-J'ai couché avec la fille du général du corps des marines dans mon jeune temps et j'ai accroché des caleçons à la place du drapeau des États-Unis sur le porte-avion.

-J'ai horreur des tomates cuites et je suis allergique aux fruits de mer

-Je collectionne les vieux vinyles de musique classique

-J'appelle parfois Lexie, Kassandra.

- Je danse comme si j'avais deux pieds gauche.

-J'appelle parfois mon chien Kassandra, Lexie ou Rose... J'ai un sérieux problème avec les noms en fait.

- Mon côté Texan se traduit par un amour inconditionnel des gros véhicules et des motos. Je possède un Ford F-150 King Ranch et une Harley.

- Lorsque Kassoulet avait 8 mois, il a volé la dinde de Noël sur la table le soir du réveillon. Nous commandons désormais de la pizza chaque année. C'est devenu une tradition chez les Watson.

Je suis né à San Antonio au Texas d’un père haut gradé dans le corps de marine et d’une mère femme au foyer. Mon enfance fut surtout banale et sans grands événements tragiques. Mon père était un homme froid de part son travail et sa nature profonde. Ma mère était au contraire, une femme aimante et enveloppante. J’étais un jeune homme un peu fanfaron de nature à l’époque malgré la discipline de fer de mon paternel. Je me passionnais pour la musique dès mon plus jeune âge. Sans doute grâce à ma mère qui adorait en écouter à longueur de journée. Elle disait que la musique classique était le fondement de la culture. J’ai un peu imprégné cette notion jusqu’au plus profond de mon être.

À la fin de mes études, je m’inscrivais pour faire partie du corps des Marines. Suivre les traces du paternel me semblait une bonne idée à l’époque. Je devenais discipliné comme jamais et j’avais tout le loisir de pratiquer la musique durant mes permissions en service. Cependant, je n’étais pas l’abri d’une bêtise. Un jour, j’étais avec un groupe d’amis et nous prenions un verre et j’ai eu la brillante idée (en état d’ivresse) de suspendre un caleçon à la place du drapeau américain sur le porte-avion. Mauvaise idée … Très mauvaise idée. J’avais bafoué notre pays selon leurs dires et je n’en étais pas à mon premier écart de conduite. Coucher avec la fille du général en visite semblait également avoir été une mauvaise idée. Mon service se terminait ici au grand désespoir de mon vieux père à la retraite. Je reprenais mes études pour avoir la possibilité d’enseigner la musique et faire ce que je désirais réellement.

Par contre, les emplois étaient peu nombreux et j’étais jeune, je travaillais donc pour plusieurs salles de spectacle comme pianiste et c’est ainsi que je rencontrais ma charmante Rose. Elle était belle, elle était magnifique dans sa robe ce soir là et je tombais amoureux de sa personne et de son regard perçant. Nous emménagions à Denver où j’avais trouvé un travail comme enseignant de musique dans un lycée.  Notre mariage eu lieu dans une église catholique. Je voulais faire plaisir à la toute première femme de ma vie : ma mère. Ce fut la dernière fois que je la voyais marcher. Elle avait un cancer des os et mourut quelques semaines après mon mariage avec Rose. Je souffrais de la perte de cette femme qui m’avait appris à être l’homme que j’étais.

Rose tombait rapidement enceinte de Kassandra pour notre plus grand bonheur. J’étais heureux de voir ma femme porter notre enfant et je développais un côté fort protecteur que je ne me connaissais pas jusque là. L’arrivé de cette petite fille dans notre vie fut une véritable bénédiction. J’étais complètement amoureux d’elle lorsqu’on la posait dans mes bras après un long et pénible travail. Je ne calcule plus le nombre d’heures que j’ai passé à la bercer, la cajoler et lui jouer de la musique. Nous étions heureux dans notre belle maison. Le jardin était en fleurs et les rires volaient dans chaque recoin. Je me souvenais de la première fois que j’accompagnais ma petite Kassandra à l’école, ses premiers devoirs et son petit sourire espiègle. Elle était la fille parfaite. Celle que je rêvais d’avoir. Ma femme tombait enceinte à nouveau. Un projet qui me faisait sourire. Un second bonheur allait voir le jour. J’eus une seconde fille. Une autre petite merveille dont je tombais amoureux, mais notre bonheur allait être de courte durée.

J’avais promis à Kassandra d’aller au Muséum d’histoire naturelle. Une promesse que je n’ai jamais eu la chance de tenir. Ma fille n’est jamais rentré de l’école. Elle avait 7 ans… Je me souviens de la douleur et des crises de colère et d’incompréhension. Où était ma fille? Allait-elle bien? Moi qui était si fier, moi qui pensait avoir la chance de connaître un bonheur sans fin … Je tombais dans une noirceur profonde sans égal. Je devenais encore plus protecteur que je ne l’étais et exigeant envers ma seconde fille. Je le suis cependant moins que sa mère. Je reproche souvent à Rose  le fait qu’elle soit exigeante avec Lexie. Je sais que cela est une conséquence direct de la disparition de notre autre fille, mais tout de même. Lexie est une jeune fille studieuse et intelligente. Elle comprenait nos recommandations un peu excessive. La perfection parentale n’existant pas selon moi.

J’étais un papa poule. Je me refusais de penser que la seconde prunelle de mes yeux ne me soit retirée. Je n’y aurais sans aucun doute pas survécu. On ne fait jamais totalement le deuil d’un enfant que l’on a perdu. Jamais. On fini simplement par l’accepter et vivre avec ce morceau de coeur manquant. Je jetais ma rage dans l’exercice physique ainsi que la musique. Quelles autres options me restaient-ils en fait?

Un beau jour, ce qui devait arriver, arriva. Lexie partie sans se retourner pour poursuivre ses études en médecine. Mon coeur se fendait de nouveau en morceaux. Je gardais contact avec ma fille. La relation qu’elle avait avec sa mère étant nettement plus compliquée que moi avec elle. Elle avait toujours eu plus de facilité à s’ouvrir avec moi qu’avec cette dernière. Lexie laissait cependant un vide immense dans la maison. Vide que je comblais en achetant un chien sans le consentement de Rose. Un Husky que je nommais Kassoulet. Un petit mâle prêt à faire les 400 coups qui ne pensait qu’à seule et unique chose : faire des mauvais coups. Il était un joueur de tour sans pareil. Son loisir favori consistant à creuser des trous dans le somptueux jardin de Rose. De quoi la rendre dingue. Il aimait également voler nos vêtements ainsi que notre nourriture et courir environ 8 fois par jour. Il était cependant docile et n’écoutait que moi. Protecteur cependant envers sa famille, je le considère comme un membre à part entière au grand désespoir de ma femme qui me rappelle sans cesse que je le gâte trop.

Ma relation avec Lexie semblait s’améliorer au fils des années. Je lui envoyais des cadeaux par la poste pour les fêtes et son anniversaire. Je n’oubliais pas ma fille jamais et je respectais son choix de nous distancer. Cependant, lorsqu’elle m’appela pour me parler de son agression, je fus incapable de rester de glace. Je me devais de la protéger. Je décidais donc, après une longue et pénible discussion avec Rose, de déménager dans le Delaware à Blue Cove avec cette dernière et notre charmant Kassoulet. Je m’étais trouvé un emploi comme enseignant de musique au Lycée de Blue Cove. La chance semblait me sourire avec ce poste sur-mesure pour moi. Rose aussi se trouvait facilement du travail ce qui lui éviterait de me casser les oreilles avec ses angoisses concernant Lexie. J’étais désormais présent pour ma fille et lui venir en aide. Elle aurait un refuge en cas de besoin.

Fait intéressant mon père, toujours vivant, me reprochait de m’éloigner de lui. Il faut croire que malgré nos mésententes, il s’ennuie de son fils partie pour une vie bien différente de la sienne.