Les pensées de ce pauvre Asher se bousculaient mettant à mal ses actions à venir. Réfléchir ne pouvait dès lors faire partie des prérogatives. Le temps viendrait à manquer sous peu, rendant la mission sauvetage caduc, autant que les espoirs de tout à chacun. Il fallait donc agir et vite. D’autant plus que Jarod venait de quitter le groupe pour se la jouer solo ; du moins, c’est ce que se disait l’ancien militaire avant de comprendre que le caméléon prenait tous les risques pour leur faire gagner du temps. Asher le regarda une dernière fois, le pauvre fou en était réduit à viser les pneus de la berline avec son flingue. Avait-il perdu la raison ? Non, probablement pas, mais il risquait à présent de perdre sa liberté et rien que pour ça, Asher Collins lui en était reconnaissant. Mais traite de plaisanterie, les mains toujours crispées sur le volant de son fidèle pick-up, Collins s’apprêtait à jouer un remake de fast & Furious, mais sans les accélérations grandiloquentes et les bolides tout aussi impressionnants.

À l’intérieur de la voiture, les esprits s’échauffaient, à commencer par cette pauvre Lexie qui peinait à comprendre la situation et le fait que l’on puisse prendre autant de risque sans résultat. En un sens, elle n’avait pas tout à fait tort. Comme toujours, la brunette prit appui sur Sean, qui lui aussi était sous pression et donc logée à la même enseigne malgré son intelligence supranormale.

« — On va les aider », murmura Asher entre ses dents tout en faisant vrombir son moteur. « — Et sans rester dans la bagnole. » Il enclencha presque aussitôt l’accélérateur et fonça tout droit sans se poser la moindre question tandis qu’au loin, les balles de Parker continuaient à siffler rendant le sort de Jarod plus qu’incertain. Asher ne pouvait malgré tout ralentir, il devait trouver Kassandra coûte que coûte. Et voilà que devant la folle équipée se dressait à présent un hangar ; une découverte qui obligea le compagnon de Kassandra à ralentir. Il n’était sûr de rien, à ceci près du fait qu’il était fort probable que la caméléon se trouve à l’intérieur.

« — Sandra ! » hurla-t-il à pleins poumons en arrêtant le pick-up avant de le quitter presque aussitôt. Il n’avait plus aucune arme pour se défendre il est vrai, mais il lui restait ses poings et sa très grande tolérance à la douleur du fait de sa maladie. « — Vous deux, vous ne bouger pas et si vraiment c’est la merde vous déguerpissez. Pas de “mais” par contre, sinon je vous botte le cul et croyez-moi, je sais y faire. » Ses réflexes de militaire reprenaient vie, comme si jamais il n’avait cessé d’être un soldat ; et c’est le cœur battant à s’en rompre et bien décider à sauver la femme qu’il aime, qu’Asher pénétra à l’intérieur de ce qui lui semblait être un vieux hangar abandonné ; en somme la cachette idéale pour une fugitive.

« — Sandra ! » hurlait-il à nouveau avant d’enfin apercevoir sa frêle silhouette. « — Mon amour ! » Ni une ni deux, il se précipite sur elle avant de rapidement l’observer sous toutes les coutures. « — Tu es blessée ? » Il remarque alors l’état déplorable de sa cheville et comprend qu’il doit la soulever ; ce qu’il s’emploie à faire. « — Je suis là, tout va bien se passer, c’est promis. » Sans rien ajouter, l’ancien militaire, avec sa promise dans les bras, quitte le hangar et s’en va retrouver Lexie et Sean dans le pick-up. Il remarque au loin, l’arrivée du sinistre Novak « — On n’a plus le temps de trainer. Prenez là derrière avec vous ! » La demoiselle déposée à l’arrière, la tête brûlée reprend sa place derrière le volant de son fidèle destrier et fait à nouveau vrombir le véhicule. « — Restez tête baisée ! » Il entame aussitôt un demi-tour de l’impossible qui le rapproche de Novak qui n’est plus qu’à quelques mètres. Puis sans réfléchir, car il en est incapable, Collins fonce droit devant, obligeant le directeur de la Division à se mettre sur le côté pour ne pas se faire écraser. Au passage, il laisse son regard trainer un peu plus loin, à la recherche de l’autre caméléon, en vain. Avait-il seulement réussi à mettre les voiles ? Telle était la question. En attendant, la folle équipée prenait de la distance, avec Kassandra à son bord. Elle était sauvée, là était l’essentiel.

Le coeur de Kassandra battait la chamade, elle était pétrifiée de peur, recroquevillée derrière un baril, environ vers le milieu du hangar dans lequel elle s’était cachée. Heureusement qu’il faisait sombre. Elle essayait de se concentrer sur sa respiration, de reprendre son calme, mais tant de paramètres présents l’en empêchaient : outre la peur de perdre à nouveau cette liberté à laquelle elle avait pris goût, elle s’inquiétait pour Asher et pour ses amis. Etaient-ils en danger ? Des coups de feu s’étaient fait entendre à plusieurs reprise, y avait-il des blessés ? Des flash lui venaient en tête, l’empêchant de se concentrer comme elle l’aurait voulu. Soudain, des bruits de pas se firent entendre, des pas qui couraient. La caméléone se recroquevilla un peu plus, enfouissant sa tête entre ses bras, mais soudain, la voix d’Asher retentit, la faisant sortir de sa torpeur. Néanmoins, sa peur grandit. Si Novàk entrait au même moment et le blessait ? Mais en faisait attention, se concentrant sur les bruits de pas, pour le moment, seul son fiancé était là. Le risque était moins grand de courir vers lui tout de suite. Elle se redressa pour essayer de le voir, mais ce fut lui qui la trouva le premier. Kassie était livide tant elle avait peur. Elle n’arrivait même pas à comprendre ce que son fiancé lui disait tant ses oreilles bourdonnaient. Il la prit dans ses bras et la souleva. Ce simple contact la rassura un peu. Il ne perdait pas de temps et courut vers l’extérieur, par l’autre côté. Heureusement car il y avait fort à parier que quelqu’un allait suivre Kassandra par là où elle était entrée. Mais ce serait trop tard, car déjà, Asher sortait à l’opposé et plaçait la brunette à l’arrière du pick-up avec Sean et Lexie. Quel bonheur de les voir… mais Lexie était impliquée, encore.

- Lexie, qu’est-ce que…

Pourvu que le Centre ne l’ait pas vue… Elle allait poser encore plus de questions que la dernière fois, ce serait difficile. Si tout le monde survivait ! Pour l’heure, Kassandra était morte de peur. Ecoutant les instructions d’Asher, elle se penchant en tenant Lexie dans ses bras, pour qu’aucune tête ne dépasse. L’ancien militaire fonçait et bientôt, ils furent hors d’atteinte.
C’était fini, ils avaient réussi à échapper au Centre. Pour cette fois. Kassandra pensa à Jarod, espérant qu’il avait su trouver une échappatoire. Le connaissant, c’était quasiment assuré. Tout ce qu’elle attendait, maintenant, c’était qu’il la contacte pour lui donner de ses nouvelles.
Il faudrait à présent faire preuve de prudence si elle voulait rester à Blue Cove.

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Je courrais comme un dératé sans jamais me retourner conscient que je devais ma fuite à Parker qui en « manquant » son tir avait décroché un tonneau : qui dans sa chute avait crée un imposant nuage de poussière assez opaque pour faciliter ma fuite.   Je me serais bien demandé pourquoi elle prenait tant de risque si je n’avais pas eu à courir de la sorte pour mettre le plus de distance possible entre l’entrepôt et les renforts en approche. Je devais prendre soin de m’écarter du semblant de route qui me faisait face pour ne pas être une cible. Je courrais donc sans trop savoir où aller, mais sans jamais m’arrêter malgré l’appel de mon prénom et la possibilité que Parker me course à son tour. Je n’en demeurais pas moins « rassuré » de ne pas entendre d’autre coup de feu résonner au loin. Asher avait sûrement réussi à trouver Kassandra. Il était plein de ressources et résolument prêt à soulever des montagnes pour elle.

Ma course folle, bien qu’intense, n’était pas aisée. Comment le pourrait-elle avec une visibilité réduite à cause du mauvais temps ? Mon nom résonnait encore à travers les ténèbres. Parker n’était pas loin, mais je ne pouvais me résoudre à ralentir. Bientôt, je retrouvais un semblant de béton, ne m’écartant point du côté de la route, pour avoir une alternative de fuite si d’infortune je me faisais repérer. Plusieurs minutes d’errance s’écoulèrent alors me maintenant dans l’ignorance. J’avais quitté la route pour un semblant de civilisation. Je n’étais pas loin du Bellagio et l’animation qui y régnait encore. De ce fait, je préférais contourner tout ça pour regagner mon véhicule légèrement à l’écart. C’est donc en toute digression et un tantinet inquiet malgré tout pour mes comparses, que je quittais les lieux, n’ayant de cesse d’observer mon rétroviseur pour être sûr de ne pas être suivit.

J'avais couru à la poursuite de Jarod, mais j'`tais incapable ni de le voir ni de l'entendre, et j'avais beau dire, ce constat me fit plaisir. Je finis par m'arrêter de courir au milieu de la nuit embrûmée, reprenant mon souffle et regardant autour de moi. Il avait réussi à se faire la malle.

Bien joué, Wonder boy.

Essoufflée, je finis par rebrousser chemin et vis Novàk qui avait l'air furax, et je comprenais: ce genre de mec ne tolérais pas l'échec, mais cette fois, qu'il le veuille ou non, cet échec était aussi le sien. A bout de souffle, je le rejoignis.

- Je les appelle, mais Jarod a foutu le camp par là. Aucune trace de lui. Et de votre côté, Kassandra ?

Il était tout aussi bredouilleque moi. J'étais un peu moins ravie de la fuite de Kassandra par contre... Bordel, c`était simple pourtant, elle était faite comme un rat dans ce putain de hangar ! Comment un mec comme Novàk avait-il pu la louper ? Bon, au moins il ne me reprocherait pas d'avoir loupé moi aussi ma traque de Jarod car en plus, les éléments jouaient contre moi: la nuit, la brume, l'immensité de la forêt entourant les lieux... Bref, je n'avais eu aucune chance dès le départ, mais au moins j'avais essayé. Du moins j'en avais donné l'illusion.
Je sortis donc mon téléphone portable pour composer un numéro mais je n'eus pas le temps de valider l'appel que les renforts arriv`rent. Je soupirai.

- Vous savez quand on dit "mieux vaut tard que jamais" ? Ben c'est des conneries !!! aboyai-je sur le chef de l'opération renforts qui sortait de son véhicule.

La traque était finie pour ce soir, il nous serait impossible de les trouver cette nuit.