, et il était évident que les renforts étaient enfin arrivés.
Il n’en fallut pas plus à Cole pour prendre une décision. Malgré son épaule blessée, la détermination brûlait toujours en lui. Il se faufila par la fenêtre, plongeant dans la nuit telle une ombre fugitive. Foutu pour foutu, il n’avait plus rien à perdre. La nuit engloutit sa silhouette, amère et résolue, laissant derrière elle un champ de bataille en ébullition et un avenir rempli d’incertitudes.
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C'est un paradoxe cruel de l'existence : trouver la force dans la vulnérabilité et, simultanément, le danger dans l'affection.—