› C'est Nora et son mari, Parker, qui ont trouvé Maxim, dans la rue, congelée, sale et affamée. En voyant qu'il s'agissait d'une jeune adolescente, le couple n'a pas hésité une seconde et ont hébergé Maxim chez eux, décidant de prendre soin d'elle. Elle n'avait ni papiers, ni argent, ni famille. Elle était seule au monde. Ils ont décidé de ne rien dire à qui que ce soit, prétextant que Maxim était une cousine de Parker. Ce dernier a ramené des papiers à l'adolescente afin qu'elle entame une nouvelle vie. Maxim ne s'est jamais posée de questions sur les raisons et la façon d'obtenir ces papiers. Ils n'ont jamais cherché à en savoir plus, laissant Maxim parler d'elle lorsqu'elle en ressentait le besoin.

› Puis elle a fait la rencontre de son voisin, Pangaris, un jeune homme d'une beauté ravageuse, au regard électrique, dont le petit sourire narquois ne quittait jamais ses lèvres. Quelque chose s'est passé entre eux la première fois qu'ils se sont croisés. Comme si un lien, invisible, incontrôlable, s'était créé et les reliait. Mais au lieu de faire un pas dans sa direction, Pan a décidé de l'ignorer royalement, lui lançant des regards de travers et parfois même quelques piques qui ne laissaient jamais Maxim indemne. Pourtant, ses remarques étaient différentes de celles des autres. Comme si au fond, il ne voulait pas être méchant, mais qu'il était obligé d'agir comme les autres.

› Il y a eu cette fois, au Lycée. Ca faisait déjà quelques temps que Maxim était là, mais tous se posaient des questions. Qui était cette fille ? Pourquoi on ne savait rien de son passé ? Pourquoi elle n'avait pas de famille ? Pourquoi elle ne parlait pas et ne se mélangeait pas avec les autres ? Et y'a eu ce premier cours de natation. Maxim avait tout fait pour y réchapper. Elle n'était pas habituée à se mettre en maillot de bain devant des étrangers. Mais son prof a refusé qu'elle soit abstenue. Maxim a donc exposé son corps marqué à la vue de tous ses camarades. Et les critiques ont fusé. On n'entendait plus que les chuchotements, les questions, les ragots. Puis les pestes populaires, celles qui n'hésitaient pas à attaquer ceux qui ne demandaient rien, sont venues la faire chier. A lui poser des questions horribles, la traitant de fille facile, de sadomaso, de trainée devant tous leurs camarades. A cette époque Maxim n'était pas la jeune femme forte qu'elle est aujourd'hui. Elle s'est simplement contentée de baisser la tête, encaissant les remarques. Jusqu'à ce qu'une voix, qu'elle ne connaissait que trop bien, retentisse et fasse taire les pestes. Pour la première fois, Pan ne s'adressait pas à elle pour lui lancer une pique, mais pour la défendre. Elle se souvient encore de ce qu'elle a ressentis à ce moment-là. Ses poils se sont dressés, dans l'attente de ce qui allait suivre, puis quand Pan a dit à ses potes d'aller se faire foutre et d'aller emmerder quelqu'un autre, elle n'en a pas cru ses oreilles. Pour la première fois de sa vie, on la défendait. On prenait son parti dans le but de la protéger. Son coeur a cessé de battre à ce moment-là. Puis les battements ont repris, à une cadence plus élevée, plus rythmée. Elle a retrouvé son souffle lorsque son regard a croisé celui de Pan.

› Maxim est née au sein d'une secte. Evidemment, elle n'a jamais vu le mal puisqu'elle avait grandi ainsi, entourée de sa famille. L'amour qu'elle lui portait lui semblait tout à fait normal. Sauf que tout était dysfonctionnel. Maxim l'a compris lorsqu'elle a fuit et qu'elle a été recueillie par cette femme et son mari. Tout était différent. Ils n'essayaient pas de prendre quelque chose de force, ne l'empêchaient pas de faire quoi que ce soit, ni de dire quoi que soit. Maxim pouvait penser par elle-même. N'était plus obligée de vénérer un être qui n'avait rien de divin. Ils prenaient juste soin d'elle, y allaient doucement, pas à pas, sans la brusquer. Une vraie famille.

› Pan et Maxim ont commencé à se fréquenter plus souvent mais toujours en dehors du lycée. C'est même Maxim qui avait insisté, bien que Pan n'ait pas montré plus de résistance que ça. Elle ne voulait pas que ses amis se montent contre lui ni qu'elle se fasse persécuter plus encore parce qu'elle trainait avec un mec qu'elle n'aurait jamais dû approcher. Alors ils se voyaient à l'écart. Au Skate Park. C'est à ce moment-là que la passion de Maxim pour le skate a été dévoilée. Lorsque Pan a décidé de lui apprendre à monter sur la planche à roulette. Aujourd'hui encore, la jeune femme préfère se déplacer de cette manière plutôt qu'autrement. En souvenir du bon vieux temps, de ces moments passés près de cet homme qui faisait naitre de drôles de sensations dans son bas ventre.

› Un jour, la famille qui l'a recueillie à Blue Cove, a ramené un chaton trouvé dans la rue. Maxim n'a pas été capable de s'en approcher, refuser de le toucher de peur qu'il ne meurt. Elle avait un jour, trouvé un chaton perdu dans un champs, près du village. Amoureuse des animaux, elle l'avait ramené chez elle. Franck avait alors complètent disjoncté. Les animaux n'étaient pas dignes de vivre près d'eux. Ils n'étaient bon qu'à nourrir la communauté. Il avait attrapé la pauvre bête et l'avait jeté avec tant de violence contre le mur que le pauvre chaton était mort sur le coup. Maxim a pleuré toutes les larmes de son corps, traitant son chef de tous les noms. Cette dissidence lui a valu plusieurs jours d'isolement et une séance de correction qui ont laissé de profondes marques sur son dos. Elle s'en souvient encore. Et aujourd'hui, croiser la route d'un animal lui provoque de vives douleurs, dans le coeur et dans le corps.

› Pan l'a un jours invitée à manger chez lui. Ils étaient voisins. Il lui avait dit que tout se passerait bien, que ses parents seraient heureux de la recevoir. Pourtant, tout ne s'est pas passé comme prévu. Maxim est restée égale à elle-même, découvrant la maison, parcourant les pièces comme elle l'aurait fait chez n'importe qui, ne touchant à rien bien sûr. Puis elle avait posé des questions, discuté de tout. Elle avait pourtant senti Pan se raidir plusieurs fois à côté d'elle, mais cela ne l'avait pas plus alerté que ça. Ce n'est qu'au moment où le père du jeune homme a fusillé son fils du regard, lui ordonnant de dégager Maxim de chez eux, qu'elle a compris : elle n'avait pas été la bienvenue et ne le serait plus jamais.

› Et Maxim a disparu de la circulation. Elle a cessé d'aller au Lycée. Elle a quitté sa famille. De toute évidence, mise à part à Nora et Parker, manquerait-elle à quelqu'un d'autre ? Elle espérait que Pan remarquerait son absence, qu'il la chercherait quelques peu... Mais il devait être retourné à ses occupations, avec ses amis.

Un courant d’air froid fait dresser les poils de mes bras. Un frisson, violent, douloureux, me parcourt l’échine, me faisant me redresser sur ma chaise dure. La porte pleine s’ouvre sur une grande femme brune aux traits marqués. Elle affiche un doux sourire malgré un regard morne dans lequel on ne peut voir aucune étincelle de vie. Elle entre puis referme la porte immédiatement. Qui est cette femme ? Pourquoi suis-je dans cette pièce grise et sans chaleur, dont les murs dénués de décoration suintent l’angoisse ? J’ai l’impression d’être retenue captive, mais pourtant je me sens sereine. Après ce que j’ai vécu pendant plus de dix ans, ce n’est rien. La femme tire la chaise, le métal qui crisse contre le sol en béton me fait quasiment saigner les tympans. Elle s’assied avec lenteur tout en posant les dossiers qu’elle tenait dans la main sur la table. Elle soupire. Je reste stoïque et analyse chacun de ses gestes. Elle ne semble pas vouloir me questionner avec rudesse ou quoi que ce soit. Tout ce qui émane d’elle est de la bienveillance. C’est étrange car ça ne colle pas vraiment avec son visage fermé et froid.  « Bonjour, Anita c’est ça ? » me demande-t-elle en souriant. J’avale ma salive, mais celle-ci reste bloquer dans ma gorge. Je me racle cette dernière, mal à l’aise soudainement. Personne ne m’a appelé comme ça depuis une éternité.  « C’est le prénom que l’on m’a donné lorsque je suis venue au monde en effet. Mais s’il vous plait, appelez-moi Maxim. » la femme hausse les sourcils, visiblement étonnée que je lui réponde ça. Elle doit en voir des gosses. Mais des gosses qui osent lui répondre aussi calmement et exiger qu’on les appelle d’une autre manière, peut-être pas souvent.  elle note rapidement plusieurs choses sur son calepin.  « Très bien Maxim. Tu sais où tu es et pourquoi tu te trouves ici ? » Je rapproche ma chaise de la table pour poser mes avants bras sur le métal froid. La fraicheur me fait de nouveau hérisser les poils.  « Je ne suis pas sûre.» je réponds, sèche. On vient de m’arracher à un univers dans lequel je commençais à me plaire. Dans un monde où je semblais être aimée. C’est étrange comme situation et comme sensation. J’ai à la fois l’impression qu’on a voulu se débarrasser de moi, et d’un autre côté j’ai l’impression que ceux qui m’ont laissé partir souffrent autant que moi. Tout ceci n’a aucun sens. La femme me sourit tendrement avant de me tendre une main impeccablement manucurée :  « Je suis Martha, mais tu peux m’appeler Mar’. Je suis l’éducatrice spécialisée en charge de ton dossier. En gros, je suis ta référante, celle qui va se charger de toi. » je croise mes mains et baisse légèrement la tête  pour réfléchir quelques secondes avant de relever le regard vers elle.  « Je suis votre cas d’étude ? Comme ça se passe ici ? On va m’examiner dans tous les sens et voir de quoi je suis capable ? Pour ensuite faire de moi un parfait petit soldat, tout ça parce que je n’ai pas vraiment de famille, que je n’appartiens à personne et donc que je ne vais manquer à personne ? » je lui demande soudain d’une voix rude. La femme semble quelques secondes gênée de la situation. Je viens donc de mettre le doigt sur le problème.  « Ce n’est pas tout à fait ça, Maxim. Cependant, tu n’es pas loin de la vérité, je ne vais pas te mentir. Mais… avant d’entrer dans le vif du sujet, est-ce-que tu peux me parler de toi ? » je pousse un ricanement qui se répercute sur les murs grisâtres de la petite pièce. Je fais un signe de menton en direction du dossier devant elle :  « Votre dossier n’est pas assez fourni, Mar ? » je lui demande, insolente avec mon petit sourire plaqué sur les lèvres. Elle sourit légèrement en secouant la tête.  « En effet Maxim, vous êtes ce que l’on appelle une énigme. Même la famille qui vous a receuillie n’ont pas vraiment su nous dire d’où vous veniez et les raisons qui vous ont poussé à partir loin de votre famille. » Ses mots me replongent soudainement quelques années en arrière. J’avale difficilement ma salive. Je n’ai pas envie de me remémorer tout ça, mais visiblement je n’ai pas le choix. Mon esprit ne me laisse pas la possibilité d’oublier. Je plonge mon regard dans celui de la femme.  « Pourquoi vous voulez savoir ça ? » je lui demande durement, n’arrivant pas à contrôler la rage qui pointe dans ma voix.  « Pourquoi m’obliger à revivre quelque chose que je voudrais simplement oublier ? » je fronce les sourcils, les mains posées à plat sur la table, les doigts crispés voulant presque s’enfoncer dans le métal. Soudain, Martha pose une main chaude sur la mienne. Son geste provoque un mouvement de recul chez moi. Je suis surprise. J’en oublie presque immédiatement la rage qui faisait bouillir mon sang quelques secondes auparavant. Elle pose un regard tendre sur ma personne. Ses yeux viennent de briller légèrement. Ils ne sont plus aussi mornes, une étincelle de vie vient de leur donner un nouvel éclat.  « Maxim… écoute, je ne suis pas là pour… je ne sais pas ce que tu as vécu avant d’arriver ici. Je ne cherche pas à te faire souffrir. Je suis là pour t’aider. Nous sommes ici pour t’apporter tout ce dont tu manques… Une famille. » mes yeux s’écarquillent sur ces derniers mots tandis que mon coeur rate un battement. Comment sait-elle ? Comment a-t-elle pu comprendre que tout ce que je désirais était une famille, une vraie, aimante, douce, et surtout normale ? Je retire vivement ma main. Je n’ai jamais supporté les contacts physiques, sauf avec lui. Il a été le premier dont j’ai accepté le contact. Ce n’était pas souvent. Parfois juste une main posée sur mon bras, parfois un simple check pour me saluer. Ce n’était pas grand chose. Mais s’il avait laissé sa main sur ma peau, je l’y aurais laissée des heures entières.  « J’en avais trouvé une, avant que vous débarquiez dans ma vie. » Elle ramène sa main sur le dossier et perd son sourire :  « Tu parles du couple qui t’a hébergé ces quelques mois ? » je soupire :  « Quelques mois qui ont fait un an et demie. Ils étaient devenus ma famille. Et il n’y avait pas qu’eux deux… » elle note de nouveau quelque chose dans son foutu dossier :  « Ils ne pouvaient pas te garder Maxim. Et si tu parles du jeune qui vivait dans la maison voisine… vous n’auriez pas pu rester amis longtemps. » elle me balance ça comme si elle savait d’avance ce qui se serait passé. Mais elle n’a pas la science infuse. Elle ne sait pas le lien qui s’était formé entre Pan et moi. Je croise les bras sur ma poitrine. Mar’ me regarde, se déridant un peu :  « Je suis désolée Maxim. Sache que tout ce ne nous faisons est pour ton bien et je sais qu’un jour tu comprendras… »

Nous discutons encore quelques minutes, je sens qu’elle réussit à me mettre en confiance. Ce n’est pourtant pas facile de le faire avec moi. Je ne suis pas comme tous ces enfants à qui il suffit de donner un chocolat chaud et de leur dire quelques mots gentils. J’ai toujours vécu dans la méfiance, dans la peur et la crainte de ceux qui m’entourent. Cependant Mar’ a percé ma carapace. Elle a fait un petit trou qu’elle continue d’agrandir de minute en minute.  « Tes parents biologiques… » je fronce les sourcils immédiatement, elle semble comprendre que ce sujet m’est difficile.  « Je n’en ai pas ! ». Mar’ fait glisser la pointe de son stylo sur le papier pour le noircir un peu plus. Elle a à présent deux pages entièrement recouvertes d’informations sur moi. Faut croire que je suis passionnante.  « Tout le monde a des parents Maxim… Tu es forcément venue au monde quelque part, dans une famille, une maison… » elle semble tout savoir, comme si c’était évident tout ça, et ça me rend dingue. Je frappe la table du plat de mes mains :  « NON ! Je ne suis pas née dans une maison et encore moins dans une famille. Je suis née dans une secte. Mon père a violé ma mère, qui n’était autre que sa propre mère. Je suis la fille de mon frère. Notre mère est morte en me mettant au monde. Et j’ai grandi sous le joug d’un gourou qui se prenait pour le nouveau Charles Manson. Dans un endroit perdu au milieu de nul part. Loin de toute civilisation. Pendant dix ans j’ai cru que nous étions seuls au monde et que tout ce que je vivais était tout à fait normal. Mais il n’y a rien de normal. Je ne devrais même pas exister !! Je suis une aberration de la nature. » Lorsque je cesse de parler, j’ai le souffle court.  « Une secte ? » me demande-t-elle, les yeux écarquillés. Je me renfrogne :  « Vous ne me croyez pas ? » Elle se redresse aussitôt, les mains en l’air comme pour se dédouaner :  « Non ce n’est pas ça Maxim. Je te crois, bien sur. Mais... où se trouve-t-elle ? » je fronce les sourcils en secouant la tête  « Je ne sais pas. » Martha s’avance un peu vers moi en abaissant les mains au dessus de la table, les paumes levées vers le ciel :  « Comment ça ? Tu ne sais pas où tu étais ? Quand tu es partie tu as bien du repérer quelque chose ? » que cherche-t-elle exactement ? Et que ne comprend-elle pas dans la phrase « je ne sais pas » ?  « Non ! J’ai couru. Le plus vite et le plus longtemps possible. Sans me retourner. Sans essayer de voir s’ils me pourchassaient. Puis je me suis cachée. Et j’ai pris plusieurs bus... jusqu’à Blue Cove. » Elle acquiesce, comprenant que je n’ai aucune idée de l’endroit où j’ai vécu pendant quatorze ans. Elle note de nouveau sur son papier les informations sur moi que je viens de lui donner.  « Tu avais de l’argent ? » je secoue la tête.  « Alors comment as-tu fait pour arriver jusqu’ici ? » Je hausse les épaules :  « C’était relativement facile pour moi d’en avoir… les hommes lâchent vite quelques billets… » Martha se fige soudainement, une expression horrifiée plaquée sur le visage.  « Tu… » je n’ai pas besoin qu’elle finisse sa phrase pour comprendre ce qu’elle veut dire. Je détourne le regard. C’est suffisant pour elle. Elle passe une main lasse sur son visage. Et ne cherche pas à en savoir plus sur mon arrivée ici. Du moins pas ce genre de détails là.  « Pourquoi tu es partie Maxim ? » je soupire et la fixe à nouveau :  « Parce qu’il voulait agrandir la famille. » elle note, sans me regarder : « C’est-à-dire ? » demande-t-elle naïvement :  « Ne faites pas comme si vous ne compreniez pas… » Elle me regarde avec de l’incompréhension dans les yeux « Agrandir la famille... c’est-à-dire que tu aies un enfant ? » j’acquiesce :  « Mais tu étais trop jeune. » je souris légèrement. Tout ceci semble tellement incompréhensible pour les autres, mais tout ce que j’ai vécu me semblait, jusqu’à il y a encore 2 ans, tout à fait normal.  « J’ai été en âge de procréer très tôt. C’est-à-dire que j’ai été prête à agrandir la famille tôt. Trop tôt. C’était le but de Franck, notre gourou. Tout ce qu’il voulait s’était créer sa propre race. La plus pure. Alors c’était à mon tour de contribuer. Ils ont essayé... mais ça n’a pas marché. J’ai fait une fausse couche. Mais même après ça ils ont continué. Mais les fois suivantes, ce n’était plus aussi doux que la première fois. Et ça ne fonctionnait pas plus. Je n’ai plus supporté de me faire maltraiter. Je me suis rebellée. Je ne voulais pas... je ne voulais plus qu’ils me touchent. Alors j’ai fuis. J’ai abandonné mes frères, mes sœurs, ma famille… » une larme solitaire coule sur ma joue, je l’essuie avec rage. Je ne veux pas me souvenir de tout ça.  « Je suis désolée Maxim. Tu n’aurais jamais dû vivre ça… » J’hausse de nouveau les épaules, comme si tout ça n’était rien :  « La première fois ça ne m’a pas dérangé. C’était normal. J’étais venue au monde pour ça. Toutes mes sœurs ont connu ça... mais après... mes soeurs m’ont fait comprendre qu’il fallait que je parte. Si une fille fait une fausse couche, c’est qu’elle n’est pas viable, qu’elle ne fera pas prospérer la lignée… » Martha se tait quelques instants. Se contente d’écrire puis de poser son stylo avant de planter son regard dans le mien.  « Tu regrettes d’être partie ? » je pousse un profond soupire :  « Je ne sais pas. »

Martha quitte la pièce quelques minutes pour aller me chercher un soda. Lorsqu’elle revient, elle semble différente. Presque résignée.  « Sais-tu qui nous sommes ? »  je croise les bras sur ma poitrine :  « Comment pourrais-je le savoir ?! » Martha attrape ma canette et l’ouvre avant de la faire glisser vers moi :  « Nous sommes la Division, Maxim. » je fronce un peu les sourcils :  « Ça ressemble vachement au nom d’une secte ! » dis-je d’un ton railleur. Martha pousse un léger ricanement :  « Non. Loin de la. Nous sommes une sorte de… famille. » je plisse les yeux.  « Ca aussi c’étaient les mots de Franck. » J’attrape ma boisson avant d’en boire la moitié, la reposant avec fracas sur la table :  « Non, tu te méprends. Nous sommes une organisation gouvernementale si tu préfères. Une entité de la CIA... et nous pouvons t’aider. Nous pouvons t’offrir ce que tu recherches : un foyer. Un endroit qui prendra soin de toi mais où tu seras libre. » ça me parait alléchant en effet. Martha est douée puisqu’elle a tout de suite compris que mon voeu le plus cher était d’avoir un foyer aimant :  « En échange de quoi ? Y’a toujours une contrepartie pour ces choses là. » j’ai beau vouloir de tout mon être avoir une famille, je ne suis pas idiote.  « En échange de ton aide. Nous voulons que tu deviennes un agent… »
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