Nous étions un couple heureux et sans histoire. J'avais toujours été fidèle à ma femme. Elle m'avait toujours rempli de bonheur, mais je devais avouer que ce n'était pas facile tous les jours depuis que mon père était revenu dans le décor. J'avais l'impression d'être en pleine crise de la cinquantaine. Autant le dire franchement, je n'arrivais plus à m'épanouir dans mon travail comme enseignant comme je l'avais fait durant des années auparavant. Je ne savais pas trop ce qui se passait en fait, mais une chose était claire : Je ne voulais pas renouveler mon contrat pour l'année suivante. Je voulais continuer mon travail comme pompier.

Je ne comptais pas abandonner le piano. Cet instrument était toute ma vie et je continuerai jusqu'à ma mort à caresser les touches de mon immense bébé dans le grand salon. J'aimais l'entendre et me laisser aller sans la moindre retenue. Je continuerais de me produire pour Lexa pour le plaisir tout simplement. J'aimais beaucoup donner des cours également, mais le piano était délaissée pour les guitares électriques et la batterie beaucoup plus «cool». Comme nous étions une journée tranquille de dimanche et que mon père ne viendrait pas avant la fin de l'après-midi, je décidais d'aller faire mon jogging habituel avec le monstre chapardeur de dinde. Kassoulet était de bonne humeur et adorait avaler les kilomètres avec moi comme jamais. Je maintenais le rythme parfaitement avant de finalement stopper pour reprendre pleinement mon souffle. Je n'étais pas au bout du rouleau et je profitais de la ville alors que mon gros bébé jappait après un écureuil un peu trop courageux.

Je revenais ensuite à la maison où m'attendait une bonne odeur de café. Rose était réveillée et je m'appuyais contre le cadre de la porte de la cuisine antique pour la regarder à l'oeuvre. Kassoulet allait immédiatement près d'elle et poussait sa main pour avoir un minimum d'attention. Il l'aimait sa maman ce gros voleur. Je m'approchais doucement et je glissais mes bras autour de sa taille alors que j'étais en sueur. Je posais des baisers dans son cou sans la moindre retenu.

- Tu es belle ce matin. Je t'ai déjà dit que tu étais belle ?

Kassoulet tentait de se glisser entre nous et je rigolais.

- On a un jaloux.

Rien à faire avec Kassoulet. Ce chien était l’idiot du village le plus possessif au monde. Je ne comptais plus le nombre de fois qu’il avait été tue l’amour avec nous. Alors que j’étais plein de sueur et que je posais des baisers dans le cou de ma femme, ce grand imbécile tentait de nous séparer. Je continuais de rire en le regardant faire. Kassoulet allait à son bol d’eau et je continuais de poser des baisers dans le cou de ma femme.

- Notre petit tour était parfait, mais pas autant que toi. Tu devrais préparer le four, j’ai envie de te manger.

Je rigolais gentiment avant de la lâcher pour aller prendre ma douche. Je montais les escaliers de la maison rapidement avant d’aller dans la salle de bain. Je mettais mes vêtements dans le bac et je laissais l’eau couler. Je me lavais ensuite assez rapidement. J’avais la tête pleine et j’espérais que Rose ne serait pas fâchée que je ne renouvelle pas mon contrat pour enseigner. Je sortais et j’enfilais un pantalon noir avec une chemise. Je retroussais les manches lentement avant d’aller dans la cuisine. L’odeur était encore plus délicieuse. J’étais complètement mort de faim.

- Cette odeur est absolument divine Rose. Tu as cuisiné quoi exactement ma chérie ?

J’allais dans le réfrigérateur pour prendre un verre d’eau bien glacé avant de m’asseoir. Je ferais la vaisselle par la suite. J’attendais pour manger qu’elle soit près de moi. Je la regardais avec un petit sourire en coin.

- Alors, ton travail à la mairie ça va toujours ? Pas trop de soucis avec le maire ?

Je n’avais jamais vu le personnage en personne, mais il avait tout intérêt à ne pas faire chier ma femme.

C’était une conversation des plus banales comme nous en avions eu des milliers et pourtant j’allais lui annoncer quelque chose de différent. Cette décision qui allait changer un peu notre avenir, mais qui allait me redonner le sourire dans une certaine mesure. Je n’en pouvais plus de l’enseignement. J’aimais me produire, j’aimais toujours autant le piano, mais j’étais essoufflé de répéter la même chose année après année.

- Oh super. J’adore tes côtes levées ma chérie.

Je prenais une gorgée d’eau en restant totalement surpris de la voir prendre du vin à cette heure de la journée. Il était midi. Je fronçais les sourcils en mangeant alors qu’elle me disait que son travail se passait bien.

- Hum hum … Je peux savoir depuis quand tu ouvres une bouteille sur l’heure du midi Rose ? Ce n’est pas dans tes habitudes. Quelque chose te tracasse ? Quelqu’un t’as cherché la merde ? Tu n’as quand même pas une mauvaise nouvelle à m’annoncer ?

L’inquiétude était lisible dans mon regard. Je ne voulais pas qu’il arrive de mal à ma femme. Je voulais qu’elle soit heureuse et qu’elle resplendisse la joie. Nous avions assez souffert de toute façon. Je cessais de manger et je posais ma main sur la sienne avec douceur pour la serrer. Je croyais devoir lui annoncer un truc, mais j’avais peur que ça soit elle qui ait quelque chose de grave à me dire. Kassoulet s’approchait doucement pour se coucher sous la table. Il était à l’affût du moindre morceau qui tomberait. Il aurait été obèse si nous l’avions eu avec de jeunes enfants.

- Tu sais que tu peux tout me dire ma chérie… Je sais que j'ai été occupé avec mon travail à la caserne, mais je ne veux pas que tu te sentes délaisser. Je veux que tu te sentes bien et heureuse dans notre vie.

Avais-je été réellement heureux depuis la disparition de Kassandra ? Un bonheur plutôt futile et trop simple à mon goût en fait. J'aurais aimé ressentir de la plénitude, mais ça n'avait pas été le cas. Je serrais la main de Rose avec douceur. Seigneur, j'espérais également qu'elle n'était pas malade. Ce serait le pire de savoir qu'elle souffrait en silence.

Cette femme allait me rendre dingue un jour. Elle venait de faire monter ma pression comme un dingue. J’étais assez sur les nerfs comme ça à l’idée de lui dire que je ne renouvelais pas mon contrat d’enseignement et que j’acceptais le poste à plein temps à la caserne. Un travail beaucoup plus risqué en soi en final, mais qui semblait redonner un certain sens à ma vie. J’avais eu beaucoup de difficulté depuis quelque temps alors ce n’était pas plus mal. Elle posait sa main sur la mienne pour me rassurer et je faisais oui de la tête.

- Non, non… C’est de ma faute j’ai un peu … Désolé… Je m’emballe pour rien. Tu sais à quel point je t’aime ma chérie.

Je prenais sa main et j’y posais un baiser. J’aimais ma femme profondément. Certains pouvaient croire que je l’aurais trompé après tout ce qui était arrivé, mais non. J’étais resté fidèle comme jamais. Invivable parfois, car je jouais beaucoup trop de musique pour me défouler jusqu’à tard dans la nuit, mais toujours fidèle. Je n’avais jamais failli et je ne comptais pas le faire. Le silence restait cependant lourd entre nous. Je n’avais pas vraiment faim et je poussais un soupir en posant les couverts. Je devais lui dire alors autant ne pas mettre de gants blancs. J’ignorais comment elle allait réagir.

- J’ai décidé de ne pas renouveler mon contrat avec l’école et de prendre le poste à plein temps à la caserne à la place. Je vais continuer à jouer du piano et de donner des cours privés …

Je la regardais dans les yeux à cet instant. J’aurais un salaire plus gros. Pratiquement le double et je ferais moins d’heures. Combien de fois est-ce que je passais des nuits entières à corriger des copies pour mes élèves ? Combien de fois est-ce que je perdais du temps à régler des soucis à la place de parents beaucoup trop absents ? Je ne me sentais plus à la hauteur et je pense que Rose en avait pleinement conscience. Ma femme était intelligente, mais j’avais peur qu’elle pense que j’étais totalement inconscient.  

Je l’avais dit. Je lui avais révélé que je ne comptais pas renouveler mon contrat d’enseignement et que j’allais me concentrer sur le boulot de pompier à plein temps. C’était plus payant et je n’en pouvais plus de refaire le même programme jour après jour. Je m’étais complètement perdu dans l’enseignement au final. J’avais agi sur le mode automatique sans trop de poser de question. Un moyen de pallier à la disparition de notre fille bien-aimée. Je l’écoutais me répondre et je joignais mes mains ensemble. Je savais qu’elle allait s’inquiéter. Mon père allait dire que j’avais enfin retrouvé ma virilité après toutes ces années.

- Je le fais déjà comme volontaire. En ayant un poste à plein temps, j’ai les avantages qui vont avec. Je ne ferai plus des journées ici et là et je pourrai avoir un horaire pour te voir davantage. Tu sais parfaitement que je suis prudent Rose. J’ai besoin de changer d’air … J’ai besoin de me renouveler sinon je ne vais plus tenir. J’agis comme un automate à l’école. Je suis complètement sur le pilote automatique et ça n’a rien d’intéressant pour mes élèves. Je préfère partir avant de devenir comme tous ces enseignants grincheux et hostiles. Je préfère terminer sur une bonne note …

Je me levais et j’allais la prendre dans mes bras. Je m’accroupissais, car elle était assise. Je posais un baiser sur le dessus de sa tête avec douceur en caressant ses cheveux. Rose était le genre de femme qui s’inquiétait toujours beaucoup. Depuis la disparition de Kassandra c’était devenu pire et en vieillissant ça n’avait pas arrangé les choses. Elle couvrait beaucoup Lexie et je faisais de même. Je m’étais cependant plus détaché de notre fille qu’elle. Je lui laissais de l’air, car j’étais heureux de la voir s’épanouir dans sa vie d’adulte. Je savais que je pouvais lui faire confiance. En fait, je l’espérais profondément. J’avais besoin de lui faire confiance. Elle allait devenir médecin et nous rendre fiers.

- Je serai prudent je te le promets mon amour. Je compte garder mes beaux sourcils pour toi.

Je reposais un baiser au niveau de sa tempe. Je voulais jouer un peu la carte de l’humour sachant que je me sauvais dès qu’elle arrivait avec sa pince à épiler pour me faire les sourcils.

 

Hors de question ! Hors de question que mon paternel se pointe le bout du nez dans ma maison ! Pourquoi ? Parce qu’il allait tout critiquer. La moindre chose que je faisais ce n’était jamais assez parfait pour Lieutenant général Watson. J’avais toujours l’impression d’être le fils raté, celui qui n’avait jamais réussi à ses yeux. Je poussais un soupir en faisant une moue à ma femme. Il n’était pas méchant. Il avait juste un caractère de merde et le langage plus que coloré qui allait avec tout simplement.

- Je crois que je préfère encore la pince à épiler que de le faire venir pour lui annoncer la bonne nouvelle.

Je prenais alors mon assiette et les couverts sales pour commencer à faire la vaisselle. Je jetais les restes dans le bac pour le composte. Je commençais à faire couler l’eau. Je savais que mon père serait heureux, mais je savais aussi que j’allais me prendre des remarques dans fin de sa part. Je savais comment il était ce vieux grincheux.

- Je l’entends déjà me dire : Ah bah ! T’as enfin trouvé ta paire de couilles après tout ce temps ? T’as fini de jouer à la tapette dans ton salon avec ta musique ? Tu es enfin un homme ! Bon sang de bonsoir ! Il faut fêter ça avec du whisky, de la bière , du steak et des frites ! Le cholestérol, ça n’existe pas ! C’est une invention des médecins pour s’en mettre plein les poches et nous garder en vie plus longtemps !

Je lavais la vaisselle en même temps que je faisais mon imitation à deux balles de ce vieux grincheux. Rose devait être morte de rire. Je me retournais pour regarder ma femme dans les yeux. Même Kassoulet me regardait en penchant la tête sur le côté en ayant l’air de se demander pourquoi j’imitais son grand-père favori.

- Ne me regardez pas comme ça ! Bon d’accord ! D’ACCORD ! On l’invite … Ah bordel … Je ne peux pas croire que je vais faire ça … Avoue quand même que mon imitation est réussie ma chérie ! Rose … Approche un peu.

Je faisais signe à ma femme de s’approcher et je mettais de la mousse sur son nez en rigolant.

- Tu as encore un truc ici.

Et j’en ajoutais encore comme si j’étais un adolescent complètement fou de sa petite amie. Seigneur que j’aimais cette femme de toute mon âme.

Cette femme, j’en étais complètement fou depuis que je l’avais rencontrée. Il y avait quelque chose entre elle et moi de tellement puissant. Elle me rendait heureux et nous avions prouvé, aux yeux de tout le monde, que nous étions un couple fort et solide. Nous avions été dans une noirceur si intense et aujourd’hui, j’avais enfin un peu d’espoir dans un avenir meilleur. Je la taquinais en mettant de la mousse sur le bout de son nez avant qu’elle ne se décide à se venger comme elle savait si bien le faire. Je souriais comme jamais avant de la prendre en la soulevant en mode poche de patates pour la mettre sur mon épaule. J’osais même lui taper une fesse. Un claquement intense qui me faisait rire.

- Ah non madame Watson. Je n’ai pas de cheveux blancs à cette quantité. Il y a une vilaine femme qui a décidé que je devais en avoir. Je devrais me venger !

Je l’entraînais dans la maison en rigolant avant de monter à l’étage. Heureusement que j’étais dans une excellente forme physique sinon ça aurait été un calvaire. L’avantage d’avoir toujours continué de m’entraîner comme un militaire portait ses fruits dans un certain sens. Je posais ma femme sur notre lui et je mettais sur elle. Je l’embrassais dans le cou avec douceur en rigolant et en souriant.

- Ça fait combien de temps, madame Watson ? Hum ? …

Je glissais une main sous son chandail pour aller caresser sa poitrine et je continuais mes baisers langoureux. Kassoulet venait de s’effondrer dans le corridor sachant qu’il devait laisser papa et maman tranquille durant un moment. J'espérais simplement que nous ne serions pas dérangés. Elle avait toujours été la femme la plus belle à mes yeux malgré ses deux grossesses. Son corps était le sien et je l'aimais pour chaque millimètre. J'étais loin de me douter que j'allais finir ce petit moment dans les bras de ma femme comme un jeune amoureux que j'étais il y a beaucoup trop d'années. Cette fougue que je retrouvais par moment signifiait que notre amour était toujours aussi vivant.

Cette femme était mon monde. Rose avait été là alors que tout le monde nous tournait le dos en nous disant que l’on ne retrouvait jamais notre fille. Nous nous étions soutenus tour à tour dans cette épreuve totalement improbable que la vie nous avait réservée. Nous aurions pu divorcer, mais non. Nous étions toujours ensemble et plus fort que jamais. Je soutiendrai toujours ma femme dans ses projets et je savais que celui que je venais de lui dire n’était pas le plus facile à accepter. Elle l’avait pourtant fait, car elle savait que cela me rendrait heureux. Je souriais en coin en l’amenant dans notre chambre alors que notre gros Kassoulet s’amusait à aboyer. Je ne ferai jamais de mal à ma femme et il le savait. Je la posais sur le lit avant de me mettre au-dessus d’elle en souriant comme un adolescent. Seigneur que je l’aimais et que je la trouvais belle.

- On rattrape le temps perdu alors, madame Watson ?

Je glissais ma main et je retirais son haut et son soutien-gorge sans la moindre gêne. Je souriais toujours avant de la regarder en jetant le soutif le plus loin possible de nous.

- Pas besoin de ça. C’est superflu pour notre activité. C’est de la peau que je vois là ? J’ai faim.

J’embrassais son cou et je descendais vers sa poitrine en continuant de sourire comme un jeune homme. Je profitais de ce moment de gaminerie entre nous. Je caressais le corps de ma femme comme si ce dernier allait disparaître. Heureusement que je n’étais pas en service comme pompier volontaire, car je n’étais jamais à l’abri d’un appel. Je continuais donc ma petite exploration avant de la mettre complètement nue. Je n’avais plus de tee-shirt dans la foulée et je la regardais dans les yeux en prenant une pause.

- On a des capotes ?

Je faisais une blague. J’avais une vasectomie depuis très longtemps. Nous n’avions plus l’âge de faire des bébés de toute façon. Je savais qu’elle allait me traiter de gros con, mais j’aimais bien mon humour à moi.