Cette soirée Halloween avait été spéciale. J’avais bien fait d’écouter mon sixième sens car Kassandra y avait été. Bon, Jarod aussi, et j’avais été incapable de le capturer… Mais je comptais bien me rattraper sur la petite dinde. Elle s’était échappée, mais une aubaine s’était présentée : elle avait été vue les mains pleines de sang sur la scène d’un meurtre, justement devant l’une des victimes, et elle s’était enfuie. Un comportement de coupable idéal. Le plan que nous avions eu avec Novàk pouvait se mettre en marche, Kassandra nous avait, sans le savoir, facilité grandement la tâche. C’était parfaite. J’avais cédé à l’invitation de mon ancienne amie de fac Lexa, d’aller boire un verre au bar de son resto. Elle m’avait dit que je pouvais passer quand je voulais, et j’avais décidé de m’y pointer. Au passage, je pourrais toujours lui montrer une photo de la « suspecte » pour pouvoir récolter des info. Vêtue d’une jupe en cuir noir et d’un chemisier bordeaux avec une veste de tailleur et des escarpins noirs, j’étais entrée dans le bar du Bellagio. L’endroit était beau et raffiné, je reconnaissais là le goût sûr de Lexa et j’esquissai un sourire. Je me rendis au bar où je me commandais un whisky avant de remarquer la présence d’un homme à mes côtés. J’avais l’impression de l’avoir déjà vu, mais sans en être réellement certaine.
- Salut, lançai-je.
J’observai son choix de boisson en hochant la tête.
- Bon choix. Vous venez souvent ?
Je me demandais où était Lexa mais peut-être qu’elle viendrait plus tard. Je ne voulais pas la presser, je me doutais qu’elle devait avoir beaucoup de boulot avec les fêtes approchant et je me contentai de sortir mon téléphone pour lui envoyer un texto, la prévenant que j’étais là mais qu’elle pouvait prendre son temps.
Ma vie était plutôt calme. Lexie faisait ses petites choses et je tâchais de ne pas me mêler de ses affaires au maximum. Bien évidemment, j’avais pris la peine de lui envoyer quelques messages textes pour prendre de ses nouvelles, mais j’étais loin d’être dans l’excès. Kassoulet avait plus d’énergie que jamais et il adorait de plus en plus notre jogging du matin avant que je n’aille donner mes cours à mes étudiants.
Je m’amusais bien aujourd’hui durant mes cours car j’étais de bonne humeur. Mes élèves me le rendaient bien surtout lors de session d’improvisation musicale. J’étais loin d’être un enseignant fermé d’esprit. J’aimais les voir s’exprimer à travers la musique même si parfois il y avait des fausses notes absolument ignobles. J’avais terminé à l’école avant de me rendre au Bellagio pour prendre un petit verre et vérifier le piano pour la fin de la semaine. J’avais ma malette avec mes feuilles à corriger pour mes élèves, mais je décidais de ne pas l’ouvrir dans l’immédiat. J’étais dans ma petite bulle et je commandais un verre de bourbon sans glace double.
Je pensais trop. Je repensais à la fois où j’avais détruit mon bureau et le sentiment de rage qui m’habitait. J’étais perdu complètement dans mes pensées. J’avais pourtant débuté la journée du bon pied, mais non … Je m’enfonçais dans la noirceur. Je ne me rendais même pas compte qu’une femme était venue près de moi au bar pour se prendre un verre. Je tournais lentement le verre en fixant le vide. J’étais ailleurs. J’étais dans ma souffrance interne la plus pure. La voix de la dame me sortait de ma bulle. Je lui faisais un léger sourire en coin avec un hochement de tête. Je levais finalement mon verre dans sa direction.
- Bonjour. Oh je travaille ici les vendredi et certains samedi. Je m’appelle Aaron.
Je lui tendais la main pour la serrer avec une certaine fermeté sans lui faire mal. Je ne l’avais jamais vu en ville, mais il faut avouer que je n’étais pas ici depuis de nombreuses années.
- Quel est votre nom?
Je prenais une gorgée de bourbon en tentant de cacher ma souffrance au mieux. J’étais devenu un expert en la matière de toute façon.
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Mlle Parker
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Je n’avais aucune idée de qui était cet homme, mais si j’avais su qu’il s’agissait là du père de Kassandra, cela m’aurait grandement facilité la tâche. A la place, je pensais engager la conversation avec un type lambda au bar du restaurant de mon amie. Il avait pris un bourbon et je ne pouvais que valider son choix. Un homme de goût, pour sûr, au moins en matière de boisson. Je lui souris en retour en levant mon verre dans sa direction, avant de l’en délester d’une gorger et le reposer pour lui serrer la main, quand soudain mon sourire s’élargit.
Je répondis avec tout autant de poigne. Cela ne se voyait pas à mon gabarit, j’étais élancée et fine, mais musclée et j’avais de la force. Être agent de terrain rendait un corps terriblement musclé.
- Parker, me présentai-je. Si vous venez ici prendre un verre même hors de vos heures de boulot, c’est qu’on s’y sent bien.
Je repris le mien en main en le faisant légèrement tournoyer.
- J’ai presque honte de n’être jamais venue, c’est la première fois. Je me cherchais un endroit pour évacuer un peu la pression du boulot.
Ce qui était vrai. Je me demandais alors si cet Aaron amateur de bourbon avait déjà croisé Jarod ou Kassandra. Ou peut-être même Caël.
- Et quand vous ne bossez pas ici les vendredis ou les samedis, qu’est-ce que vous faites ?
J’observais sa tenue et la mallette qu’il avait. Un petit look de prof mais avec une telle musculature, j’aurais parié que prof de sport ou de fitness. Non, pas fitness avec une mallette. Il devait enseigner dans une école. Pas à l’ICP, je l’aurais déjà remarqué et il y avait déjà Collins pour tout ce qui était activités physiques. Mais quel genre de boulot pouvait-il faire les fins de semaine au Bellagio ? Videur ?
La brunette avait un air presque trop strict. Un peu comme une vieille maîtresse d’école ou une fille sur un emballage de truc sado-maso. Enfin bref, elle me rendait ma poignée de main avec un sourire. Elle avait l’air relativement sympathique en fait. La preuve que les apparences étaient trompeuses ou pas … Ah, je ne savais plus trop quoi en penser. Elle avait une poigne solide pour son petit gabarit. Elle se présentait sous le nom de Parker. Je souriais en coin alors qu’elle disait que je venais en dehors de mes heures de boulot prendre un verre ici. Je regardais le piano dans le coin avant de ramener mon attention sur la femme près de moi. Elle me posait une question et je prenais une gorgée de mon verre avant de répondre à la charmante tornade qu’elle était.
- Je dirais même que je suis un ami de la charmante Lexa. Elle a su faire de cet endroit quelque chose de bien. J’adore venir prendre un verre même en dehors des heures de travail. Ma femme apprécie également y venir lorsque c’est possible.
Elle avait regarder ma mallette et je me mettais un peu à rire. Elle devait bien se demander quel genre de boulot est-ce que je pouvais bien faire ici. Je terminais mon verre avant de lui répondre calmement.
- Je suis enseignant. J’enseigne la musique et si vous voulez savoir ce que je fais ici les vendredis et les samedis soirs … Je joue du gros bébé au fond là-bas. Je suis un pianiste professionnel.
J’aimais voir la tronche des gens quand je divulguais mon véritable travail dans la vie. L’étonnement le plus complet était toujours excellent à voir. Je continuais de rigoler avant de la regarder dans les yeux.
- Vous semblez surprise et pourtant je ne moque pas de vous. Je suis bel et bien pianiste. Il ne faut pas se fier à la carrure. Je sais très bien utiliser mes mains pour autre chose que taper dans un sac de sable dans une salle de sport. Je suis aussi pompier volontaire. On m’appelle au besoin lorsqu’il y a un manque d’effectif. Disons que je suis le genre d’homme actif. Rose me le reproche souvent.
Je faisais signe à la serveuse de me servir un autre verre. J’attendais ce dernier avant de continuer à discuter avec cette charmante dame.
- Et vous, qu’est-ce que vous faites comme travail? Politicienne?
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Je ne m’étais pas attendue à discuter aussi facilement avec quelqu’un ce soir. A croire que la vie prenait un tournant étrange. Syndey serait sans doute fière de moi. Je m’étais présentée à mon interlocuteur avec politesse, répondant ainsi à sa propre présentation, et eut un sourire étonné en apprenant qu’il était ami avec Lexa.
- Incroyable, nous avons une amie en commun alors.
Bon, de mon côté, je n’en avais pas beaucoup… pas du tout. Je hochai la tête à l’explication du dénommé Aaron.
- C’est vrai que c’est pas mal. Vous aviez connu l’endroit avant ? demandai-je par simple curiosité.
Je ne savais évidemment pas qu’il avait emménagé voilà seulement quelques mois, et encore moins qui il était pour cette petite chipie de Kassandra. Je voulus en savoir plus sur lui, curieuse que j’étais. J’écarquillai les yeux en entendant qu’il enseignait la musique, et qu’il jouait du piano au Bellagio les fins de semaine.
- Non, sérieux ?! demandai-je avec un petit rire. Waow, j'aurais jamais deviné, quand j’étais au collège, les profs de musique étaient loin d’avoir votre look ! Plus bedonnants, moins bien habillés…
Je conclus à ses propos qu’il aimait aussi s’entretenir, ce qui me fit sourire.
- Aficionado de la salle de sport vous aussi ? Je vois. Pompier volontaire avec ça, eh bien, vous avez plus d’une corde à votre arc !
Soudain, je réalisai que Jarod était dans le corps des pompiers de la ville. Merde, il devait le connaître… Moi qui cherchais toutes les excuses possibles pour ne pas cueillir ce caméléon-là. Je bus une gorgée de mon verre tandis qu’il me demanda ce que je faisais, proposant politicienne. Je me remis à rire.
- Non, pas vraiment. Un métier un peu plus physique je dirais. Il ne faut pas se fier aux escarpins, ajoutai-je en référence à ce qu’il venait de dire. Disons que je suis, en quelques sortes, chasseuse de prime.
Ce qui n’était pas si faux, à la différence près que je n’étais pas payée à la prime, et j’ai envie de dire heureusement parce que je n’aurais plus de quoi payer mon prêt immobilier depuis un moment au vu des multiples choux blancs que nous faisions, mon équipe et moi, pour récupérer les caméléons en fuite.
- En ce moment, je recherche notamment une fille très dangereuse qui est soupçonnée dans l’affaire des meurtres d’Halloween. Vous avez dû en entendre parler ? La soirée clandestine où une fille s’est retrouvée décapitée ?
Je sortis mon téléphone portable et affichais une photo de Kassandra prise au Centre il y avait de cela deux ans, la plus récente que j’aie pu trouver d’elle dans les archives de son précepteur Stanley. Elle portait une sorte de combinaison beige et ses cheveux étaient plus longs, on aurait vraisemblablement dit une taularde, mais elle était largement reconnaissable.
- Je pense qu’elle se cache encore en ville, commentai-je avant d’observer Aaron alors que je lui montrais la photo.
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Trust can kill you or set you free...
Dernière édition par Mlle Parker le Jeu 21 Jan - 14:14, édité 1 fois
Une chasseuse de prime. C’était peu conventionnel mais j’étais bien un pianiste avec un allure de culturiste moi. Je prenais une petite gorgée de mon verre en regardant la femme. Elle avait le sens de la conversation et ça me permettait de penser à aucune chose que ma fille perdue quelque part dans le monde. Je pensais à ma Kassandra tous les jours. Impossible de me retirer cette dernière de mon esprit. C’était ça être père.
- En effet, je suis surpris de savoir que vous êtes chasseuse de prime. J’avoue que ça doit être plus intéressant que d’entendre des adolescents faire des fausses notes sur des grands classiques.
Je me mettais à rire un peu. Le fils de Lexa en était un bon exemple. Il était même un peu fanfaron sur les bords le jeune homme. Avec moi, il savait que ça ne passait pas, mais je savais que plusieurs enseignants avaient de la difficulté avec lui. Il manquait souvent des cours et à la lumière de ce que mon amie m’avait informé à son propos, je gardais une oreille plus attentive vers l’adolescent.
Elle me disait ensuite qu’elle cherchait une jeune femme en fuite. Elle était supposément dangereuse et je prenais une autre gorgée d’alcool alors qu’elle me tendait l’appareil électronique. Je reconnaissais immédiatement Sandra la meilleure amie de ma fille mais également la femme qui s’était occupée de moi aux urgences après mon petit incident. Je fixais l’appareil avec le regard sombre. Elle avait l’air d’une prisonnière dans sa combinaison beige. Je parlais calmement en prenant une autre gorgée d’alcool, cette fois, beaucoup plus longue.
- Et … Qu’est-ce qu’elle a fait exactement pour être dangereuse? Une brindille pareille ne semble pas pouvoir faire de mal à qui que se soit…
Est-ce que je tentais de me rassurer? Probablement. Je ne voulais pas que ma fille aille de mauvaise fréquentation. Je posais l’appareil à plat sur le comptoir du bar en faisant signe du barman de remplir mon verre une troisième fois. Rose allait me tuer c’était clair.
- C’est elle qui aurait décapité cette pauvre fille dont on a entendu parler à la télévision locale et dans les journaux? Laissez moi emmètre un certain doute...
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J’eus un petit rire avant de reprendre une gorgée de ma boisson quand le dénommé Aaron déclara que mon métier devait être plus intéressant.
- J’imagine qu’il y a un peu plus d’action à traquer qu’à se bousiller les tympans. Cela dit, si c’est une vocation chez vous, j’imagine que vous y trouvez votre compte. Personnellement, je n’aurais pas la patience.
Ah ça non, je serais sans doute tentée d’utiliser l’instrument de l’élève comme arme à retourner contre lui ou elle. La patience avec les gamins n’était pas ma plus grande qualité, loin de là. Histoire de ne pas discuter inutilement, savait-on jamais, j’évoquai l’un des sujets de ma traque : Kassandra. Je n’émis pas de nom car je me doutais bien qu’elle ne donnait pas son véritable prénom, au vu de l’intelligence qu’elle avait. La ville n’était pas si grande, elle l’était mais ce n’était pas New York non plus, alors avec un peu de chance, peut-être que mon interlocuteur l’avait déjà croisée. La moindre information pourrait s’avérer capitale, et l’idée de Novàk de faire porter le chapeau d’un crime était parfaite et tombait à pic avec le massacre de la soirée Halloween. En plus, elle était sur place et avait été prise en flagrant délit les mains pleines de sang. C’était parfait.
- Eh bien, je crois que vous et moi sommes les preuves concrètes qu’il ne faut pas se fier aux apparences, n’est-ce pas ? Cette fille, c’est pareil. Elle a l’air inoffensif, mais en réalité, elle est extrêmement dangereuse. Elle a bousillé le visage d’une personne avec des produits chimiques toxiques il y a plusieurs années. Et lors de la soirée Halloween, elle a été surprise près du cadavre de l’un des policiers tués, les mains pleines de sang, avant de prendre la fuite.
Une attitude de coupable parfaite. Et tout ce que je disais était vrai.
- ça fait plusieurs mois qu’elle est en cavale et elle a des capacités hors norme lui permettant de se faire passer pour n’importe qui, ce qui la rend d’autant plus dangereuse.
Je tâchai d’insinuer le doute dans son esprit, au cas où il l’aurait déjà croisée. D’ailleurs, j’avais noté la mine qu’il avait faite en voyant la photo, surtout la grande lampée d’alcool qu’il avait ingérée juste après.
- Alors, ça vous dit quelque chose ?
Je glissai ma carte avec mon numéro vers lui.
- Si vous ou votre femme avez un doute, n'hésitez pas à me contacter, et surtout ne tentez rien par vous-même.
La vocation … J’avais l’impression de ne plus l’avoir pour enseigner depuis quelques temps. J’avais moins de patience mais il faut avouer que les élèves n’étaient plus comme avant. Très peu d’entre eux s’intéressaient réellement à la musique. Pour eux, il n’y avait que 50 cents, Rihanna et les tubes populaires qui jouaient à la télévision ou encore sur youtube. Ils oubliaient les classiques et les grands compositeurs qui avaient tracé à voie à tout ce beau monde. J’avais terminé ma formation comme pompier. Rien de bien complexe avec l’expérience militaire que j’avais eu. J’en étais à me demander si je ne devais pas changer de carrière carrément. Je pourrais continuer de donner des cours mais en privé à des gens réellement intéressés. Je devais penser et réfléchir. La musique me rappelait tellement la perte de ma sublime Kassandra. Dans tous les cas, j’étais au Bellagio ce soir et je venais de faire la connaissance de cette femme au bar.
Elle m’avait montré une photo de Sandra. J’étais surpris. Cette jeune femme ne pouvait pas être la bonne. Elle ne pouvait pas être la Sandra qui était toujours avec ma fille. Elle ne pouvait pas être la femme qui avait pris soin de moi adéquatement aux urgences l’autre fois après mon accident avec Kassoulet. Avait-elle remarqué mon trouble alors que je buvais une trop grosse gorgée d’alcool? Sans aucun doute. Elle parlait de visage bousillé et d’elle près d’un cadavre lors de soirée d’Halloween. Je prenais une inspiration en fixant mon verre d’alcool. Pourquoi est-ce que Lexie avait le don de se mettre les pieds dans les plats honnêtement?
- Vaguement, mais il faut dire que j’ai croisé beaucoup de brune depuis que je suis ici. Je me trompe peut-être avec une autre personne.
Elle me donnait une carte avec son numéro et je regardais cette dernière avant de sortir mon portefeuille pour la glisser à l’intérieur. Sans le savoir, mademoiselle Parker avait une vue sur une photo de ma belle Lexie. Oui, je gardais une photo de ma fille avec moi. C’était comme cela. Je refermais mon portefeuille en le laissant sur le comptoir. Je n’avais pas peur de me le faire voler. Il n’y avait que cette femme et moi.
- Vous en avez d’autres des gens que vous rechercher comme ça mademoiselle Parker et qui sont dans les parages? Je suis également pompier donc … C’est possible que je puisse tomber sur des gens également durant mes heures de fonction.
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J’étais prête à tout pour mener ma mission à bien, et une partie de cette mission consistait à retrouver Kassandra et la ramener à bon port, tout comme Caël et Jarod. Le plan de Novàk de les faire accuser d’un crime était parfait et cela collait parfaitement à Kassandra qu’on avait vue sur la scène d’un crime, les mains pleines de sang, et en plus ayant pris la fuite. Une attitude de parfaite coupable. J’avais donc montré sa photo via mon téléphone portable au prénommé Aaron, qui me sembla avoir soudain une attitude différente. J’étais fine observatrice, cela faisait partie de mes capacités d’agent de terrain. Mon interlocuteur avait l’air de douter, alors, rapidement, je lui fis un topo, ne disant que la vérité, elle avait des capacités intellectuelles supérieures à la moyenne, comme beaucoup de psychopathes, ce qui lui permettait de se fondre facilement dans la masse. Ça plus le fait qu’on l’ait vue au-dessus d’un cadavre d’un policier, les mains pleines de sang avant de s’enfuir, devrait insinuer le doute dans l’esprit du professeur de musique.
- Vaguement ? C’est important, Aaron. Cette femme pourrait tuer à nouveau, personne ne sait de quoi elle est capable, et croyez-moi, elle cache très bien son jeu. Dans le centre où elle était, elle a réussi à défigurer l’un des médecins qui s’occupait d’elle.
Je cherchais rapidement un photo de la professeure Adora Kindness, dont le visage et la main avaient été brûlés au troisième degré. Cela remontait à une quinzaine d’années et depuis, l’éminente scientifique avait bénéficié de plusieurs greffes et son visage était de nouveau normal, mais cela avait pris du temps. Je montrai donc la photo de l’atrocité à Aaron avant de laisser parler. Quand il rangea ma carte dans son porte-feuille, j’aperçus rapidement la photo d’une jeune femme, sans soute sa fille, elle était trop jeune pour être sa copine… ou peut-être, on ne savait jamais de nos jours. Il me demanda ensuite si je cherchais d’autres personnes.
- Vous ne croyez pas si bien dire. Indirectement, mon travail vous permet, ainsi que vos proches, d’être en sécurité à Blue Cove.
Je repris mon téléphone pour trouver la photo du jeune Caël, un gamin d’environ quinze ou seize ans.
- Ce jeune homme a de sévères troubles mentaux associés à une paranoïa exacerbée. Il est capable d’inventer des histoires rocambolesques tout droit sorties de son esprit malade. On ne sait pas encore s’il peut être un danger pour les autres, mais ce qui est sûr, c’est qu’il en est un pour lui-même, et je dois lui aussi de ramener là d’où il s’est enfuit.
C’était déjà pas mal, si je pouvais en ramener deux sur trois, je pourrais sans doute négocier une remise de peine.
Je n’avais pas envie de lui répondre. Je n’avais pas envie de croire que Sandra était une femme dangereuse et en plus elle était venue chez moi. Elle était la meilleure amie de ma Lexie. Je grinçais les dents alors que mademoiselle Parker me montrait encore une horreur à cause de je-ne-sais-quoi. C’était dégueulasse et je prenais une inspiration en repoussant l’appareil. Je n’avais pas envie de croire qu’une femme comme Sandra qui étudiait la médecine pouvait faire un truc pareil.
- C’est bon. J’ai compris ce qu’elle a fait. Pas nécessaire de me montrer les horreurs du résultat. Si je la vois, je vous en ferai part.
Avant, j’allais devoir en parler à ma Lexie. C’était important. Je devais mettre ma fille en sécurité. Non pas que je n’avais pas confiance en mademoiselle Parker, mais j’avais envie de mettre les choses au clair moi-même avant de dire que la dame ici présente que je savais où pouvait se trouver la demoiselle en question.
- Je ne remets pas en doute vos compétences, mademoiselle Parker, loin de là. Je suis même certain que vous faites un excellent travail et c’est tout à votre honneur de servir votre pays de cette façon.
Je reprenais le téléphone pour regarder la photo d’un gamin. Je ne l’avais pas vu dans mes classes et vu son âge, cela aurait été une possibilité. Je zoomais pour mieux le regarder avant de lui redonner l’appareil le plus calmement possible. Je n’avais pas envie de paraître nerveux. Heureusement que des années auparavant, j’avais appris à masquer mes sentiments avec la disparition de ma petite Kassandra sans quoi j’aurais sans aucun doute éclaté comme un popcorn.
- Seigneur … On dirait que plus le temps avance et plus les gens deviennent dingues ou alors je ne le remarquais pas avant… C’est triste. Ce jeune homme a l’air d’un garçon bien, mais il reste un danger pour lui-même. Dans tous les cas, il n’est pas dans l’une de mes classes. J’ai une bonne mémoire pour les visages, mais aucune pour les prénoms.
Je me mettais à rire un peu avant de terminer de boire mon verre. Je tournais le verre vide en faisant signe au barman de ne pas me resservir. Je devais quand même rentrer chez moi et ce n’était pas le temps de revenir ivre. Ce n’était pas mon genre de toute façon.
- Ça fait un moment que vous connaissez Lexa?
Changement de sujet. Je n’avais pas envie de continuer à penser à toutes ces horreurs ainsi qu’à Sandra. Fais chier!
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Ce cher Aaron sembla un peu dégoûté par ce qu’il voyait à l’écran de mon téléphone. Tant mieux. Intérieurement je souriais. J’avais gagné si j’avais pu marquer son esprit. Ainsi, s’il croisait Kassandra, il repenserait au danger qu’elle représentait, il reverrait cette image de la pauvre professeure Kindness défigurée, et il m’appellerait. Il sembla touché aussi par le jeune garçon. Il était prof après tout, et il avait une fille visiblement, son petit coeur tout mou de papa gâteau avait dû en prendre un coup ?. C’était parfait. J’avais joué mes cartes. Il semblait me croire et comprendre que j’oeuvrais pour le bien de la ville. Enfin… celui du Centre, mais ça, il ne le savait pas. Je bus une gorgée de mon verre en hochant la tête.
- Je crois que plus le temps passe et plus les scientifiques découvrent des pathologies qui expliquent les comportements même passés qu’avant on ne savait expliquer autrement que par la folie. Disons qu’on est un peu plus précis de nos jours, et que ça permet de sauver des vies, d’en améliorer certaines autres.
Je souris en l’entendant dire que s’il avait une bonne mémoire des visages, celle des prénoms lui faisait défaut.
- Pas très pratique pour un prof !
Je terminai mon verre en même temps que lui en demandai un autre à mon tour avant de poser un gros billet sur la table.
- C’est ma tournée.
Les nouveaux verres arrivèrent et Aaron me demanda depuis combien de temps je connaissais Lexa.
- Oh, je dirais que ça remonte à une autre vie. On a été dans la même fac, j’ai fait un semestre à New York, c’est comme ça qu’on s’est connues. J’ai étudié en Europe avant de revenir aux Etats-Unis. J'étais vraiment étonnée de retrouver Lexa ici, mais ça me fait plaisir de voir que tout a bien marché pour elle. Et vous, vous êtes du coin, ou vous avez bougé un peu ?
Ça ne coûtait rien d’en savoir un peu plus sur lui.
Mademoiselle Parker me faisait rire en disant que ce n’était pas bien pratique pour un prof. Je me contentais de faire oui de la tête en la laissant payer la tournée. Rose allait me tuer pour avoir bu autant, mais je n’avais pas envie de penser aux conséquences de mes actes dans l’immédiat. J’avais simplement envie de me détendre un peu. Je levais mon verre avec celui de ma nouvelle connaissance avant de l’écouter me parler de la charmante Lexa.
Les femmes se connaissaient donc depuis un moment. C’était agréable à entendre, car Lexa en avait très lourd sur les épaules en ce moment. J’écoutais avec attention en prenant mon verre et je repensais à mon propre parcours ainsi que celui de ma douce Rose qui avaient tant souffert en silence alors que je craquais de toutes les manières possibles. J’ignorais que mon père avait décidé de revenir dans les parages, car il s’ennuyait de sa petite famille. Je prenais finalement la parole avec le sourire.
- Non, je ne suis pas du coin. J’ai déménagé il y a pratiquement un an pour rejoindre ma fille Lexie ici. J’avais envie de me rapprocher d’elle. Disons que ce n’est pas toujours facile d’avoir des enfants même si ces derniers sont devenus des adultes.
Je prenais une gorgée avant de regarder le piano. Je ramenais mon regard sur Parker avant de continuer à lui parler calmement.
- Enfant, j’ai beaucoup bougé, car mon père était dans l’armée. Ce vieux grincheux l’est encore d’ailleurs. Je crois qu’il ne prendra officiellement sa retraite que lorsqu’il sera six pieds sous terre. Il a un sacré caractère et il adore répéter à tout le monde qu’il est le lieutenant général du corps des marines. C’est un type bien, mais excessivement borné. Désolé … Je parle beaucoup trop.
Je n’avais jamais eu la chance d’aller en Europe. J’aurais adoré pourtant. J’aurais tant aimé moi le regard de mes filles devant des monuments historiques des vieux pays. Cette vie de famille que l’on nous avait enlevée. Je continuais de sourire en coin avant de faire non de la tête pour chasser ses pensées de mon esprit. Je n’avais pas envie de penser à tout ça maintenant.
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Au fur et à mesure que nous buvions et que la discussion était lancée, le beau quinquagénaire se livrait. Ainsi, j’appris qu’il n’était pas de Blue Cove et avait emménagé récemment pour rejoindre sa fille prénommée Lexie, sans doute celle dont j’avais aperçu la photo dans son porte-feuille lorsqu’il avait rangé ma carte. Il semblait être un père impliqué malgré que sa fille soit adulte. Immédiatement je pensais au mien. Il était pour ainsi dire la seule famille qu’il me restait, je l’adorais, je voulais tout faire pour lui plaire, pour qu’il soit fier de moi, mais peu à peu je réalisai que ce ne serait jamais assez, que ses attentes étaient en fait celles du Centre. J’étais mitigée entre mon désir grandissant de liberté, et la volonté de ne surtout pas décevoir mon père, quitte à tremper dans l’illégalité. Entendre Aaron dire que ce n’était pas facile d’avoir des enfants me fit un instant me mettre à la place de mon père. Etait-ce aussi ce qu’il pensait ?
- J’imagine… me contentai-je de répondre.
Je n’avais pas d’enfant et ce n’était certainement pas dans ms objectifs de vie. Je ne les supportais pas, je n’avais pas la patience nécessaire pour ça. A mon tour je repris une gorgée de mon whisky, écoutant Aaron me parler de ses nombreux déménagements et de son père avant de s’excuser pour l’excès de bavardage, ce qui me fit sourire en secouant la tête.
- Non, je vous en prie, c’est intéressant. Un père dans l’armée hein ? Ça n’a pas dû être facile, dire que je me plains du mien qui n’est que chef d’entreprise…
J’ étais loin de m’imaginer que je parlais au père de Kassandra et que le vieux en question était son grand-père qui n’avait jamais cessé de la chercher. Dire que je venais de lui montrer sa photo et donc son apparence à l’heure actuelle, vingt-cinq ans après sa disparition.
- Et vous, l’armée ça ne vous a pas tenté ?
Je commençai à me dire que ça aurait pu être une carrière pour moi. De toute façon il était trop tard maintenant, j’avais un job assez prenant et j’avais comme l’impression que je ne pourrais jamais m’en défaire. Même si j’attrapais Kassandra et éventuellement le gamin, pourrais-je vraiment livrer Jarod après ? Je voulais croire que oui, mais inconsciemment, la balance penchait dangereusement vers le « non ».
Mademoiselle Parker était une femme intelligente et très agréable pour faire la conversation. Elle avait eu une approche particulière, mais au final, c’était une conversation plutôt platonique qui s’offrait à nous. J’étais loin de me douter que cette dernière était en fait à la recherche de ma fille. J’ignorais encore plus que ma petite Kassandra était en fait Sandra. Pourtant, quelque chose m’attirait chez cette jolie demoiselle. Elle était absolument douce et un peu vulnérable à mes yeux. Pourtant, le portrait que m’en faisait mademoiselle Parker était bien différent.
Le sujet avait dévié sur mon père. Cet homme qui était de retour en ville avec son sacré caractère et sa bonne humeur absolument parfaite. En vrai, il était un gros grognon qui manquait de loisir. Je ne serais pas surpris qu’il me fasse chier en venant à l’improvice à la maison et en décidant de faire des bricoles alors que je ne lui aurai rien demandé. Il était comme ça mon père. Il avait son petit caractère. Il gardait les choses durant des décennies comme sa fameuse boîte pour le café.
- Disons qu’il a un sacré caractère. Il n’est pas bien méchant, mais assez chiant. Chez lui c’est protocole, protocole et protocole. On fait A et ensuite B. Les hommes sont des hommes et des femmes des femmes. Ce n’est pas un grand homme ouvert d’esprit. Il n’hésite d’ailleurs pas à me traiter de tapette concernant mon travail. Le piano ce n’est pas très masculin à ses yeux, mais il était le premier à se lever pour applaudir lorsque je donnais des concerts dans des salles immenses.
Je continuais de sourire en coin. J’aimais mon père même si ce dernier me rendait vachement dingue par moment. La famille restait la famille et je ne pourrais sans aucun doute jamais le changer.
- Oh, j’ai tenté. J’étais bien trop fanfaron pour ça. Je me suis fait remercier assez rapidement. Mon père ne s’en est jamais remis. À la place, je suis pompier volontaire maintenant. J’apprécie grandement ce job. Et vous, vous avez fait quoi avant ce boulot ?
(c) DΛNDELION
Mlle Parker
GrincheLoup
▻ ARRIVE(E) LE : 27/02/2019
▻ LOCALISATION : Blue Cove / Sur la piste des caméléons
Discuter avec Aaron m’était de plus en plus agréable, bien que je n’en perdais pas de vue mes objectifs professionnels. De par sa réaction, j’étais quasiment persuadée qu’il avait déjà vu Kassandra, dieu sait qu’elle pseudonyme elle utilisait en ville, je la savais assez intelligente pour ne pas utiliser son vrai prénom alors qu’elle était recherchée.
Mon charmant interlocuteur me parlait de son père et je décelais beaucoup d’amour malgré des différences significatives. J’avais l’impression d’y voir la relation avec mon propre père, bien que le mien ne montre pas aussi ouvertement nos divergences. Et moi, contrairement à Aaron, j’étais encore dans un système où j’essayais de lui plaire, de ne pas le décevoir. Je n’avais pas encore franchi le cap du « rien à foutre de ce qu’il pense », ce qui semblait être le cas d’Aaron, a contrario de moi.
- J’ai aussi un spécimen paternel caractériel, mais dans une autre mesure.
Je n’avais pu que sourire en l’entendant évoquer son père être le premier à se lever et l’applaudir lors de ses concerts passés. Je n’avais jamais été une artiste dans l’âme mais j’imaginais combien Aaron avait dû se sentir gratifié.
- Des salles immenses ? Ça doit vous manquer non ?
Je m’étais demandé si lui aussi n’avait pas été attiré par l’armée. Visiblement il avait essayé, sans succès. Je ne pus réprimer un petit rire, avant de boire une gorgée de mon nouveau verre, que je manquai d’avaler de travers en l’entendant dire qu’il était pompier volontaire.
Merde, il connaît sûrement Jarod !
Blue Cove était une petite ville, et s’il n’y avait pas d’immense salle de concert, un petit stade tout au plus, il n’y avait également qu’une seule caserne de pompiers. J’avais compris que Jarod était pompier, un information que j’avais omis de donner au Centre délibérément, surtout après ce qui s’était passé entre ce caméléon et moi quand je m’étais lancée à sa poursuite avec cet indice. J’avais laissé entendre qu’il avait encore une fois changé de profession et potentiellement de ville. Entre temps, j’avais eu d’autres informations. Je commençais à basculer du côté « trahison » de la Force et je risquais gros. C’était pour cela qu’il me fallait une grosse prise pour calmer le Centre et épargner Jarod, et Kassandra ferait l’affaire.
- Pompier volontaire, hein ? Impressionnant. Ils sont sympa vos collègues ?
Je repris une gorgée dans il me demanda ce que j’avais fait avant ce prétendu job de chasseuse de primes.
- J’étais chef de la sécurité pour une grande entreprise locale. Mais ce que je fais actuellement est plus payant, et j’aime le challenge. C'est plus sportif aussi.
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Dim 6 Déc - 18:15
