Autours d’un verre La journée a été longue, terriblement longue pour Steve qui s’était mis un point d’honneur à boucler un maximum de dossiers administratifs afin de partir en repos bien mérité mais il se doutait que la journée s’était révélée bien plus stressante et éprouvante pour ceux qui avaient été dépêchés sur les lieux d’une prise d’otages. S’il avait tenté de ne se concentrer que sur son travail direct, il n’avait pu s’empêcher de suivre sur la radio du Central la moindre avancée de la situation qui pouvait dégénérer à tout moment, causant des morts parmi les civils en otage que les forces de l’ordre venues pour sécuriser la situation. Ce ne fut que lorsque tout le monde fut revenu au poste que Steve décida d’inviter son lieutenant à sortir au bar plus tard dans la soirée.
Après que le lieutenant McCoy ait accepté l’invitation, l’inspecteur Frey était rentré chez lui pour prendre une bonne douche parce qu’avec la chaleur la peau de son visage été devenue désagréablement poisseuse à cause de la sueur. Une fois libérée de cette sensation il se vêtit d’un pantalon en lin et d’une chemise assortie avant de saluer d’un baiser sur le front sa chère Victoria en prise avec ses cours par correspondance puis il sorti de chez lui pour prendre la voiture et rejoindre le bar auquel il avait donné rendez-vous à son supérieur. Lorsqu’il se gara, il resta plusieurs dizaines de seconde dans sa voiture à fixer la devanture du bar tout en jouant avec son jeton « six ans » des AA. Il serra les mâchoires puis il rangea son jeton dans sa poche de chemise puis il sorti de son véhicule et entra dans le bar où une table de deux l’attendait. Il s’assit puis attendit que McCoy arrive.
Les bars ce n'était plus le genre d'endroit qu'il fréquentait, lorsqu'il y allait s'était vraiment pour tout ce qui touchait au social et à son besoin d'être en contact avec des personnes. Mais dès qu'il le pouvait, il n'entrait plus en ces lieux qui avaient été la cause de son addiction. Un serveur s'approcha de lui pour prendre sa commande mais il lui signifia d'attendre encore un peu.
On avait passé une journée relativement dur au commissariat avec une prise d’otage. Il y avait eu des blessés au sein de mes hommes. Mais heureusement, aucun d’eux n’avaient été blessé mortellement. En revanche, certains civils n’avaient pas eu cette chance. Je m’en voulais toujours lorsque ce genre de chose arrivait. J’avais toujours la désagréable impression d’avoir mal fait mon travail. Pourtant, il y a des pertes dans d’autres professions comme le médical par exemple. Même le meilleur des chirurgiens peut voir son patient mourir sur la table pour une raison X. En ce moment, ce n’était pas la grande joie dans ma vie perso et j’avais besoin de prendre un peu de temps pour moi.
Steve m’avait proposé d’aller boire un verre à la fin de notre service et j’approuvais clairement cette idée. J’envoyais un message à mon épouse pour la prévenir. Je n’allais pas pouvoir trainer et je le savais. Elisabeth allait avoir besoin de moi avec Sarah. Depuis que cette dernière était devenue tétraplégique, elle avait besoin de beaucoup d’aide et d’attention. Son infirmière ne passait pas sa vie chez nous à juste titre. Alors à la fin de son service, on prenait le relais pour notre fille.
L’invitation de Steve était vraiment bien tombée. Je terminais ma paperasse et j’allais me prendre une douche. En tant que lieutenant, j’avais la chance d’avoir une douche privée dans mon bureau. Une fois ma douche prise et changé, je me mettais en route pour le bar où il m’avait donné rendez-vous. J’aimais bien ce mec. On avait un point commun, sa fille aussi était malade et ça nous permettait de nous soutenir et de nous comprendre. Je pouvais me confier à lui et ça me faisait du bien. Je n’avais pas toujours envie de parler à ma tendre épouse.
J’entrais dans le bar et je le cherchais du regard. Une fois que je l’eu repéré, je m’avançais vers lui en lui tapant doucement et amicalement dans le dos. « Salut Steve, ça va ? » Je prenais place en face de lui. « Tu as déjà commandé ? » Je prenais mon portable perso et je le posais en face de moi. Je référais le garder proche au cas où ma femme allait avoir besoin de moi avec notre fille. Je pleurais encore souvent de ce qui lui était arrivé, mais je faisais toujours en sorte qu’elle ne me voit pas.
Autours d’un verre Donner un rendez-vous à son supérieur pour qu'ils puissent sortir se détendre sans prise de tête, Steve en avait besoin et les deux hommes se confiaient régulièrement sur leur situation respectives concernant leurs filles. L'un et l'autre donnait tout pour prodiguer les meilleurs soins possible, se comprenaient et s'appréciaient, c'était vraiment plaisant de pouvoir se confier à quelqu'un qui n'était pas dans le jugement, qui ne cherchait pas à rabaisser Steve.
En revanche donner rendez-vous dans un bar n'était probablement pas la meilleure idée du siècle pour un gars qui gardait actuellement dans sa poche de pantalon un jeton "6 ans" des alcooliques anonymes. C'était comme faire entrer une antilope blessée dans l'enclos d'un groupe de lions, une très mauvaise idée pour l'antilope. Mais il avait fallut trouver un endroit pour qu'ils se retrouvent et puissent discuter tranquillement.
Steve n'eut à attendre que quelques minutes avant qu'il n'entende la voix de James McCoy s'élever à côté de lui. Un sourire étira les lèvres de l'inspecteur alors que le lieutenant lui tapotait de dos avant de passer de l'autre côté de la table qui avait été prise.
- James ! Ma foi, je vais aussi bien que possible. Et toi, cette journée ? réagit-il en regardant son collègue et supérieur s'asseoir en face de lui. Je préférai t'attendre, je paye la première tournée... S'il vous plait ! dit-il avant d'interpeller un serveur pour qu'il vienne prendre leur commande. Il laissa tout d'abord James commander puis demanda un coca sans sucres et lorsque le serveur s'éloigna il se concentra à nouveau sur le policier en face de lui. Comment se portent Elisabeth et Sarah ? Et toi ?
Il savait que ce n'était pas tous les jours facile pour le couple et leur fille mais James avait probablement besoin de se confier sur ce qui n'allait pas ou bien tout simplement de ce qui restait sur les rails, leur permettant d'avoir un semblant de vie innocente.
Ca me fait du bien de voir Steve en dehors du travail. Il est très doué sur le plan professionnel et c’est un très bon ami. Nous avons un point en commun, nos filles ont toutes les deux de gros soucis de santé. Ca me fait du bien d’avoir quelqu’un en dehors de mon épouse, à qui je peux en parler. Je bois rarement chez moi, je ne veux pas passer pour le mec qui noie ses soucis dans l’alcool, alors, je le fais après le travail quand l’occasion se présente ou quand j’ai vraiment eu une journée très compliquée.
Mais je sais que ce soir, je ne pourrais pas boire ce bourbon que j’affectionne tellement. Steve a des soucis avec la boisson et il doit rester sobre à vie. Je serai vraiment le plus dégueulasse des amis si je buvais devant lui. Une fois arrivé, je retire ma veste et je la met sur le dossier de la chaise. Il me demande comment s’est pass é ma journée. Je préfère être bref et ne pas trop entrer dans les détails. Je n’ai pas envie de parler boulot. Pour moi, cette journée est terminée et je peux enfin faire place à la détente.
« Tu m’en vois ravis. Eh bien, je la définirai par un seul mot, interminable… Je suis bien contente de prendre un verre avec toi, tu as vraiment eu une bonne idée. C’est très gentil de ta part. » Je fais un petit sourire à la serveuse qui commence à nous connaître à force. « Je vais prendre la même chose que lui merci beaucoup. » Je lève ensuite les yeux vers lui. « Pour être totalement honnête, ce n’est pas facile en ce moment…. Eli est vraiment fatiguée et Sarah n’est pas facile du tout. Elle en fait qu’à sa tête en ce moment et j’ai un peu du mal. »
Je pouvais comprendre que ma fille soit en colère contre son handicap, mais au fond, je n’y pouvais rien et sa mère non plus. Donc je ne comprenais pas pourquoi elle nous faisait vivre un enfer. Je me passais une main dans les cheveux. « Mais bon, demain est un autre jour. Et toi ? Comment va ta petite famille ? Ce serait bien que l’on se fasse un repas tous ensemble un de ces jours. Qu’est-ce que tu en penses ? »
- Oui je m'en doute, ce n'est jamais simple, l'issue est toujours délicate, répondit-il.
Une prise d'otage était éprouvantes pour ceux retenus en captivité et elle l'était tout autant pour les agents déployés dont l'objectif était qu'il n'y ai aucun blessé, aucun mort. Le moindre faux pas pouvait être fatal. Steve pouvait comprendre que James avait besoin de s'aérer l'esprit et il avait eu un bon feeling en prenant la décision de l'inviter à boire un verre. D'ailleurs il fut agréablement surpris que son collègue prenne la même chose que lui et dans un sens c'était une bonne chose car cela lui éviterai de se force à détourner le regard ou pire... se mettre dans une position quelque peu honteuse en ne cessant de reluquer le verre d'alcool.
Afin qu'il puissent commencer à discuter tranquillement, Steve questionna James sur sa famille, il était curieux de savoir comment la flamboyante rousse se portait et comment allait leur fille. Il écouta attentivement la réponse apportée et eut une moue désolée avant qu'un air amusé ne vienne apparaître au fond de ses yeux. Une petite fille difficile ? Il était passé par-là. Même si Vicky était une crème, elle avait ses humeurs et quand elle était petite elle l'avait bien fait tourner en bourrique.
- Elle n'arrive pas à se reposer ? Et concernant Sarah ne t'en fais pas, on passe tous par-là, on les aiment nos princesses mais elles ne se gênent pas pour nous mettre à leur service ! commença-t-il avec sérieux avant de parler sur le ton de l'humour. Elle est jeune, ce n'est pas facile non plus pour elle, il suffit juste de trouver ce qui l'amuse le plus et de partager ces moments avec elle. Elle voit quand même des enfants de son âge ? Les enfants à cet âge pouvaient se montrer plus que difficiles mais ce dont ils avaient toujours besoin c'était de sortir, d'avoir des contacts. Quand James lui retourna la question, Steve soupira avant qu'il ne puisse répondre, le serveur leur apporta leur Coca. Ils trinquèrent et cette fois-ci, le policier répondit.
- Vicky tolère assez bien son traitement même si ce n'est pas toujours des plus sereinement mais elle va aussi bien qu'elle le peux, j'en suis content. Et Amanda... c'est Amanda quoi ! Il eut un haussement d'épaules puis il bu une gorgée de sa boisson.
« Oui, en plus j’ai eu une couille… Mon négociateur est resté prit dans le trafic et sans, je ne pouvais rien faire…. Heureusement, j’ai demandé à un des pompiers et il a vraiment été super doué. Tout s’est très bien déroulé et tout le monde est sortit indemne de cette histoire. » James remercia la serveuse qui avait apporté les deux verres de coca. Il prit le sien. « C’est toujours délicat quand le preneur d’otages et une personne que tu connais. » Il but une bonne gorgée de son verre, soulagé que cette histoire soit terminée à présent.
« Disons qu’elle en a pas vraiment l’occasion. Elle fait des horaires de fou en ce moment et sur ses jours de repos, elle doit gérer Sarah. Donc quand tu y réfléchis, ben elle se repose pas, elle a les nerfs à fleur de peau et dès qu’un truc va pas, ça prend des ampleurs énorme et on finit par s’engueuler. Je sais que je ne dois pas réagir à ça mais j’ai toujours eu un mauvais caractère à ce niveau-là. » Sarah avait un handicap beaucoup plus lourd que celui de la fille de Steve. James posa son verre.
« Ouais, c’est clair, elle nous mène à la baguette notre Sarah. Non pas vraiment… C’est compliqué pour elle de voir d’autres enfants. Car si l’un d’eux à un rhum ou une connerie comme ça, ça pourrait la tuer. C’est super compliqué… Tant mieux si ta fille accepte bien son traitement. Donc ouais, pour Sarah je ne sais pas vraiment comment faire. Des enfants comme elle qui sont dans la même situation, ce n’est pas forcément facile à trouver tu vois. Et ça me rend triste car je sais très bien qu’elle se sent seul même si elle ne le dit pas forcément. »
James avait clairement le moral au plus bas. Il savait que sa fille ne marcherait plus jamais et ne parlerait plus jamais. Il essayait de se montrer fort devant sa femme et devant sa fille, mais il y a avait des fois où il avait vraiment besoin de craquer. Même si Elisabeth disait qu’il pouvait craquer devant elle mais il n’y arrivait pas, c’était plus fort que lui. Alors, il allait courir pour dépenser sa colère et sa tristesse avec Snow qui adorait le suivre dans ses séances de sport. « Et ta femme va bien ? »
Autours d’un verre Steve pouvait compatir au sentiment que ressentait James, leur métier était donc d'être des plus aisés et lorsqu'une de leur connaissances finissait par se retrouver de l'autre côté de cette barrière invisible appelée "légalité" ce n'était jamais simple. Il eut une moue compatissante à l'attention de son collègue.
- J'en suis navré mais ce je suis content que tout ce soit bien déroulé, les prises d'otage sont toujours périlleuses, dit-il avant de boire une gorgée de son soda.
Après le boulot il était plus que temps de discuter de sujets plus personnels, de prendre des nouvelles de leur famille et c'est ce que fit Steve en demandant à James comment se portaient sa fille et son épouse. Le poste qu'occupait Elisabeth pouvait se révéler plus qu'éprouvant et il ne comprenait que trop bien sa difficulté à pouvoir se reposer sur son temps de repos avec les soins qu'elle devait prodiguer à Sarah. Il soupira mais continua d'écouter avec attention les paroles du père. Que cela devait être difficile de voir sa fille vivre avec un handicap aussi lourd que la leur, peut-être que le Centre pourrait leur apporter la même aide qu'il apportait à Vicky ? Il l'espérait, pour James, Elisabeth et Sarah.
- Ex, je suis resté uniquement parce que je voulais que Vicky puisse avoir sa mère près d'elle. Mais Amanda va aussi bien qu'elle le pourrait, elle sort beaucoup, répondit-il en haussant les épaules. Il l'avait tant aimé cette femme. Pourquoi avait-il fallu que tout aille aussi mal entre eux ? Un réel mystère pour lui qui n'aimait toujours pas vraiment la voir sortir avec des hommes. Il haussa les sourcils de dépit puis il soupira avant de reprendre une gorgée de coca. Enfin, évitons de parler de sujets de ce genre, on va finir pas nous mettre la corde au cou !
« Ouais, je suis entièrement d’accord. Et elles le sont encore plus quand le responsable est un ami proche. » James regardait son verre et soupira. « J’ai vraiment chié sur cette intervention. Je n’ai pas été capable de faire mon bouleau convenablement. » Il leva les yeux et regarda Steve. « Tu te rends compte ? Je passe pour un blaireau aux yeux de mes hommes. Mais bon, maintenant c’est fait et tout s’est bien terminé. J’ai pu mettre la petite famille à l’abri et c’est le plus important. Flint va rester derrières les barreaux un bon moment et s’il ne se fait pas aider, il ne ressortira pas. »
Je buvais une gorgée de mon verre. Il était frais et ça faisait du bien. Merde, je venais de faire une belle boulette, je n’avais pas percuté que Steve n’était plus avec sa femme. En même temps , ça faisait un bon moment que l’on avait pas fait de repas ensemble et il avait du se passer pas mal de truc. J’étais désolé pour lui car vivre ça sans avoir une personne sur qui se rattacher, ça devait vraiment être dur. J’avais vraiment de la chance avec Elisabeth. A deux, on était plus fort.
« Oh Steve, je suis désolé je ne savais pas… Ouais, je comprends tout à fait que de la voir sortir tous les soirs ça te plaise pas trop. Mais tu as raison, on ferait mieux de changer de sujets. Je pense que je vais aller faire un tour en moto en fin de semaine. Est-ce que tu veux venir avec moi ? Je sais qu’Eli sera pas dispo de toute façon. On pourrait se faire un camping en montagne ? Il fait encore beau, ce serait dommage de pas en profiter, tu en penses quoi ? »