E lle possédait un don unique qui me faisait perdre la tête de bien des manières. Même si je comprenais les risques inhérents à notre lien, je m’y opposais fermement. Chaque moment passé à ses côtés était une éternité précieuse pour moi, et je voulais savourer chaque minute comme si c’était la dernière. Son charme mystérieux avait le pouvoir de m’envoûter, m’attirant inévitablement vers elle, tel un papillon attiré par la lumière d’un réverbère. Je savais que cette attraction était potentiellement dangereuse, mais cela ne pouvait ébranler ma détermination à la garder à mes côtés. Dans ses bras, le temps semblait suspendu, chaque baiser, chaque sourire échangé, chaque regard complice étaient autant de trésors que je chérissais presque autant que ma liberté, mon bien le plus précieux à ce jour.
« — Pour autant, l’idée de t’imaginer en professeur a quelque chose de particulièrement excitant, » lançai-je, un sourire angélique étirant mes lèvres, avant qu’elle ne me fasse comprendre que j’étais convaincant. Je n’eus pas l’opportunité d’en dire davantage, car sa bouche vint à nouveau se plaquer sur la mienne. Le doux goût de ses lèvres et la chaleur de sa proximité m’envoûtèrent, effaçant tout le reste de ma pensée.
Nos corps succombaient irrémédiablement à cette attraction fatale qui nous faisait perdre la tête à chaque fois que nous étions ensemble. C’était comme si le destin avait tracé notre route depuis le tout début, créant un lien indéniable et électrique entre nous. Chaque fois que nous nous retrouvions, l’attraction était tout simplement irrésistible, comme deux aimants se précipitant l’un vers l’autre. C’était grisant, et ça l’est toujours.
Mon regard se croisa à nouveau avec le sien, et il était si facile de se perdre dans l’intensité de ses iris. Ce qui me touchait le plus, c’était cette douceur qu’elle manifestait à mon égard. Je ne pouvais qu’y répondre de la même manière, en accordant de l’importance à ce qu’elle ressentait, même si nos corps étaient en parfaite harmonie. Malheureusement pour moi, après avoir minimisé la douleur, je ne pouvais pas répondre positivement à sa question.
Je pris une profonde inspiration, essayant d’apaiser la douleur lancinante qui vrillait mes côtes. La situation était délicate, mais je ne voulais en aucun cas décevoir Parker. Elle avait fait preuve d’une patience et d’une attention sans faille, et je tenais à lui donner tout ce qu’elle désirait.
« — Je suis sincèrement désolé, Parker, » soufflai-je, la culpabilité transparaissant dans mes paroles. « — Je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi. Ce ne sont que mes côtes, tu sais. » Je lui offris un sourire sincère, malgré la gêne que je ressentais. « — Mais peut-être devrions-nous essayer le lit, en effet. »
Avec précaution, je la suivis dans sa chambre, ressentant une légère pointe d’anticipation. C’était la première fois que j’entrais dans cet espace privé de Parker, et je me demandais ce que cela signifiait pour nous. La pièce reflétait sa personnalité, discrète et élégante, tout comme elle. Je me demandais brièvement si j’étais déjà venu ici incognito, mais je préférais laisser ce détail de côté pour l’instant.
Parker et moi nous installâmes sur le lit, cette fois-ci en prenant davantage de précautions pour ménager mes côtes douloureuses. Je la regardai avec un désir brûlant dans les yeux, prêt à reprendre là où nous nous étions arrêtés. Mais cette fois, je voulais m’assurer que la douleur resterait à distance, pour que nous puissions partager un moment de plaisir sans réserve.
« — Je suis prêt, » murmurai-je, caressant tendrement son visage du bout de mes doigts. « — Guide-moi, montre-moi ce qui te plaît le plus, et je ferai de mon mieux. » Je m’approchai lentement d’elle, cherchant ses lèvres pour un baiser passionné, signe de ma détermination à lui offrir tout ce qu’elle désirait, tout en prenant soin de nos corps meurtris.
Dans l’intimité de sa chambre, nous nous laissâmes emporter, chaque caresse, chaque frôlement de peau, chaque baiser, était comme une mélodie que nous composions au fil du temps passé ensemble. Oserais-je dire une symphonie tant nous étions synchronisés et tant l’intensité nous prenait aux tripes.
Jamais encore je n’avais éprouvé de tels sentiments. Mon cœur battait à tout rompre, comme s’il voulait s’échapper de ma poitrine. Le tourbillon d’émotions qui m’envahissait était vertigineux, semblable à la sensation de perdre pied dans un océan d’affection et de désir. Mon être tout entier était ébranlé par ce que je ressentais pour elle, transcendant largement le simple domaine de l’attirance physique.
Alors que nos corps et nos âmes se mêlaient dans une danse passionnée, je me sentais à la fois comblé et perdu. L’intensité de nos sentiments était presque écrasante, une force qui menaçait de me submerger. Pourtant, malgré la crainte de me brûler les ailes tel Icare s’approchant trop près du soleil, je ne pouvais réfréner le désir de plonger encore plus profondément dans ce tourbillon de sentiments incandescents que nous avions forgé.
J’étais allongé sur le dos, savourant le confort d’un matelas de haute qualité, et la vue qui s’offrait à moi était absolument magnifique : le corps nu de la jeune femme pour laquelle j’étais prêt à toutes les audaces. Nos peaux moites se caressaient et se fondaient au rythme des ondulations gracieuses de ma bien-aimée, déclenchant en moi une chaleur aussi inarrêtable que la lave d’un volcan en éruption. Mes mains se posaient avec tendresse sur sa poitrine, glissant ensuite le long de ses hanches pour accompagner chacun de ses mouvements. Puis, déterminé à surpasser la douleur, je me redressais légèrement pour l’embrasser d’abord avec douceur, puis avec une intensité qui me surprenait moi-même. Un premier gémissement fut étouffé, suivi d’un second, avant que ma main libre ne vienne saisir la sienne.
La suite de notre étreinte passionnée, nos corps se répondaient dans une danse sensuelle. La pièce semblait se remplir de notre énergie brûlante, et le monde extérieur s’effaçait complètement. Sa peau était douce comme la soie et je prenais plaisir à lui offrir diverses caresses. Mes lèvres parcourent son cou, descendant lentement vers ses épaules. Mes mains parcouraient chaque courbe de son corps, explorant chaque recoin, chaque contour. Nos soupirs et nos gémissements se mêlaient. Nous étions emportés, exaltés, pris par la passion avant que l’extase n’achève de nous mener vers des rivages inconnus, du moins pour moi.
« — J’ai l’impression que… » Je tentais de reprendre mes esprits avec précaution malgré tout. « — Que c’est encore meilleur à chaque fois. Je pourrais devenir accro, tu sais » Je la laissais s’installer à mes côtés, sans jamais la quitter des yeux. « — Tu es si belle ! » finis-je par lâcher, probablement envoûté et subjugué sous l’effet de la dopamine.
Jarod souffrait encore de ses côtes meurtries, et moi tout ce que je voulais, c'était qu'il soit bien, qu'il éprouvé du plaisir, autant qu'il m'en donnait. Mais si nos ébats lui faisaient plus mal qu'autre chose, je préférais arrêter. Cependant, il boulot essayer sur le lit. Autant laisser une chance à mon matelas hors de prix après tout. Nous nous étions donc rendus dans ma chambre. C'était étrange pour moi, jamais personne ne m'accompagnait dans cette pièce. Je n'avais jamais fait venir aucun homme ici. Ma maison restait ma sphère privée, un lieu où j'aimais me retrouver avec moi-même. Seul mon père venait quelques fois prendre un café, comme ces derniers temps après l'accident, pour prendre de mes nouvelles, et Sydney aussi une fois.
Mon caméléon s'installa précautionneusement, je ne le quittais pas des yeux, voulant m'assurer qu'il ne souffrait pas. Je restais tout près de lui, mon corps frémissant d'être aussi près du sien. Je devais reconnaître qu'il m'attirait irrémédiablement et qu'après ces quelques instants au salon, je n'aurais su résister à son appel. Aussi, quand il déclara à mi-voix être prêt, je m'étais remise sur lui tout en délicatesse, ajustant l'oreiller sous sa tête alors que je venías l'embrasser de nouveau. Puis, nous avions repris où nous nous étions arrêter, nos deux corps imbriqués l'un dan l'autre n'en formant plus qu'un, avant que je ne reprenne des mouvements d'ondulation de bassin. Ses mains douces et chaudes parcouraient ma peau, me laissant frissonner sur leur passage, à mesure que la chaleur m'envahissait une nouvelle fois. J'espérais qu'il se sente aussi bien que moi, mais à apercevoir l'expression de son visage malgré les ténèbres de la nuit, et écoutant sa respiration teintée que quelques gémissement, j'aurais pu répondre par l'affirmative.
Puis je le sentis se redresser, je m'approchai alors pour qu'il ait moins d'efforts à faire, et bis lèvres se retrouvèrent. Son baiser tendre et agréable devint rapidement plus torride me laissant des fourmillements dans le ventre. J'étais transcendée par les sensations qu'il m'offrait, c'était insensé, inexplicable, très déraisonnable aussi, mais c'était ainsi, je ne pouvais ni ne voulais résister. Je voulais que ces instants qui n'appartenaient qu'à nous ne cessent jamais, s'impriment dans le temps comme ils étaient imprimés dans mon esprit. Je n'osais réfléchir plus loin cependant, même si je savais que tôt ou tard il nous faudrait en parler. Pourrions-nous continuer ainsi, au jour le jour, indéfiniment ? Pas besoin d'être un caméléon pour comprendre que non.
Je sentis que lui aussi arrivait à l'extase finale. J'enfouis mon visage dans son cou pour étouffer un gémissement tandis que mon corps était pris d'assaut par une ultime vague de plaisir brûlant, mon cœur battant à tout rompre. Je reprenais mon souffle, sentant le sien dans ma nuque, et après quelques secondes, reposant un baiser dans son cou, je me détachai avec précaution de lui pour me mettre à ses côtés. J'entendis alors sa voix rompre le silence ponctué de nos souffles. Sa remarque me fit sourire.
- Tu sais, je crois qu'on est tous un peu accro au sexe.
Son compliment me fit secouer la tête lentement.
- C'est la dopamine qui parle.
Je tendis la main pour ouvrir le tiroir de la table de nuit et en sortir un paquet de cigarette duquel j'allai extraire une clope et un briquet. J'allumai sans attendre ma cigarette avant un léger nuage de fumée ne s'élève au-dessus de moi.
[ @"Jarod Russell" ]
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Jarod Russel
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J' étais indubitablement captivé par cette femme qui incarnait, à mes yeux, le plus redoutable des périls. Nos chemins n’étaient pas destinés à se croiser, notre proximité même défiait les lois de la raison, et pourtant, elle était devenue mon amie par le passé, devenant l’artisane de mon évasion hors de l’abîme solitaire. À sa seule présence, elle dissipait les chaînes de ma captivité. La petite mademoiselle Parker m’avait appris bien des choses, à commencer par les sentiments. Ce n’est que bien plus tard que je pus enfin saisir pleinement leur essence.
Nous voilà donc dans sa chambre, qui me paraissait être le sanctuaire le plus intime de sa demeure. Je savais qu’elle avait eu bon nombre de conquêtes avant moi, mais j’étais convaincu qu’aucun n’avait jamais pénétré jusqu’à cet espace d’intimité. Ainsi, je me sentais privilégié en franchissant le seuil de cette pièce.
Dès lors, bercés par cette intimité, nous nous (re) découvrions l’un l’autre avec une sensualité qui nous était propre. La pièce, baignée par une lueur tamisée, créait une atmosphère propice à mettre de côté les quelques douleurs qui assaillaient mon corps. Je ne pouvais me résoudre à mettre un terme à ce moment. Elle, resplendissante dans sa fragilité et sa beauté, se laissait caresser et s’offrait à nous. Mes doigts effleuraient sa peau, ma bouche la goûtait avec avidité, conférant au désir la plus affriolante des déclarations.
Plus rien n’avait d’importance, pas même le monde extérieur, qui semblait s’évanouir pour nous laisser seuls, perdus dans le dédale de cette passion dévorante qui consumait nos inhibitions. C’était une expérience que je n’avais jamais connue auparavant, une profondeur de sentiment que je n’aurais jamais imaginée possible. Cette amitié qui avait commencé par une simple complicité semblait avoir mûri en quelque chose de bien plus intense, au point de me faire perdre la raison.
Pourtant, au fond de moi, je savais que cette histoire était vouée à une fin tragique. Mademoiselle Parker avait l’obligation de me ramener au Centre. Cette vérité était amère, et je ne pouvais l’ignorer. Cependant, pour l’instant, dans cette chambre embrasée par la passion, j’étais prisonnier de mes émotions, incapable de résister au torrent de sensations qui m’envahissait. Je voulais lui appartenir autant qu’elle pouvait m’appartenir. Je voulais lier mon corps au sien, trembler à chaque mouvement, sentir sa peau moite se coller contre la mienne, l’embrasser avec une passion dévorante, comme si ce baiser était le dernier. Je voulais faire l’amour avec elle jusqu’à atteindre mes propres limites, m’abandonnant à l’extase du moment. Et plus que tout, je nourrissais l’illusion que nous pourrions suspendre cet instant magique où nos âmes se confondaient dans une étreinte passionnée.
Nos corps s’harmonisaient parfaitement, comme s’ils étaient destinés l’un à l’autre. Cette pensée me fit esquisser un sourire avant de ressentir une onde de chaleur envahir tout mon être, en particulier mon bas-ventre. Parker acheva les derniers mouvements de bassin, puis elle enfouit son visage dans mon cou pour étouffer un dernier gémissement. Son corps tout entier vibra sous l’impulsion de l’orgasme. Chacun de ses battements de cœur me parvint, un rythme grisant, tout comme le contact de ses lèvres contre la peau de mon cou. Chaque caresse, chaque contact sembla être décuplé, et je me surpris à vouloir revenir en arrière, ne serait-ce que pour revivre cet instant, aussi fugace soit-il.
J’étais à peine capable de réprimer l’envie de briser le silence, tout en luttant pour reprendre mon souffle. Ma remarque sur la dépendance à venir provoqua un sourire chez elle. C’est à cet instant précis que je décidai de graver cette image dans ma mémoire. C’était un moment d’intimité pur et cru, un instant où le monde extérieur n’avait plus de prise sur nous, où seules comptaient nos émotions partagées, nos soupirs complices. Et c’était tellement bon.
« — Peut-être as-tu raison. Après tout, le désir fait partie intégrante de notre humanité, » répondis-je doucement. Cependant, je sentis que ma réponse sonnait un peu trop formelle, comme celles que j’aurais pu énoncer lorsque je participais à diverses simulations sous la houlette de Sydney au Centre. Puis, presque aussitôt, un sourire illumina mon visage, et j’ajoutai, « — Mais avec toi, c’est bien meilleur ! Et pour revenir sur la dopamine, sache que techniquement, elle ne peut pas parler, » continuai-je en jouant le jeu, « — mais elle peut nous faire ressentir des choses incroyables, n’est-ce pas ? » Mon sourire gagna en intensité en songeant à ce que nous venions de faire, tandis que la demoiselle ouvrait le tiroir de sa table de chevet pour en ressortir un paquet de cigarettes, ainsi qu’un briquet.
Je la regardais attentivement alors qu’elle allumait une cigarette et l’approchait de ses lèvres. Une légère fumée s’enroula doucement autour d’elle, créant un voile éthéré qui semblait la préserver. Mes pensées se dirigèrent ensuite vers le compliment que je venais de lui adresser, et qu’elle associait à l’influence de la dopamine.
« — Je le pensais vraiment, » laissais-je entendre en tâchant de me redresser non sans mal. Puis, sans rien ajouter, je quittai le lit et sa chambre pour me diriger vers la cuisine, qui si mes souvenirs étaient exacts, se trouvait à droite du salon. Une fois arrivé à destination, j’approchai prudemment et avec discrétion. D’un geste assuré, j’attrapai la poignée du placard le plus proche. La chance me sourit, car il contenait ce que je cherchais : un verre. Je le saisis délicatement et le plaçai sous le robinet du lavabo pour le remplir d’eau avant de le porter à mes lèvres pour étancher ma soif. Puis, je le remplis à nouveau avant d’entamer le chemin de retour pour regagner la chambre de Parker.
« — Je me suis dit que tu devais avoir soif, » dis-je en lui offrant le verre rempli d’eau.
avais pris mon pied, c'était indéniable. Encore une fois, Jarod et moi avions joué à ce jeu interdit qui pourrait nous coûter cher à l'un comme l'autre si d'aventure nous nous faisions surprendre. Pourquoi n'étais-je pas capable de résister ? Pourquoi, aussitôt que nous étions seuls, j'éprouvais cette envie de ne faire qu'un avec lui ? Depuis quand étais-je devenue si déraisonnable ? Était-ce le fait d'avoir trop fait preuve de raison toute ma vie qui me rattrapait ? Bien trop de questions apparaissaient dans mon esprit au fur et à mesure que ma respiration se calmait, au diapason des battements de mon cœur.
J'avais sorti une cigarette que j'avais allumé. Sale habitude, diraient certains comme Sydney. Depuis quand écoutais-je les autres ?
La voix de mon caméléon s'élevait dans le silence, me rappelant le paradoxe du plaisir que j'avais eu et de l'erreur que c'était d'y céder. Sa remarque me tira un sourire. Bien sûr que la dopamine ne parlait pas. Jarod prenait toujours tout au premier degré.
- Second degré, Wonder boy.
Je ne répondis pas au reste avant d ele voir finalement se lever. Avais-je detoirbele regard ? Non. Son fessier était une vision agréable. Les hématomes sur son dos trahissant la fracture des côtes l'était moins. Je me sentais coupable. Si j'avais écouté mon instinct et insisté pour refuser ce tour débile dans cette attraction tout aussi débile, nous n'en serions pas là.
Puis je le vis revenir avec un verre d'eau. Je déposai ma cigarette à moitié entamée dans le cendrier posé sur la table de nuit et pris le contenant. Il était si prévenant, je n'avais pas l'habitude et par conséquent ne savais pas comment réagir. Je me contentai de prélever une gorgée d'eau fraîche qui, en effet, me dit du bien, avant de reposer le verre.
- Qu'est-ce qu'on fait, Jarod ?
Je m'étais décidée à lancer cette conversation que je ne voulais pas agori, mais j'avais aussi un côté pragmatique. Il nous fallait réfléchir. Mon vœu le plus cher était qu'il soit à l'abri du Centre. Je pouvais le protéger mais jusqu'à quel point ? Jusqu'à quand ?
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L a cuisine baignait dans une douce pénombre, incitant à des pas empreints de précaution. Par chance, la fenêtre qui surplombait l’évier laissait filtrer la lumière, celle des rayons lunaires, du moins. La nuit était claire, offrant un spectacle céleste magnifique. Les reflets argentés de la lune dansaient sur le carrelage, créant des ombres mystérieuses qui imprégnaient la pièce d’une atmosphère à la fois paisible et énigmatique. Cette parenthèse nocturne offrait un moment de quiétude bienvenu. Je pris un instant pour savourer ce spectacle, puis entrepris ma quête d’un verre pour étancher ma soif, explorant lentement la pièce dans cette ambiance à la fois mystérieuse et apaisante.
Les émotions enivrantes qui m’avaient emporté semblaient s’estomper, laissant place à un flot de pensées rationnelles qui résonnaient dans ma tête comme des échos distants. Je me trouvais à la croisée de deux mondes, luttant pour préserver cette magie tout en affrontant la réalité de mes inquiétudes. Je me maudissais de ne pas être en mesure de mieux résister à l’assaut de la réalité.
Avec une assurance légèrement ébranlée, je pénétrai dans la chambre de mademoiselle Parker. Néanmoins, j’essayai d’esquisser un sourire tout en lui tendant un verre d’eau. Elle continuait à tirer sur sa cigarette, une aura de fumée l’enveloppant presque, créant une sorte d’auréole autour d’elle. Puis, elle posa délicatement le mégot encore fumant, saisit le verre que je lui tendais, et en but quelques gorgées. Pour ma part, je demeurai là, debout, totalement nu, incapable de trouver les mots, pour une fois.
Elle reposa précautionneusement le verre avant de fixer son regard azur sur moi. Avant même qu’elle ne pose la moindre question, je compris que nous allions désormais aborder un sujet plus sérieux, ce qui m’incita à contourner le lit et à m’asseoir à ses côtés.
« — J’imagine bien que ce n’est pas une conversation que tu voulais entamer. Force est de constater que tu n’en demeures pas moins pragmatique. » Mais moi non plus, je ne voulais pas me risquer à avoir cette conversation, mais puisqu’elle était lancée, autant se risquer à la poursuivre. « — Se demander ce qu’on ne doit pas faire semble plus simple, mais le réaliser est plus compliqué, n’est-ce pas ? »
Je cherchais son regard, plongeant mes yeux dans l’océan azur de ses yeux, avant de le reposer sur le bout du lit. Les rayons de la lune, doucement tamisés par les rideaux de soie, caressaient à peine le sol, éclairant mes pieds nus. Dans cette semi-obscurité envoûtante, les ombres dansaient, créant une atmosphère presque irréelle, comme si le temps s’était suspendu, nous enveloppant dans un cocon de silence.
Je cherchais les mots justes, désireux de ne pas me perdre dans un monologue interminable. La complexité de la situation ne devait pas m’entraîner dans une logorrhée sans fin. « Que devions-nous faire ? » N’était-ce pas finalement trop tard pour poser cette question ? Un soupir long et profond s’échappa de mes lèvres, mettant fin au silence qui avait empli la pièce pendant de longues secondes.
« — On pourrait faire comme si rien ne s’était passé, sauf que personnellement, je n’en ai pas envie. Parker, toute ma vie, j’ai dû jouer un rôle, être quelqu’un d’autre, et pour une fois, je n’ai pas envie de faire semblant. Cependant, il y a le Centre, et cette réalité complique sérieusement les choses, au point que nous devons nous interroger sur la marche à suivre. Si j’étais égoïste, je nous encouragerais à continuer sans nous poser de questions. Mais je ne suis pas égoïste, et je ne peux ignorer que tu prends des risques considérables. »
Je baissais la tête, me sentant comme un enfant perdu, confronté à un problème auquel je semblais totalement impuissant pour la première fois. Malgré toute ma réflexion, aucune solution ne semblait émerger. Mon regard rencontra de nouveau celui de Parker, et ma main gauche chercha instinctivement la sienne.
« — On devrait arrêter, mais je suis totalement incapable d’y mettre fin. »
Dans mon lit, verre d'eau rapporté par Jarod alors que je n'avais rien demandé, je me questionnais. Non, pire que cela, dans mon esprit se déroulait une bataille acharnée, une tempête digne des plus grands ouragans où s'affrontaient des questions et leurs repo ses controversées. Les vagues de mes espoirs secrets se fracassaient sur les rochers de la réalité avec une cruauté fulgurante. La vérité, c'était que j'étais bien dans ces moments interdits passés avec Jarod. Non pas parce qu'ils étaient interdits, mais tout simplement parce que dans ses bras, dans la chaleur de ses étreintes, je me sentais moi-même.
Alors j'avais posé cette question à laquelle je m'étais interdit jusque là de penser. Il le fallait. Ce jeu dangereux se jouait depuis bien trop longtemps, et nous avions déjà eu de la chance de ne pas tout perdre. J'entendis sa voix s'élever tandis que mes iris étaient braques sur le verre que je finis par reposer sur la table de nuit avant de reprendre ma cigarette. J'attends qu'il eut fini d'exposer ses arguments. Jouer un rôle et ne plus en vouloir, je connaissais, et je partageais ce souhait de ne plus vouloir le faire.
Je tirais inlassablement sur ma clope, laissant la fumée l'envelopper à chaque expiration.
- Donc...? Qu'est-ce que tu proposes ?
Je déposai un peu de cendre dans le cendrier avant de tourner la tête vers lui, mes yeux azur braques dans les siens.
Je n'avais aucune idée des solutions qu'il pourrait proposer ou même envisager. Rien ne me venait à l'esprit qui soit viable. S'enfuir ? Totalement illusoire. Faire tomber le Centre ? Utopique. Nous faire passer pour morts, peut-être ? Et donc avoir une vie de fugitifs ? Étions-nous, l'un et l'autre, prêts à cela ? Je n'en savais rien. J'avais posé cette question sans être vraiment prête à appréhender la réponse. Mais tout comme Jarod, même si je savais que ce n'était pas raisonnable, je n'avais aucune envie que ce qu'il y avait entre nous s'arrête. Je ne voulais donner aucun nom à cette chose qui nous unissait, mais tout ce que je savais, c'était que je ne voulais pas que cela s'arrête. C'en était viscéral, rien que d'y penser, mon cœur se serrait. Ma clope terminée, je jetai le mégot dans le cendrier avant de me lever du lit et d'enfiler un déshabillé que je sortis de mon armoire. Je me rapprochai de Jarod. Je n'avais aucune idée de ce qu'il allait dire, et je savais que sortant de la caboche de mon Wonder boy, tout était possible.
N ous y étions, la conversation prenait un tournant d’une gravité que j’aurais voulu éviter. J’aurais préféré continuer à nous voiler la face, à vivre sans nous poser de question, simplement à savourer l’instant présent. Mais contrairement au commun des mortels, notre réalité ne nous permettait pas une telle insouciance.
Je devais réfléchir, trouver une solution. C’était ce qu’on attendait de moi, Jarod, le cerveau, le génie. Pourtant, cette fois-ci, tout était confus dans mon esprit. Réfléchir me donnait des aigreurs d’estomac, un désagrément que je détestais autant que cette brutale confrontation avec la réalité de ce que nous étions, miss Parker et moi. Alors, je respirais profondément, cherchant à calmer le tumulte intérieur. Je lui lançais un regard chargé d’intensité, m’accrochant à chacun de ses gestes, espérant y déchiffrer ses pensées. Elle tirait sur sa cigarette, une longue bouffée, la fumée l’enveloppant comme un voile de mystère. Ai-je trop parlé ? Pas assez ? Son regard se perdait dans le verre qu’elle venait de poser sur la table de chevet, un soupir s’échappant de ses lèvres. Je me sentais désarmé, mais je luttai pour ne pas le montrer.
Elle écrasait le mégot dans le cendrier, son regard azur se plantant dans le mien. Elle posait une question simple, directe, et mon estomac se contractait à nouveau. L’idée de mettre fin à tout cela semblait la plus raisonnable, mais l’idée de ne plus la sentir près de moi, de ne plus goûter à ses baisers, était insupportable. Que pouvions-nous faire ? Pour la première fois, je me sentais incapable de résoudre un problème. Je restais silencieux, la regardant se lever du lit, glissant dans un déshabillé pris à la hâte dans son armoire.
Elle se rapprochait de moi, son regard perçant, cherchant des réponses dans le mien. « Et voilà Jarod incapable même de proposer une ébauche de solution. » La frustration et une colère sourde montaient en moi face à cette situation injuste et impénétrable.
Mon esprit cherchait désespérément une issue, une lueur d’espoir dans ce dédale de pensées et d’émotions. « — miss Parker, » commençais-je, ma voix trahissant une vulnérabilité rare chez moi. « — Je ne sais pas quelle est la bonne décision, mais je sais que je ne peux pas envisager un avenir sans toi. »
Son silence me pesait, comme si chaque seconde étirait le temps, suspendant notre destin à un fil invisible. Dans ce silence, je me sentais plus nu que jamais, exposant mon cœur avec une sincérité brute.
Puis, je me mordais la lèvre, puis, avec une résolution soudaine, une idée me vint, folle, peut-être irréalisable, mais c’était tout ce que j’avais.
« — Nous pourrions… nous pourrions disparaître, » dis-je, ma voix à peine plus qu’un murmure. « — Changer d’identité, commencer une nouvelle vie ailleurs. Loin du Centre, loin de tout ce qui nous retient ici. » Je scrutais son visage pour y déceler une réaction, une étincelle d’espoir ou un signe de rejet.
« — Je sais, c’est radical, et dangereux, mais si nous restons, nous ne serons jamais libres. Nous avons les moyens, l’intelligence. Nous pourrions planifier cela minutieusement. » Je fis une pause, mon cœur battant à tout rompre. « — Je ne veux pas te forcer à choisir, Parker. Mais je ne peux pas continuer à vivre dans cette demi-existence. On a le droit, plus que quiconque, d’être enfin libre non ? »
ais que avait-il pris de poser cette question fatale, le fameux et redouté "que fait-on maintenant ?"?
Je me sentais très mal, et cela contrastait fort avec les exquises sensations que j'avais ressenties grâce à Jarod quelques minutes auparavant. Cigarette à la main, j'écoutais la voix de mon Wonder boy s'élever dans le silence partiel qui avait regagné la pièce. Il avait le courage de dire ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait, et ce que je n'avais pas le courage de reconnaître : je ne pouvais plus entrevoir un quelconque avenir sans lui. J'admirais la force intérieur que mon caméléon avait pour ainsi se mettre à nu. Cependant, l'avoir entendu dire qu'il ne savait pas quoi faire... Que lui ne savait pas quelque chose, cela semblait si étrange, si anormal. Quelque part, ce n'était pas rassurant.
Ma cigarette terminée, je m' étais levée pour me couvrir d'un déshabillé avant de me tourner vers lui. Il venait d'émettre une idée.
- Disparaître ? Répétai-je quelque peu hébêtée.
Pour dire vrai, j'y avais pensé dans certains moments de total désespoir quant à la situation. Mais cette idée m'avait semblé si irréalisable tellement elle était utopique que je n' y avais pas plus prêté attention que cela. Plus j'écoutais Jarod et le développement de son idée et plus j'avais envie d'y adhérer. Mais au fond de moi, je ressentais de la peur. J'avais peur accepter et sur finalement ce soit impossible, voire même pire que mieux si l'un de nous ou les deux se faisaient prendre et mourait.
- OK, répondis-je presque malgré moi.
Je m'assis au bord du lit et attrapai sa main pour lui faire faire de même.
- Développe, comment tu vois les choses ? Combien de temps, quand, où ? On ne peut pas se lancer dans un projet partiel sans une préparation des plus solides.
Pourquoi étais-je soudain si déraisonnable ? N'était-ce pas suffisant de mettre Jarod en danger juste pour une petite parcelle de bonheur éphémère ? Voilà que j'étais en train de céder à l'idée la plus dangereuse qui nous ait été donné d'avoir.
- Fais ton caméléon, simule le plan de A à Z et établis le taux de réussite envisageable.
Je fermai les yeux et le laissai tomber sur le dos. Que venais-je de faire ? Mon père et le Centre nous chercherait... Si je disparaissais en même temps que Jarod, il serait évident que nous serions démasqués.
- On simulerait notre mort, ou quelque chose du genre ?
Je pouvais lire dans les yeux clairs de miss Parker, un mélange complexe d’émotions — de l’incrédulité, de la peur, peut-être même un soupçon d’excitation. Sa voix, d’ordinaire si assurée, trahissait une vulnérabilité rare. Cette fragilité inattendue était d’autant plus frappante, venant de celle qui avait toujours été l’implacable chasseuse du Centre.
Je m’approchais, saisissant doucement sa main pour ne pas la brusquer. « — Oui, disparaître, » répondis-je, ma voix basse mais ferme. « — Je sais que cela semble extrême, mais face au Centre, les solutions extrêmes sont parfois les seules viables. »
Parker s’assit, m’attirant doucement pour que je m’asseye à ses côtés. Sa demande, tranchante et directe, ravivait en moi l’espoir qu’elle puisse vraiment envisager cette folie avec moi. Depuis toujours, le Centre avait été notre marionnettiste invisible, nous faisant danser selon ses volontés sans jamais se soucier des nôtres.
Je la fixais, ses mots résonnant en moi comme un écho de notre passé commun, autant qu’une demande d’assurance. « Fais ton caméléon, » avait-elle dit. Oui, c’était exactement ce dont nous avions besoin — une simulation complète, une analyse minutieuse, comme je l’avais si souvent fait dans les couloirs sombres du Centre par le biais des simulations supervisées par Sydney.
« — Très bien, » répondis-je, plongeant mes yeux dans les siens. « — Si nous prenons en compte toutes les variables ; le Centre, nos connaissances actuelles les ressources à notre disposition, je dirais que la réussite de notre plan est envisageable à environ 75 %. »
Je me levais, marchant de long en large, comme un animal en cage réfléchissant à son évasion prochaine. « — Pour l’aspect identité, nous avons un avantage. J’ai déjà créé de fausses identités dans le passé et même encore récemment. Nous aurons besoin de nouveaux documents, de nouveaux historiques, un travail minutieux, mais parfaitement réalisable. »
Je m’arrêtais, me tournant vers elle avec une détermination renouvelée. « — Quant à la question de simuler notre mort, c’est un élément risqué, mais gérable. Si nous orchestrons cela avec précision, le Centre mettra du temps à douter de notre disparition. Cela ajoute 5 % à notre taux de réussite, nous amenant à 80 %. »
Dans ses yeux, je voyais la gravité de la situation, mêlée à une lueur d’espoir, comme un phare dans une mer tumultueuse auquel je vous voulais me raccrocher plus que de raison. « — Le facteur le plus imprévisible reste le Centre lui-même. Leur réaction, leurs ressources insondables… Mais avec une planification méticuleuse et une exécution parfaite, nous pouvons minimiser les risques. »
Je m’approchais d’elle, nos mains se rejoignant dans un geste de solidarité et de force. « — Je ne dis pas que ce sera facile. Mais je crois fermement que c’est notre meilleure chance. Ensemble, nous sommes plus forts que le Centre, plus malins, plus déterminés. Si quelqu’un peut réussir cela, c’est bien nous. »
Le poids de ce que je proposais me frappait soudain. Demander à miss Parker de laisser derrière elle tout ce qu’elle connaissait, de plonger dans l’inconnu avec moi était un risque immense. Mais dans mon cœur, je savais que c’était notre seule chance de vivre vraiment.
« — Je comprends que c’est beaucoup à absorber, » continuai-je, scrutant ses yeux, cherchant des signes de ses pensées dans son silence. « — Je ne te forcerai jamais à faire quelque chose que tu ne veux pas. Mais je ne peux pas non plus continuer à vivre dans l’ombre du Centre. Avec toi, j’ai découvert quelque chose de réel, quelque chose qui vaut la peine de se battre, de prendre des risques. » Serrant sa main plus fort, je cherchais à lui transmettre ma détermination, mon espoir, ma force. Dans son silence, je voyais se jouer un combat intérieur, un choix entre le passé et un avenir incertain, entre la sécurité et la liberté. Nous étions au bord d’un précipice, mais pour la première fois, je me sentais prêt à sauter, tant que c’était avec elle.
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Mlle Parker
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Cette fois, nous y étions. La conversation sérieuse que je redoutais d'avoir un jour avec Jarod mais que j'avais finalement initiée. Après tout je n'avais jamais manqué de courage, ce ne serait pas ce soir que je commencerais. Finies les parties de jambes en l'air insouciantes, nous cessions d'être des adolescents insouciants et redevenions des adultes responsables et soucieux de leur avenir. Il le fallait. Le danger que représentait nos rencontres informelles était bien trop grand, il fallait être méthodiques. Mon caméléon me proposait une fuite. Nous échapper ensemble loin du Centre. Il ne s'en doutait sûrement pas, mais j'avais rêvé de cette éventualité plusieurs fois depuis quelque mois. Cependant, ce rêve finissait toujours en cauchemar. Le Centre finissait par nous retrouver et l'un de nous se faisait tuer. Or, je ne voulais pas mourir et encore moins lui faire prendre ce risque. Aussi, je lui demandai d'évaluer nos chances.
- 75%, marmonnai-je.
Cela me semblait peu. Il restait une chance sur quatre pour que le plan échoue. Mais j'écoutai la suite. Les chances augmentaient sensiblement. Je l'écoutais d'une oreille attentive, hochant la tête de temps à autre.
- Simuler notre mort est le meilleur moyen d'éviter qu'ils nous recherchent. Si on se contente de disparaître, ils sauront qu'on est en vie quelque part. On pourrait mettre en scène une poursuite sur l'eau, puis une collision mortelle. S'il y a une explosion avec une assez forte déflagration, ce serait logique de ne pas retrouver de corps.
En nous y mettant ensemble, comme Jarod venait de le dire, nous avions de bonnes chances de réussites, nous étions plus malins que le Centre. Mais il y avait Sydney et Weather. Eux, ils étaient malins. Je savais que nos disparitions leur ferait de la peine et je le surprenais à en culpabiliser.
Il reprit la parole. Je ne comprenais pas pourquoi il avait presque l'air de me dire de ne pas le faire. Je fronçai légèrement les sourcils, un peu incrédule.
- Si je me donne la peine de réfléchir à un plan avec toi, c'est que je... Je veux la même chose que toi. Je suis fatiguée de cette vie.
Je n'étais peut-être pas enfermée dans les sous-sols du Centre dans l'indifférence la plus totale mais j'étais malgré tout pieds et poings liés, sans aucune liberté autre que celle de poursuivrez les caméléons en fuite. Je serrai un peu sa main dans la mienne.
- On va le faire. On va tout mettre en place méticuleusement, ça prendra le temps que ça prendra, mais on va le faire et on va réussir. On se le promet, d'accord ?
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Jarod Russel
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Je voyais bien que les 75 % précédemment évoqués n’étaient pas la réponse que Parker espérait. Mais, pris dans mon souci de précision, je m’efforçais d’être aussi exact que possible dans mes calculs, ne négligeant aucun détail, même si cela signifiait une réduction de nos chances.
La conversation s’intensifia, vivifiée par l’échange d’idées effervescentes. À chaque nouvelle idée, je voyais Parker acquiescer, m’encourageant à poursuivre mon analyse rigoureuse, comme dans les simulations que j’effectuais autrefois. Plusieurs options émergèrent, et c’était l’une des plus risquées qui semblait captiver Parker. Je fus surpris par son choix, mais après mûre réflexion, il semblait être la seule échappatoire logique à l’emprise tentaculaire du Centre.
« — Une poursuite en mer ajoute un élément dynamique et imprévisible, ce qui joue en notre faveur, » expliquai-je, ma voix teintée d’une conviction mesurée. « — L’eau complique les investigations, avec les courants changeants et la faune marine. Elle rend la récupération de preuves presque impossible. »
Je marquai une pause, réfléchissant aux implications logistiques de notre plan. « — Pour l’explosion, il est essentiel de calculer en détail la charge nécessaire. Assez puissante pour être convaincante, mais pas trop pour éviter d’attirer l’attention. L’idéal serait une déflagration qui désintègre complètement l’embarcation, empêchant toute récupération des restes identifiable. »
Perdu dans mes pensées, je contemplais les préparatifs techniques nécessaires. « — Avant l’événement, il serait judicieux de disséminer des indices — des communications interceptées, des faux témoignages, et même des preuves matérielles disposées stratégiquement. Tout cela pour construire une narration crédible de notre présence, puis de notre disparition soudaine. »
En observant Parker, son expression sincère et la vulnérabilité qu’elle trahissait me touchèrent. « — Cela signifie tant, ce que tu viens de partager. Je ressens également la fatigue, l’épuisement. La pression incessante du Centre, devoir constamment regardé par-dessus notre épaule, l’absence de vraie liberté… »
Je pris une profonde inspiration, mes mots choisis avec soin. « — Se libérer de cette existence, c’est comme briser des chaînes invisibles. Ce n’est pas seulement un acte physique, mais aussi un passage émotionnel et mental. Et le faire avec toi, ça change tout. »
Nos regards se croisèrent, scellant notre compréhension mutuelle. « — Mais nous devons envisager l’après. Une fois “morts”, nous devrons nous évaporer complètement. Cela implique de nouvelles identités, aucun contact avec notre passé, rien qui puisse nous relier à notre ancienne vie. C’est un nouveau départ, Parker. Es-tu prête pour cela ? »
La gravité de notre décision pesait lourdement, non seulement sur nous, mais aussi sur notre avenir. C’était un saut dans l’inconnu, mais un pas nécessaire vers la liberté.
Mes pensées se tournèrent alors vers Sydney, Weather pour Parker, et Kassandra. Ils méritaient de savoir que nous choisissions un autre chemin, bien qu’ils ne puissent jamais en être pleinement conscients.
« — Nous devons leur dire adieu, à notre façon. Pas directement, bien sûr, mais à travers de petits gestes, des indices qu’ils décoderont peut-être un jour. Pour Sydney, je concocterai une énigme liée à nos anciens jeux de logique. Il ne résoudra peut-être jamais le puzzle, mais cela le tiendra occupé. Pour Kassandra, je dois agir avec subtilité pour ne pas l’alerter prématurément. Je ne veux pas la mettre en danger. Et toi ? As-tu des plans pour Weather ? Et pour ton père ? » Même si son père lui avait causé tant de douleur, je savais que l’amour complexe qu’elle lui portait restait une part indélébile de son être, et je ne pouvais l’ignorer.
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Étais-je réellement en train de réfléchir à un plan avec Jarod, l'un des caméléons que j'étais sensée ramener au Centre ? Étais-je en train de proposer des idées, des options, de poser des questions ? La réponse était oui, mille fois oui. J'avais franchi le pas, car le plus difficile pour moi avait été d'admettre que je ne voulais plus de cette vie, que j'étais partante pour oser l'aventure de tout quitter pour m'écouter. J'avais admis que je voulais tout quitter pour vivre un semblant de vie normale avec Jarod, ce qui, finalement, revenait probablement à lui avouer mes sentiments. Mais je me refusais toujours à verbaliser ceci, cela me semblait trop... inapproprié.
J'avais proposé de simuler une poursuite en mer et une collision qui entraînerait une explosion, de telle sorte qu'il serait difficile de trouver d'hypothétiques corps. Jarod développa mon idée en apportant des précisions. Je hochai la tête, osant enfin croiser son regard quand il parla de quantité de charge explosive et d'indices à disséminer.
- En effet. Je te laisse calculer les charges explosives, un bidule qui ne laisse pas de trace ensuite, histoire qu'ils ne grillent pas qu'on avait foutu une bombe sur le bateau. Et moi je m'occupe des indices. On va te faire envoyer des trucs ayant rapport à la mer. Quel sera ton métier fictif ? Pêcheur ? Garde-côtes ? Des idées ? Il nous faut un scénario en béton armé.
Jarod me fit remarquer que ce que j'avais fait entendre signifiait beaucoup. Je baissai la tête avec un sourire en coin qui se mua en moue. À vrai dire, je n'avais guère pour habitude de tant m'ouvrir à qui que ce soit. Peut-être avec Sydney, parfois, mais rarement. Toujours en surface en tout cas. Mais avec Jarod, c'était différent, je me sentais vulnérable, du moins je m'autorisais à l'être. Je l'écoutais avant de finalement laisser mon regard rejoindre le sien. J'esquissai un sourire ironique.
- Tu me parles comme si je n'avais pas conscience de tout ça. Je ne suis plus la gamine qui venait te voir en douce.
Je posai une nouvelle fois ma main sur sa joue.
- C'est ce que je veux, en finir avec cette vie de chasseresse. Je ne veux pas que ma vie soit vouée à gâcher la tienne.
Puis il parla de dire adieu, comme si je lisais dans ses pensées. Mais bien vite il énuméra les personnes auxquelles il pensait. Je ne pus m'empêcher de penser que si je balançais Kassandra au Centre ou même Carla, alors ils seraient bien assez occupés pour que Jarod ait le temps de disparaître.Il évoqua ensuite Weather et mon père, et je sentis mon coeur se serrer. Mais je savais que je devais m'affranchir de cette vie et pour ce faire, je devais aussi m'affranchir de certaines personnes. Je soupirai.
- Je verrai. Tu sais, si on veut qu'ils croient vraiment à notre mort, on a qu'à simplement disparaître de leur champ de vision.
De mon point de vue, si on leur laissait des indices d'adieu, ils finiraient par comprendre. La chose qui me peinait le plus était de causer du chagrin à mon père. Mais il voulait que je fasse emprisonner l'homme que j'aimais, jamais il ne comprendrait la nature de mes sentiments. Weather était ce qui se rapprochait le plus d'un ami, et sans doute que lui aussi serait triste, tout comme Sydney. Oui, leur causer de la peine m'en faisait, mais c'était e mieux à faire pour Jay et moi. Je soupirai une nouvelle fois. J'étais à la fois extrêmement angoissée par ce que nous nous apprêtions à faire, mais également excitée par la perspective de cette nouvelle vie.
- Bon... et maintenant ? demandai-je.
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Jarod Russel
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Je posais sur Parker un regard mêlant fascination et affection. Son courage ainsi que sa détermination étaient évidents dans chaque mot qu’elle prononçait. J’étais conscient que nous vivions, l’un et l’autre, un moment décisif, non seulement pour l’élaboration de notre plan, mais aussi pour nous, en tant qu’individus.
« — En tout cas, je suis impressionné par ta résilience, » dis-je doucement sans la quitter du regard. Étais-je seulement capable de détourner les yeux à présent ? Non, et je me plaisais déjà à m’imaginer la contempler jusqu’à la fin des jours, avec le doux espoir de ne jamais me lasser d’une telle vision. Mais il me fallait revenir à des choses bien plus terre à terre, ce que je m’employais à faire dès lors.
« — Pour mon métier fictif, que dirais-tu de chercheur maritime ? Cela pourrait justifier ma présence en mer. Peut-être pourrais-je enquêter sur une affaire impliquant de la pollution à grande échelle. Quant à la charge explosive, » continuai-je, plongeant dans les détails techniques « — je m’assurerai qu’elle soit conçue pour ne laisser aucune trace identifiable. Cela renforcera l’idée d’un tragique accident plutôt qu’une disparition orchestrée. » Je marquai une pause, pesant chaque mot. « — Et pour les indices, je pourrais laisser des preuves d’une étude océanographique en cours, des échantillons marins, des journaux de bord, voire un de mes carnets rouges. Cela rendra l’histoire plus crédible. »
Malgré la précision croissante de notre plan, je croyais remarquer la lueur d’incertitude dans ses yeux et naturellement, je voulais la rassurer. « — Parker, je sais que cela implique un grand changement. Nous laissons derrière nous une vie de constante vigilance pour entrer dans un monde inconnu. Mais je suis ici avec toi, à chaque étape. » Au final, c’était moi qui cherchais inconsciemment à être rassuré, car de toute évidence, la femme qui me faisait face était prête à bien des égards, ce qui me fit sourire autant que sa réplique. « — Ah ça oui, tu n’es plus biologiquement parlant une petite fille. Mais tu n’en demeures pas moins toujours aussi audacieuse. Peut-être est-ce moi qui ai besoin d’être rassuré, » tentai-je pour détendre l’atmosphère, bien qu’elle n’en ait pas besoin.
Un flot de souvenirs m’assaillit alors, en songeant à la petite mademoiselle Parker qui échappait à la surveillance de Sydney et des innombrables caméras qui m’entouraient, pour me rejoindre et passer encore plus de temps avec moi. « — J’adorais quand tu venais me voir en douce. Tu m’apportais un peu de cette liberté dont j’étais privé. » Ce qui n’était plus le cas à présent, à ma plus grande joie. Malgré tout, il me suffisait de perdre mon regard dans celui de Parker, pour ressentir à nouveau cet appel à la liberté qu’elle continuait à m’inspirer.
Puis, je pris sa main, posée sur ma joue, pour en embrasser délicatement le dos. Ces gestes, ces petits riens que jamais je ne me serais imaginé accomplir, semblaient à présent si naturels. Tout comme ce « nous » qui prenait de l’ampleur à mesure que nous passions du temps ensemble et qu’à présent, nous réfléchissions à un plan pour vivre pleinement cette liberté que nous étions en droit de réclamer, plus que quiconque.
« — C’est plutôt moi qui ai gâché ta vie récemment. Imagine un peu, je t’obligeais à me courir après, en talons aiguilles. Ce n’est pas de tout repos. Ajoute à cela tous mes appels impromptus. » Je tentais à nouveau l’humour pour que le moment demeure léger et aussi pour ne pas la gêner davantage, en me lançant dans la plus lyrique des déclarations. Parker n’était pas du genre sentimental, une qualité qu’elle avait perdue à la mort de sa mère. Mais je voyais dans ses regards, dans ses gestes, des démonstrations de tendresse aussi parlantes que l’auraient été des paroles.
Réfléchissant à son idée de disparaître sans laisser de traces, je me dis que cela pourrait effectivement être plus sage. « — Tu as raison. Des adieux explicites pourraient éveiller des soupçons. Nous devons être prudents. Le moindre faux pas pourrait tout compromettre. »
Je souris doucement, ressentant la tension de notre conversation s’estomper. « — Maintenant ? » répétai-je, laissant place à une atmosphère plus détendue. « — Faisons une pause dans nos plans, même brièvement. Permets-moi de te préparer quelque chose à manger. Rien de trop élaboré, juste un plat simple et réconfortant. » La surprise qui se peignit sur le visage de Parker fut vite remplacée par un soupçon de curiosité.
« — Tu sais, après tout ce temps passé à observer et à apprendre des autres, j’ai acquis quelques compétences culinaires. » Je minimisais mon talent, sachant que j’aurais pu aisément travailler dans un restaurant étoilé. J’avais déjà expérimenté cela, mais la pression de la cuisine professionnelle ne correspondait pas à ma quête de sérénité pour cuisiner. J’aspirais à une ambiance plus tranquille, où je pouvais puiser mon inspiration dans les recettes des grands chefs, voire même les réinventer à ma façon.
Sans attendre, je me dirigeais vers la cuisine, un sourire en coin, Parker suivant mes pas. « — As-tu des envies particulières ? Un plat que tu n’as pas savouré depuis longtemps ou quelque chose de nouveau que tu aimerais essayer ? Je suis prêt à relever le défi. »
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Ce dont j'avais inconsciemment rêvé depuis longtemps se réalisait, ou du moins, nous mettions ne place les premiers jalons du plan pour le réaliser : être libres tous les deux. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire ironique quand Jarod déclara qu'il était impressionné par ma résilience.
- Je ne suis pas sure d'avoir les compétences requises pour t'impressionner, toi.
Nous retrouvâmes notre sérieux pour échanger des idées sur la marche à suivre. Jarod sembla avoir des idées sur le métier fictif qu'il exercerait avant la "disparition" soudaine, ainsi que la marche à suivre. Cela me semblait parfait.
- Oui, il faut utiliser la même procédure que d'habitude, tes carnets, tes appels en douce à Sydney ou à moi, tes indices semés çà et là... Comme à chaque fois. Et je profiterai d'un appel inopiné pour me jeter dans la gueule du loup sans mes acolytes, prétextant que je n'ai pas le temps d'attendre ces traîne-la-patte au risque de te laisser filer. Et là, boom. On meurt. Pas de trace de bombe artisanale, ils croiront à une collision d'embarcations.
Le voilà qui semblait vouloir me rassurer. Il ne comprenait sans doute pas que j'avais besoin de ces instants de doute et de remise en question pour être certaine de ce que je faisais. Puis, il avoua que c'était peut-être lui qui avait besoin d'être rassuré. Ce constat me fit sourire autant que sa réponse sur la petite fille que je n'étais plus.
- De nous deux, celui qui est encore un enfant, c'est toi, monsieur Pez-Oreo.
Ces remarques nous ramenèrent à cette époque qui me paraissait si lointaine, celle où mon père m'emmenait au Centre et où je passais du temps avec Jarod, parfois officiellement, parfois officieusement. Ces petites escapades me plaisaient, j'avais l'impression de vivre des aventures comme les personnages de livres que j'appréciais à l'époque. Je ne me rendais pas vraiment compte que Jarod était réellement enfermé, captif, et lui avait toujours eu la pudeur de ne rien révéler de l'horreur de sa vie. Pour me préserver peut-être ? Aujourd'hui, je prenais la pleine mesure de tout cela et les regrets n'étaient que plus forts. Mais j'étais sur le point de tout réparer, n'est-ce pas ? Nous allions lui permettre d'être libre, totalement libre, et moi aussi par la même occasion.
Je sentis ses lèvres sur le dos de ma main. Cet homme savait se montrer si romantique, j'en étais chaque fois surprise. J'avais le sentiment de ne pas mériter autant d'attention, et pourtant, je ne pourrais avouer combien cela me plaisait. J'esquissai à nouveau un sourire à sa remarque.
- Je dois reconnaître que tu es un sacré goujat, surtout en t'introduisant chez moi en pleine nuit. Tu te rends compte que j'aurais pu te tirer dessus, ou t'assomer avec une lampe ?
Bon, à la vérité, au vu de mon état, la lampe était moins crédible que le flingue.
Nous étions finalement d'accord sur tous les points de notre plan, il n'y avait plus qu'à le mettre en place petit à petit. C'est alors qu'il proposa de cuisiner quelque chose. Surprise, j'écarquillai les yeux avant de l'observer se lever, non pas sans un regard sur son fessier. Je secouai lentement la tête avant de me lever à mon tour, rajustant mon peignoir, pour le suivre jusqu'à la cuisine.
- On aura tous les jours du reste de notre nouvelle vie pour que tu relèves des défis culinaires. Mais si tu tiens à cuisiner, fais ce dont tu as envie.
Je devais reconnaître que suite à nos ébats, une petite faim commençait à se faire sentir. Je m'apprêtais à lui tendre un tablier que je n'avais pour ainsi dire jamais porté quand soudain, la sonnette de la porte retentit. Écarquillant les yeux, mon regard alla de Jarod à la porte plusieurs fois, mon coeur se serrant. Je sentis la migraine poindre de nouveau. Je mis un index devant ma bouche en signe de silence envers Jarod avant de lui intimer silencieusement d'aller se cacher, alors que je m'avançai vers la porte. Regardant par l'oeil de boeuf, je sus l'identité de ce visiteur nocturne.
- Papa ?!
Je me retournai, m'asurant que Jarod n'était plus visible, avant d'entrouvrir la porte.
- Qu'est-ce que tu fais là aussi tard ? demandai-je d'une petite voix.
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Jarod Russel
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▻ ARRIVE(E) LE : 07/01/2017
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L’instant d’après, je me retrouvais caché dans l’ombre, le cœur battant à tout rompre. La surprise de découvrir que le visiteur nocturne n’était autre que le père de Parker me laissait perplexe, troublé par les implications de sa présence ici, à cette heure. Mon esprit, d’ordinaire si prompt à évaluer les situations, tournait à plein régime. Quelles pouvaient être ses raisons ? Était ce une coïncidence ?
Je me concentrais sur les paroles échangées, la voix de Parker, légèrement altérée par l’anxiété, et celle, plus profonde, de son père. Je ne pouvais pas entendre leurs mots, mais l’intonation, le rythme de leur conversation me donnaient des indices. L’urgence de la situation me faisait repenser à notre plan, à notre désir de liberté, et à quel point il était fragile, menacé par des imprévus comme celui-ci.
Pendant un bref instant, l’envie me prit de sortir de ma cachette, de faire face à son père, de défendre notre droit à disparaître et à vivre notre vie. Mais la raison l’emportait. Bien qu’elle soit la fille du directeur, pas sûr que Monsieur Parker aurait été conciliant en nous voyant ensemble. J’attendais donc quelques minutes, assez longtemps pour que le père accepte de suivre sa fille jusqu’au salon, loin de moi et de l’escalier que je pus enjamber le plus discrètement possible pour retrouver la chambre et mes habits que j’enfilais avec précaution avant de m’approcher lentement de la fenêtre pour observer l’extérieur.
Vue sur le jardin, je réalisais que notre avenir était aussi incertain que ce parcours sous la lune. La clarté presque surnaturelle de la lune éclairait le chemin de notre évasion, un jardin entretenu par passion et non par Parker, qui, je l’imaginais, pourrait trouver du plaisir dans la simplicité de la jardinerie une fois libres. Je souris en l’imaginant avec un arrosoir et un sécateur, conscient que cette activité n’était définitivement pas faite pour elle.
J’entrepris d’ouvrir la fenêtre, mesurant du regard la distance qui me séparait du sol. Trois mètres tout au plus, rien qui ne puisse empêcher un homme déterminé. « Compte jusqu’à trois ! » murmurais je, une tentative de me donner du courage plutôt qu’une véritable prudence.
Presque déséquilibré, le sol m’accueillit avec moins de douceur que prévu, mais sans dommage. Je partais comme un voleur, la fenêtre encore entrouverte témoignant de ma fuite précipitée. Mais au fond de moi, je savais que notre histoire n’était pas terminée. C’est donc le sourire aux lèvres et le cœur battant la chamade, que je disparus dans la nuit, enivré par un goût de liberté partagée avec la femme que j’aime, conscient des défis à venir, mais prêts à les affronter pour notre avenir commun.
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