C’était une journée qui aurait pu bien commencer. Tout était calme et nous n’avions pratiquement aucun appel. J’en avais donc profité pour continuer la paperasse que j’avais accumulé au cour du mois. Car oui, être sur le terrain avec mes hommes, s’est aussi quelque chose qui prend du temps mine de rien. Je revenais donc à mon bureau avec mon café à la main. Snow était dans son panier et dormait comme un bien heureux. La matinée passa relativement vite et la pause repas arriva. Je m’empressais de sortir manger avec mon meilleur ami qui était aussi mon collègue de travail.

Je venais tout juste de poser mes fesses sur ma chaise de bureau, lorsque un appel retenti. Il y avait une prise d’otage dans une banque non loin du commissariat. Je mettais tout de suite tous mes hommes sur le coup. Tout le monde alla rapidement mettre les gilets par balle, leurs armes et on se mit en route. De ce que l’on me rapportait, il y avait une dizaine de personnes en tout. J’espérais que tout se passerait bien car on ne sait jamais ce qui passe par la tête des preneurs d’otages. C’était un père de famille.

Ce dernier était désespéré et ne savait plus comment s’en sortir financièrement car son fils était malade et il n’arrivait plus à lui payer les soins. Vive l’Amérique… Tu parles d’une terre promise qui fait rêver… Je partais donc en première ligne pour tenter de lui faire entendre raison, mais il n’avait pas vraiment envie de négocier. Ceci dit, je réussi à le convaincre de faire libérer un otage. Mais ce n’était pas assez, je voulais qu’il les fasse tous partir. La négociation commençait à lui faire perdre patience et à moi aussi pour tout dire. Heureusement, nous avions une bonne vue de l’intérieur de la banque.

J’avais prit soin de poster mes snipers sur le toit et, dès que l’ouverture fut possible, je leur ordonnais de tirer. Manque de chance, le preneur d’otage tira sans regarder et la balle arriva directement dans mon épaule. Rien de grave car cette dernière était ressortie mais la douleur était quand même intense. Je ne me démontais pas et j’attendais qu’on le récupère et qu’on lui passe les menottes. Une fois les otages en sécurité et l’homme maitrisé, j’allais vers Eric en lui disant que je devais me rendre à l’hôpital. Je ne voulais pas que ce dernier prévienne ma femme. Elle était encore à la maison en arrêt et je ne voulais pas la faire stresser pour rien.

Je passais donc par l’entrée des urgences et je me dirigeais vers le bureau des admissions. L’infirmière qui s’y trouvait était très gentille et m’indiqua d’aller directement dans un box lorsqu’elle vit la graviter de ma blessure. Je frappais et j’entrais dans la pièce. Il n’y avait personne pour le moment. J’allais donc prendre place sur la chaise et j’en profitais pour écrire à Eric afin de m’assurer que tout roulait pendant mon absence.

Il ne fallut pas longtemps avant que la porte s’ouvre et qu’un médecin fasse rapidement son entrée. Il fallait dire que j’étais un blessé prioritaire pour les urgences. La médecin avait son nez dans mon dossier et je souriais en la voyant, malgré la douleur qui irradiait dans mon épaule. Je la connaissais, elle s’occupait très souvent de ma fille. C’était une personne en qui je pouvais avoir entièrement confiance et j’étais rassuré de savoir que j’allais avoir affaire à elle. « Bonjour docteur, je suis heureux de vous voir. Même si j’aurais préféré que ça se fasse dans un endroit un peu plus sympa. »

« Oh mais non ce n’est rien. Eh bien, une balle s’est dit que ce serait sympa de venir se loger dans mon épaule sans me demander mon avis… J’ai pris une balle perdue et elle a réussi à éviter le gilet. »

Cette dernière me demanda de retirer mon haut. Je détachais mon gilet en grimaçant et je le retirais. C’est lourd cette merde… Puis, je retirais ma chemise qui serait bonne à aller à la poubelle. Fait chier, je l’adorais cette chemise en plus. Je reprenais ensuite ma position sans bouger pour que le docteur puisse faire ton travail. Merveilleux, la balle n’était pas ressortie. J’espérais qu’elle n’allait pas devoir m’opérer car je n’avais clairement pas le temps pour ça.

« Non, je n’ai aucune allergie. Oui, il a été arrêté et heureusement, il n’a pas fait de victime. Même si ce n’est pas passé loin...»

Oh la vache ! Elle était en train de me piquer autour de la plaie et là, je serrais les dents car la douleur que je ressentais ne me faisait pas plaisir. Je suis certaine que si Eli était là, elle me dirait : Tu n’as jamais accouché alors je t’interdis de te plaindre. Et je savais qu’elle aurait raison. Nos femmes ont toujours raison. C’est plus prudent comme ça.

« Elles vont bien. Eli est enceinte de notre deuxième enfants. Alors elle est obligée de ralentir un peu le rythme sur le terrain et ça ne lui plait pas trop je dois dire. »

J’obéissais et je prenais une grande inspiration en fermant les yeux afin d’éviter de bouger.

Je riais à la remarque de Sandra sans imaginer que cette dernière parlait sérieusement. En ce qui me concernait, je pensais que cette dernière avait juste envie de détendre l’atmosphère. Je grimaçais rapidement derrière cat ça ne m’avait pas vraiment fait du bien. « Merci pour ce changement d’idée docteur. » Je calmais ensuite ma respiration car je savais très bien que ce qui allait suivre n’allait pas être une partie de plaisir. Malheureusement, ce n’était pas ma première balle mais heureusement, je n’avais jamais eu de blessures plus grave que ça.  « Très bien, allez-y. » Je fermais les yeux.

Heureusement, cette dernière m’avait anesthésié un minimum, mais je sentais quand même une douleur à certains endroits. Bon, c’était une douleur largement supportable. Je n’étais pas le genre de mec à me plaindre pour rien. J’essayais d’imaginer que je me trouvais dans un autre endroit le temps que cette dernière arrive à retirer cette saloperie de balle. Puis, j’entendis un bruit métallique dans un bol et je comprenais bien vite que cette dernière avait réussi à retirer la balle de mon épaule. Je poussais un soupir de soulagement. « Merci beaucoup ! Oui, c’est pour cette raison, Eli est a la maison pour le moment, mais nous allons vous rappeler car elle est fatiguée et elle doit éviter de porter du lourd. Je m’occupe de Sarah car je suis un peu plus souvent à la maison pour le moment. »

« Oui pas de souci allez-y. Eh bien, pour le moment s’est un peu difficile à dire. Sarah est très douée pour cacher ses émotions. Mais en tout cas, on fait tout pour la préparer et pour lui faire comprendre qu’on l’aimera toujours autant même si le bébé nous demandera du temps surtout au début.  Vous n’imaginez pas à quel point la voix de ma fille me manque... »

Une larme coula sur ma joue. C’était rare que je montre mes émotions, mais j’avais pas mal de pression en ce moment et aucun moyen de l’évacuer. Je savais que je ne verrai plus jamais ma fille marcher, elle n’aurait jamais une vie normal, mais ne plus jamais entendre le son de sa voix, s’était absolument horrible. Je séchais rapidement mes larmes. « Excusez-moi, ce n’est pas vraiment mon genre de me laisser aller de cette façon. » Je prenais une grande inspiration il fallait que je me calme. Même si craquer ne me ferait certainement pas de mal...

Je réalisais la chance que nous avions avec mon épouse d’avoir trouver deux personnes extraordinaires pour s’occuper de notre fille. Il fallait dire que cette dernière n’avait pas un caractère facile. Elle avait exactement le même caractère que sa mère et cette comparaison faisait toujours rire mon meilleur ami qui ne cessait de me rappeler que j’allais en baver doublement maintenant qu’Eli était enceinte.Et clairement, il avait raison. Elle me faisait limite peur parfois. Quand elle se mettait vraiment en colère, même le chien partait se cacher et ne bougeait plus le temps que l’orage passe. Je ne pleurais jamais devant qui que ce soit d’habitude, mais là, j’avais eu un moment de faiblesse.

« Merci, c’est vraiment gentil, vous n’imaginez pas à quel point ça nous soulage de vous avoir pour nous aider. Surtout que maintenant, comme Elisabeth est enceinte, je vais encore devoir plus m’appuyer sur vous. »

Elle était vraiment adorable de me remonter le moral. Mais il y a bien longtemps que je ne croyais plus au père Noël. Je savais très bien que la solution serait trouvée le jour où ma fille ne sera plus de ce monde. Elle avait raison, la médecin avançait mais pas assez vite à mon goût.

« Il y a bien longtemps que je ne suis plus confiant sur ça. Vous avez raison, la médecin avance, mais pas assez vite à mon goût. Merci beaucoup, vous n’imaginez pas à quel point votre soutient m’est précieux. Surtout en ce moment... »

Je prenais une grande inspiration. La blessure me lançait un peu mais j’allais survivre, j’avais connu pire dans ma carrière. Ceci dit, je devais bien avouer que je me sentais un peu seul en ce moment, je n’avais pas grand monde à qui parler à part Eric et je devais bien avouer qu’un soutient féminin ne me ferait pas de mal.

« Si vous avez terminé, je ne veux pas vous prendre trop de temps. »

J’avais mon meilleur ami Eric à qui je confiais absolument tout sur ma vie. Mais parfois, ça faisait aussi du bien de pouvoir se confier à une personne que l’on connaît moins afin de lui demander son point de vue sur la situation. La grossesse de ma femme me stressait bien malgré moi. J’avais vraiment peur qu’il arrive quelque chose au bébé et je devais bien avouer que si ce dernier devait naître handicapé, je ne sais pas comment j’allais réagir.

« Merci, j’ai vraiment de la chance de vous avoir. Garder Sarah n’est vraiment pas donné à tout le monde. En revanche, ce que je trouve problématique, c’est que je ne suis pas assez présent pour elle et je ne veux pas qu’elle croit que je l’abandonne, car ce n’est vraiment pas du tout le cas. Mais c’est difficile pour elle de comprendre, ça reste une enfant. Donc je suis un peu perdu en ce moment et le manque de sommeil ne m’aide vraiment pas non plus à réfléchir. »

Je passais une main dans mes cheveux. Un geste que je faisais lorsque j’étais nerveux. J’avais donc vidé mn sac sans vraiment m’en rendre compte. J’étais épuisé moralement.

« Je vais essayer, mais je ne suis pas le genre de personne qui arrive à rester tranquille. »

J’étais un acharné du travail et rien ne m’arrêtais pour tout dire. Je serai même capable d’aller travailler avec une jambe dans le plâtre. Car même si mes membres ne pouvait pas fonctionner, ma tête le pouvait encore. Je prenais l’ordonnance que cette dernière me tendait. Je sentais que la douleur était en train de se réveiller. Oh, j’avais connu pire et j’en connaîtrais certainement encore d’autre.

« Merci beaucoup docteur. »

Je me levais et je récupérais mes affaires. Je sentais que la pièce tournait un peu, j’avais du me lever un peu vite.

« Je vous promets de rentrer me reposer. »

Ouais, finalement, s’était peu-être une bonne chose. Je ne voulais pas risquer de faire un malaise sur la route où travail et je ne serai pas en mesure de pouvoir réfléchir comme je le devais.

Kassandra était vraiment bienveillante. Je l’appréciais vraiment beaucoup et j’étais rassuré de savoir qu’elle s’occupait de Sarah avec Lexie. J’avais trouvé des perles et je ne voulais surtout pas les perdre. J’avais fait tombé mon masque d’homme fort et impénétrable devant elle. Il fallait croire que j’en avais besoin. Je savais que je ne devais rien garder pour moi, mais j’avais toujours été comme ça. Elle avait raison quand elle disait que je devais me reposer. D’ailleurs, ma blessure allait vraiment être handicapante car je n’allais plus pouvoir porter ma fille comme je le devais pour l’aider dans son quotidien.

« Oui, votre conseil est très sage. Je vais vraiment essayer de m’y tenir. En revanche, savez-vous si votre sœur est disponible ? Car avec ma blessure et Elisabeth enceinte, nous allons avoir des difficulté à nous occuper de Sarah comme nous devrions. »

Je me levais en grimaçant. Mon épaule était douloureuse et j’allais en avoir pour un petit moment. Ce genre de blessure ne tombait jamais bien. J’haussais un sourcil.

« Sérieusement ? Un fauteuil roulant ? C’est pas mes jambes qui ont un souci et j’ai un minimum de fierté. Non, ne vous embêtez pas, je vais appeler mon collègue, il va venir me chercher et me ramènera directement chez moi. Mais avant toute chose, j’aurai besoin de savoir si votre sœur pourrait être disponible quelques heures ce soir ? »

Car si elle ne pouvait pas venir, j’allais devoir m’organiser afin de trouver une personne qui pourrait passer la nuit chez nous et clairement, ça allait être la crise car Sarah avait du mal à faire confiance aux personnes qu’elles ne connaissaient pas. Ma fille avait son petit caractère et je savais parfaitement de qui elle le tenait. Même si je disais le contraire devant ma femme. 

En attendant que Kassandra me réponde, je prenais mon téléphone et j’envoyais un message à Eric pour que ce dernier vienne me chercher. Il me répondit rapidement par la positive et je profitais pour texter ma femme dans la foulée. Il est clair que j’allais me faire engueuler même si je n’avais vraiment pas du tout fait exprès de me prendre une balle perdue. Mais vous connaissez les femmes non ? Une fois mes messages envoyés, je rangeais mon téléphone dans la poche intérieur de ma veste.