C’est peut-être son lien avec le Docteur Raines, ou la façon directe dont elle a été éduquée, qui lui fait avoir ce comportement froid et distant qu’elle a en général avec tout le monde. Mais le professionnalisme, c’est quelque chose qu’elle admire et à quoi elle aspire. Elle avait simplement plissé le coin de ses lèvres pour lui montrer que ce n’était pas grave, mais Saoirse a accepté ses excuses pour continuer son petit quotidien. Puisqu’elle n’a pas encore goûter à ce que procurer la curiosité, elle ne peut pas savoir ce que ça lui ferait d’imaginer l’homme dans d’autres vêtements, dans un autre endroit. Elle se contente d'acquiescer, plus parce qu’elle est obligée de faire face à ce compliment sur sa personne qu’elle ne s’était pas attendue à recevoir. Saoirse ne connaît pas le regard des hommes sur son corps parce qu’elle ne s’y est jamais attardée. Elle sent même ses joues rougir légèrement à cause de ça, s’est contentée de le remercier à l’aide d’un simple mot qui a eu du mal à s’échapper de ses lèvres tellement il a été dit doucement. Pourquoi voudrait-elle tellement que ces mots aient été dit par l’homme à la bouteille d’oxygène ? Saoirse ne sait pas dissocier ce qu’elle ressent pour lui, de ce qu’elle croit être de l’attirance ou même de l’amour. Elle ne connaît pas la vie.

“ - Vous êtes présentement à l’étage numéro un.” Explique-t-elle en suivant les désirs du nouveau venu. “ Les laboratoires sont ici, suffisamment grand pour que vous les découvrirez par vous-même lors de vos recherches.” Professionnelle, elle laisse tout de même le temps à l’homme de regarder ce qui se trouve autour de lui avant de sortir de cet endroit qu'elle affectionne tant. “ Nous y reviendrons par la suite… faisons le tour du bâtiment en premier, si cela vous convient.”

Alors, elle sort du laboratoire. L’étage est divisé en différentes parties. Saoirse n’hésite pas à montrer la porte où il lui suffira de toquer si jamais il est à la recherche d’un enseignant, ou d’un membre du personnel. Voilà bien longtemps qu’elle n’a pas été y frapper. Mais elle continue, parce que l’institut est grand, vaste, là où les élèves peuvent étudier tant de choses qu’une petite école n’aurait pas suffit. Elle lui montre aussi la partie de l’internat des différents étudiants : un endroit où il n’aura pas le besoin d’y aller, contrairement à elle, puisqu’elle y vit paisiblement avec son petit Brindille adoré.

“ - Les salles de cours sont par ici…” Dit-elle en passant devant une statue à laquelle elle ne fait même plus attention à force de la voir. “ Vous avez les horaires, et les différentes classes accrochés à ce tableau.” Qu’elle pointe du doigt lorsqu’ils arrivent à la hauteur prévue. “ Plus loin, sur votre droite, ce sont les classes de simulations. Evitez de les interrompre, si vous voulez mon avis…”

Saoirse ne peut s’empêcher un très léger rire qu’on ne remarque que parce que c’est si rare chez elle. Elle le fait parce qu’elle repense à une autre personne qui avait interrompu la simulation d’un autre élève ; quelle dispute n’avait pas eu lieu entre eux, au beau milieu du couloir. Saoirse avait été si scotchée qu’elle était partie s’enfermer dans son laboratoire pour enfiler ses écouteurs.

“ - Il ne nous reste plus que la partie sportive… Ensuite, l’étage numéro deux sera pour l’administration.”

L’homme est mal, ça se voit, il titube sur quelques pas et doit se tenir à quelque chose pour rester droit. Il a chaud, quelques gouttes de sueur perlent sur son front. Est-ce l’effort, ou quelque chose d’autre qui le met dans cet état ? Si Saoirse n’est déjà pas tactile, elle n’approche pas cet homme pour prendre soin de lui, comme certainement n’importe qui de normal l’aurait fait. A distance, elle allait pourtant poser une question sur son état, mais le dénommé Sean la prend de court en répondant comme s’il avait lu dans son esprit. Cela lui permet de garder les lèvres closent, de seulement acquiescer par un mouvement positif de la tête, comme toute bonne femme conditionnée qu’elle est. Alors, elle attend patiemment que l’homme ait reprit contenance.

“ - Si avoir le ventre vide vous mets dans cet état…” Elle reprend la parole, seulement quand il s’est redressé pour montrer qu’il était prêt à partir. “ ne vous gênez pas pour emmener quelque chose à grignoter au labo. Cachez-le, car inscrire votre nom dessus n’empêchera pas mes camarades de venir se servir pour éviter de descendre au rez-de-chaussée.”

Le faible sourire qui s'immisce sûr ses lèvres montre bien que Saoirse ne sait pas s’y faire avec les gens. Elle pourrait l’aider, dire quelque chose de réconfortant, mais elle ne trouve jamais les bons mots pour faire passer ce qu’elle pense qu’elle devrait ressentir. Comment une personne qui ne connaît rien à la véritable nature humaine peut-elle travailler sur un programme de clonage ? Parfois, elle se demande si Raines a raison de lui donner autant d’importance dans ses recherches. C’est pourquoi elle fait tout son possible pour se laisser aller, pour essayer d’apprendre des autres, de la façon d’être des Hommes, dans leur caractère et leurs manies qui font d’eux des êtres vivants.

Alors ils ont du passer outre les lieux de sports pour remonter dans l'ascenseur. Saoirse sait comment sont les jeunes autour, ils sont tous trop intelligents pour faire ce genre de betises, et pourtant, ils les font quand même. Petits égoïstes aux parents bourgeois qui ne se rendent pas compte de la gravité de ce qui se passe ici. Saoirse aurait pu finir comme eux, si Raines n’avait pas été attirée par l’intérieur de sa tête, ses capacités, son don dans le domaine scientifique. Et par les liens qu’il a attaché à Saoirse, il la tient, a fait d’elle la femme qu’elle est aujourd’hui ; petit pantin articulé.

A la cafétéria, beaucoup de choses sont mises à dispositions pour boire, pour manger. Avec tout l’argent donné à l’Institut par les parents et donateurs, comment pourrait-il en être autrement ? Alors, Sean pourra choisir ce qu’il veut mettre sous sa dent pour combler son petit creux, comme Saoirse s’empresse de prendre la même bouteille que d’habitude : un jus orange, mélange de carottes et de fruits. Celui qu’elle boit continuellement, qui fait parti de ses tocs, celui qui lui fait penser à Lexie. Elle a eu un faible sourire, plus discret que les autres, bien plus naturel à cette pensée. Mais celui-ci a déjà disparu lorsqu’ils se retrouvent attablés à une table basse, assis dans des fauteuils confortables pas loin d’une grande vitre qui laisse entrer la lumière de l’extérieur ; de la vraie vie.

“ - Je suis de loin la plus faible en ce qui concerne les relations.” Dit-elle en le regardant dans les yeux, sachant très bien qu’elle n’est pas à sa place ici et que les yeux des autres étudiants la minent plus qu’autre chose. “ Pour faire connaissance, ou simplement… discuter. Je vous serais bien plus utile dans le laboratoire, vous savez ?”

Travailler sur ses lacunes. Tout le monde semble trouver ça facile à dire, mais Saoirse voit ça comme une montagne à gravir. Le temps qu’elle a passé avec Lexie lui a fait le plus grand bien, pour être honnête. Elle commence à peine à voir ce qui peut être si beau de l’eau côté du Centre - là où la vie semble tranquille et sans ombre réellement dangereuse au dessus des têtes. Mais Saoirse a pourtant simplement répondu d’un très faible sourire. Parce que le travail constant est ce qu’on apprendre en laboratoire. Et pour être honnête ? Elle se sent dix fois mieux aujourd’hui qu’il y a un an déjà.

Lorsqu’il parle de salutations simples le matin, et de ce sourire qu’il imite à la perfection autant physiquement que par ce bruit presque strident qui fait tourner quelques têtes vers eux. Parce qu’elle est prise d’un vrai rire -bien que court, Saoirse n’y a pas fait attention alors que d’habitude, elle est la première à se cacher des yeux des autres. Si c’est parce qu’elle est très proche du Dr. Raines qu’on la met de côté à l’Institut, Saoirse commence tout juste à se demander si on la regarderait autrement si elle n’était pas aux côtés de cet homme. Elle se demande, mais n’oserais pas imaginer être loin de lui. Mais pour une fois, elle parvient à faire abstraction. S’ouvrir aux autres est difficiles, les premiers pas surtout. Pourtant, ça semble moins dur face à quelqu’un de naturel et de detendu.

“ - Bon et au cas où vous ne l'aurez pas remarqué, partout ou je passe j'adore passer inaperçue.”
“ - C’est ce qui va se passer avec votre comportement,” Dit-elle en ayant maîtrisé son rire, mais en gardant un sourire plus franc coincé sur ses lèvres. “ personne ne vous regardera, et personne ne parlera derrière votre dos.”

Cette phrase a été dite plus doucement comme si elle ne voulait pas que les autres entendent. Saoirse ne parle jamais de ses camarades, ni même directement à eux, pour être honnête. Renfermée, son seul véritable amie est le Savannah qu’elle a créé en laboratoire. Sans lui, elle serait encore plus morne et triste qu’elle ne peut sembler l’être de l’extérieur aujourd’hui.

“ - Jamais vous ne pourrez cacher autant de choses au labo..” Reprend Saoirse en voyant tout ce que son nouveau collègue semble avoir envie de se mettre sous la dent. Ne serait-il pas en train de lui donner envie de goûter ? “ Mais la cafétéria est ouverte tout le temps. Et toujours approvisionnée pour contenter tous les estomacs sur pattes…”

La jeune femme continue de sourire, mais ressent un pincement dans ses jours puisqu’elle n’en a pas l’habitude. Et elle décide de détendre ses muscles et retrouve un visage presque impassible. Pourtant, elle se contente d’ouvrir sa bouteille et de s’en verser un verre. Une gorgée bien savoureuse, dont elle profite en se délectant de chaque parfum. Puis, elle repose son attention sur l’homme qui semble complètement sorti de nul part, pas à sa place, comparé aux autres.

“ - Alors… quelles sont vos spécialités, au sein du laboratoire ? “ Elle demande, et maintenant que les choses touchent à la science, on peut voir une étoile pétillante dans son regard.