La liberté ! On la savoure encore plus lorsque durant la moitié de votre vie, on vous en a impu-nément privée. Jarod en avait conscience, il lui restait tant à apprendre, mais au moins il était libre à présent et pourrait de ce fait, mettre à profit son temps libre pour jouir des bienfaits de la liberté. À commencer par prendre ses propres décisions sans chercher à obtenir l’aval de quiconque. Parfois, par habitude, sûrement, son regard cherchait la petite lueur rouge d’une caméra en marche. On l’avait observé durant la moitié de sa vie, il était donc difficile pour lui, de ne pas avoir la sensation d’être épié. Par chance et parce qu’il était dehors depuis plus d’un an, cette désagréable sensation s’étiolait peu à peu. Il y avait aussi cette quête de justice qui lui prenait un temps considérable et l’empêchait de trop pensait au Centre et à ceux et celles qu’il avait laissé derrière lui. Ce n’était pas tous les jours faciles tant les fantômes étaient nombreux et parfois, il suffisait de pas-grand-chose pour raviver la culpabilité – les D.S.A entre autre, qui traînaient dans une mallette dont jamais le caméléon ne se séparait en déplacement. Car oui, il bougeait beaucoup, assez pour avoir presque visité tous les grands états de ce beau pays et il ne manquait pas une occasion pour le partager avec Sydney, ou narguer Mademoiselle Parker par le biais de divers colis qu’il abreuvait généralement « de conneries » pour titiller gentiment la patience de la chasseresse attitrée du Centre. Il lui arrivait aussi parfois de faire montre de plus de maturité et d’adresser à son amie d’enfance, de véritables présents. Car c’était tout lui ça et malgré tout ce qu’on lui avait fait subir, Jarod n'en demeurait pas moins profondément généreux et peu rancunier avec celles et ceux, qui un jour, avait compté pour lui. Une générosité qu’il dédiait aussi à de parfaits inconnus, en témoigne les carnets rouges dans lesquels le caméléon réunissait des articles mettant en exergue des personnes victimes d’injustice qu’il prenait à cœur de mettre à mal, utilisant pour se faire ses capacités et son intelligence hors du commun. Il ne fallait pas y voir, une façon de flatter son ego, une notion qui lui échappait qui plus est. Non Jarod avait choisi de dédier sa vie aux autres, une façon pour lui de rendre ce monde meilleur. L’on pouvait y voir une forme d’immaturité due à toutes ces années de captivité – la réalité était toute autre et l’altruisme trouvait ses racines dans la culpabilité et la trahison.
« Bon, vous avez fait votre choix ? » La voix du glacier ramena notre caméléon à la réalité et face à un choix cornélien. « - Oui ! » finit-il par faire entendre en posant son regard sur le bac contenant de la vanille, une saveur particulière qui trouvera toujours grâce à ses yeux et dont aujourd’hui encore, il ne pouvait se passer. Le glacier s’exécuta donc et tendit un cornet, une boule vanille des éclats de chocolats et une animosité en une inadéquation avec le métier, mais qui n’offusqua pas notre génie qui, le sourire aux lèvres, alla prendre place sur un banc, non loin de là. Le cornet d’une main, il ouvrit de sa main libre, son carnet rouge sur la dernière page qui évoquait l’histoire de ce jeune garçon battu à mort en raison de sa sexualité et qui venait de sortir du coma. Plus loin dans l’article, l’on pouvait y lire, l’arrestation des agresseurs, retrouvaient par un inspecteur dont le nom n’apparaissait nulle part mais dont on louait l’investissement dans une affaire qui aurait dû être classer. Jarod esquissa un léger sourire avant de refermer précautionneusement son carnet et ainsi savourer sa glace avec plus de facilité. Son regard fut vite attiré par la boutique d’en face, un disquaire à en juger par la devanture. Deux enceintes sur les extrémités, laissaient entendre de la musique, un genre que jamais encore le caméléon n’avait entendu. Charmé, il finit sa glace et prit la direction du commerce. À peine la porte franchie, une petite clochette se fit entendre attirant sur Jarod l’attention du vendeur qui lui offrit un léger sourire. Le caméléon n’avait jamais vu un tel magasin. Il y avait des rayons de disques à perte de vue, des vinyles pour la plupart. Happé par la curiosité, il commença à déambuler, sans trop savoir ce qu’il cherchait ici. Il se souvient alors de la petite ma-demoiselle Parker, qui le sourire aux lèvres et vêtues de son uniforme d’écolière, lui parla de musique classique avant d’évoquer un certain Ziggy Stardust. « - Excusez-moi ! » se surprit-il à faire entendre en s’approchant du gérant. « - Vous auriez des disques de Ziggy Stardust ? » Il semblait si naïf, loin de se douter qu’il était question d’un avatar et non de l’artiste en question.
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Cela faisait longtemps que je n'étais plus revenu là. Enfin, longtemps. Deux mois à tout casser. J'avais bien assez de CDs dans mon stock pour n'y aller que rarement. Surtout qu'avec l'ère d'internet, je téléchargeais bien comme j'avais envie. Mais la musique restait un pan de ma vie à qui j'accordais une grande importance. J'aimais en écouter, en profiter, être bien, là. Dans le silence des paroles de mes parents qui étaient assez loin pour que je ne les entende pas. Seulement, j'avais envie d'avoir de nouveaux CDs. C'était probablement purement matérialiste, mais je commençait à accumuler de l'argent de poche à ne plus quoi savoir en faire, et mes économies atteignaient des stades impressionnants. A y réfléchir, si je continuais comme ça, j'allais pouvoir me barrer loin. Mais je n'avais pas le droit d'utiliser ma carte bleue, et la seule vraie argent de poche auquel j'avais le droit, j'en avait aussi fait des économies, mais bien parce que je ne savais pas quoi acheter parfois. J'attendais aussi patiemment que ma carte bleue me soit disponible pour peut-être partir. Bref. On s'en foutait, toujours est-il que j'avais du fric, et que j'avais besoin de le dépenser. D'autant que "papa" - qui pouvait appeler un être pareil, papa ? - avait encore hurlé parce qu'un professeur avait cafté mon "mauvais comportement". Malgré le temps un brin clément ce jour là, j'avais quand même mis un gros pull. Aucune envie qu'on voit mon bras.... Malgré toutes les défenses que je pouvais faire, ce connard continuait encore de m'atteindre.
Je m'approchais des CDs et observais ce qu'il y avait. La musique qui passait était désagréable, alors j'avais envie de me dépêcher. D'habitude, ils passaient des bons trucs. Du genre de la bonne vieille pop des années 70. Mais là non. Là c'était de la techno, et moi qui ne supportait pas quand les sons que je n'aimais pas étaient trop forts, j'avais envie de me boucher les oreilles. Mais je savais faire avec. Supporter. Faire comme si tout était normal.
Je tentais de me concentrer sur ce que je cherchais, mais j'entendis la voix d'un homme qui venait de rentrer. Je le détaillais. Je ne l'avais jamais vraiment vu, et il semblait juste normal. Je me désintéressais de lui, jusqu'à ce qu'il pose une question cheloue. Des disques de Ziggy Stardust ? J'eus un léger rire, que je ne pus pas retenir. Un rire moqueur. Sérieusement. Il parlait bien d'une chanson, mais en semblant parler d'un artiste. Donc il ne savait pas ce qu'était Ziggy Stardust. Et pourtant, il avait clairement l'air de venir de l'époque de ce truc.
Je vis que le vendeur était aussi confus, et j'en profitais pour y ajouter mon grain de sel. Parce que clairement j'en pouvais plus de cette musique pourrave.
- C'est une bonne idée ça. Vous voulez pas le mettre et qu'on arrête d'écouter de la merde ?
Je m'en foutais bien de savoir que le vendeur allait probablement faire la tronche à mes paroles, parce que j'avais un large sourire. Allons, le client est roi, surtout que j'en rajoutais :
- Genre vous pourriez mettre Moonage Daydream....
Jarod Russel
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Jamais encore depuis son évasion, Jarod n'avait vu pareille boutique. Il ignorait d'ailleurs qu'il était possible de vendre, de stocker, et même d'exposer autant de cd, de vinyles et autre support audio. Et fort de cette nouveauté, il s'était gentiment approché du commerce, savourant la musique qui se dégageait des hauts parleurs installés aux quatre coins de la devanture. C'était agréable ! Tellement que le caméléon se laissa tenter et pénétra l'intérieur d'une véritable caverne d'Ali baba pour les fins mélomanes. Sur les murs, l'on pouvait voir quelques vinyles accrochés, certains ( d'une grande valeur) étaient encadrés et dédicacés. Et que dire de la multitude de bacs, qui comportaient tout autant de cd que de vinyles. Tous les styles musicaux y étaient rassemblés et les artistes classés par ordre alphabétique, mettait en exergue la méticulosité des personnes qui travaillaient en ces lieux. Trois pour être exact. Des jeunes étudiants pourvu d'un t-shirt noir à l'effigie du disquaire et à disposition des clients pour les guider. « J'ai le droit ? » La voix d'un Jarod plus jeune, résonna alors dans sa tête et le ramena quelques années en arrière. Sydney, le sourire aux lèvres, était parvenu à faire entrer un tourne-disque et le vinyle qui allait avec. Elle acquiesça lorsque le petit Jarod lui demanda la permission d'écouter de la musique. Cela faisait partie des quelques récompenses dont sa préceptrice l'affublait lorsqu'elle le pouvait. Plus tard, ce fut au tour de Mademoiselle Parker de débarquer le sourire aux lèvres avec un bien étrange appareil, lui bien plus petit qu'un tourne-disque et pourvu d'un casque qu'elle déposa sur la tête de son comparse en pressant une touche qui diffusa aussitôt ce qui se trouvait sur la cassette affublée de l'appellation « compilation » écrit par les soins de la demoiselle avec l'un de ses vernis à ongles préféré.
La musique avait donc une part spéciale dans le cœur meurtri du caméléon, qui l'associait de ce fait, aux rares moments d'accalmie qui lui eut été donné de vivre au Centre durant sa captivité. Et c'est tout naturellement vers ce qu'il « connaissait » qu'il s'aventura loin de se douter qu'il n'existait pas de Ziggy Stardust. Que ce dernier n'était autre que l'un des nombreux avatars que c'était choisi David Bowie sur scène. Une information à la portée de tous, ce qui sembla étonner la personne à qui le caméléon avait choisi de s'adresser. Un rire d'abord léger, puis moqueur se fit entendre. Jarod vit alors à quelques mètres un jeune homme pourvu d'un pull épais. Un détail qui le surprit au vu du climat extérieur prompt à se découvrir plus qu'à se couvrir « - J'ai dit quelque chose d'idiot c'est ça ? » lança-t-il avec bienveillance à son nouvel interlocuteur qui n'hésita pas à faire entendre au vendeur, qu'il était peut-être temps de changer de playlist. Outré, l'homme préféra rester calme tandis que Jarod observait le jeune homme avec un intérêt soudain. « - C'est quoi Moonage Daydream ? » demanda-t-il en prenant grand soin de bien prononcer le nom qu'il venait d'entendre. « J'ai compris ! » lança quant à lui le vendeur en s'éloigna pour se rapprocher du comptoir et mettre un terme à la playlist actuelle.
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Ah ça, pour avoir dit quelque chose d'idiot, il avait dit quelque chose de super con. Ce mec devait rien y connaître en musique, ou au moins pas de cette époque, pour pas connaître Ziggy Stardust ni ce que c'était. J'avais un grand sourire, et je hochais largement la tête. Je me foutais un peu de sa poire, mais je m'en curais totalement. De fait, je mis mes mains dans mes poches, alors que je m'adressais au vendeur qui fit la tronche. Là, l'autre demanda ce que c'était Moonage Daydream et je continuais de sourire de façon un peu moqueuse :
- T'es marrant toi. Mais Moonage Daydream c'est...
La playlist sembla soudainement s'allumer et je pointais du doigt les enceintes qui diffusait la musique à présent
- C'est ça. Et le chanteur que t'entends c'est David Bowie. Et c'est tiré de ce que tu cherches : l'album Ziggy Stardust.
Je sais pas pourquoi je lui donnais toutes ses infos. En vrai, j'aurais carrément pu laisser le vendeur s'en occuper, et m'occuper de mes fesses. Mais que quelqu'un ne sache pas ce qu'était Ziggy Stardust... Non, j'avais l'obligation d'ouvrir ma bouche, il fallait que ce type apprenne ce qu'était de la bonne musique en prime. Je lui pointais aussi du doigt le rayon des années 80 :
- Et si tu le veux, a mon avis il est là bas. Mais fait gaffe, il s'appelle "The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars." pas juste "Ziggy Stardust"
Je pointais finalement là où j'étais juste avant. J'y retournais d'ailleurs, je n'avais toujours rien trouvé qui pouvait m'intéresser dans le tas. Et j'avais déjà l'album de Ziggy Stardust. Mais j'étais quand même curieux de voir comment ce type inculte allait s'en sortir. Par pur amusement.
Jarod Russel
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Les jours, les semaines, les mois étaient passés à une telle vitesse depuis son évasion du Centre, pourtant, et ce, malgré ses efforts, Jarod n'était pas encore parvenu à tout rattraper de ses années de captivité. Les choses les plus simples pouvaient lui échapper et parfois, bien malgré lui, il devenait l'un des protagonistes d'une scène ubuesque pour le commun des mortels. Sans préjugés, le caméléon n'hésitait pas à mettre en exergue son manque de connaissance sur certains domaines – ici celui de la musique – si bien qu'il était difficile pour ses interlocuteurs de vraiment le prendre au sérieux. C'est vrai dans le fond, comment un homme de cet âge, pouvait-il ne pas connaître David Bowie, d'une part et d'autres références qui ne semblaient faire défaut à personne ici. « - J'ai surement vécu dans une grotte ! » ajouta le caméléon le sourire aux lèvres. C'est une expression qu'il avait souvent entendue, assez pour se l'approprier et justifier son manque de connaissance. Et voilà qu'une nouvelle référence s'ajoutait « Moonage Daydream » accessoirement un des titres du tant convoité et regretté Bowie en personne. Le jeune homme qui faisait face à Jarod ne boudait pas son plaisir, il était sûrement un peu moqueur sur les bords, mais cela n'offusqua point le génie qui fut surprit d'entendre soudainement la playlist en cours prendre un nouveau virage auditif, ce qui ébranla un peu tout le monde d'ailleurs, le vendeur le premier. Jarod plus attentif que jamais écouta avec attention le son émanant des enceintes que David pointait du doigt avant d'offrir une petite explication à son nouvel interlocuteur.
« - Ô, j'aime beaucoup ! Donc, en fait, c'était le nom de l'album ? J'en prends note ! Merci pour tous les conseils. » lança-t-il avec bienveillance et sans crainte d'être jugé pour son inconnaissance. Il fixa ensuite le rayon que venait de lui désigner le blondinet et s'arrêta de ce fait sur plusieurs vinyles qu'il observa. « - Et qu'est-ce que vous…. Tu me conseillerais pour combler mon inculture musicale » tenta-t-il en lançant un regard au jeune homme qui semblait retourner sur ses pas. « - Qu'est- ce qu'il est préférable d'écouter en termes de valeurs sûres ? J'ai tenté récemment des choses comme Michael Jackson, Madonna et que sais-je encore. Esthétiquement, on ne peut pas leur reprocher leur originalité, mais de toi à moi, je suis certain qu'il y a mieux non ? Moi, c'est Jarod au passage ! »
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Etait ce une coïncidence que je croise deux personnes super incultes pour au moins un peu la musique, au même endroit ? Je n'en savais rien mais il y avait un aspect presque ironique. Je repensais à ma rencontre avec "Kassie" a regarder le vieux face à moi. Enfin, "vieux", il ne devait pas tant l'être. Enfin, j'étais d'humeur généreuse, et je me décidais à tout de même présenter Moonage Daydream, à ce type. Moonage Daydream, de l'album de Ziggy Stardust, par David Bowie. Finalement, certains disaient que Bowie était Ziggy, au fond.
Dans tous les cas, l'homme paru comprendre, et surtout apprécier la musique. C'est bien, ça lui faisait des points en plus dans mon estime. Au moins, il était meilleur que le vendeur qui avait pensé que mettre de la musique naze était intéressant. J'étais amusé de le voir me remercier comme ça, comme si c'était moi le vendeur. Ha, j'aurais pu l'être, mais j'étais trop limité niveau goûts musicaux, j'imagine. Je fus surpris de l'entendre manquer de me vouvoyer. Genre. J'avais même pas dix huit ans et il me vouvoyait, ça faisait bizarre quoi. Finalement, je me rendis compte que c'est à moi qu'il demandait des conseils. J'avais envie de me marrer rien qu'en constatant ça. Mais je restais "sérieux", non sans un sourire en coin et lui répondit :
- Ha. Y a pleins de trucs qui pourraient être des valeurs sûres. Mais après, moi, j'aime surtout les années 80, le métal et Mozart, donc...
Au fond, même si c'était limité, je restais relativement éclectique, parce que les trois n'avaient rien à foutre ensemble. Quoique. Metallica avait bien fait des reprises de Mozart alors bon. Je restais donc vers mon rayon préféré.
- En vrai Michael Jackson c'est cool. Perso, je préférais quand il était dans les Jackson 5. Tu connais I Want you back ? C'est une chanson, si jamais tu te demandes.
Je me moquais un brin de lui, mais comme il semblait pas le prendre mal je m'en fichais. Il s'était présenté comme étant Jarod, avec presque un air de gamin.
- Oh et moi c'est David. Comme le chanteur de Moonage Daydream, mais je te pousserais jamais la chansonette, okay ?
Je vis un CD, loin de ressembler à un vinyle, qui trainait dans les années 80 parce qu'un abruti avait dû ne pas vouloir ranger correctement. Quand je vis le titre je le tendis à Jarod.
- Nirvana c'est pas ma came, mais dans cet album, y a Come as you are. C'est plutôt cool.
J'avais un petit sourire. Je pris d'autres vinyles. Il y avait un peu de tout. De The Byrds à Queen, je lui montrais un peu tout.
- Le disquaire a peut être parfois des goûts pourraves pour sa musique, mais il a du bon stock.
Il avait de quoi faire son choix.
[Woui, la musique du début c'est Evan Peters, donc David, qui chante Come as you are xD]
Jarod Russel
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Les rencontres les plus intéressantes se font quand on s’y attend le moins. C’est un raisonnement qui pourrait paraître naïf et peut-être l’est-il dans le fond, mais Jarod ne boudait pas son plaisir. Il aimait beaucoup la musique, depuis aussi longtemps qu’il s’en souvienne. Sydney elle aussi l’avait comprise et essayé à sa moindre mesure, de faire plaisir à son protégé de temps à autre. Cela n’avait rien à voir avec du David Bowie et pour cause, le caméléon devait à l’époque, se contentait de musique classique. Chopin, Bach, Beethoven, ils y étaient tous passés sans que jamais, le petit Jarod ne s’en plaigne au contraire. Cette petite distraction lui permettait de s’évader ne serait-ce que pour quelques minutes et ainsi, il se laissait aller à imaginer un monde dans lequel il n’y avait plus aucune simulation, plus de caméras pointées sur lui, plus personne pour lui dicter sa vie, un monde où il était libre, une réalité à présent. Mais la musique représentait aussi pour lui, un lien avec Mademoiselle Parker, du moins la version moins armée. « - J'ai une amie qui aurait aimé ! » Evidemment qu'elle aurait apprécié, elle qui lui avait fait écouter, sur son walkman de l'époque, les premières notes de " Heroes" Un doux souvenir qu'il préféra toutefois chasser tout en achevant d'écouter le morceau qui lui avait été proposé par son jeune interlocuteur. « - C'est intéressant en tout cas, surtout ce solo de guitare, il y a très peu de notes, elles sont toutefois tenues et étiré comme si quelque part le musicien suscitait l'attente en tirant des sons presque... orgasmiques » Il se surprit lui-même à sortir une telle analyse, mais forcer de constater que le texte aussi pouvait aller dans ce sens. Avait-il seulement besoin de se livrer à une analyse en bonne et due forme ? Probablement que non, preuve qu'il lui était difficile, même après plus d'une année de liberté, de s'affranchir de tout ce que le Centre lui avait imposé durant ses années de captivité. « - C'était vraiment cool, merci pour l'écoute et le temps octroyé » venait-il d'ajouter en demandant à nouveau conseil au jeune homme qu'il sentait légèrement moqueur. Il en fallait toutefois plus pour le faire sortir de ses gonds et puis à bien y réfléchir, il passait au mieux pour un Inculte, au pire pour un sombre imbécile, quoiqu'il arrive l'image renvoyée n'était point flatteuse et il préféra s'en accommoder. « - J'écoutais Mozart il y a quelques années. Et tu écoutes aussi du métal ? Je n'ai pas encore eu l'occasion d'explorer les valeurs sûres de ce style, mais je tenterai si l'occasion se présente. » L'échange n'était pas encore au summum de la fluidité, mais David, toujours un tantinet moqueur, continuait toutefois à faire la causette à Jarod, lui filant au passage, quelques pistes sur des prochaines écoutes. « - I Want you back des Jackson 5 ! Ok, merci David de Moonage Daydream et sois rassuré je ne te forcerai pas à pousser la chansonnette, sauf en cas d’extrême urgence. » Le jeune homme qui tentait à nouveau de vaquer à ses occupations, se saisit alors d’un cd qui n’avait de toute évidence rien à faire dans le rayon des vinyles et le passa à Jarod « - Nirvana, Nevermind ? Il fixa durant un long moment le bébé qui se trouvait au centre de l’image avant de continuer à suivre David qui lui présenta quelques perles. « - Je pense qu’il ne me reste plus qu’à investir dans une platine pour combler au plus vite mes quelques lacunes. » Il lui sourit avant de remarquer la manche relevée du jeune homme, qui ne s’en était probablement pas rendu compte. « - Vu la coloration des bleus, j'en déduis que c’est encore récent. Quelqu'un s'en est pris à toi ? » Du Jarod tout craché, il n’avait ainsi pris aucune pincette pour faire entendre son observation et même s’il connaissait à peine le jeune garçon, il semblait vraiment inquiet pour lui.
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[Au passage, j'adore cet épisode d'AHS et plus encore le "Heroes" et le "Life on Mars" interprété par J. LANGE. Evan PETERS a géré sur le Nirvana aussi]
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[J'ai jamais vu l'ep où il chante mais bon ça allait nickel avec le rp u.u]
Je lui présentais quelques trucs, je lui exposais ce que j'aimais, je m'exposais un peu aussi. Mais ce vieux avait quelque chose de drôle, alors pourquoi pas. Et puis, il me parla de son amie que je ne connaissais pas du tout. Des fois, les gens faisaient ça. Je ne comprenais pas trop pourquoi, mais je me contentais de faire genre j'étais intéressé.
Mais alors, il me causa musique, en décrivant ce qu'il ressentait, et c'était plutôt drôle. Il analysait la musique. Parfois, ça m'arrivait, mais je l'exprimais rarement. Pourquoi faire après tout ?
- Ouais, si tu le dis, je lui répondis-juste avec un petit sourire.
Au moins, ça voulait dire que quelque part il écoutait réellement la musique. Mais ce type avait l'air d'être sincère. Pas juste dans ces paroles. Dans toute sa façon d'être. Sincère. Et c'était assez perturbant. Parce que d'abord, moi je l'étais rarement, ou je l'étais de façon que je savais provoquer, et ensuite, parce que les gens aimaient à mentir pour se faire aimer.
Il me remercia d'ailleurs finalement, et je me contentais de hausser les épaules :
- Ouais, de rien.
Je savais pas trop quoi répondre à ça. C'était un peu...Etrange qu'on me remercie tout court. Généralement, j'avais vraiment l'habitude qu'on m'insulte. Pas qu'on me dise ça. Alors bon. Il me causa Mozart, et je l'écoutais en hochant la tête quand il me demanda pour le métal.
Je fronçais soudain les sourcils, en ouvrant un peu la bouche, sans savoir quoi penser de ce que ce ....Jarod me sortit. Enfin, il avait fait le lien entre David Bowie et David tout court, mais... Ca avait quelque chose de presque étrange qu'un adulte me sorte ça comme ça. Mais bref. Je me contentais encore de hausser les épaules.
Je lui donnais un CD, et je l'écoutais me parler platine. Moi, j'en avais une. Mais j'avais aussi un iPod et des enceintes bluetooth. Il y avait parfois quelques avantages à avoir des parents riches. Parfois. Rarement. Mais je ne laissais pas mon regard s'assombrir. Pas avant qu'il m'attrape le bras, et que je grimace. Je le fusillais du regard. Ne me touche pas. Ne me touche surtout pas. Toi et moi on n'a pas élevé les cochons ensemble. Voilà ce que je laissais dire à mon regard. Je détestais qu'on me touche.
Mais il me tenait trop bien, pour que je me dégage, et je me figeais alors qu'il me causa de mes bleus. Ceux qu'il y avait sur le bras qu'il tenait, ne venait pas d'une baston. Ceux qu'il voyait, venaient de quelque chose de bien plus désagréable. Je me dégageais comme je pus. Aurais-je pu feuler, que je l'aurais fais, j'imagine. Merde. Ce type gâchait tout. Pourquoi il fallait toujours que les gens gâchent tout ? Je commençais à m'intéresser un peu à lui, mais voilà qu'il se mêlait de ce qui le regardait pas.
- Ne me touche pas. Ca te regarde pas. T'en as rien à foutre de ça, t'es venu pour la musique, non ? Alors occupe de toi de ton cul et fous moi la paix.
Je savais que personne n'aimais qu'on lui réponde comme ça. Je savais qu'il allait sûrement s'éloigner de moi, me trouver malpoli, blablabla. Mais il avait touché mon bras pour en découvrir les bleus. Je me dépêchait de descendre ma manche, la serrant un peu, grimaçant. Foutu paternel. Avant, il se contentait des endroits réellement cachés, maintenant... Maintenant, je ne serais pas surpris si un jour je me ramenais au lycée avec un oeil au beurre noir. Et tout le monde ne le sera pas. Parce qu'après tout.... J'avais l'habitude, ils avaient l'habitude.
- T'as qu'à te démerder pour la suite !
Jarod Russel
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C’était certainement à ce jour, la rencontre la plus atypique qui lui ait été donnée de faire depuis son évasion du Centre, un an auparavant Mais atypique à bien des égards. À commencer par le lieu. Si ce genre de commerce permettait de telles rencontres, cela se saurait depuis le temps. Et pour dire vrai, hormis quelques aspirants geeks, si l’on se fiait aux t-shirts à l’effigie d’une franchise, d’un jeu ou d’un personnage et quelques autres plus adeptes à écouter du Chopin que du Nirvana, il n’y avait ici que peu de personnes. Ainsi, Jarod, pas encore au fait de toutes les conventions sociales, se demandait bien pourquoi la boutique était aussi déserte avec autant de choix. (Sûrement qu’il n’avait pas lu les commentaires et notations sur google) La rencontre était également atypique par l'interlocuteur. Un jeune blondinet adepte du sarcasme et pas tendre avec les « autres » Et il n’était pas sans rappeler quelqu’un à Jarod. D’ailleurs le gamin n’était pas du genre à prôner la sociabilité, mais semblait faire quelques efforts. Jarod appréciait, même si au fond, il se demandait pourquoi son interlocuteur se conduisait de la sorte et semblait agir avec autant de détachement. Pourtant des jeunes – il en avait rencontré et aidé – ne se conduisaient pas de la sorte dans ses souvenirs. Alors et parce qu’être trop curieux pouvait parfois mettre certaines personnes mal à l’aise, le caméléon se garda de poser des questions trop personnelles et se contenta de rester vaste dans l’argumentaire. Mais il posa quand même quelques questions sur d'autres sujets moins enclins à la polémique, avec cette fois, la candeur d’un enfant. Ce qui dans le meilleur des cas, le faisait passer pour quelqu’un d’un peu naïf et le cas échéant, un véritable idiot. N’ayant pas encore une maîtrise totale de la notion de gêne, cela ne lui faisait rien. Et c’est toujours pourvu d’une certaine légèreté, qu’il poursuivit la conversation jusqu’à ce que ses observations le mènent à quelque chose de bien moins léger cette fois.
« - Un regard vaut parfois mieux que des mots » Mais il ne se dégonflât pas malgré l’hostilité ambiante et laissait paraître un visage bien différent que celui qu’il affichait jusqu’à présent. D’ailleurs la légèreté ne semblait plus de mise lorsque David se détacha et souffla avec véhémence des propos chargés de colère. « - Ok, si je t’aie blessé je m’en excuse. Je ne voulais pas être intrusif. Et puis, ce n’est pas le genre de chose dont on veut parler, encore moins avec un type qui débarque de nulle part et qui est à peine capable de savoir qui est David Bowie. » Il demeurait calme malgré l'hostilité à peine voilée que lui témoignait David. Toutefois, dans le regard du caméléon, brillait une lueur mauvaise, comme si quelque part, l’espace d’un instant, il avait été habité par la colère et cherchait à se mettre à la place de l'ado pour mieux le comprendre. « - Je ne sais pas quoi dire et j'imagine que tu serais tenté de me faire entendre qu'il n'y a rien à dire. Peut-être que me démerder tout seul est la meilleure des solutions, mais ça voudrait dire que je devrais tourner les talons et faire comme si je n'avais rien vu. C'est ton père qui te frappe c'est ça ? » Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était du genre à mettre les pieds dans le plat.
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Je me reculais, je voulais partir. Je ne voulais plus qu'il me touche, qu'il essaie même de me toucher. Je n'avais aucune envie qu'il...Qu'il recommence. Il en avait trop vu et je n'avais pas envie que tout le monde sache. Je ne le connaissais pas, et il se permettait de me toucher, de juger, c'étair détestable ! Et il pouvait bien s'excuser autant qu'il voulait, il aurait mieux fallu qu'il s'éloigne, qu'il recule, qu'il s'éloigne. Je n'avais pas envie de voir sa tronche de cake plus encore. Il avait perdu tout l'intérêt que je pouvais être avec lui. Et il pouvait raisonner rationnellement autant qu'il le pouvait, ça ne changeait rien. Ce Jarod avait perdu tout ce qu'il aurait pu créer chez moi.
- Mais putain ferme là !
Ca sortit tout seul. J'avais même pas eut besoin de le retenir. Peut-être qu'il visa juste en accusant mon père et ses coups, mais ça ne changeait rien. Même, ça empirait les choses. Il était idiot ou bien ?!
- Est ce que moi j'te demandes pourquoi t'es aussi con pour même pas connaître David Bowie ? Non, alors tu la fermes !
Je reculais. Je devrais partir là maintenant. Mais j'étais venu acheter de la musique moi, merde !
- Et genre, tu t'excuses, mais derrière tu continues de foutre ton cul là où ça te regarde pas, putain j'hallucine ! Fais gaffe, j'm'en fous de frapper des vieux !
Bon il y aurait des témoins si je le frappais, mais tant pis. Je ne pouvais pas supporter ce qu'il disait. Je m'éloignais vers d'autres rayons, et je voyais le vendeur vouloir approcher et je le fusillais du regard:
- Toi, tu t'approches pas, ok ?
J'avais peut-être que dix sept ans, mais j'avais déjà eut ma puberté, je faisais déjà 1m80 et je savais m'imposer un minimum. Je devais me concentrer sur la musique. Je venais chercher quoi à la base ? Putain je savais plus. Je regardais autour de moi et fouillais en espérant que l'autre revienne pas à la charge.
Jarod Russel
Citrouillon
▻ ARRIVE(E) LE : 07/01/2017
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▻ OREOS : 1685
▻ LOISIRS : Helping the widow and the orphan. Fill my red notebook, eat pez, oreos and discover new things.
Jamais ô grand jamais, Jarod n’aurait imaginé quelques minutes auparavant, que la conversation ne se mue en véritable confrontation transformant presque aussitôt cet agréable moment en démonstration de force pour cacher ce qui ressemblait à un secret, dur à porter pour de si frêles épaules. David était agressif autant que peut l’être un animal sauvage se sentant soudainement pris au piège. De par son expérience et ce qu’il avait vécu, le caméléon était facilement capable de distinguer la violence de l’agressivité. Cette dernière, selon une approche psychanalytique, visait un désir de faire reconnaître sa puissance par l’autre. En somme, sous ce prisme, l’agressivité était sujette à renvoyer à un comportement (ouvert ou pas) et non à une émotion. De ce fait, le caméléon délesta presque aussitôt l’approche psychanalytique au profit d’une autre approche. Ainsi considéré, l’agressivité su muait en une sorte de tentative de surmonter les impasses à la parole en conflictualisant la relation. Pour illustrer tout cela, il se souvint, bien malgré de quelques simulations traitant de ces notions. De la théorie en somme, mais il était aussi, au cours de l’année passée, venu en aide à des personnes, qui avait choisi l’agressivité comme défense pour cacher divers secrets, ou une réalité indicible plus encore lorsqu'elle était énoncée dans la bouche d’un inconnu.
« - Bien, si tu veux que je me taise, je n’insisterai pas. » Il savait la démarche inutile au vu de la colère qu’il parvenait à entrevoir dans le regard de ce jeune garçon. Il savait aussi (et ne s’en félicitait pas) qu’il avait à coup sûr visé juste en évoquant la violence de la figure paternelle pour justifier les marques qu'il avait entr'aperçues. « - Oui et bien je suis con. Et toi en colère, je l’ai senti même avant de comprendre. Je ne te juge pas, je ne me permettrais pas contrairement à toi David. Et quand bien même tu me frapperais, je me verrais contraint de devoir te maîtriser, bien que je ne sois pas adepte de ce genre de procédé. » David était en colère et cela se comprenait. De ce fait, peut-être était-ce préférable que Jarod ne s'en éloigne. Si seulement ! Il le savait même avant d'entreprendre de mettre une bonne distance, qu'il ne parviendrait à se sentir tranquille en sachant qu’il eût aussi facilement tourné le dos à une personne en détresse. Oui, cela était en contradiction avec ce qu’il avait initialement prévu de faire. Était-il devenu soudainement suicidaire ? Prenant une grande inspiration, il n’allait pas tarder à le savoir. Compatissant avec le pauvre vendeur, il lui lança un regard qui se passait de mots. L’homme désabusé revint sur ses pas tandis que le caméléon s’approchait à nouveau de David. Puisqu'il fallait s’adapter et que de toute évidence la gentillesse ne semblait fonctionner, Jarod se montra un peu plus rude cette fois.
« - Je n’avais pas plus de six ans quand on m’a privé de ma famille et d’un quelconque contact avec le monde extérieur. Alors désolé mais le fait de me tenir au courant des actualités musicales n’était pas une priorité. » Il gardait quand même une bonne distance au cas où. « - Mais c’est vrai, je ne suis qu’un inconnu, je ne devrais me mêler que de mon cul comme tu le dis. Bien que je trouve cette expression étrange. Preuve que j’ai encore des progrès à faire. Mais ne sommes-nous pas tous perfectibles ? C’est ce qui nous rend humains non ? Tu vas probablement encore m’envoyer paître, mais je ne pouvais pas en rester là. Et oui c’est bizarre de voir un inconnu vous témoigner de l’attention n’est-ce pas ? Je ne maîtrise pas encore tous les codes sociaux j’en ai bien peur. Mais au moins j’aurai essayé. »
(c) DΛNDELION
Halloween is the only night when our fears become invitations.
Se concentrer sur la musique. Se concentrer sur la musique. Ne pas voir autre chose. Ne pas penser à autre chose. Je devais m'éloigner de ce type, je devais arrêter de l'approcher. D'abord, il en avait trop vu, ensuite, il en avait trop dit, et je ne le supportais plus. Ca m'agaçait, parce que juste avant le filon passait bien. Il avait surtout l'air d'être un idiot qui connaissait pas la bonne musique, mais un idiot réparable et attentif. Maintenant, il avait poussé ses gestes un peu trop loin, en allant jusqu'à m'interroger sur des choses que je ne voulais pas causer. Pourquoi est ce qu'il avait fait ça ? Etait-il idiot ? N'avait il aucune conscience d'à quel point ça le regardait pas ?
Dans tous les cas, je m'étais éloigné. Il parla de pas insister, mais il continua à causer quand même. Argh. En fait, je faisais mieux de partir, plutôt que de rester ici. M'éloigner clairement, pour ne plus avoir à le supporter. En plus voilà qu'il parla du fait que moi je le jugeais et pas lui. Mais qu'est ce qu'on s'en foutait ?! Et voilà qu'il parlait de me maitriser. Ah. Comme s'il pouvait. J'étais assez rôdé en la matière, pour savoir m'échapper sans soucis. Peut-être que sur ce dernier point j'étais hyper confiant, mais tant pis, je n'avais pas peur, c'était juste un fait !
Et voilà qu'il approchait à nouveau. Je reculais d'un pas, mais était prêt à le frapper s'il fallait. Fronçant les sourcils, mon regard devait être plus noir que le noir le plus intense. Et voilà qu'il causa de sa vie. En un sens, il avait "raison" de le faire, comme j'avais parlé de David Bowie et de son ignorance. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il me donne vraiment les raisons à tout ça. Je fronçais les sourcils, l'observant comme s'il était un alien. Avant d'entendre ce dont il parlait. D'avoir été privé de sa famille, tout ça. C'était pas terrible, mais je m'en foutais. D'accord, je ne m'en foutais pas tant que ça. Argh.
Il blablata sur ce qui rendait humain les gens, tout ça, et prévu que je risquais encore de l'envoyer se faire foutre. Et parla de codes sociaux. Je savais une chose. Je ne savais pas non plus utiliser les codes sociaux. Mais ça...Je ne voulais pas en parler. Encore moins y penser. Je grimaçais et l'observait. Merde. Je devais bien le rejetter non ? Je veux dire, il continuait de me soûler. Mais je m'attendais tellement pas à ça comme raison.
- Ouais bah t'as qu'à apprendre. On chope pas le bras de quelqu'un comme ça pour lui parler de sa vie en émettant des hypothèses de merde !
Au lieu de dire ça, je pouvais pas juste me barrer ? Ou même le frapper ? Pourquoi je me mettais à lui causer comme ça ? Parce que quelque part, je comprenais ce qu'il devais ressentir ? Parce que je restais moi même, capable de ressentir bien trop fort les émotions des gens, que je le veuille ou non ? Je le savais que c'était ça. Même si j'avais du mal à comprendre, je savais que c'était ça. Je déglutissais, reculant.
- Et je m'en fous de ta vie et de ce que t'arrives pas à faire ou même que t'es trop con pour comprendre les expressions !
C'était aussi un mensonge. Ca me rappelait Mélanie. Un peu trop probablement. Il semblait bien moins....Doux et innocent qu'elle, mais il lui ressemblait là dessus. Je la savais privée de toute liberté, et incapable de réellement comprendre les expressions. Même si j'avais déjà compris que sa capacité à parler les langues étaient juste impressionnantes.
- Et si tu t'es fait kidnappé, c'est ta vie aussi ! ... Même si c'est con pour toi.
Je ne voulais pas compatir. Je voulais m'enfuir, plutôt. Ou le frapper. C'est ça. Ou le frapper. Mais le frapper me ferait passer pour un con. Je passais moi aussi toujours pour un con n'est ce pas ? Je secouais la tête. Merde, merde, merde, merde.
- Et la ferme......
Voilà, si je lui disais encore de la fermer, il se tairais non ? Non. Il ne se tairais pas. Il n'était pas comme les autres, qui, lorsque je m'exprimais mal, s'enfuyaient ou me haissaient. Il continuait d'avancer vers moi malgré tout ça. Alors, sans le vouloir, je me retrouvais à me justifier.
- Et tu veux pas faire comme tout le monde ? Tiens, un nouveau code social : quand on te parles comme un chien, dégage de la vue de la dite personne.
Voilà. Vas-t-en. Fais comme tous les autres.
Jarod Russel
Citrouillon
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C’était une journée normale. Comment aurait-il pu en être autrement ? Jarod flânait dans la rue, observant les gens qui s’y trouvaient avant d’être attiré tel un papillon vers la lumière, par la musique qui émanait du magasin qui se trouvait alors face à lui. C’était pourtant si simple et voilà qu’il se trouvait à présent, happé au cœur d’une tempête qui n’avait comme moyen d’expression, que la colère et la violence. David était percé à jour et peinait à rester calme. Une hostilité qui ne semblait effrayer Jarod qui continuait à analyser les réactions de l’adolescent pour tâcher de comprendre ce qui pouvait le mettre dans un tel état de rage, alors qu’il s’était monté un tant soit peu agréable aux prémisses de leur discussion, bien que légèrement hautain face à l’inculture musicale de son interlocuteur.
« Parfois j’ai peur, mais je ne dois rien montrer. » Sydney bien plus jeune, poussa son protégé rajeuni d’au moins quinze ans, à développer davantage son observation. Il se trouvait face à une projection mettant en exergue un fait divers ayant secoué la ville voisine de Dover quelques années auparavant. Il était question d’un adolescent qui avait assassiné son père avec une carabine, mais qui avait choisi d’épargner sa mère et sa petite sœur. A cette époque, le procès était en cours, nombre d’incertitude planaient sur le gamin qui était resté mué et qui demeurait de ce fait, incapable d’expliquer son geste. C’était une simulation officieuse, une de celles que Sydney proposait à Jarod, pour lui permettre d’explorer d’autres domaines que ceux imposés par le Centre. S’identifier au jeune assassin ne fut pas aisé pour notre génie, toujours est-il qu’il était parvenu à émettre une hypothèse qui mettait en exergue la violence répétée du père et le mimétisme du fils. « On ne naît pas mauvais, on le devient. Et je pense donc que notre milieu nous conditionne » David était différent du parricide étudié par le caméléon, mais il n’en demeurait pas moins pourvu de quelques similitudes qui incitaient Jarod à continuer, faisant fi d’un bon nombre de conventions sociales. Après tout, il voulait juste l’aider, ce qui lui semblait naturel en tant qu’altruiste.
« - Bien je m’excuse de t’avoir chopé le bras. Mais reconnais que si mon hypothèse était si merdique, tu n’aurais pas réagi comme ça. » Et il est vrai, que ses réactions le trahissaient, autant que sa colère. « - Ok tu t’en fous de ma vie et je suis trop con. Si c’est ce que tu penses, je ne chercherai pas à débattre. Mais ce n’est pas parce que tu cherches à te rendre détestable que ça fonctionne. A vrai dire, cela serait tellement facile de faire comme les autres. De fermer les yeux, de m’offusquer parce que tu me parles mal, d’être en colère, de ne voir en toi qu’un petit merdeux, à laisser sur le bord de la route en guise de punition. Mais on n’affronte pas la violence par la violence et même si tu veux me haïr, moi j'en serais incapable. David, je ne suis rien, ni personne, alors qu’est-ce que tu risques à accepter la main que je te tends ? Et si pour une fois, tu tombais sur quelqu’un qui ne fait pas comme les autres ? »
(c) DΛNDELION
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Une phrase me revint en tête alors qu'il s'excusait. Si les excuses suffisaient, à quoi servirait l'enfer ? Mais quelque part, je ne sais pas. Je savais que...Ce type était pas méchant, juste probablement... Soit très con, soit il le faisait exprès. Mais je me méfiais de lui, parce qu'il était allé trop loin dans ce qu'il avait vu, dans ce qu'il avait dit. Je ne pouvais pas supporter ça. Je ne pouvais pas apprécier que quelqu'un ait conscience de mes cicatrices. Personne ne devait savoir. Personne, parce que sinon, cela poserait des problèmes. Et je le détestais parce qu'il parlait.... Trop. Bien trop. Je préférais les gens de d'habitude. Qui s'éloignaient, ou tentaient de me faire du mal en retour. Je ne voulais pas qu'on s'occupe de moi. Je n'avais pas besoin qu'on s'occupe de moi. Je n'avais pas besoin de la pitié des gens.
Je n'aimais pas la situation, je la détestais. Parce que c'était quelque chose qui m'étais inconnu. Quelque chose qui n'était jamais arrivé. Du jamais vu tiens. Pas qu'on m'a toujours rejeté, en vrai. Des fois, les gens ont tenté de m'aider, mais je ne savais pas quoi faire de ça. Je n'ai jamais su. Je...Ne sais pas comment réagir avec les gens. Je le savais très bien. Il y a tellement de facteurs à appréhender. Faire attention à comment se porte la personne, à ce qu'elle aime, à quoi parler avec elle, lui dire bonjour, jauger son degré de politesse, découvrir comment elle est. Azzam était une personne cool avec qui je m'entendais quand même bien, et Mélanie était...Une espèce de...Douceur dans tout le reste de mon monde, mais là...
Est ce que c'était parce que ce type, durant son kidnapping, n'avait vu personne d'autre que son kidnappeur, qu'il cherchait à accorder à ceux qui se voulaient seul, un peu de compagnie ? Tch. Je sentais mes mains ne pas savoir quoi faire, et regarder les vinyles comme si c'étaient les meilleures choses du monde. Je sentais mon corps ne pas savoir quoi faire. Je n'étais même pas sûr de savoir comment je me sentais. Je ne savais pas quoi faire, et c'était tellement ridicule.
Je soufflais, m'insultant mentalement, de ne pas bouger et de le laisser causer et approcher et tout ça. Mais c'était tellement inhabituel, que ça me bloquait à chaque fois.
- T'es tellement naïf.
C'était un mensonge. Bien sûr que c'en était un. Ce type était bien plus perspicace et intelligent qu'il ne semblait l'être, au delà de ses méconnaissances en matière de musique.
- ...Et tu te penses intelligent.
J'avais donc pris le chemin de l'insulte, je crois. Y a que ça qui sortait de ma bouche bien sûr. Comment cela aurait-il pu être autrement ? Je savais faire que ça, me méfier, et reculer. Ou me prendre les coups et y répondre. L'entre deux, je savais pas, du moins, pas quand la situation était comme ça. Je pouvais citer le tableau périodique sans même hésiter une seconde, que je savais pas quoi faire des gens.
- Et tu l'es, bien sûr.
Mon regard toujours penché sur les rayons, mes doigts touchant toujours ce qu'il y avait dedans, mon regard ne se posant pas sur lui, mon corps ne se tournant pas vers mon interlocuteur.
- Je n'ai jamais eut besoin d'aide, je me débrouille très bien tout seul. Mes parents sont des cons, et c'est un fait, mais y ont du fric, alors c'est très bien.
Je parlais trop. Je ne voulais pas dire tout ça, je ne savais pas me confier. Même Azzam ne savais pas que mon géniteur me cognait quand je cognais trop. Et Mélanie ne le savait surtout pas. Je ne lui dirais jamais si je pouvais la revoir.
- Pas besoin de prendre ta main, je suis pas un enfant. Et même selon des critères, je serais "un petit génie".
Je répondais presque avec amertume. Tellement d'années passées à m'ennuyer, et que ma mère ne comprenait rien. On pourrait me dire "elle a essayé de faire de son mieux", mais non. Non c'est faux. Elle préférait m'oublier et fermer les yeux. C'est plus facile.
- Donc je me débrouille.
Je prétendais être calme, mais je sentais bien que mon coeur, s'il avait pu, se serait cru dans un parc d'attraction. Je pris un CD :
- Tu connais ?
Allez, David, essaie de changer de sujet, ça marchera peut-être.
- C'est un autre album de David Bowie. Hunky Dory.
Jarod Russel
Citrouillon
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Jarod, malgré tout ce qu’on lui avait subir au Centre, demeurait un être profondément gentil, du moins quand il n’essayait pas de rendre justice. Dès lors, en plus de mettre à profil toutes ses capacités, il flirtait parfois avec ses propres limites, se dédoublant à la faveur d’un docteur Jekyll poussé par Mr Hyde. Il n’était pourtant jamais question de violence physique, mais d’une forme courte de torture psychologique pour amener les coupables avérés, à « lâcher le morceau .» Jamais il n’accusait sans preuves. Il prenait le temps de mener une contre-enquête, endossant une identité qu’il modelait en fonction de la situation. Jamais, il n’agissait sur un coup de tête pour faire parler « ses victimes. » Tout n’était que préparation et observation. Il avait pris l’habitude de réunir dans un carnet rouge toutes les coupures de presses qui mettaient en lumière les victimes pour qui notre caméléon prenait fait et cause. Oui tout n’était que préparation avant que le courroux ne s’abatte sur les salauds, sur celles et ceux qui abusaient des autres, sur les criminels impunis, les monstres protégés par le système… Il y en avait des enfoirés à punir et parfois même quand on ne les cherche pas, on les trouve. Cette fois Jarod se trouvait face à un cas de figure inédit et face. La victime ne voulait pas en être une et redoublait d’efforts pour se montrer détestable et mettre à mal les certitudes de Jarod, qui se demandait si cette fois, sa gentillesse allait suffire. Et finalement n’avait-il pas été un peu maladroit en agissant de la sorte ? Il est clair que le blondinet ne voulait pas attirer l’attention sur lui et certainement pas, au vu de son fort caractère, qu’on le prenne en pitié. Il était rude dans l’échange, dans son attitude, dans ses mots, preuve qu’il avait été confronté à des situations qui exigeaient pareille dureté pour survivre. Il lui rappelait quelqu’un, mais il ne s’autorisait pas à prononcer, ne serait-ce que par la pensée, le nom de cette personne qui elle aussi avait été confrontée très jeune à des choses difficiles. Elle s’était alors fabriqué une carapace pour mieux se protéger et se préserver des assauts de bienveillance des quelques personnes qui osaient encore l’approcher. Ce n’était sûrement pas de la pitié, juste des démonstrations d’humanité.
« - Tu n’es pas le seul à me faire savoir à quel point je suis naïf. Est-ce un mal ? Pour ce qui est de l’intelligence, je n’ai rien à prouver. Mais ça n’est pas le sujet. » Les phrases de David étaient courtes et son attention focalisée sur les vinyles qu’il effleurait du bout des doigts, sans les perdre du regard, tandis que l’attention de Jarod demeurait focalisée sur l'adolescent. « - Je ne te ferais donc pas l’affront de te faire savoir que les gens qui prétendent ne pas avoir besoin d’aide se fourvoient en général. Et crois-tu vraiment que l’argent suffise à te faire passer outre le fait que tes parents soient cons ? L’argent achète beaucoup de choses, mais pas la liberté. » Mais David n’était pas facile et continuait à lutter, alors il fallait s’adapter et cesser pour l’instant, de chercher à connaître une vérité qu’il n’était pas à même de faire entendre. Jarod acquiesça donc et tâcha de rebondir sur la dernière réplique de son interlocuteur. « - Ok petit génie ! Puisqu’on partage sûrement les mêmes critères, je retire ma main » Il observa alors la pochette que tenait le jeune homme. Il ne voulait plus lui coller son poing dans la gueule et lui proposait de changer de sujet. En soi, c’était une alternative pas si mauvaise et qui permettrait de continuer à échanger. « - Si je te dis, que je ne connais pas, tu promets de ne pas te moquer ? Je crois que je vais me faire, comme on dit, toute la discographie de David Bowie, si je veux avoir, au moins les bonnes références. Je vais aussi devoir investir dans un tourne-disque aussi de ce que je comprends.
(c) DΛNDELION
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