C’était une soirée comme toutes les autres. Avec ma collègue, nous n’avions rien de particulier à faire. Alors, on faisait des tours dans le coin afin de s’assurer que tout était en ordre. Je me méfiais de mon binôme, je trouvais que son comportement était louche. Oui, j’étais une policière débutante, mais mon instinct ne me trompait pas sur la nature des personnes. Cette dernière me cachait quelque chose, et j’étais bien déterminée à savoir de quoi il s’agissait. Malheureusement pour moi, mes journées de travail étaient franchement longues, car cette dernière ne me parlait pratiquement jamais. Sauf quand elle me donnait des ordres.

Cela faisait une bonne heure que nous étions en train de rouler sans but précis. La radio du poste de police vint interrompre le silence. Un 1033 venait d’être annoncé au centre. Une intrusion. Bon, ca allait mettre un peu d’action au moins. Je répondis à l’appel en confirmant que nous allions nous rendre sur place et on se mettait en route. Par chance, nous étions juste à côté. Une fois arrivées, on descendait de la voiture et on prenait des lampes torches. Armes aux poings, on entrait dans le bâtiment, puis, on partait chacune dans une direction.

Mon cœur battait rapidement et j’adorais la sensation d’adrénaline que me procurait ce genre d’intervention. Tout semblait calme, mais mon instinct de policière me disait qu’une personne était ici. « Police! Sortez de votre cachette! Je sais que vous êtes là! » Je continuais de marcher prudemment tout en gardant mon arme braquée droit devant moi. Depuis que j’avais eu mon insigne, je n’avais encore jamais eu besoin de tirer sur qui que ce soit. Je regardais le sol et une trace de boue en forme de pas attira mon attention. J’entrais dans le bureau et je retirais le cran de sécurité de mon arme.

« Je sais que tu es ici, alors tu vas me faire le plaisir de sortir doucement de ta cachette en mettant tes mains en l’air. » Je ne savais pas à qui j’avais à faire et j’étais à des kilomètres de me douter qu’en réalité, je connaissais très bien la personne qui était entrée par effraction. Pour le moment, la seule question que je me posais, c’était sur le nombre de personnes qui se trouvaient ici. Ma collègue avait-elle, elle aussi trouvé des personnes? Je n’avais pas d’appel de sa part, donc je me doutais que cette dernière devait maîtriser la situation.

La pression était en train de monter et j’avais l’impression que mon coeur allait sortir de ma poitrine. Mais qu’elle ne fut pas ma surprise en voyant que la personne en question était en réalité, ma grande sœur ! Je ne l’avais pas vue depuis des années et je ne m’en portais pas plus mal pour tout dire. On dit qu’avec le temps, la blesure peut se refermer mais pas chez moi. J’ai été blessée et trahie par celle que j’admirai quand j’étais petite. Celle qui jouait avec moi et qui me protégeait. La plupart des sœurs ne s’entendent pas, mais nous, nous avions été très fusionnels.

Mon regard se posa sur elle et je baissais mon arme. Je prenais ma radio et je disais à ma collègue que le suspect avait été maîtrisé. Puis, je décidais de prendre la parole. « Ivy… Pourquoi je ne suis pas surprise de te voir dans ce genre de situation... » Contrairement à elle, je m’en fichais complètement de savoir si elle allait bien. Non, mais elle avaitée quand même exposé ma vie privée à des inconnus sans la moinre gêne pour rentrer dans son école. Alors qu’elle était douée dans ce qu’ell faisait et qu’elle n’aurait pas eu besoin de ça.

« Je vais devoir t’emmener au poste alors passe devant et on sort. Je te prévient que si tu essaies de filer, je cours vite. » J’attendais qu’elle se mette en route et je refermais la marche. Une fois sortie du bâtiment, ma collègue nous attendait adossée contre la voiture en train de fumer une clope. Elle la jeta quand elle me vit arrivé et souffla la fumée qu’elle venait d’avaler. Elle me demanda ensuite pouquoi je ne lui avais pas mis les menottes et je lui expliquai qu’il s’agissait de ma sœur.

J’ouvrais la portière de la voiture et je faisais entré ma sœur. Une fois cette dernière à l’intérieur, je la refermais et je prenais place à l’avant. Une fois arrivé au commissariat, j’emmenais ma sœur dans mon bureau afin de l’interroger. Je retirais ma veste que je mettais sur le dossier de ma chaise et je m’asseyais devant mon ordinateur qui était déjà allumé. Sans dire le moindre mot, je commençais à remplir mes documents. Comme il s’agissait d’Ivy, je pouvais déjà remplir la partie identité sans que cette dernière n’ait besoin d’intervenir. Un lourd silence régnait dans la pièce, interrompu uniquement par le bruit des touches de mon clavier.

Ma grande sœur me provoquait en me disant qu’elle serait plus rapide que moi à la course. Ah, la pauvre, si elle savait… Le jour des examens physique de mon entrée à l’école de police, j’avais fait un temps record. Mais je préférais ne pas lui répondre et je me murais ainsi dans le silence. Une fois arrivée au commissariat, je la faisais assoir et je commençais mon rapport. Ivy décida de rompre le silence. Je levais les yeux vers elle et je cessais de taper pendant un instant. Non mais elle était sérieuse? Elle croyait vraiment qu’on allait se taper la conversation comme si de rien n’était?

« Non Ivy, tu ne peux pas te permettre… Je n’ai absolument aucune envie de te répondre. Ici, ce n’est pas toi qui pose les questions, c’est moi. Ma vie privée ne te regarde plus depuis des années et je vis très bien avec. Donc, j’aimerai savoir ce que tu faisais dans ce bâtiment et ce que tu cherchais. » Ah elle était belle la réputation de la famille. Je savais très bien que tous mes collègues allaient se moquer de moi lorsqu’ils allaient apprendre qui était ma sœur et ce qu’elle faisait là.

Elle parla de notre père et je me mordais les joues pour ne pas pleurer. La mort de mon père serait toujours un sujet sensible. Il me manquait tellement, et oui, j’espérais que ce dernier était fier de moi. C’était ridicule, mais je ne rendais très souvent sur sa tombe et je lui faisais la conversation comme s’il était encore de ce monde. Oui, je savais très bien que je n’aurai pas de réponse, mais en ce qui me concernait, ça me faisait du bien. D’ailleurs, ma sœur venait manger avec ma mère une fois par semaine, bien évidemment, je faisais en sorte de ne pas être présente cette journée-là.

Ma mère souffrait de notre dispute. Elle préférait l’époque où nous étions soudées. Mais elle comprenait tout à fait la rancœur que je ressentais envers ma sœur. Au fond, elle espérait que l’on finisse par se réconcilier. Mais en ce qui me concernait, il en était absolument hors de question. Le jour où ma sœur avait exposé publiquement ma vie privée, elle avait signé l’arrêt de notre relation. Depuis ce jour, je me considérais comme fille unique et je ne reviendrais jamais mais alors jamais sur ma décision.

Le ton de voix de ma sœur avait complètement changé. Je ne levais pas le regard de mon écran et je continuais de taper avec énergie sur mon clavier. Mais à un moment, je sentis que cette dernière se levait et là, ça n’allait vraiment pas le faire. Nous n’étions pas en train de boire un café, nous étions dans un commissariat et Ivy avait fauté. Je restais vraiment calme. On avait appris dans la partie psychologie de l’école de police, que ça ne servait à rien de jouer à qui aboie le plus fort. Je me contentais donc de levers mon regard vers elle.



« Tu vas t’assoir et tu vas te calmer tout de suite. Car dans le cas contraire, je vais être obligée de te menotter à la table et je peux te dire que ce n’est pas du tout l’envie qui m’en manque. Tu n’es pas en position de force Ivy, n’oublie pas dans quel endroit tu te trouves. Tu ne veux rien me dire sur ta présence dans ce bâtiment ? Grand bien te face, je peux te mettre en garde à vue pour une durée de soixante-douze heures. Alors tu t’assois et tu la boucle. »



Je reprenais ensuite mon rapport en écrivant qu’Ivy Lov n’avait pas du tout l’intention de coopérer et encore moins de nous donner la raison de sa présence dans le Centre. J’avais beau essayer de réfléchir, je ne savais pas pour qu’elle raison elle s’y était trouvée. Mais tout ce que je savais, c’est qu’elle n’y était pas par hasard. Ma sœur ne faisait jamais rien sans raison. Une fois mon chapitre terminé, car oui, c’est long à écrire une déposition, je m’adossais sur ma chaise et je levais les yeux vers ma sœur sans rien dire durant quelques secondes.



« Tu es heureuse de me retrouver et après quoi ? Tu t’attendais à ce que je te saute dans les bras lorsque je te verrai ? Je ne sais pas en quelle langue te le dire pour que tu le comprennes Ivy. Toi et moi, c’est terminé… Tu ne fais plus, et tu ne feras plus jamais parti de ma vie. Oui, je te pose des questions car c’est mon métier au cas où tu l’aurai oublié. Donc si tu veux sortir de cet endroit, il va falloir que tu m’en dises un peu plus sur les raisons de ta présence dans ce bâtiment. »

Moins rancunière ? Alors celle-là elle était comique. Je sais que l’on dit que le temps atténue les blessures. Mais en ce qui me concernait, ma sœur m’avait donné un coup de couteau dans le dos, et il était absolument impossible que je m’en remette. En revanche, ma sœur était Je tapais ensuite ce qu’elle me disait. Elle allait sortir un article, rien d’étonant, j’avais besoin d’en savoir un peu plus. Et la personne chez qui elle avait fouillé aussi.  « Je vais avoir besoin de plus de précisions Ivy. Je me doute que tu n’étais pas dans ce bureau pour faire le ménage… Ecrire un article sur qui et pourquoi ? De toute façon, tu dois bien te douter que ton article ne sortiras jamais. C’est de la violation de vie privée et le juge fera en sorte que ton article soit détruit avant son arrivée à destination. »

Non mais si elle pensait vraiment qu’on allait la laisser faire, elle se mettait le doigt dans l’oeil et ce jusqu’à la rétine. Il était hors de question que je la laisse détruir une vie ou une réputation tout comme elle avait détruit la mienne. Je ne cessais de penser à tous les mails qu’elle m’envoyait et auxquels je ne répondais pas. Ca aussi, c’était du harcèlement. J’avais d’ailleurs programmé mon ordinateur pour que ces derniers tombent directement dans mes indésirables. Je les supprimais sans le moindre regret et ça m’allait vraiment très bien comme ça. Je faisais ma vie comme si ma sœur n’avait jamais existé.prête à effacer toute cette histoire d’un revers de la main et de passer à autre chose. Moi non… Je levais mon regard vers elle et je l’écoutais sans bouger de ma position.  « Tu t’en fou de mon avis ? Grand bien te face… Apparemment, tu t’en fou aussi de ma vie privée que tu ne t’es pas gênée de balancer aux yeux de tout le monde. »

Je tapais ensuite ce qu’elle me disait. Elle allait sortir un article, rien d’étonant, j’avais besoin d’en savoir un peu plus. Et la personne chez qui elle avait fouillé aussi.  « Je vais avoir besoin de plus de précisions Ivy. Je me doute que tu n’étais pas dans ce bureau pour faire le ménage… Ecrire un article sur qui et pourquoi ? De toute façon, tu dois bien te douter que ton article ne sortiras jamais. C’est de la violation de vie privée et le juge fera en sorte que ton article soit détruit avant son arrivée à destination. »

Ivy était très clairement en train de chercher la petite bête. Cette dernière n’était pas en position de force, elle avait donc intérêt à se calmer. J’haussais un sourcil à sa question. « Attends, je suis policière, je t’ai arrêtée en train de fouiller dans un bureau dans lequel tu es entré par effraction et tu me demandes pourquoi je m’attache à ces détails? Eh bien parce que je sais que tu ne fais jamais rien par hasard. Tu ne vas pas t’en tirer aussi facilement. Tu as des comptes à rendre Ivy… » Et ça, il fallait qu’elle le comprenne.

Le ton de sa voix se mit à monter et elle me balança tout ce qu’elle ressentait. En apparence, je ne laissais absolument rien paraître. J’avais été entraînée pour ce genre de situation. Mais intérieurement, je me mordais les joues. Je savais que ma sœur souffrait terriblement de mon silence et du fait que je sois aussi froide envers elle. Mais c’était clairement plus fort que moi… Cette dernière avait les larmes aux yeux et je ne l’avais jamais vue dans un état pareil. D’une certaine manière, ça me faisait du bien de la voir comme ça. Car moi aussi j’avais souffert et bien plus qu’elle ne pouvait le penser.

Elle avait failli me dire le mot que j’attendais depuis tout ce temps, je suis désolée Lisa. Mais elle n’avait pas fini sa phrase. Je serrais les dents et je posais mes mains sur mes cuisses. J’enfonçais mes ongles pour ne pas pleurer. « Tu vois… Tu n’es pas capable de me le dire Ivy… » Je sentais les larmes monter à mon tour et il fallait que je les arrête avant de craquer devant elle. « Eh merde tu fais chier! » Je n’arrivais plus à me retenir.

Je tournais ma chaise de bureau afin de me mettre face au mur et je laissais mes larmes couler. Oh oui, j’avais déjà versé des larmes pour elle et pour ce qu’elle m’avait fait, mais je n’avais encore jamais craqué devant elle. Au moins, elle reconnaissait qu’elle avait vraiment merdé. Mais moi, ce que j’attendais vraiment, c’était des excuses à voix haute et qu’elle écrive une lettre à son école pour avouer ce qu’elle avait fait. Je voulais qu’elle avoue publiquement cette trahison. Même si je savais que cet aveu n’allait pas avoir de conséquences sur sa profession. Je ne voulais pas qu’elle perde son travail, mais juste qu’elle dise la vérité.

« Ouais ton travail… Qui bousille la vie des gens… Il est vraiment passionnant... » Oui, les piques que j’envoyais à ma sœur étaient purement gratuit. Je voulais lui faire mal autant qu’elle m’avait fait mal. Ceci dit, je pouvais me calmer un peu, car je savais très bien que le fait de l’ignorer la faisait déjà bien assez souffrir comme ça. Mais je ne sais pas, c’était plus fort que moi. C’était un peu comme si j’avais un petit diable assit sur mon épaule, qui me disait de la frapper encore et encore alors qu’elle se trouvait déjà à terre.

Puis, les émotions que je retenais depuis tant d’années, finirent par se manifester et je ne parvenais plus à les retenir. C’était un peu comme si une grosse vague venait de me frapper en pleine figure et je ne pus retenir mes larmes. J’étais aveuglées par ces dernières et je baissais mon regard sur mes mains. Elles tremblaient sans que je ne puisse le contrôler. Je ne voulais pas craquer devant ma sœur, je voulais lui prouver que j’étais plus forte que ça. Mais ça devenait de plus en plus compliqué. Il fallait que je me sorte de cette mauvaise situation.

« Va t’en…. » Je ne savais pas si elle m’avait entendu, car je l’avais pratiquement chuchotté.Je ne voulais pas que mes collègues me voient dans cet état. Ca mettrait par terre ma réputation. J’avais récolté bien assez d’informations pour pouvoir terminer sa déposition sans qu’elle ne doive rester d’avatange. Ah… Mais je réalisais qu’elle devait signer le bas de la page et mettre ses intiales sur les autres. Tant pis, je pourrais pretexter à mon supérieur qu’elle avait eu une urgence et qu’elle était obligée de s’en aller. Je savais que ce dernier ne me ferait pas de remarque.

Je séchais mes yeux. J’étais toujours dos à ma sœur. Je prenais une profonde inspiration afin de me calmer et de reprendre mes esprits. Bon, j’allais devoir rester quelques minutes dans la salle afin que mes yeux reprennent une forme normal. Je me retournais pour lui faire face. J’avais encore les yeux rouge et Ivy n’avait pas non plus la tête du vaibqueur. Je voulais que la conversation s’arrête ici. Car si on continuait comme ça, j’allais vraiment finir par craquer complètement et je ne voulais pas que ça arrive. J’étais plus forte que ça, je devais être plus forte que ça.