« -Ah ! ! ! » hurla-il en se redressa précipitamment. Son front ruisselait de sueur, sa respiration était saccadée. Il prit le temps de vérifier où il se trouvait, encore troublé par les images qui une fois encore, hantées ses nuits. Il quitta son lit, s'approcha de la fenêtre de son mobil-home et tira les rideaux pour faire entrer le soleil. Puis, il se massa les tempes et observa le réveil qui indiquait 5H00. Une fois encore l'ancien soldat savait qu'il ne bénéficierait pas d'une nuit complète de sommeil et une fois encore, pour chasser son trouble, il alla se préparer pour aller courir près de son lieu d'habitation. Son passé ne le quittait pas et à chaque fois qu'il essayait d'oublier celui qu'il n'était plus, les images redoublaient d'intensité et de violence, rappelant à Asher mutant, qu'il était humain et que même en essayant de passer outre certaines périodes de sa vie, rien ne pourrait effacer les actes qu'il avait commis. Le meilleur comme le mauvais, jamais il ne pourrait oublier, jamais... Il fit le tour du parc près de chez lui plusieurs fois sans s'arrêter. Il courrait à en perdre haleine, chassant de son esprit la moindre réflexion, puis passé le défoulement, il alla se préparer pour prendre la route et se rendre au Centre afin de donner son tout premier cours de « combat et de défense ».Il récupéra les clés de son fidèle destrier métallique qu'il privilégia cette fois à son pick-up. Puis il prit de quoi se changer plaça le tout avec méticulosité dans son sac et prit la direction du Centre et plus précisément dans les locaux où se trouvait tout ce qu'il fallait pour les cours de sport et de défense. Armé de sa clé, il ouvrit la réserve où se trouvait le nécessaire pour préparer son cours à savoir quelques plots et des chasubles. À présent, il ne lui restait qu'à attendre ses chers élèves pour entamer une première séance de torture. Car oui, il n'avait aucunement prévu d'épargner les jeunes gens.
La pédagogie est un don, ce qui laisse sous-entendre que soit nous l'avons, soit nous n'en sommes pas dépositaire. La pédagogie est une passion, ce qui laisse sous-entendre que soit nous sommes motivés, soit nous ne le sommes pas. Il était évident qu'Asher Collins n'était dépositaire ni du don, ni de la passion et que le cas échéant, même s'il faisait le plus petit effort qu'il soit, jamais il ne serait un véritable pédagogue. Cependant, n'ayant pas l'ambition de le devenir, ce constat n'éveillait en lui, pas la moindre amertume, bien au contraire, il s'en fichait royalement. Pour rester entre les murs de l'institut, il n'avait qu'à se contenter de faire acte de présence, du moins c'est ce qu'il pensait avant qu'Elisabeth Fitzgerald ne mette les choses au clair.
« Vous n'en avez rien à faire, je le sais ! »
« -Je n'ai jamais prétendu être prof »
« N'oubliez pas notre accord. Si vous ne faites pas d'efforts, je n'en ferais pas de mon côté. »
« -Ne jouez pas avec moi Elisabeth ! »
« Vous non plus Asher. Je vous donnerez les informations promises en temps et en heure, mais vous devez faire un minimum d'efforts. J'entends par là, vous intégrez et faire illusion. » Ash sortit de ses pensées et continua à délimiter son terrain d'entraînement à l'aide des plots qu'il disposait sans motivation. Il releva la tête et sentit peser sur lui plusieurs regards intrigués. L'ancien militaire déposa son dernier plot et vint à la rencontre des premiers élèves qui se présentèrent à lui.
J’aime pas les cours, ça m’emmerde. Pourtant je sais pas, c’est facile. Ouais c’est pour ça que c’est chiant. Pas ici. Pas dans cette école. Pas là, où ma mère a enfin réussi à me placer, après que j’eus l’impression de passer des années à roupiller. Et à me battre. Sûrement trop souvent. Même contre les profs je me battais. A coup de joute verbales, pas à coup de poing, ceci dit.
Mais bon, je vais au lycée, parce que je suis un lycéen, un « gamin même pas majeur qui a intérêt à se tenir à carreaux », selon celui qui m’a conçu d’une façon ou d’une autre. A y songer, je ne pouvais même pas appeler mon père par son nom, à défaut de le désigner comme étant mon père. Et aujourd’hui j’avais un cours assez original, je devais le reconnaître. Apprendre à combattre, c’est pas dans toutes les écoles qu’on voit ça. Sauf que moi, apprendre qu’on allait avoir ce cours, ça m’avait fait marrer. Sérieusement, pour un type comme moi qui a passé son temps dans les coups de poing à donner aux autres, ou à se prendre, et qui a certainement fait plus d’arrêt à l’hôpital pour ce genre de cause que pour autre chose… Un cours de combat semblait un peu ridicule
Mais étonnamment, je restais curieux. J’avais envie de voir, si, cela me servirait ou non. Depuis que j’étais ici, j’avais appris des choses. Et disons, que je ne pèse pas mes mots. Par rapport à tout le reste de ma scolarité, où j’ai appris seul… J’arrivais quand même les mains dans mes poches. Je crois que d’une façon ou d’une autre, j’avais pris l’habitude, de montrer qu’en général, j’en avais rien à faire de l’autre.
Apparemment, j’étais beaucoup plus ponctuel que je ne l’aurais pensé. Le professeur semblait encore en train de faire son truc. Je m’installais tranquillement, en jogging, avec mes camarades, et fixait ce professeur qui sembla faire enfin attention à nous. Je l’observais, et, sarcastique, lâchais :
- Je savais pas qu’on faisait du slalom aujourd’hui. Je croyais qu’on faisait ça qu’au collège.
Je n’aimais pas les cours. Malgré toute la curiosité que pouvait m’apporter l’idée de faire du combat de façon scolaire. Et à cause de tout ça, je ne fermais jamais ma bouche. Enfin non, plutôt, je ne fermais jamais ma bouche en général.
Asher Collins
Prof de l'ICP
▻ ARRIVE(E) LE : 21/08/2017
▻ LOCALISATION : The Centre, Blue Cove
▻ OREOS : 865
▻ LOISIRS : Découvrir les petits plaisirs de la vie
Puisqu’il faut comprendre, autant nous donner les éléments pour.
Quelques jours plus tôt.
Elizabeth toujours vêtue de noir, se tenait là, face à Ash, un verre de martini en main et une cigarette dans la bouche. L'homme munit de son nouveau badge, achevait de faire le tour des lieux pour prendre ses marques. Mrs Fitzgerald arborait quant à elle ce petit air de suffisance qui exaspérait déjà le nouvel enseignant. Ce qu'il ignorait dès lors, c'est qu'elle jouait un double jeu et qu'en présence de Mr Raines et de quelques caméras aux alentours, elle ne pouvait qu'être une abominable garce. Mais que l'on se rassure, elle n'est de toute évidence pas la seule à convoiter ce titre. Asher, mal à l'aise avec l'emphysémateux, se tenait néanmoins à carreaux pour ne pas trop attirer son attention. Avec dédain, Elizabeth lui demanda s'il avait terminé son inspection. L'oncle Fétide lorgna sur la cigarette qu'elle tenait encore, puis acquiesça avant de tourner les talons et de faire rouler sur le sol froid, son infâme bonbonne de gaz.
« -C'était qui lui ? » lança Asher sans prendre la moindre pincette ce à quoi Elisabeth se targua d'un « personne » elle avait plus urgent à faire pour le moment. Alors, sans attendre, elle descendit son verre d'une traite, tira longuement sur sa cigarette avant de l'écraser et enfila sa veste de tailleur avant de faire signe à Asher de la suivre jusque dans l'ascenseur. « -Je vous mets dans le bain ! Vous avez ici des caméras à peu près partout. En face, là-bas, se trouve le bureau de Miss Parker. Ne cherchez pas, c'est la fille du directeur. Elle est sur le terrain, mais vous la croiserez certainement de temps en temps. »
« -Je suppose que c'est le genre de femme contre laquelle il ne faut pas se frotter ? »
« -N'y pensez même pas ! Elle est la fille de l'une de mes plus fidèles amies. Je serais intransigeante avec vous, si vous vous amusez à faire n'importe quoi ! Mais passons ! » Elle pianota sur le clavier numérique de l'ascenseur et s'arrêta un instant, se rendant compte de l'endroit dans lequel elle se trouvait.
« -Ah oui… c'est ici que sa mère s'est tirée une balle en pleine tête ! » dit-elle avec détachement ce qui surprit Asher. Comment pouvait-elle parler de sa plus fidèle amie en ces termes et avec autant de froideur ? Était-ce le lieu qui agissait ainsi sur les gens, les rendant insensibles ? C'était à se demander, si une entité démoniaque n'eut pas pris le contrôle d'Elizabeth l'espace d'un instant. L'ascenseur remonta à la surface. La dame en noir remit ses lunettes de soleil et continua à faire claquer ses talons sur le sol en marbre. Plusieurs regards craintifs se posèrent sur elle, ce qui continua à troubler le nouvel arrivant. Enfin, ils arrivèrent dehors et commencèrent à marcher le long de la baie qui entourait l'imposant édifice.
« -Comme je vous l'ai dit, il y a des caméras partout. »
« -Oui j'ai cru comprendre ! »
« -Vous ne pourrez jamais être vous-même vous comprenez ? Catherine Parker était ma meilleure amie, sa mort m'a détruite, mais je ne peux leur laisser croire qu'ils ont gagné »
« -Wow attendez deux secondes ! Cette femme s'est tuée à cause d'eux ? »
« - Officiellement, l'on parle d'un suicide. Vous vous en tiendrez à cette version. »
« -Donc qu'est-ce que je dois faire ? »
« -Vous allez enseigner le combat et la défense comme prévu. » Elle retira alors ses lunettes et fit face à Asher, qui malgré sa carrure, n'en menait plus large face au charisme d'Elizabeth. « -Mais je vous demanderais aussi de veiller sur les jeunes qui seront à votre charge. » « -Je dois les protéger du croque-mitaine c'est ça ? » Elle se contenta d'acquiescer et fixa à nouveau l'horizon de son regard perçant. « -Cet institut n'est que de la poudre aux yeux. Le petit quelque chose qui laisse croire, à l'extérieur, que le Centre est une entreprise utile. Mais ne vous fier pas aux apparences. Ici, vous êtes en enfer. De ce fait, vous devez vous blinder »
« -Ouais je vois le genre. Il est bien plus facile d'être un salaud et d'attiser la haine, plutôt que de jouer les héros et de susciter la sympathie. De toute façon, je n'avais pas prévu que l'on s'attache à moi »
« -Bien ! Rester sur vos gardes ! Surtout avec des gamins tels que David Bass. Ce n'est pas un cas facile, vous verrez ! »
« -Je ne demande qu'à voir ! »
**************************************
À peine avait-il fini d'achever sa préparation, que l'azur de son regard froid fut attiré par la présence au loin d'un groupe en approche, mais surtout par ce petit blondinet qui l'observait et qui avant même de se présenter, n'hésitait pas à faire montre de sarcasme. Se redressant progressivement et osant à son tour observer son interlocuteur, Asher déposa les quelques plots qu'il tenait entre ses bras et s'approcha. « - David Bass je suppose ! Il me tardait de rencontrer le petit emmerdeur que tu es. Je ne suis pas déçu. Tu es fidèle à ta réputation, c'est bien ! Et si tu commençais par bouger ton cul et faire un petit tour de chauffe ! Mais c'est trop te demander peut-être ? Je suppose que tu préfères courir entre les plots ? » lança l'enseignant avec tout autant de sarcasme avant de faire signe aux autres de se dépêcher. « - Aller on n'a pas toute la journée ! À l'avenir, soyez ponctuel ! C'est à votre portée non ? Sinon quoi j'irais moi-même vous sortir du pieu et croyez-moi, je ne prendrais aucune pincette. » Les regards convergèrent sur le nouvel enseignant qui comparait aux autres, semblait bien atypique. Un élève, sûrement un fayot osa demander à l'enseignant de se présenter comme il était d'usage ce à quoi Ash répondit « - Asher Collins ! J'ai l'honneur de vous apprendre le combat et la défense. Nous nous verrons quatre heures par semaine. Le lundi et le vendredi. » Une jeune fille leva instantanément la main, Ash l'ignora royalement. « - Mais pas le temps pour la parlotte inutile. Faites-moi un tour de terrain. Toi aussi boucles d'or ! Aller ! »
Quand il prononça mon nom, je laissais mon instinct de méfiance se réveiller. Je détestais quand les profs faisaient ceux qui connaissaient les élèves, et je détestais encore plus quand ils les connaissaient quand même. Surtout quand c’était de moi dont il s’agissait. Je ne savais pas ce qu’on lui avait dit sur moi, et l’idée d’avoir des données en moins, m’agaçait. Néanmoins, je tâchais de ne rien montrer de ça, parce que j’avais pas envie qu’il se trouver super fort. C’était qu’un prof après tout.
Après, le fait qu’il me traite de petit emmerdeur, ne pu m’empêcher de me faire sourire. Si c’est comme ça qu’on m’avait décrit, j’estimais que j’avais réussi à construire ma réputation. Il faudrait que je raconte ça à Azzam. Je me demandais ce qu’on disait sur lui, d’ailleurs. Le pique que le professeur m’envoya ne me fit ni chaud ni froid. Je me fichais bien qu’il me parle comme si j’étais rien – c’est souvent comme ça que les professeurs voyaient les élèves, même ici -, parce que je me fichais bien qu’il tente de me motiver en me provoquant. Son tour, je lui faisais quand je voulais. Le sport n’était pas une matière qui me faisait peur. Contrairement à certains casses couilles plongés dans leur bouquin.
Alors que les autres réagissaient pour la remarque qu’il avait fait sur le retard, moi, j’avais envie de bailler en plein devant lui. Plus agaçant néanmoins, je voulais lui demander quand est ce que je démarrais pour courir, histoire de l’emmerder, mais une fille me coupa à demander l’identité de ce type. Qu’est ce qu’on s’en foutait. C’était le prof qui allait soit disant nous apprendre à nous battre.
D’ailleurs, je me demandais pour quelle raison ils avaient introduit ce cours. Je veux dire, c’est pas anodin.
- Seulement un tour ? Bah… Si vous voulez.
S’il me voyait comme l’emmerdeur, je comptais bien lui donner raison. Je commençait à courir, mais pour moi, ce n’était pas grand-chose, vu que pour m’empêcher de voir la sale tronche à mes parents, et éviter de leur refaire le visage – à coup de paroles bien sûr, voyons, je suis un gentil garçon -, je courrais souvent le matin. Aussi pour me maintenir en forme pour que mes poings puissent frapper plus fort.
Bref, l’endurance je l’avais, et tandis que d’autres suivaient plus ou moins mon rythme et que certains devaient être à la rythme en suppliant que le temps passe plus vite, je courrais. Le tour de terrain fut vite fait, et je me laissais à sourire :
- Vous allez apprendre à nous défendre quand on fait notre jogging sinon ?
Tous les piques que je pouvais balancer, je les envoyais. Je me fichais bien des autres questions des gens qui m’entouraient. Moi j’avais les miennes, et elles étaient suffisantes pour peut-être un jour, agacer fermement ce professeur qui me désignait comme l’emmerdeur du coin.
Asher Collins
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Voilà plusieurs jours qu'Asher avait officiellement rejoint l'équipe pédagogique de l'ICP. Des jours qu'il avait cessé de compter depuis son arrivée au Centre. Sous peu, ces jours deviendront à n'en pas douter des semaines et les semaines se convertiront en mois. Un constat qui ne trouvait aucun écho chez Asher qui n'avait plus de véritable notion temporaire depuis son retour du Moyen-Orient et les multiples tortures qu'on lui avait fait subir après sa capture. Le psy qui l'avait brièvement suivi à son retour, s'en était rendu compte et l'avait fait remarquer presque aussitôt à son patient. « Pour moi, les secondes, les minutes et les heures sont aussi relatives que les jours, les semaines, les mois et les années. J'ai fini par arrêter de compter pour ne pas me perdre et aussi parce que c'est plus simple d'oublier que le temps n'a aucune emprise sur vous, un peu comme la douleur ! » Ash, c'était de ce fait bien garder de dire à son psy que ce trouble ne s'était jamais résorbé et qu'il le traînait encore comme un boulet, au même titre que sa « capacité » à ne pas ressentir la douleur. Mais revenons à l'arrivée au Centre. Dire que l'acclimatation s'est faite sans accro, serait mentir. La sociabilité est une qualité que l'on ne trouve pas chez le soldat Collins et pour ne rien arranger, il n'a depuis son arrivée, fait aucun effort pour se faire apprécier de ses collègues, qu'il préférait fuir comme la peste.
« Je préfère et de loin, me complaire dans la solitude plutôt que de m'ouvrir aux autres et me faire des amis. Je suis un connard, je n'ai besoin de personne ! »
Ah ça, oui, il était et demeurait encore aujourd'hui un connard, une réputation dont il ne s'offusquait point, bien au contraire. Appelons un chat, un chat, un statut peu enviable certes, tout comme celui d'emmerdeur pour David Bass qui semblait lui aussi bien décidé à entretenir la réputation qu'on lui avait forgée « Tu ne sais pas sur qui tu es tombé petit con ! » Asher observa l'impétueux de la tête aux pieds, puis il résista à la tentation de lui répondre trop rapidement et se présenta brièvement, histoire de répondre à la demoiselle qui venait de s'adresser à lui. Tous les regards étaient braqués sur sa petite personne, il n'aimait pas ça. N'allez pas croire qu'il s'agit de timidité, Ash en est dépourvu. C'est juste la notion de groupe, le fait d'être à nouveau sous le feu des projecteurs pour guider tout un collectif. D'ailleurs, il ne gardait que trop peu de bons souvenirs de la dernière fois qu'une telle chose s'était produite et nous sommes tentés de le comprendre en se référant, par notre omniscience à l'épisode « Moyen-Orient » Par orgueil, mais aussi pour porter secours à une équipe héliporté, il avait mené son unité dans un guet-apens dont il en est le seul survivant. Il nous ait donc aisé de comprendre pourquoi l'homme n'était guère friand à l'idée de devoir à nouveau guider tout un groupe.
Avait-il cependant le choix ? Elizabeth s'était montrée claire, l'échec n'était pas une option. Il devait mener à bien son immersion s'il voulait espérer être pourvu de précieuses informations qui combleraient sa défaillance sur les douze premières années de sa vie. Un passé qui lui échappait, mais dont des traces subsistaient par le biais de quelques voyages oniriques plus proches des cauchemars que du rêve. Bref, pas assez d'éléments pour comprendre son passé. Un fait qui a certainement, sur le long terme, conditionné le désamour d'Asher pour l'humain et son besoin presque irrépressible de s'en éloigner pour ne pas devoir s'y attacher. Il est un déraciné, un être qui ignore tout de son passé et de son identité, mais qui se contente de celle qu'on lui a attribué des années plus tôt. Pour l'heure, il était préférable que l'ancien soldat reste dans l'ignorance, Elizabeth Fitzgerald y comptait bien. D'ailleurs suite à ce premier cours, Ash savait qu'il aurait le droit à un nouvel entretien dans le bureau de la blonde comme il se plaisait à l'appeler. Sauf que pour l'heure, il avait un cours à donner et un autre blond à gérer. Sauf qu'à l'inverse de sa supérieure, Mr Collins n'allait pour se faire, prendre aucune pincette pour remettre en place le petit impertinent quitte à la secouer un peu. Après tout, chacun est pourvu de sa propre pédagogie et aux dernières nouvelles, le nouvel enseignant n'a nullement été informé de la présence d'un règlement en vigueur sur la façon dont on doit gérer « les têtes d'ampoules »
« - Un tour suffira à faire chauffer vos muscles, au détriment de vos neurones. Mais aller, je sais me montrer magnanime. Va pour quatre tours ! Je suis sûr que ça fera plaisir à tout le monde » Plusieurs regards, sombres pour la plupart, convergèrent en direction de David. De toute évidence, ses petits camarades appréciaient moyennement la provocation du blondinet qui leur valait à tous, trois tours supplémentaires. Pour dire vrai, Ash se fichait de froisser ses élèves et puis tant qu'à en punir un autant les punir tous pour les dissuader, à l'avenir, de jouer les fortes têtes. « - On joue dans la même catégorie d'emmerdeur gamin » lança-t-il tout sourire à David qui plus endurant, prit vite de l'avance sur le reste de la classe. Le premier tour vite expédié, le blondinet se permit une petite « halte » pour questionner le nouvel enseignant, non sans lui balancer quelques piques au passage. Mais il en fallait plus pour titiller Asher qui observa les quelques âmes en peine qui continuaient à courir autour du terrain. Il n'accordait pour ainsi dire pas la moindre attention à David et lui lança sans un regard « - Il reste encore trois tours, gamin. Aller arrête de perdre ton temps à dire de la merde et finit ce que tu as à faire ! Quant à la suite du programme, tu sauras bien assez tôt de quoi il est question. » Il fit trois pas en avant pour mettre de la distance avec le petit récalcitrant et frappa dans ses mains « - Aller les petites dindes, nous n'avons pas la journée. Alors arrêtez de converser avec les copines et magnez-vous ! Tâchez de vous rappeler qu'à l'avenir, chaque cours commencera ainsi, que je n'ai pas à le répéter. » Il lança un regard furtif sur David, qui avait repris sa course et qui, sans surprise termina avant tout le monde.
« - Monsieur est rapide en plus d’avoir tous ses neurones connectés ! Bravo ! Mets-toi sur le côté maintenant et attends le reste de tes camarades. Et juste un conseil, ne me fais pas trop chié à l’avenir ! »
[Alors, je jure avoir écris un rp. Je sais pas pourquoi je l’ai jamais posté, mais je jure l’avoir écrit. Je l’ai perdu. Ca m’fait grave chier, mais je recommence]
J’eus ma réponse et me fichais bien de courir. Je courais déjà bien assez. Le sport ne me faisais pas peur. Ce professeur ne me faisais pas peur. Je n’avais pas peur. Donc, je courrais, pour me muscler, soit-disant. Et parce que ce type l’avait demandé, en précisant qu’on jouait dans la même catégorie d’emmerdeur. Génial. J’adorais lutter contre ceux qui se pensaient plus chiants que moi. Je me laissais à sourire. Je prenais de l’avance, à vrai dire, je courrais sûrement plus vite que le reste de la classe. La plupart des gens de la classe préférait l’intelligence au physique. Moi j’aimais les deux. J’aimais me mettre tous mes atouts en main.
Bref, je me foutais de lui, et je courrais pendant qu’il disait à certaines de mes camarades d’arrêter de parler. Moi je n’avais personne à qui parler, et même si quelqu’un avait essayé, il n’aurait obtenu rien en parole. J’aimais me concentrer, quand je faisais du sport.
Je terminais mes tours, et je me laissais à sourire que le « professeur » me lançait une remarque. J’obéis néanmoins quand il me demanda de me mettre dans un coin, pour regarder tout le monde arriver. Par contre, je ne pus tenir ma langue. Et ce sans surprise :
- Hmhm, si vous les dites. C’est pas ma faute si ca à l’air marrant de vous emmerder. Je n’avais pas peur.
Tout prof de combat que ce prof pouvait être, et ce, même s’il était peut-être capable de me battre, il ne me faisait pas peur.
- C’est quoi la prochaine étape du coup ? Faire les tours mais à l’envers ?
Ouais je continuais. Et je ne m’arrêterais jamais.
Asher Collins
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Ne pas faillir, rester maître de soi. Ne pas se faire remarquer si possible. Faire le travail correctement, aussi déplaisant soit-il. Elizabeth Fitzgerald avec tous ses commandements, aurait aisément pu rédiger un manuel à Asher sur la conduite à tenir. D'ailleurs, ce dernier laissait traîner dans un coin de sa tête tous les préceptes. Il devait rester dans l'ombre, c'était évident. Et de ce fait, ne pas attirer sur lui, les regards de personnes comme Mr Parker ou l'infâme Mr Raines, qui il faut bien l'avouer lui foutait un peu, les pétoches. Tout chez le croque-mort prêtait au rejet et à la peur. Son allure et son teint de mort-vivant, sa respiration sifflante due au tuyau d'oxygène plantait dans ses narines. Son costume deux pièces, toujours noir, sa voix caverneuse, le bruit des roulettes mal huilées de sa bonhomme de gaz, son manque de cheveux, sa façon de parler. Oui, tout déplaisait chez Raines qui oscillait entre le monde des morts et celui des vivants. On se demandait d'ailleurs comment une telle espèce de psychopathe puisse exister. Asher était loin de se douter, qu'un autre psychopathe errait dans les couloirs du Centre et qu'à l'inverse de Raines, il n'avait rien d'inhumain, hormis un pouce en moins et une affection pour la viande, humaine de préférence.
Oui, Asher était indubitablement dans la fosse aux crocodiles et ne devait faire aucune vague (pour le moment) et se contentait de jouer la partition écrite par Mrs Fitzgerald. Cependant, la rencontrer du nouvel enseignant avec une dénommée Kassandra quelques jours plutôt, avait changé la donne. Mais pour l'heure, il n'était question de jouer les redresseurs de torts, mais bel et bien de donner un corps de sport. Et ça, au vu de l'impatience légendaire d'Asher Collins, ça n'était pas gagné. D'autant plus qu'il avait face à lui un adversaire de choix dans la catégorie « emmerdeur du dimanche » Cependant et ce même si ce cher David Bass, mettait du cœur à l'ouvrage, il en fallait bien plus pour désarçonner l'ancien militaire qui n'hésita pas à quitter sa place et se rapprocher du petit casse-pied. « - Je n'ai pas de pédagogie alors crois-moi te casser la gueule ça ne me poserait aucun problème » Il se rapprocha encore plus « - Tu vois, le souci c'est que moi, j'aime moyen qu'on me fasse chier » Et sans crier gare, il lui attrapa le bras pour le déséquilibrer et l'amena directement au sol avec fracas sous le regard des autres élèves. « - Tu n'as pas peur de moi, ok ! Tu veux me faire chier ok ! » Lui bloquant son bras, il posa son genou sur son dos, rendant ainsi sa respiration plus incertaine. « - Moi non plus je n'ai peur de rien gamin encore moins des conventions et des règles. » Il accentua la pression « - Je me fiche de la valeur que tu peux avoir à leurs yeux, aux miens, tu n'en as aucune. » Il relâcha la pression pour enfin le laisser respirer. Certains de ses camarades semblaient choqués par le procédé. « - Si tu ne veux pas venir, ne viens pas ! » Il se redressa et reporta son attention sur les autres. « - Mettez-vous par deux, on va commencer ! »
Je le regardais approcher de moi. Je souriais doucement, en l’observant. Je sentais bien qu’il allait finir par faire quelque chose d’autre que me balancer des piques, mais de toute manière, ça me permettrait de disons… L’évaluer. Je l’écoutais me parler de sa pédagogie, et hocha tout de même la tête, parce que ça se voyait que ce type était pas tant prof que ça. Je veux dire, aucun professeur ne m’avait parlé comme ça. Même quand je faisais des remarques. Je le laissais se rapprocher. Mais je n’étais pas idiot. Je savais ce qu’il allait faire, encore plus avec ses paroles. C’est juste que je ne me suis pas laissé le temps de réagir. J’ai bien tenté de me défendre, pourtant. Genre, de lui donner un coup avec mon autre bras pour le faire lâcher, quitte à frapper un prof. Mais je finis au sol peu après, et pourtant… Pourtant je n’abandonnais pas mon sourire. Juste que je savais qu’il avait changé. Parce que je détestais ça, ne pas pouvoir me défendre dès le début. Ca me rappelait des mauvais souvenirs. Ces moments où mon père ne prévenait pas avant d’envoyer son coup. Je gardais mon sourire amer, en tentant de lui donner un croche pied pour le faire tomber. C’était un peu difficle vu ma position, mais… J’étais du genre à ne jamais me laisser faire.
C’est quand je sentis ma respiration se faire plus difficile, que je perdis mon sourire. Moi, j’étais plutôt du genre à combattre au sang chaud. Jamais à faire tomber l’autre sauf en le poussant violemment ou en lui foutant un croche patte. Moi, je savais que j’étais plus du genre boxe qu’art martial. Et je savais aussi que c’était un de mes points faibles. Mais que vous voulez vous, j’avais appris à utiliser le style de combat de celui qui osait me toucher quand je n’avais rien fait sinon me défendre. Mon géniteur.
Les paroles que le professeur lâcha, me redonnèrent ce sourire amer. Qui devint méprisant. Il me rappelait quelque chose, il me rappelait toujours lui. Tous les chemins menait à cette personne que je haissais, et qui prétendait m’avoir conçu. Quand il me lâcha enfin, je me retournais vers lui, me retournant, en étant toujours par terre, pour me relever :
- Mouais. Si je voulais pas venir, je serais pas venu et point, mais…. Je ne poursuivis pas ma phrase, et enchaîna : Je pensais pas que tu t’énerverais si facilement, « m’sieur ».
Je crois que le fait qu’il fut du genre à répliquer à mes piques, faisait que j’aimais répondre aux siens et le provoquer encore et encore. D’où le fait que je lui parlais aussi familièrement. Je m’étirais un peu. M’approchait d’un de mes camarades de classe, qui, je le savais, avait un minimum de force pour se défendre, histoire de pas m’ennuyer.
Mais quand j’ouvris la bouche, c’était toujours pour parler à mon professeur :
- Mais je sens que ton cours va être marrant.
Ca veut pas dire que j’arrêterais de parler.
Asher Collins
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À bout de patience ? Il en fallait bien plus pour qu'Ash sorte de ses gongs. Une chance, car l'homme n'est pas du genre conciliant et maîtrise l'art de la branlée comme un second langage. Oui, jadis (et toujours) il était du genre bagarreur et sa maladie l'empêchant de ressentir la moindre douleur, ne le dissuadait pas à donner des coups et à en prendre. L'armée l'avait cependant « canalisé » sans toutefois dompter totalement la bête sauvage qui avait élu domicile dans sa tête. Oui Asher Collins était instable, la Fitzgerald le savait. Pour dire vrai, elle connaissait tout de lui et si la connaissance donne du pouvoir, nul doute que la dame en noir évoluait dans une toute autre sphère que celle d'Asher. Cependant, elle n'avait peut-être pas anticipé que son pion puisse prendre autant de liberté dans « sa pédagogie » Sous le regard de son groupe d'élèves agglutinaient autour de lui, Asher bien décidé à remporter le combat de coq contre l'impétueux David Bass, le déséquilibra. Une fois au sol, il savait que le jeune homme avait très peu de chance de s'en sortir et pour appuyer un peu plus sa dominance, l'ancien soldat plaça délibérément son genou sur son dos, rendant ainsi sa respiration plus qu'incertaine. Certains, peu habitués à ce genre de procédure et à tant de violence, préférèrent détourner le regard. D'autre demandèrent à l'enseignant d'arrêter au risque de vraiment faire du mal à David.
« - Il me faudrait au moins une petite minute, pour vraiment lui faire du mal ! » lança-t-il au collectif avant de faire savoir à David, qu'à ses yeux, il ne valait rien. Il laissa ensuite le garçon se relevait et le moins que l'on puisse dire, c'est que malgré ce qui venait de se passer, le blondinet ne s'était point délester de son audacieuse nonchalance et de son sens aiguisé de la provocation. « - Je ne me suis pas énervé ! Je me suis simplement contenté de montrer à tes camarades comment on neutralise une menace. » Sur ses mots, il s'éloigna et laissa le loisir aux élèves de former des groupes. Il continuait cependant à garder un œil sur David. « Mr Collins ! » Il se retourna à l'entente de son nom et quelle ne fut pas sa surprise en voyant débarquer celle qui l'avait employé, la tant redoutée Elizabeth Fitzgerald, qui au vu de l'expression sur son visage, semblait furieuse. « - Continuez ! » lança l'enseignant avant de suivre la femme en noir à part. Inutile de vous dire que durant les cinq minutes qui suivirent, il se prit un gros savon dans la tronche. Elisabeth quant à elle, prenait garde à masquer ses lèvres face à la caméra. « Ne vous faites pas remarquer. Il y a des règles ici. Nous devons prendre soin de nos pensionnaires. L'Institut est réputé, nous avons un standing à assurer. »
« - Ouais je vois. Il faut les bichonner, leur cirer les pompes. »
« Le Centre a besoin de cette vitrine. Tant qu'elle existe et que les résultats sont probants, personne ne pose de question. »
« - Le mystère encore et toujours. »
« -Reprenez-vous Asher. »
« - Et vous, donnez-moi quelque chose à me mettre sous la dent. »
« Soyez patient ! »
« - Juste un conseil, ne jouer pas avec moi Elizabeth. » La femme en noir, fut surprise par l'impertinence de l'enseignant, mais ne laissa rien paraître. Elle se contenta de l'un des sourires non-convivial dont elle avait le secret pour clore une conversation. Depuis sa rencontre avec Kassandra, Asher était sur ses gardes, plus encore avec Mrs Fitzgerald dont sa confiance défaillait. Pour l'heure, il ne se fiait qu'à Kassandra, et même si pour le moment, il ne l'avait pas encore revu, il ne doutait pas d'elle. « - Est-ce que notre conversation est terminée ? J'ai un cours à donner » Il ne laissa pas le loisir à la directrice du département des « recruteurs » d'ajouter quoique ce soit et repartit donner son cours. Elizabeth observa les élèves, puis la caméra qui les filmaient, avant de s'en aller. « - Bien on reprend ! » Asher attira à nouveau l'attention de ses élèves et leur montra une nouvelle prise. Il ne prêtera plus la moindre attention à David, et ce, jusqu'à la fin du cours. « - Bien nous nous retrouvons la semaine prochaine alors. J'espère que certains tâcheront de faire ce qu'on leur demande cette fois ! »
Cool. J’étais une menace. En vrai, quelque chose vrombissait en moi de façon amère, mais je laissais passer, et m’amusait plus de ce fait qu’autre chose. Enfin, si j’étais une menace, c’est que je pourrais continuer de le provoquer… De toute façon, même si je n’en avais pas été une, j’aurais continué de l’emmerder quand même. Sinon, c’est pas drôle.
Je finissais par me mettre avec quelqu’un, prêt à le torturer si ça pouvait m’amuser – je déconne, je ferais pas ça -. Le professeur sembla occupé, et je levais les yeux au ciel. Je trouvais ça moins marrant du coup. Quoique… Il n’avait pas forcément dit ce qu’on pouvait faire.
En deux minutes j’avais mis mon camarade au sol. C’était ennuyant. Voilà, je m’ennuyais à nouveau. Je m’ennuyais si fort, qu’au bout d’un moment, j’en mis un autre par terre, et que j’en esquivais un autre qui pensais me faire la surprise de me mettre au sol à mon tour, en levant les yeux au ciel.
Passionnant comme cours dis-donc !
Mais le professeur sembla revenir, et nous montra enfin quelque chose qui me sortit de mon ennui. Je lui fit un grand sourire, et deux secondes plus tard, mon adversaire était à nouveau au sol, alors que j’avais déjà assimilé la prise. Bah, ça pourrait toujours me servir apparemment.
- Ouais c’est vrai que ceux qui ont tenté de me tordre le bras au lieu de me le plier, j’espère qu’ils sauront aussi.
Je me fichais de me faire détester, je souriais encore.
- J’espère que je m’ennuierais moins la prochaine fois
Cette fois c’était de la provocation. En vrai, je m’étais pas ennuyé à mort. Un peu. Mais pas totalement.
- A la revoyure m’sieur.
Mettant mes mains dans mes poches, je quittais le gymnase.
Asher Collins
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« C'est un élément instable ! Nous ne pouvons le garder. Il pourrait à la longue nous faire défaut, voir pire, nous causer des ennuis. Faites ce qu'il faut, mais trouver une solution pour régler le problème « Painless » Voilà comment se résumait la conversation qui scella l'avenir d'Asher Collins dans l'armée. Sa blessure fut une aubaine pour l'état-major, ça ainsi que la découverte de sa maladie qui justifiait le renvoi du militaire sans devoir au préalable rédiger tout un dossier. Oui, une aubaine, mais un échec amer pour Ash qui malgré les médailles et les félicitations de rigueur, n'était parvenu à se résoudre d'achever ce qu'il pensait encore être une carrière brillante. Depuis, il est forcé d'admettre qu'il a la dent dure et qu'il ne supporte que très moyennement la réussite des autres aux dépens de son échec. À cela, s'ajoute bien évidemment son problème avec l'autorité, un fait encore plus vivace depuis le rejet de l'armée. Seul, sans hiérarchie, jusqu'alors il n'acceptait les ordres de personne. Cela justifiait peut-être son manque d'expérience professionnelle.
La dame en noir, comme il se plaisait à l'appeler, s'éloigna après avoir été « gentiment » remerciée pour son intervention au combien pertinente. Des menaces et des menaces ! Ne savaient-ils s'exprimer que de la sorte entre ces mûrs. D'ailleurs, Elizabeth était-elle intervenue de son plein grès où était ce type étrange qui lui arrivait de croiser dans les couloirs ? Ce même type présent lors de la visite, qui n'avait eu de cesse de dévisager le nouvel arrivant à la moindre de ses questions. Toujours tiré à quatre épingles, l'homme portait un costume deux pièces, dans des tontes sombres en parfaite contradiction avec la teinte de sa peau aussi translucide que celle d'un spectre. Ni vivant, ni mort, voilà ce que semblait être Mr Raines, à cela s'ajoutait une assistance respiratoire, qui l'empêchait de s'exprimer avec aisance. Certaines mauvaises langues se plaisaient à le nommer Dark Vador et il est vrai que le Dr Billy excellait sans le vouloir, dans l'imitation du seigneur Sith. Il était de plus relié à sa bonbonne d'oxygène qu'il ne quittait jamais rendant chacun de ses déplacements désagréables aux oreilles de tous. En petit coup d'huile dans les roues n'aurait pas été un luxe, il est vrai.
Passé la désagréable intervention de la veuve noire, le cours passa un peu plus vite. Du moins, c'était l'impression ressentit par Asher, qui gardait un œil sur David, l'élément instable qui lui rappelait l'un des cadets dont il avait eu la charge lors de sa dernière mission. Une plaie, telle était le souvenir qu'il conservait du jeune soldat. Plus prétentieux, qu'ambitieux, le gamin brillait par ses mauvais choix et avait à de nombreuses reprises, mit l'équipe en danger. Ne pouvait se résoudre à jouer les baby-sitters, Asher colla un rapport au cadet, qui quitta presque aussitôt l'unité. David était à l'inverse plus intelligent que le cadet, ce qui pouvait le rendre dangereux. À n'en pas douter, le blondinet savait où frapper pour titiller. Dans la phase d'observation comme son précepteur, il glanait quelques informations sur la patience de l'enseignant et ses limites. Des limites qui si elles venaient à être dépassées engrangeraient bon nombre d'ennuis à l'intéressé. Fixant le cadran de sa montre, l'enseignant fit signe à l'assemblée. Par chance, la plupart des élèves semblaient avoir assimilé les prises, ce qui permettait à l'ancien militaire d'avancer lors du prochain cours. « Tant pis pour les autres » songea-il dans un coin de sa tête. David qui relâcha son adversaire d'un jour, continuait à sourire, un sourire qui agaçait l'enseignant, mais il en fallait un peu plus pour que le volcan n'entre en éruption. « - Désolé que tu te dois fais chié blondinet » Lui aussi se permit une petite provocation « -Repose toi bien Bass ! Le prochain cours ne sera pas une sinécure. » Puisque le petit blondinet voulait jouer, l'ancien militaire consentit à entrer pleinement dans la partie. Au diable les procédures à suivre, le gosse voulait de la difficulté, il en aurait. Ce jour-là, en quittant le gymnase, Asher Collins se pourvut d'une mission qu'il était bien décidé à mener à son terme.
Une semaine s'écoula. Une semaine durant laquelle le nouvel enseignant passa quelques coups de fils aux quelques vétérans qui ornaient son petit carnet de numéros. Des connaissances pour la plupart, croisées lors de réunions présidées par un infirmier qui avait servi son pays avec considération et qui en guise de remerciement touchait une pension tellement moindre qu'il ne pouvait acheter ses anti-douleurs. Asher avait de la peine pour lui et pour les autres, mais ce n'était pas son problème, lui se débrouillait par lui-même non sans difficulté et ne pouvait porter sur ses épaules toute la misère de ses anciens frères d'armes, qui acceptèrent toutefois de répondre à son appel. « - Il me faut un endroit, désaffecté de préférence. Un véhicule pour tous les conduire là-bas. » Ash c'était montré bref dans les explications, mais avec de tels gaillards, il était inutile de se lancer dans de grands discours. Préparant son cours comme si de rien n'était, le professeur, attendait dès à présent ses élèves. Il avait au préalable collé plusieurs chewing-gum sur les trois caméras présentes dans le gymnase, histoire de ne pas être importuné. « Que le spectacle commence ! »
Tu parles, il n’était pas désolé du tout. Ça se voyait bien, mais du coup, je m’en foutais. Si jamais, je pourrais toujours me moquer de la qualité de ses cours, ça pourrait être un brin amusant. Néanmoins, son « avertissement » m’intrigua, et bien que j’ignorais où il voulait en venir, je restais méfiant. Jusqu’à la semaine d’après.
Je me demandais bien ce qu’il allait finir par nous sortir. Peut-être qu’il ne s’embêterait pas et se contenterait de poursuivre dans le gymnase avec des prises minables qui m’ennuyait quand même. Après ce n’était pas les prises en soit qui étaient minables. C’était ceux qui m’étaient opposés. Mes adversaires peu doués. Du coup, j’arrivais quand même les mains dans les poches dans le gymnase, un sourire aux lèvres, pas celui de l’élève content de revenir, plus du genre narquois. J’avouais m’être un peu entrainé pendant la semaine, avoir appris quelques trucs, histoire de. J’avais toujours envie d’être au-dessus pendant ce cours. Je crois que c’était question de fierté.
Et pourtant, ma fierté, des fois j’en avais rien à carer. Mais pas là. Pas maintenant, pas pour ça. Peut-être pour ce que me faisais mon enflure de géniteur. J’avais besoin de montrer au monde que je savais me défendre. Mais là, j’étais en survet, les mains dans les poches, et toujours ce sourire, qui moi m’amusait. Alors que d’autres devaient trembler à l’idée d’avoir la suite de ce cours.
Je me posais dans le groupe qui arriva en même temps que moi, et ne put néanmoins pas m’empêcher d’ouvrir ma gueule. Je détestais la fermer. Ca me frustrait vachement.
- Alors, aujourd’hui on fait quoi ? 3 petits tours et des prises de débutant ?
Et voilà j’étais déjà lancé. Ça voulait pas dire que je méfiais pas. J’attendais de voir.
Asher Collins
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« Les règles ? Je dois les définir ou vous allez le faire pour moi ? Je ne suis pas un mouton ok ? Ou alors le petit noir que l'on pointe du doigt. Je ne suis pas comme les autres et je n'ai pas envie de le devenir ça, c'est clair ! » Ces mots, il les prononcera quelques jours plus tard face à une Elizabeth Fitzgerald furieuse dans un bureau où était réuni pour l'occasion, le célèbre emphysémateux des lieux, précédé par un moustachu, d'une taille imposante, toujours propre sur lui. Asher l'ignorait encore, mais il s'agissait de Mr Parker, le directeur du Centre. Mais nous n'en sommes pas encore là. Pour l'heure, Aster Collins attendait patiemment ses élèves dans le gymnase, le regard posé sur le cadran de sa montre connectée. Un gadget qu'il s'était payé avec sa première avance. Comme à l'accoutumée, les élèves arrivèrent au compte-goutte. Ce cours ne représentait pas grand-chose pour eux et semblait aussi optionnel que la course, le lancer de poids, javelot ou autre difficile à la con qui faisait la joie des ricains tous les quatre ans. « - J'espère qu'un jour vous serez tous à l'heure. Moi, je m'en branle des tours de piste supplémentaire et si ça ne tenait qu'à moi, rien que pour vous emmerder nous ne ferions que ça. Et si tu n'as pas content Bass, dégage. Je me ferais un plaisir de rédiger une note à la direction pour leur faire part de l'envie que je n'ai pas d'enseigner à un petit merdeux dans son genre. » Il scruta à nouveau sa montre, puis effectua un rapide compte de son groupe. Tout le monde était présent cette fois et d'ici une minute le spectacle allait commencer.
Un laser rouge attira toutes les attentions avant qu'un mélange de sévoflurane associé à du protoxyde d'azote ne soit balancé dans la pièce. Ash eut tout juste le temps d'enfiler son masque, plusieurs gros bras firent leur arrivée pour ramasser les élèves tombaient à terre et totalement endormi. « - Aller c'est parti. Nous avons 1 h top chrono pour les amener à bon port. » L'enseignant ne ménagea pas sa peine et fit plusieurs tours. Il s'occupa enfin de David, le souleva et le plaça dans l'une des fourgonnettes qui au nombre de trois comportait à leur bord, trois groupes préalablement constitués par Asher lui-même. Il avait tout prévu, le lieu, une vieille usine désaffectée, isolée du reste du monde qui comprenait des souterrains, isolés eux-aussi. Le but était de lâcher chaque groupe dans un endroit et espéré voir progresser les élèves ensemble pour atteindre la sortie. Mais bien sûr, l'ami Ash n'était prêt à aucun cadeau et secondé par ses camarades, il était bien décidé à tester les nerfs de ses élèves. Le groupe de David se trouvait au sous-sol, avec pour seul éclairage, une affreuse lumière rouge de sécurité. L'un des gros bras leva son arme au plafond et tira plusieurs balles, à blanc bien sûr, mais ça, les élèves l'ignoraient encore. Asher, cagoule sur le visage, observait, dans une pièce à part et par le biais de plusieurs caméras, chacun des groupes. « - Aller les petits génies ! Voyons ce que vous avez dans le ventre ! Surtout toi Bass ! »
Bien, le prof semblait de merveilleuse humeur, et je ne pus m’empêcher de sourire quand il s’adressa à moi. Il me demandait si sympathiquement de dégager, que limite j’étais prêt à le faire, en vrai. Moi je m’en foutais. On était en cours de défense, si on apprenait rien, si je m’ennuyais, bah tant pis. Et je me fichais bien qu’il dise quoique ce soit à l’école. Le seul truc chiant serait les répercussions sur mon connard de père. Je savais qu’à l’instant où l’école saurait comment je me comporte, ils préviendraient mes vieux. Et j’avais pas envie de me prendre une raclée inutile parce que je jugeais un cours débile.
Alors je souriais pas tant, parce que je réfléchissais déjà à ce que je pourrais faire pour m’en sortir. C’est là que j’ai vu le laser. J’ai froncé les sourcils, en me demandant ce que c’était que ce bordel. La seconde d’après, je me sentais lourd, et puis le noir. J’avais même pas eu le temps de réagir. Si j’avais eu le temps, j’aurais sûrement foutu mon poing dans la figure à ce crétin de professeur. Ou j’aurais hurlé avant de me couvrir le visage pour pas m’endormir. Mais je m’étais fait avoir comme un bleu, et j’étais tombé brusquement. C’est un putain de coup de feu qui m’a réveillé. J’avais sursauté un brin. Ca ne détend pas, les coups de feu au réveil. Alors que les autres commençaient à paniquer, moi, j’analysais déjà. Ces pauvres petits n’avaient pas l’habitude des coups et des merdes. Moi je ne connaissais que ça. Je fronçais d’abord les sourcils en me demandant où on était. Cette putain de lumière rouge allait vite m’emmerder, mais j’imaginais que je devais faire avec pour le moment. Alors, à la place, j’avançais après m’être relevé.
Si je me faisais tirer dessus je m’en foutais un brin. J’avais pas grand-chose à perdre. Sinon Mélanie. Et ça, ça me ferait bien chier quand même de pas avoir pu l’aider. Je soufflais. Bon. On était dans un sous sol et…
- On est dans un souterrain ! - Qu’est ce qu’on va faire ? - Où est le prof ? - Qu’est ce qu’il s’est passé ?!
Putain de merde. J’avais deux autres lurons insupportables, et à qui j’avais envie de casser la tête. Y étaient censés être intelligents ou pas ?! Me retenant d’en attraper un pour le taper avec l’autre je soupirais et haussais la voix :
- Ca me semble logique les débiles : le prof se fout de notre gueule et décide de faire un vrai cours de pratique, où on ne sait pas ce qu’on doit faire.
Je voyais bien qu’ils n’étaient pas contents de comment je les avais appelé, mais ça les avais calmé. Je suis sûr qu’ils étaient plus que ravis de m’avoir avec eux. Tu parles.
- Du coup c’est bon, vous êtes calmés ? Maintenant on se casse de là.
Me renfrognant, je me dépêchais de me diriger vers le coin des pièces à la recherche d’une sortie. J’aurais tout donné pour que mon groupe soit en vérité composé de Mélanie et Azzam. Des personnes mieux, en qui j’avais confiance. A la place je me retrouvais avec deux idiots que je ne supporterais sûrement pas sans leur foutre une claque derrière la tête avant la fin.
Enfin, s’il fallait, on trouverait peut être la sortie parce qu’ils restaient intelligents. N’empêche que je me demandais c’était quoi cette idée foireuse d’escape game tout pourrave. Ce prof était un malade. J’étais sûr qu’il le savait. Est-ce que l’école avait accordé cela ? Peut être. Sûrement. Vu ce qu’ils faisaient à Mélanie, ça me surprendrait même pas. Bordel.
[Je viens de penser mais j'étais pas sûr s'ils entendaient Asher ou pas j'me suis dit que non XD]
Asher Collins
Prof de l'ICP
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Chaque jour, à chaque instant, le cerveau est pourvu de plus de 14 milliards de neurones qui fusent à la vitesse de 700Km/h. Nous ne pouvons nous résoudre à avoir le contrôle sur la plupart d'entre eux. Lorsque nous avons froid : la chair de poule. Lorsque nous sommes excités : l'adrénaline. Le corps suit naturellement ses impulsions, c'est pourquoi, il est en partie si difficile pour nous de contrôler les nôtres. Bien sûr, quelques fois, nous avons des impulsions que nous préférons ne pas contrôler, nous les regrettons ensuite et c'est peut-être ce qui risque d'arriver à Asher toujours est-il que pour le moment, il se contentait de suivre le plan qu'il avait établi, un plan qui avait vu le jour sous une impulsion et qui prenait vie aujourd'hui. Etait-il machiavélique ? Certainement et il le sera encore plus aux yeux de ses élèves lorsque les masques tomberont. Cependant, il ne pensait pas à mal en agissant de la sorte. L'attitude de David, certes déplaisante, lui avait ouvert les yeux. Ces petits génies avaient besoin d'être stimulés et les cours « traditionnels » n'étaient pas la meilleure des alternatives, si ce n'est pour les faire chier. Ash avait vu plus grand que les abords d'un des gymnases du Centre. Cette vieille usine, le paradis des amateurs d'urbex, était aujourd'hui le lieu adéquat pour ce qui ressemblait à une simulation géante. D'ailleurs, le professeur était loin de se douter que ce soit par ce genre de procéder que Kassandra et d'autres caméléons, étaient stimulés, dans l'une des ailes « interdites » de l'édifice. Bien sûr, on ne les sortait jamais des bâtiments, d'ailleurs la plupart des personnes non habilités à se rendre dans ses ailes, ignoraient tout de l'existence des « caméléons » et de l'exploitation exercée à leur encontre par le Centre. Peut-être que si l'ancien militaire en avait eu vent, il n'aurait pas agi de la sorte avec ses élèves.
Le regard fixait sur l'un des écrans à sa disposition, Mr Collins observait ses élèves et plus particulièrement Mr Bass relativement calme à l'inverse de ses petits camarades incapables de gérer leur stress. Il fut d'ailleurs le premier à se lever et à avancer, suivi de près par ses camarades de galère. « Une vraie petite teigne celui-là ! » lança l'un des hommes recrutés par Ash. « - Teigne ? Le mot est faible. Un petit emmerdeur oui, mais je pense qu'il est celui qui a le plus de potentiel pour cette simulation grandeur nature. » Il enfila ensuite sa cagoule et quitta, avec son acolyte d'un jour, le poste de contrôle, pour rejoindre les méandres du bâtiment tandis que chacun des groupes progressait. « Et si ça n'était pas une simulation ? Et si c'était vraiment un psychopathe ? » lança l'un des élèves aux côtés de David. « J'ai lu bon nombre d'articles sur ces pathologies. Pour certaines personnes, il est très facile de les cacher. Il a peut-être truqué les tests psychologiques. »
« Mouais, mais imagine qu'il n'y ait pas eu de test » surenchérit le second élève. Asher était tout près, invisible, il pouvait les écouter tout en observant la moindre de leur réaction. Il semblait quelque peu déçu par l'attitude des deux pipelettes qui au lieu de chercher des solutions, se créaient d'avantages de problèmes. Par chance (si l'on peut appeler ça de la chance) la fine équipe voguait dans la mauvaise direction. Ash, toujours caché, se permit donc, par le biais de sa télécommande connectée (préalablement empruntée au Centre) de fermer la porte qui trouvait en face, droit devant à cent mètres à peine. D'autres coups de feu résonnèrent au loin, Asher en profita donc pour se rapprocher un peu plus. « Mon dieu ! Ce n'est vraiment plus drôle ! Pourquoi on ne nous demande pas juste de résoudre des équations. Tout le monde serait à l'aise-là ! » Toujours planqué, Asher espérait (peut-être naïvement) que David prenne la situation en main et fasse montre de vraies qualités de leader et d'adaptation contrairement à ses deux camarades au bout de leur vie et à court d'idée pour se sortir de ce traquenard.
« Si tu veux me prouver que je suis un connard, c'est le moment ou jamais de me surprendre Bass » songea-t-il en observant le blondinet
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Dim 3 Sep - 22:08
