Je poussais un soupir, voire un gémissement, en découvrant ce SMS aussi énigmatique que pressant : « Il faut qu’on parle. » Habituellement, Kassandra était plus prolixe tant à l’oral que dans ses écrits. Cependant, la brièveté de son message trahissait une urgence indéniable. Il était clair que la situation était critique.
Je devais donc momentanément mettre de côté les préparatifs de notre fuite imminente avec Parker, dont je n’avais pas eu de nouvelle depuis au moins vingt-quatre heures. Une étrange coïncidence m’effleura alors l’esprit, suscitant en moi une certaine appréhension. Et si tout était lié ? Et si cette urgence était en rapport avec le silence radio de Parker ? J’étais submergé par les interrogations, sans la moindre perspective d’y répondre. Un constat qui m’irritait profondément, moi qui avais l’habitude d’avoir une réponse à tout, ou presque.
Tenant mon téléphone portable, je m’apprêtais à riposter. Cependant, après une brève pause pour réfléchir, je choisis finalement de répondre sobrement par un simple « J’arrive ! » Si elle ne désirait pas développer davantage, alors j’allais suivre la même voie. Mais comment avais-je pu en arriver à de telles extrémités, à ressentir une telle hostilité envers l’une de mes amies les plus proches ?
Toutes ces interrogations demeuraient sans réponse, me laissant imprégner d’un sentiment d’incompréhension. Kassandra et moi avions toujours été proches, nous confiant l’un à l’autre depuis qu’elle s’était échappée du Centre. Pourtant, quelque chose avait changé récemment, une fissure s’était formée dans notre relation autrefois solide, et ce simple SMS, aussi anodin soit-il en apparence, en témoignait. C’est donc rempli d’une appréhension inexplicable que je prisse la route pour rejoindre mon amie chez elle, dans son refuge à l’abri des regards de nos ennemis communs.
Je me trouvais donc assis dans cette voiture que je louais sous un faux nom depuis des mois, face à la magnifique petite demeure en bois, entourée par la nature. J’essayais de m’imprégner de l’atmosphère paisible des lieux. Puis, je pris une profonde inspiration. Et si Kassandra avait découvert la vérité concernant ma future disparition ? C’était impossible, à moins qu’elle ne soit dotée du pouvoir de lire dans les pensées. Une idée absurde, bien entendu. Alors, pourquoi étais-je là ?
C’est donc avec une légère anxiété que je quittai la voiture pour me diriger vers la porte d’entrée. Je frappai doucement, juste assez pour informer l’hôtesse des lieux de ma présence. J’attendis quelques instants avant de voir apparaître Kassandra.
« — Salut ! Tu voulais me parler ? » lançai-je d’emblée, sans animosité mais avec une détermination palpable à obtenir des réponses.
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Kassandra Watson
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Cela faisait vingt-quatre heures que le pire était arrivé. Carla avait perdu Jason, avait failli se faire capturer par le Centre par le biais de la Division et ses bébés étaient nés prématurément. Asher avait été blessé, Kassie aussi, Lexie avait risqué sa vie et désormais, elle hébergeait la petite famille clandestine dans l'appartement de Peter, son petit ami. Kassandra était furax et sans doute éprouvait-elle un tel sentiment de colère pour la première fois de sa vie.
La réponse de son acolyte ne s'était pas faite attendre, Jarod allait venir. Kassandra venait d'aider Asher à se mettre au lit, lui expliquant que son ami allait venir, qu'elle avait besoin de lui dire la vérité, ne serait-ce que pour sa propre sécurité. Et il fallait qu'il sache que la femme qu'il désirait secrètement était un monstre qui avait participé à l'atroce nuit que venait de vivre Carla... et eux aussi par la même occasion.
Un baiser sur le front de son fiancé à la mémoire défaillante, un petit sourire, et la porte refermée lui permit de retrouver ses vrais ressentis, à savoir une colère grondante et tonitruante à l'intérieur d'elle-même et une profonde angoisse quant à l'avenir.
De retour au rez-de-chaussée, elle se mit à faire les cent pas devant la porte jusqu'à entendre le faible toc toc de l'autre caméléon. Aussitôt, elle ouvrit la porte, regarda brièvement par-dessus son épaule de façon machinale avant de le tirer par le bras pour le faire entrer et refermer la porte derrière lui.
- Merci d'être venu. Assieds-toi, prends un verre.
Elle vint se placer en face de lui sans pour autant s'asseoir, trop sur les nerfs.
- Je veux que tu m'écoutes et s'il te plaît, ne commence pas à lui chercher des excuses. Hier soir, quelque chose de grave s'est passé. La Division et le Centre ont tué le copain de Carla, le père de ses bébés, et ils ont essayé de la capturer ! Asher, Lexie et moi on est allés l'aider. Asher a été blessé, je dois opérer son genou, je me suis fait mal aussi... Et Carla, elle a dû accoucher là-bas, on a dû la séparer de ses bébés pour tous les sauver ! Est-ce que tu te rends compte comme elle a eu peur ? Tu te rends compte des traumatismes pour chacun d'entre eux ?! Et tu sais pourquoi je te dis tout ça ? Parce qu'ELLE était là, ce monstre de Parker que tu t'obstines à fréquenter !
À bout se souffle, Kassandra avait les mains qui tremblaient et les sanglots dans sa voix trahissaient les émotions qu'elle avait retenues depuis bien trop longtemps.
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Jarod Russel
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Je fus saisi par un tourbillon d’émotions en écoutant le récit tourmenté de Kassandra. Chacun de ses mots résonnait en moi comme un coup de tonnerre, faisant écho à l’angoisse qui m’avait enveloppé depuis mon arrivée. Le silence qui s’ensuivit après sa tirade était presque assourdissant, seulement brisé par le bruit sourd de ma respiration, le battement erratique de mon cœur, et les sanglots étouffés de mon amie.
Le nom de Parker résonnait dans mon esprit comme une mélodie discordante, brisant le fragile équilibre entre ma loyauté envers elle et la vérité que Kassandra venait de révéler. Je me surpris à me demander si elle était vraiment capable d’une telle cruauté. Pourtant, malgré la colère et la trahison qui bouillonnaient en moi, une part de moi refusait de l’accepter. Mademoiselle Parker était bien plus que le portrait sombre que Kassandra avait dressé. Elle était complexe, une énigme à elle seule, et j’étais irrémédiablement attiré par elle, malgré les avertissements et les preuves accablantes. De plus, je ne pouvais nier l’aspect le plus crucial : notre lien. Nous nous connaissions depuis l’enfance. Elle avait été ma toute première amie et sûrement, mon premier amour, bien que nous n’ayons jamais exprimé clairement l’ombre d’un sentiment à l’époque.
Je fixai Kassandra, tentant de trouver les mots justes pour apaiser sa douleur, pour lui faire comprendre que mes sentiments pour Parker ne signifiaient pas un soutien aveugle à ses actions. Mais les mots semblaient se dérober, noyés dans le tumulte de mes propres pensées. Finalement, après un moment de silence pesant, je m’avançai vers elle et pris doucement ses mains tremblantes dans les miennes.
« — Kassandra, » commençai-je d’une voix aussi douce que possible, « — je… Je suis désolé. Désolé pour tout ce que tu as dû endurer, pour la peur, la douleur, l’incertitude. Je ne peux pas imaginer ce que tu as traversé. Et… et je te promets que je vais tout faire pour aider, pour protéger Carla, pour vous protéger, toi et les autres. » Je fis une pause, rassemblant mes pensées, cherchant les mots qui pourraient exprimer la complexité de mes sentiments envers Parker, envers Kassandra, envers cette situation impossible dans laquelle nous étions tous plongés, dans cet impossible dilemme qui mettait a mal mes facultés à penser avec raison.
« — Quant à Parker… Je… Je ne sais pas. »
Alors que je me tenais là, les yeux plongés dans ceux de Kassandra, une pensée fugitive me ramena à ces jours lointains de mon enfance, où moi et Parker étions inséparables. Nous étions jeunes alors, insouciants, nos vies n’étaient pas encore définies par les ombres qui planaient sur nos destins. Parker était toujours là, avec son sourire espiègle et son regard plein de défis, et moi j’étais toujours prêt à suivre ses aventures les plus folles.
« — Je ne sais pas ce qui s’est passé, ce qu’elle a fait, ou pourquoi. Il y a forcément une explication. » Mais laquelle, Jarod ? Kassandra venait d’énoncer les faits et ils étaient indiscutables. Mes mains quittèrent aussitôt celles de mon amie pour se réfugier sur mon visage que je frottais à présent avant de me perdre dans un long silence.
« Elle jouait un jeu, elle devait être crédible, le plus possible avant notre grand départ. » Je songeais dès lors à nos projets d’avenir, au fait que nous avions prévu de disparaître ensemble, pour vivre libre à deux, loin de tout, loin du Centre et de tous ses tourments, mais aussi loin des autres, de Carla, de Kassandra. Je me sentis presque aussitôt coupable. La Division était entrée en jeu, je ne pouvais l’ignorer, tout comme je ne pouvais ignorer le danger que l’organisation représentait pour Kassandra, Asher, Carla et toutes les personnes ayant pris fait et cause.
« — Kassy… » repris-je « — tu es l’une de mes plus proches amies et tu sais que je ferais tout pour te protéger. Il en va de même pour Carla. Plus aucun caméléon ne doit subir tout ce que le Centre nous a infligé. » Je la regardai droit dans les yeux, espérant que mes paroles pourraient apaiser ne serait-ce qu’un peu la tempête qui faisait rage en elle. Et malgré tout, au fond de moi, je priais silencieusement pour que Parker ne soit pas ce que Kassandra pensait qu’elle était.
« — Mais je dois comprendre ce qui a poussé Parker à agir ainsi. Comprends-moi, je ne peux pas la condamner sans lui donner une chance de s’expliquer. Je sais que pour toi c’est aberrant, surtout maintenant. Tu es en colère et peut-être aveuglée par ce sentiment. Et tu as eu très peur, ce qui est normal. Mais Parker n’est pas un monstre. Elle n’a pas le choix, elle doit donner le change, tu comprends ? Si tu savais tout ce qu’elle a fait pour les berner et me protéger. Si c’était vraiment un monstre, elle m’aurait déjà livré depuis longtemps, tu ne crois pas ? »
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Kassandra Watson
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D'ordinaire, Kassandra était une personne posée, habituée à réfléchir (beaucoup) avant de parler, à analyser les situations sous toutes les coutures et surtout, trouver les bons mots pour aborder les sujets pour ne pas froisser. Mais là, face à Jarod, avec ce qui s'était passé et qu'elle estimait être de la faute de Parker, la caméléone laissait ses émotions prendre le pas sur la réflexion, et elle balançait à son meilleur ami les faits, crus, tels qu'ils avaient été, aussi dur pour chacun des protagonistes en scène la veille au soir. Après avoir déballé les événements, elle reprenait son souffle, tâchant de contenir ses larmes, ce qui permit à son acolyte de prendre à son tour la parole. Avec douceur, comme toujours. Kassie le regarda, sourcils froncés.
- On n'a pas besoin que tu nous protèges ! On a besoin que tu sois loyal ! Asher pourrait boîter toute sa vie, et c'est de SA faute, c'est ELLE qui l'a blessé ! Tu sais combien il souffre à l'heure actuelle ? Je peux même pas l'emmener à l'hôpital parce qu'on ne sait pas si le Centre ne va pas faire surveiller chaque établissement hospitalier du coin, je vais devoir l'opérer clandestinement avec Lexie ! Tu te rends compte des risques que je fais prendre à l'homme que j'aime ? Un homme innocent, qui a déjà tant souffert, qui a eu un accident de voiture et perdu la mémoire, qui maintenant doit encore souffrir, tout ça à cause du Centre, et à cause de ta maudite Parker ?!
Il parvenait encore à hésiter sur quoi penser de Parker et cela rendait folle Kassandra. Elle était folle de rage, comme si la goutte d'eau avait fait déborder le vase.
-Je vais te le dire, ce qui s'est passé ! Elle a menacé de son arme Asher, Carla qui était sur le point d'accoucher, et même Lexie ! Ma soeur ! Elle a frappé Asher avec son pistolet et lui a brisé la rotule. Tu sais combien ça fait mal ? Et l'an dernier, elle a tiré sur moi ! dit-elle en tirant sur son t-shirt pour lui montrer la cicatrice sur son épaule.
Mais elle le voyait bien, Jarod cherchait encore des excuses à Parker. Si elle avait cru à la magie, la caméléone aurait volontiers accepté de penser qu'elle l'avait ensorcelé. Elle lâcha le tissu sur lequel elle tirait pour dénuder son épaule avant de se laisser tomber sur sa chaise.
- Et toi, tu n'es pas aveuglé peut-être ? Tes sentiments malsains pour elle t'empêchent de voir la réalité, elle est dangereuse pour nous tous ! Peut-être que toi elle t'épargnerais, éventuellement, mais nous, tu crois vraiment qu'elle se gênerait ? Carla et moi, on n'est que des marchandises pour elle ! Elle nous livrerait sans hésiter ! Et arrête de croire que tu as ton mot à dire !
La brunette se décida à se saisir d'un verre et le remplir d'eau, les mains tremblantes, avant de porter le récipient à ses lèvres pour s'hydrater un peu le gosier.
- On va devoir partir, Asher et moi, peut-être Carla aussi, je sais pas... On doit s'éloigner. Je ne veux pas mettre en danger mes parents et ma soeur.
Les larmes dévalaient cette fois ses joues en silence, sans un sanglot. Kassandra réalisait que sa famille à peine retrouvée, elle allait devoir les quitter pour les protéger.
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Miss.Pie
Jarod Russel
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Je la regardais avec une intensité que je ne me connaissais pas. La révélation était brutale, et il était inutile de la nier, surtout avec Kassandra, dont chaque mot me transperçait comme une flèche enflammée, ébranlant les murs que j’avais érigés autour de moi. Ma gorge se serrait ; la culpabilité et la douleur m’envahissaient alors que Kassandra me confrontait à mes contradictions et à une réalité que je n’étais pas prêt à accepter concernant Parker. Néanmoins, je ressentais une profonde tristesse pour mon amie et j’avais besoin de le lui exprimer.
« — Kassandra, je… je suis tellement désolé. » Mes mots étaient sincères ; comment aurais-je pu feindre avec elle, qui me connaissait aussi bien, voire mieux que Parker ? Mais dans ma tête, toutes mes certitudes commençaient à s’effriter, rendant la défense de ma chère mademoiselle Parker encore plus difficile.
« — Je n’avais pas réalisé… je ne voulais pas voir. » La douleur dans la voix de Kassandra résonnait plus fort que les murmures de mes propres espoirs, m’ancrant malgré moi dans la réalité des actions de Parker.
Parler me coûtait, chaque syllabe pesant lourd dans la balance de mes tourments. Me sentant littéralement aussi désarmé que Kassandra, je passais une main sur mon visage, cherchant à rassembler mes pensées. J’avais besoin de lui montrer que malgré tout, je restais son ami, celui sur qui elle pouvait compter.
Je faisais un pas vers elle, les mains légèrement levées en signe de paix. « — Je comprends ta douleur, Kassandra. Je sais ce que c’est que d’aimer quelqu’un et de craindre pour sa vie. » Je fixais la cicatrice sur son épaule, un souvenir douloureux que j’avais ignoré jusqu’alors. Elle méritait plus que les excuses que je balbutiais, elle méritait des actes.
« — Je sais ce que c’est que d’aimer quelqu’un et de craindre pour sa vie. Et je comprends ton désespoir. » Mais je savais que pour elle, cela pourrait sembler insensé, une folie qui remet en question la raison. « — Je suis avec toi, je te soutiens », dis-je dans un murmure, mon regard se posant sur sa cicatrice, triste rappel de la violence subie.
« — Je ne peux pas changer ce qui s’est passé, mais… » Ma voix tremblait d’hésitation. « — Mais je peux tenter de t’aider. Dis-moi ce que je peux faire. » Mes yeux cherchaient les siens, implorant un signe de réconciliation, un accord pour avancer ensemble face à cette tourmente.
Il était impératif que je mette mes sentiments pour Parker de côté. Avalant ma propre douleur, j’étais confronté à une sensation étrange et indéfinissable, me rappelant que quoi qu’il arrive, des personnes souffriraient et je ne pouvais l’éviter. Mais Kassandra avait besoin de moi et je ne pouvais pas, une fois de plus, lui tourner le dos.
« — Je dois affronter la vérité, peu importe la douleur. Je dois voir au-delà de mes sentiments pour elle. » Cela me coûtait de le dire, et j’espérais qu’elle en était consciente. Mon regard se posa alors sur le verre qu’elle tenait entre ses mains tremblantes. Doucement, pour ne pas la brusquer, je m’approchai et posai mes mains sur les siennes, lui offrant mon soutien, un ancrage dans la tempête que nous traversions tous deux.
« — Si tu dois partir, laisse-moi faire quelque chose pour assurer votre sécurité. J’ai encore des contacts qui pourraient nous aider, des endroits sûrs où vous pourriez aller. Asher, toi, Carla… vous n’êtes pas seuls. » Je marquai une pause, cherchant dans ses yeux un signe de compréhension, de pardon peut-être.
« — Et je vais parler à Parker. Il est temps d’obtenir des réponses, quelles qu’elles soient. C’est la moindre des choses que je puisse faire pour vous, pour tous ceux touchés par cette situation. »
Je me tenais là, le cœur ouvert, ma loyauté clairement affichée. Peu importe la tempête à venir, je voulais être là, un rocher dans les vagues violentes, prêt à soutenir mes amis et, comme toujours, à défendre ce qui était juste, au prix de ce semblant de bonheur que je croyais avoir auprès de Parker.
Mon esprit était tourmenté par des pensées contradictoires, des regrets et des désirs inassouvis, mais face à la souffrance de Kassandra, tous mes doutes devaient être mis de côté. C’était le moment de prouver ma valeur, non seulement en tant qu’ami, mais en tant qu’être humain capable de compassion.
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Kassandra Watson
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Jamais encore Kassandra n'avait ressenti pareilles émotions : de la colère, de l'incompréhension, de l'injustice, tout ceci mélangé la consumait de l'intérieur. Même quand elle s'était faite accusée à tort d'avoir saboté une expérience qui avait couté la main de la professeure K, et quand, plusieurs semaines après, celle-ci s'était vengée en lui faisant faire une expérience qui avait bien failli la faire mourir d'hypothermie, même au tout début de son arrivée au Centre quand elle avait compris qu'on lui mentait, que les lettres écrites n'étaient pas celles de ses parents et qu'elle ne les reverrait jamais, même dans ces moments elle ne s'était pas sentie aussi révoltée, et pourtant, le niveau était haut. Jarod fricotait avec l'ennemie, cette ennemie qui en représentait un autre encore bien plus grand en l'entité du Centre et de la Division à son aide, qui feraient tout pour les ramener dans ces sous-sols sombres où rien de positif ne les attendait.
La caméléone tremblait de rage, tous ses membres et même ses lèvres trahissant les sentiments qui la traversaient. Jarod lui faisait face, son meilleur ami à qui elle balançait toute la vérité sans aucun filtre ni rien pour l'adoucir. Il devait l'entendre, la voir, la constater, aussi crue et dure fut-elle. Et il semblait que cela faisait mouche. Il commença par s'excuser. Mais était-il vraiment coupable ? Kassie décida de le laisser parler car lui aussi avait le droit de s'exprimer, mais c'était comme si chaque mot qui sortait de la bouche de son meilleur ami attisait cette colère qui l'animait et lui donnait mal au ventre.
- AH oui, tu sais ? répondit-elle presque ironiquement.
Fait surprenant d'ailleurs, l'ironie n'avait jamais fait partie d'elle et pourtant, on aurait pu croire que tous ces événements avaient soudain eu raison de sa douceur et sa candeur naturelle. Le fait d'entendre Jarod parler d'amour et de peur pour la personne aimée ne faisait que rappeler la la brunette que cette personne dont il parlait, c'était Parker, ce dragon qui, en plus de l'avoir blessée elle l'année passée, avait osé blesser Asher, un innocent. C'était cela qui la mettait le plus en rage. Mais les mots qu'il prononça ensuite l'adoucirent un tantinet. Elle retrouvait dans la douceur de sa voix cet ami qui l'avait soutenue, qui avait essuyé ses pleurs lors de ses premières semaines au Centre, qui lui avait montré des passages secrets pour se sauver un peu de cet isolement monotone qui aurait rendu fou n'importe qui. Son meilleur ami était toujours là. Le regard embrumé de larmes de Kassandra se posa de nouveau sur Jarod alors qu'il s'avançait doucement et posait ses mains autour des siennes, tremblantes, qui cerclaient son verre d'eau. Reprenant doucement ses esprits, la caméléone inspira bruyamment.
- À court terme, pas grand chose. Mais à long terme, on doit trouver un moyen de les empêcher de nuire... Nous devrons y réfléchir ensemble. Les actions isolées ne servent à rien, on l'a bien vu. Là, il faut que je mette à l'abri Asher, Carla et les jumeaux. C'est la véritable urgence. On avait pensé aller dans le New Jersey... C'est pas très loin, mais pas assez proche pour être dangereux.
Jarod proposait l'aide de contacts à lui et Kassie secoua doucement la tête, les paupières closes avant de reprendre un contact visuel.
- Je ne veux plus impliquer personne. C'est trop dangereux. On va se débrouiller. Chaque fois que quelqu'un est impliqué, d'une part ça le met en danger, et d'autre part ça agrandit les risques de nous faire débusquer. J'ai calculé que chaque contact dont on se sert augmente de 11% nos chances d'être retrouvés.
Elle sentit alors son coeur se serrer en entendant encore le nom du dragon. Elle pinça les lèvres avant de reprendre la parole.
- Et qu'est-ce que tu crois qu'elle va dire ? Qu'est-ce que tu attends de cette rencontre ? Ça ne sert à rien ! Elle va encore t'hypnotiser avec ses discours de serpent à sonnette.
Elle souffla bruyamment, signe de son agacement, avant de finalement s'asseoir.
- Fais ce que tu veux, Jay, mais franchement, la voir est un risque inutile. Je voulais juste te prévenir parce que je m'en remettrais pas s'il t'arrivait quelque chose.
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Je restais silencieux un moment, sentant la colère et la peur qui consumaient Kassandra à chacun de ses mots. Cette nouvelle attitude, si éloignée de sa nature habituelle, me poignardait, me rappelant cruellement mes erreurs passées. Mais je reconnaissais, mieux que quiconque, la légitimité de son ressentiment. Et malgré la douleur qui me transperçait, je restais là, incapable de détourner les yeux de la détresse qui brillait dans son regard, car sa souffrance m’atteignait au plus profond de mon être.
« — Tu as raison, Kassie. » Ma voix était douce, presque un murmure, cherchant à apaiser ses émotions déjà à vif. « — Je veux être là pour toi, peu importe ce que ça implique. » Mes mains enserraient les siennes tremblantes, cherchant à lui transmettre ne serait-ce qu’un peu de ma propre force. Sa suggestion d’aller dans le New Jersey était sensée, mais son refus d’impliquer d’autres personnes était également compréhensible. Cependant, l’idée de leur sécurité sans soutien me préoccupait grandement.
« — Si tu penses que c’est le meilleur plan, alors je te fais confiance. » Mon accord n’était pas juste un acquiescement, mais une déclaration de soutien. Malgré l’utilité potentielle de mes contacts discrets, je comprenais la nécessité de ne pas mettre en danger d’autres vies innocentes. Nous devions nous fier à nous-mêmes pour éviter d’autres dommages collatéraux.
Pris entre deux feux, mon esprit était déchiré par un dilemme cornélien. D’un côté, mes sentiments pour Parker m’incitaient à lui accorder une chance, à chercher des réponses auprès d’elle. De l’autre, mon amitié avec Kassandra me criait de ne pas la trahir davantage. Chaque mot prononcé par Kassandra résonnait en moi, me rappelant l’importance de nos liens.
Le scepticisme de Kassandra envers Parker était palpable, et je savais qu’il fallait aborder ce sujet avec précaution. « — Quant à Parker, je ne sais pas ce que j’attends exactement de cette rencontre. Peut-être des réponses, peut-être juste la vérité. Je comprends que tu penses que c’est inutile, et peut-être que tu as raison. Mais je dois essayer, pour moi, pour nous. Je dois savoir où je me situe. »
L’idée de revoir Parker me nouait l’estomac, mais je devais rassurer Kassandra sur le sérieux de mes préoccupations. « — Je te promets de ne pas prendre de risques inutiles. Si à un moment je sens que cela devient trop dangereux, je m’en irai. Ne t’en fais pas pour moi, Kassie. »
Je pris une profonde inspiration, me préparant à la suite. « — Je te propose ceci : une fois que vous êtes en sécurité, nous planifions ensemble. Le Centre et la Division sont puissants, mais nous ne sommes pas impuissants. Nous avons des ressources, et il est temps de les utiliser efficacement. »
Je relevai la tête, déterminé, cherchant dans les yeux de Kassandra la force nécessaire. « — Kassie, je suis avec toi. »
Les mots étaient prononcés, mais mon esprit restait tourmenté. J’aimais Parker, malgré tout ce qu’elle représentait, malgré les souffrances qu’elle avait causées. Mais Kassandra, mon amie fidèle, méritait ma loyauté et mon soutien inconditionnels. Ce dilemme me déchirait, mais je savais qu’en cet instant, Kassandra avait besoin de moi plus que jamais. Et je ne pouvais pas, une fois de plus, lui tourner le dos.
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La jeune femme était hors d'elle mais la présence de son ami, le contact de ses mains et ses paroles finirent par l'apaiser quelque peu. Elle tremblait encore un peu mais ressentait la sincérité de Jarod quand il lui disait être avec elle. Néanmoins, elle sentait aussi que ses sentiments pour Parker seraient un problème. Bien sûr, Kassandra savait que jamais il ne la trahirait sciemment, jamais il ne mettrait en danger ses semblables, mais elle savait aussi que la Dragon Lady était redoutable et perfide. Pourrait-elle se servir de Jarod et ses sentiments contre lui ? Il allait souffrir dans cette relation impossible, Kassie en avait la certitude. Elle essayait de son mieux de le faire comprendre à son meilleur ami, mais celui-ci semblait ne pas être en mesure d'ouvrir les yeux totalement sur la situation. L'expression "L'Amour rend aveugle" prenait soudain tout son sens pour la caméléone qui ne comprenait pas toujours les images représentées par les dictons usuels. Mais cette fois, c'était clair. Cependant, elle comprenait qu'il était inutile d'insister. À quoi bon hormis le braquer ? Mais savoir que la situation risquait fortement de le faire souffrir peinait Kassie. il lui assurait cependant ne pas prendre de risques inutiles, la brunette l'entendait comme "ni auprès de Parker, ni auprès de quiconque" et cela la rassurait un peu. Mais jamais totalement. Si Jay était dehors depuis plus longtemps qu'elle, il avait donc plus d'expérience et de vécu comme une personne "normale", il était cependant pris dans les affres que l'amour pouvait susciter. Kassandra le savait très bien, elle-même prise dans ce tourbillon incroyable qu'était ce sentiment complexe. Néanmoins, Asher ne mettait en danger personne, du moins plus maintenant puisqu'il ne travaillait plus pour l'ICP.
Kassie hocha la tête doucement, relevant son regard brillant d'émotion vers son ami, telle une petite fille que l'on consolait. La proposition qu'il avait faite lui convenait. Combattre le Centre et la Division devait être leur seconde priorité, après celle de se mettre à l'abri.
- Je suis d'accord. Une fois installée avec Asher, je te contacte et nous procéderons à la mise en place d'un plan d'attaque.
La brunette avait déjà plusieurs idées de piratage informatique pour les mettre dans l'impossibilité de communiquer avec le monde extérieur, empêcher la recherche de nouveaux caméléons, stopper les expérimentations... Il faudrait aussi désactiver les cellules pour permettre aux caméléons de s'enfuir. Et la Division... Apparemment la CIA était sur leur dos d'après l'attaque à la grange. Comment les avaient-ils repérés ? Il faudrait creuser cela aussi. Mais pour l'heure, c'était Asher et sa sécurité qui préoccupait Kassandra ainsi que celle de sa famille et de Carla.
- Merci Jarod, murmura-t-elle de nouveau au bord des larmes.
Jamais elle n'aurait cru qu'une situation pareille serait possible.
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Je sentis le poids de sa gratitude et de sa détresse en entendant ses mots. La voir presque au bord des larmes me serrait le cœur. Je lui devais bien plus que de belles paroles ; il était impératif, dès à présent, que je sois à la hauteur et que je la soutienne, peu importe les défis à venir. Je devais lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule dans cette lutte. Nous devions faire front commun pour le bien de tous et protéger les innocents qui gravitaient autour de nous.
Je pris une grande inspiration, serrant un peu plus fort ses mains dans les miennes. « — Nous avons traversé tant de choses ensemble. Ce n’est pas le moment de flancher. Nous allons nous battre, et nous allons gagner. »
Je pouvais voir dans ses yeux une lueur d’espoir, bien que l’incertitude demeure vivace. « — Tu es l’une des personnes les plus fortes que je connaisse. Je ne te l’ai pas dit assez souvent lorsque nous étions au Centre. Sache que je suis vraiment honoré d’être ton ami. Tu aurais très bien pu refuser de m’accorder la moindre chance lorsque j’ai quitté le Centre et que je t’ai laissé derrière moi. Et tu ne l’as pas fait. » Je pris une profonde inspiration, tâchant d’être convaincant aussi bien pour elle que pour moi.
« — Je sais que mes sentiments pour Parker te préoccupent, et tu as raison. Mais je te promets de ne pas laisser cela nous mettre en danger. » Je serrai ses mains plus fort, cherchant à lui transmettre la détermination que je ressentais.
Son plan de piratage pour perturber les opérations du Centre et de la Division était brillant, et je fus rassuré de voir dans ses yeux une détermination renouvelée qui m’incitait à l’encourager davantage.
« — Tes idées de piratage sont excellentes, Kassie. Nous devons frapper là où ils sont le plus vulnérable. Mais nous devons être méthodiques. À commencer par l’utilisation de canaux sécurisés pour rester en contact et coordonner nos actions. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’être interceptés. Je pense que depuis le temps, ils ont élevé leur niveau de sécurité et se sont sûrement entourés de personnes plus compétentes. »
L’image d’un cerveau en surchauffe me vint à l’esprit tant les idées se bousculaient dans ma tête. Je pris une petite pause avant de trouver le courage de croiser à nouveau le regard de mon amie.
« — Quoi qu’il arrive, je serai là, pour toi, pour Asher, et pour toutes les personnes qui comptent sur nous. Ensemble, nous sommes plus forts que ces monstres. »
Les mots étaient dits, mais je savais que ce n’était que le début d’un long et difficile chemin. Déjà, je ressentais une certaine culpabilité rien qu’en pensant au fait que j’associais Parker à ces monstres.
Je pris une profonde inspiration, prêt à aborder les prochaines étapes. « — Nous devons agir rapidement et efficacement. Une fois que tu es en sécurité avec Asher, il faut que nous identifiions les ressources dont nous disposons. Qu’est-ce que tu en penses ? »
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Kassandra Watson
Citrouillon
▻ ARRIVE(E) LE : 03/01/2017
▻ LOCALISATION : Quelque part à Blue Cove, avec Asher
▻ OREOS : 2084
▻ LOISIRS : Faire du roller, manger de la glace et des frites, faire du roller, apprendre de nouvelles choses, savourer sa liberté et oh faire du roller
La tension redescendait doucement. Kassandra retrouvait son ami le plus cher, celui qui avait été là pour elle à son arrivée au Centre. La colère qu'elle avait ressentie quand Asher avait lourdement été blessé par Parker, elle l'avait projetée sur Jarod car il soutenait et aimait cette femme. La dernière fois qu'elle avait été aussi remontée contre lui, c'était quand il était parvenu à s'évader du Centre sans l'emmener avec lui. Elle s'était sentie trahie et avait nourri une rancœur indéfinissable durant des mois, avant de pouvoir s'enfuir à son tour. Son camarade lui rappela d'ailleurs cette période qui remontait maintenant à environ deux années.
- Oui enfin... je t'en ai voulu pendant des mois tu sais... Mais maintenant je comprends mieux, parce que j'ai fait pareil que toi. S'enfuir à plusieurs était impossible, le plan était voué à l'échec à 94% de chances.
En effet, les sentiments de Jarod pour le dragon la préoccupait, en effet, il avait trouvé les mots justes. Cependant, il semblait vouloir rassurer son amie et elle ne se sentait plus le cœur de l'accabler davantage. Il savait ce qu'elle pensait et l'inquiétude qu'elle ressentait, inutile d'en rajouter. Il valait mieux se concentrer sur un plan d'action. Déménager avec Asher, Carla et les jumeaux, continuer à communiquer de façon sécurisée pour mettre en place la chute du Centre et de la Division. Kassie se rappela combien elle avait eu peur en étant poursuivie par l'un de ses agents, le blond au regard d'acier, aussi froid que ce métal. Elle savait qu'il aurait été capable de lui faire du mal sans vergogne, tout comme Parker avait tiré sur elle voilà plusieurs mois quand ils avaient tenté de libérer d'autres caméléons. Ces personnes la terrorisaient, elle s'était sentie comme la petite fille traumatisée par Raines qu'elle avait été avant que le Professeur Goodman ne la prenne sous son aile.
- On s'installe, puis serveur sécurisé, partage des données, piratages synchronisés pour les désorganiser. Il faudrait les mener directement dans les pattes de la CIA. Je vais essayer de les hacker pour savoir ce qu'ils savent et tenter de leur donner des informations de façon détournée.
Les deux meilleurs amis semblaient être plus que jamais sur la même longueur d'onde.
- J'ai un service à te demander Jay. Si tu restes en ville, tu peux garder un oeil sur mes parents et sur Lexie ? Lexie sait la vérité, mais je ne veux pas que mes parents sachent quoi que ce soit sur le Centre. J'ai fait de mon mieux pour leur cacher la vérité et je sais que s'il apprenaient tout ce qu'on nous a fait là-bas, ils ne s'en remettraient pas, ils culpabiliseraient à mort.
Son regard se fit insistant, espérant qu'il comprendrait l'importance de ne pas mettre les parents Watson au parfum et de les préserver d'une vérité qui les anéantirait.
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Miss.Pie
Jarod Russel
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▻ ARRIVE(E) LE : 07/01/2017
▻ LOCALISATION : Everywhere except at the Centre
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▻ LOISIRS : Helping the widow and the orphan. Fill my red notebook, eat pez, oreos and discover new things.
Tout se bousculait dans ma tête, mais je ne voulais rien laisser paraître. Je ne voulais pas mettre Kassandra mal à l’aise ni l’inciter à me convaincre que ma place n’était pas auprès de Parker. Elle ne comprenait pas et ne comprendrait probablement jamais le lien qui m’unissait à elle. Mais je ne pouvais me résoudre à lui en vouloir. Alors, pour nous éviter une autre discussion problématique, je préférais dès lors me focaliser sur des choses moins sentimentales. Peut-être était-ce le mieux à faire en attendant que l’orage passe.
Me voilà donc en pleine réflexion quant aux implications de son plan. Mener le Centre et la Division dans les griffes de la CIA était audacieux, mais risqué. La moindre erreur pourrait nous coûter cher. Malgré tout, Kassie avait raison : il fallait frapper vite et fort, nous n’avions pas d’autre solution.
« — Oui, c’est une bonne idée. Utiliser la CIA comme levier pourrait nous donner un avantage considérable. Mais il faudra jouer serré. La moindre fuite d’information non contrôlée pourrait se retourner contre nous. » Je marquai une pause, réfléchissant aux détails techniques et logistiques.
« — Pour le serveur sécurisé, il faudrait mettre en place un système à toute épreuve. On pourrait utiliser des protocoles de cryptage avancés et des réseaux virtuels privés pour éviter toute interception. Pour le partage des données et les piratages synchronisés, il nous faudra des fenêtres d’action précises. On pourrait utiliser des algorithmes pour détecter les moments où leur sécurité est la plus vulnérable. Une fois qu’on a ces informations, on frappe fort et vite, sans laisser de traces. »
Je la regardai, cherchant à lire dans ses yeux s’il y avait d’autres préoccupations ou idées. « — Quant à la CIA, il faudra être extrêmement prudents. Leur fournir des informations de façon détournée demande une finesse exceptionnelle. Je pense que nous pouvons utiliser des canaux anonymes pour transmettre des données clés sans compromettre notre couverture. Peut-être même utilisé des intermédiaires. »
Tout semblait si simple pour les caméléons que nous sommes. Malgré tout, nous ne devions rien laisser au hasard, car même le plus infime des détails pouvait entraîner notre chute. Je n’en demeurais pas moins satisfait d’avoir détourné le sujet « Parkerien » vers quelque chose de moins polémique. Malgré tout, nos considérations techniques furent bien vite balayées par quelque chose de personnel, presque intime, à en juger par le regard de mon amie.
« — Kassandra, tu peux me demander ce que tu veux, tu le sais. » Je sentis presque aussitôt la profondeur de sa requête et l’importance de ce qu’elle me demandait. Son regard insistant, presque désespéré, me transperça. Elle voulait protéger sa famille, préserver leur innocence.
« — Kassie, je te promets de veiller sur tes parents et sur Lexie. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour les garder en sécurité et les éloigner de tout danger. C’est la moindre des choses. »
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Kassandra Watson
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▻ ARRIVE(E) LE : 03/01/2017
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Kassandra se sentait soulagée de voir que Jarod comprenait ses préoccupations et était prêt à l'aider, malgré leurs différends passés, surtout du point de vue de la brunette qui lui en avait longtemps voulu. Enfin, ils semblaient sur la même longueur d'onde pour mener à bien leur plan contre le Centre et la Division. La tension qui avait marqué leurs retrouvailles s'était dissipée, laissant place à une collaboration intense et déterminée avec des cerveaux en ébullition tant les plans et idées jaillissaient. Tout ceci, les exactions du Centre et de la Division, devait cesser. Mais les actions des caméléons devaient être soigneusement planifiées pour éviter toute mise en danger d'innocents.
Kassie observa Jarod avec une certaine admiration mêlée de reconnaissance. Il avait toujours été là pour elle, même dans les moments les plus difficiles. Elle se souvenait de toutes ces fois au Centre, surtout au début, où elle se retrouvait en pleurs dans ses bras. Il l'avait toujours aidée à regarder vers l'avant, elle en prenait la pleine mesure à présent. Maintenant, ils devaient se concentrer sur des stratégies complexes, utiliser leurs compétences de caméléons pour déjouer leurs ennemis communs. Et enfin libérer leurs comparses. Car Kassandra n'oubliait pas que la liberté dont elle jouissait, ainsi que Jarod et Carla, d'autres en étaient encore privés. La jeune femme se tournait vers l'avenir avec détermination. Leur plan devait être parfait, chaque détail minutieusement planifié pour éviter toute erreur fatale. Elle était convaincue que travailler avec Jarod, malgré leurs différences, était la clé de leur succès.
Quant à sa demande personnelle à son ami, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui. Protéger sa famille était au-dessus de tout pour elle. Elle espérait sincèrement que Jarod comprendrait l'importance vitale de cette demande. Elle avait confiance en lui pour veiller sur ses parents et sur Lexie, tout en préservant leur innocence à propos du Centre et de ses horreurs. Il avait verbalisé l'acceptation de cette requête et le soulagement pouvait se lire sur le visage de la caméléone. Alors qu'ils continuaient à discuter des détails de leur stratégie, Kassandra sentit un poids s'ôter de ses épaules. Savoir que Jarod était à ses côtés, prêt à soutenir non seulement leur mission mais aussi sa demande personnelle de surveillance de sa famille, lui apportait un réconfort immense. Ensemble, ils étaient plus forts.
Elle posa sa main sur celle de Jarod, lui exprimant sa gratitude.
- Je te remercie du fond du cœur. Mais s'il te plaît, ne te mets pas en danger, d'accord ?
Elle détourna le regard un instant, se rappelant de ses réactions parfois vives envers lui dans le passé.
- Je te remercie aussi d'être venu tout de suite. Je suis désolée pour mon comportement peut-être agressif envers toi, j'étais très en colère. Je déteste me sentir comme ça. Je dois préparer notre départ maintenant. On n'a pas de temps à perdre, je dois trouver comment opérer Asher et après, on va partir. Je dois récupérer Carla et les petits aussi.
Kassandra sentit une vague de tristesse et l'émotion l'envahir de nouveau à l'idée de devoir à nouveau quitter ses parents.
- Je ne sais pas si je peux me permettre d'aller leur dire au revoir.
Ses larmes menaçaient de nouveau de couler.
- La tragédie de leur vie a été ma disparition, et maintenant, je m'apprête à les quitter encore, cette fois de mon propre chef. Je culpabilise à l'idée de les peiner à nouveau en partant.
Elle se mordilla la lèvre, les yeux baissés, penaude. Elle avait vu la tristesse dans le regard de sa soeur alors qu'ils discutaient tous ensemble de la marche à suivre, elle savait que pour les parents, ce serait pire encore. Mais ils n'avaient pas le choix, et cette solution était temporaire.
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Jarod Russel
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Il me fallut un certain temps pour assimiler les paroles de mon amie, sentant au passage le poids de sa demande et de sa gratitude. Mais son regard se fit presque instantanément plus doux, conscient de la profondeur de notre lien et de la complexité de notre situation. Je serrai doucement la main qu’elle venait de poser sur la mienne, cherchant par ce contact à lui transmettre mon soutien silencieux. On dit que parfois un geste vaut mieux qu’une parole, n’est-ce pas ? Puis je m’assurai à nouveau d’avoir toute son attention pour lui faire entendre :
« — Je te promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger ta famille, Kassandra. Et je ferai attention. Ne t’inquiète pas pour moi. » Je marquai une pause, plongeant mes yeux dans les siens, cherchant à lui montrer que j’étais sincère et qu’elle ne devait pas s’inquiéter outre mesure. « — Je comprends à quel point c’est difficile pour toi, mais sache que tu n’es pas seule. Nous sommes une équipe, non ? Et puis, par le passé, nous avons réussi pas mal de choses ensemble. Nos précepteurs peuvent en témoigner. »
Et me voilà à songer à ce pauvre Sydney, avec qui je communique de moins en moins par la force des choses. J’aurais tendance à m’en vouloir, si la méfiance ne m’avait pas assailli récemment. « Refuge » était pourtant une plateforme sécurisée, mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer le pire alors que Sydney était ce qui se rapprochait le plus d’un père pour moi. Mais je me repris très vite, chassant de mon esprit cet odieux sentiment de méfiance. Mais comment y parvenir quand cela est ancré en vous, presque de façon indélébile ?
« Reprends-toi, Jarod ! Allez ! » m’encourageai-je avant de sentir une vague de détermination monter en moi. Le plan que nous allions exécuter nécessitait une précision extrême, et je devais y consacrer toute mon énergie et mon expertise.
« — Pour Asher, il me faudrait toutes les informations nécessaires et je pourrais m’occuper de l’opération avec toi si tu veux. Si l’on agit rapidement, de façon coordonnée, tout devrait bien se passer. J’ai déjà opéré. Je pense être à même de réussir cette intervention. »
Je relâchai doucement sa main et me levai, prêt à mettre notre plan en action. « — Je vais aussi préparer tout ce qu’il nous faut pour récupérer Carla et les petits. Nous allons faire en sorte que tout le monde soit en sécurité avant de frapper. »
Je fis un pas en arrière, mes pensées se dirigeant déjà vers les tâches à accomplir. « — En ce qui concerne tes parents, je peux aller leur parler en ton nom si tu veux. Je leur expliquerai la situation sans entrer dans les détails, pour qu’ils comprennent pourquoi tu dois partir. Tu n’as pas à porter ce fardeau seule, Kassie, je t’assure. »
Je lui adressai un sourire réconfortant, espérant apaiser un peu de la douleur que je voyais dans ses yeux. « — Je sais que c’est dur, mais tu fais ce qu’il faut. Nous allons les sauver tous. C’est le plus important, mettre en sûreté les gens qu’on aime. » Sauf que pour moi, la difficulté était autre, puisque la personne que j’aime représentait l’un des dangers que Kassandra essayait de fuir.
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Kassie était pleine de gratitude que Jarod accepte de garder un oeil sur sa famille. Mais soudain, elle réalisa que peut-être lui aussi aurait besoin de s'éloigner de Blue Cove pour se protéger du Centre. La caméléone comprit alors que sa demande était peut-être égoïste. Elle ne voulait pas être responsable indirectement de la pire chose qui pouvait arriver à un caméléon : retourner au Centre.
- Ne prends pas de risque, d'accord ? Je te demande juste de t'assurer qu'ils ne soient pas ennuyés par le Centre. Mais si tu dois partir toi aussi, fais-le.
Il évoqua leurs réussites passées ce qui la fit sourire. Un sourire amer. Elle songea à toutes ces simulations, ces réussites qui l'avait rendue fière en voyant la lumière dans les yeux de Stanley. Quand il était fier d'elle, elle l'était aussi. À cette époque, il était sa seule famille, sa référence. Parfois, il lui manquait. Elle avait l'impression de l'avoir trahi en quittant le Centre, mais pourtant elle savait qu'elle avait fait ce qui était le mieux pour elle. kassandra n'avait pas repris contact avec Stan, mais quelque part, elle voulait le faire. Elle n'osait sûrement pas à cause de ce sentiment de honte d'avoir fui. Suis-je folle ?
- Oui, effectivement, ils peuvent en témoigner... Est-ce que Sydney te manque, des fois ? demanda-t-elle presque ingénument.
Elle évoqua l'opération à venir du genou d'Asher. Sa rotule avait été brisée et maintenant que l'enflure avait diminué, il allait être possible d'opérer. Elle devait trouver un moyen de ressouder les fragments. Même si la rotule n'était pas un os indispensable, mieux valait l'avoir, tout comme le péroné. Son meilleur ami proposa de l'aider lors de l'opération. Kassie sourit.
- C'est gentil mais j'avais prévu de le faire avec Lexie. Nous sommes en chirurgie toutes les deux, ça va aussi l'aider pour pratiquer. J'imagine que tu n'as pas approché un bloc depuis un moment. Par contre, comme je vais devoir pratiquer une ostéosynthèse, je vais avoir besoin de très petites vis et de plaques en titane, si tu peux m'en trouver, ce serait d'une grande aide. Je ne voudrais pas que Lexie doive voler du matériel à l'hôpital, ça pourrait ruiner sa carrière.
La brunette vit Jarod prêt à partir, parlant de réunir ce qu'il faudrait pour Carla et les petits. Kassie se leva à sa suite, ravie de cette détermination qui animaux son ami.
- Merci beaucoup. Par contre, non, je ne veux pas être lâche, je vais parler à mes parents moi-même. Le Centre connaît mon nom, ce qui veut dire qu'ils surveillent peut-être mes parents. Si tu y vas, tu prendras le même risque que je ne veux pas prendre. Ce n'est pas logique. Je vais leur créer un espace sur le serveur sécurisé et on fera un appel visio. C'est le mieux à faire.
La perspective de ne pas pouvoir serrer ses parents dans ses bras une dernière fois avant une période indéterminée lui brisait le coeur, mais avait-elle le choix ? Cet éloignement était, pour le moment, la meilleure solution pour préserver tout le monde.
- Merci encore pour ton aide, Jay. Je t'attends avec le matériel en titane, Lexie viendra avec les instruments. Je voudrais faire l'opération dans maximum quarante-huit heures pour qu'il soit prêt à partir dans soixante-douze heures. Si on peut le faire avant, c'est même mieux.
La petite brune se rapprocha pour le serrer dans ses bras. Plus aucune amertume ne l'habitait maintenant, seulement l'espoir de venir à bout de tous ces obstacles dans leurs vies.
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Je regardais mon amie, ressentant le poids de sa gratitude mêlée à ses craintes. Sa demande me touchait profondément, tout autant que son inquiétude pour ma sécurité. J’avais le cœur serré. Malgré tout, je devais lui montrer que sa confiance en moi n’était pas mal placée et que, malgré les risques que j’estimais minimes, j’étais prêt à tout pour la protéger, elle et sa famille, autant que je l’aurais fait pour la mienne.
« — Ne t’inquiète pas, Kassie, je ne prendrai aucun risque inutile. Je m’assurerai simplement que ta famille soit en sécurité et que le Centre ne les dérange pas. Quant à moi, je prendrai les précautions nécessaires et, si cela devient trop dangereux, je saurai m’éloigner. »
Aussitôt, je pensai à Parker et à ce projet de fuite complètement surréaliste, mais chargé d’espoir. Devrais-je en parler à Kassandra ? Après tout, n’était-elle pas mon amie la plus proche ? J’hésitai l’espace d’une seconde, avant de finalement opter pour le silence sur ce projet.
Nous fûmes ensuite assaillis par une légère nostalgie en évoquant des souvenirs partagés au Centre, ces moments où nos réussites dans les simulations nous avaient rapprochés. Ses mots sur Sydney me firent réfléchir, et je ne pus m’empêcher de ressentir une pointe de mélancolie, malgré nos communications occasionnelles via le serveur « Refuge » que j’avais mis en place. « — Oui, Sydney me manque parfois. Il a été comme un père pour moi, même si les circonstances ont parfois été compliquées. »
J’aurais tant voulu lui parler de « Refuge » pour qu’elle puisse à son tour communiquer avec Stanley, mais ma méfiance naturelle m’incitait à ne rien dire, du moins pas tant que je n’avais pas la certitude que Monsieur Goodman était assez fiable pour prendre ce risque.
Je l’écoutai ensuite rebondir sur l’opération d’Asher, et bien que je souhaitais aider, je respectai sa décision de travailler avec Lexie. Sa demande de matériel chirurgical en titane était logique et réalisable.
« — Compris. Je vais m’occuper de te trouver les petites vis et plaques en titane dont tu as besoin. Je ferai en sorte que Lexie n’ait pas à voler du matériel à l’hôpital. En tant que pompier, je ne pense pas avoir de mal à trouver ce qu’il nous faut. »
Je me levai, prêt à passer à l’action. La détermination de Kassandra était contagieuse, et je sentais cette même détermination monter en moi. Cependant, ses paroles sur ses parents me firent comprendre qu’elle préférait affronter cette difficulté seule. J’en étais encore plus impressionné par son courage et sa détermination. Finalement, peut-être devrais-je lui parler de « Refuge », cela faciliterait sa démarche.
« — Très bien, Kassie. Mais si je peux me permettre, tu n’aurais pas besoin de mettre en place tout ça. En fait, j’aurais dû te le dire plus tôt, mais j’ai trouvé un moyen de communiquer avec Sydney sur un serveur crypté et sécurisé que j’ai mis en place. Je pourrais peut-être faire en sorte que tu puisses passer un appel visio si tu le veux. Ça évitera les risques inutiles. »
J’espérais apaiser son angoisse en lui adressant un sourire réconfortant. Le fait qu’elle choisisse elle-même de parler à ses parents montrait une fois de plus cette force intérieure dont je soupçonnais l’existence, mais qui peinait à s’affirmer jusqu’alors. Je ne pouvais qu’admirer son courage.
« — Je vais me mettre en route pour trouver ce matériel en titane. On se retrouvera ici dès que j’aurai tout ce qu’il faut. »
Je serrai doucement ses mains une dernière fois avant de quitter la pièce, lui transmettant tout mon soutien et ma détermination.
Je sortis de sa demeure et respirai profondément l’air frais, sentant le poids des responsabilités sur mes épaules, mais aussi une certaine clarté d’esprit. Je me dirigeai vers ma voiture, sachant exactement où je pourrais trouver le matériel chirurgical nécessaire. J’avais des contacts, des ressources que je pouvais mobiliser rapidement. Mon esprit était déjà en train d’organiser chaque détail, de planifier chaque étape.
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