Un bouquet pour la plus délicate des fleurs feat. Rose Watson

J'avais toujours été un homme suffisament proche de ma famille. Bah, par famille j'entendais surtout mon fils, sa femme et leur charmante fille, ma belle Lexie. Lexie étudiait comme une dingue et je l'avais aidé en cachette alors que sa relation avec mon fils et sa femme n'était pas au mieux. La pauvre enfant peinait à joindre les deux bouts et je n'avais que ça à faire mon fric bon! J'étais en ville depuis peu au grand désespoir de mon fils qui avait l'impression de retrouver ses seize ans car je le grondais pour un oui ou pour un non. Il faut dire que je n'avais jamais accepté son amour pour le piano et la musique. C'était pas un boulot pour un homme! Oh! que non! Il semblait retrouver ses testicules en étant pompier volontaire. Si ça pouvait lui faire plaisir tant mieux !

Aujourd'hui, j'enfilais une belle chemise bleu et un jeans avant de monter dans mon pickup Ford. Un beau gros truc bien américain comme je les aimais. Je me rendais chez le fleuriste du coin et je poussais la porte avant de grogner en sentant l'odeur. On aurait dit que la boutique avait explosé. Ça sentait le vieux salon mortuaire une véritable torture ambulante. Je m'approchais des réfrigérateurs avant de me planter devant avec les mains dans les poches. Un homme s'approchait en étant beaucoup efféminé à mon goût. C'était quoi ça ? Mon père devait se retourner dans sa tombe paix à son âme.

- Bonjour monsieur. Vous désirez des petites fleurs à offrir à votre gentille mamie ?

- Elle est morte.

Le malaise le plus complet alors qu'il tentait de se fondre en excuse. Je continuais de grogner alors qu'il me parlait d'une couronne de roses avec pleins de trucs.

- Je t'ai pas dit quand elle était morte grande folle ! Ah bordel... File moi un bouquet de marguerites avant que je crève sur place.

Il s'empressait de faire ce que je lui demandais et je regardais autour. Je décidais aussi de prendre une peluche alors qu'il revenait. Un husky mignon selon certain et puéril pour mon oeil défraîchi. Je revenais dans le camion en me disant que la peluche serait pour Lexie. Je me rendais donc chez mon fils. Je me stationnais dans la cours avant d'aller cogner pour découvrir l'une des plus belles créatures de Dieu. Rose m'ouvrait avec son sourire et je lui tendais le bouquet de fleurs.

- Tu sais à quel point le chocolat tombe dans les fesses alors je t'ai acheté des fleurs... Comment tu vas ?

Je lui faisais la bise avec douceur avant d'entrer dans la baraque gigantesque.

- Payant les heures supp de pompier. Imagine la vie que tu aurais Rose s'il ferait autre chose qu'enseignant de musique!

Je venais tout juste de terminer mon jardinage. J’étais partie tôt ce matin-là pour être la première à l’ouverture des magasins. Je n’aimais pas quand il y avait trop de monde. J’aimais prendre mon temps et j’avais trouvé tout ce dont j’avais besoin. J’avais envie de changer mes arrangements. Une fois rentrée, j’étais partie me changer et je m’étais mise au travail. Jardiner m’aidait à ne pas trop penser et ça me faisait du bien. J’avais besoin de m’occuper l’esprit tout le temps sans quoi, il m’arrivait encore parfois de craquer. On dit que le temps atténue les blessures, mais je ne suis pas vraiment d’accord avec ça.

Une fois mon travail effectué, j’allais me prendre une douche et me changer. Je me servais un bon verre de limonade et j’allais lire un peu assise dans le salon avec Kassoulet à mes pieds. La sonnerie interrompit ma lecture. Je me demandais bien de qui il pouvait bien s’agir. J’allais ouvrir la porte et je fus heureuse et surprise de voir mon beau père avec un bouquet de fleurs et une peluche. J’étais contente de le voir, il n’avait pas de filtre et j’avais toujours apprécié son côté un peu brute de décoffrage qui avait tendance à choquer un peu les gens.

« Bonjour Edward, merci beaucoup, c’est une délicate attention. »

Je me poussais pour le laisser entrer et je levais les yeux au ciel avant de refermer la porte et de me retourner. Il avait toujours été tranchant sur la profession de son fils. Moi, j’avais toujours encouragé mon mari car je trouvais que c’était beau de pouvoir vivre de sa passion. J’allais mettre les fleurs dans un vase et je revenais ensuite avec de quoi boire que je posais sur la table basse. Je lui tendais un verre.

« Vous êtes vraiment venu ici pour me parler de ça ? Vous savez très bien que je l’encouragerai toujours, peu importe ce qu’il choisit de faire de sa vie. Il a toujours eu besoin de la musique et encore plus depuis que...» Je stoppais ma phrase et je fermais les yeux.

Rose était une femme splendide. Avoir eu 40 ans de moins, je lui aurais fait la cours. Évidemment, c’est si mon adorable Betty n’avait pas été dans ma vie. Ma tendre épouse avait été mon monde et le resterait jusqu’à ce que je me foute les deux pieds dans la tombe !

- Ah bah quand on est bien élevé on amène des fleurs à une belle femme même si c’est notre belle-fille. Je trouvais que les roses faisaient salon mortuaire alors j’ai pris des marguerites car elles sont plus colorées et les Lys ca puent que le diable ! J’ai horreur de ça. On dirait l’odeur d’une petite vieille qui tente de se remarier à quatre-vingt-dix ans.

Je m’installais dans le salon alors que le chapardeur de dinde venait à ma rencontre. Je caressais le gros bébé velu avec énergie. J’adorais cette belle bête qui avait de l’énergie pour trois. Je prenais le verre que me tendais Rose et je souriais à cette dernière.

- Je te remercie Rose. Mais non, je ne suis pas venu pour parler du boulot d’Aaron. J’ai bien d’autres choses à faire. Je sais que la musique l’a aidé lorsque la petite à disparu. Ça me fait mal à moi aussi chaque jour tu sais… On est là pour se soutenir et non pour se taper dessus Rose. Cette ville a l’air plutôt bien même si je préfère le Texas ou Pearl Harbor. Vous comptez repartir après la fin des études de Lexie ou alors vous allez rester dans le coin définitivement ?

Je m’étais acheté une maison ici car je voulais les voir plus souvent. Oui, malgré le fait que j’étais un vieux grincheux, j’aimais les miens et ceux qui composaient ma famille. Aaron restait mon fils unique. Rose était comme une fille depuis toutes ces années et j’étais bien fier d’aider la belle Lexie dans ses études.

Mon beau père n’avait jamais eu sa langue dans sa poche et je ne pouvais pas lui en vouloir. C’était quelque chose qui faisait partie de sa personnalité et je l’aimais pour ça. J’aimais les gens vrais qui disaient ce qu’ils pensaient et qui ne se cachaient pas derrière un masque. J’étais contente que ce dernier vienne me voir. C’était une chance de l’avoir proche de la maison. Je me sentais en sécurité d’ailleurs grâce à ça. Quand il passait à l’improviste comme aujourd’hui, il avait toujours une petite attention pour tout le monde et je trouvais vraiment ça adorable.

« C’est vraiment gentil, elles sont vraiment magnifique et leur odeur me fait penser à la montagne. J’y suis allée en voyage quand j’étais adolescente avec l’école et j’avais vraiment trouvé ça génial. En effet, c’est vraiment un très bon choix. »

Mon beau père eut à peine le temps de s’assoir, que Kassoulet venait directement lui réclamer des câlins. Il était vraiment incorrigible ce gros nounours. Je prenais place en fasse de lui. Mon coeur se serrait quand il parlait de ma fille disparu, mais j’avais apprit à vivre avec. C’est vrai que si on déménageait, on allait devoir en parler avec lui aussi.

« Je ne sais pas encore. Mais c’est vrai qu’idéalement, j’aimerai bien déménager et la suivre. Depuis la disparition de Kassandra, j’ai besoin de voir Lexie le plus souvent possible. J’ai du mal à dormir de la savoir loin et parfois, quand elle tarde à répondre à mes messages, je suis à deux doigts de la crise d’angoisse… Je sais que je la surprotège un peu trop, mais c’est vraiment plus fort que moi, je n’arrive pas à lui lâcher la bride comme on dit, et je sais qu’elle m’en veut un peu pour ça. »

Je prenais mon verre et je buvais une gorgée de ce dernier. J’espérais que si on déménageait, il allait venir avec nous. Mais pour le moment, on avait pas encore parlé avec Aaron. Ceci dit, le temps passait vraiment vite et il allait falloir que l’on en parle sérieusement.

L’école. C’était une notion très lointaine dans mon esprit. J’étais devenu militaire relativement jeune et je m’étais concentré là-dessus. Pas d’Université pour moi. Les formations de l’armée faisaient le travail. Je me mettais à rire alors que le poilu venait demander sa dose de câlins. Je ne pouvais pas refuser ça à ce pauvre animal.

- L’école. Seigneur! Je crois que j’ai tout oublié en dehors de lire et écrire ! Pas étonnant que c’était Betty qui s’occupait des devoirs d’Aaron! J’étais complètement paumé devant ces trucs de … comment ça s’appelle déjà … Ah puis merde c’est sans importance.

Je faisais signe à Kassoulet de s’asseoir. Il m’écoutait et je sortais un biscuit pour chien de ma poche de manteau. Je lui faisais signe de se rasseoir à ce gros impatient. Je gardais le biscuit dans mes mains et je ramenais mon attention sur Rose qui me parlait. Toujours écouter une femme avec attention. C’est ce que mon père m’avait appris.

- Surprotège ? Le mot est faible Rose ! Elle a une vie d’adulte notre Lexie ! C’est un beau brin de femme qui ressemble pas mal à Betty quand elle était jeune. Il faudrait que je retrouve une photo de Betty. On s’est rencontré en … Bah merde j’ai oublié . KASSOULET WATSON !

Le chien venait de me piquer mon biscuit et partait tout heureux avec la queue dans les airs pour aller dans un coin manger son biscuit. Je levais les yeux au ciel. Ce chien était un véritable gouffre sans fond pour la bouffe. Je me passais une main dans les cheveux avant de regarder ma belle-fille dans les yeux.

- Tu sais ma belle Rose. Il faut laisser Lexie faire ses propres expériences. Par contre, si un gros connard lui brise le coeur, je me ferais une joie immense d’aller lui briser les dents. Il ne faut pas sous-estimer ma force et mon petit caractère. Non sérieusement Rose … Donne-lui de l’air. Elle viendra te voir en cas de besoin. Même Aaron a appris à faire une coupure. Ce qui tient du putain de miracle si tu veux mon avis.

Je remettais une mèche derrière mon oreille tout en l’écoutant. Je savais très bien qu’il avait raison et que je risquerai de briser les liens que j’avais avec ma fille si je continuais de la materner ainsi. Mais pour une mère, c’est compliqué de faire autrement parfois. Je souriais quand il disait que Lexie devenait une jolie jeune femme. Sur ce point, ce n’était pas moi qui allait dire le contraire, mes filles étaient parfaite et elles avaient toutes les deux leur charme. Une tenait plus de moi et l’autre d’Aaron. J’éclatais de rire quand Kassoulet partit avec le biscuit.

« Kassoulet tu es pas possible. Je sais, vous avez raison, il faut que je me calme et que je la laisse faire ses propres expériences. Je ne pensais pas que ça aurait été si dur. Ceci dit, si un homme lui brise le coeur, j’espère qu’il sait courir vite. Car entre vous et Aaron, il y a de très fortes chances pour que ce garçon passe un mauvais quart d’heure. Mais je ne suis pas inquiète, elle est largement capable de se défendre toute seule, elle a hérité du caractère de son père. »

Je souriais à sa dernière phrase.

« Oui c’est vrai, Aaron a du prendre sur lui pour la laisser un peu tranquille. C’est vrai que ça n’a pas été facile pour lui non plus. Mais je vais vraiment faire mon possible pour faire la même chose et lui laisser de l’air. »

Je terminais ma boisson et je souriais à mon beau-père. J’avais de la chance de l’avoir avec nous. Il était aussi un très bon soutient et je pouvais passer le voir à n’importe quel moment si je n’allais pas bien. Il y avait des fois où j’en avais eu besoin et il avait toujours répondu présent. Cet homme était incroyable.

Le caractère de Aaron. Mon fils était une pseudo grosse guimauve qui manquait de couilles par moment. Je m’étais même demandé s’il n’était pas un homosexuel refoulé avec sa passion pour le piano. Oui, j’étais un homme rempli de préjugé et ma famille le savait parfaitement. On m’avait élevé comme ça et dans l’armée on ne faisait pas de cadeau à ce sujet, bien que les choses étaient moins pire avec le temps. Dans mon jeune temps, un homo aurait passé un sale quart d’heure.

- Ouais ! Il faut la laisser faire ses expériences de vie. C’est une jeune fille très bien. Elle est absolument fantastique et elle me rend totalement fier. Je suis certain qu’elle sera la meilleure médecin que l’on puisse avoir. Elle est tellement intelligente. Elle retient ça de sa mère et de son grand-père Watson.

Je faisais un clin d’oeil à Rose avant de boire ma boisson. J’étais de bonne humeur aujourd’hui. Enfin, certains pouvaient penser que non, mais c’était le cas. J’évitais de poser mon regard sur le piano et je fronçais les sourcils en regardant un petit trou dans le mur.

- Nom d’un petit marin à la dérive ! Aaron n’a toujours pas réparé ce fichu trou ? Ça fait trois fois que je lui dis. Raaaaah la la …

Je me levais en sifflant le chien. Ma belle-fille n’avait rien à dire. J’étais un vieil homme après tout. Je me rendais dans la remise et je fouillais en prenant ce qu’il fallait pour faire la réparation. Kassoulet jappait et courrait dans le jardin en chassant les écureuils. Je le sifflais à nouveau avant d’entrer le matériel dans le salon et je commençais à faire la réparation alors que le husky s’échouait sur le sol.

- Alors ma belle Rose. Est-ce que tu te plais ici ? Tu aimes la maison ? La ville et tout ça ? Moi, je t’avoue que le Texas me manque. Un petit rodéo le vendredi soir. Ah et le café du Star machin chose c’est réellement de la merde ! Même le café avec l’eau recyclée du navire goûtait moins la pisse que ce truc. Heureusement ma belle-fille favorite sait faire du café.

Je souriais à ce que disait mon beau-père. Je réalisais la chance que j’avais de l’avoir pas loin de chez nous. Il avait été d’un tel soutient lors de la disparition de Kassandra. Je ne pourrais jamais l’oublier, mais il fallait que je me concentre sur Lexie et Edward avait raison, je devais lui laisser faire ses propres expériences et cesser de l’étouffer. Lexie était une jeune femme prudente et je savais très bien qu’elle ne se mettrait jamais en danger inutilement. A la limite, si la tentation de l’appeler serait trop forte, je pourrais toujours appeler mon beau-père. Cet homme avait une telle force de caractère.

« Oui, je sais, vous avez tout à fait raison. Je vais vraiment tout faire pour lui lâcher un peu plus la bride. Je suis tellement fière qu’elle ait choisi cette profession. Je suis certaine moi aussi qu’elle deviendra une grande médecin. Depuis toute petite, elle a toujours été attirée par le médical. C’est une véritable vocation. »

Je suivais le regard de mon beau-père et je me passais une main dans les cheveux avant de le regarder à nouveau et de sourire.

« Votre fils ne cesse de me dire, je vais m’en occuper ce weekend et au final, j’attends toujours. Mais vous n’êtes pas obligé de….»

Je n’avais même pas le temps de finir ma phrase que ce dernier était déjà en train de sortir avec Kassoulet pour aller chercher le matériel pour réparer ce fichu trou. Je souriais en le regardant faire. Je savais très bien que je n’avais rien à dire de toute façon.

« Merci, c’est vraiment gentil, est-ce que vous désirez rester manger avec moi ? Aaron ne rentrera pas pour déjeuner et j’ai préparer du rôti. Il y en aura largement assez. Eh bien, pour répondre à votre question oui, j’aime bien cet endroit et je m’y sens à l’aise. Mais si nous devons déménager pour Lexie, je n’aurai aucun souci à le faire. Et vous ? Vous nous suivre si ça devait arriver ?» J’éclatais de rire. « Oh mon Dieu, je suis vraiment d’accord avec vous, il est infect et pour moi, ce n’est pas du café. »

Mon fils étant un homme travaillant. Je n’allais clairement pas dire le contraire. Il était du genre à brûler la chandelle par les deux bouts. Il aurait même fait un excellent marine s’il s’en était donné la chance. Mais non. Monsieur avait décidé de jouer à la tête forte et il avait été une grande déception. Je le soupçonne encore aujourd’hui d’avoir expressément ruiné sa carrière militaire pour faire du piano. Bordel qu’il me rendait fou dans il le voulait celui-là ! Encore heureux qu’il fût mon seul et unique enfant, car là, j’aurais plus que gagné mon ciel ! Je ne l’avais jamais dit à Rose et Aaron, mais j’avais continué les recherches de mon côté avec mes ressources. Ça n’avait rien donné, mais je ne lâcherai jamais le morceau pour retrouver mon petit rayon de soleil compteur d’écrous sur un navire de guerre ! De doux souvenirs de cette enfant trop heureuse d’accompagner «lieutenant général papy Watson». Mon poste avait des privilèges et j’en avais fait profiter mes petites filles. Une semaine à dix jours en mer à apprendre. J’aurais bien aimé en voir une biologiste marine. Ça aurait été beau ça … Enfin bref, je réparais ce putain de trou !

- Laissez une dame manger seule ? Tu me prends pour qui Rose bordel de merde ?! Je ne vais pas te laisser manger seule ! Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre … On appelle ça la courtoisie. Une femme ne mange jamais seule si un homme est là!

Le café de cette ville était réellement de la merde. J’en gardais un putain de mauvais souvenir! Et Dieu seul savait que j’avais goûté à beaucoup de cafés qui goûtaient la putain de chiasse dans ma vie ! Saint-Sacrebleu de journée au temps de merde bon Dieu de bon soir ! Il commençait à pleuvoir ! J’avais bien fait d’aller chercher les choses pour réparer le trou. En réalité, j’avais même pris le coffre à outils en entier pour aussi augmenter le débit d’eau dans la salle de bain. Vieille maison de merde qui ne demandait qu’une once d’amour.

- Moi ? Suivre ? Évidemment que je vais suivre ! Casser les couilles à mon fils c’est ce qui me maintient en vie tu devrais le savoir. Bon ! Voilà ! Plus de trou ! Je sablerai après le repas et je mettrai une couche de préparation et ensuite la peinture. Ça ne paraîtra plus du tout ! Tu as toujours eu du goût pour le café ma petite Rose. Alors … On mange quoi avec ce rôti ? Tu vas faire ta fameuse sauce au poivre j’espère ? Betty … Paix à ton âme ma puce, sa sauce est meilleure que la tienne.

J’avais fait un signe de croix par habitude et regardé le ciel pour parler à ma défunte épouse. Betty devait en entendre de toutes les couleurs simplement lorsque je me levais le matin.

Ce que j’aimais vraiment beaucoup avec mon beau-père, c’est qu’il trouvait que la galanterie était importante peu importe l’époque dans laquelle on vivait. Les femmes devaient être respectées. Il avait vraiment très bien élevé son fils de ce côté-là. Je souriais en écoutant son franc parlé habituelle. Quand les filles étaient petites, je lui faisais souvent les gros yeux, car je ne voulais pas que leur premier mot soit des jurons. J’aimais bien l’avoir à la maison. Mais je ne voulais pas le faire venir pour qu’il s’occupe de tous les travaux qu’Aaron avait laissé en plan. Même si je savais que je n’avais rien à dire sur ce coup-là.

« Alors parfait, je vais aller m’occuper du repas. »

J’avais tout préparé en avance et j’avais déjà mis mon rôti au four car c’était le genre de plat qui demandait des heures de cuissons. Je me levais et j’allais dans ma cuisine. Je me lavais les mains et je mettais mon tablier que j’avais reçu comme cadeau pour la fête des mères. Lexie me l’avait décoré avec ses mains et de la peinture pour textile quand elle était en maternelle. Il ne m’avait jamais quitté depuis. Je commençais à peler les pommes de terre. Je voulais accompagner mon plat d’une purée maison et de légumes.

« C’est parfait, merci beaucoup. Oui, c’est étrange, mais je me doute que votre passe temps favori c’est de faire suer votre fils.Bien sûr ! Cette sauce est parfaite avec mon rôti. J’ai prévu une purée maison et des légumes. »

Bon, connaissant mon beau-père, je me doutais que les légumes seraient juste pour moi. Mais ça ne me posait pas de problème. Je souriais quand je voyais qu’il s’adressait à son épouse. Cette femme était tout pour lui même si elle était morte. Une fois la purée prête, je m’attaquais à la sauce.

« Désirez-vous un autre café ? »

Ah ma Betty ! Paix à ton âme ma chérie! Bon sang que cette femme me manquait jusque dans le fin fond de mes vieilles couilles semblable à des raisins secs ! Et je confirmais que le fait qu’elles soient sèches me convenait parfaitement dans cette putain de vie ! Rien à foutre d’avoir une vie pleine de sexe ! J’avais autre chose à faire que de m’astiquer le bâton de virilité en regardant des vieux Playboy des années soixante-dix. J’avais d’ailleurs encore de ses magazines dans un vieux carton que je refusais de jeter. La nostalgie sans aucun doute d’une époque révolue … Bah oui ! Je suis vieux bon ! J’avais terminé de boucher ce trou de merde que mon incompétent de fils était incapable de boucher ! Non, mais ! Je ne l’avais pas élevé comme ça. Je rangeais les outils avant de me rendre dans la cuisine. J’écoutais Rose avec un petit sourire en coin.

- Des lé-quoi ? Je connais pas ! Betty me prenait pour un lapin ! J’avais horreur de ça ! La salade et l’herbe c’est pour les hippies et les ruminants point barre ! La purée avec beaucoup de sauce c’est comme ça que je me maintiens en forme ! En plus de faire suer Aaron bien évidemment !

J’ouvrais et je fermais le robinet en fronçant les sourcils. Je sortais alors mes lunettes de ma poche de chemise en regardant le jet d’eau avec une attention toute particulière. Il n’était pas régulier. Ah seigneur ! Encore un truc à faire ! Heureusement que je n’avais pas rangé la boîte à outils ! J’allais en avoir besoin à nouveau.

- Oui, oui ! Un café … Comment ça se fait … Et ton évier là … L’eau stagne trop … Ça manque de constance et de succion.

Je me tournais pour regarder le chien dans les yeux en descendant mes lunettes sur le bout de mon nez.

- Kassou, mon vieux partenaire, nous avons une mission plomberie à faire moussaillon !

Peu importe ce que dirait Rose, j’allais en faire mon affaire de ce robinet et ce lavabo de cuisine de merde ! Je mettais le coffre à outils sur le comptoir loin de la nourriture et je sortais tous les produits de sous l’évier.

- Non, mais quel bordel ! Même un rat mort ne voudrait pas de cet endroit comme dernier tombeau ! De l’eau, du vinaigre et un bon vieux savon à vaisselle et l’affaire est ketchup Rose ! Pourquoi tu t’encombres d’un reluisant à je-sais-pas et de … C’est quoi cette merde ? Super dégraissant capable de tuer un chat et d’épiler les couilles d’un mammouth ?!

Je regardais ma belle-fille par-dessus mes lunettes. Bah quoi ? J’avais raison ou pas ?

Je levais les yeux au ciel en souriant. Mon beau-père et les légumes, ça n’avait jamais été une histoire d’amour. Je savais très bien que mes filles n’en mangeaient pas quand elles allaient chez lui. Heureusement, il était en forme de ce que je pouvais voir en tout cas. Franchement, il était très bien foutu pour son âge. Mais il n’avait jamais voulu se remettre avec une autre femme et je pouvais très bien le comprendre. Si mon mari en arrivait à mourir, je ne pourrai pas me remettre avec un autre homme moi non plus. Je lui serai toujours fidèle.

« Pourtant, je peux vous assurer que mon gratin de courgettes va vraiment super bien avec ma sauce au poivre. Mais comme on dit, on ne peut pas obliger un âne à boire s’il n’a pas soif. Donc je n’insisterai pas. Merci beaucoup d’avoir rebouché ce trou. J ‘ai longuement hésité à le cacher avec un cadre car je ne pouvais vraiment plus le voir. »

Je commençais à préparer ma fameuse sauce au poivre car le rôti n’allait pas tarder à être prêt, ainsi que mon gratin de courgettes dont Aaron raffolait. Je voyais mon beau-père froncer les sourcils.

« Un autre souci ? »

Je lui remplissais à nouveau sa tasse.

« Oh ce n’est pas grave, il a toujours été comme ça. Ca ne me dérange pas plus que ça pour tout vous dire. »

Une fois sa tasse remplie, j’allais m’occuper de terminer ma sauce. Kassoulet s’assit devant Edward et aboya en signe de confirmation. Je regardais mon beau-père faire du coin de l’oeil. Il sortait tous les produits qui se trouvaient dessous. J’éclatais de rire, j’adorais son franc parler.

« Je ne sais pas, j’ai toujours utilisé ça. Le repas va être prêt. Vous pouvez vous occupez de ça plus tard ? »

Je m’occupais de dresser les assiettes.

Cacher le trou avec un cadeau au lieu de le réparer. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre. Je levais les yeux au ciel en grognant avant de me concentrer sur l’évier de la cuisine. Je sortais les trois cent cinquante produits de Rose avant de relever la tête en la regardant dans les yeux. Elle me faisait quoi là ? Elle était sérieuse en me disant que ça pouvait rester ainsi. J’alignais les bouteilles alors que Kassoulet se foutait la tête sous l’évier pour regarder avec moi ce qui se passait.

- Bah moi, ça me dérange ! Alors on va faire un peu de plomberie histoire que cette maison tienne le coup.

Je caressais le chien avant de recevoir un peu trop d’amour de sa part. Je protestais comme d’habitude en grognant avant de le repousser. Kassoulet restait près de moi avant que Rose ne sonne la soupe. Je me relevais avec mes vieux genoux bien craquants et j’allais m’installer à la table. J’attendais que ma belle-fille soit installée et je joignais mes mains pour faire une prière.

- Mon Dieu, je vous remercie pour cette putain de bouffe sur la table. Je vous remercie de prendre soin de ma belle-fille même si elle utilise des produits ménagers hors de prix capable de tuer un être vivant juste en les regardant. Amen.

Je me mettais à manger avec le sourire. Une petite prière à la Edward Watson. Kassoulet se couchait près de moi en l’attente d’un petit surplus ou d’un accident fâcheux. Je regardais la belle Rose avant de lui lancer un compliment sur sa nourriture. Elle avait toujours été une excellente cuisinière.

- Aaron m’a dit que Lexie avait un homme dans sa vie. Je crois qu’il ne l’aime pas. Je dois m’inquiéter pour la petite ? Je pourrais discuter avec Lexie si elle a envie de voir son grincheux de papi. Il est où le poivre ?

Oui, j’ajoutais du poivre à une sauce au poivre…

Mon beau-père était l’homme le plus serviable que je connaissais. Bon, d’accord, il avait un langage bien à lui et un âne était clairement moins têtu que sa personne, mais il avait vraiment le coeur sur la main. Ma maison tenait encore debout et l’évier avait toujours été comme ça d’aussi loin que remontaient mes souvenirs. Je l’utilisais malgré tout et je n’avais jamais eu de dégâts pour le moment en tout cas. Je le laissais donc faire tout en continuant de préparer mon repas. Il allait en rester largement assez pour que je puisse faire une assiette pour mon mari et que mon beau ère reparte avec un lunch.

« Bien, je vous laisse faire. »

Je le regardais faire du coin de l’oeil en souriant. Ils étaient trop mignon tous les deux. Kassoulet était un peu trop démonstratif par moment et je ne pouvais pas lui en vouloir. L’odeur de mes plats embaumaient toute la maison. Pour espérer avoir un peu la paix durant le repas, je préparai la gamelle de ce dernier car je savais qu’il allait passer tout le repas à jouer le mendiant avec sa tête de pauvre chien battu et j’avais horreur de ça.

Je déposais les assiettes et je nous servais à boire avant de joindre les mains. C’était une tradition mais je devais bien avoué que depuis l’enlèvement de ma fille, je m’étais un peu détournée de Dieu que j’avais prié sans relâche au tout début de sa disparition. Mais ce cher créateur ne s’était pas montré réceptif à mes appels. A sa prière, je ne pu m’empêcher d’éclater de rire. Je ne m’attendais pas du tout à ça.

« Amen. »

Je commençais à découper mon morceau de viande tout en l’écoutant. Ah… Le sujet du petit ami était un sujet un peu sensible, mais heureusement mon mari n’était pas avec nous. Je me levais pour lui apporter le poivre et je reprenais ma place.

« Oui, sauf que cet homme a dix ans de plus qu’elle. Donc pour tout vous dire, je ne sais pas vraiment quoi en penser. Cette situation ne plait pas du tout à votre fils. En ce qui me concerne, si c’est un homme bien qui la rend heureuse, je ne vois pas où est le souci. Je suis surprise qu’elle ne soit pas venue vous en parler. Je sais à quel point elle est proche de vous. »

Rose me laissait faire. Encore heureux bordel de merde ! Je n’avais pas envie qu’elle vienne me dire comment arranger mon robinet de cuisine. C’était moi l’homme dans cette famille. Cependant, la dame avait décidé que c’était l’heure de sonner la soupe. J’allais m’asseoir avant de faire une petite prière à la lieutenant général Watson. Un peu de jurons et beaucoup trop de sincérité. Non, mais merde ! J’étais un homme franc moi ! Je faisais rire ma belle-fille et je profitais de l’occasion pour lui faire un petit clin d’oeil en prenant le poivre. Bien évidemment, il n’y avait pas de musique dans cette cuisine. Ça m’agaçait un peu.

- Elle a peut-être peur de froisser papi. J’aime mieux qu’elle aille un homme d’expérience d’une grande tapette folle qui s’applique du fond de teint. Je comprends que ça ne plaise pas à Edward, mais le moussaillon a intérêt à ne pas briser le coeur de mon petit coeur sinon c’est le lieutenant général qui débarque en mode commando.

Je mettais trop de poivre dans mon assiette. Évidemment, je n’allais pas le dire à la dame, mais je venais de gâcher sa sauce. Je me levais d’un coup avant d’aller vers la vieille radio sur le comptoir. Je mettais mon poste favori et on entendait du bon CCR. Ça, c’était de la vraie musique et pas un truc dégueulasse avec de l’électronique.

- On se croyait dans un salon mortuaire. Là, au moins, on a une petite ambiance. Tu sais, j’adorais mettre CCR lorsque nous étions en mer. Ça avait le don de remonter le moral des troupes. C’est long trois mois en mer.

Je donnais un morceau de rôti avec de la sauce extra poivre à Kassoulet. Le chien le mangeait avant de tousser en recrachant le morceau.

- T’es certaine qu’il est comestible ? Kassou n’en veut pas.

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