J’avais eu une grosse semaine. Les dernières quarante-huit heures avaient été intenses. J’avais interrogé cet homme durant des heures. Il refusait d’avouer qu’il avait tué sa femme et pourtant … Tous les signes de son mensonge me brûlaient les yeux. Douze heures d’interrogatoires sans fin. J’étais épuisée. Il n’avait pas craqué, mais j’étais trop fatiguée pour bien réfléchir. Je demandais à le faire transférer dans la cellule d’isolement. Je voulais être son seul contact avec le monde extérieur. Son avocat pouvait observer de la fenêtre, je ne faisais rien de mal. Je n’étais pas une femme brutale à la base de toute façon. J’étais livide alors que je regagnais le poste derrière la salle d’interrogatoire avec le miroir. James était là et je me passais une main dans les cheveux en balançant mon veston sur le comptoir. J’étais encore avec la même chemise que la veille.
- Ce type commence sérieusement à me faire chier !
Je parlais rarement de cette façon. Je déboutonnais mes manches de chemise avant de les rouler et je regardais mon mari dans les yeux. J’étais habillée exactement pareil que lorsque j’avais quitté la maison plus de vingt-quatre heures plus tôt. J’avais sauté mon injection du matin en prime et j’étais à côté de la plaque.
- Désolé je … Je suis crevée. Tu as du nouveau sur l’homicide de ton côté ? Ça pourrait m’aider à le faire parler.
Je m’affalais sur une chaise du bureau avant de me servir un verre d’eau. Je prenais une gorgée avant de la recracher. C’était horrible. Le goût était ferreux à mort. Il y avait de quoi me donner la nausée. Lorsque j’étais trop épuisée, je vomissais souvent. Ça n’avait rien d’extraordinaire, car j’étais ainsi depuis des années. Je reposais mon verre sur la table avant de regarder James dans les yeux.
- Je crois que je vais attendre qu’il se soit assoupi dans sa cellule et je vais le ramener dans la salle.
Notre petit weekend en amoureux était loin dernière nous. Très franchement, ça m’avait fait du bien de pouvoir recharger les batteries avec ma femme loin de tout, même si ça avait été relativement court. Nous avions décidé de mettre en route un deuxième bébés et je n’étais plus du tout stressé comme au début. J’étais calme et j’avais même hâte qu’Eli tombe enceinte. La grossesse lui allait tellement bien. Même si je savais parfaitement que ce n’était pas évident pour elle. Pour ça, nous les hommes, nous avons quand même de la chance. Eli était en interrogatoire et j’assistais toujours à ce qu’elle faisait. J’aimais bien la voir à l’oeuvre.
Quand Eli entra dans la pièce, elle était livide et elle balança son veston sur le comptoir. Je faisais des yeux ronds. Il était vraiment rare qu’elle parle de cette façon, elle devait vraiment être épuisée pour en arriver à ce stade. J’allais lui servir un verre d’eau mais elle s’était montrée plus rapide que moi sur ce coup-là. Je secouais négativement la tête à ce qu’elle me disait.
« Hélas non, cet enfoiré a vraiment bien géré son meurtre. Il n’a laissé aucune trace. Il a vraiment tout lavé derrière lui. La seule preuve que l’on a, ce sont quelques cheveux de sa femme qui ont été retrouvés dans le coffre de sa voiture. »
Je me levais et j’allais derrière mon épouse pour lui maser doucement les épaules.
« Chérie tu es épuisée, tu devrais rentrer te prendre une bonne douche et dormir un peu. Est-ce que tu as pris de quoi faire ton injection ? »
Je voyais qu’elle était à bout et il valait mieux qu’elle parte dormir quelques heures pour recharger un peu les batteries. Son corps en avait besoin.
J’étais le genre de femme très tenace. Là, j’étais en mode «je vais te sortir les vers du nez gros connard». Il faut dire qu’avec mes injections d’hormones, j’étais rapidement sur les dents. James répondait à mes questions concernant les preuves et me massait les épaules. Je fermais les yeux en penchant la tête pour mieux le laisser faire. Si je dormais, je risquais de manquer l’ouverture pour le rendre à bout. James me rappelait que j’avais mon injection à faire. Je faisais oui de la tête.
- Oui, les choses sont dans mon sac juste là.
Je pointais le sac et je le laissais prendre le nécessaire. Je me levais et je verrouillais la porte histoire de ne pas me faire surprendre avec la chemise ouverte. Je déboutonnais cette dernière en continuant de réfléchir si je rentrais un peu à la maison ou si je restais debout à attendre que le type s’endorme. J’avais des reflux gastriques à cause de la fatigue et je me prenais un comprimé à croquer. Dégueulasse au goût ce truc en plus. Je laissais James faire l’injection avant de me rhabiller.
- Je ne serais pas capable de conduire en ce moment de toute façon … Il faudra que tu restes avec moi. Je ne peux pas trop dormir sinon, je vais rater mon ouverture avec lui.
Je remettais mon veston avant de sortir du poste avec James. Je marchais à côté de lui sans me rendre compte de l’heure qu’il était. J’avais complètement perdu le fils. Il était passé 20h00 et je n’avais rien avalé pour le repas du soir. Je marchais dans le stationnement jusqu’à la voiture de James garer tout près. Snow nous suivait comme toujours. Notre gros bébé qui n’allait nulle part sans son papa. J’ouvrais la porte au chien qui allait sur la banquette arrière. Pour ma part, je restais à l’extérieur en fixant le vide. J’avais à peine le temps de me tourner que je vomissais à côté de la voiture en m’appuyant sur cette dernière. Éric passait en même temps et stoppa net sa voiture avant de s’approcher de moi. Je ne me rendais compte de rien et je sentais mes jambes lâcher. Je tombais à genoux.
- Eli ?! James !
Le meilleur ami de mon mari m’allongeait sur le sol entre les deux voitures. Je n’avais pas vomi grand-chose n’ayant rien dans l’estomac en dehors du comprimé que j’avais pris. Je faisais clairement une chute de pression. J’étais dans une demi-conscience. Mes paupières étaient très lourdes. J’entendais simplement Éric appeler pour un 10-84 soit un code pour une ambulance en donnant le lieu soit le stationnement du poste de police. Je n’arrivais même pas à reprendre le dessus pour regarder James. Je me sentais trop loin.
Ce mec commençait vraiment à jouer avec mes nerfs. Mais encore pire, il était en train de jouer avec les nerfs de mon épouse. C’était une très mauvaise idée… Elle était le genre de femme a ne jamais lâcher le morceau et je savais de source sûr, qu’il craquerait avant elle. Le souci, c’est qu’elle avait ses hormones qui jouaient au montage Russe et ça, ce n’était vraiment pas dans son avantage. Je sentais en la massant que non seulement elle était hyper tendue, mais aussi hyper fatiguée. Je la sentais trembler sous mes doigts. Il fallait vraiment qu’elle fasse une pause. Ce fils de pute n’allait pas s’en voler de toute façon.
Je la relâchais au bout de quelques minutes afin de me diriger vers son sac à main qui contenait ce dont nous avions besoin pour la suite de ses injections. Je m’en voulais tellement de lui infliger tout ça. Je ne comprenais pas pourquoi c’était le rôle de la femme d’encaisser tous ces trucs. Je lui faisais son injection avec la dextérité que j’avais acquise à force de les lui faire régulièrement. J’allais jeter le tout ensuite et j’allais vers elle. Evidemment qu’elle n’était pas en état de conduire. Je prenais mes clefs de voiture.
« Oui, bien sûr, je vais rester avec toi. Je ne comptais pas te laisser toute seule. Mais j’aimerai au moins que tu dormes deux bonnes heures. Tu as vraiment besoin de recharger tes batteries ma chérie. »
J’allais lui embrasser le front et je me poussais ensuite pour qu’elle puisse se lever. Je lui tendais la main et je sortais. Je préviendrai Eric quand ce dernier serait arrivé, que je serai absent quelques heures le temps de m’occuper de ma femme, s je ne le croisais pas, je lui enverrai un sms. Je pourrais ainsi, moi aussi, profiter d’une bonne douche et de décompresser un peu. Puis, tout se passa très vite, j’allais ouvrir la porte de mon côté, lorsque j’entendis Eli vomir. Je me précipitais rapidement vers elle. Snow commençais à aboyer. Il avait tout de suite comprit que sa maman n’allait pas bien.
« Eli ! »
Eric eut tout de suite le reflex d’appeler une ambulance. Je me doutais parfaitement que cette dernière n’avait rien mangé. Elle devait être trop occupée à vouloir tirer les vers du nez à cet enfoiré. Je prenais la main de ma femme.
« Eli, est-ce que tu m’entends ? Sers ma main si c’est le cas. Merci Eric pour ta rapidité de réaction. A en jugé par ce qu’elle a vomit, je dirai qu’elle a rien mangé et ses injections ne l’aident pas si elle a l’estomac vide. Je te jure que je vais étrangler ce fils de pute s’il ne parle pas. »
Snow pleurait et alla donné un petit coup de museau sur la main d’Eli. L’ambulance ne tarda pas à arriver et je montais à l’intérieur avec elle. Snow voulait suivre. Mais je lui expliquais qu’il devait rester avec Eric. Je savais que ça ne lui plairait pas, mais je ne pouvais vraiment pas le prendre avec nous. On ne tarda pas à arriver à l’hôpital et j’allais me prendre un café dans la salle d’attente en attendant que l’on vienne me donner des nouvelles. Bon sang, il était vraiment dégeulasse.
Le sol était relativement frais. Je ne me rendais pas pleinement conscience de ce qui se produisait. J’entendais la voix de James qui me demandait de serrer sa main, mais j’en étais incapable. J’étais trop faible dans mon malaise. Je fermais les yeux en perdant complètement conscience. C’était trop intense et je n’avais pas la force de lutter davantage. J’espérais simplement que j’allais revoir mon mari et ma fille c’était tout ce que je voulais. Je ne me rendais pas compte que l’on me montait dans une ambulance. Les ambulanciers prenaient mon taux de sucre et tentaient de me réveiller, mais j’étais incapable de faire mieux qu’un piètre gémissement. Masque à oxygène sur le visage, je me rendais donc aux urgences. On m’installait dans une salle d’examen rapidement et James ne pouvait malheureusement pas venir.
J’entendais que l’on m’appelait de loin. J’avais l’impression que ma tête était énorme. Une migraine qui me serrait comme jamais. J’ouvrais finalement les yeux et je vomissais sur le sol de la salle. L’infirmière me mettait une perfusion et on m’installait finalement à la même place que les vieux avec les moniteurs cardiaques. Autant le dire, j’étais branchée de partout. Je me sentais vraiment mal et dès que je tombais assoupie, je me faisais réveiller par le vieux sur la civière à côté qui rigolait. Un rideau ne coupant pas le son. On me donnait des médicaments pour les nausées et on me faisait des prises de sang. Mon coeur s’emballait par moment.
- Je veux voir mon mari …
- Je peux tenter de le trouver. Son nom et son prénom ?
- McCoy, James McCoy.
Je retombais assoupie sur ma civière inconfortable. Je profitais que l’autre ne parle pas pour somnoler un peu. Le temps que James soit trouvé et qu’il arrive jusqu’ici. J’avais presque l’impression de faire de la fièvre. Je souffrais en silence sans vraiment savoir. J’étais bien trop épuisée. Ce gros connard m’avait rendue au bout du rouleau comme le dernier psychopathe que j’avais interrogé à Chicago il y a dix ans. Il m’avait foutu dans le même état. Tous de gros connards, mais je gagnais toujours. J’entendais finalement le rideau s’ouvrir et je voyais James entrer avant de le refermer. Le type à côté rigolait et je sursautais. Bordel que j’avais mal à la tête.
- Tant que je ne suis pas sortie … Ce connard reste dans sa cellule d’isolement.
J’étais du genre tenace. Que je reste une heure ou dix, il allait rester dans sa cellule d’isolement comme un imbécile. J’étais bien plus forte que lui-même si j’étais à bout. J’avais encore de fortes vagues de nausées. Les injections n’aidaient pas non plus dans ce sens.
- Il faut avertir Sandra que l’on ne sera pas de retour tout de suite à la maison et voir si Lexie peut prendre le relais si elle a besoin.
Penser à moi ? Jamais. James allait finir par m’engueuler et je le savais.
Heureusement pour moi, il n’avait pas fallu longtemps au secours pour arriver sur place. Je faisais tout pour rester calme, mais voir mon épouse dans cet état, ça me faisait paniquer intérieurement. Heureusement, Eric était-là et il avait vraiment réagit vite et bien. Je montait dans l’ambulance qui fila à toute allure en direction de l’hôpital. Voir partir sa femme en direction des urgences sans pouvoir la suivre, c’est aussi stressant. Je ne savais pas ce qu’ils allaient lui faire ni comment elle allait. Je faisais les cents pas dans la salle d’attente qui était relativement bruyante en plus du reste.
Eric me bombardait de messages et je lui répondais que pour le moment, je n’avais aucune nouvelle. Je lui demandais de laisser le mec qu’Eli interrogeait avec son malaise en salle d’isolement. Je m’occuperai de son cas plus tard. Ca ne lui ferait pas de mal et ma femme était ma priorité. J’allais me prendre un café au distributeur. Il était vraiment dégueulasse mais j’en avait besoin pour le moment. Je retournais ensuite m’assoir en priant pour que ma femme aille bien. Le temps passait bien trop lentement à mon goût et j’avais horreur de l’odeur qui régnait dans ce bâtiment.
Une infirmière vint me chercher et je la suivait rapidement. Ma femme était-là, plus pâle que d’habitude. Je refermais le rideau et je m’asseyais sur la chaise qui se trouvait à côté d’elle. Je posais doucement ma main sur son front, elle faisait de la fièvre en plus du reste. Je n’aimais vraiment pas ça. Comme je m’y attendais, elle se mit à parler travail. Je secouais la tête en lui prenant la main. Elle avait vraiment besoin de récupérer et je n’allais pas lui demander son avis sur ce coup-là.
« Tu es au courant que tu n’es pas prête de retourner au travail Eli ? Oui ne t’en fait pas, je vais aller l’appeler et je vais aussi passer à la maison pour récupérer certaines de tes affaires. Je comprends que tu veux le coincer, c’est ce que l’on veut tous mais Eli, pour l’amour du ciel, on essaie de faire un deuxième bébés et tu accumules bien trop de stress pour le moment. Il faut que tu penses à toi et c’est un ordre. »
Très franchement, j’espérais qu’il allait craquer pendant qu’il serait en isolement. Car je ne savais pas pour combien de temps Eli serait en arrêt, mais une semaine serait déjà une bonne idée en partant.
L’homme de l’autre côté du rideau m’énervait à un point. La tête voulait littéralement me fendre en deux et les lumières ne faisaient qu’augmenter cette sensation hautement désagréable. Heureusement, l’homme de ma vie venait me rejoindre. Le personnel avait réussi à le trouver. Je me sentais un peu ailleurs et j’avais encore la nausée. Je n’étais pas au top de ma forme et la perfusion de soluté en disait long sur mon état tout comme les nombreuses électrodes branchées pour mon coeur. Je fermais les yeux en sentant la main étonnamment fraîche de James contre mon front. Je parlais des choses à faire comme d’habitude. Je ne pensais jamais vraiment à moi et ce gros connard allait clairement rester dans sa cellule d’isolement sans quoi j’allais péter un câble.
- Très bien lieutenant … Je vais rester sage …
Je me passais une main dans le visage en fermant les yeux. De toute façon, je n’avais pas mon mot à dire dans toute cette histoire. L’infirmière arrivait et me donnait un médicament pour les nausées. J’avais l’impression de complètement perdre des bouts dans les minutes ou les heures qui suivirent. J’étais très sensible à ce genre de médication par les veines. Mon coeur semblait s’emballer par moment. L’homme à côté se mettait à rire et le rideau s’ouvrait au même moment. Je sursautais vivement en me réveillant. Seigneur que j’avais horreur de ça ! Je détestais cette sensation.
- Madame Howlett ?
Le médecin de garde était au pied de mon lit et regardait les papiers. Je faisais oui de la tête. Heureusement que James était présent, car j’allais certainement en perdre des bouts. J’étais tellement somnolente en ce moment.
- Nous avons eu vos résultats de prise de sang. Vous faites une anémie importante et une carence en vitamine B12. Nous allons vous donner du fer et des injections de vitamines pour pallier à tout ça. Il faut dire que c’est normal une petite anémie durant la grossesse. Vous arrivez à manger correctement ?
Je restais totalement figée. Durant quoi ? J’avais mal entendu … Ça ne pouvait pas être possible. Pas tout de suite ?
- Durant quoi ? Je n’ai pas bien compris …
- Votre grossesse. Selon vos hormones vous en êtes à environ six semaines. Vous le saviez non ?
Déjà que je n’étais pas au top de ma forme, je faisais carrément un malaise là. Les oreilles me bourdonnaient complètement et j’avais l’impression de perdre complètement la carte comme dans le stationnement. Ma pression venait de chuter d’un coup et je me sentais vraiment mal. Deux infirmières venaient descendre ma tête de lit et me mettre des compresses. Six semaines, ça remontait à notre petite escapade un peu mucho caliente. Je vomissais le peu que j’avais dans l’estomac. James allait devoir prendre le relais pour les questions. Ça me prenait une échographie, des informations, des médicaments, mes vitamines et parler à Sarah. Oh bordel … Je n’étais pas prête à tout ça aussi rapidement.
Je n’aimais vraiment pas voir ma femme dans cet état. Mais je savais qu’elle allait passer par dessus cette épreuve. Elle était incroyablement forte. Je la regardais en lui faisant mon plus beau sourire. Je sentais mon portable vibrer dans ma poche et je soupirais. Non mais franchement, je ne pouvais pas avoir la paix durant quelques minutes ? Je gardais la main de ma femme dans la mienne et de ma main libre, je sortais mon portable de la poche. Je jetais un rapide coup d’oeil avant de le remettre dans ma poche. Ce n’était rien d’important et tant mieux.
« Oui, je pense que c’est préférable que tu restes sage. »
Comme quoi, être le supérieur de sa femme peut avoir certain avantage. Eli finissait par s’assoupir et je restais à côté d’elle. Je prenais des nouvelles de notre fille dans la foulée. Heureusement, cette dernière allait bien. Eli sursautait au moment ou le rideau s’ouvrit et je levais les yeux vers le médecin de garde. Ce dernier devait certainement avoir des résultats et j’espérai que les nouvelles ne soient pas mauvaise. Notre vie était déjà assez compliquée comme ça avant le gros handicap de notre petite fille.
J’écoutais le médecin avec attention. Je ne comprenais pas pourquoi ma femme avait toutes ces carences. Et puis, le médecin utilisa le mot grossesse. Une minute, quoi ? Déjà?!!! Oh mon Dieu… Là, je sentais que mes jambes ne me portaient plus et je me laissais tombé assis sur le fauteuil qui se trouvait à côté du lit. Je me passai une main dans les cheveux. Oh clairement, c’était une excellente nouvelle car nous voulions ce deuxième bébés. Mais je ne pensais pas que ça arriverait aussi vite. On avait même pas encore parlé tous les deux sur comment l’annoncer à Sarah. Je regardais le médecin.
« Non, nous n’étions absolument pas du tout au courant…. On ne pensait pas que ça arriverait aussi vite.»
Ma femme vomissait et je me levais pour l’aider. Je lui donnais le bassin avec une bouteille d’eau pour qu’elle puisse se rincer la bouche. Je me sentais clairement mal moi aussi mais c'était l'émotion. Je ne devais pas tomber maintenant, Eli n'avait pas besoin de ça. Mais le médecin allait devoir faire vite car j'allais devoir prendre l'air assez rapidement.
La nouvelle venait de tomber. Anémie relativement importante, épuisement et un bébé en route de plusieurs semaines selon mes prises de sang. James devait être dans tous ses états. Moi, je faisais un malaise. Ma pression avait chuté et j’avais été malade devant le médecin. Sympa comme situation. Je me sentais en pleine possession de mes moyens. J’avais horreur de me sentir aussi vulnérable. Les infirmières s’occupaient de moi tout comme James. Heureusement qu’ils étaient là, car je sens que j’aurais été encore plus mal. Je sentais des compresses froides se poser sur mon front et mon cou. Je n’avais rien à vomir réellement en fait. Je me remettais des émotions après quelques minutes. J’avais perdu complètement la notion de ce qui se passait en fait et j’étais un peu désorienté. Le médecin parlait surtout à James et l’informait que j’allais avoir une échographie et que je resterais au moins vingt-quatre heures à l’hôpital. Ils allaient voir pour me transférer en maternité histoire que j’ai les soins appropriés.
Les choses avaient déboulé tellement rapidement. Je voyais que mon mari n’était pas au top de sa forme. Le choc de la nouvelle. Nous avions tellement eu de difficulté à avoir Sarah et là, c’était tout le contraire. Bébé avait décidé de venir nous rejoindre plus rapidement que prévu. James était assis dans le fauteuil et je tournais la tête vers lui alors que le médecin venait de partir.
- Surprise papa …
Je tentais de sourire, mais j’étais tellement épuisée que c’était difficile. Ce n’était pas méchant en réalité. C’était simplement que j’étais complètement hors service. Je poussais un soupir en fermant les yeux.
-Va te chercher un café mon amour. Je t’aurais bien dit de fêter ça avec un verre, mais c’est un peu compliqué.
Eric allait être mort de rire en réalité. Il allait dire à James qu’il était trop performant. Venant d’un homme qui avait cinq enfants avec trois femmes différentes c’était un peu une grosse blague. On ne changerait jamais le meilleur ami de mon mari après tout.
Si je m’attendais à ça ! Intérieurement, j’étais vraiment super heureux ! J’étais juste prit de cour c’est tout. Je savais très bien qu’Eli ne m’en voudrait pas. C’est juste qu’on avait même pas eu le temps de prévenir Sarah et ça, ça allait être un autre problème à gérer. Elle ne risquait de ne pas apprécier le fait qu’on donne un peu plus d’attention au bébé qu’à elle. Mais je ferai en sorte que ça n’arriverait pas. En revanche, quand je voyais l’état de ma femme, il était clair qu’elle allait avoir besoin de récupérer. Et ce ne serait pas négociable.
Je prenais la main de ma femme que j’embrassais avant de lui faire mon plus beau sourire.
« Sacrée surprise en effet jolie maman. Ouais c’est une bonne idée, essaie de dormir un peu je reviens vite. »
Je lui embrassas le front et j’allais me chercher un café. Je sortais ensuite pour aller prendre l’air et j’envoyais un message à Eric. Je me doutais fortement qu’il allait se moquer de moi, mais je m’en fichais pas mal. Je ne pouvais pas être plus heureux que là en tout cas. On allait avoir un deuxième enfants ! Garçon ou fille je m’en fichais pas mal.
Une fois mon café avalé et mes idées plus claires, je retournais auprès de ma femme. En tout cas, c’était calme pour le moment, aucune personne du commissariat ne m’avait appelé et s’était tant mieux. Je savais très bien qu’Eric allait gérer en attendant que je revienne. Notre pauvre Snow devait être mort d’inquiétude en revanche. Et je savais que je ne pouvais pas le prendre ici pour qu’il puisse voir Eli.
Je regardais James et je me disais que j’étais sans aucun doute la femme la plus chanceuse du monde. J’avais son soutient sur tous les plans et je le fais de bosser ensemble ne nous avait jamais éloigné l’un de l’autre. Il faut dire que nous n’étions pas toujours dans la même pièce et tout. J’avais mon boulot très particulier et lui le sien. Je me sentais bien en cet instant malgré les nausées importantes et la fatigue intense. Je le laissais partir avec un petit sourire avant de pousser un profond soupir. Je me mettais à pleurer en silence. Les larmes coulaient le long de mes joues sans que je le veuille. Notre petite Sarah allait être une grande soeur. J’espérais qu’elle ne serait pas trop jalouse. Dans un premier temps, j’allais devoir terminer ce premier trimestre qui ne semblait pas être une partie de plaisir. J’avais beaucoup de plus qu’à ma grossesse précédente au même stade.
Je finissais par m’endormir à cause des médicaments et de la fatigue. Je ne remarquais même pas que James était de retour en vérité. Mon téléphone était dans mon sac quelque part et je me sentais finalement bouger. La civière bougeait pour m’amener en maternité histoire que je reçoive les soins appropriés et que l’on me fasse mon échographie. Le mouvement me donnait mal au coeur pas possible et je tentais de respirer profondément en gardant les yeux fermés. Nous entrions finalement dans l’ascenseur et c’était une fois les portes fermées que j’avais le temps de me redresser pour vomir dans le bol. Mon estomac me faisait mal en ce moment et je soupirais avant de me rincer la bouche. Je ne vomissais pratiquement rien de toute façon. Je restais assise alors que l’on m’amenait dans ma chambre. On changeait mon bol rapidement avant de m’installer dans le lit. Je redressais la tête pour être plus assise. J’étais seule dans ma chambre et l’absence de bruits me faisait du bien.
- Bordel que j’ai mal à l’estomac … Je n’ai pas le souvenir d’avoir été aussi malade à Sarah…
Je savais que James n’osait pas partir. Il ne voulait pas manquer le moment où le médecin viendrait pour l’échographie pour nous montrer notre petit bébé qui me faisait des misères.
Le fait de prendre l’air m’avait aidé à me remettre les idées en place. Très franchement, ça m’avait fait du bien. Mais malgré tout, tout un tas de questions ne cessaient de tourner dans ma tête. Je ne savais pas comment nous allions annoncer ça à Sarah. Comme Eli était à l’hôpital, il était clair que nous ne pourrions pas attendre trop longtemps. Elle allait poser tout un tas de questions et s’était tout à fait légitime. Lorsque je revins dans la chambre, je constatais qu’Eli dormait encore. J’allais lui prendre sa main que j’embrassais avant de m’assoir à ses côtés.
Une infirmière et un brancardier entrèrent, ils m’informèrent qu’on allait la monter en maternité pour lui donner les soins dont elle allait avoir besoin. Je prenais donc son sac à main et je les suivais en silence. Une fois entré dans l’ascenseur, Eli se redressa pour vomir. Je sentais que cette grossesse n’allait pas être une partie de plaisir… Je ne comprenais pas pourquoi les femmes devaient avoir autant de contraintes. Qu’est-ce qu’elles avaient bien pu faire pour en arriver à un tel stade ? Et ne me sortez pas que c’est la punition d’Eve qui a croqué la pomme. Je ne crois plus en Dieu depuis un petit moment…
Une fois mon épouse installée sur son lit, l’infirmière nous informa qu’elle allait revenir avec un médicament pour soulager Eli de ses nausées. Je posais son sac à main et ma veste sur le fauteuil avant d’aller vers elle. A mon avis, elle n’était pas prête de sortir et encore moins de pouvoir reprendre le travail. Mais pour cette partie, j’attendais la venue du médecin pour voir ce que ce dernier allait nous dire. J’allais m’assoir sur le bord du lit et je regardais ma femme en faisant la moue.
« Je suis vraiment désolé pour tout ça Eli. En effet, je sens que cette grossesse ne va pas être une partie de plaisir... Mais je te connais et je sais que tu vas réussir à passer par dessus tout ça.»
J’espérais que mon portable ne sonnerait pas pour une urgence quelque conque car je voulais connaître toutes les informations du médecin avant de partir. Je n’allais pas pouvoir rester avec elle d’avantage et pourtant, ce n’était pas l’envie qui me manquait. Mais en tant que lieutenant, j’avais certaines obligations auxquelles je ne pouvais malheureusement pas échapper. Je savais qu’elle le comprendrait.
Nous étions des personnes avec de grandes responsabilités. Nous avions déjà un enfant handicapé, mais nous étions dans le service de police et pas simplement comme agent de terrain. Je ne me souvenais pas avoir été si mal, mais il faut dire que j’avais pallié au maximum depuis trois jours avec des médicaments pour l’estomac en pensant que c’était le stress qui me donnait la nausée en plus de la fatigue. Grave erreur. C’était notre petit deuxième qui voulait me signifier sa présence. Je n’aurais pas poussé l’interrogatoire autant si j’avais su, mais le mal était fait. Heureusement qu’Eric était passé près de nous alors que j’avais fait mon malaise. J’aurais pu me blesser en tombant. Je pensais à notre fille qui risquait de s’inquiéter en ne me voyant pas rentrer à la maison. Je savais que je risquais de rester ici durant plusieurs jours. Snow allait aussi s’en faire et il allait me protéger comme un dingue ensuite. Grosse bestiole d’amour velue.
- Je vais passer par-dessus, mais avec une bonne dose d’anti-nauséeux et du repos.
Je prenais le verre d’eau pour me rincer la bouche. J’étais incapable d’avaler quelque chose pour l’instant, je savais que ça allait ressortir et ce n’était pas le but de la manœuvre non plus. Je souriais en coin en voyant mon mari et je prenais sa main avec douceur. Malgré tout, j’étais heureuse d’avoir ce petit être en moi.
- Je te ferai une liste des choses que tu pourras m’apporter lorsque tu reviendras. Ma brosse à dents est en tête du palmarès.
Je me mettais à rigoler un peu. Le médecin entrait finalement avec l’infirmière. Le gynécologue était gentil et il avait la machine pour l’échographie avec lui. Les lumières restaient tamisées alors qu’il me demandait de découvrir mon ventre. Le gel froid sur mon ventre, je regardais l’écran alors qu’il appuyait pour bien voir.
- Où est cette petite terreur … AH voilà! Juste ici regarder.
Il nous pointait l’écran. On voyait une forme diffuse avec un clignotement. Difficile d’identifier que c’était un petit bébé, mais il y avait clairement quelque chose. Il nous expliquait que le clignotement était son petit coeur et qu’il allait nous faire des mesures. J’en étais donc à presque huit semaines de grossesse finalement. Une charmante surprise en quelque sorte. Il imprimait deux clichés et nous les donnait. Il repasserait le lendemain pour voir comment j’irais. Je devais rester à jeun pour la nuit. Les perfusions allaient me donner ce qu’il fallait et les médicaments devaient faire effet. En gros , bébé allait parfaitement bien et c’était le plus important. Je regardais les deux photos avec un petit sourire avant d’en détacher une pour la donner à James.
- Tu pourras le garder avec toi comme ça. Tu es content ? Je suis complètement soulagée de savoir qu’il va bien.
Je la laissais me prendre la main et j’allais lui embrasser la sienne. Elle était toute blanche, je ne l’avais jamais vu aussi mal. Mais je savais que le rythme de ces derniers jours y étaient pour beaucoup et que si elle avait su plutôt qu’elle était enceinte, elle n’aurait pas tirer sur la corde à ce point. Je levais les yeux vers elle en souriant. Je savais qu’en plus de la brosse à dent, elle me demanderait de lui rapporter son ordinateur portable. Je ne pouvais pas lui en vouloir car si j’avais été à sa place, je lui aurai demandé pareil.
« Evidemment, avec ton ordinateur je suppose ? »
Quand le gynécologue entra avec la machine, j’allais prendre place sur le fauteuil pour aller m’assoir à côté d’Eli. Je lui prenais la main et je regardais l’écran moi aussi en jouant nerveusement avec ses doigts. Le médecin était en train de chercher notre bébé. J’écoutais le médecin avec attention. Je poussais un soupir de soulagement quand ce dernier nous disait que notre bébé allait bien. J’appréciais vraiment cet homme, le feeling était très bien passé et pour moi, c ‘était quelque chose d’important. Je devais avoir confiance en lui.
Eli détacha une des écho et me la tendit. Je la prenait et je la regardais en souriant. Je la mettais dans mon porte-feuilles car il était absolument hors de question de la perdre. Je me levais et j’allais embrasser ma femme sur le front. En revanche, on allait devoir se consulter sur ce que l’on allait dire à Sarah. Je ne voulais pas lui annoncer la grossesse si Eli préférait attendre. Cependant, j’espérais que notre fille allait bien réagir à la nouvelle. Car depuis l’accident, elle était devenue plutôt possessive envers nous. Elle allait devoir se calmer.
« Oh oui ! Je suis heureux et soulagé ! Je vais donc aller te chercher ce dont tu vas avoir besoin. Est-ce que tu veux me donner une liste ? Et je me pose une autre question, que fait-on pour Sarah ? On attend avant de lui en parler ou non ? »
J’allais avoir besoin de mes choses pour rester ici durant quelques jours. Je n’allais certainement pas rester à faire du tricot et regarder le plafond. Je souriais en coin à mon mari en faisant oui de la tête alors qu’il me demandait pour mon ordinateur. Je pourrais faire des rapports même en étant ici. Ça allait m’occuper un peu. Il faut dire que j’étais toujours très à jour. Je prenais rarement du retard et il était hors de question d’avoir une montagne de papiers qui m’attendrait à mon retour au travail. Le gynécologue entrait par la suite. Il était sympathique et nous offrait un beau moment pour faire la rencontre avec notre petit bébé. Je donnais une photo à James après le départ du médecin. Je l’écoutais avec attention avant de me passer une main dans les cheveux. Je ne pourrais pas cacher ma grossesse longtemps surtout que je ne pourrais pas forcer comme je le faisais habituellement pour déplacer notre fille de son lit à son fauteuil et vice-versa.
- Je crois que le plus tôt sera le mieux… Elle aura le temps de se faire à l’idée bien que je m’attends à ce qu’elle refuse de manger ou des choses du genre. Elle est toujours avec l’un de nous ou presque. Elle a toujours eu toute l’attention et les choses vont changer. Il est clair que je ne pourrai pas lui donner la même attention qu’à un nouveau-né surtout si j’allaite comme je l’ai fait avec elle. J’ai acheté un livre parlant d’une histoire d’une jeune demoiselle qui devient une grande soeur. Tu pourrais la lui lire et voir ce qu’elle en pense ?
Sarah ne parlait plus, mais son regard était plus que communicatif. Nous la comprenions parfaitement d’un simple regard et bientôt, elle aurait accès à un ordinateur pour nous parler. Ça serait déjà mieux que rien. Écrire les phrases avec son regard serait laborieux, mais je savais qu’elle allait persévérer. C’était une battante. Je devrais parler à Sandra pour savoir si elle avait une idée pour juste lui redonner la parole, mais ce n’était pas le temps de penser à ça.
- Si tu me donnes mon téléphone, je veux bien te faire une liste. Ça sera plus simple ainsi. Seigneur … Ce médicament tape solidement waouh …
J’étais complètement épuisée et somnolente. J’allais devoir me concentrer pour ne pas m’endormir en écrivant ou en parlant. Je ne serais pas surprise que ça arrive de toute façon.
- Je crois que Snow va chialer sans arrêt… Pauvre bébé. Éric doit en voir de toutes les couleurs.
Snow était l’animal le plus vocal que je connaissais. Il devait hurler devant la fenêtre du salon du meilleur ami de mon mari comme un malade ou pleurer sans arrêt en attendant de voir son papa arriver. Il était terrible.
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Dim 25 Avr - 20:06
