L'espace de quelques instants, Ally oubliait qui était Cole, et même qui elle était. Elle avait l'impression d'être une adolescente avec son petit ami, se délectant tous deux des saveurs d'interdits de leurs actions. Les caresses qu'il avait instiguées avaient réveillé la flamme de l'excitation, mais la policière ne voulait pas non plus qu'ils soient surpris dans leurs activités intimes, d'autant que des mineurs étaient présents. Lorsque l'agent de terrain glissa sa main dans la sienne, une drôle d'impression s'empara de la belle brune. Comme si leur proximité avait franchi un cap. Cette sensation lui paraissait dérangeante au vu de ce qu'elle savait de cet homme, mais en cet instant, l'attirance qu'elle ressentait pour lui transcendait tout, même la prudence.
En s'enfonçant des les allées obscures les plus reculées, Cole trouva un vieux stand qui servait sans doute de remise. Aucune présence humaine à moins de vingt mètres, et le bruits de la machinerie qui activait les attractions camouflant leurs voix, c'était parfait. Aussitôt, leurs lèvres se retrouvèrent pour échanger un baiser ardent tandis que les mains baladeuses de Cole reprenaient leur chemin. Sans attendre, la bouche toujours collée à la sienne, Ally s'affairait à dégrafer le pantalon de son étalon, le laissant choir à ses chevilles, glissant ses mains dans son caleçon. Elle ne retenait plus ses gémissements de plaisir alors que bien vite, leurs intimités fusionnèrent. La tête penchée en arrière contre cette palissade en bois, elle savourait les baisers dans son cou, les coups de rein de son amant. et toute cette ambiance grisante. Les bras autour du cou de bellâtre blond, elle resserra ses cuisses autour de ses hanches alors que l'ultime vague de plaisir l'assaillait, lu faisant étouffer un cri dans le cou de son partenaire.
Reprenant son souffle, elle reposa ses pieds au sol, laissant Cole remonter son pantalon alors qu'elle replaçait sa culotte et sa jupe, écoutant sa proposition. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres.
- Je t'ai jamais vu si souriant. C'est plutôt cool. Va pour les sucreries. Je te préviens, je partage pas la barbe à papa ! lança-t-elle avec un clin d'oeil.
Ils reprirent le chemin de l'allée obscure pour retrouver la lumière de la fête foraine et la cabine de l'attraction pour récupérer la peluche. Puis elle se tourna vers Cole.
- C'est quoi ta cochonnerie préférée ? Churros, barbe à papa, pomme d'amour ? J'en oublie sûrement.
Il était vrai qu'elle ne savait rien de lui, hormis le plus important, qu'il était un homme dangereux. Et il ne savait pas qu'elle savait. Il lui fallait rester dans l'anodin, dans les choses qui ne risquait pas de faire révéler la vérité, il en allait de sa sécurité. Du menton, elle désigna un stand qui semblait vendre à peu près tout ce qui contribuait à filer des caries. Les lumières et couleurs avaient de quoi attirer n'importe qui. La file d'attente n'était pas si longue, juste assez pour réfléchir au choix de petite douceur possible.
- Alors ? demanda-t-elle avec curiosité.
Elle se demandait ce qu'un homme qui avait l'air aussi rigide pouvait aimer manger. Néanmoins, elle avait noté que cet après-midi, rapidement devenu soirée, Cole semblait être un homme différent. èA quoi pouvait être dû ce changement ?
Cole ressentait encore l’adrénaline de leur étreinte passionnée, son corps vibrant d’une énergie intense. Le contraste entre l’obscurité de leur cachette et l’éclat des lumières colorées le ramena brusquement à la réalité, mais le plaisir ressenti suite à cet instant de dépravation continuait à brûler en lui. Sans perdre de temps, il ajusta son pantalon avec un léger sourire ; une expression rare pour lui, surtout en public. Pourtant, la remarque d’Allison à ce sujet avait éveillé en lui un sentiment de légèreté qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps. L’avait-il même déjà ressenti un jour ?
L’agent de terrain n’eut pas le loisir de s’interroger plus longtemps. Ils quittèrent leur repaire pour s’approcher des lumières éclatantes de la fête foraine en pleine effervescence. L’atmosphère, saturée de couleurs et de lumières vives, créait une ambiance étrange, comme si le monde était enveloppé d’un filtre surréaliste, mais étrangement agréable. Une nostalgie latente s’infiltrait dans l’air, rappelant à Cole qu’il ne s’était que trop rarement permis de participer à ce genre d’activité. Mais une fois encore, l’homme de main de la Division préféra taire ses réflexions pour mieux se concentrer sur le moment présent.
Alors qu’ils se dirigeaient vers le stand de friandises, il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil furtif à Ally, observant la manière dont ses cheveux bougeaient doucement au gré du vent, et comment la lumière des néons se reflétait dans ses yeux. La façon dont elle avait parlé de ne pas partager la barbe à papa l’avait amusé, et il se surprit à apprécier ces petites taquineries, un terrain où il ne s’aventurait d’ordinaire pas. Pourtant, avec elle, les choses semblaient plus faciles, plus naturelles—peut-être trop. Et n’était-ce finalement pas dangereux ?
Le stand de friandises était un festival de couleurs et de sucre : des piles de churros croustillants, des pommes d’amour au rouge éclatant, et des barbes à papa volumineuses flottant dans l’air comme des nuages rosés. L’odeur du sucre caramélisé et de la friture était enivrante, évoquant pour la plupart des gens un doux rappel d’une époque insouciante, mais pas pour Cole. Il laissa son regard errer sur les différentes sucreries proposées, bien que son esprit fût encore ailleurs, enveloppé par la chaleur du corps d’Ally et la douceur de leurs moments volés.
Il esquissa un sourire sincère lorsqu’elle l’interrogea sur ses préférences en matière de friandises. La question était simple, presque enfantine, mais il y avait quelque chose de rassurant dans cette banalité après les tourments quotidiens de Cole. Il se rendit compte qu’il ne s’était jamais vraiment posé la question. Les plaisirs simples de la vie lui échappaient souvent, trop concentrés sur ses objectifs et ce « travail » omniprésent. Mais ce soir-là, il voulait essayer de saisir cette part d’innocence qu’il avait perdue trop rapidement.
« — Hmm… Les churros, je crois, » répondit-il après une courte réflexion. « — Avec beaucoup de sucre. »
Il lança un regard vers Ally, un peu hésitant, avant de continuer, presque gêné. « — En fait… c’est la première fois que j’en mange. Je n’ai jamais goûté de barbe à papa non plus… ni de pomme d’amour, d’ailleurs. »
Il laissa ces mots flotter un instant, incertain de la réaction qu’ils pourraient provoquer. Ces aveux simples cachaient une vérité plus sombre ; celle d’une enfance volée, de moments qui auraient dû être vécus, mais qui avaient été sacrifiés sur l’autel du devoir.
Il lança un regard vers Ally, curieux de voir si elle approuverait son choix ou si elle allait plaisanter à ce sujet. Quoi qu’il en soit, il était prêt à la suivre dans cette exploration des douceurs sucrées.
En attendant leur tour dans la file, il se permit de se détendre un peu plus, savourant cet instant de répit. Ses pensées vagabondèrent un instant, réfléchissant à ce que l’avenir pouvait leur réserver. Ce n’était pas dans ses habitudes de se laisser emporter par des pensées aussi légères, mais ce soir était différent. Ally avait cette capacité étrange à le faire sortir de sa zone de confort, à lui faire explorer des facettes de lui-même qu’il ignorait. C’était à la fois exaltant et terrifiant, et il n’était pas certain de vouloir aller plus loin dans cette direction. Mais pour l’instant, il était décidé à profiter de chaque instant.
Il observa le vendeur préparer les churros, les plongeant dans l’huile bouillante avant de les enrober généreusement de sucre. Cette vision simple et rassurante contrastait avec la complexité de sa vie. Cole tendit l’argent au vendeur, attrapant le cornet de churros encore chauds, et en tendit un à Ally.
« — À toi l’honneur, » dit-il en se penchant légèrement pour capter son regard.
Il savait que ce moment était éphémère, que la réalité finirait par le rattraper, mais pour l’instant, il voulait savourer cette douceur, cette proximité fragile qui s’était établie entre eux.
Tout en mordant dans un churro, il se laissa aller à cette nouveauté, savourant le goût sucré sur sa langue et le plaisir simple de partager cet instant.
« — Mais c’est délicieux en fait. À toi l’honneur, » déclara-t-il presque avec candeur. Ici, sous les lumières vives de la fête foraine, avec Ally à ses côtés, il se sentait presque… normal. Et cela suffisait à le rendre heureux, même si ce n’était que pour un bref moment.
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C'est un paradoxe cruel de l'existence : trouver la force dans la vulnérabilité et, simultanément, le danger dans l'affection.—
La peluche sous le bras, Allison observait Cole qui réfléchissait à ce qu'il préférait dans toutes les confiseries proposées dans les stands de fête foraine. Les fameux churros semblaient avoir sa préférence et la policière hocha la tête en souriant avant que son amant ne déclare qu'en fait, il n'en avait jamais goûté, ni même aux autres sucreries présentes. La belle brune écarquilla légèrement les yeux, bouche bée avant de secouer la tête.
- Attends, tu me fais marcher là ? Jamais une seule barbe à papa ?
Cette information, qui aurait pu être anodine, fit naître tout un tas de scénarios dans la caboche de la flic. Ce fut leur tour de commander et Cole ne tarda pas à obtenir son cornet de churros. Ally voulut remédier au problème et commanda donc une barbe à papa ainsi qu'une pomme d'amour. Elle paya et rejoignit le beau blond qui lui proposait de goûter la première un churros.
- OK, et moi je vais faire une entorse à mes principes pour que tu ne quittes pas cette fête foraine sans avoir goûté aux principales confiseries.
Elle lui montra du regard un banc sur lequel elle s'assit et attendit qu'il la rejoigne avant de mordre dans le beignet au sucre en souriant et en fermant les yeux. Cette saveur satisfaisante, cette chaleur et ce fondant en bouche était toujours aussi agréable. Puis, elle l'observa découvrir ces saveurs et sourit.
- Je connais personne qui n'aime pas les churros. Ça c'est la version puriste, mais certains fantaisistes en trempent dans la pâte à tartiner.
Elle s'approcha de lui pour lui retirer du bout du pouce un peu de sucre qui était venu se nicher au coin de ses lèvres avant de finalement lui tendre le bâton de barbe à papa.
- Goûte ça. Tu vas voir, c'est étonnant comme sensation.
Ally ouvrit la marche en prenant un morceau de confiserie dans ses doigts pour le porter à sa bouche. Cela lui rappelait son enfance, avec son frère. Ils en mangeaient des tonnes à chaque sortie à la fête foraine.
- Comment tu trouves ? demanda-t-elle, son regard sondant ses réactions.
Puis, elle lui tendit la pomme d'amour emballée.
- Tu vas pouvoir prendre ça aussi. Tu peux la déguster plus tard, et tu me diras ce que tu en auras pensé.
En cet instant, Allison avait encore oublié l'espace de quelques minutes qu'elle avait face à elle un dangereux agent de terrain capable de tuer de sang froid. Là, elle ne voyait que l'homme qui savait se montrer attentionné, adorable et qui lui faisait vivre des moments plaisants.
- Y avait pas de fêtes foraines, là où tu vivais quand t'étais petit ? se risqua-t-elle à demander en le voyant se délecter de ses churros fraîchement découverts.
Soudain, elle réalisa qu'il s'agissait d'une question personnelle et que ça allait à l'encontre du principe de base qu'ils avaient établi.
- Non, excuse-moi, oublie ma question. C'était de la curiosité, mais on avait dit qu'on se parlait pas de nos vies.
La policière tendit de nouveau à l'étalon le bâtonnet de barbe à papa, au cas où il voudrait y goûter encore, comme pour effacer sa question maladroite.
Cole prit un instant pour observer la manière dont Allison tenait sa peluche, un sourire amusé jouant sur ses lèvres. Lorsqu’elle le rejoignit avec la barbe à papa et la pomme d’amour, il ne put s’empêcher de la fixer avec une expression d’étonnement mêlée d’amusement. Le contraste entre le côté badass qu’elle laissait paraître et la simplicité enfantine de cet instant lui paraissait fascinant, assez pour se perdre dans cette observation.
Quand elle lui tendit la barbe à papa, l’agent de terrain à la solde du Centre hésita, scrutant la sucrerie du regard comme s’il s’agissait d’un objet étranger. « — On dirait du coton, » murmura-t-il d’un ton pensif, son regard passant du bâtonnet à Ally, cherchant une confirmation dans ses yeux. Finalement, il en arracha un petit morceau, l’amenant prudemment à ses lèvres. La texture fondit aussitôt sur sa langue, provoquant un léger rire de surprise, un son qu’il ne produisait presque jamais, mais qui s’échappa cette fois sans qu’il puisse le retenir.
« — C’est… inattendu, » admit-il, un brin d’émerveillement éclairant soudainement ses traits d’ordinaire si durs. « — Je m’attendais sûrement à quelque chose de plus… solide. » Il fronça un peu les sourcils, se demandant pourquoi il n’avait jamais goûté cela auparavant. « — Tu vas me prendre pour un dingue, mais ce goût, c’est comme un souvenir d’enfance que je n’ai jamais eu. » Ses paroles étaient douces, mais chargées d’une nuance de regret qu’il ne cherchait pas vraiment à dissimuler à son propre étonnement.
Il continua à déguster la barbe à papa, avec la curiosité d’un enfant découvrant un nouveau jouet, tout en jetant de fréquents regards vers Ally, essayant de déchiffrer ce qu’elle pensait de lui à cet instant. Peut-être voyait-elle à quel point il était étranger à ce genre d’expériences, et cette idée le troubla davantage qu’il ne voulait l’admettre.
Lorsqu’elle lui tendit la pomme d’amour, il la prit avec précaution, pesant le fruit enrobé dans sa main comme s’il s’agissait d’une relique précieuse. « — Je te dirai ce que j’en pense, » promit-il, ses yeux rencontrant les siens, le ton de sa voix presque solennel. « — Mais je crois que ça risque de me prendre un peu de temps pour assimiler tout ça. » L’aveu était honnête, une rareté chez lui.
Leur conversation dévia bientôt sur son enfance, et il sentit le poids de ses souvenirs lui écraser la poitrine. L’espace d’un instant, il fut tenté de répondre, de révéler une parcelle de cette vie qu’il avait enterrée depuis si longtemps. Pourtant, le rappel de leur accord lui revint, l’arrêta net. Un sourire sans joie étira ses lèvres lorsqu’elle s’excusa, et il secoua la tête. « — C’est rien, » répondit-il doucement. « — Les fêtes foraines… ce n’était pas vraiment dans mon quotidien. » Il laissa ses mots flotter dans l’air, aussi insaisissable qu’une brume légère.
Après un silence, il mordit de nouveau dans un churro, savourant la douceur sucrée qui éclatait dans sa bouche. « — Mais je suppose qu’il n’est jamais trop tard pour découvrir tout ça, » ajouta-t-il, d’un ton plus léger. « — Tu sais, tu as peut-être raison… Tremper ça dans de la pâte à tartiner pourrait être un sacrilège, mais… » Il se pencha un peu plus près d’elle, le coin de sa bouche se relevant dans un sourire en coin. « — Je pourrais peut-être faire une exception. »
Il continua à manger en silence, prenant plaisir à ces nouvelles sensations, à ces goûts qu’il découvrait pour la première fois. À chaque bouchée, il se sentait s’éloigner un peu plus de l’ombre qui le poursuivait constamment. Leurs rires et leur proximité lui semblaient étrangement naturels, presque comme une échappatoire et c’était plus que plaisant.
Enfin, il jeta un coup d’œil autour d’eux, les lumières vives et les éclats de rire des autres visiteurs créant un contraste saisissant avec la noirceur qu’il portait en lui constamment. « — Dis-moi, Ally, » murmura-t-il en posant son regard sur elle, ses yeux d’acier se plongeant dans les siens, « — Est-ce que c’est toujours comme ça, les fêtes foraines ? Aussi… magiques ? » Sa question était sincère, teintée d’une curiosité presque innocente qui contrastait avec tout ce qu’il avait pu laisser paraître jusqu’à présent. Il voulait comprendre pourquoi elle semblait si à l’aise ici, pourquoi elle pouvait encore croire en ces petits moments de bonheur, alors que lui en avait depuis longtemps oublié le sens.
Puis l’homme de main du Centre se redressa, finissant son churro avant de s’essuyer les doigts sur une serviette en papier fourni avec le tout, l’air pensif. « — Je dois avouer que ça me plaît, » concéda-t-il finalement, comme si cela lui coûtait de l’admettre. « — Peut-être que j’ai manqué quelque chose, toutes ces années. »
Puis, dans un geste presque impulsif, il attrapa la barbe à papa, en déchira un morceau et tendit le bâtonnet à Ally. « — Partage équitable, » déclara-t-il avec un clin d’œil. « — Parce que tu as raison, je ne peux pas quitter cet endroit sans avoir goûté à tout. »
Ses doigts frôlèrent les siens, et Cole se permit de savourer cet instant, cette fraction de seconde de contact qui lui rappelait qu’il était encore capable de ressentir quelque chose de réel. « — Merci, » souffla-t-il finalement, d’un ton à peine audible, son regard toujours ancré dans celui d’Ally. « — Pour tout ça. »
Il ne précisait pas si ce « merci » s’adressait à la soirée, à la découverte des sucreries, ou à cette sensation étrange et nouvelle de se sentir… vivant. Peut-être un peu de tout. Pour une fois, il se laissait simplement porter par l’instant, et cela, plus que tout, le terrifiait autant que cela le fascinait.
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