▻ LOCALISATION : Quelque part à Blue Cove, avec Asher
▻ OREOS : 2084
▻ LOISIRS : Faire du roller, manger de la glace et des frites, faire du roller, apprendre de nouvelles choses, savourer sa liberté et oh faire du roller
Ca y est, elle y était, elle pouvait sentir l’air frais de la nuit pour la première fois depuis vingt-quatre ans. Une légère brise fouettait son visage, ébouriffant quelque peu ses cheveux, et Kassy eut l’impression que c’était la chose la plus agréable qu’elle n’ait jamais ressentie. Elle pouvait enfin voir pour de vrai la lumière de la lune et des étoiles, et même si cette vision était quelque peu saccadée par les pas rapides de sa course, c’était tout de même magnifique. Elle n’en gardait pas moins à l’esprit la petite cavalerie à ses trousses, composée d’une poignée d’agents de sécurité qui sans doute passeraient un sale quart d’heure s’ils la laissaient s’échapper. Mais l’heure n’était pas à la compassion pour ces gens qui n’en avaient aucune pour elle. Elle n’avait pas le choix, si elle voulait que sa vie lui appartienne, il fallait fuir. Non, elle n’y retournerait pas, du moins pas sans se battre. Aussi agile qu’une panthère, Kassandra disparut dans la nuit, ses pas étant presqu’aussi rapides que son rythme cardiaque.
Cachée derrière un tronc d’arbre en bordure de route, le cœur battant la chamade et le souffle court, elle se surprit à avoir une petite pensée pour Stan. Il serait sans doute triste et déçu qu’elle se soit enfuie. Mais après plus de vingt ans passés au service du Centre, Kassy avait le rêve fou de vivre sa propre vie, et non celle des autres au travers des simulations. Stanley disait que son travail était bénéfique, qu’il aidait à sauver des personnes, mais pourquoi ne pourrait-elle pas le faire depuis l’extérieur ? Le bruit d’un moteur de voiture se fit entendre. Pour avoir travaillé un nombre incalculable de fois sur des prototypes d’engins bien différents, elle était capable de reconnaître au son du moteur qu’il s’agissait là un véhicule assez lourd, du moins plus gros qu’une voiture citadine. Un pick-up dont elle ne parvenait pas à distinguer la couleur, avançait à faible allure. Aucun doute, ce n’était pas une voiture de l’un des employés du Centre. N’osant malgré tout pas se mettre au milieu de la route pour lui faire signe de s’arrêter, Kassy opta pour la solution discrétion : grimper à l’arrière du pick-up quand celui-ci passerait à proximité. Elle ignorait pourquoi le conducteur roulait aussi lentement, peut-être était-il fatigué, ou soul, ou perdu, peu importe, mais elle l’en remercia intérieurement. Avec un peu de chance, l’individu se rendrait assez loin du Centre. Une fois à bord, après être montée sans bruit, elle trouva une épaisse couverture roulée en boule, et se cacha dessous, espérant ne pas être repérée trop vite. Mais au vu de sa petite taille et la pénombre inhérente à la nuit, une fois allongée sous le tissu, l’affaire était réglée : elle se fondait parfaitement dans le petit décor que composait l’arrière du pick-up. Dissimulée sous cette couverture, le chemin lui parut interminable, si bien qu’elle finit par s’endormir…
Mrs FITZGERALD, au téléphone, cigarette en bouche, ne ménageait pas ses efforts pour paraître un tant soit peu aimable. Elle tâchait de se montrer claire à l'encontre d'Asher. Son arrivée au Centre était imminente et ne pouvait se faire qu'à une seule condition et pas des moindres. En effet, l'ancien soldat devait ainsi accepter d'endosser l'un des postes d'enseignants encore vacant au sein de l'Institut Catherine Parker. Un arrangement en échange d'informations sur un passé qui faisait défaut au rustre. Somme toutes quelques choses de plus ou moins équitable, cependant la vision divergeait du côté de notre soldat peu habitué à ce que l'on ait besoin de lui dans un domaine comme celui de la pédagogie. Mais le jeune homme ne pouvait se dérober et devait par conséquent accepter sans broncher la proposition de l'une des têtes pensantes du Centre.
Après avoir longuement tiré sur sa cigarette qu'il jeta sans se soucier le moins du monde de ce que ce geste pouvait engendrer sur l'environnement, Ash récupéra le peu d'affaires qu'il avait en sa possession et balança le tout sans ménagement dans un sac à dos. Dehors, le soleil commençait déjà à mourir à petit feu, emportant avec lui, dans une chaleur torride, ses derniers rayons. La forte tête se para d'un débardeur blanc qui mettait en valeur les muscles qu'il s'évertuait à entretenir durant ses temps libres (quand il ne boit pas). Une fois paré, il quitta son logement de fortune et retrouva sa moto qui l'attendait patiemment à quelques mètres à peine. Après avoir jeté un ultime regard sur l'horizon, Asher chevaucha son fidèle destrier métallique et sous les derniers supplices du soleil dans le vaste horizon, l'ancien soldat entreprit un nouveau périple.
« -Un logement vous attends sur place ! »
« -Quel genre ?! »
« -Une maison. »
« -Je préfère le terre-à-terre ! Donnez-moi un mobil-home ! »
BLUE COVE,une semaine plus tard.
Le soleil, avait semblerait-il prit la décision de s'imposer dans le ciel de Blue Cove. La chaleur n'était pas aussi étouffante qu'en Californie, mais n'en était pas moins propice pour s'octroyer une petite sortie. Après avoir rangé le peu d'affaires qu'il avait en sa possession et investit son nouveau « chez lui » à la sortie de la ville, Asher entreprit de quitter son mobil-home. Cela faisait quelques jours qu'il était arrivé, il n'était donc pas encore tout à fait acclimaté à la région encore moins aux lieux dans lesquels il s'apprêtait à exercer un nouvel emploi. Toutefois, il lui restait encore quelques jours de vacuité, juste ce qu'il faut pour repérer le terrain, et nul besoin de fraterniser avec les autres professeurs pour étayer son objectif. Du-moins, c'est qu'Asher pensait en franchissant, sur son fidèle destrier, les allées du Centre, sous le regard interloqué de certains membres du personnel. Il fit la connaissance de ses collègues de l'ICP, une présentation peu formelle qui étaya le dédain de la plupart de ses collègues à son égard. « -Quoi vous avez un problème ? » furent les seules paroles de Collins suite à cette rencontre. Pour limiter la casse, Elisabeth avait pris la relève en vantant les qualités du nouvel arrivant, des qualités difficilement visibles, car Ash ne mettait pas du sien pour amoindrir la mauvaise impression dont il faisait l'objet. Sans se formaliser le moins du monde, le nouvel arrivant ne daigna traîner davantage, préférant visiter les bars aux alentours plutôt que de prendre le temps de connaître ses nouveaux confrères.
18h55 Amen ! Apparemment le bon moment pour s'octroyer une petite sortie en ville. Sans plus attendre, le motard retrouva son mobil-home. Il prit une douche et se changea avec tout autant de rapidité. Ce soir, il opta pour le basique à savoir un jean et une chemise en flanelle rouge, le genre de tenue qui a le mérite de vous rendre insignifiant aux yeux des autres. Une fois paré, l'homme consentit à quitter son lieu de vie. Cette fois, il se délesta de son fidèle destrier métallique au profit de son pick-up, plus silencieux que la bécane. Car oui, Ash avait décidé de retourner aux abords du Centre pour mieux tâter le terrain. Pour l'heure, d'autres activités s'offraient à lui. Lunette sur le bout du nez, cheveux au vent, libre comme l'air, il avala les kilomètres. Puis la délivrance, parut à l'horizon après plusieurs minutes. Fier, le baroudeur sans peur, gara son pick-up et rejoignit aussitôt l'établissement. À peine venait-il de franchir le sol du « Blue Lagoon » que plusieurs regards se braquèrent sur lui. Sans s'en soucier, l'étranger s'approcha du comptoir et fit signe au barman, qui avança non sans méfiance.
« -Oui ? »
« -Mettez-moi ce que vous avez de plus fort ! »
« -Ok, ça marche » Le nouvel arrivant dégaina un premier billet qu'il déposa sur le comptoir lustré avant de prendre place sur l'un des nombreux tabourets vides qui s'offraient à lui. L'endroit semblait un peu trop calme, mais suffira à faire oublier l'atmosphère pensante du Centre et de son ICP, ainsi que les quelques trous duc qui peuplait les lieux. On trouve de tout dans un bar, des jeunes réunies en meute qui s'amusent sans penser aux conséquences d'une trop grande absorption d'alcool, des maris infidèles venus noyer le remord dans la bouteille, des femmes seules qui cherchent à se convaincre qu'elles sont encore désirables malgré la rupture qui les endeuille. En ces lieux imbibés d'alcool, la joie et la tristesse se côtoient. Certains boivent à la santé de leur camarade, d'autres boivent à s'en détruire la santé. Pour Asher Collins, les bars lui servaient surtout d'échappatoire pour fuir ses problèmes et ne pas avoir à les affronter. Le billet venait de disparaître dans la main du barman qui déposa sur un set de fortune, un verre à moitié plein. L'inconnu fixa longuement le liquide ambré qui tapissait le fond du verre, avant de se décider à le prendre en main. D'une seule gorgée, il délesta le verre de son contenu. L'espace d'un instant, le liquide chauffa sa gorge, mais l'effet ne fut que de courte durée. Lassé d'avoir aussi vite perdu le goût de l'alcool, Ash fit appel au barman et réitéra sa commande. Dans le fond, il ne se faisait pas trop d'illusion, il savait que l'effet euphorique ne serait que de courte durée et que même s'il enchaînait les verres, il resterait tristement sobre. C'était donc une chance que son portefeuille soit troué.
Il avala donc son troisième verre de whisky et se tourna pour observer un peu mieux l'endroit dans lequel il venait de se poser. À première vue, il n'y avait rien à signaler, tout semblait calme. Plusieurs gars observaient avec attention la partie de billard qui se déroulait près du juke-box, d'autres comme lui, étaient adossés au bar et arrivaient aisément à se torcher la tronche. « -Un autre ! » lança-t-il au barman qui intriguait par son état de sobriété, malgré les trois verres avalaient cul-sec, leva un sourcil avant de s'exécuter. Asher avala à nouveau le fond de son verre, sans le savourer, puis il régla la note et se décida à mettre les voiles. Il reprit donc la route, à peine échaudé par sa forte absorption d'alcool. Désireux de ne point attirer l'attention sur lui, le nouvel employé contourna les quelques caméras et se retrouva sur la petite route qui bordait l'arrière des locaux. Une construction architecturale aussi somptueuse que mystérieuse qui à n'en pas douter nourrissait tous les fantasmes des non-initiés. Asher lui-même se plaisait à imaginer la ou les fonctions d'une telle entreprise. Il était loin de se douter qu'il avait un pied en enfer. Il longea donc la petite route et commença à ralentir pour mieux observer l'arrière des locaux, loin de se douter qu'il venait de recueillir l'une des pensionnaires du Centre. Le soldat continua sa route et rentra enfin chez lui. Il en profita pour s'allumer une nouvelle cigarette sur laquelle il tira avidement, avant de remarquer quelque chose d'étrange à l'arrière du pick-up. En effet, la couverture, d'ordinaire disposée à l'arrache, semblait avoir été rabattue sur le devant. Mâchoires serrées, Ash porta sa main jusqu'à sa l'arrière de son jean, où sous son débardeur, se cachait une 9mn. Il le délesta de la sécurité et avança à pas de loup. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant quelqu'un, une jeune femme qui plus est, endormie à l'arrière de son véhicule.
« -Putain, mais vous êtes qui vous ? » aboya-t-il en pointant son arme sur la demoiselle apeurée.
—and i know for me, it’s always you.
#aeairiel
Kassandra Watson
Citrouillon
▻ ARRIVE(E) LE : 03/01/2017
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L’avenir, plus ou moins proche, ne se profile jamais de la manière dont on l’avait imaginé. Kassandra avait imaginé plus de fois qu’elle ne pouvait en compter son évasion, mille et un scenarii étaient passés par son esprit, elle essayait de se souvenir de ce que c’était que d’être à l’air libre, en respirer l’oxygène, marcher le long d’un quelconque chemin, aller où l’on veut sans avoir à se soucier de quoi que ce soit. Force était de constater que cette époque remontait à trop loin pour qu’elle se souvienne précisément de ce temps où elle avait encore un semblant de liberté. Qu’à cela ne tienne, elle était optimiste et elle était persuadée qu’elle se fabriquerait un jour prochain ses propres souvenirs.
Ce jour, ou plutôt cette nuit, était arrivé. Kassie avait couru comme une dératée, s’éloignant le plus et le plus vite possible du Centre, manquant à plusieurs reprises de tomber tant la nuit, les pentes qui menaient à la route en contre-bas pouvaient être traîtres. Mais pas question de tomber, la moindre chute, perdre ne serait-ce qu’une seconde pourrait être décisif. Et ce pick up qui passait au ralenti, ce fut sans doute ça qui lui sauva la vie. Remerciant intérieurement le Destin et surtout le conducteur du véhicule, elle s’était empressée de se faufiler à l’arrière, se dissimulant sous cette vieille couverture déposée là. Ce à quoi elle n’avait pas pensé, c’était que le conducteur ne serait pas assez fatigué pour aller immédiatement se coucher en arrivant chez lui. Visiblement, et au vu du réveil qu’il lui offrit, il avait bel et bien remarqué que quelque chose n’était pas comme il l’avait laissé…
Epuisée, la caméléone n’avait pas remarqué que le pick up s’était arrêté et que le moteur avait été coupé. Ce ne fut qu’en entendant une grosse voix lui hurler dessus qu’elle se réveilla en sursaut, le cœur battant la chamade, s’apercevant qu’elle était découverte. L’homme était visiblement mécontent, cela se voyait à la mine qu’il arborait, le ton qu’il avait employé et surtout, l’arme pointée sur elle. Par réflexe, Kassandra leva les mains devant elle pour montrer qu’elle n’était pas armée. Sa vie ne pouvait pas s’arrêter ainsi, la liberté à peine (re)trouvée ! Il n’allait pas la tuer, tout de même ? Les lois avaient-elles changé ? Mais après tout, le monde était peuplé de fous, peut-être que cet homme avait perdu la raison et qu’il était prêt à ôter sa vie simplement parce qu’il était énervé. Il fallait faire quelque chose. Cessant de regarder le canon du 9mm qui la menaçait, Kassie tâcha de se rappeler les simulations au cours desquelles il était question de négociations. Elle essaya de maîtriser les tremblements de ses membres qui trahissaient sa peur, prenant une lente inspiration avant de prendre à son tour la parole, avec une voix la plus posée possible.
-Pardon monsieur, je vous présente toutes mes excuses… je vous en prie, arrêtez de me viser avec cette arme, s'il vous plait. Comme vous le voyez, je ne suis pas armée. Je pense que vous voyez bien que vous n’avez rien à craindre de moi. Je suis désolée, je n’aurais pas dû monter dans votre voiture sans votre permission.
Elle le regardait dans les yeux, essayant de lui montrer toute la sincérité de ses propos. Elle ne voulait pas mourir, ça non, pas avant d’avoir réellement gouté à la liberté. Il fallait absolument que cet homme accepte de baisser son arme, c’était ça la priorité. Il fallait le mettre en confiance, lui montrer que même si elle avait mal agi en s’incrustant sans permission, il n’avait rien à craindre d’elle. Et puis lui semblait être une montagne de muscles tandis qu’elle était épaisse comme une brindille, et même si elle connaissait quelques mouvements d’auto-défense, rien de bien impressionnant face à un type tel que lui, surtout pointant un 9mm déverrouillé sous son nez.
-Vous avez raison, on devrait se présenter. Je suis Kassie, et vous ?
Machinalement, elle jetait un œil de temps en temps autour d’elle pour, d’une part, s’assurer ne plus être dans les environs du Centre et, d’autre part, trouver par où fuir si l’occasion venait à se présenter. Il était près et Kassandra pouvait sentir l’odeur de l’alcool. Ca, ce n’était pas bon signe. S’il était vraiment en état d’ébriété, ses mouvements pouvaient ne pas être contrôlés et une balle perdue pouvait facilement être tirée.
-Ecoutez, je ne veux pas vous faire perdre votre temps, vous êtes surement fatigué à l’heure qu’il est… Alors… si vous voulez bien, je… je vais y aller ?
Bien qu’un calme apparent émanait de la jeune femme, intérieurement elle était terrifiée et son cœur battait à tout rompre, à tel point que c’en était douloureux.
La journée avait été longue, mais vide de sens pour Asher qui s'était prêté au jeu des présentations en acceptant de se rendre au Centre pour faire la connaissance de « ses collègues » Un acte de sociabilité qui lui en coûtait et dont il avait préféré se défaire très rapidement au profit d'un bon bar et de quelques verres histoire de bien terminer la soirée. Le voilà à présent sur le chemin du retour, la fatigue était là sans pour autant faire pression, c'est d'ailleurs grâce à cela qu'il remarqua l'étrange positionnement de la bâche à l'arrière de son pick-up. Malgré les quelques verres dans le nez, il ne titubait, bien au contraire, les sens en alerte, il voguait vers l'inconnu(e) non sans une certaine appréhension, pour preuve, il venait de sortir son fidèle 9mn pour le pointer en direction de ce qui lui semblait être l'ennemi(e). Une hypothèse qui passa d'ailleurs de l'abstrait au réel lorsqu'il découvrit qui se cachait sous la bâche, à savoir une jeune femme endormie. La réaction de l'ancien militaire ne se fit pas attendre. Furieux, il l'était, car il n'avait rien senti, rien entendu et lui qui d'ordinaire était toujours sur ses gardes, se retrouvait à présent confronté à une femme somme toute banale qui venait de pénétrer son espace vital.
Banale, elle l'était de prime abord et tandis que le canon de l'arme se pointait sur elle, la peur qui se dégagea de son regard la délesta de sa banalité pour la rendre mystérieuse par l'innocence qui se dégageait de cette peur et de son attitude. Continuant à la tenir en joug sans que sa main ne tremble, Asher continua malgré tout à jouer le rôle du méchant en arborant un regard d'une profondeur et d'une froideur excessive. La demoiselle quant à elle, se présenta en leva les mains pour lui signifier qu'elle ne représentait aucune menace. Et il est vrai qu'au vu de son gabarit, comparé à celui d'Ash, le doute ne semblait permis quant à l'identité du dominant. Cependant, l'ancien soldat pas décidait à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, continuait à observer minutieusement son interlocutrice qui essayait de se maîtriser avant d'enfin émettre un son et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle semblait maîtriser la diplomatie et le domaine de la négociation. Le futur enseignant la laissa parler, toujours méfiant, mais curieux d'entendre ce qu'elle avait à dire, puis après quelques intenses secondes placées sous le joug du silence, il abaissa son arme. Confient, il l'était et savait qu'en cas d'attaque, il maîtriserait aisément la jolie brune. Après tout, c'est pour cela, entre autre, qu'il avait été choisi pour enseigner à l'ICP.
« -Mouais vous ne constituez aucun danger, c'est un fait, mais vous et vos miches, avez pénétré ma bagnole sans mon consentement et ça voyez-vous, c'est problématique. » Il réactiva la sécurité de son arme et la remit à sa place, à savoir dans son dos, pas de holster ce soir. Ignorant tout bonnement la jolie brune, il s'approcha de son pick-up pour y remettre la bâche afin de ne pas avoir besoin de le faire demain et aussi parce qu'il lui arrivait parfois, d'être un peu maniaque, sans tomber dans l'excès, mais un peu quand même. Puis il se remit face à la jeune femme qui osait le regarder dans les yeux, avide d'une sincérité dont Ash n'en avait tout bonnement rien à foutre, du moins en apparence. « -Ne mouillez pas votre petite culotte ! Je n'ai pas l'intention de vous butez. Je déteste juste que l'on s'invite sans permission. D'autant plus que je ne fais dans le social. »Oui brute de pomme, il était, mais honnête avant tout. De plus, il était évident qu'il ne lui ferait pas le gîte, car jouer les bons hôtes n'était pas sa priorité. Et puis, elle n'avait rien à foutre ici, alors à quoi bon légitimer sa présence en lui proposant un toit, car il était évident qu'elle n'en avait pas un sur la tête, ou plus depuis peu. Et alors que le rustre s'apprêtait à peut-être mettre les voiles pour éviter à l'échange de s'étirer, l'inconnue lui damna le pas et se présenta. Cela aurait pu en rester là, sauf que l'ami Ash remarqua les coups d'œil insistant de la dénommée Kassie autour d'elle, comme si elle s'attendait à ce qu'une voir plusieurs ombres ne sortent des ténèbres pour la happer sans sommation. Cette observation intrigua Ash, plus qu'il ne l'aurait voulu et sans trop savoir pourquoi, il se prêta au jeu de la question-réponse.
« -Je ne vous ait pas demandé de vous présentez, mais puisque c'est fait ! Moi c'est Asher ou Ash peu importe, c'est la même chose de toute façon. » La proximité qu'il entretenait avec Kassie, permettait sûrement à la jeune femme de sentir la forte odeur d'alcool et de médoc qui émanait de son interlocuteur, qui malgré l'arme en moins, n'en demeurait pas moins très, peut-être même trop menaçant pour se sentir pleinement en sécurité. Elle le pouvait, car au vu de son passif, il était difficile de faire d'Asher Collins un enfant de chœur. « -Vous n'êtes pas la première à me faire perdre mon temps aujourd'hui. La fatigue quant à elle, est gérable. Je vais être clair et je l'espère que vous le serez tout autant. Donc commençons par le basique ! Qui êtes-vous et pourquoi vous cachez, derrière mon pick-up ? N'essayez pas de me mentir, c'est un conseil ! J'ai beau avoir bu, mes réflexes sont encore très aiguisés et ma patience moindre.»
—and i know for me, it’s always you.
#aeairiel
Kassandra Watson
Citrouillon
▻ ARRIVE(E) LE : 03/01/2017
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Ce type était incroyablement bourru. La manière qu’il avait de lui parler sur un ton menaçant, sans compter le flingue évidemment, n’avait rien de bien rassurant et pour être honnête, Kassandra avait le trouillomètre à zéro. Là, c’était la vraie vie, pas une simulation. S’il disjonctait et pressait la détente, c’en était fini d’elle. Et la jeune femme était plutôt déterminée à rester en vie, alors, elle fit son maximum pour que son interlocuteur comprenne qu’elle n’était pas une menace pour lui et qu’elle regrettait vraiment de l’avoir mis en colère. Par chance, il acceptant de ranger son pistolet et le soulagement de la brunette fut plutôt palpable. Néanmoins, le propriétaire de la voiture signala son mécontentement quant au fait qu’elle se soit incrustée sans permission dans son pick up.
-Encore désolée pour ça… Je le referai plus, c'est promis.
Alors qu’il avançait pour remettre la couverture en place, elle s’empressa de descendre pour retrouver la terre ferme. Elle hésita une seconde à profiter de ce moment où il repliait la couverture pour prendre la fuite vers les bois, mais se conduire de la sorte ne ferait-il pas d’elle une « coupable » ? Et vu qu’il sentait l’alcool à plein nez, autant éviter de l’énerver ou de lui faire penser ce genre de choses. Il la rassura néanmoins sur le fait qu’il ne comptait pas la « buter ». Cette manière de parler, Kassie n’y avait jamais réellement été confrontée. Cela ne l’empêchait pas, malgré la curiosité qu’elle éprouva soudain pour cet individu et le pourquoi du comment il était devenu aussi aigri, de jeter de temps à autres des coups d’oeils autour d’elle pour essayer de se repérer et surtout scruter si ses assaillants n’approchaient pas. Quelle idiote de s’être endormie, elle n’avait aucune idée de combien de temps il avait roulé, s’ils étaient loin ou non du Centre. Il fallait qu’elle sache où elle était. L’homme se présenta enfin, arguant qu’il ne lui avait pas demandé de le faire. ?
-Eh bien… en fait vous m’avez demandé qui j’étais, alors, bah j’ai répondu, lança-t-elle avec un sourire. Enchantée Asher, ajouta-t-elle.
Elle avait beau essayer de se montrer avenante et souriante, il fallait croire que ce n’était pas communicatif, et toujours aussi bourru, Ash voulut savoir clairement d’où elle venait, ce qu’elle fichait cachée à l’arrière de son pick-up. Peu rassurée par le ton employé par l’inconnu, Kassandra déglutit avant de reprendre sa respiration, tentant d’être la plus convaincante possible.
-Ecoutez, je me suis perdue, j’avais froid et pour être honnête j’avais peur aussi. Vous étiez la seule voiture que j’ai croisée depuis des heures, j’avais peur que vous n’acceptiez pas de me prendre en stop, alors j’ai grimpé quand vous êtes passé à ma hauteur… Je n’aurais pas dû, j’en ai conscience maintenant… Est-ce que vous pouvez me dire où nous sommes précisément ? Je voudrais rejoindre le centre ville…
Après tout, plus de la moitié de ce qu’elle disait était vrai. Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’il ne demande pas plus de précision, sinon, il lui faudrait être convaincante sans ses bobards et elle n’avait clairement que peu d’expérience de la vie à l’air libre pour se permettre d’inventer trop d’histoires.
-Est-ce que vous auriez une carte des environs pour que je me repère avant de partir ?
Peut-être que cette question l’empêcherait de cogiter sur autre chose pour la cuisiner et qu’il serait assez aimable, ou pas assez détestable, pour accepter de la laisser consulter une carte s’il en avait une.
-Au fait, si je peux me permettre, vous devriez faire quelque chose pour votre moteur. Le bruit qu’il fait montre une anomalie. Si vous attendez trop, vous risquez de tomber en panne.
A peine eut-elle fini sa phrase qu’un énorme coup de tonnerre éclata et qu’une pluie drue se mit à tomber à peine une seconde après. Sentant les gouttes d’eau s’abattre sur elle, Kassandra leva machinalement les yeux au ciel et se mit à sourire comme si c’était la plus belle chose au monde.
-Il pleut ! C’est super ! s’exclama-t-elle sans vraiment s’en rendre compte en sautillant.
Elle en avait bien sûr oublié ce que c’était que d’être sous la pluie et revivre ça était quelque chose de merveilleux pour elle, qui concrétisait le fait qu’elle était vraiment dehors, libre. Les yeux fermés, la caméléone savourait la fraîcheur de l’eau qui tombait en gouttelettes sur elle. Elle réalisa bien vite qu’à cette allure, elle serait rapidement trempée jusqu’aux os, mais tant pis, c’était si beau de voir de la pluie pour de vrai.
L'arme était abaissée, mais la méfiance de mise. En face d'observation, Asher analysait tous les détails à sa portée, malgré la grande quantité d'alcool préalablement ingurgité. La demoiselle avait peur et ne feignait pas son appréhension « On ne tue pas les civiles » Une vieille réplique de l'un de ses instructeurs à l'armée. Cela aurait pu le faire sourire dans d'autres circonstances, mais pas là. Ici, maintenant, il se devait de rester sur la défensive, car si la fille ne représentait aucun danger, elle n'en demeurait pas moins une étrangère. Une fois encore, elle s'excusa et une fois encore, il n'y prêta que peu d'attention voire aucune considération en témoigne sa cinglante réplique. « -Vaudrait mieux pour vous que ça ne se reproduise pas. Je ne suis pas mère Thérèsa moi ! » Maniaque et parce qu'il n'avait tellement envie de lui accorder plus d'importance, Ash remit en place la bâche de son véhicule, vérifiant au passage, qu'il ne manque rien à l'arrière. À ce moment-là, la demoiselle aurait pu tenter de fuir sans que cela ne fasse ni chaud ni froid à son interlocuteur qui serait au contraire, ravit d'en être débarrassé pour enfin pouvoir retrouver son lit. Mais il ne se passa rien de tel pire encore, elle reprit la parole et se présenta obligeant Ash à en faire de même. Par politesse, mais aussi dans l'espoir qu'elle se contente de cette information et qu'elle s'en aille ensuite, mais une fois encore, rien ne se passa comme le soldat l'aurait voulu.
« -Mouais si vous le dites. Ne le prenez pas mal, mais à l'inverse, je suis moins enchanté que vous. J'imagine que le fait de retrouver une inconnue endormie à l'arrière de son pick-up ça n'aide pas » Elle mettait de la bonne volonté à l'inverse de notre futur prof de combat qui lui se contentait à peine du minimum en termes de conversation. Être avenant et souriant ? Trop peu pour lui. Pour l'heure, sa seule préoccupation était d'éluder l'interrogation qu'il venait de formuler, à savoir qui était cette femme et d'où venait-elle. Toujours en arborant une attitude menaçante et un ton sec cela va de soit. Kassandra dans la bienveillance, prit quelques secondes avant de répondre. Une réponse durant laquelle Asher fixa l'horizon pour lui aussi s'assurer qu'il n'y avait personne d'autres. Puis il croisa les bras et fronça les sourcils avant de commencer à l'observer à nouveau dans le détail. Il est vrai qu'elle n'avait pas fière allure dans ses vêtements grisonnants et pleins de terre. Son visage lui-même était souillé de quelques taches. Asher s'en voulait déjà de laisser la curiosité l'envahir. « -Nous sommes à la sortie de Blue Cove et vous ne pourrez pas rejoindre le centre-ville sauf si vous avez envie de vous payer plusieurs bornes. Pour ce qui est de la carte, je n'en ai pas. Et puis vous avez les portables et les GPS pour vous repérer. Vous venez de Mars ou quoi ? » Oui il se moquait gentiment, mais ça, c'était avant que la demoiselle ne le surprenne en parlant avec une aisance déconcertante de mécanique. Un domaine qu'elle semblait maîtriser de tout évidence. Il s'apprêtait d'ailleurs à contre-attaquer, mais dut se résoudre à remettre sa pique à plus tard. Et pour cause, le tonnerre se fit entendre au loin, laissant aux éclairs le soin de déchirer l'horizon ténébreux. La pluie se mit alors à tomber avec virulence
« -Merde ! » lança Ash visiblement embêté qu'il se mette à pleuvoir autant. Il se rua aussitôt vers son pick-up et en sortit de l'arrière les dernières affaires qui traînaient dans un carton. Sans réfléchir, il se précipita vers l'entrée du mobil-home et déposa le carton sur son canapé avant de revenir sur ses pas et d'observer Kassandra. Là voilà qui sautillait visiblement heureuse d'être sous la pluie. Sans trop savoir pourquoi, le beau Asher se délesta, l'espace d'un instant de sa rudesse et fut subjugué par l'innocence qui émanait de l'attitude de Kassandra. Il sortit à nouveau et s'approcha arborant une attitude moins hostile. « -Ne restez pas dehors, vous allez attraper la crève. Venez à l'intérieur ce n'est pas un temps à rester dehors. Aller ! Regardez-vous, vous êtes trempée ! » Il lui prit la main, n'attendant pas sa réponse et l'entraîna vers son mobil-home. À l'intérieur, tout était rangé même les cartons pas encore déballés. Ash pressa l'interrupteur et délesta la pièce de ses ténèbres. « -Ne restez pas debout comme ça ! Aller donc vous asseoir. » Il la laissa seule un instant, le temps d'aller dans sa chambre et de prendre une veste de sweat pour lui et un pull pour elle. « -Tenez ! » Il le lui lança à son retour « -Vous voulez un café ? Du thé ?! »
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Kassandra Watson
Citrouillon
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▻ LOCALISATION : Quelque part à Blue Cove, avec Asher
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▻ LOISIRS : Faire du roller, manger de la glace et des frites, faire du roller, apprendre de nouvelles choses, savourer sa liberté et oh faire du roller
Toujours aussi « aimable », Asher fit comprendre à Kassandra qu’elle avait plutôt intérêt à ne plus recommencer à monter dans sa voiture sans y être invitée, et vu le ton, ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Dans ses rêves, jamais la caméléone n’aurait pensé que la première personne à qui elle parlerait une fois dehors serait aussi… abrupte.
-C’est compris, répondit-elle avec un petit sourire crispé.
Alors qu’elle s’était présentée poliment pour essayer de détendre un peu l’atmosphère, Ash en avait fait de même mais ne s’embarrassa pas de la moindre politesse. Bon, elle l’avait bien compris, ça lui cassait les pieds qu’elle soit là. De toute façon, elle ne pouvait pas rester ici, au milieu de nulle part. Son plan consistait à rejoindre le centre-ville, se mêler à la population le temps de savoir quoi faire, où commencer ses recherches pour retrouver sa famille. Au moins Asher avait-il éclairé sa lanterne quant au lieu où elle se trouvait. La sortie de la ville. C’était peut-être dangereux de rester là, peut-être que ce serait le premier endroit où ils chercheraient, puisqu’une personne normale chercherait à s’éloigner le plus possible. Or Kassandra ne tomberait pas dans ce piège. Elle était intelligente et savait que l’on ne voyait jamais sous son nez la chose que l’on cherche.
-Blue Cove… répéta-t-elle.
Elle ne connaissait pas le nom de cette ville. Jamais en plus de vingt-cinq ans elle n’avait su l’endroit où elle se trouvait. A présent, le mystère était levé. La remarque du maître des lieux lui fit réaliser qu’il lui faudrait bien vite se fondre dans la masse en se procurant ce que chacun avait : un téléphone portable.
-Ah, oui évidemment, un portable… mais j’ai perdu le mien depuis un moment et je n’ai pas encore eu le temps de m’en acheter un autre.
Elle ne manqua pas à son tour de lui conseiller de faire attention au moteur de son véhicule sans quoi la panne, ou pire, la casse, serait imminente. Mais avant que la conversation ne continue plus avant, la pluie leur tomba dessus telle une cascade après un éclat de tonnerre. Loin de s’en offusquer, Kassandra en fut au contraire enchantée. La pluie, elle ne se rappelait même plus la dernière fois qu’elle l’avait vue ou sentie. Ce qui semblait banal et insignifiant pour tout individu lambda lui paraissait extraordinaire et elle décida en cet instant de profiter de chaque seconde que la vie lui apporterait. Le visage vers le ciel, souriant aux gouttelettes qui lui tombaient dessus, Kassie était heureuse d’être dehors. Mais Ash la ramena à la réalité en revenant vers elle pour lui faire remarquer qu’en restant trempée ainsi, elle finirait par tomber malade. La jeune femme sentit la main de l’inconnu attraper la sienne et l’entrainer vers sa caravane. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la caméléone se retrouva à l’intérieur, à l’abri. C’était la première fois qu’elle entrait dans un mobil-home. L’intérieur ressemblait à un intérieur classique et soudain, Asher lui parut être l’homme le plus chanceux de la Terre. Il avait un logement rien qu’à lui ! Emerveillée par ce qu’elle voyait, elle resta plantée là où ses pas l’avaient arrêtée, observant chaque détail. C’était rangé et propre. Elle réalisa qu’elle dégoulinait d’eau de pluie à présent et qu’elle risquait de salir tout son intérieur. Kassie le vit revenir, elle ne s’était même pas aperçue qu’il avait disparu. -Oh Asher, je suis désolée, je suis en train de tremper tout votre intérieur…
Kassie attrapa le pull qu’il lui lança et le regarda, hésitante. Si elle l’enfilait, elle avait aussi le tremper, comme le sol sur lequel elle était. La sortant de sa réflexion, l’hôte lui demanda si elle souhaitait boire un café ou du thé. -C’est gentil… la même chose que vous.
Puis elle se retourna dos à lui, retira son haut qu’elle posa sur le dossier de la chaise à côté d’elle et enfila le pull sec qu’Asher lui avait envoyé. Il n’y a pas à dire, avoir des vêtements secs, c’était quand même bien mieux. Elle se tourna à nouveau vers lui.
-Si vous avez une serpillère, je vais essuyer la flaque, dit-elle en souriant.
A l’extérieur, la pluie continuait à tomber. Kassandra était ravie, avec ce temps, ceux du Centre seraient obligés d’arrêter les recherches. Elle ne put s’empêcher de se demander où était Jarod. Lui qui avait choisi de partir, emmenant avec lui deux autres personnes, sans pour autant qu’ils réussissent à le suivre. Elle, elle aurait réussi. N’avait-elle pas réussi toute seule ? Elle en voulait à son comparse de ne pas l’avoir choisie, de s’être évadé sans même prévenir, sans même donner des astuces aux autres et surtout d’avoir retardé sa propre évasion à elle. Cela faisait des mois qu’il était parti, il était sans doute loin.
Les premières gouttes de pluie se mirent à tomber. Légères et presque imperceptibles, elles ramenèrent très vite Asher à la réalité et lorsque l'averse tomba, il sentit un frisson lui caressait l'échine. Le sentiment était désagréable, des milliers de crevasses firent leur apparition sur sa peau, ses poils se hérissèrent instantanément lui rappelant à quel point il détestait l'eau. Sans réfléchir, il regagna l'intérieur pour s'épargner un contact plus intense avec cet élément qu'il haïssait tant, puis comme une sorte d'éclaircie en pleine tempête, son regard se posa sur la dénommée Kassandra qui à l'inverse de sa personne, semblait s'accommoder de la pluie. D'ailleurs au vu de sa façon d'agir, c'est à se demander si elle en avait déjà vu une. Une interrogation qui surprit Ash, tant il était banal pour lui et pour le commun des mortels d'être ainsi confronté aux éléments. Cependant, il ne s'octroya pas plus de réflexion et osa braver les éléments pour aller chercher la jeune femme, qui risquait la bonne grippe en restant immobilisée de la sorte. C'est donc sans violence qu'il se saisit de sa main et qu'il l'a conduit à l'intérieur de son mobil-home avant de disparaître pour délester son armoire d'un pull et d'une veste de sweat pour lui. Une fois arrivé dans ce qui semblait être un salon, il balança l'habit à son invitée avant d'enfiler sa veste de sweat par-dessus son débardeur archi-trempé.
« - Ca va, ce n'est qu'une flaque, pas de quoi en faire tout un cinéma. Ce n'est pas grave ! » lui répondit-il après qu'elle eût présenté ses excuses. Elle était dès lors confrontée à une hésitation à laquelle Ash mit un terme en lui demandant ce qu'elle souhaitait boire. Tout naturellement, l'invitée se plia aux goûts de l'hôte qui sourit « -Ne le prenez pas mal, mais ça m'étonnerait que vous soyez du genre double whisky » dit-il en prenant la direction de sa cuisine. Il ouvrit alors un placard pour en sortir sa fidèle bouteille de Jack Daniels qu'il vida dans un verre avant de voguer vers un autre placard dans lequel se trouvait plusieurs mugs. Il en attrapa un à tout hasard, alluma ses plaques à adduction « -Je vais vous faire une infusion, c'est plus adapté ! » Dès lors, il se retourna pour capturer son regard et la découvrit, de dos, en train de se défaire du haut qu'elle portait jusqu'alors. L'ancien soldat remarqua aussitôt les quelques cicatrices qui parsemaient le corps de la jeune femme. Rassemblant ses idées, le fin psychologue qu'il pensait être, compris, au vu des arguments qui lui étaient exposés, qu'il était sûrement face à une personne que la vie n'avait point épargnée. Toujours sur ses gardes, car c'était dans sa nature, il ne pouvait cependant continuer à se montrer aussi rustre, face à une personne revenue d'un ersatz de l'enfer. Vidant l'eau chaude dans le mug et achevant la préparation de l'infusion, il retourna jusqu'au salon et lui tendit aussitôt la tasse fumante.
« -Non, c'est bon ! Je vous l'ai dit ça n'est pas grave ça séchera tout seul ! » Une fois délesté du mug, le rustre récupéra son verre et se l'enfila d'une traîte avant de s'approcher de sa cheminée électrique pour l'enclencher et réchauffer un peu l'atmosphère. « -Asseyez-vous ! A moins que vous ne préféreriez resté debout » Lui n'attendit pas plus pour prendre place sur son fauteuil fétiche. « - A mon avis, on n'est parti pour la nuit. Ça sert à rien de sortir avec un temps pareil sauf si vous voulez attraper la crève ! Ce soir, je me montre magnanime. Vous allez resté ici. Le canapé est convertible et pas trop inconfortable. Je vous amènerez à la gare routière dès demain. Vous pourrez dès lors quitter cette ville. C'est bien ça que vous vous apprêtiez à faire non ? »
—and i know for me, it’s always you.
#aeairiel
Kassandra Watson
Citrouillon
▻ ARRIVE(E) LE : 03/01/2017
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Au vu du premier dialogue échangé avec Asher, jamais Kassandra n’aurait pu imaginer une seule seconde que cet homme l’autoriserait, ou carrément lui proposerait de pénétrer dans son antre, en l’occurrence un mobil-home, pour s’abriter de la pluie. Dire qu’elle avait cru qu’il la tuerait lors que la première seconde. Il faut dire qu’avec une arme à feu braquée sur elle, la demoiselle en fuite avait eu de quoi stresser. En seulement quelques secondes, la pluie diluvienne s’était installée, changeant radicalement le paysage nocturne en ensemble de flaques boueuses au sol, et Ash s’était empressé de ramener Kassie à la réalité en la faisant entrer dans sa petite maison. Le propriétaire des lieux ne semblait pas aussi désolé qu’elle qui avait ramené une bonne quantité d’eau à l’intérieur. Sans attendre, il lui proposa une boisson chaude et intérieurement, la caméléone reconnaissait que c’était tout-à-fait bienvenu. Alors que poliment, la brunette déclarait qu’elle prendrait comme lui, histoire de ne pas lui faire faire plusieurs préparations, il rétorqua que le double whisky n’était surement pas son genre, ce qui la fit rire.
-Ah parce que vous voyez à la tête des gens quel genre de boisson ils ont l’habitude de prendre ?
Bon, en un sens, il n’avait pas tort, après tout, Kassandra n’avait jamais eu l’occasion de boire de l’alcool.
-Mais c’est vrai, je n’ai jamais bu de double whisky. Ni de simple d’ailleurs. Une infusion, c’est très bien, merci, déclara-t-elle alors qu’elle était à l’autre bout de la pièce, de dos, en train de retirer son haut mouillé pour passer le pull qu’il lui avait prêté.
Elle ne savait pas qu’il s’était retourné au même moment et qu’il avait pu voir les marques dans son dos. Il faut dire qu’elle n’y avait plus fait attention, elle en avait tellement un peu partout qu’elle ne s’en rendait même plus compte. Et puis elle n’avait pas vraiment le temps de compter ses petites « blessures de guerre ». Une fois rhabillée, Kassandra alla s’asseoir et prit dans ses mains la tasse de tisane bien chaude qu’Asher lui avait apportée.
-Merci beaucoup.
Finalement, il était plutôt gentil, et bel homme en plus de ça. A présent qu’elle le voyait à la lumière, elle avait pu constater que sous le rustre se cachait un homme plutôt séduisant. Souriante, elle apprécia le contact de la porcelaine devenue chaude contre ses paumes. Alors qu’elle portait le mug à ses lèvres dans le but de boire une gorgée, Ash déclara qu’elle dormirait chez lui pour s’éviter une bonne crève à marcher sous la pluie. Elle fixa son regard dans le sien, bouche bée de surprise. C’était tellement inattendu !
-Vraiment ? Oh … eh bien… merci.
Elle n’en attendait pas tant d’un homme qui s’était montré si irrité de la savoir montée dans sa voiture sans permission. Kassie prit une gorgée de tisane. C’était la première chose qu’elle avalait depuis qu’elle était dehors et elle avait l’impression que c’était la meilleure boisson qu’elle ait jamais bue. Cependant, il fallait répondre à Ash, et à la vérité, elle n’avait aucune idée précisément de ce qu’elle devait faire pour commencer.
-A vrai dire, je ne sais pas encore si je vais rester en ville ou partir. Je… je me laisse le temps de la réflexion. Vous aimez bien Blue Cove, vous ?
Ce nom ne lui disait rien, mais elle était incapable de se rappeler le nom de la ville dans laquelle elle était née. Il fallait bien commencer les recherches quelque part si elle voulait un jour retrouver sa famille dont elle avait aussi oublié le nom. Elle s’en voulait tellement d’ailleurs, et elle espérait très fort que ses parents, eux, ne l’avait pas oubliée. Et sa petite sœur, quel âge pouvait-elle bien avoir aujourd’hui ? Une bonne vingtaine d’année au moins. La brunette engloutit une seconde gorgée d’infusion qui la réchauffa. C’était plutôt salutaire vu comment elle s’était mise à frissonner. Même si à présent elle avait un pull sec grâce à Asher, l’eau avait eu le temps de lui donner froid.
Dehors, les éléments continuaient à se déchaîner par l'intermédiaire de la pluie. Le vent venait quant à lui de rejoindre ce début de tempête qui n'annonçait rien de bon aux malheureux habitants de la ville. Il fallait s'y faire, se disait Ash qui en arrivait même à regretter quelques fois le climat aride du Moyen-Orient. Un regret qui s'estompait ensuite lorsque les mauvais souvenirs paraissaient. Mais pour l'heure, il n'était ni question de chaleur et encore moins de mauvais souvenirs, il fallait se réchauffer pour éviter d'attraper la crève. Les pulls et autres vestes furent donc de rigueur, ainsi qu'une infusion que l'ancien soldat prépara presque sans rechigner à son invitée du jour (de la nuit, soyons précis !) Pour dire vrai, il aurait aisément pus la laisser dehors, puisque de toute évidence la pluie ne semblait lui poser aucun problème. La demoiselle semblait même heureuse d'en profiter quitte à être trempée jusqu'aux os. Sans trop savoir pourquoi, l'ami Ash se pourvoyait dès lors d'un élan de galanterie qui ne lui ressemblait que trop peu, en acceptant de recueillir la dénommée Kassandra dans son antre provisoire. Car oui, même si ce dernier avait exigé auprès de Madame Fitzgerald en personne, un mobil-home, il savait que sous peu, il opterait pour quelque chose d'un peu plus spacieux. Asher était ainsi fait, il n'était pas le genre de gars à s'installer et semblait quelque peu hostile à la quotidienneté. Ajoutons à cela son attitude d'emmerdeur qu'il se plaisait à entretenir.
À présent, passé ce qui ressemblait aux banalités d'usage, Ash se prépara à offrir une boisson chaude à la demoiselle, qui à n'en pas douter, n'était pas du genre alcool fort. « -Je suis un bon psychologue et un fin observateur. Il est évident que vous n'êtes pas le genre de gonzesse à vous torcher la gueule, si je puis me permettre. » Une observation à laquelle la demoiselle donna crédit en affirmant n'avoir jamais bu de whisky. Pas tellement curieux, Ash ne se laissa pas tenter par l'envie de développer la conversation et s'en alla préparer ladite infusion. Une préparation qui s'acheva plus vite que le déshabillement de Kassandra qui laissa voir à son interlocuteur de nombreuses marques qui cette fois, titillèrent sa curiosité. Il acheva toutefois la préparation de son infusion et se rapprocha à nouveau de la jeune demoiselle. Ces marques qu'elle portait dans le dos, ces dizaines de stigmates, preuve d'un passé tumultueux, trouvèrent échos chez l'ancien soldat qui commençait à se faire un petit film dans sa tête loin de se douter que les personnes responsables de ces marques, étaient de potentiels supérieurs et collègues. Le « pauvre » dira-t-on ! Toujours maintenu dans une certaine ignorance, loin de se douter qu'il venait de mettre un pied en enfer.
Dehors, la tempête redoublait en intensité. Ash posa son verre à moitié vide et se leva pour venir se poster près de la fenêtre afin de mieux observer les éléments se déchaîner à l'extérieur. L'orage gronda une fois encore, plus vibrant, plus intense, plus proche à tel point que l'on pouvait sentir une tension dans l'atmosphère. Un éclair déchira même l'horizon à peine une seconde plus tard, faisant vibrer l'éclairage du mobil-home. Le nouvel enseignant de l'ICP se dirigea alors vers un placard et en sortit plusieurs bougies qu'il alluma une à une avant de venir les poser un peu partout dans la pièce principale. « -On risque d'avoir une coupure d'électricité, autant prendre les devants. » Puis, il acheva de placer les bougies avant de retrouver sa place. Le silence en fit de même, et ce durant suffisamment longtemps pour sentir poindre à l'horizon une certaine gêne, qui penchait plus d'un côté que de l'autre. Mais toujours magnanime, un mot qu'il aimait employer ce soir, Ash concéda à répondre à Kassandra, qu'il observait comme une bête curieuse, et ce, sans même s'en cacher.
« -Si j'aime Blue Cove ? C'est difficile d'aimer un endroit que l'on connaît à peine ! On cherche plutôt à le fuir en temps normal. Pour la faire courte, je ne suis pas d'ici ! Donc, de vous à moi, je n’en ai rien à foutre de cette ville. On m'a offert une opportunité, je l'ai saisi à me voici, c'est aussi simple que ça. Et vous ? Par pitié, évitez le coup du « je ne sais pas », c'est tellement cliché. Et puis il me suffit de vous observer pour comprendre que votre priorité, c'est de mettre les voiles. Je me trompe ? »
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Kassandra Watson
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A l’extérieur, les éléments continuaient à se déchaîner dans le ciel de la nuit noire, et Kassandra aurait probablement été en admiration devant tout ça, perchée à la fenêtre du mobil-home si elle n’avait pas été happée par la présence d’Asher. Le propriétaire des lieux avait su montrer une facette de lui plutôt inattendue au vu du premier contact qui avait été le leur. Mais à présent, une tasse d’infusion préparée par lui pour elle dans les mains, la caméléone entrevoyait toute la complexité de cette personne qui lui faisait face. Cet homme d’ailleurs se targuait de savoir cerner les gens, du moins leurs habitudes en terme de boisson, ce qui amusa la jeune femme tout autant que son langage.
-Ah, ça c’est sûr. Mais sait-on jamais, lança-t-elle alors qu’il assurait qu’elle n’était pas le genre à se bourrer la gueule.
Kassie fut bien contente d’avoir un toit au-dessus de la tête assuré alors qu’à l’extérieur, l’eau tombait tellement dru qu’on aurait cru que des seaux géants étaient déversés.
-C’est souvent comme ça par ici ?
Elle s’empressa de reprendre une gorgée bien chaude qui lui fit le plus grand bien tandis qu’Asher, lui, avait presque vidé son verre d’une traite. Kassandra se demanda comment l’on pouvait apprécier quelque chose en l’avalant aussi vite. Cette réflexion fut interrompue par un coup de tonnerre qui altéra quelques secondes la luminosité artificielle de l’intérieur. Asher s’empressa alors de rapporter des bougies. Prévoyant. La brunette n’eut même pas le temps de lui proposer son aide qu’il était déjà revenu. Curieuse de cette ville qu’elle ne connaissait pas, et pour cause, elle avait grandi dans un profond sous-sol, Kassandra demanda à son interlocuteur s’il aimait la ville. Elle espérait ainsi avoir quelques informations sur les lieux qu’elle allait bien devoir découvrir, mais cette tentative ne trouva aucun écho puisque le jeune homme déclara qu’il connaissait à peine le coin et que clairement, il s’en foutait. Bon… ce n’était pas gagné. Et voilà qu’il lui retournait la question.
-Moi ? Ben en fait, je suis comme vous, je ne connais pas le coin. A vrai dire je cherche quelqu’un, enfin, plusieurs personnes. Je crois que je vais commencer par cette ville avant d’étendre mes recherches à plus loin. Enfin, ce n’est pas très intéressant pour vous tout ça, j’imagine. Qu’est-ce que vous faites dans la vie ?
Sans le quitter des yeux, elle reprit sa tasse qui commençait à avoir une température moins brûlante, observant Asher. Sa question était sortie toute seule, à cause de sa trop grande curiosité, une curiosité d’enfant qui ne l’avait jamais quittée même en grandissant. Et puis lui poser des questions sur lui permettrait d’éviter à devoir parler d’elle. Autant passer sous silence les circonstances de sa venue nocturne dans son pick-up, il serait surement incapable de comprendre et la prendrait pour une folle. Et comme Asher semblait dire vrai quand il prétendait savoir cerner les gens, autant éviter de mentir encore. Mieux valait donner quelques éléments de vérité qui pouvaient sembler cohérents. Un nouvel éclat de tonnerre déchira le ciel et cette fois, l’électricité sauta complètement. Asher avait eu raison de prévoir les bougies. Cette nouvelle lumière conférait une ambiance plus chaleureuse au lieu. -Heureusement que vous l’aviez prévu. Vous venez d’arriver alors ? Vous étiez où avant ?
Connaître les lieux que lui avait déjà connus lui permettrait peut-être de se familiariser avec ce qu’il y avait autour, et peut-être aussi que cela lui permettrait de retrouver quelques souvenirs. Ne serait-ce qu’un lieu, ce serait une piste non négligeable, car pour le moment, Kassandra était dans le flou total.
Étrangeté, voilà à quoi se résumait la situation. Tout comme cette rencontre toute aussi imprévue que la tempête qui commençait à s'abattre sur Blue Cove. Si durant l'espace d'un instant Asher avait considéré Kassandra comme une indésirable qu'il lui fallait chasser de son territoire, (car c'est ainsi que l'on procède lors d'une intrusion) à présent, il l'observait avec curiosité, avide sans l'assumer, d'en apprendre davantage sur elle. Car si elle dégageait un, je ne sais quoi d'étrange, elle n'en demeurait pas moins fascinante, autant que sont les âmes esseulées que la vie n'a point épargnaient et qui portent en elles, les stigmates de ces épreuves. Cependant, chez Kassandra, les stigmates étaient visibles, ce qui renforçait le questionnement et l'intérêt d'Asher, bien qu'il cherche à en démordre à tout prix pour parvenir vainement à se convaincre, qu'il n'en avait rien à faire. « S'intéresser aux autres et une perte de temps. On finit par s'y attacher et au moment où l'on s'y attend le moins, ces personnes inintéressantes finissent par disparaître sans que l'on ne puisse rien n'y faire. On ne contrôle rien, encore moins la fatalité, alors autant ne prendre aucun risque et ne s'attacher à personne. »
Cette pensée amena le jeune homme à se remémorer la dernière fois qu'il avait perdu un être cher. C'était il y a longtemps, trop pour qu'il ne parvienne à mettre une date. Il avait seize ans à peine et ne pensait pas à l'avenir. Vagabond, il survivait jusqu'à découvrir la drogue par le biais d'une mauvaise fréquentation devenue son seul lien avec l'humain. Il s'appelait Raymond, mais préférait qu'on l'appelle « Ray » Asher l'avait rencontré peu de temps après avoir quitté le foyer dans lequel il vivait depuis « l'accident » Les deux gamins aussi paumés l'un que l'autre s'étaient trouvés, comme si la vie, l'espace d'un instant, eut décidé de leur faire un petit présent, histoire de faire taire leur solitude commune. Vite, trop, ils sont tombés dans la drogue et l'argent facile qu'elle produisait. Les trafics ont duré trois ans environ, avant que le chapitre de cette vie, ne se referme brusquement, comme le précédent. Ray était gourmand trop peut-être. De ce fait, il a plongé sans réfléchir dans un océan peuplé de requins à la gâchette facile. Et puis, il était noir, à l'époque (et encore aujourd'hui) c'était tellement facile de tuer un homme de couleur sans être inquiété. Les flics ont conclu à une fusillade qui a mal tourné. Hors Ray était seul contre une dizaine de types mieux armés que lui. Il n'avait aucune chance. Asher s'en ait longtemps voulu par la suite. Ray était son seul ami, un frère, un semblant de famille. Le perdre, désorienta totalement le jeune homme, mais provoqua chez lui un déclic qui lui a peut-être sauvé la vie par la force des choses.
Mais jamais plus rien ne sera pareil à compter de ce jour. Asher s'est engagé dans l'armée, espérant ainsi trouver un sens à sa vie. Dès lors, pour mieux se protéger, il s'est endurci allant même jusqu'à devenir insensible pour mieux se renfermer. S'attacher aux autres n'était plus permis désormais et tant pis si cela devait le conduire à la solitude. De toute façon, Ash fichait des autres et ne manquait pas la moindre occasion de le faire savoir ce qui sur le long terme lui avait valu une sale réputation auprès de ses camarades. De ce fait, il continuait à porter sa croix, seul, en silence et acceptait les coups sans broncher. Une attitude à l'origine de son surnom « Painless » Certes, il était un solitaire, mais son état-major fut cependant bien obligé de lui reconnaître des qualités. Les années d'armées furent les meilleures années de sa vie, du moins avant que le destin ne décide à nouveau d'entraver l'existence du jeune homme qui en devant mettre un terme à sa carrière militaire, « sombra dans les abysses d'une dépression » parole de psy. Et le voilà aujourd'hui ici, délesté en ce soir de tempête de sa solitude, mais appelé à l'avenir à mener une mission à la hauteur de ses capacités. Ce qu'il ignorait pour l'heure, c'est que cette rencontre, aussi anodine soit-elle, allait contrecarrer ses plans.
Les bougies les cernaient de tous les côtés à présent, mais permettaient de ne pas être plongé dans le noir. Bien sûr, il en faudrait d'autre, mais pour l'heure celles que le rustre venait d'installer suffiraient amplement et puis l'ami Ash n'avait nullement l'intention de faire la causette à la demoiselle, du moins c'est ce dont il s'était convaincu en prenant place à face à elle. Cependant, la vision de toutes ces marques dans le dos ébranla un peu plus la curiosité de l'ancien militaire qui se garda malgré tout de lancer le sujet et préféra se « raccrocher aux branches » en éludant la question que venait de lui poser Kassandra sur la ville. Une question qu'il évacua bien trop rapidement pour apporter de quelconques détails à la demoiselle, mais poli, il lui retourna la question histoire de voir ce qu'elle pourrait lui répondre. Était-il en train de se prendre au jeu de la conversation ? Ne crions pas victoire trop vite, Asher n'est pas un cas facile tâchons de ne pas l'oublier à l'avenir ! « - Bah oui vous ! À moins qu'il y est quelqu'un d'autre ici ! » tenta-t-il avec un semblant d'humour qui chez lui, sonnait étrangement faux. Il tâcha ensuite de se taire pour laisser à Kassandra, le soin de développer sa réponse, qui malgré ce qu'elle semblait penser intéressait le jeune homme, qui, l'espace d'un instant, se perdit dans ses pensées
« Vous êtes perdu Asher et je peux vous aidez ! »
« M'aider ? Mais à quoi ? »
« A retrouver des pièces manquantes ! »
« - Je ne comprends pas ! »
La voix de cette femme pourvue d'un regard océanique et tellement triste, résonnait encore dans la tête d'Asher qui revint à lui juste à temps pour répondre à la question que venait de lui poser Kassandra qui ne le quittait plus du regard. « -Ce que je fais dans la vie ? » répéta-t-il pour être sûr d'avoir bien entendu la question. « - J'enseigne le combat et la défense à une bande de gamins surdoués. » Un nouvel éclat de tonnerre gronda faisant une fois encore tout vibrer, un éclair éblouit par la suite les lieux. Ce fut furtif, mais Asher vit dans le regard de la jeune femme une once d'appréhension. Non ! Parler de peur semble plus cohérent. Oui, l'espace d'un instant Kassandra arbora ce regard qu'elle avait lancé à Asher lorsqu'il l'avait découvert à l'arrière de son pick-up. Elle avait peur, mais de quoi ? « - Vous posez beaucoup de questions, je connais la méthode, vous cherchez à détourner mon attention. J'ai bien vu votre regard quand j'ai parlé des gamins surdoués. Vous veniez du Centre ? » Ce fut donc à son tour de poser des questions sans réfléchir, mais convaincu qu'il était sur une piste.
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Kassandra Watson
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Ayant passé la majorité de sa vie dans des sous-sols, Kassandra n’avait plus vraiment le souvenir de ce que pouvait être la pluie, le tonnerre, l’orage. Bien sûr, elle en comprenait parfaitement les phénomènes physiques, mais la sensation du vent, des gouttes de pluie sur sa peau, le bruit du tonnerre qui gronde, tout ceci était si loin. Et tout à coup, c’était comme si ça revenait. Entendre les coups de tonnerre, c’était comme un lointain souvenir qui remontait. Oui, elle en avait déjà entendu, ça lui était familier. C’était bon signe, si elle arrivait à faire remonter plus de souvenirs, elle parviendrait peut-être à se rappeler de l’identité de ses parents et sa petite sœur et enfin les retrouver. Son vœu le plus cher était de rattraper le temps perdu. Elle priait intérieurement pour qu’ils ne l’aient pas oubliée, mais si tel était le cas, elle ne saurait leur en vouloir, cela faisait si longtemps désormais…
Le mobil-home d’Asher était douillet. Le pull qu’il lui avait prêté ainsi que la tasse de thé qu’il lui avait préparée contribuaient grandement à la réchauffer après la saucée qu’elle s’était pris sur la tête. La nature était étrange parfois, ma météo tout autant. La discussion s’était finalement engagée avec cet étrange rustre qu’était Ash, mais Kassie ne le jugeait pas. Au contraire, elle était curieuse, fascinée par l’être humain en général. Il semblait tout faire pour qu’on s’éloigne de lui, comme par exemple l’agressivité dont il avait fait preuve lorsqu’il l’avait découverte endormie à l’arrière de son pick-up. Et malgré tout, il était d’une grande bonté, il avait refusé de la laisser passer la nuit dehors sous la pluie, alors il l’avait invitée à rester chez lui et lui avait même prêté un vêtement sec. Et offert une boisson chaude. Il n’y était pas obligé. Cela faisait dire à la caméléone que cet homme était foncièrement gentil. Pourquoi alors être autant sur la défensive ? Quelque chose dans sa vie avait surement forgé ce caractère irascible, et sa curiosité la poussait à se demander quoi. Bien sûr, elle n’irait pas formuler cette question à voix haute de peur de le vexer et qu’il ne se referme comme une huître, sans qu’aucune possibilité d’avoir la réponse ne soit envisageable. Alors elle faisait comme lui, elle posait des questions anodines en espérant entrevoir quelques réponses, quelques développements. Elle sourit lorsqu’il tenta un peu d’humour. Il était vrai qu’elle n’avait pas vraiment l’habitude qu’on s’intéresse à elle au point de lui poser des questions autre que le travail qu’on lui demandait d’effectuer au Centre. C’était étrange de susciter l’attention désintéressée de quelqu’un.
Essayant de répondre comme elle le pouvait, en mentant le moins possible, elle disait ce qu’il était possible de dire. Et c’était vrai, elle cherchait sa famille, et elle commencerait par Blue Cove puisque c’était le dernier endroit où elle avait été. Enfermée pendant plus de vingt ans. Peut-être qu’en partant du point de chute, elle parviendrait à remonter la piste jusqu’au point de départ. Retrouver son école, là où les deux agents étaient venus la chercher, et donc savoir quel était le nom de ses parents. Elle ne savait même pas si Kassandra était son vrai prénom, mais il lui semblait que oui. Sans grande certitude. Le regard bleuté d’Asher avait quelque chose d’envoutant, jamais encore elle n’avait vu une telle profondeur dans les yeux de quelqu’un. C’était fascinant pour elle. Voulant en savoir un peu plus, elle osa lui poser la question sur ce qu’il faisait dans la vie, redoutant un peu qu’il prenne mal d’être le centre d’autant de curiosité. Mais elle entendit avec plaisir qu’il répondait. Enseignant. De sport de combat et de défense. A des gamins surdoués ? Quel dommage qu’on ne leur ait pas appris ça, à eux, dans les sous-sols… Enfin, le Centre savait se protéger, si les caméléons avaient été des ceintures noires de kung-fu, il y avait fort à parier qu’ils se seraient déjà tous évadés, révélant à la face du monde les exactions de cette entreprise. Kassandra voulait d’ailleurs le faire, mais pas avant d’avoir retrouvé ses proches.
Le bruit du tonnerre retentit à nouveau à peine le maître des lieux avait-il fini de parler. A croire que les éléments voulaient ponctuer leur conversation. Kassie fut désarçonnée par Ash lorsqu’il reprit la parole. Elle le regardait, les yeux grands ouverts, secouant la tête, un sourire crispé aux lèvres. Heureusement qu’il ne faisait pas grand jour et que les bougies n’éclairaient que faiblement, sans quoi il aurait sans doute remarqué qu’elle avait pâli.
-Non, je… pas du tout, c’est que je suis curieuse, c’est tout. Je…
Il parla du Centre. Pourquoi avait-il parlé du Centre ? D’où le connaissait-il ? Elle eut soudain le sentiment qu’elle s’était fourrée dans la gueule du loup. Elle ne savait pas encore qu’un Insitut pour surdoués avait été ouvert dans les locaux visibles. Prenant son air le plus innocent, elle fit mine de ne pas comprendre. Elle avait repris son calme, tachant de maîtriser ses battements cardiaques.
-Je n’ai fait aucun regard, voyons. De quel centre parlez-vous au juste ?
Une gamine surdouée, voilà ce qu’elle avait été et voilà où ça l’avait menée. La jeune femme tâchait de relativiser. Il disait qu’il enseignait. Aux gamins. Donc il n’était pas agent, bien qu’il maîtrisait le combat. En gros, ça ne servait à rien d’essayer de s’enfuir, ça la grillerait et il la maîtriserait sans effort. Il valait mieux essayer de noyer le poisson. Et puis, comment avait-il fait le rapprochement entre des enfants surdoués et le Centre ? Qu’est-ce qu’ils manigançaient encore, là-bas ?
-Vous travaillez dans ce centre, c’est ça ? tenta-t-elle d’insister.
Si tel était le cas, cela voulait dire que le Centre était encore bien trop proche pour qu’elle se sente en sécurité dans ce lieu isolé. Il fallait lui faire oublier ses soupçons. Mais cet homme avait bien l’air de quelqu’un à qui on pouvait difficilement cacher la vérité. Se pouvait-il qu’elle soit prise au piège ? Kassie plongea son regard dans son mug de thé à moitié vide, se demandant ce qu’elle devait faire. Là, ce n’était pas une simulation, et Stan n’était pas là pour la guider si elle était perdue ou si elle faisait fausse route. C’était la réalité avec un véritable être humain en face d’elle, et elle ne pourrait pas recommencer si elle se grillait. S’il apprenait qui elle était et qu’il contactait le Centre, c’était fini, sa liberté n’aurait été que de quelques heures, à peine le temps de savourer une brise de vent, un peu de pluie et une tasse de thé.
Il la fixait avec insistance à présent. Un regard appuyé par la lueur des quelques bougies qui les entouraient. La tension était réelle, l'atmosphère oscillait quant à elle entre lourdeur et méfiance. Le futur enseignant n'en demeurait pas moins attentif à son invité(e) était un fin observateur, mais plus encore un bon psychologue capable d'analyser les gestes, les attitudes, une capacité qui l'a à de trop nombreuses reprises aidées dans la vie, pour accomplir de bonnes et de mauvaises choses. Le tonnerre se fit entendre à nouveau, un autre éclair déchira l'horizon et affubla la pièce de toute sa lumière. L'attitude de Kassandra changea du tout au tout, lorsque le Centre fut évoqué par l'apprenti professeur. Bien sûr, la demoiselle ne ménageait pas ses efforts pour paraître naturelle et non ébranlée par l'interrogation qui venait de lui être posée. Le moins, que l'on puisse dire, c'est qu'elle se débrouillait plutôt bien pour masquer ses ressentis, peut-être en avait-elle l'habitude. Asher ne connaissait que trop bien cette façon de faire, mais les signes ne trompaient pas, encore moins le regard de la jeune femme qui semblait plus distant et son sourire qui s'effaçait peu à peu malgré l'innocence qu'elle laissait paraître dans ses propos. L'ancien soldat qui continuait à tenir son regard, ne se démonta point et réitéra son questionnement, certain d'être sur une piste. « - Vous savez de quoi je parle ! » Elle faisait bonne figure, mais son regard la trahissait déjà. De ce fait, il était tout bonnement inutile de chercher à noyer le poisson. Asher avait compris et tout d'un coup, il se rappela de quelques éléments délivrés de ça de là par Elizabeth lors de la visite.
« Il existe une aile à laquelle vous n'aurez pas excès ! »
« - A vous entendre, j'ai l'impression que très peu de chose me seront accessibles »
« Ne plaisantez pas ! Le danger est réel Asher »
« - J'ai le droit d'en savoir plus ou c'est classé confidentiel ? »
« Il y a des personnes isolées que se trouvent dans cette aille. C'est tout ce que je peux vous dire »
L'existence de cette aille lui revint en mémoire. Le caractère confidentiel du lieu ne faisait que le rendre plus attrayant encore. Mais se pouvait-il que les personnes qui se trouvent dans cette aille, y soient de leur plein grès ? Que pouvait-il bien se passer là-bas, dans cette partie inaccessible au commun des mortels ? L'état de Kassandra, lors de leur premier échange ne présageait rien de bon si l'hypothèse d'Asher s'avérait exacte. Cet enfer qu'elle cherchait à fuir serait donc le Centre. Mais dans quoi, avait-il donc mis les pieds ? Par fierté, il ne laissa rien paraître de son trouble et puis à ce stade nous n'en étions qu'aux suppositions, rien de bien grandiloquent en termes de révélation, mieux valait rester prudent. « - Oui, j'y travaille ! » lança-t-il sans aucune fierté. « - Je ne suis pas un danger si c'est ce que vous vous dites. » Il espérait ainsi capter à nouveau son regard enfouis dans son mug de thé. « - Ces marques dans votre dos, ça vient de là-bas n'est-ce pas ? Vous étiez dans l'aile interdite avec d'autres personnes ? » Il aurait voulu se taire, voir même se frapper s'il le pouvait, mais de toute évidence sa curiosité lui faisait défaut. « - Ecoutez, je viens d'arriver, je ne suis pas au fait de tout ce qui se passe là-bas, mais je ne doute pas qu'il s'y passe des choses. Je n'irais pas vous balancez si c'est ce qui vous effraie le plus. J'ai bon nombre de défauts, mais pas celui-là. J'ai besoin de savoir, autant que vous, j'imagine, si j'ai mis les pieds en enfer ! »
▻ LOCALISATION : Quelque part à Blue Cove, avec Asher
▻ OREOS : 2084
▻ LOISIRS : Faire du roller, manger de la glace et des frites, faire du roller, apprendre de nouvelles choses, savourer sa liberté et oh faire du roller
Bien qu’elle s’estimait heureuse de la chance qu’elle avait que cet inconnu ne soit pas un fou qu’il l’aurait flinguée pour avoir osé s’incruster dans son pick-up sans permission, et qu’il ait été assez généreux pour l’inviter à passer la nuit chez lui pour lui éviter d’être détrempée par la pluie battante, à présent Kassandra se sentait mal à l’aise malgré la douce chaleur de la tasse thé salvatrice qu’elle tenait entre ses mains. Asher semblait être un expert pour déjouer les tentatives de détournement de sujet et de camouflage de sentiments. Malgré la « formation » qu’elle avait eue au Centre, Kassie se sentait impuissante face à cet homme qui paraissait lire en elle comme dans un livre. Comment faisait-il ? Etait-il mentaliste ? Pourtant, la jeune femme faisait tout pour faire taire les signes qui pourraient éventuellement la trahir. Son regard restait fixé dans celui de son interlocuteur sans s’en détourner lorsqu’elle parlait, quand elle souriait elle le faisait vraiment, marquant les petits plis au coin des yeux qui attestait de la véracité de ce sourire, elle tachait de maîtriser les tremblements de sa voix et même son rythme cardiaque. Alors comment Ash faisait-il pour déceler chez elle les signes qui montraient qu’elle mentait alors qu’elle avait déjà pu tromper un détecteur de mensonges ? La petite brune se sentait prise au piège, il n’y avait pas d’autre mot pour décrire son sentiment en cet instant précis. Alors qu’Asher insistait, appuyant sur le fait qu’il savait qu’elle savait de quoi il parlait, l’esprit de la jeune femme se vida complètement, ses pensées désertèrent sa tête, elle le regardait, tout simplement, droit dans les yeux, sans pouvoir rien répondre. Puis, elle prit une grande inspiration, se demanda si ce serait la dernière qu’elle prendrait à l’extérieur avant qu’il ne contacte les personnes du Centre pour la ramener là-bas. Il attesta y travailler, ce qui ne la rassura pas. Elle se sentait si mal qu’à présent ses yeux fixaient le fond de sa tasse de thé. Puis, il lui déclara qu’il n’était pas un danger. Comment pouvait-il en être aussi sûr ? Elle poussa un soupir silencieux en relevant ses prunelles vers lui.
-Vous donnez des cours à des gamins là-bas ? C’est ce que vous avez dit.
Elle essayait de relier les pièces du puzzle. Cela lui paraissait absurde que les jeunes caméléons profitent de cours d’autodéfense et autres sports de combats. Alors quels gamins ? Elle se rappelait, lors de sa courses dans les couloirs délestés de lumières quelques heures auparavant, avoir repéré des panneaux indiquant l’aile d’un certain institut, l’institut Catherine Parker. Kassie n’en avait jamais entendu parler. Elle avait connaissance des différents laboratoires scientifiques et médicaux, mais pas d’un institut spécialisé. Est-ce que c’était là, le siège du travail d’Asher ? Elle n’eut pas le temps d’avancer sa réflexion qu’il parla des marques dans son dos. Elle qui faisait tout pour oublier ce genre de moments… Elle secoua la tête frénétiquement. -N’importe quoi, qu’est-ce que vous allez chercher ? Répondit-elle du tac au tac telle une enfant.
Elle se souvenait du visage effrayant de Mr Raines qui, menaçant, lui intimait l’ordre de se taire, que si Stan l’apprenait, ça irait mal aussi bien pour l’un que pour l’autre. Et son précepteur était la personne en qui elle avait le plus confiance, il était son repère dans cet Enfer qu’était le Centre, elle ne lui voulait aucun mal et surtout, elle ne voulait pas le perdre. Que serait-elle sans lui ? Il était celui qui se rapprochait le plus d’une figure paternelle, même s’il était parfois exigent, un peu trop, avec elle. Mais il n’était jamais méchant et elle sentait en lui une certaine souffrance. Néanmoins, son besoin de liberté avait été plus fort que sa peur de le décevoir, et elle avait enfin mis son plan d’évasion à exécution.
Asher évoqua une « aile interdite ». Finalement, il en savait plus que ce qu’elle croyait, mais il semblait en même temps ignorer tant de choses… En réalité, il ignorait l’essentiel. Il en savait à la fois trop et pas assez. Trop pour être en sécurité, pas assez pour appréhender l’horreur de ce qui se passait réellement.
-Qui vous a parlé de ... ça ?
Ash était intelligent, elle le voyait. Il avait compris qu’il se passait des choses pas très nettes et il semblait vouloir savoir. Pourtant, c’était dangereux.
-Ecoutez Asher, vous avez l’air d’être quelqu’un de bien, je le vois dans vos yeux. Vous ne devriez pas poser autant de questions, vous allez vous attirer des ennuis.
La caméléone était rassurée sur une chose, il ne la ramènerait pas là-bas. Mais elle sentait qu’il insisterait jusqu’à avoir les réponses à ses questions. Et elle avait peur, terriblement peur. Peur de se faire attraper et d’y retourner pour toujours, peur que lui n’en sache trop et que sa vie soit en danger, peur tout simplement que si elle lui disait la vérité il ne la prenne pour une folle. Mettre des mots sur ces horreurs était déjà très difficile, alors si en plus il ne la croyait pas, cela aurait été un déchirement pour rien.
-Je ne sais pas à quoi ressemblent les autres Enfers de cette terre, mais celui-ci est particulier… accepta-t-elle de concéder en fuyant son regard au profit de la fenêtre dont les gouttes de pluie parsemaient la vitre. Je vous en prie, ne leur posez pas de questions. Vous ne vous en porterez que mieux. Ignorez tout, faites ce pour quoi l’on vous paie, du moment que c’est légal et que votre conscience vous y autorise, ou mieux, allez travailler ailleurs. C’est tout ce que je peux vous conseiller. C’est le meilleur que je vous souhaite.