Tout abandonner pour ces beaux yeux bleus clairs et vifs. Tout abandonner et recommencer pour lui assurer une vie meilleure le temps que nous en avions la chance. Combien de temps au juste? Une pneumonie pouvait la tuer et l’air de Chicago n’était pas suffisamment pur pour elle. Je rêvais chaque nuit que je l’entendais m’appeler pour que je vienne la réconforter et replacer ses couvertures. Des choses simples qui nous manquaient plus qu’on ne le croyait lorsque nous les perdions. Nous avions eu de la chance d’obtenir ces postes ici. Il faut dire que nous avions une sacré réputation. J’avais même aidé le FBI dans quelques enquêtes et fait un peu d’infiltrations pour tirer les vers du nez à quelques gros délinquants, mais ça c’était avant l’accident de notre merveilleuse Sarah.

James était partie le matin plus tôt pour installer les choses dans son bureau. Moi, je comptais m’y rendre après que Martha ait installé comme il faut notre fille dans son fauteuil. Je souriais en replaçant un mèche rebelle des longs cheveux bruns foncés de ma grande fille. Je posais un baiser sur son front avec douceur alors qu’elle me faisait un sourire difficilement. Je lui disais une unième fois que je l’aimais avant de me rendre au poste de police en prenant ma moto. Je n’avais pas grand-chose à installer dans mon bureau et j’avais envie de conduire la bête un peu. J’adorais la vitesse et James aussi. Cela me manquait un peu nos balades en amoureux. Peut-être qu’ici nous aurions le loisir de faire un peu plus de ce sport que nous aimions tant. J’entrais au commissariat en présentant mon badge à ma ceinture. Je portais une chemise blanche avec une pantalon noire et un veston sous mon manteau de moto. J’avais mon casque dans le bras et j’entrais en détachant mes cheveux pour aller vers mon bureau qui était à côté de celui de James. La porte de ce dernier était fermé, il était peut-être avec une personne ou au téléphone. Mon homme était un sacré bourreau de travail tout comme moi. Je posais mes clefs et mon casque avant de retirer mon sac-à-dos pour l’ouvrir et installer mes choses sur mon bureau en souriant. Une photo de famille tous ensemble à la plage. J’adorais cette photo.

J’allumais mon ordinateur pour tester mes codes d’accès tout neuf et je coordonnais le tout avec mob téléphone et j’allais ensuite voir les ressources humaines pour avoir un biper en plus. Une habitude que j’avais. Parfois, j’entendais mon biper avant mon téléphone. Je prenais le temps de faire connaissance avec quelques hommes sur place avant d’aller voir mon mari. Je cognais doucement au cadre de la porte avec deux tasses de café à la main. Il le prenait toujours avec deux sucres et un lait alors que je prenais le mien noir. J’entrais doucement en souriant et je posais la tasse sur son bureau avec douceur avant de m’asseoir sur le coin de son bureau pour le regarder. Il était toujours aussi beau après toutes ces années. En fait, je le trouvais beau en plus en plus à chaque seconde. On devrait inaugurer les toilettes de ce poste ce jour.

- Tu sais qu’il est presque midi et que je meurs de faim Lieutenant?

Autant aller prendre une bouchée en ville dans un petit dîner non?

J’avais la vie que tous les hommes rêvent d’avoir. Une femme magnifique et une adorable petite fille. Mais un jour, ma vie de rêve bascula dans le cauchemar sans que je ne sache vraiment pourquoi. Sarah a eu un accident. Le genre d’accident typique que tous les enfants peuvent avoir au fond. Mais le sien fut bien plus grave. J’en avais pleuré des nuits entières et j’avais été révolté durant longtemps avant de finalement accepté que ma fille ne redeviendrait jamais comme avant. Je n’en avais jamais voulu à sa gardienne, ce n’était pas de sa faute contrairement à ce qu’elle pensait.

Le son de la voix de ma fille me manquait terriblement. Son rire aussi d’ailleurs. Avec mon épouse, nous avions prit la décision de quitter Chicago. Nous voulions offrir une vie plus saine à notre fille. Nous savions de source sûr que nous n’aurions aucune difficulté à trouver du travail en vue de nos réputations respective. Oui, je pouvais le dire sans fausse prétention, nous étions doué dans ce que nous faisions et nous adorions tous les deux nos professions. On faisait un super duo. Quand nous étions au travail, il n’y avait pas de mari et de femme, nous restons toujours professionnel.

C ‘était mon premier jour dans ce nouveau commissariat et j’étais parti à l’aube. J’avais quand même prit le soin d’embrasser ma fille avant de partir. Cette dernière dormait encore et je constatais en souriant qu’elle ressemblait de plus en plus à sa mère. J’avais prit ma moto, j’en avais envie et j’en avais aussi besoin. Je me sentais libre quand je roulais et le temps était idéal en plus de ça. Sans compter que c’était toujours plus rapide que la voiture lorsqu’il y avait trop de circulation. Mais je faisais toujours en sorte de rouler prudemment.

Une fois au commissariat j’entrais et je fus très bien accueillit. Je me mettais rapidement au travail. Dans le fond, c’était un peu comme si j’avais toujours travaillé là. Mes hommes me respectaient et j’appréciais ça. Il y avait une très bonne ambiance. La matinée passa à une vitesse incroyable. J’avais tellement de choses à faire que je n’avais même pas vu le temps passer. Je préférais ça que le contraire ceci dit. Je venais de clôturer un dossier lorsque une personne frappa à ma porte. Je levais les yeux et un sourire se dessina sur mon visage. Il s’agissait de mon épouse.
« Salut toi, quoi déjà ? » Je regardais ma montre. « Bon sang mais tu as raison, je n’ai pas vu le temps passer. Alors, comment s’est passé ta première journée ? »

James. James. James. Toujours en mode boulot. Toujours en mode super-héros. Toujours en mode sexy à mort. Je ne pouvais pas résister à mon mari et je devais avouer qu’après plus de deux années dans un noir quasiment total, c’était un miracle que nous soyons encore ensemble. La plupart des couples avec qui nous étions allé en thérapie avaient divorcé. Nous, nous nous étions accrochés l’un à l’autre dans cette mer déchaînées. Je ne dis pas que c’était parfait. Les mots séparation, divorce et pause avaient été évoqué sans jamais être mis à l’oeuvre. Cette ville, c’était notre nouvelle chance à nous. C’était le moment de réapprendre à être un couple et non plus les parents de Sarah Howlett. Je me mettais à rire un peu en l’entendant me dire que c’était déjà l’heure du repas.

- Ah oui. Si tu regardais un peu plus ton horloge ou ta montre au lieu de tes dossiers tu le saurais.

Il regardait alors sa montre et je prenais une grande gorgée de mon café noir. Je ne pouvais me retenir de lui sourire encore et toujours. Je remarquais alors que notre ami velu n’était pas présent. Je me rappelais ensuite que James avait décidé de prendre sa moto pour venir tout comme moi. Je haussais les épaules à sa question. Pour moi, il n’y avait pas grand-chose dans l’immédiat.

- Bof la routine. Code d’accès, bug informatique, café, rencontre avec des collègues, café, lire un dossier et … café.

Je lui levais ma tasse avant de regarder la couverture sur le sol. J’en connaissais un qui allait être heureux de rester avec son papa durant des heures.

- Oh je connais un garçon velu qui va se morfondre à la maison si tu le laisses toujours là-bas. J’entends d’ici ces vocalises intenses alors que Martha lui hurle d’arrêter et que Sarah sourie.

Je lui volais un petit baiser au passage avant de plonger mon regard dans le sien.

- Donc, avant que tu ne me fasses une hypoglycémie, tu as le choix entre : Sandwich de la machine avec Doritos périmé OU repas avec une belle rousse fabuleuse spécialiste en interrogatoire.

J’étais ravi de voir Eli entrer dans mon bureau. Ca voulait dire que je devrais prendre une pause. Elle avait toujours été la seule personne que j’écoutais. Bon, avec Eric bien évidemment, je l’ai toujours considéré comme mon frère celui-là. Elle me disait que si je regardais le cadran de ma montre un peu plus souvent, je serai au courant de l’heure. Je me contentais de lui tirer gentiment la langue. Non mais ! J’étais ravie d’être ici et j’étais ravi de travailler avec elle. Je me sentais bien dans cette nouvelle ville et j’avais vraiment l’impression que Sarah y serait bien.

« Gnagnagnagna ! »


Je finissais donc par m’executer et je regardais ma montre en faisant des yeux ronds. Bon sang, le temps avait vraiment passé à une vitesse affolante. Je riais lorsque mon épouse évoquait sa matinée. Mon Dieu, je suis certain que si cette dernière ne m’avait pas épousé, elle se serait marié avec une cafetière.

« Tu es pas possible toi… Tu es au courant que tu en bois trop ? »

Bon, en même temps on avait des journées de malade parfois, et il était clair que sans café, il serait impossible de tenir le rythme. Mais en ce qui me concernait, je freinais ma consommation quand mes journées étaient plus calme et que je faisais des horaires normaux. Je jetais un œil vers la couverture en souriant avant de reporter mon regard sur ma femme. Elle avait raison Snow était très expressif. Il était un peu comme un enfant au fond, il avait des aboiements pour tout et Eli et moi, on les connaissaient par coeur.

« Ouais je sais, je ne vais pas le laisser à la maison tout l’été, mais j’avais envie de venir en moto ce matin et je ne pouvais donc pas le prendre. Sauf si j’achète un truc exprès pour pouvoir le prendre avec moi. Je vais aller me renseigner sur ça. »

Je lui rendais son baiser et je faisais semblant d’avoir une réflexion intense sur ses diverses propositions.

« Eh bien, je dirais le repas avec la belle rousse. Mais ma femme ne doit surtout pas être au courant ! »

La complicité que j’avais avec mon marié était des plus profondes. Je me sentais bien et à l’aise avec lui. Je n’avais pas besoin de porter le masque que je portais durant mes longues sessions d’interrogatoire. Je lui souriais alors qu’il venait de me rendre mon baiser. Il m’avait une fois de plus fait gentiment remarqué ma dépendance à la caféine. Il allait me payer cette gentille remarque le petit chenapan.

- Ne t’inquiète pas. Je ne lui dirai absolument rien promis. Je pense même qu’au fond, elle est d’accord pour que je t’accompagne. Alors enfile-moi ce casque de moto que je puisse passer mes bras autour de ta taille.

Je vidais ma tasse à café et la sienne comme si de rien n’était. J’avais une descente de café ma possible et je le voyais déjà levé les yeux au ciel.

- On ne va pas jeter du café James McCoy. Je sais très bien que tu refuses de le faire réchauffer et encore moins de le boire froid.

Je lui faisais un clin d’oeil avant d’aller dans mon bureau. Je me sentais bien ici. J’étais loin de me douter de tout ce qui allait se produire ensuite. Je prenais mon casque et ma veste de cuire et j’allais le rejoindre dans le parking. Ma moto était à côté de la sienne, mais là, j’avais envie d’être derrière lui. Depuis combien d’années est-ce que je n’avais pas fait preuve d’une telle spontanéité? Très longtemps … Trop longtemps. Il avait été patient et aimant cependant. Je montais derrière lui une fois qu’il eut mis le contact. Mes bras allèrent autour de sa taille immédiatement et je fermais les yeux. Oh oui … Cette sensation était si plaisante. J’adorais mettre ma vie entre ses mains ainsi. Je me sentais en confiance. Je le laissais choisir la destination. Je voulais simplement manger avec mon mari sans me soucier de rien d’autre.

Un sujet me brûlait les lèvres cependant. Un sujet que nous avions mis sur la glace depuis la maladie de Sarah et je sentais que j’avais besoin d’avoir cette conversation avec lui en temps et lieu. Je fermais un peu les yeux en le sentant accélérer. Il roulait plus vite que la vitesse permise, mais personne ne nous embêterait. Une fois au restaurant, je descendais la première et je retirais mon casque avant de passer une main dans mes cheveux.

- On fait des excès de vitesse maintenant? J’aime ça.

Je lui faisais un clin d’oeil avant d’entrer dans le restaurant.

On dit que dans chaque plaisanterie, il y a une part de vérité. Oui, je trouvais vraiment que ma tendre épouse buvait trop de café. Je ne me cachais pas de lui faire la remarque. D’ailleurs, elle en avait beaucoup souffert quand elle était enceinte de notre fille. Car elle n’avait pas eu d’autre choix que de baisser sa consommation. Moi, j’en buvais rarement. Le café le plus important de la journée pour moi, c’était celui du matin. Après, je pouvais très bien m’en passer. Ca m’aidait aussi quand j’avais mal au crâne. Mais pas Eli, je n’osais pas compter le nombre qu’elle devait en boire par jour.

Je prenais le casque qu’elle me tendait. J’adorais ça avec elle, je disais une bêtise et elle entrait dans mon jeu. Mais une minute ? Ses bras autour de ma taille ? Elle ne voulait donc que l’on prenne que ma moto ? Un petit sourire se dessina sur mes lèvres.

« Bon, alors si elle est d’accord, on va pouvoir y aller. »

Je me pinçais l’arrête du nez quand je voyais avec quelle vitesse elle descendait les deux tasses. Franchement, heureusement que ce n’était pas des cafés améliorés. Elle avait raison, j’avais toujours eu une sainte horreur du gaspillage.

« Oui enfin, on notera que ça t’arrange bien. »

Je riais en prenant mes clefs et j’enfilais mon blouson de moto. Je descendais dans le parking, je savais que ma femme m’y rejoindrais une fois qu’elle aurait récupérer ses affaires. Je savais que mon épouse avait un faible pour les dumplings. Il y avait un restaurant en ville qui savait vraiment bien les faire. Alors, je me mettais en route lorsque je sentis ses bras autour de moi. Juste pour le fun, je roulais largement plus haut que la vitesse autorisée. Oui, je sais, ce n’est pas bien, mais je peux me venter d’être un très bon motard et mon épouse aussi. Nous n’avons jamais eu le moindre accident.

Je me gardais devant le restaurant et je coupais le contact. Je retirais ensuite mon casque et je descendais sur ma moto que je prenais soin de mettre sur sa béquille. Je regardais ma femme en souriant. Elle était magnifique et tellement sexy en tenue de motard.

« Ah ? Tu as remarqué ? » Demandais-je faussement ironique. « Je sais que tu adores ça et puis j’en avais envie. » J’ouvrais la porte du restaurant. «  Après vous madame. »

Être avec James était l’une des choses que je préférais le plus au monde. J’avais cependant oublié cette sensation parfois que l’on pouvait ressentir en étant en totale confiance. Je me sentais bien. Je voyais le nuage noir de notre drame familial se dissiper au loin. Je le regardais retirer son casque en me disant qu’il était le plus sexy au monde. Je m’approchais de lui avec douceur pour lui voler un baiser. J’entrais dans le restaurant et rapidement une table nous était assigné près de la fenêtre. Je regardais dehors avec le sourire. L’espoir nous avait maintenu ensemble. Çca n’avait pas été facile. Je couvais trop notre fille mais en même temps je ne voulais pas revivre une nouvelle pneumonie. Nous avions failli la perdre à nouveau.

Je posais ma main avec douceur sur celle de James. J’appréciais les balades à ses côtés mais parfois je préférais enlacer sa taille avec douceur en posant ma tête dans son dos. Je regardais le menu avec mon autre main. Je le fermais directement. J’avais vu ce que j’allais prendre. La serveuse arrivait pour prendre la commande et je lui demandais les fameux dumplings aux arachides. Je ne pouvais pas résister à ses derniers.

- Avoue que tu as choisi cet endroit car tu savais que je ne pouvais pas dire non à des dumplings.

Je lui volais un autre baiser plus long que le précédant. Je me sentais bien déjà. J’étais loin de me douter de ce qui allait se produire sur la croisière. J’allais m’en sortir avec une chance immense. Je caressais la main de mon mari avec douceur en plongeant mon regard dans le sien.

- Je crois que l’on est tous mieux ici. Sarah a fait des progrès avec son ordinateur. Bientôt, nous serons peut-être capable de communiquer mieux avec elle…

Je fermais les yeux durant quelques secondes avant de les ouvrir.

- James … Je sais qu’avec la maladie de Sarah nous avons mis beaucoup de projets en veilleuses … Je me demandais si on ne pourrait pas, éventuellement, reprendre où nous en étions.

Lorsque Sarah avait eu son accident, j’avais recommencé à me donner des injections pour les hormones de fertilité. On avait pour projet de faire un autre enfant histoire de boucler la boucle, mais au final rien de tous cela ne s’était passé. Je savais que de replonger là-dedans serait un peu intense avec Sarah mais j’en avais profondément envie et comme nous n’avions que très rarement la chance d’être seul ensemble, j’avais besoin de lui poser la question.

Avant l’accident de Sarah, nous avions des projets . On voulait voyager et j’avais envie d’avoir un deuxième enfant. Comme tout papa digne de ce nom, j’avais envie d’un petit garçon. Mais une fille me conviendrait aussi. Le plus important pour moi serait que le bébé serait en santé. Mais la vie avait décidé de nous mettre une énorme embuche sur notre route. L’accident de Sarah. Ca avait vraiment été très dur à encaissé. Heureusement, notre couple avait tenu la distance et nous étions toujours ensemble. A deux, nous étions plus fort. Cette petite sortie nous faisait du bien. J’avais horreur de manger sur le pouce, mais il y avait des fois où je n’avais pas le choix.

Eli posa sa main sur la mienne et je la lui prenais avec douceur avant de poser un baiser sur cette dernière. Je reposais ensuite sa main sans la lâcher et je plongeais son regard dans le sien en lui faisant un joli sourire. La serveuse arriva et je lui commandais un bateau avec tout une variation de sushi. J’aimais bien la variation. Je commandais aussi un thé maison car comme je conduisais, je préférais éviter la bière. La serveuse s’en alla.

« Bien sûr que oui, je sais à quel point tu les adores. »

Elle me donnait un baiser que je prolongeais avec douceur. Je remarquais que plus le temps passait, plus ce que je ressentais pour elle s’amplifiait. Je revois encore mon père qui tenait dur comme fer que notre relation serait juste une passade. Eh bien, voilà où nous en étions aujourd’hui.

« Oui, je trouve qu’elle respire vraiment mieux et qu’elle n’ait plus malade comme avant. »

Elisabeth avait toujours une envie de deuxième bébés. Franchement, je ne savais pas quoi répondre. On donnait déjà tout notre temps pour Sarah et il y avait des journées où c’était vraiment très fatiguant autant moralement que physiquement. Alors un deuxième… Et s’il naissait avec un handicap ? Si lui aussi avait un accident ? Je me passais nerveusement une main dans les cheveux.

« Attends… Tu… Tu parles d’avoir un deuxième bébés ? »

Je n’avais pas du tout dit non et je n’étais pas du tout contre. C’est juste que j’avais peur et que j’avais besoin de me sentir rassuré.

Avant l’accident de Sarah, nous avions des projets . On voulait voyager et j’avais envie d’avoir un deuxième enfant. Comme tout papa digne de ce nom, j’avais envie d’un petit garçon. Mais une fille me conviendrait aussi. Le plus important pour moi serait que le bébé serait en santé. Mais la vie avait décidé de nous mettre une énorme embuche sur notre route. L’accident de Sarah. Ca avait vraiment été très dur à encaissé. Heureusement, notre couple avait tenu la distance et nous étions toujours ensemble. A deux, nous étions plus fort. Cette petite sortie nous faisait du bien. J’avais horreur de manger sur le pouce, mais il y avait des fois où je n’avais pas le choix.

Eli posa sa main sur la mienne et je la lui prenais avec douceur avant de poser un baiser sur cette dernière. Je reposais ensuite sa main sans la lâcher et je plongeais son regard dans le sien en lui faisant un joli sourire. La serveuse arriva et je lui commandais un bateau avec tout une variation de sushi. J’aimais bien la variation. Je commandais aussi un thé maison car comme je conduisais, je préférais éviter la bière. La serveuse s’en alla.

« Bien sûr que oui, je sais à quel point tu les adores. »

Elle me donnait un baiser que je prolongeais avec douceur. Je remarquais que plus le temps passait, plus ce que je ressentais pour elle s’amplifiait. Je revois encore mon père qui tenait dur comme fer que notre relation serait juste une passade. Eh bien, voilà où nous en étions aujourd’hui.

« Oui, je trouve qu’elle respire vraiment mieux et qu’elle n’ait plus malade comme avant. »

Elisabeth avait toujours une envie de deuxième bébés. Franchement, je ne savais pas quoi répondre.  On donnait déjà tout notre temps pour Sarah et il y avait des journées où c’était vraiment très fatiguant autant moralement que physiquement. Alors un deuxième… Et s’il naissait avec un handicap ? Si lui aussi avait un accident ? Je me passais nerveusement une main dans les cheveux.

« Attends… Tu… Tu parles d’avoir un deuxième bébés ? »

Je n’avais pas du tout dit non et je n’étais pas du tout contre. C’est juste que j’avais peur et que j’avais besoin de me sentir rassuré.

J’étais follement amoureuse de cet homme depuis que nous nous étions rencontré à l’école de police. Il m’avait aidé dans la pratique alors que je n’étais pas bonne du tout à l’époque. En fait, j’avais de sérieux problèmes car je n’étais pas assez forte physiquement. Mais toute cette histoire était chose du passé. Mes parents n’avaient pas voulu me croire lorsque je leur avais dit que j’étais amoureuse d’un collègue de classe. Mon père me disait que j’étais trop jeune et au final, j’étais encore avec James. J’étais toujours aussi follement amoureuse de lui et la lourde épreuve que nous avions traversé ne nous avais rendu que plus fort tout les deux. Je souriais alors qu’il mentionnait que notre fille allait mieux. C’était un fait, s’éloigner de la pollution de Chicago avait eu des effets bénéfiques sur notre petite Sarah.

J’avais ensuite ouvert une boîte de Pandore. Celle de de second enfant dont nous avions abandonné le projet aussi rapidement qu’il avait commencé. Exit les injections et tout le reste. J’avais tout ramené à la pharmacie, mais je sentais que nous avions une chance de recommencer et de partir sur une base plus positive. Je voyais immédiatement l’anxiété et l’inquiétude de James. Ce n’était pas la grossesse ou l’accouchement le problème. Le problème était que Sarah nous demandait énormément de temps et d’énergie.

- Écoute, si tu ne veux pas j’aimerais autant me faire à l’idée tout de suite. On en a jamais reparlé et ici les choses vont tellement mieux. Sarah est en pleine forme et elle a même recommencer à nous faire des petits tours. Et puis, ça avait été long à Sarah, je me dis que de toute façon cela reprendra encore du temps.

Je ne voulais pas parler de ce sujet à la maison. Il y avait des oreilles indiscrètes en tout temps et c’était le moment parfait pour le faire dans une certaine mesure. La serveuse posait nos assiettes devant nous et je la remerciais avec une sourire.

- J’aime tellement cette ville … Je me dis qu’on a la chance de vivre autre chose que les horreurs de Chicago.

J’avais toujours apprit qu’il était important de faire bonne figure dans la vie de tous les jours. Depuis l’accident de Sarah, j’avais essayé de me faire un masque afin que tout le monde pensent que j’allais bien. J’essayais aussi de le faire devant ma femme, mais je savais que cette dernière n’était pas dupe. Nous étions ensemble depuis des années à présent et elle me connaissait par coeur. J’avais toujours voulu me montrer fort pour elle depuis ce jour sombre. Je savais qu’elle était aussi là pour moi mais je considérais que quand on est un homme, on doit être fort et montrer que l’on peut tout surmonté.

Seulement, je n’étais pas dans une très belle période en ce moment. Snow le sentait très bien d’ailleurs. Même si Sarah allait relativement mieux depuis que nous étions ici, elle ne serait plus jamais comme avant, elle ne marcherait plus, sa voix me manquait tellement. Je devais penser à autre chose car je sentais une boule de tristesse grandir dans ma gorge. J’avais laissé tombé l’idée du deuxième bébé. J’avais tellement envie d’avoir un petit garçon. Mais avec Sarah, tout était devenu compliqué et incroyablement couteux en plus de tout le reste.

Je me passais une main dans les cheveux. Très franchement, je ne savais pas quoi répondre à ça. Si Sarah n’avait pas eu d’accident, j’aurai dit oui tout de suite. Mais en vue de la situation, je ne savais vraiment pas du tout quoi lui dire. Je ne voulais pas dire oui, je ne voulais pas dire non. J’avais tellement peur qu’il naisse avec une maladie grave ou qu’il ait aussi un accident. Je devenais un peu parano. Et oui, Eli avait raison, Sarah allai mieux, mais pour combien de temps ? Sa santé pouvait chuter d’un coup.

« Je ne sais pas Eli… Oui, tu as raison, Sarah va mieux mais pour combien de temps ? Et s’il arrive quelque chose à notre deuxième enfants on fait quoi ? Je ne le supporterais pas… Est-ce que l’on peut voir le pour et le contre s’il te plaît ? »

Bon déjà, on avait largement les moyens d’en avoir un deuxième. Mais j’avais vraiment besoin que ma femme me donne son point de vue. Non parce qu’elle allait devoir rester sereine durant sa grossesse et la santé de Sarah pouvait très bien lui coller un stress intense sans crier gare.

Pourquoi je tenais à tomber dans ce sujet immédiatement? Car nous n’avions pas le loisir d’être seul ensemble. Il y avait toujours la petite, le boulot, la nanny, les entrevues, les interrogatoires ou les heures supplémentaires. Je remarquais le regard triste de mon mari et je posais une main délicate sur la sienne avec une immense douceur. Il était nerveux. Il n’aimait pas le sujet que nous abordions en cet instant. Ce futur que nous ne voulions pas voir de peur de vivre d’autres malheurs. Je voyais le positif pour ma part, mais je ne voulais pas aller à l’encontre de James. Cela équivaudrait à le trahir d’une certaine façon. Je l’écoutais me parler avec douceur. Je caressais sa main tendrement pour l’apaiser.

- Si nous pensons au pire, c’est ce qui arrivera. James, on a tout mis en veilleuse durant deux ans. Nous avons la chance de repartir en neuf ici. J’ai envie de bâtir de nouveaux projets de famille avec toi. Je n’ai pas eu de soucis en ayant Sarah. Et on ne peut pas prévoir ce qui va se passer. Tu pouvais te prendre une balle en faisant une simple patrouille à Chicago et ça ne t’a jamais empêcher de me mettre enceinte que je sache… Restons s’en là … J e n’ai pas envie de t’infliger ou de t’imposer quoi que ce soit.

Je lâchais mon mari pour manger mon repas. Je changeais immédiatement de sujet en parlant d’une jeune fille qui avait répondu à mon annonce sur le campus de l’université. Avec un peu de chance, cela allégerait la tâche qui nous incombait lorsque nous étions en service certains soirs. Nous rentions ensuite ensemble au poste et je profitais du fait qu’il ne me voyait pas pour verser quelques larmes dans mon casque. Je continuais ensuite ma journée et les suivantes sans revenir sur le sujet. C’était comme ça.

____________________

La soirée d’Halloween avait été une catastrophe. Plusieurs personnes étaient mortes et les choses n’avaient pas tournée comme nous l’espérions. Quelques jours avaient passé depuis et j’étais tranquillement assise dans le salon avec un café fumant dans les mains. J’étais pensive. Nous n’avions pas reparlé du sujet bébé numéro deux depuis le mois d’août. Sarah était couchée maintenant et il faisait nuit. Je regardais ma bague de mariage et je la tournais dans mon doigt en la fixant. La télé n’était même pas allumée. Je me demandais presque si James m’aimait encore … S’il n’avait pas trouvé le refuge dans les bras d’une autre. Je broyais du noir et mes chimères en regardant cette bague.

Je repensais à son sourire ce jour-là. Son sourire sincère et rempli d’amour. Nous avions traversé le pire avec l’accident de notre fille, mais est-ce que nous étions assez fort pour ça? Les larmes me montaient aux yeux. Nous n’avions plus vraiment de projets sur le long terme et nous étions toujours au travail. Je comprenais la charge de travail de James et la mienne était particulière. j’étais la seule à faire du polygraphe et des interrogatoires de pointe ici. Je laissais mes larmes couler sans me douter qu’il était là et m’observait en silence. Je prenais une gorgée de café en terminant de jouer avec ma bague.

Ce projet de deuxième bébé était enterré dans un coin de ma tête. Il était enterré si profondément, que je ne pensais pas le revoir un jour. Mais ma femme n’était pas de cet avis. Elle avait envie d’un deuxième enfant moi non. Enfin, oui, non ? Je ne savais pas trop ce que je devais penser. Pour tout dire, j’avais peur et elle l’avait très bien compris. Nous en avions parlé au restaurant et elle me disait que je devais arrêter de voir le malheur partout. Elle avait raison après tout. On dit que le positif attire le positif. Alors pourquoi ne pas le tenter ?

La vie avait reprit son cours et je voyais bien que cette histoire de bébé pesait sur Elisabeth. Ma femme était la personne la plus forte que je connaissais mais comme tout le monde, elle avait ses limites. J’étais assis dans le canapé depuis un moment et je l’observais. Elle me n’avait pas entendu. Elle jouait avec son alliance et je la connaissais suffisamment bien pour savoir que ses pensées n’étaient pas joyeuses en cet instant. Depuis le restaurant, nous n’avions plus parlé du projet du bébé numéro deux. Je l’observais un peu avant de décider de briser le silence.

« Eli... »

Je me levais et j’allais m’assoir à côté d’elle. Je passais doucement mon bras autour de ses épaules et je la faisais venir contre moi.

« J’ai beaucoup réfléchit à ce que tu m ‘as dit lorsque nous étions au restaurant et je trouve que tu as raison. Nous sommes venu dans cette ville pour avoir un nouveau départ et avoir un deuxième bébé s’est une bonne idée. Je dois arrêter d’avoir peur pour rien, mais je ne te garantis pas ma réaction. Je risque d’être un peu trop protecteur avec cet enfant. »

Je lui faisais un petit sourire en coin dont moi seul avait le secret. Je ne voulais plus voir ma femme pleurer. Je pense que ce serait bien que l’on se prenne un peu de temps pour nous mais je ne voyais pas comment nous pourrions faire ça. Notre fille avait besoin de soins permanent et je n’osais pas la faire garder. Quand elle a eu son accident, nous étions aussi absent. Bon, nous n’étions pas en weekend en amoureux, nous étions en train de travailler. Mais le simple fait d’avoir ma femme sur ma moto m’avait vraiment fait le plus grand bien.

Nous avions vécu le pire, du moins c’était ce que je croyais. Je me disais que l’on ne pouvait pas faire pire que les deux années qui venaient de se passer. Les choses avaient frôlé la catastrophe. Notre mariage en avait souffert, mais nous nous étions retrouver sur l’oreiller tranquille ensemble. Nous avons pleurer de nombreuses fois. Parfois c’était moi et parfois c’était lui. Nous avions dormi dans les salles d’attente en attendant la fin des examens ou en attendant que l’état de notre fille soit stabilisé. J’avais besoin de penser à ce qui pouvait nous arriver de bien.

Le médecin de notre fille m’avait même prescrit des anti-dépresseurs l’an dernier. Je n’en avais jamais pris. Je me contentais des cachets pour dormir lorsque j’étais vraiment au bout du rouleau. Nous avions rencontré un nombre important de travailleurs sociaux et de psychologues. Notre fille en avait besoin autant que nous. J’avais le coeur lourd en regardant ma bague de mariage. J’étais prise dans ma petite bulle lorsque j’entendais James parler. Je sursautais un peu et j’essuyais mes larmes silencieuses du revers de la main. Je ne voulais pas qu’il me voit comme ça. Je ravalais ma façade au maximum devant les autres, mais ici … c’était chez nous. J’étais déjà experte dans l’art du mensonge et de la manipulation en réalité.

Je laissais James s’installer à mes côtés dans ce canapé. Son bras venait naturellement autour de mes épaules et il m’attirait contre lui. Je posais ma tête dans le creux de son épaule en gardant mon café dans mes mains. Ma bague avait regagné sa place et je fixais un peu le vide en l’écoutant au début. James parlait finalement du sujet chaud que j’avais mis sur table. Je levais la tête pour le regarder dans les yeux. Il me faisait son fameux petit sourire en coin. Difficile de lui résister quand il le faisait d’ailleurs! Je posais simplement ma main libre sur sa joue et mon front contre le sien en fermant les yeux. Je ne voulais pas que ce bébé soit un échappatoire et encore j’allais devoir aller chercher ce qu’il fallait à la clinique de fertilité. Mes règles étaient totalement anarchique à cause du stress.

- Tu sais que je vais avoir les hormones qui font faire du saut à l’élastique j’espère?

Mon dieu … Lorsque j’avais commencé le traitement pour Sarah, je passais mon temps à pleurer en regardant des fleurs dehors. Le pauvre était à la fois mort de rire et empathique. Ensuite, je devenais un tigresse au travail et il valait mieux ne pas me faire chier. C’était déjà le cas mais se serait pire. Je capturais ses lèvres avec douceur. La tasse de café rejoignait la table basse pour sa part. Cela faisait combien de temps que je n’avais pas profiter de la douceur de mon mari? Je sentais un désir monter en moi en cet instant. Ma main se glissait sous le chandail qu’il portait pour caresser ses abdos.

Notre vie pourrait faire un merveilleux scénario pour un film catastrophe. Je ne souhaitais à aucun couple ni à aucun parent de vivre toutes le épreuves que nous avions traversé. Nous nous e étions bien sorti malgré les circonstances et clairement, ça avait été un miracle. Comme quoi, nous étions vraiment fait pour vivre ensemble. Nous avions du refaire notre vie et certains travaux dans la maison pour que cette dernière soit mieux adaptée à la nouvelle vie de notre petite Sarah. Je savais que cette dernière ne vivrait pas longtemps. Le médecin nous avait expliqué qu’un simple petit rhume pourrait la tuer.

Une partie de moi était morte le jour où Sarah avait eu son accident. Je n’étais plus le même même si j’essayais de ne pas trop le montrer. Mais ma femme me connaissait trop bien. Elle avait raison quand elle disait que nous devrions aller de l’avant au lieu de nous empêcher de vivre à fond. Mais nous étions déjà épuisé par l’attention perpétuelle que nous demandait Sarah, alors avoir un deuxième bébés, ça allait vraiment être quelque chose de sportif. Je devais arrêter de trop réfléchir. Moi aussi je le voulais ce deuxième bébés après tout.

« Oh oui, je m’en souviens très bien de ce qu’elles peuvent faire. »

Je lu prenais la main et je riais. Quand on avait essayé d’avoir Sarah, elle passait du rire aux larmes en quelques secondes. Il y avait des fois où elle m’avait vraiment bien fait rire mais en revanche, il fallait se méfier car quand elle se mettait en colère, ce n’était plus du tout pareil. Elle m’embrassait et je lui rendais son baiser en souriant. Je frissonnais à son geste. Je ne me souvenais même pas quand est-ce que nous avions fait l’amour pour la dernière fois.

« Tu as déjà envie de t’entraîner ?  Moi, ça me va parfaitement comme programme. »