J'adorais mon job comme enseignant, mais j'avais pris la décision de diminuer un peu ma charge de travail pour faire moitié-moitié comme pompier volontaire. J'aimais l'ambiance avec les gars et puis cela me changeait de l'école un peu. Je donnais également quelques cours parfois à des jeunes qui en avaient besoin. Rien d'exceptionnel, mais c'était surtout pour le plaisir. J'avais donc commencer à échanger avec un type du nom de Peter. De ce que j'avais compris, un morceau lui posait problème. Il faut dire que lire une partition et jouer en même temps n'était pas donné à tous sans compter les accords et le reste.

J'étais prêt à l'aider, mais contrairement à mes autres élèves, ce dernier ne voulait pas venir à mon domicile. Pourtant, j'avais beau lui avoir expliqué que ça serait plus facile pour le son et le reste, il insistait. Je me pliais donc à sa volonté en me disant que j'allais tenter de faire des miracles avec un piano de maison sans aucun doute mal accordé. Néanmoins, je mettais une chemise à carreaux rouge et noir propre et un pantalon noir avant de me rendre chez lui dans mon gros camion Ford avec du chrome. J'étais un vrai texan dans l'âme à ce niveau. Mon père dirait que c'était bien car je n'aurais pas un véhicule de tapette. Il était comme ça mon paternel. Un peu trop coloré dans son langage et rempli de préjugés.

Je sonnais donc à la porte pour voir l'homme m'ouvrir. Il avait une belle maison et je lui serrais la main avec force. Il faut dire qu'il ne devait pas s'attendre à avoir une montagne de muscle comme moi comme professeur de piano. Ça me faisait bien rire en fait.

- Enchanté de faire votre connaissance Peter. Vous avez une belle maison.

J'entrais avant de retirer mes chaussures par politesse. Une vieille habitude que je tenais depuis l'enfance gracieuseté mon cher paternel. Je suivais l'homme en regardant autour. Je notais une photo de mariage sur une tablette mais aucune autre photographie de famille. Il n'avait pas d'enfants visiblement.

- Donc vous avez de la difficulté avec un morceau. Je peux savoir duquel il s'agit ?

Can’t help falling in love with you … La chanson favorite de ma mère. Combien de fois est-ce que je l’avais entendue cette chanson et que mon père la faisait jouer dans sa voiture ou chez lui. Cette chanson avait bercé ma vie et l’enfance de mes filles. Je ne serais pas surpris qu’il l’écoute encore. Dans tous les cas, je ne pouvais pas me retenir de sourire en coin en entendant ce titre et ensuite le second me faisait un peu grimacer. J’avais horreur des accords de cette chanson en vrai. Elle me sortait pas les trous de nez.

- Can’t help falling in love with you sera plus simple à mémoriser si je vous donne un coup de main. J’ai l’habitude de la jouer. Les partitions sont un peu difficiles à lire mais une fois qu’on l’a compris c’est assez facile.

Peut-être que ma mère était avec moi en cet instant. Je restais surpris alors qu’il disait amie et j’avais vu une photo de mariage. Ce n’étais pas pour sa femme cette chanson? Enfin, ce n’était pas de mes affaires. Les gens de nos jours étaient plutôt volage. J’étais de la vieille école. Il me proposait un café et je le regardais dans les yeux en retroussant mes manches de chemise avec douceur.

- Avec plaisir pour le café. Je mets un peu de lait dedans. Je vais vérifier l’accord du piano durant ce temps.

Je m’installais devant la bête et je touchais quelques notes avant d’ajuster ce dernier avec douceur. Je voulais qu’il sonne bien au moins. Je poussais un soupir avant de lever le couvercle pour ajuster la bête. Seigneur que les gens ajustaient mal leurs pianos de nos jours. Je commençais alors flight for the Bumblebee avec une immense facilité pour tester un maximum de notes dans dans les aigues et je ferais un autre morceau ensuite plus grave.

Je bougeais mes doigts sur les notes sans me poser la moindre question et j’enchainais avec In the Hall of the Mountain King. C’était bien différent mais cela me permettait de voir le plein potentiel de l’appareil. J’adorais ce morceau en plus. Il me faisait penser à un gros méchant dans son château. En fait, c’était surtout Kassandra qui disait ça petite. Je terminais le morceau avant de me tourner vers mon élève du jour.

- J’ai accordé la bête. Merci pour le café. On laisse tomber les partitions d’accord? Pas besoin de ça pour apprendre pour commencer. On va les prendre ensuite. Si vous ne savez pas les lire ça ne servira à rien.

Je prenais une gorgée de café. Il était bon.

- Il est bon le café. Aller! On commence. Je le fais une première fois et écoutez attentivement. Regardez mes mains. Nous le ferons en dyade ensuite.

Les gens avaient des idées magnifiques pour faire plaisir aux gens qu’ils aimaient. Pour ma part, j’adorais jouer des morceaux doux pour ma belle Rose. J’adorais la regarder fermer les yeux ou encore venir près du piano pour me lancer une regard enjôleur comme ça avait été le cas lors de notre rencontre. Elle était tellement belle dans sa robe. Cependant, l’homme avait parlé de son amie et non pas de sa femme. Je me questionnais un peu à savoir pourquoi il avait dit une chose pareille. Je lui proposais ma méthode pour apprendre ce morceau. Il semblait presque mort de peur et je rigolais un peu en voyant son air.

- Votre femme a bon goût à ce que je peux comprendre.

Oui, j’avais fais exprès avant de commencer à jouer le morceau sans même lui donner la chance de dire le moindre mot. Je me fichais bien de m’être trompé et je continuais de jouer avec agilité. C’était facile pour moi, mais je savais que pour lui se serait un défi de taille. Je me laissais s’installer près de moi après une gorgée de café. Je commençais à lui montrer bout par bout en prenant mon temps. Je ne voulais pas le brusquer et je l’aidais dans les enchainements plus complexe. Je ne lui laissais pas la moindre chance de me corriger concernant sa femme. Mon père m’avait toujours appris à désarçonner l’ennemi. Je regardais finalement l’heure et je souriais avant de me lever.

- Aller, maintenant vous le faites seul.

J’avais confiance en mon élève. Je partais le métronome un peu plus lentement et je le laissais commencer à jouer en battant la mesure. J’adorais tant la musique. Il avait fait des fausses notes mais dans l’ensemble c’était plutôt réussi. J’étais assez fier. Je prenais une gorgée de mon café devenu froid en souriant en coin. J’avais l’habitude avec mes cours à l’école de boire mon café froid donc ce la ne me dérangeait pas plus que ça. Je regardais l’air satisfait de mon élève avant d’applaudir.

- Bravo! Avec de la pratique ça devrait très bien aller dans quelques jours. Votre femme sera contente. C’est un beau cadeau que vous lui offrez. Vous êtes marié depuis longtemps?

Je m’appuyais contre le piano et je continuais de boire le café avec nonchalance. Pour moi, la fidélité était ce qu’il y avait de plus important à mes yeux. J’étais fidèle à ma Rose malgré les creux de vague. Elle me rendait heureux et j’aimais voir son sourire tous les soirs. Je remarquais un malaise chez mon client cependant.

L’infidélité était une chose que je ne pouvais que difficilement tolérer. Pour moi, tant que le divorce n’était pas prononcé, il n’y avait pas lieu de tromper l’autre. C’était une question de respect et j’avais tant vu de couples souffrir en agissant de la sorte. Bien évidemment, la photo de mariage du couple n’avait pas échappé à mon œil de lynx. Le jeune homme n’était pas mauvais au piano, mais il aurait clairement besoin de pratique. Lorsque je mentionnais sa femme, je voyais clairement son malaise. Il ne semblait pas trop savoir quoi me répondre et je haussais un sourcil en le regardant. J’étais loin de me douter qu’il se tapait mon bébé en fait. Je l’écoutais me parler et je prenais une gorgée de café avant de recracher cette dernière dans la tasse. Lexie. Il venait de dire Lexie non? Comment dans MA Lexie? Oh le gros connard!

- Lexie Watson. Une jeune femme formidable. J’ai eu la chance de la rencontrer à quelques reprises. Vous avez beaucoup de chance.

Je comptais lui dire en temps et lieu, mais mon ton de voix n’avait plus rien de chaleureux. J’étais froid comme la mort et j’avais perdu mon sourire. Je posais ma tasse sans terminer mon café et je craquais mes doigts par habitude lorsque je faisais beaucoup de pianos. Je regardais ensuite ce dernier et je touchais une touche avec douceur avant de lui parler.

- Ça fait un moment vous deux? Quelques mois peut-être?

Je hochais la tête à sa réponse en faisant une sorte de moue. J’appuyais plus fortement sur les touches avant de me mettre à rire jaune. Un sourire sarcastique comme jamais sur le visage alors que je faisais non de la tête. Comment ma fille avait-elle pu penser à se mettre au travers d’un couple? Comment ce type pouvait-il faire ça à une femme qu’il aimait? Je bouillais à l’intérieur littéralement. Je levais finalement le regard vers lui en croisant les bras et je lui lâchais le plus sèchement du monde.

- Il faut vraiment être un beau trou de cul pour se mettre avec une autre en étant toujours marié. C’est plutôt intéressant et je suis probablement vieux jeu. Je t’offre la séance et en échange, tu vas me rendre un petit service.

Je prenais ma mallette avec douceur et j’allais me mettre à sa hauteur avec toute ma carrure et ma musculature. Je le regardais directement dans les yeux sans broncher pour le moins du monde. Je n’avais pas peur de lui.

- Tu vas dire à fille que je l’attends pour souper samedi soir à 19h00.

Je me dirigeais ensuite vers la sortie en le laissant ainsi. Allait-il me suivre et tenter de demander si c’était vrai? Il risquait de finir avec un poing sur la gueule, mais ça c’était son putain de problème et pas le mien.

Je savais me montrer excessivement chiant lorsque je le voulais. La preuve étant le ton de voix que j’empruntais pour parler à ce type dès que j’avais compris que la femme à qui était destinée cette mélodie était en fait ma fille. Comment Lexie pouvait-elle agir ainsi et pire, comment un homme comme lui pouvait agir de cette façon ? Rose serait dans le coma, je serais restée éternellement seule tellement je l’avais dans la peau ma femme. Je ne comprenais pas et je lui faisais clairement comprendre à ce petit merdeux comment je me sentais en ce moment. Je lui révélais mon identité du même coup et je me dirigeais vers la sortie. Il m’arrêtait en me sortant un discours. Je me retournais lentement pour le regarder dans les yeux sans broncher.

- Je vais te dire une chose gamin. Avant de courir, il faut savoir marcher. Tu n’as même pas suffisamment de cran pour accompagner ton épouse dans un putain de coma ? Tu parles d’une paire de couilles en béton et tu me sors que tu ne pouvais pas lutter contre tes sentiments avec ma fille ?! Elle est bien bonne celle-là.

J’étais complètement furieux et c’était assez rare. Je me passais une main dans les cheveux en soupirant. Je regardais un peu le sol avant de le regarder de nouveau dans les yeux.

- Finalement… Non, j’ai autre chose à te dire en fait !

Là, mon poing partait tout seul sur sa gueule avant que je le prenne par le collet pour le plaquer contre le mur. Il était loin le pianiste en moi. Là, c’était la formation militaire et le père de famille qui prenaient le dessus. Mon père aurait probablement fait la même chose de toute façon.

- Si tu lui brises le coeur, je te jure que tu auras ma petite visite en bonne et due forme petit con! Si tu te pointes chez moi avec elle, je me ferais un plaisir de te faire vivre un enfer. Le pire que tu n’auras jamais connu. J’espère que l’on se comprend.

Je le lâchais avant de sortir de la maison en claquant la porte. Je montais dans mon camion en tentant de respirer. Lexie allait m’entendre gueuler aussi. Elle avait pensé à quoi au juste ? Son putain de petit plaisir ? Merde ! Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas avoir une existence normale ?! Fais chier !