J'avais reçu cette putain de balle quelques jours auparavant. Un vingt-quatre heures chez Lexie et Peter avant d'aller me réfugier au Clubhouse en oubliant d'aller dans ma maison. Je ne pouvais pas me permettre ça. Un de mes gars était venu chercher ma moto et j'étais rentré au club avec une voiture. Je restais dans ma chambre et dans la grande salle en m'occupant de nos affaires. J'aurais sans doute pu y rester en fait. J'avais pris trois jours avant de finalement envoyer quelques messages à Lexa en lui disant que si elle avait envie de me voir, que je serais au Clubhouse. Elle commençait à connaître mon univers et elle semblait l'accepter. Elle allait donc goûter à quelque chose d'autre en ce moment.
J'étais assis à une table avec une bière. Cuir sur le dos à vérifier des livrets avec mon secrétaire et trésorier. Nous devions nous assurer que tout était en ordre et mon fils était avec sa mère encore pour une bonne semaine. Je devais changer mon pansement deux fois par jour à cause des saignements et du reste. J'avais perdu des couleurs, mais rien en comparaison au teint cadavérique que j'avais alors que Lexie m'avait retiré la balle. Ne parlons pas de l'état de ma moto. Elle avait eu besoin d'un putain de bon nettoyage. Je restais assis avant d'entendre que Lexa était au portail. Je faisais signe que c'était bon pour qu'on lui ouvre et qu'on la laisse passer. Si elle devenait ma petite amie officiellement après ce soir, alors elle pourrait venir sans autorisation. Ma chambre ici serait la sienne. Elle serait complètement de la famille. Je prenais une profonde inspiration. Elle ne pouvait pas voir que j'étais blessé. Moi, qui serait toujours allé vers elle, je restais assis à ma place sans réellement bouger alors que les gars partaient avec les choses pour nous foutre la sainte paix.
- Salut ma belle ...
Je lui faisais un petit sourire en coin avant de tendre la main vers la sienne.
Je n’avais pas vu Jeff depuis quelques jours. En même temps, j’avais une période avec des mariages, des baptêmes et tout un tas de fêtes. Autant dire que j’avais du travail par dessus la tête et ça me convenait parfaitement. Je fréquentais Jeff depuis peu et j’en savais un peu plus sur lui. Bien sûr, je n’étais pas au courant de tout. Je savais uniquement ce qu’il avait envie de me dire et ça ne me posait pas le moindre problème. Pour moi, cet homme avait un très bon fond et s’était un excellent père de famille. Son fils était très heureux et il ne manquait de rien.
Nous nous échangions quand même des textos durant le temps où on ne se voyait pas. Il n’était pas du tout le genre de mec étouffant à qui je devais rendre des comptes et s’était très bien comme ça. J’allais à mon rythme dans cette nouvelle relation et ça me convenait parfaitement. J’étais en train de faire mes comptes lorsque Jeff m’envoya à message pour me dire qu’il était au club et que je pouvais l’y rejoindre. Je lui répondais que je terminais ce que je faisais et que je viendrais ensuite.
Une fois ma tâche terminée, j’allais demander à mon cuisiner de me faire quelques pizza que j’emmènerai au club pour Jeff et les autres. Une fois le tout récupéré, je me mettais en route. Une fois arrivée au portail, j’attendais que l’on m’ouvre et j’allais me garer. Je sortais les pizza et je les posais à l’intérieur. J’entrais ensuite dans la salle dans laquelle se trouvait Jeff.
« Salut. »
Je lui faisais mon plus beau sourire et j’allais lui prendre la main.
« J’ai ramené des pizza pour tout le monde. Je suis contente de te voir. »
J’haussais un sourcil. S’était la première fois qu’il ne se levait pas pour venir me voir.
Je restais assis alors que je me serais levé pour l’accueillir. Je l’aurais sans doute pris dans mes bras pour l’embrasser sans la moindre gêne. Pas aujourd’hui, pas après tout le sang que j’avais perdu et ma plaie qui n’était même pas refermée en entier après mes aventures de l’autre soir. Je la regardais approcher et j’étais incapable de cesser le sourire. Elle avait apporté des pizzas pour tout le monde. C’était bien ma belle Lexa ça. Je prenais sa main et je la portais à ma bouche pour déposer un baiser avec douceur. Je la regardais dans les yeux à ce moment-là. Elle avait bien compris que quelque chose n’allait pas.
- Je suis content de te voir aussi ma belle. T’as l’air en pleine forme. J’en connais qui vont se faire sacrément plaisir à bouffer de la pizza.
Un petit clin d'œil alors que je répondais avec un léger hochement de tête sur mon état. Je tirais la chaise pour qu’elle s’installe près de moi et non sur mes genoux. Je n’avais pas envie d’ouvrir mes points de sutures. Lexie allait me tuer si je faisais une chose pareille. Je passais une main dans les cheveux de la blonde en continuant de la regarder. Divine comme toujours.
- Ne t’inquiète pas pour moi. Je suis content de te voir. Je sais que j’ai été silencieux ces derniers jours. Sache que ça n’a absolument rien à voir avec toi. Tu n’as rien fait de mal ou quoi que ce soit. J’avais simplement besoin d’un peu de repos.
Repos forcé surtout. J’avais perdu connaissance au moins deux fois. Là, je me sentais assez à l’aise pour être ici. Hors de question de rester chez moi seul. Ça aurait été foutrement débile. Je rigolais un peu avant que l’on apporte deux bières car j’avais fait un signe de la main. Une pour ma dame et une pour moi. Je prenais une gorgée avec nonchalance avant de grimacer un peu à cause d’un élancement. Foutue fuite !
J’étais vraiment heureuse de retrouver Jeff. Même si ses messages me faisaient aussi le plu grand bien. Mais quoi de mieux que de le voir physiquement ? En revanche, je sentais que quelque chose n’allait pas et je ne savais pas quoi. Il prenait ma main qu’il embrassa et je lui faisais mon plus beau sourire. Il avait raison, j’étais en forme, depuis que je le fréquentais, je me sentais beaucoup mieux depuis que je le fréquentais. Je me renfermais moins sur moi-même. J’essayais de prendre plus de temps pour moi et de moins m’enfermer dans le travail comme je le faisais avant.
« Oui, je me sens vraiment bien. Oh ça, je n’en doute pas du tout. J’espère qu’ils vont se régaler car j’y ai mis du coeur et je les ai fait moi-même. »
Je prenais place sur la chaise qu’il avait eu la gentillesse de tirer vers moi. Il passa une main dans mes cheveux et je ne le quittais pas des yeux. Je soutenais son regard en souriant. Je ne le prenais pas du tout mal sur le fait qu’il soit resté discret ces derniers temps. Il n’avait aucun compte à me rendre en ce qui me concernait.
« Ne t’en fait pas pour ça, sache que je ne l’ai pas mal prit du tout. On a tous une vie et parfois, on est plus occupé que d’autre. Donc pour moi, tu n’as pas à te justifier. » Je prenais une gorgée de bière et je regardais Jeff, il avait mal et je ne voulais pas le forcer à me dire ce qu’il avait s’il n’en avait pas envie. « Oui, je vais bien, je prends du temps pour moi et j’essaie un peu de moins m’enfermer dans mon travail. On va dire que j’ai encore du travail à faire sur moi mais je fais des efforts. »
La douleur était encore bien présente et si je pétais mes points, j’en avais une qui allait me foutre dans un conteneur après m’avoir coupé en petits morceaux. Lexie avait un putain de caractère quand elle voulait et je n’avais pas envie de faire de la merde. J’étais calme et je prenais mes antidouleurs comme un grand garçon. J’avais un sourire en coin en regardant la belle blonde et ma main se glissait légèrement sur la sienne avant d’attirer la chaise de la dame vers la mienne comme je pouvais. Trop loin à mon goût.
- Ça mérite que l’on me garde une pointe si la reine de la nourriture italienne les a faites elle-même.
J’étais loin d’être un gastronome, mais la femme près de moi était bien meilleure que ma personne avec la cuisine. Moi, j’étais plutôt du genre à faire des choses très basiques pour me nourrir. Je ne pensais pas aux arômes. Du moment que mon fils en était heureux alors ça m’allait. Je m’excusais pour mon silence inhabituel. Je ne voulais pas qu’elle pense qu’elle en était la cause. Je la regardais dans les yeux, complètement sous son charme. Elle avait quelque chose comme une reine pour moi. Sa vie n’avait rien de facile et je la laissais venir vers moi comme elle le souhaitait. Aucune pression et c’était le plus important à mes yeux.
- Tu fais bien. L’important c’est que tu te sentes à l’aise dans le processus. Je ne suis pas un grand exemple à ce niveau il faut dire je …
- Jeff, tu pourrais venir voir un truc dans la cour ?
- Non … Demande à William
- Mais hum Will est pas
- J’AI DIT, demande à mon putain de vice-président ! Je suis occupé.
Je m’étais levé en m’appuyant sur la table. Deux gars s’étaient approchés au cas où je flancherais. Je contrôlais mes tremblements au maximum. Je me redressais en prenant une profonde inspiration. Je fermais les yeux. On me gardait à l’oeil. Pas le temps de tourner de l’oeil. Je tournais la tête vers Lexa avant de lui faire un petit sourire en coin. Je faisais deux pas avant de regarder vers le couloir des chambres. - Amène ta bière chérie, on va dans ma chambre. Je n’ai pas envie d’être dérangé.
Je laissais Jeff rapprocher la chaise sans retirer le sourire que j’avais sur mon visage. Il m’avait tellement manqué. Même si je savais qu’il n’avait pas de compte à me rendre, j’avais quand même été inquiète de son silence. Mais pour l’heure, j’étais vraiment rassurée de le voir en vie. J’ignorais ce qui avait bien pu se passer, mais il était hors de question que je lui demande. Il me le dirait s’il en avait envie. Je posais ma main sur sa joue et je plongeais mon regard dans le sien. J’espérais pouvoir passer un maximum de temps avec lui.
« Ne t’en fait pas, j’en ai fait une spécialement pour toi. J’ai même pris le soin d’écrire ton prénom sur le carton. Je suis certaine que personne ne va y toucher. »
Jeff n’eut pas le temps de terminer sa phrase, qu’un de ses hommes entra pour venir lui parler. Je n’avais pas vraiment aimé cette interruption qui venait de faire éclater la petite bulle d’intimité que nous étions en train d’avoir. Sous le coup de l’insistance de son homme, Jeff se leva d’un bon et se mit à hurler. J’avais sursauté car je ne m’étais pas du tout attendue à ça.
Il venait de se faire mal, je l’avais vu à son regard. Mais je savais qu’il était trop fier pour perdre la face devant ses hommes. Je me levais à sa demande et je prenais les deux verres de bière avec moi. Je le suivais dans le couloir et je rentrais dans la chambre. Une fois que Jeff fut entré, je prenais le soin de refermer la porte et je posais les verres sur la table de nuit. Au moins ici, nous ne serions pas déranger par qui que ce soit et ça, s’était une bonne chose.
Lexa me faisait rire et sourire. Son bonheur étant ce qu’il y avait de plus en plus important à mes yeux. Elle dégageait quelque chose que les autres femmes n’avait pas. Je ne pourrais jamais dire avec certitude ce que c’était, mais le fait est, que je l’avais entrainé dans ma vie privée. Elle ne se rendait sans aucun doute pas compte de l’importance qu’elle prenait et à quel point mon monde n’avait rien à avoir avec le sien et celui de la restauration. Je hochais la tête à ses propos concernant la pizza. Une délicate attention sachant que j’avais un petit monstre à la maison qui ne rêvait que de ça jour et nuit : Les pizzas de Lexa. Mes pâtes avec de la sauce à la viande venait de prendre la seconde place dans son petit estomac. Loin d’être un cordon bleu, je me débrouillais sans trop de mal.
Je marchais lentement dans le couloir pour me rendre à ma chambre. Je prenais la clef pour ouvrir la pièce et je laissais Lexa entrer. Je laissais la blonde refermer la porte et j’allais m’asseoir sur mon lit en poussant un soupir de soulagement. Je retirais mon cuir pour le poser à côté de moi et je me passais une main dans les cheveux avant de retirer ma chemise et ensuite mon t-shirt. Bandage bien en vu qui avait besoin d’être changé. J’ouvrais le tiroir de la table de chevet. Des capotes et du matos médical. Bah ouais, je mélangeais les deux et elle n’était clairement pas la première que j'accueillais dans cette chambre.
- Hum … Mon coeur, tu veux bien me donner la solution saline stérile qui est sur le grand bureau s’il te plaît ? Ma doc va être furieuse si je ne prends pas soin de ses précieux points de suture.
Et voilà, j’allais em faire tirer les oreilles par … Qu’est-ce que nous étions au juste ? Un couple sans avoir officialisé la chose ? Sans aucun doute. Je retirais mon pansement. Suintement séreux et sanguin. Pas d’infection. Des points intacts. C’était à l’intérieur que ça faisait mal !
Je savais très bien que Jeff ne devait pas tremper dans des affaires très nette et personnellement, je ne me mêlerais jamais de ses dernières. Ca ne me regardait absolument pas et je ne voulais pas me mettre en danger ou mes enfants. Ils étaient tout ce qu’il me restait de mon défunt mari après tout. Je savais qu’il aimait bien mes pizzas et que ses hommes aussi. Je n’étais pas du tout le genre de personnes à me rendre chez eux les mains vident. Je ne pouvais m’empêcher de sourire quand je le voyais et le plus important, je me sentais en sécurité.
Je me rendais dans la chambre avec lui et une fois ce dernier entré, je prenais soin de fermer la porte et de la verrouiller afin d’être certaine de ne pas être dérangée. J’avais besoin de passer du temps avec lui sans que l’on vienne nous interrompre toutes les deux secondes. J’appuyais mon dos contre la porte et je le regardais en souriant. Mais intérieurement, j’avais bien compris qu’il avait été blessé et que cette dernière devait être assez profonde. Il me demanda de lui donner la solution saline qui se trouvait sur le bureau. Je prenais le flacon et j’allais m’assoir à côté de lui.
« Tiens voilà. Est-ce que tu veux que je t’aide à nettoyer et à changer ton pansement ? J’ai un meilleur angle de vue que toi. » Ce dernier retira son pansement. Il avait saigné et vu le coup de colère qu’il avait eu quelques minutes plus tôt, je n’étais pas étonnée plus que ça. Je faisais profil bas, mais je ne voulais pas qu’il se fasse tuer. J’avais déjà perdu mon mari, je ne voulais pas le perdre non plus et son fils avait aussi besoin de lui plus que jamais.
« Ce n’est pas très beau, mais ça va aller, tes points sont encore tous là et ta blessure ne s’est pas infectée. » Sans lui demander son autorisation, je prenais le tout et je commençais doucement à nettoyer la plaie.
Je ne voulais pas la faire souffrir. Cependant, accepter d'être avec moi était de souffrir au final. Je prenais sur moi au maximum. Je tentais de cacher tellement de choses pour éviter qu'elle soit mêlée à tout ça, mais sa simple présence ici en disait long. Elle risquait de devenir une cible surtout si elle devenait ma femme ... Ma femme pas au sens de mari et femme, mais j'allais la considérer comme telle et les conversations qui allaient suivre allait certainement me dire dans quelle direction nous allions ensemble. Cela pouvait sembler banale, mais il en allait de sa protection. Elle avait un aperçu de se que je risquais en ce moment. Je me raclais la gorge avant de la laisser me toucher pour nettoyer ma plaie avec l'eau saline. Je la regardais en penchant la tête sur le côté. Un petit rire pour ma part avec un sourire en coin.
- Oh, je me fiche bien de comment sont mes points des sutures et je sais que je ne fais pas d'infection car j'aurais de la fièvre et pas la gueule que j'ai en ce moment.
Je venais prendre son poignet avec douceur pour stopper ses mouvements. Cette blessure pouvait bien attendre quelques secondes non ? Je prenais une inspiration et je posais mon autre main sur sa hanche pour la rapprocher de moi davantage. Je voulais entendre son cœur battre. Je voulais la garder pour moi tout seul. Ma main remontait de sa hanche pour aller a la jonction de son chandail et de son pantalon. petit bout de peau que je découvrais en continuant de la regarder dans les yeux.
- Faut vraiment que l'on parle de tout ça Lexa. Je veux savoir ce que tu veux. Moi, je sais ce que je veux, mais tu as là un aperçu de ma vie et de ce qui s'y passe ... Je ne veux d'une infirmière dans ma vie chérie ...
Je n'avais jamais été le plus doué avec les mots dans ma vie, mais je pouvais affirmer que j'étais complètement sincère en tout point. Je la regardais dans les yeux sans broncher. Moi assis et elle debout. J'attendais sa réponse.
Je souriais à ce que Jeff venait de me dire, mais je ne relevais pas la tête. Je restais concentrée sur ce que je faisais. Il avait raison et quand on faisait partie d’un club comme le sien, on devait connaître des blessures largement pire que celle-ci. « Oui c’est vrai, c’est peut-être mon côté maman qui fait que je m’inquiète un peu trop. » J’avais toujours été comme ça avec les personnes auxquelles je tenais vraiment, et s’était encore pire depuis que j’étais devenue mère de famille. Jeff interrompit mon geste en prenant doucement mon poignet. Je levais mon regard vers lui sans retirer le sourire que j’avais sur le visage.
Il posa son autre main sur ma hanche et il me tira doucement vers lui. Je le laissais faire avec plaisir. Je ressentais des papillons dans mon ventre. J’avais tellement envie de lui. Je frissonnais au contact de ses doigts qui courraient sur ma peau. Je sentais ma respiration s’accélérer un peu. Je ne contrôlais absolument rien. « Je t’écoute... » J’avais répondu dans un souffle sans le quitter des yeux. Mais à en juger par son air, je me doutais que la conversation allait être très sérieuse.
Je passais doucement ma main dans ses cheveux en souriant. « Je veux être avec toi, même si je dois avouer que j’ai peur pour mes enfants. Ma fille ça va encore, elle ne vit plus à la maison. En revanche, mon fils oui. Je ne supporterai pas de le perdre mais je sais que tu feras tout pour le protéger tout comme tu me protègeras. J’y ai réfléchi pendant un moment et oui, je veux être avec toi et te soutenir si tu en as besoin, je répondrai toujours présente et je t’aiderai pour tout du mieux possible, si tu es d’accord. »
Lexa devait comprendre l'importance et la profondeur que ça impliquait de m'avoir dans sa vie. Elle devait en comprendre les nuances et les risques. Et les risques ... Il y en avait tellement. Je la regardais dans les yeux en lui parlant car je voulais qu'elle calcule l'importance de mes mots tellement maladroit. Vouloir la faire sourire c'était indirectement de devoir la faire souffrir en même temps. La paix et la tranquillité avait un prix dans ma vie. Un prix qui se calculait en gangstérisme et en sang. Un prix qui était à la hauteur de la noirceur de mon existence.
Je l'écoutais et je comprenais ses inquiétudes concernant ses enfants. Elle aurait sans aucun doute pu me plaquer là et décider de partir que je lui aurais clairement fait comprendre de ne jamais parler de tout ce qu'elle avait pu voir ici. Non, elle ne pouvait pas parler de ce genre de choses et je crois qu'elle avait compris que la loi du silence était la maitresse de mon univers. Je venais poser un baiser sur son front avec une grande délicatesse.
- Tes enfants seront comme les miens. Je ne remplacerai jamais leur père, ça c'est sur et certain, mais je peux être présent s'ils acceptent ma présence. Chaque chose en son temps non ?
Je tendais la main pour prendre le bandage propre et je lui donnais. Je continuais de la regarder avec ce même petit sourire en coin que j'aimais avoir. Elle était réellement magnifique.
- Quand ma blessure sera bien guérie, on pourra regarder pour, peut-être, faire quelques changements. Relocaliser le garage est compliqué, mais toi et es enfants vous pourriez venir vivre à la maison. Ça sera certainement plus sécuritaire de cette façon, mais je te laisse décider
Pas de "Je t'aime" encore. Je n'en étais pas tellement prêt, mais lui offrir de venir chez moi était un gage d'amour. Je continuais à caresser ce petit bout tranquillement.
Oui, je sais, accepter d’entrer dans la vie de Jeff, s’était de la pur folie voir même du suicide. Mais en ce qui me concernait, j’avais besoin de lui. Je me sentait en sécurité en sa présence et il avait quelque chose qui me faisait vibrer à chaque fois que je le regardais. Je savais que s’était risqué, peut-être que je lui faisais trop confiance ? Je n’en savais rien. En revanche, tout ce que je savais, s’est que je ne voulais pas réfléchir. Mais en tant que mère, la protection de mes enfants était une chose absolument indispensable et non négligeable.
Oui, j’aurai pu m’en aller et le laisser derrière moi, mais je voulais trouver une solution, je voulais penser à moi et vivre ma vie comme je l’entendais. Il me donna un baiser sur le front et je fermais les yeux en souriant avant de les rouvrir et de le regarder. Il avait un regard tellement électrique. Je l’avais déjà vu en colère et s’était vraiment quelque chose d’impressionnant. Je savais qu’il ne serait jamais ainsi avec moi car j’étais facile à vivre et je savais très bien ce que j’avais le droit de dire ou non.
« Je suis entièrement d’accord avec toi ! Je suis certaine que ma fille t’acceptera sans le moindre souci, mais s’est mon fils qui m’inquiète. Oui, un pas après l’autre. »
Je prenais le bandage propre qu’il me donnait et je lui rendais son sourire. Cet homme me faisait fondre même si je ne le connaissais pas, j’étais prête à lui laisser ma vie entre ses mains. Il voulait que je vienne vivre chez lui ? Alors ça, ça allait demander un temps de réflexion. Ma maison était moderne et beaucoup plus grande que celle de Jeff. Mais ça me donnerait aussi l’occasion de totalement tourner la page.
« C’est une très belle proposition. Est-ce que tu me permets d’y réfléchir un peu ? Ta maison est plus petite que la mienne. Est-ce que tu serai d’accord que l’on fasse quelques travaux ou non ?»
L'amour était un sentiment que je trouvais à double tranchant. Il avait un côté de ce dernier qui me plaisait, mais la souffrance qu'il pouvait m'apporter me faisait un mal de chien à l'intérieur. Je me plaisais à tomber amoureux de cette femme, mais je manquais de confiance en la vie. La mère de mon fils m'avait échaudé et ne parlons pas de ce premier amour que j'avais perdu. Elle me manquerait jusqu'à mon dernier souffle. Une partie de mon histoire que je gardais au plus profond de ma personne. Un jour, je parviendrai sans l'ombre d'un doute à parler de toutes mes histoires à Lexa à coeur ouvert, mais chaque chose en son temps comme on dit.
Son fils serait une épreuve pour notre couple c'était plus que certain et je ne voulais pas être le beau-père ultra chiant qui allait prendre la place du père décédé. J'avais mes propres règles et il devrait respecter ses dernières s'il venait vivre sous mon toit. C'était aussi simple que cela sinon il faudrait lui trouver un autre lieu de résidence ou signer la fin de notre histoire. Je gardais mes réflexions pour moi et je me passait une main sur la nuque avec douceur avant de la regarder. Si belle sous toutes ses coutures et son sourire tellement charmeur.
- Tu prends tout le temps qu'il te faut pour y réfléchir. Je ne suis pas là pour te rendre la vie plus compliquée qu'elle ne l'est, mais je pense que tu as compris que je n'étais pas aussi ... flexible que toi dans la vie. Nous sommes tous différents et je suis content que tu prennes un temps de réflexion. La proposition est là. Tu m'en reparleras lorsque tu seras prête.
Je la laissais changer mon bandage avant de caresser son bras avec douceur. Je l'observais complètement absorbé par chaque centimètre de sa peau. Un petit sourire en coin enjôleur qui venait sur mes lèvres.
- Tu fais dériver mon attention sur des pensées qui ne sont pas très catholiques.
Jeff n’avait pas répondu à ma question en ce qui concernait les travaux éventuels de sa maison. Car ayant deux enfants et lui un petit garçon, nous serions un peu obligé d’agrandir le tout. Ma fille était en études à l’étranger, mais quand elle revenait, elle avait besoin de retrouver son intimité à elle et je ne pouvais pas lui en vouloir. Mais je ne fermais vraiment pas la porte à ce que m’avait proposé Jeff. Je me concentrais ensuite à changer son bandage car je ne voulais pas lui faire mal ni mal faire la chose. Je sentais sa main sur mon bras et je frissonnais.
Je levais ensuite mon regard vers lui. « Oui, je te fais la promesse d’y réfléchir très sérieusement et de ne pas te faire trop attendre non plus. Ah oui ? Tu veux bien m’en dire un peu plus ? Je suis curieuse de savoir qu’elles sont ces vilaines pensées. » Je ne voulais pas que notre fils soit un problème pour notre futur relation. Il était clair qu’il avait interêt à se soigner et qu’il allait partir en maison s’il ne faisait rien pour améliorer la situation. Certes, mes enfants passeraient toujours avant, mais il était hors de question que ma relation tombe à l’eau à cause d’un mauvais comportement. Je voulais vivre comme je l’entendais et penser à moi.
J’avais vraiment envie de Jeff. Cet homme m’attirait d’une manière que je ne pouvais expliquer. J’adorais passer du temps avec lui. Je voulais apprendre à le connaître d’avantage. Et plus si affinité bien évidemment. C’était la première fois que j’arrivais à lâcher prise de cette façon. Sans notre rencontre, je serai au restaurant dans ma paperasse ou dans ma cuisine pour tester des nouvelles recettes afin d’établir une nouvelle carte pour mes clients.
Je continuais de réfléchir en silence à la notion pour les travaux dans ma maison. Il y avait de quoi à faire avec le sous-sol car il n'était pas terminé et j'avais d'excellente notions pour faire moi-même les travaux qu'il fallait. Je continuais de voir les plans dans ma tête. Les pièces ne seraient pas les plus grandes, mais chacun aurait sa place avec le confort. La joie des vieilles maisons dans un certain sens. J'aurais sans aucun doute pu ajouter une extension à cette dernière, mais avec le garage ça risquait de devenir compliqué. Cependant, Lexa amenait mon esprit ailleurs avec tous ses centimètres de peau. Je souriais en coin en la regardant. Il n'y avait pas de meilleurs analgésiques que la peau d'une femme. J'étais épuisé et je savais qu'en bas de la ceinture rien n'irait dans le bon sens à cause de ma foutue connerie de l'autre jour.
- Comment veux-tu que je me concentre sur notre conversation quand tu es aussi sexy ? Je dois vraiment te décrire chaque détail que je te ferais si je ne serais pas dans un état merdique ou tu me connais assez pour comprendre jusqu'où j'irais ?
Je me mettais à rigoler avant de mettre une main sur mon bandage. Oh la connerie en puissance. Rire ce n'était pas bon finalement. Je poussais un soupir en continuant de caresser le bout de peau que j'avais à la portée.
- Pour les travaux, je pourrais aménager une partie du sous-sol. Les pièces ne seront pas les plus vastes, mais chacun aurait son intimité. Ça ne se fera pas du jour au lendemain à cause des putains de bureaucrate de merde et les permis. Une extension n'est pas tellement envisageable à cause du garage et je me vois mal rajouter un étage en hauteur. Ça serait bien trop laid... Viens donc passer quelques jours à la maison. J'en connais un qui serait bien content de te parler des Transformers et des Tortues Ninja pendant que je pique une sieste.
Petit monstre qui aimait tellement Lexa. Oh qu'il m'en posait des questions avec sa curiosité.
Accueil
Dim 5 Déc - 4:18
