Une matinée comme une autre commençait au Centre. J'étais arrivé particulièrement tôt aujourd'hui même selon mes critères. J'avais pratiquement dormi ici en réalité. J'étais resté tard dans la nuit au bureau pour analyser les dernières simulations de Wyatt et j'étais arrivé tôt parce que je voulais voir les conséquences sur sa psychologie ce matin.

Il avait passé un mois en simulation complète et son cerveau avait été manipulé afin de croire qu'il avait passé trois mois en parfaite autonomie sur une île déserte après le naufrage de son bateau. Au départ il y avait eu la nage durant des heures, l'installation de son campement, la survie aussi et surtout, la partie qui m'intéressait le plus, la solitude. On l'avait nourri par sondes durant tout ce temps et ce matin, ça allait être son premier retour à la réalité... J'avais hâte de voir ses réactions. Tellement hâte.

Mine de rien, il m'avait manqué aussi ce petit... même si j'avais pu le surveiller au fil des rush de ses simulations. Je me demandais vraiment dans quel état psychologique j'allais le retrouver... même si au fond de moi, j'en avais une petite idée.

Je marchais dans le couloir d'un pas normal, sans me presser, dans une main, une plaque avec des feuilles, et un bic à la poche de ma blouse blanche pour prendre note. Arrivant devant la cellule de mon protégé, je jetais un œil à la fenêtre de contrôle et je déverrouillais la porte pour entrer. J'avais donné pour consigne que nul ne devait entrer avant mon passage et de ce que j'en savais, cela avait été respecté. Je lui avais apporté un petit baluchon en carton contenant des tartines, une boisson sucrée, une gaufre et un petit muffin au chocolat. Un repas type hôpital en somme.

Je sais que je ne peux pas refuser ce qu’on demande de moi, mais parfois, je n’ai pas envie de faire les simulations, je préférerais rester avec Godric pour parler, et même si ce n’est pas pour cela, être avec lui me plaît beaucoup. Quand on me dit que la simulation va être plus longue dans le temps, je n’en ai pas envie. Être séparé de Godric, je ne sais pas combien de temps, ce n’est pas une chose qui me donne envie. Mais je n’ai pas le choix. Je me retrouve allongé sur mon lit, et me voilà sédaté. À partir de ce jour, le temps me parait très long. Je me retrouve sur une île déserte, ayant subi un naufrage où j’ai cru mourir noyé, mais de justesse, je me retrouve livré à moi-même et j’avoue que mon premier réflexe, c’est de me muet dans le silence. Ça a beau être une simulation, je laisse mon esprit agir, je me débrouille pour survivre dans cet environnement totalement nouveau, mais je sais que je n’ai pas envie de parler. Godric n’est pas là, il m’a laissé seul et je n’aime pas ça. Cette absence, cet abandon, je peux ressentir cette frustration, celle d’avoir perdu mon pilier, celui qui compte le plus pour moi. Mais je ne le dis pas, je n’en ai pas le droit. Je sais ce qu’on attend de moi, je dois me débrouiller pour vivre sur cette île, je dois survivre seul et montrer de quoi je suis capable dans ce milieu. Mais j’avoue que je suis totalement désorienté. Moi qui passe mon temps avec ce précepteur, je me retrouve seul pour cette simulation. Ce n’est pas la première fois, mais c'est long. Comparer à certaines simulations, cette fois-ci ça dure plus longtemps et mon cerveau bloque sur son absence, je ne pense qu’a lui et j’ai la sensation de déprimé, de m’ennuyer seul sur cette île. Si ce n’était pas une simulation, je serais là, en train de gratter mon poignet, j’avais beau être simulé mentalement, une part de moi s’ennuie.  

Quand on vient pour me faire sortir de la simulation, stoppant les sédatifs, mon corps reprend petit à petit ses sensations, mais mon esprit reste dans le néant un long moment. Le seul qui occupe mon esprit, c’est Godric. J’avais envie de l’appeler, de m’accrocher à lui, pour être sûr d’être revenu à la réalité, mais j’étais encore dans un état second. Mon corps était réactif, j’avais déjà bougé dans mon lit, prenant la position du fœtus par instinct naturel, et j’immerge bien plus tard. Je suis toujours un peu long au réveil, j’ai toujours du mal à revenir à la réalité et les spécialistes le savent et ne s’en inquiète pas plus. Si j’étais sondé durant cette simulation, pour mes besoins vitaux, nourriture et aussi mes besoins physiques, mon corps est enfin revenu à la réalité et quand j’ouvre les yeux une première fois, je porte mes mains à mes yeux.

La lumière de la chambre est toujours difficile les premières minutes. Mais je passe vite la gêne pour ouvrir enfin les yeux et rechercher Godric. C’est le seul que je veux voir, en cet instant, il me manque, sa présence, sa voix, j’ai besoin de lui. Et quand je vois que je suis seul, je ne peux m’empêcher de pleurer. Je sais que je suis quelqu’un d’hyper fragile et j’avais passé tellement de temps loin de lui que ne pas le voir, me rend si fragile, les larmes coulent toutes seul sur mes joues. Je plonge ma tête dans mon oreiller pour me cacher, je sais que je suis surveillé et je n’aime pas l’idée que l’on me voit ainsi, mais je ne peux pas me contrôler. Je sanglote, par réflexe, mes doigts viennent griffer mon poignet intérieur, je suis frustré de ce réveil, de cette absente de Godric... Mais voilà que j’entends la porte s’ouvrir. C’est un infirmier ? Je n’ai pas envie de repartir en simulation, je n’ai pas encore vu Godric, pourquoi il n’est pas là ? Je suis totalement perdu sans lui et quand je bouge ma tête, mon regard humide découvre qui vient d’entrer dans ma chambre. Depuis mon réveil, je suis seul si mes larmes coulent sur mes joues, à moitié épongé par mon oreiller, mes doigts grattent ma peau la faisant rougir fortement, encore quelques minutes et j’aurais réussi à me faire saigner, mais la porte de ma chambre s’ouvre et mon regard se décale de l’oreiller pour voir qui entre.

- “Godric !”

Je m’exclame en le voyant entrer. J’étais si content de le revoir, il m’avait tellement manqué, j’ai envie de le voir, de l’approcher, j’aimerais sentir ses bras me tenir contre lui, mais je doute que ça arrive un jour. J’ai déjà émis ce souhait, mais ce n’est pas une chose possible, mais je ne peux pas m’empêcher de le souhaiter. Il est tout pour moi, le seul en qui j’ai confiance.

Mon pauvre petit protégé... Prostré dans son lit, il me ferait presque mal au cœur si ce n'était pas pour la science. Cette simulation, c'est moi qui l'ait voulue et pas seulement pour sa capacité éventuelle à survivre seul sur une île déserte, non, mais pour son impact psychologique aussi bien sur l'île qu'à son retour à l'humanité. Un peu le cas de Tarzan, les singes en moins. Oui... plus un cas de Robinson Crusoé en vérité. Je pensais me servir de ces données pour renforcer entre autre mon étude du syndrome de dépendance affective lié au syndrome de Stockholm. Car Wyatt, comme beaucoup de caméléons en vérité, l'avait développé, et lui d'une manière particulièrement forte, d'ailleurs. Mon cas préféré.

« Tu allais recommencer ...»

Je n'ai pas manqué de voir son avant-bras rougi et alors que je m'approche de lui, j'attrape son bras pour le retourner et l'examiner. Aucune trace de blessure particulière. Juste le rougissement de sa peau. Je lui avais déjà signifié plusieurs fois de ne pas intenter à l'intégrité de son corps, mais cela, il avait toujours eu du mal à l'intégrer.

« Tu as de la chance, sinon j'aurai dû sévir. Bien. Je vais te donner ton repas et puis j'aimerai que tu me fasses ton rapport »

Je relâche son bras et je lui tends son doggy-bag avant de m'asseoir sur la marquise-banquette en face de son lit. Il n'a pas des masses de meubles ici et pas beaucoup de possessions non plus. Sa chambre n'est pas spécialement faite pour qu'il se sente bien mais pour être fonctionnelle. Elle est presque triste en vérité. Les dessins colorés qu'il affichait aux murs étant enfant me manquerait presque.

« Comment te sens-tu, Wyatt ? »

Je sais que ce que je ressens et différents envers Godric. Je l’ai vite compris et je ne peux m’empêcher d’être accro à lui. C’est peut-être étrange, mais pour moi, il est celui qui a de l’importance, il n’y a que lui. Je sais que je n’ai pas le choix, que les simulations sont mon quotidien, mais je n’aime pas me savoir loin de lui. Que ce soit une simulation ou la vérité, je n’aime pas que Godric s’en aille. Je me retrouve souvent seul dans ses murs et c’est difficile à supporter. J’aimerais tellement rester avec lui, peu importe où il va, loin de ma chambre, je voudrais le suivre, mais je n’ai pas le choix. Je ne connais que ses murs, et je n’imagine pas sortir d’ici. Même si durant les simulations, je comprends qu’il y a un extérieur, je ne suis pas idiot et je l’ai bien compris. Mais être seul là-bas, loin de Godric, je ne veux pas. Alors cette simulation, j’ai fait ce qu’on attendait de moi, mais j’ai trouvé le temps tellement long, mon corps est chargé en énergie, mais pas forcément celle qu’on espère de moi. Un mois, sans avoir la possibilité de me caresser, sans voir Godric, sans pouvoir pensé à lui d’une certaine manière, c’est frustrant. J’ignore si mon corps a réagi physiquement quand j’avais certaine pensé naturel, des pensée sexuel, mais maintenant que je suis éveillé, je peux sentir cette frustration.  

Godric entre dans ma chambre et il voit mon poignet. Je le laisse me toucher, saisir mon poignet pour vérifier que je ne saigne pas. Non, je n’ai pas été jusque-là, il est sûrement arrivé à temps. Mais si sa voix me gronde, comme on gronderait un enfant, je ne peux pas m’empêcher de regarder sa main qui est posée sur moi.  

- “Je suis désolé.”

Ce sont les mots qui passent à travers mes lèvres, en guide d’excuse pour m’être gratté le poignet. Quand il me tend mon repas, je l’agrippe de mes mains et je l’observe s’asseoir face à moi, sur le seul canapé de la pièce. Le rapport... Oui, il est là pour ça, mais je ne peux m’empêcher de penser que moi aussi il voulait me voir. J’ouvre le sac et je me saisis de la gaufre que je déballe pour la croquer en premier. Je ne meurs pas de faim, mais bizarrement, j’avais envie de manger, de sucré. Je croise mes jambes sur mon lit et entre deux bouchés, je prends la parole.

- “Je n’ai pas aimé... c’était long. Je n’ai rien appris là-bas... et tu n’étais pas là... j’ai dû me faire une cabane et trouver de quoi manger. Mais je préfère tes gaufres.”

Comme si cette gaufre était faite par Godric... Pour moi, c’est la seule chose que je peux espérer de lui. Je re-croque dans la gaufre quand mon regard se pose sur le sachet qui est à mes côtés. Je me demande déjà ce que je vais manger après. Et pourtant, si mon regard est occupé, mes paroles continue à faire le rapport. J’arrive à faire plusieurs choses en même temps, et même si je suis réveillé depuis peu, j’y arrive sans soucis.

- “Je n’ai pas aimé avoir la pluie sur moi, j’ai eu froid et être mouillé ce n’est pas top pour dormir. Tu m’as manqué Godric... Pourquoi tu ne viens jamais avec moi dans les simulations ?... Ça serait plus amusant.”

Voilà que je pose la gaufre pour me saisir d’une tartine que je croque dedans. Peu importe comment je mange, je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme si j’étais en manque. Comme si mon corps avait faim ou que mon esprit voulait de la vraie nourriture.

Il s'excuse pour avoir failli se blesser mais je n'ai pas l'impression qu'il le pense vraiment. Seulement je ne dis rien à ce sujet. Je le regarde avec le sourire déballer sa gaufre. Il a toujours eu le palais sucré et je pense que ça a dû lui manquer durant sa simulation. Ça et sans doute le fait de ne pas avoir pu vraiment manger tout court même si son cerveau en a eu l'illusion. Il n'a bien sûr pas maigri lors de sa simulation car ses paramètres ont été vérifiés mais je pense que ses muscles doivent avoir un peu fondus, j'en ai l'impression en tout cas et je me demande si marcher ne sera pas un peu difficile dans les premiers jours de son réveil. Je ne crois pas qu'il ait déjà essayé de se lever.

« Tu sais bien que ce n'est pas moi que l'on teste, Wyatt. Tu aimerais que je vienne une fois avec toi, humm ? »

Je souris et je me lève pour l'approcher, ébouriffant ses cheveux.

« Nous verrons quand tu seras un peu remis de celle-ci. Il va falloir que tu remuscles un peu tes bras et tes jambes. Tu es resté allongé un moment. Tu devras être prudent quelques jours »

Je me doute qu'il n'a pas trop aimé son séjour mais la plus grande clef de ce test n'était pas vraiment sa survie, du moins pas la partie qui m'intéressait le plus même si cela aussi avait été évalué. Je devais maintenant essayer de le mener sur le sujet afin qu'il m'en dise un peu plus car ses capacités de survie avait déjà fait l'objet d'une étude au vue des images de la simulation.

« Comment tu t'es senti là bas ? Comment ça se passait dans ta tête ? Vivre là bas sans voir personne, sans me voir. J'aimerai que tu me racontes, tu veux bien ? »

Je m'assieds sur le lit à côté de lui, ma cuisse proche des siennes mais pas contre lui. Je n'ai pas spécialement envie de rester à distance de lui et je pense qu'il va apprécier que je ne sois pas trop loin de lui. Ne pas voir personne a dû l'impacter, j'en suis presque certain.

Ce n’est pas la première fois que je fais des simulations, mais j’ai toujours cette envie de manger quand je reviens à moi. Je sais que j’ai un faible pour Godric, c’est de plus en plus intense et sa présence m’est essentielle, par contre, j’ai ce même effet avec la nourriture. Ou plutôt avec la sensation de manger. Mon corps n’a pas faim, ils ont veillé à ce que j’ai ce qui n’est pas nécessaire durant la simulation, mais cette sensation de marché, de manger est comme essentiel à mon bien-être. Bien sûr, Godric passe avant tout, et je ne fais que de pensé à lui et ce mois, sans le voir, sans sentir son regard sur moi, c’est terrible, ça me manque énormément.

- “Oh oui, ça serait tellement bien. Je n’aime pas être seul, tu le sais... Et j’ai peur quand je suis dehors. Je serais plus rassuré si tu étais avec moi.”

Je sais pourtant que je n’ai pas quitté mon lit, que mon corps est resté ici, branché à divers endroits pour mon bien-être, pour les besoins primaires, mais je confonds parfois la réalité et la simulation, surtout peu de temps après être réveillé.

J’arrête de croquer dans ma tartine quand je vois Godric s’approcher de moi. Je lève un peu la tête et je ferme les yeux quand il vient ébouriffer mes cheveux. Je penche légèrement la tête, car j’aimerais tellement sentir cette main sur ma joue, mais je sais que je ne peux pas. J’apprécie ce geste, mais quand il arrête, j’essaie de ne pas montrer ma frustration. Je reporte mon attention sur ma tartine, pourtant, je ne le quitte pas du regard et j’apprécie de le voir s’asseoir à mes côtés.

- “je ferais attention... tu es le premier que je vois depuis mon réveil, je n’ai pas osé bouger du lit, mais je peux aller aux toilettes ? Je peux bouger du lit ?”

Je n’ai pas forcément envie d’aller aux toilettes, mais je n’avais pas osé bouger du lit. En même temps, Godric, c’est le seul que je voulais voir. Je hausse la tête à sa demande. Oui, je veux bien lui parler, et j’arrête de manger ma tartine pour prendre la parole.

Mon regard se pose sur sa cuisse qui est si proche de moi, mais j'essaie de me concentrer pour expliquer la frustration que j’ai ressentie. Si l’absence de Godric était flagrante, j’ai plus d’une fois ressenti du désir, mais je n’ai pas pu l’assouvir, c’était comme si je n’arrivais pas à me contrôler et que pour que l’envie passe, je devais juste être patient. J’ignorais si mon corps avait réagi extérieurement, mais mentalement, j’en avais envie.

- “C’était difficile d’être seul, je n’aime pas ça. Je n’ai personne avec qui parler et j’avais hâte de te revoir. J’avais envie de certaines choses, mais c’est comme si j’étais coincé dans ma tête. Je sentais que j’avais envie, mais je ne pouvais pas me toucher, tu sais... c’est difficile d’attendre que ça passe, j’avais l’impression d’avoir mal, mais je ne comprenais pas ou j’avais mal... c’est encore flou dans ma tête...”

Si je m’embrouille dans mes explications, c’est que toutes les sensations semblent revenir dans mon esprit en même temps et la partie de mon corps qui semblait réagir dans mon esprit, durant la simulation, semble réagit au souvenir qui me revient soudainement. Je porte ainsi mes mains sur mon entrejambe, lâchant la tartine sur mon lit, je baisse la tête, mon regard et je ne peux pas m’empêcher de rougir.

- “c’est comme si j’étais dans un rêve, à la fois si réel, je pensais à toi, je voulais te voir, mais tu n’étais jamais là... j’étais seul... c’est frustrant de... j’ai envie...”

« Je suis toujours là pour toi Wyatt, tu le sais bien, même si tu ne peux pas me voir »

Je souris, je suis assez content qu'il verbalise son attachement envers moi, mais je suis sans doute encore plus content d'entendre sa voix car Wyatt n'a jamais été extrêmement bavard avec les membres de l'équipe, que du contraire. Je crois que je suis un des seuls du Centre à pouvoir parler aussi longuement et aussi facilement avec lui. Je sais que Wyatt a quelques profonds traumatismes ancrés en lui et je ne suis pas certain qu'il les avait tous avant d'être emmené dans cet endroit. En fait je suis même certain du contraire. Je souris et je pose la main sur sa cuisse, la serrant un peu, gentiment.

« Bouger seul ne me semble pas être l'idée du siècle, tu as bien fait de ne pas te lever, je vais t'aider »

Je retire ma main de sa cuisse et je me lève du lit pour me mettre en face de lui et lui tendre ma main afin de l'aider à s'extraire du lit dans un premier temps, puis de pouvoir le soutenir ensuite jusqu'à la pièce où il pourra faire son office.

« Des envies sexuelles, Wyatt ? Théoriquement les sensations dans la simulation auraient dû être les mêmes que dans la réalité. Tu dis que tu as eu la sensation d'avoir une gène ? De ne pas avoir pu toucher ton corps ? »

Je le vois poser ses mains sur le bas de son corps et j'attends, la main toujours tendue vers lui, attendant qu'il la saisisse pour pouvoir le conduire aux toilettes. Actuellement sa chambre est sur surveillance vidéo, mais pas sa pièce d'eau. Ce n'est pas qu'elle ne contient pas de caméra mais à cette heure-ci, aujourd'hui, elle est en maintenance. Cela je le sais, lui pas.

Je me penche et je prends ses deux mains dans les miennes malgré leur position et je les tire pour l'aider à se relever.  Une fois qu'il est debout, je passe mon bras autour de son corps pour soutenir sa marche et je l'emmène aux toilettes où je relève la cuvette avant de lui dire de se tenir et je relève sa chemise d'hôpital pour pouvoir l'aider à s'asseoir sur le trône.

« Tu avais donc des envies, Wyatt ?  »

Godric est toujours là pour moi, je le sais, il a toujours été là, du plus loin que je m’en rappelle. Il est seul qui a de l’importance pour moi. Si je suis docile dans ce lieu, je refuserai qu’on lui veille du mal, et je sais que je pourrais transgresser ce qu’on attend de moi, si on s’en prend à lui. Je n’ai jamais eu autant de sensation, de sentiment pour quelqu’un et Godric a le monopole dans ma vie.

Quand je demande si je peux aller aux toilettes, je suis ravie qu’il puisse m’aider et qu’il est près de m’aider. Je laisse Godric m’aider à me mettre debout et je serre sa main comme si j’avais tellement envie de ce contact. Je peux sentir cette envie en moi, qui se repend dans mes reins, et même si je ne suis pas stable, je m’accroche à lui pour tenir debout.  

- “Oui euh... c’est pareil, mais si mes mains me donnaient du plaisir, je sentais que ce n’était pas pareil. Une étrange sensation, j’étais frustré, comme si mon corps ne sentait pas mon toucher, et je n’arrivais pas à.... ça s’estompait en attendant... c’était dur d’attendre que ça se calme... Mais je n’avais pas le choix, je plaisir ne sortait pas... c’est difficile dans les simulations. Et je ne veux pas qu’ils le voient... c’est à moi... ça ne se montre pas hein ?”

Je me retrouve assez vite dans la salle de bain, je sens que mes jambes n’ont pas de force, que je suis un peu faible et je suis heureux que Godric m’aide à me retenir debout. Et quand arrive le moment de m’asseoir sur la cuvette, je suis gêné. Il est face à moi, il attend et en même temps, mon sexe point. Je n’ai pas envie d’uriner, ça peut se comprendre, mais le dire, je me renferme soudainement.

Cependant, je hoche la tête en signe de oui face à sa question.

- “J’avais envie... le soir... Quand je pense... à toi... je suis si dur... et j’ai essayé, à plusieurs reprises... Mais je sentais mon corps comme maintenant... Mais ce n'était impossible que ça sorti... la simulation bug à ce niveau-là... mais ce n’est pas ça qu’on veut savoir... je l’ai juste remarqué très vite..."

Effectivement, peut-être que ce bug est passé inaperçu, mais pas pour moi. J’ai vite remarqué ce souci et j’ai essayé de régler le bug, mais je n’ai pas réussi. A part attendre que le plaisir se calme, c’était la seule solution.  

En parlant, ma main est venue caresser mon sexe, délicatement, me faisant rougir, car c’était cette sensation que je voulais ressentir, mais ce n'était pas possible.  

« Non tu as raison, ça se montre pas »

J'étais presque surpris qu'après avoir vécu pratiquement toute sa vie ici il ait un sentiment de préservation de l'intimité. Je trouvais ça... intéressant et je me disais que finalement je n'avais peut-être pas raté son éducation. Après tout, sur le plan technique, je l'avais élevé toute sa vie, ou presque. Parfois je me demandais s'il serait capable de vivre dans le monde extérieur. J'avais du mal à le concevoir en dehors de ces murs.

Assis sur cette cuvette à parler du plaisir qu'il avait pu ressentir en simulation, c'était un peu étrange. Certains même auraient pu dire que la situation était gênante. Je voyais bien que Wyatt ne semblait pas vraiment avoir envie d'aller aux toilettes, je voyais bien qu'il semblait avoir un autre type d'envie. Etait-ce pour cela qu'il m'avait demandé de l'amener ici ? Savait-il que la caméra ne fonctionnait pas en ce moment ? Que le petit point rouge qui témoignait de son fonctionnement ne brillait pas.

Je le vis glisser sa main sur son sexe un peu trop dressé pour que cela ne soit pas le témoin de ses envies. Faire un mouvement, puis un autre.

« Qu'est-ce que tu fais, Wyatt ? »

Je lui avais appris quand il était bien plus jeune ce qu'il devait faire lorsque son sexe se dressait un peu trop, les mouvements à faire, et quand il avait le droit de les faire. C'est-à-dire quand il était seul, quand on ne pouvait pas le voir, dans sa chambre, dans sa pièce d'eau, jamais encore je n'avais été dans la même pièce quand il se touchait. J'éprouvais une certaine fascination à suivre sa main qui se bougeait sur son sexe. J'hésitais entre sortir, le laisser, ou... rester.

 Je sais que ce genre de chose était normal, Godric me l’a vite expliqué, quand les premières fois se sont fait savoir. Depuis, j’ai pris l’habitude de me débrouiller seul, sans avoir à en parler. Je ne suis pas un adepte de cela, je ne connais que ce qu’on m’a appris, je ne connais que ma main et je m’en contente parfaitement. Du moins, c’était le cas. Mais depuis un certain moment, j’ai remarqué qu’il y a un point commun dans chaque moment intime : Godric. Ça m’arrive quand je pense à lui, ou après un moment passé en sa compagnie, j’ai vite remarqué qu’il était toujours dans mon esprit à ce moment-là. Et je n’ai aucune difficulté de parler de ce que je ressens. Du moins, Godric est le seul avec qui j’ai ce genre de facilité de discussion. Je ne parle pas beaucoup, voire pas du tout et il semble tout habitué à cela.

Et quand Godric m’emmène dans les toilettes, je ne dis rien, je le laisse faire. Après tout, c’est moi qui ai demandé pour y aller. Je n’hésite pas à parler en étant ainsi installé. La situation peut paraître étrange, mais pas pour moi, de toute façon, je sais qu’il n’y a que deux endroits où je peux avoir du plaisir. Sous ma couverture, ou sous la douche. Mais en parlant, mon regard à capter que le voyant de la caméra est éteint, cependant, je n’en parle pas. Je garde à l’esprit que personne ne nous voit, ne me voit. Et je suis tellement habitué à Godric que j’en oublie un instant sa présence. Ma main vient se poser sur mon membre, à me caresser un instant. Je regarde Godric sans chercher à cacher ma main, jusqu’à ce qu’il prenne la parole.

Je prends conscience de mes gestes, comme si sa voix me ramène à la raison. Pris de gêne, j’attrape plein de papier toilette comme pour me cacher, comme pour couvrir mon sexe tendu. Je sais que je deviens rouge écarlate et je baisse la tête soudainement.

- “Je... je... On ne me voit pas... c’est éteint alors je...”

Je bégaie alors que ce n’est pas dans mes habitudes, mais je suis en train de parler de la caméra, du fait que je pensais bien faire, mais j’en ai oublié la présence de Godric. Après tout, c’est à cause de lui si je suis aussi excité, je ne pense qu’a lui depuis un mois et je suis à peine réveillé. Mon corps réagit sans doute plus facilement, surtout que je viens de me caresser légèrement, assez pour me réveiller et me donner envie.

Je le vois cacher son sexe soudainement à mon interpellation avec du papier et je lève un sourcil. C'est une méthode assez originale pour se dissimuler il faut bien l'avouer.

« Tu veux dire que lorsque les caméras ne peuvent pas te voir tu penses que personne ne peut te voir ? Tu penses que je n'ai rien vu, Wyatt ? Est-ce que tu penses que je suis aveugle ? »

Je le regarde avec intensité. Il me fait penser à un élève pris en faute alors qu'il a pour moi sciemment choisi de se toucher alors que je n'avais pas quitté la pièce. Aucun autre membre du personnel ne m'a indiqué que Wyatt avait un jour fait une telle chose devant lui. Je me demande ce que ce jeune homme cherche en faisant cela devant moi, je ne peux pas concevoir qu'il ne l'ait pas un peu fait exprès. Il est peut-être encore un peu perturbé à la sortie de sa simulation mais je ne pense pas que ce soit au point de perdre le sens commun.

« Est-ce que tu aimes qu'on te regarde Wyatt ? Est-ce que tu te montres à tous les soignants entrain de te toucher ?  »

 Je sais que je ne dois pas me caresser devant quelqu’un, Godric m’a complètement expliqué ce genre de chose quand les premiers émois ont commencé à se faire sentir. Je ne savais pas quoi faire, mon corps était en feu, il changeait et j’avoue que la première fois, j’ai eu peur. Peur de laisser sortir ce qui n'était pas censé l’être. Mais j’ai vite pris goût et compris qui était la source de ses envies. D’ailleurs aujourd’hui c’est encore le cas. Je suis dans une situation improbable, mais ma main s’est activée sur mon sexe à demi réveillé. Et quand Godric me fait comprendre que je ne devrais pas, j’opte pour me cacher à l’aide de papier toilette. Ça ne me cache pas vraiment, mais ça me permet de le faire croire. Car entre les bouts de papier, mon corps pointe du nez et je ne m’en rends pas compte. Non, je me redresse assez vite aux paroles de Godric.

Je suis toujours assis sur le siège des toilettes, mais je m’explique. Je ne suis pas idiot et ma logique est bonne. Cependant, j’ai commis l’erreur d’oser faire ce geste devant Godric.

- “Non. Enfin si. Quand les caméras sont éteintes, je me cache pour ça. Je sais que personne ne regarde ce que je fais. Mais je suis désolé... Tu as vu... je voulais...”

Je voulais quoi ? Lui montrer ? Profiter de son regard sur moi pour avoir du plaisir ? Je ne sais pas réellement ce que j’attendais. Je baisse la tête, mon regard se pose sur mon poignet et j’ai l’habitude de gratter ma peau, l’intérieur du poignet quand quelque chose ne va pas. Et là, la situation je ne la contrôle pas. J’ai commis une erreur et je dois être puni. J’ai peur que Godric ne revienne pas me voir, qu’il rapporte ce qu’il a vu et qu’on me replonge en simulation directement. Il m’a manqué et je n’ai pas envie d’être séparé de lui. Pas maintenant, pas encore...

Mes doigts, mes ongles griffes ma peau, je me cache, je me penche en avant, car je ne veux pas que Godric s’énerve contre moi, car je sais que je me blesse volontairement, mais j’en ai besoin. Ça me fait du bien, de me griffer, de faire saigner ma peau, même un minimum...

Courber, je suis toujours là, recouvert de papier toilette dont certaines feuilles tombent au sol, tandis que moi, je griffe mon poignet. Mais quand Godric parle, me demandant si je le fais devant les autres soignant, c’est comme si une phrase de colère me traverse. Je me redresse assez vivement et ma voix s’élève plus que de raison.

- “Ah non, je ne le fais pas devant les autres. Je ne leur parle pas et je ne me touche pas. Y’a que toi... Je veux ton regard... Rien que le tiens... j’ai envie. De toi uniquement.”

Je me calme petit à petit, mais je ne vois pas le sang qui a taché légèrement les feuilles de papier toilette qui était posé sur mes cuisses. Je ne saigne pas énormément, mais on a beau me couper mes ongles, je réussis à me blesser, quitte à encore me faire gronder.

Je regarde ce tout jeune homme qui donne l'impression d'avoir été pris en faute. Ce qui au sens strict du terme est un peu le cas. Théoriquement ici je suis son référence, celui qui est comme responsable de lui, une sorte de professeur. Dans le monde normal, ce qu'il est entrain de faire pourrait avoir de graves conséquences. Ici... et bien aussi en partie, je suppose, ou alors cet attachement particulier pour ma personne pourrait être dissequé dans les moindres détails.

Je me pose la question du positionnement que je devrai adopter face à ce jeune homme de dix-sept ans. Le laisser seul ? Le confronter ? Le... toucher ? Il n'est plus un enfant mais sa vision du monde est réduite. Je suis à la fois son monde et sa prison. Il se recourbe sur lui-même et se cache à mes yeux. Je ne sais pas si je l'ai peiné, mis en colère ou gêné lorsque je lui ai demandé s'il se montrait ainsi aux autres membres du personnel.

Il se redresse vivement et il crie presque. Je suis un peu surpris, tant par son soudain éclat que par ses paroles même si d'une certaine manière, je n'étais pas vraiment dupe. Ses regards, les paroles qu'il me disait parfois, étaient plutôt clairs pour moi. C'est alors que je vois les taches rouges naîtrent sur le papier toilettes et sans plus réfléchir je m'approche pour saisir ses deux mains et retourner ces dernières afin d'avoir vue sur ses poignets. L'un des deux saigne. Le sang coule un peu. Je soupire et je lui caresse l'intérieur de l'avant bras, de son poignet.

« Tu ne devrais pas te blesser comme ça, tu sais que je n'aime pas quand tu te blesses »

Je suis proche, très proche de lui et son coup d'éclat a fait tomber les papiers qui cachaient à ma vue son sexe toujours dressé. Involontairement mon regard fixe son érection.

« Tu sais ce qui risqueraient de se passer si tu disais que je te touche en privé, Wyatt ? Ou que je te demande de me montrer ?  »

Hors cadre d'une quelconque expérience, bien sûr, mais dans un tel cas, je ne serai sans doute pas seul avec lui, il y aurait des témoins, des personnes pouvant donner un avis, une sécurité à notre étude particulière. Ici, on travaillait surtout sur le cerveau, pas vraiment dans un cadre sexuel, puisque les patients n'étaient pas censés sortir du Centre. Enfin le dépassement de soi pouvait peut-être être analysé en fonction d'un attachement particulier envers une personne, que ce soit de l'amitié, ou de l'amour, bien sûr. Mais ici... dans ces toilettes, ou même dans sa chambre, il n'y avait rien de tout cela qui avait été orchestré.

 Dans ma vie, il n’y a que Godric qui compte, il n’y a que lui que je veux voir, avec qui je veux parler, et même faire des choses qui sont étranges. Je ne sais pas trop quoi et comment, mais comme l’absence de sa présence durant ce mois de simulation, j’avais rêvé de lui, je n’avais fait que penser à lui, bien plus qu’à la simulation en elle-même. Je trouve toujours les simulations simples, et parfois ennuyeuse à tels point que j’en viens à me dire que si Godric était avec moi, je m’amuserais bien plus. Même si ce n’est pas un jeu, j’aime quand il est là. Si bien que mon corps réagisse vite à mes pensées, j’ai appris à me caresser dans des moments de solitude, ou je me cache des caméras et quand j’ai vu la caméra éteinte, je n’ai pas résisté. En même temps, l’odeur de Godric remplis cette pièce et son regard, sa voix en me laisse pas insensible. Cependant, je ne me contrôle pas et je m’énerve soudainement, quand il croit que je laisse les autres membres du personnel me voir ainsi. Je ne veux pas qu’il croie cela, car les autres je m’en fou totalement, il n’existe pas pour moi. D’ailleurs, ils me grondent souvent dessus, car je me renferme quand Godric n’est pas là. Après tout, je n’ai que lui dans ma vie et je ne veux que lui. S’il venait de ne plus venir me voir, je ne saurais pas dire ce qui se passerait. Je n’ai jamais réfléchi à cela, car il est toujours venu et je ne pense pas avoir fait quelque chose qui ne lui donne plus envie de s’occuper de moi.

Cependant, quand il me saisit mes poignets dont un saigne légèrement, je baisse la tête, le regard, car je sais qu’il n’aime pas ça. Mais moi, j’aime tellement quand il s’occupe de moi. D’ailleurs, je n’arrive jamais à expliquer pourquoi je fais ça, pourquoi je me gratte ainsi les poignets, ou plutôt je n’ose pas lui dire que c’est pour qu’il s’occupe encore plus de moi. Tel un enfant égoïste, je fais ainsi mes caprices.

- “Mais je... Désolé Godric”

Les serviettes de papier s’échappent de moi, mes mains sont coincées par les poignets de Godric et je ne peux les retenir, dévoilant ainsi mon sexe tendu, que j'ai réveillé en quelques caresses. À ses paroles, je relève la tête et mes yeux viennent de chercher les siens. Je suis paniqué, soudainement je sens la panique me submerger. Je ne contrôle pas mes émotions et si mes joues s’empourprent rapidement, ma voix tremble, j’ai peur. Peur de le perdre, peur que par ma faute, il s’éloigne de moi.

- “Non ! Godric... Je ne demande pas ça... Je ne dirais pas ça... Jamais. Jamais je ne dirais à quelqu’un ce genre de chose. Il n’y a qu’avec toi que je ...”

S’il ne me tenait pas mes mains, je serais sûrement déjà en train de griffé ma peau, comme je serais sûrement en boule en train d’essayer de calmer mes émotions, oubliant mon corps qui s’est excité tout seul. Pas vraiment tout seul, mais je l’oublie assez vite. D’ailleurs, mon excitation retombe sous mes émotions, je sais que j’ai un cerveau qui fonctionne vite et je passe assez vite d’une émotion d’excitation à un trouble ou la peur et l’angoisse m’envahit.

- “Godric, je ne veux pas que tu sois puni. Tu n’as rien fait, c’est moi qui ai envie et je ne sais pas comment arrêter d’avoir envie quand tu es là... Mais je ne veux pas que tu t’en ailles...”

Mon regard se baisse quand je sens le plaisir s’effacer doucement, je sais que je suis sensible, surtout que ça fait un mois que je n’ai pas eu de caresse de ma part, donc il ne me faudrait pas grand-chose pour que mon corps reprenne de la vigueur, mais quand je vois mon sexe changer, je ne sais pas si je dois être content ou déçu.

- “C’est fini... Je n’ai plus envie... Personne ne le sera... Je te promets...”

Je me doute que jamais il ne voudrait dire du mal de moi volontairement. Pas avec ce qu'il m'a déjà montré. Je ne pense pas que Wyatt voudrait un jour me faire du mal ni même qu'il en serait capable. Par contre pour me défendre... Les données ne seraient pas les mêmes, assurément. Cela, je crois que le Centre le sait. En même temps ce n'est pas un secret que le but d'une personne de référence telle que moi pour un caméléon n'est pas que l'éducation pure mais l'attachement. Du moins dans mon cas, c'est... le cas. Je sais que certains préfèrent marcher dans le thème de la peur, mais ce n'est pas mon cas. Je trouve que les résultats sont meilleurs quand on titille la fibre de l'attachement que de la peur. Qu'il est possible de pousser l'autre plus loin en évitant certaines... rébellions. Seulement parfois on ne maîtrise pas toujours ses paroles, on dit plus qu'on le ne voudrait, on laisse échapper une parole malheureuse et c'est là que les problèmes commencent. Je me demande jusqu'à quel point le directeur du Centre fermerait les yeux sur les écarts d'un chercheur et de son caméléon... Je me demande s'il se servirait de l'information ou si au contraire il préférerait les séparer pour ne pas prendre le risque que le chercheur redonne la liberté à celui qu'il est censé... guider. L'attachement, une donnée qui est difficilement quantifiable et analysable et pourtant...

Je souris et je lâche les poignets de Wyatt avant de caresser sa joue. Gentiment, tendrement. Il a la peau douce, si jeune... si beau.

« Tu es un bon garçon, Wyatt »

Je vois que son sexe déjà revient au repos comme si rien ne s'était passé. Son visage montre pour moi qu'il est un peu meurtri par mes paroles. Lui dire que peut-être je ne pourrai un jour plus pouvoir le voir le touche plus que de raison. Je sais au combien son attachement pour moi est fort... On dit parfois que certains animaux se laissent dépérir s'ils ne voient plus leur soigneur, est-ce que l'on pourrait porter cette étude sur un être humain ? Je sais que si je suggère une telle chose, le Centre s'empresserait de me suivre dans cette voie. Mais je ne suis pas certain d'avoir vraiment envie de voir dépérir jour après jour ce jeune homme auquel je me suis attaché.

« C'est que tu n'avais pas vraiment envie Wyatt, une envie passagère, éphémère qui retombe comme un soufflé »