Le soleil achevait sa course folle vers l'horizon pour laisser le soin à la lune de prendre le relais. Jarod, fasciné par ce si beau spectacle, observait l'horizon avec un regard neuf. Il jouissait de sa pleine liberté depuis un an, mais continuait à découvrir le monde avec un regard neuf, jamais frustré par l'habitude et la quotidienneté dans laquelle s'était engluée bon nombre de personne. Le soleil couchant était pour lui l'un des plus beaux spectacles que l'on puisse lui offrir et pour cause, il avait passé tellement de temps enfermé à ne pas jouir de tout ce que l'extérieur avait à lui offrir. Pour mieux savourer l'instant, il prit la direction de la mer, trouva un banc, se posa dessus et pourvu de sa recharge de Pez à l'effigie d'un membre de l'équipe de Scooby-Doo, il observa le soleil disparaître dans le vaste horizon orangé dans lequel il baignait jusqu'alors. Et alors qu'il continuait à apprécier ce doux spectacle, son mobile se mit à vibrer. Aussitôt, le caméléon délesta le ciel et posa son regard sur l'écran de son portable qu'il déverrouilla aussitôt pour s'enquérir de la nouvelle information qui venait de lui être transmise. En effet, il venait de recevoir un message lui indiquant une nouvelle connexion sur « Refuge » la plateforme par le biais de laquelle il communiquait avec son ancien mentor. Intrigué, il l'était. Les échanges avec Sydney, hormis les petits coups de fil de temps à autre, étaient rares, encore plus lorsqu'ils émanaient de la plateforme. Et en règle générale, lorsque le psy l'utilisait, il était rarement question de bonnes nouvelles. C'est d'ailleurs via cette messagerie que Jarod apprit le retour d'une certaine Miss Parker. Un retour aux sources, loin de faire plaisir au caméléon, qui avait ainsi comprit que son amie d'enfance ne se prêterait pas au jeu des retrouvailles. Le monde avait changé et les ambitions de mademoiselle Parker aussi de toute évidence. Jarod sortit de ses pensées et se connecta au serveur pour s'enquérir du message de Sydney.
« Jarod, Tu n'es plus le seul dehors. Kassandra s'est évadée. J'ignore où elle se trouve. Son précepteur est tout aussi inquiet. Retrouve-là, avant eux S ! »
Le message était plus ou moins bref comme à l'accoutumée, mais on ne peut plus clair pour le caméléon, qui comprit alors qu'un autre caméléon venait de fuir l'enfer. Reposant son portable sur le côté, Jarod dut prendre quelques secondes pour se remettre du message qui venait de lui être transmis. Puis il quitta les lieux et regagna sa planque. Dans la précipitation, il fit tomber sa veste sans s'en offusquer et regagna son lit de camp pour récupérer son lecteur de DSA. Il récupéra d'ailleurs la boîte à chaussure dans laquelle se trouvait les précieux petits disques qu'il n'avait pas encore pris le temps de trier. Il farfouilla durant quelques longues secondes avant d'enfin trouver son bonheur. Le DSA en main, il le passa dans la fente de l'écran, attendant patiemment les quelques secondes d'usage avant que l'écran ne s'allume et laisse entrevoir les mentions habituelles à savoir le « For Centre use only » dans le bas à gauche, agrémenté d'une date le 05/20/2000.
Jarod, âgé d'une vingtaine d'années, venait d'être sorti de sa « cellule » et conduit jusqu'ici, une salle réservée aux simulations. Nul doute, au vu du succès de la précédente et de la rapidité à laquelle il l'avait réalité, qu'une autre allait lui être "proposée" pour continuer à le stimuler, l'ennui n'étant pas permis. Sydney toujours tiré à quatre épingles fit son entrée, le sourire aux lèvres.
« Bonjour Jarod ! »
« - Bonjour Sydney ! »
« Comment vas-tu aujourd'hui ? »
« - Bien. J'ai repensé à notre précédente simulation cette nuit. »
« Nous l'avons conclu, tu sais… »
« - Elle était triste, terriblement triste Sydney. Toute la vie de Marilyn Monroe n'était que tristesse. Elle voulait aimer et être aimée, c'est tout. Vous croyez que Miss Parker est heureuse maintenant ? »
« Ta remarque est juste Jarod, mais pourquoi donc cette question ? Ca n'a aucun rapport avec la simulation ! »
« - Elle voulait être aimée elle aussi et aimer je n'en doute pas. Elle me manque Sydney, je n'ai plus de nouvelles depuis tellement longtemps » Touché, le précepteur du caméléon ne put cependant rien laissait paraître, les caméras étant braquées sur lui. Il se contenta d'une main sur l'épaule du jeune Jarod en lui faisant savoir qu'ils devaient reprendre. « Nous continuons dans la thématique du complot. Je veux que tu t'intéresses au cas des époux Rosenberg. » Le caméléon coupa aussitôt la vidéo pour la faire avancer et ainsi arriver plus vite au moment qui l'intéressait. « Alors Jarod ? Où en es-tu dans le cheminement ? » Sydney, délesté de plusieurs décennies, refit son apparition. Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis le lancement de la simulation. Sur le mur, était projetée une photo en noir et blanc d'Ethel & Julius Rosenberg, tandis qu'il en trônait davantage sur la table de travail du jeune caméléon. À cela, venait s'ajoutait divers documents, ainsi que des notes prises par le jeune homme. « - C'est difficile Sydney ! »
« Quoi donc ? »
« - De se concentrer. Ils étaient deux, donc au moins autant de possibilités, de réflexions. Je n'y arriverais pas, sauf si vous me laissez me concentrer sur leur cas individuellement. Je pourrais plus aisément appréhender leurs ressentis, m'imprégner de leur personnalité. »
Sydney se redressa et posa un regard quelque peu désapprobateur sur la caméra, puis sur la vitre sans teint qui leur faisait face. « Jarod, quelqu'un va venir te prêter main forte pour cette simulation. Tu es d'accord ! » Surprit, le jeune homme cessa ses activités et posa un regard empli de joie sur son mentor. Cela faisait tellement longtemps, que le jeune homme œuvrait seul, tellement longtemps qu'on l'avait privé de contact humain, si ce n'est la présence de Sydney, qu'il ne pouvait que bien accueillir cette annonce qu'on venait de lui faire. Une fois encore, le mentor du jeune caméléon posa son regard sur la vitre sans teint, c'est alors qu'une porte s'ouvrit sur une jeune femme brune.
Le Jarod, adulte arrêta la vidéo sur l'entrée de Kassandra. « - Hello Kassy ! » lança t-il en relançant le DSA
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Kassandra Watson
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Allongée sur son lit à regarder le plafond du petit studio qu’elle avait pu se dégoter avec ses modestes revenus, Kassandra songeait à tous ces pauvres caméléons encore enfermés dans les sous-sols du Centre, se demandant comment faire pour les aider à sortir. Son esprit vagabonda peu à peu, elle pensa ensuite à Jarod qui était parvenu à s’évader avant elle, ce qui d’ailleurs avait fichu ses plans parterre, et retarder sa propre évasion de plusieurs mois interminables. En y repensant, elle était encore en rogne contre lui. Dire qu’il avait choisi deux autres caméléons pour fuir avec lui et que l’un d’eux n’était même pas parvenu à suivre les deux autres. S’il l’avait choisie elle, elle aurait été à la hauteur, elle en était sure. Au lieu de ça, elle avait dû faire profil bas et attendre une nouvelle faille dans la surveillance nocturne pour enfin pouvoir sortir. De fil en aiguille, elle en vint à se demander à quand remontait la première fois qu’elle avait rencontré Jarod.
20/05/2000
Kassandra était âgée de treize ans. Cela faisait précisément six ans, deux mois et douze jours qu’elle était retenue captive au Centre. Cela faisait bien longtemps que la jeune adolescente avait perdu tout espoir que son précepteur lui permette de voir ses parents. Elle était intelligente, trop, et c’était bien pour cette raison qu’elle se retrouvait prisonnière ici. Elle avait donc bien compris que jamais on ne la laisserait partir. Il faudrait donc qu’elle se débrouille par elle-même pour revoir un jour le monde extérieur autrement que par le biais de vidéos passées sur des rétroprojecteurs ou sur des écrans.
Il était l’heure de travailler sur un nouveau projet. Kassie était épuisée des simulations de la veille et n’avait pas beaucoup dormi, travaillant sur son temps libre (si l’on peut appeler ça ainsi) sur son projet d’évasion. Elle n’avait pour ainsi dire dormi que quatre heures et lorsque la porte de ce qui lui servait de chambre s’ouvrit sur Stan, elle grimaça à cause de la lumière du couloir qui lui piquait les yeux. Elle aurait bien dormi encore un peu, voire même toute la journée. Mais une telle opportunité était loin d’arriver toutes les jours. D’ailleurs, la jeune fille se demandait bien quand une telle chose avait bien pu lui arriver.
« Est-ce donc une manière de me saluer, Kassie ? » demanda le précepteur avec un petit sourire. -Pardon Stan, bonjour. C’est pas contre vous, c’est juste que… il est tôt non ? « Pas tant que ça. Allez viens, tu ne vas pas le regretter. »
Poussée par la curiosité, la brunette se leva alors que le précepteur sortait et enfila rapidement ses vêtements de jour avant de le suivre au pas de course. Lorsqu’elle apprit qu’elle travaillerait avec un autre caméléon, elle avait même sauté de joie dans le couloir, sous le regard amusé de Stan qui se reprit bien vite, espérant en vain ne pas avoir été remarqué. Cela faisait si longtemps que Kassandra n’avait pas vu de congénères. Les seules autres personnes auxquelles elle avait été confrontée étaient, outre son précepteur, les autres scientifiques du Centre et la plupart faisaient froid dans le dos. Elle avait aperçu quelques rares fois d’autres caméléons, mais outre Angelo, elle n’avait pas vraiment eu l’occasion discuter ou même de travailler avec d’autres. Elle apprit donc de Stan qu’elle allait faire la connaissance de Jarod, qui était un peu plus âgé qu’elle, et qu’ils travailleraient ensemble sur ce projet. Pour une fois, elle avait hâte d’en savoir plus. La porte s’ouvrit et la jeune fille entra dans la pièce, découvrant son binôme. Tout sourire, elle s’approcha, impatiente d’enfin pouvoir parler et travailler avec quelqu’un comme elle.
-Salut, tu dois être Jarod. Moi c’est Kassandra. Kassie, si tu préfères.
C’était Stan qui lui avait donné le premier ce diminutif. Elle en ignorait la véritable raison, bien que le scientifique prétende que c’était plus simple de n’avoir à prononcer que deux syllabes, mais la jeune fille remarquait une lueur de tristesse dans son regard à chaque fois qu’il prononçait ce prénom. Kassandra n’avait pas vraiment été briefée sur le sujet du jour, aussi regarda-t-elle avec une curiosité non feinte les photos disposées sur la table derrière laquelle se trouvait Jarod. Il y avait aussi de vieux articles de presse, des notes probablement prises par le caméléon qui semblait avoir déjà commencé à travailler sur ce sujet. Immédiatement concentrée, l’adolescente parcourait du regard à toute vitesse les images qui étaient disposées sur la table et les photographiait visuellement. Elle parcourut rapidement le premier article de presse et comprit rapidement de quoi il était question. -Ethel et Julius Rosenberg, arrêtés pour espionnage au profit de l’URSS pendant la guerre froide.
Encore un sujet joyeux, songea-t-elle. Ce couple avait été exécuté pour ces faits. A la chaise électrique. Cette idée paraissait horrible à Kassie qui ne pouvait qu’imaginer combien il devait être effrayant de savoir qu’on allait mourir ainsi. Elle en eut un frisson qui lui parcourut tout le dos tant elle était horrifiée de ce dont l’être humain était capable envers ses propres congénères. Elle quitta des yeux la pile de documents pour regarder à nouveau son interlocuteur, attendant qu’il lui fasse part de ses idées et autres informations utiles.
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Jarod Russel
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Les visites étaient rares, quasi inexistantes si l'on omet Sydney et les quelques scientifiques rattachés au projet « caméléon » Angelo, parvenait de temps à autre à échapper à la surveillance des caméras et venait se dissimuler dans les systèmes d'aération pour « communiquer » avec Jarod et lui apportait des crackers jacks. C'est Miss Parker qui les lui avait fait découvrir. Elle en ramenait toujours à la moindre occasion. Sydney soucieux du bon état mental d'Angelo avait pris le relais au départ de la demoiselle, peu après la mort de sa mère. Tout comme son confrère Stan, et ce, malgré leurs nombreuses divergences, l'homme avait à cœur de prendre soin de certains pensionnaires comme Jarod et Angel. C'était aussi pour lui, une façon de se déculpabiliser. Aujourd'hui, avec l'aval de la Tour, il allait permettre à son protégé de bénéficier d'un peu d'aide dans cette simulation, complexe, car elle mettait en exergue deux personnes. Jarod était tout excité par la perspective de travailler avec quelqu'un d'autre. Toutefois, par expérience et parce qu'il se savait filmé, il modéra son exaltation et attendit patiemment l'arrivée de l'autre caméléon avec qui il devait travailler. La porte s'ouvrit sur Kassandra, le regard de Jarod convergea sur elle et c'est tout sourire qu'il s'approcha de l'adolescente de sept ans sa cadette. « Jarod voici Kassandra ! » Une fois les présentations lancées, le psychologue quitta la pièce et rejoignit son confère qui observait les deux caméléons derrière la vitre sans teint.
« - Salut ! Effectivement moi c'est Jarod et il me semble que comme Sydney vient de faire les présentations, tu n'as pas besoin de me donner ton prénom. » D'une rare bienveillance, Jarod lui tendit la main pour la serrer comme il était d'usage. Sydney le lui avait appris et comme un précepte immuable, Jarod l'appliquait à chaque rencontre, aussi rare soit-elle. Le sourire aux lèvres, il observa Kassandra, qui se faisait aussi appeler Kassie. Il s'apprêtait d'ailleurs à faire une remarque, mais fut stoppé dans son entreprise par la jeune caméléon qui prenait connaissance de son nouvel environnement de travail. Désireux d'apporter des précisions, le jeune Jarod s'avança prudemment et récupéra l'un des articles confiés au préalable par son mentor. « - Je travaille sur la thématique du complot. J'ai traité, au préalable la mort de Marilyn Monroe. Tu connaissais Marilyn toi ? Cette femme était remarquable, mais si triste. » De l'autre côté de sa vitre sans teint, Sydney pressa un petit bouton avant de laisser entendre sa voix « Jarod concentre-toi sur la simulation en cours ! » Agir de la sorte, déplaisait au précepteur du jeune caméléon, mais étant lui-même filmé, il n'avait d'autre choix pour s'éviter les foudres de la Direction qui attendait des résultats et non des séances de parlotte entre deux génies. Jarod observa la vitre sans teint, sachant pertinemment que des observateurs y étaient dissimulés et les observaient. Puis il porta son regard sur les deux caméras fixées au mur.
« - Le 5 avril 1951 ils sont tout deux condamnés à mort pour complot et espionnage au profit de l'Union Soviétique. Ils seront exécutés le 19 juin 1953 dans la prison de Sing Sing sur une chaise électrique. Ils deviennent ainsi les deux seuls civils américains exécutés pour espionnage lors de la guerre froide. » D'une traite et sans regarder ses notes, Jarod avait planté le décor. Cette simulation, bien que passionnante pour les fous d'Histoire, était loin de plaire au génie qui devait dès lors se mettre à la place de l'un des époux pour tenter de retranscrire son ressenti, ses émotions et une vérité, si tentait qu'il y en est une que l'Histoire n'est pas retranscrite avant lui. « - Cela doit être effrayant de savoir que l'on va mourir sur une chaise électrique, qui plus est dans son pays qui vous accuse de haute trahison. Mes premières recherches me laissent à penser que l'hystérie est au centre de cette condamnation. Dans les années 1950, les Américains, alimentaient par de la propagande, n'avaient de cesse de voir le communisme s'étendre. C'est la peur qui domine ! » Il posa son regard sur le cliché de David Greenglass, le beau-frère de Julius Rosenberg qui le 15 juillet 1950 fut à l'origine d'une déposition dans laquelle il accusa son beau-frère d'être un espion.
« - Ce procès avant même de commencer, était orienté. Mais savaient-ils qu'ils allaient tous les deux mourir ? » Le regard du jeune caméléon se posa aussitôt sur Ethel qui apparaissait sur un autre cliché. « - Elle avait peur, autant que son époux. Et s'il n'y avait qu'un seul coupable dans cette affaire ? Qu'en penses-tu ? Pour se dédouaner Greenglass et sa femme ont accusé Ethel. » Sydney appuya à nouveau sur le petit bouton rouge qui lui permettait de communiquer avec Jarod.
« Continuez donc à creuser dans cette voie alors ! »
« - C'est un symbole, celui des dérives qui peuvent frapper une démocratie quand elle est la proie d'une hystérie collective » conclue Jarod en posant son regard sur Kassandra.
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Kassandra avait serré la main de son partenaire de travail du jour, ravie d’enfin pouvoir faire la connaissance de quelqu’un de nouveau. Ce garçon, elle l’avait déjà croisé avec son précepteur au détour d’un couloir, mais n’avait jamais vraiment eu l’occasion de lui parler. Un congénère, quelqu’un qui comprenait, ça faisait plaisir. Sourire aux lèvres, la jeune fille ne perdit pas de temps et observa les différentes photos ainsi que les articles découpés qui ornaient la table. Le dénommé Jarod lui expliqua son travail, citant Marilyn Monroe sur qui il avait déjà travaillé.
-J’en ai entendu parler…
Mais les deux caméléons n’eurent pas le temps d’étoffer le sujet que la voix de Sydney se fit entendre dans la pièce pour leur intimer l’ordre de rester concentrés sur le sujet du jour. A son tour, Kassie jeta un œil à la glace sans teint derrière laquelle se trouvaient les deux observateurs et hocha la tête brièvement avant de replonger son regard sur les photos. Elle en prit une en main, observant les visages du couple. Puis deux autres, qui avaient été prises lors de leur procès. Jarod récapitula avec exactitude ce qui s’était passé à la fin de leur vie : la date de la condamnation et l’exécution deux ans après. Deux ans passés à attendre la mort, Kassandra en eut des frissons. Ça faisait froid dans le dos de voir de quoi l’être humain était capable dans ses moments les plus sombres. Il n’y avait qu’à voir ce qu’ils faisaient aux Centre. -Ils ont servi d’exemple… murmura la jeune fille.
En effet, comme l’avait précisé Jarod, ils furent les deux seuls américains à être exécutés pour ce motif du temps de la guerre froide. Complot et espionnage. Ils n’étaient clairement pas les seuls. -Ils sont morts à trente-sept ans pour Julius et trente-cinq pour Ethel. Ils avaient deux jeunes enfants de six et dix ans.
Les enfants se retrouvèrent donc orphelins. Quelle détresse ils avaient dû éprouver. Un peu la même que celle des jeunes caméléons qui se retrouvaient au Centre, arrachés à leurs familles. Jarod souligna le fait que ce devait être effrayant de savoir qu’on allait mourir sur la chaise. Kassie tressaillit.
-Je crois qu’on aurait peur de mourir, peu importe le procédé. Le corps de l’être humain n’est pas fait pour voir sa vie écourtée de cette manière. Ils ont attendu deux ans avant que la sentence ne soit mise à exécution. Ils ont eu le temps de nourrir différents sentiments, la peur, l’espoir peut-être d’être graciés… C’est David Greenglass qui a fait la déposition déterminante. Imagine la détresse de sa sœur en apprenant que c’est son frère qui est à l’origine de sa condamnation et celle de son mari.
Jarod avait raison, cette époque était troublée, plus que la peur, c’était la paranoïa qui dominait à cause des diverses propagandes de part et d’autres. Le monde sortait d’une terrible guerre et craignait sans doute d’y replonger pour la troisième fois. A son tour, la jeune fille regarda les photos que son comparse observait avant d’attraper un article de journal.
-Je crois que David a été arrêté le premier et a accusé son beau-frère d’être à l’origine des opérations. Peut-être a-t-il seulement cherché à se protéger lui-même. C’est sa peur qui aurait engendré l’enchaînement des faits : l’arrestation de Julius et Ethel, leur procès, la condamnation et enfin l’exécution. Tu crois qu’à un moment il a regretté son accusation ?
Comment pouvait-on condamner sa propre famille ? Surtout quand on avait la chance d’en avoir une.
-Oui, je pense qu’ils avaient peur, je pense que personne ne pouvait être tranquille dans un tel contexte.
Les yeux de Kassandra se posèrent sur un cliché d’Ethel embrassant Julius. Ce dernier était menotté, ses bras autour de sa femme. Ces deux-là s’aimaient, et oui, ils devaient certainement redouter l’exécution, mais plus encore la séparation.
-Une campagne de propagande visant à les sauver a été mise en place. Ils étaient soutenus, ils ont dû avoir l’espoir d’être secourus.
Finalement, de part et d’autre de l’Atlantique, communistes et libéraux de droite demandaient la grâce du couple accusé, sans jamais l’obtenir. Kassie sursauta en entendant à nouveau la voix de Sydney qui leur parlait par le micro, avant de se concentrer à nouveau.
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Jarod Russel
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Jarod semblait intrigué. Les visites se faisaient rares ces derniers temps. Hormis Angelo qui échappait à la surveillance de leurs geôliers et qui venait ainsi trouver refuge dans les tuyaux d'aération pour y retrouver son ami, Jarod ne semblait avoir personne à qui parler. Il avait toutefois fait la connaissance d'autres jeunes caméléons dont un certain Kyle, rencontré en 1988, soit quatre ans après son arrivée au Centre. Kyle était différent, c'est le moins que l'on puisse dire et un peu plus jeune que Jarod alors âgé d'une dizaine d'années à l'époque. Les deux garçons se trouvèrent très vite un point commun, leur quête d'identité. Une envie qui les poussera à outrepasser les règles. Tout se sachant au Centre, Jarod et Kyle furent séparés et isolés durant plusieurs jours avant de se retrouver sur une nouvelle simulation où les deux caméléons furent amenés à se trahir. Une perspective qui ébranla Jarod bien plus que Kyle. L'issue de ce projet se solda effectivement par la trahison, mais de Jarod qui bien malgré lui blessa le jeune Kyle en le brûlant à la main. Les deux garçons furent par la suite définitivement séparés l'un de l'autre au grand dam de « Wonderboy » qui se retrouvait à nouveau seul. Une solitude qui prendra fin quelques années plus tard avec la rencontre d'une certaine Miss Parker, mais ça, c'est une autre histoire !
Hormis Sydney et Angelo à quelques reprises, Jarod n'avait donc aucun confident. Bien sûr, Sydney aurait aisément pu adopter ce rôle. Toutefois le précepteur s'était lui-même montré clair avec le jeune caméléon. Il ne devait développer aucun lien, n'étant rien de plus qu'un observateur. Cependant, le Belge malgré « sa bonne » volonté, peinait, quelques fois à tenir ses engagements. Il n'était pas rare, lorsqu'il le pouvait, qu'il fasse montre d'humanité à l'égard de son protégé tout en demeurant vigilant se sachant sans cesse observé. Mais aujourd'hui était un autre jour et la présence de Kassandra dans le local, émerveilla le jeune adolescent, qui l'observa dans un premier temps avant de prendre part à la conversation. « - Toi aussi tu as réalisé une simulation sur le suicide de Norma Jean. C'était son vrai nom ! » ne put-il s'empêcher de préciser. Sydney secondé de Stan, tapota sur la vitre sans teint avant de faire entendre, par le biais du microphone, qu'il fallait rester concentré. Jarod ne put s'empêcher de lui envoyer un regard noir, mais s'y plia malgré tout. Avait-il vraiment le choix ?! Et puis il voulait en finir, se défaire de toutes ces simulations mettant en exergue d'odieux complots avérés ou non. C'était pesant, bien plus que ce qu'il avait eu à faire sur l'année. Bien sûr, nous étions loin des simulations physiques telles que celle de la sphère, où du vélo d'intérieur sur lequel il avait pédalé durant de longues minutes, affublé d'un casque qui réduisait considérablement son oxygène en plein effort.
La jeune Kassandra elle aussi rompue aux ordres de son précepteur s'exécuta aussitôt suivi de près par Jarod qui continuait à l'observer quelque peu intrigué. Pour dire vrai, il se demandait depuis combien de temps elle était ici et quel âge elle avait. À vu d'œil, le caméléon en conclu sans mal qu'elle était bien plus jeune que lui, un écart qui ne devait pas excéder les dix ans. Le caméléon ne devait cependant pas faillir, il était observé. En bon élève qu'il était, il récapitula les éléments qu'il avait en mémoire tandis que la fillette assimilait les informations pour ensuite entrer de pleins pieds dans la simulation. « - Plus que ça, on n'a fait d'eux un symbole ! » Elle avait beau avoir murmuré, Jarod l'avait entendu et ne put s'empêcher d'émettre son raisonnement pour apporter de la consistance au débat. « - Un homme, une femme, un couple on ne peut plus modeste qui devient par la force des choses, le symbole même d'une insondable obscurité. Il n'y a quasiment aucune preuve contre eux. Traqués comme des bêtes, ils ont l'un et l'autre proclamer leur innocence, mais n'en demeurait pas moins aux yeux de leur propre pays, le symbole du mal absolu. Pas de preuves, mais deux présomptions suffisantes. Ils étaient juifs et sûrement communistes. Avec ces éléments, nous serions tentés d'imaginer qu'il est question de l'Allemagne nazie, mais non. Nous sommes bien aux Etats-Unis cinq ans après que le nazisme eut été vaincu. » Sydney pressa à nouveau le bouton du microphone et fit savoir à Jarod de ne pas trop s'éloigner du matériel de travail. À son tour, Kassandra récita les quelques informations glanées après la lecture des quelques articles mis à disposition.
« - Effectivement. Ils ont donc laissé deux orphelins. J'imagine sans mal la détresse qui les rongeaient, loin de leurs enfants, de leurs familles. C'était trop violent. » Une évidence pour Jarod, qui parvenait sans mal à se mettre à la place des deux enfants, séparés de leurs parents dès le plus jeune âge. Il évoqua ensuite l'attente et la mort promise aux deux époux. Kassandra émit alors son premier véritable soliloque. Elle aussi parvenait sans mal à assimiler la situation et à s'immiscer dans les pensées des deux « traîtres » promis à un destin funeste. « - Leur accusation repose sur un syllogisme. Dans les mémoires collectives, tout communiste était un espion, Julius et Ethel étaient communistes, donc des espions. Julius avait peur, mais il n'a pas nié être communiste. Il a juste été trahi » Le regard de Jarod se posa sur le cliché de Greenglass. « - David ! Le petit frère d'Ethel. Elle l'aimait sans concession, c'est d'ailleurs elle qui l'a presque élevé. Et Ruth » Le regard du génie se posa ensuite sur le cliché mettant en exergue la femme de Greenglass. « - Ils se sont tous les deux acharnés sur Julius et ont chargé Ethel non sans se contredire et se dédirent selon ce qu'attendait l'accusation. Ils étaient achetés, c'est évident. David a choisi de sacrifier sa sœur pour sauver sa femme. C'est à la fois odieux et pathétique. Lui aussi savait qu'il pourrait mourir, tout comme sa femme. » Jarod se posa alors sur sa chaîne, tentant de réfléchir à la question que venait de lui poser Kassandra.
« - C'était elle, sa femme Ruth qui a tapé des notes pour les transmettre aux Russes et non Ethel. Cet homme n'a pas hésité à balancer sa sœur pour protéger sa femme qui a par la suite bénéficier d'une immunité. Je pense qu'il ne regrette pas ce qu'il a fait. Il s'imagine être l'un de ces héros qu'il admirait tant. En prétextant un sacrifice, il entretient son culte fictif. Il la dis lui-même dans une interview qu'il avait une femme et deux enfants et qu'il se fichait pas mal de ce qui pouvait arriver à sa sœur. Nul doute que si on lui avait donné la possibilité de retourner en arrière, il aurait fait la même chose. C'est un égoïste, qui a voulu se donner bonne conscience en mettant en avant son choix cornélien. Il a pensé à lui avant tout. Mais je ne pense pas qu'il le soit le seul à être blâmé. La peur n'était, pour certain qu'une excuse pour répandre leur haine. Ce procès tout entier est un vice de forme à répétition. L'existence d'un doute incontestable exigeait l'acquittement, c'est évident. La cour n'aurait jamais dû imposer une sentence irrévocable. Tout était joué d'avance. Regarde, Kaufman *désigne le juge sur une photo* il était en contact direct avec le FBI et la CIA. Le pouvoir en l'occurrence. Les falsifications sont constantes, les contradictions des témoins abondantes. C'était joué d'avance. Il n'existe aucune preuve, ni dans un sens ni dans l'autre. L'on sait que ce qui doit être prouvé, c'est la culpabilité, non l'innocence. La forfaiture du juge est évidente, tout comme la perversion d'une justice. Ethel souffrait tellement, mais elle ne criait jamais son innocence à l'inverse de Julius. Mais c'est bel et bien Ethel qui portait le poids de la culpabilité. Elle a agi comme une mère et ce même avec son frère qui n'a pas hésité à la livrer. Elle a accepté d'endosser tout ce dont on l'accusait. C'est elle qui s'est sacrifiée, pas David comme il le prétendait. À l'inverse Julius se défendait comme un beau diable, il aboyait férocement. Les chiens blessés sont encore plus féroces n'est-ce pas ? Oui, la trahison de Greenglasse, l'a blessé. Il lui faisait confiance, au point de partager avec lui ses engagements. David s'est servi des convictions de Julius et les a retournés contre lui. Julius n'était qu'un pion. Et puis son domaine de prédilection, c'était l'électronique. Les informations fournies n'ont donc guère été utiles pour le développement du programme atomique soviétique. Et c'est pourtant là-dessus que repose l'accusation. Les Rosenberg ne méritaient pas de mourir. Tout le monde avait peur et des gens comme McCarthy ont alimenté cette peur, en trouvant un ennemi tout désigné. »
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Tout comme Jarod, la jeune Kassandra était peu habituée à voir ses semblables, hormis évidemment Angelo qui parvenait à aller et venir un peu partout. D’ailleurs, la jeune fille avait pour projet de lui demander subtilement de lui apprendre ce qu’il savait… mais c’était une autre histoire. Pour l’heure, ravie de rencontrer enfin pour de vrai Jarod à qui elle n’avait pour ainsi dire jamais eu le loisir d’adresser la parole, Kassie souriait, ayant du mal à dissimuler sa joie de faire un travail un peu différent. Ce travail-là était un véritable challenge puisqu’il y avait deux personnes en jeu, d’où l’intérêt d’avoir deux caméléons pour la simulation. La joie avait donc rapidement laissé place à la concentration chez Kassandra. Elle aurait bien discuté des autres simulations avec Jarod, lui qui l’avait lancée sur son travail à propos de Norma Jean Baker, plus connue sous le nom de Marilyn Monroe, mais les deux précepteurs semblaient d’avis que le temps de la parlotte avait largement été dépassé et le leur firent comprendre en tambourinant sans ménagement sur la vitre. Les jeunes caméléons reprirent donc leur concentration et se remirent à travailler. Kassie lisait, ou du moins survolait aussi rapidement que possible les différents articles présents tandis que Jarod faisait part des informations qu’il avait déjà en sa possession ainsi que de ses divers avis et ressentis. Quelle affaire délicate que celle-ci.
Plongée dans ce qu’elle lisait, la jeune fille avait comme des flashes à mesure que les informations parvenaient à son cerveau. Symbole, exécutés à titre d’exemple, histoire de passer l’envie à d’autres de faire de même ? Probablement. Ils furent les seuls à être exécutés. Ce couple était devenu emblématique et avait fait parler de lui sans le vouloir. Jarod partit dans une lancée et Kassandra l’écouta avec attention, les yeux rivés sur lui. C’était bien vrai, lui comme elle pouvait parfaitement imaginer l’horreur et la détresse ressenties à être séparés de leur famille, de leurs enfants. N’avaient-ils pas eux-mêmes, comme les autres jeunes caméléons, été arrachés à leurs parents ?
-En effet, personne ne mérite de mourir, surtout dans ce genre de circonstances. Il semble évident que le procès n’était pas équitable. Cependant, regarde… il semble que des témoignages soviétiques confirment l’espionnage de Julius au profit de l’URSS, mais pas celui d'Ethel. Ce qui veut dire qu’elle était complice malgré tout. Le jugement a été injuste, certes, sur le coup, mais le verdict, bien que la sentence soit abusive, était juste. La prison aurait suffi pour trahison.
Eux-mêmes, Ethel et Julius, avaient été trahis par leur entourage. C’était une chose de trahir un pays, mais trahir sa propre famille était quelque chose d’inqualifiable aux yeux de Kassie. Comment pouvait-on en arriver là quand on avait la chance d’en avoir une ? Le frère d’Ethel avait mal agi, c’était indéniable pour elle. Du haut de ses treize ans, la jeune fille était profondément émue par tout ce qu’elle apprenait.
-Le frère d’Ethel a voulu protéger sa femme au détriment de sa sœur. Comment peut-on faire un tel choix ?
L’époque était terrible, comme le disait Jarod, la peur conduisait à beaucoup de folies, les gens étaient prêts à croire n’importe quoi.
-C’était une époque terrible que cette guerre froide, murmura-t-elle. Le sort des Rosenberg a fini par émouvoir le monde entier.
A son tour, la petite brune s’assit sur une chaise et reporta son regard sur un dernier article et quelques photos.
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Jarod Russel
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L'hélice de la grille d'aération continuait à tournoyer à vitesse constante, emportant avec elle quelques particules de poussière. De temps à autre, lorsque l'activité se faisait moins grande, à l'abri des caméras, Angelo s'amusait à pénétrer l'intérieur de ces imposants tuyaux et migrait tranquillement d'un lieu à un autre sans se soucier d'être vu. De sa tour, du moins ce qui en faisait office, l'éponge comme certains se plaçaient à le nommer, observait ses congénères glanant ainsi quelques informations de-ci de-là. Angelo semblait omniscient et il l'était, Jarod le savait mieux que quiconque et pour l'heure, il savait aussi que son ami, adossé à la paroi métallique du système d'aération, les observait, curieux de cette nouvelle rencontre entre deux génies.
Jarod était sur la réserve bien qu'enjoué à l'idée de partager son travail avec un autre caméléon. Il n'avait que trop peu de compagnies hormis les allées et venues constantes de Sydney. Angelo apparaissait de temps en temps, toujours par le biais de son fidèle moyen de déplacement et toujours pourvu d'un paquet de Crackers Jack pour combler les petites faims. Raines se prêtait aussi au jeu des visites, mais avec moins de fréquence à la grande joie du jeune caméléon qui éprouvait pour l'homme un sentiment mêlant la peur au dégoût. Il faut dire que des êtres de la sorte, nous n'en croisons que peu souvent. L'homme, d'une grande taille était pourvu de cheveux à l'époque et d'un regard perçant qui en imposait. Sa voix profonde et austère le rendait elle aussi inoubliable, sous son plus sinistre aspect. Il toussait beaucoup à l'époque, mais continuait à fumer comme un pompier transportant avec lui cette odieuse et rebutante odeur de tabac froid qui agressait les narines du pauvre Jarod. L'homme se montrait froid avec le jeune garçon à l'inverse de Sydney qui faisait montre d'une douceur presque paternelle à l'égard de son petit protégé.
Un contraste difficile à saisir pour Jarod qui pouvait encore à ce moment-là se raccrocher à la présence de Miss Parker. Il y avait aussi Catherine, la mère de tous, mais surtout celle de la petite mademoiselle, avant que les ténèbres du Centre ne l'emportent à son tour. Cette femme était au-dessus de tous ici et irradiait par sa gentillesse. Jarod l'appréciait beaucoup, et ce, malgré le peu de fois où il pouvait se targuer de l'avoir vu. Il avait appris cependant à savourer la moindre de ses rencontres. Il aurait tant voulu en faire de même avec Miss Parker, qui suite à la mort de sa mère, avait disparu du jour au lendemain sans un mot. Un départ qui avait beaucoup affecté le jeune caméléon, qui s'était par la suite un peu plus renfermé sur lui-même. Un constat qui avait quelque peu attristé Sydney, son précepteur. Peut-être que ce dernier avait finalement obtenu gain de cause, en faisant en sorte de rompre la solitude de Jarod, l'excuse d'une simulation étant vite trouvée. Toujours est-il qu'il fallait la réaliser au risque de se faire taper sur les doigts par la direction qui ne plaisantait pas avec ce genre de travaux.
Jarod le fin observateur, n'en demeurait pas moins désireux de faire avancer la simulation afin de ne pas être à nouveau rappelé à l'ordre. Il espérait aussi, en cas de réussite, retrouvait Kassandra dans une prochaine simulation. La solitude le guettait, mais plus maintenant et il vrai que le simple fait d'avoir un peu de compagnie, incitait le petit génie à se motiver pour se triturer les méninges et faire correctement ce que l'on pouvait lui demander. Sous le regard de quelques observateurs assis derrière la vitre sans teint, Jarod dans un long monologue, livra le fruit de ses recherches, Kassandra, qui observait les photos et les articles, alla elle aussi de sa petite participation, incitant son congénère à réfléchir plus en profondeur sur les deux protagonistes de cette simulation. « - Non, la mort ne devrait pas être, une punition. On ne peut enlever la vie d'un être. Le raisonnement est naïf peut-être, mais je pense qu'il serait possible de se montrer juste sans pour autant tuer. Ils sont adeptes de la loi du Talion, « œil pour œil dent pour dent », c'est trivial. Il fallait un exemple, ils ont pris ceux que tout accusé, sans les affubler au préalable de la moindre présomption d'innocence. » Il porta à nouveau son regard sur la vitre sans teint. « - En France, elle existe, bien que la justice peine à reconnaître ses erreurs. Si elle avait été appliquée Julius et Ethel n'auraient peut-être pas été exécutés. La justice est imparfaite ! Tu imagines le nombre d'innocents qui se trouvent en prison, ou qui ont été exécutés parce qu'ils n'ont pas bénéficié de la présomption d'innocence. Julius y croyait, c'est sûrement pour ça qu'il n'a pas lutté. Il espérait que le doute le sauve, il avait foi en la justice et c'est ce qui l'a trahi. »
Puis il détacha son regard insistant de la vitre et le reporta sur Kassandra, qui malgré son jeune âge, semblait particulièrement émue du sort d'Ethel et de la trahison de son frère. « - Pour certaines personnes les liens du sang n'ont aucune importance, pas pour moi. On ne peut pas trahir les siens, par égoïsme et c'est ce que cet homme a fait. Je pense aussi que la pression et les manipulations ont eu raison de lui. Peut-être n'était-il pas assez fort psychologiquement pour y résister. » Kassandra ponctua son intervention par une dernière constatation avant de s'asseoir et de reporter son attention sur un article et plusieurs photos. « - Ils ont ému les gens, parce que la majorité s'est reconnu en eux. Les autorités ont voulu en faire un exemple, ils en ont fait un symbole. » Jarod prit une autre chaise et s'assit à son tour. « - C'est triste, cette histoire est triste, le monde à cette époque était triste. Difficile d'être nostalgique hein ?! » Une petite lumière rouge s'alluma, Sydney quitta la salle dans laquelle il se trouvait et fit savoir où deux caméléons que la simulation était terminée, une joie pour Jarod qui avait le cœur lourd. Le psychiatre leur octroya une heure et s'en alla les laissant définitivement seul. « - C'est ta première simulation en binôme ? D'ailleurs ça fait longtemps que tu es ici ? Tu as de la famille ? »
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Kassandra Watson
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Quel était le but de cette simulation ? Kassandra se posait souvent la question. On leur faisait croire que leurs travaux avaient pour but de venir en aide, de faire avancer certaines recherches, de rendre le monde meilleur, mais la jeune fille commençait à avoir de sérieux doutes. Déjà parce qu’ils n’avaient jamais de nouvelles de ce qui se passait après, du moins, elle n’en avait jamais eu, malgré ses questions, et d’autre part, n’étaient-ils pas prisonniers ? Comment pouvait-on prétendre vouloir rendre le monde meilleur en exploitant d’autres êtres vivants ? Par ailleurs, quand on voyait certains des traitements qu’on leur faisait subir, il y avait de quoi se poser des questions. Même si Stan, le mentor de Kassie, ne tolérait pas ce genre de sévices corporels, il n’était pas toujours là. Lui, il s’était toujours montré gentil avec elle, même lorsque, plus jeune, encore révoltée, elle faisait des crises de nerfs pour essayer d’obtenir ce qu’elle voulait, à savoir retourner auprès de ses parents. Stanley ne s’était jamais emporté, il n’avait jamais levé la main sur elle. C’était sans doute son approche qui était la meilleure. Il savait se montrer ferme sans pour autant élever la voix, et Kassandra comprit bien rapidement qu’elle n’aurait pas le choix.
Donc cette simulation. La thématique du complot. L’être humain ne savait-il faire que cela ? C’était désespérant. Kassandra se demandait pourquoi le monde était ainsi, pourquoi les humains étaient-ils tous si malfaisants ? Non, pas tous, mais avec tout ce qu’elle avait étudié, et aujourd’hui encore, elle en avait la preuve, beaucoup des individus qui peuplaient cette terre n’étaient pas de bonnes personnes. Ce constat l’émut beaucoup, la désespérant encore d’avantage sur ses chances d’un jour sortir d’ici et revoir sa famille. Quel âge pouvait bien avoir sa petite sœur, à présent ? Elle avait peine à se rappeler depuis combien de temps elle était au Centre. Jarod avait raison, la justice était imparfaite, tant de choses l’étaient. Perdue dans ses pensées qui allaient du cas Ethel et Julius Rosenberg à ce qu’ils vivaient ici au Centre, l’adolescente se demandait ce qui était mieux, et si leurs conditions de vie en tant que Caméléons étaient vraiment plus enviables que ce qu’avaient vécu ces personnes aujourd’hui décédées qu’ils étudiaient. Les émotions de la brunette la tiraillaient à tel point qu’elle en avait les larmes aux yeux. C’était difficile, vraiment.
C’est l’apparition de Sydney qui la sortit de ses songes, la faisant sursauter. Elle n’en croyait pas ses oreilles, ils avaient droit à une heure de pause. Bouche bée, elle regarda le précepteur de Jarod quitter la pièce avant de regarder son binôme qui lui posait des questions. Elle hocha la tête timidement.
-C’est rare qu’on me laisse discuter avec d’autres. Mais je t’ai déjà aperçu, quelques fois.
Il lui demanda ensuite si ça faisait longtemps. Kassandra baissa le regard quelques secondes, essayant de se rappeler.
-J’ai perdu le compte exacte, on m’a volé mon cahier sur lequel je faisais des coches, ça fait quelques semaines. J’avais sept ans, je crois, quand je suis arrivée. Je pense que ça fait au moins cinq ans et demi, voire six.
En y réfléchissant bien, ce soir, elle pourrait retrouver à peu près le compte, essayant de remettre les événements des précédentes semaines. Il lui demanda si elle avait de la famille. Question délicate. Machinalement, elle regarda vers la vitre, bien qu’incapable de voir de l’autre côté.
-Et toi ? se contenta-t-elle de demander en reportant à nouveau son regard sur lui. C’est… il est gentil Sydney ? demanda-t-elle, hésitante.
Certains scientifiques avaient l’air plus sympathique que d’autres, et effectivement, certains étaient de vrais tyrans.
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Jarod Russel
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Le voyant rouge de la caméra ne s'allumait plus. Une bonne nouvelle pour Jarod qui savait à coup sûr qu'il n'était plus observé à présent. Depuis le temps qu'il était ici, il commençait à comprendre le fonctionnement des lieux. Un rouage infernal réglé dans une quotidienneté tout aussi infernale pour ceux et celles qui la subissent. Depuis le départ de mademoiselle Parker, le temps semblait si long pour Jarod qui n'avait de cesse de se remémorer les meilleurs moments passés en sa compagnie lorsque son moral était au plus bas. D'ailleurs, cela se ressentait dans le travail. Le petit génie semblait distrait et moins investit dans la tâche. Sydney en était conscient et faisait au mieux pour stimuler son petit protégé et leur éviter ainsi une séparation trop brutale. Car oui, le mécontentement de la Tour additionné aux multiples mises en gardes de ce cher Mr Raines, laissaient entrevoir, si les résultats n'étaient pas meilleurs, un changement de précepteur. Ça, le Français s'y opposait fermement, sachant d'avance que son futur remplaçant n'aurait à l'égard de Jarod, pas la moindre considération et affection. Des données majeures pour appréhender le jeune caméléon et le mettre en confiance. Le psychiatre n'eut d'autre choix, pour continuer à exister dans le programme que de mentir à son petit protégé en lui affirmant que son amie reviendrait le voir tôt ou tard, qu'il lui fallait du temps pour se remettre du décès de sa mère. Jarod se laissa berner par le mensonge de son précepteur et continua à se faire exploiter espérant le retour prochain d'une Mademoiselle Parker qui ne reviendra que des années plus tard non pas pour des retrouvailles tant espérées, mais bel et bien pour ramener le caméléon dans sa cage.
Il observait encore la lumière rouge qui n'était plus, ça plus le départ de Sydney, laissait présager une accalmie. La simulation étant terminée cela paraissait évident, trop pour se poser des questions. Les rencontres avec d'autres caméléons se faisant rares, Jay se décida à pleinement profiter de la situation en continuant à entretenir ce début de conversation avec la jeune Kassandra. « - Je ne sors pas souvent d'ici pour ne rien te cacher. D'ailleurs, je me demande d'où tu m'as aperçu ? Tu es dans une cellule voisine ? » Et immanquablement, il ne put résister à l'envie de savoir depuis combien de temps sa « consœur » était retenue ici. Une information difficile à révéler au vu du délai de réflexion. Était-il possible que la demoiselle soit là depuis si longtemps qu'elle soit incapable d'énoncer une temporalité ? Le regard du jeune caméléon se fit plus doux, tout en laissant paraître une once de tristesse. Il ne connaissait que trop bien ce sentiment, lui-même était de plus en plus incertain sur la temporalité et sur ce qui précédait son arrivée, comme si ce lieu se pourvoyait de la capacité à effacer peu à peu les mémoires, telle l'eau de Léthé que l'on verse dans la gorge des condamnés en partance pour l'enfer et ses environs. Alors c'est ça ?! Le Centre serait une antichambre de l'enfer ?
« - Si tu ne veux pas me répondre, ce n'est pas grave ! » Toujours dans la bienveillance, il était prêt à faire taire sa curiosité si cela contribuait à mettre son interlocutrice à l'aise. Mais de toute évidence, ce n'est pas de bienveillance dont la jeune Kassandra avait besoin, mais de son cahier dans lequel elle avait entrepris un décompte. Jarod releva son regard vers la caméra, afin de s'assurer qu'elle soit bien coupée, puis il reporta instantanément son regard sur Kassandra. « - Ils nous prennent tout. J'avais un cahier moi aussi, c'est mon amie qui me l'a offert. Je dessinais beaucoup à l'intérieur, ça me permettait de m'évader. Mais quelqu'un a fouillé ma cellule et l'a découvert. Ils disent que ça nous déconcentre, que cela nuit à notre productivité. Moi, je pense qu'ils n'ont aucun véritable argument et qu'il leur fallait une excuse pour me le prendre. » Il se tue, il avait trop parlé et détestant monopoliser la parole, il posa une autre question à sa camarade qui en guise de réponse, porta son regard sur la vitre. « - Je pense qu'il n'y a plus personne. Le voyant de la caméra est éteint. Ce n'est plus une simulation, tu as le droit de parler. » Et c'est ce qu'elle fit à nouveau en retournant les questions. Jarod comprit alors qu'il devait, en quelque sorte donner l'exemple pour l'inciter à parler davantage. « - Moi ? Et bien, je n'ai que très peu de souvenirs. Je crois que j'avais à peu près cinq ans à mon arrivée. J'ai des parents, ils ont cherché à me faire croire qu'ils étaient morts, mais je sais que c'est un mensonge, un mensonge auquel souscrit Sydney malheureusement. Mais c'est vrai qu'il est gentil. Il est attentif à mes besoins, c'est quelqu'un de patient et d'attentif. Toi aussi, tu as un précepteur ? Et dis-moi, tu as déjà parlé à d'autres enfants comme nous ? Tu connais Angelo ? Tu as déjà rencontré Mademoiselle Parker ? » Tant de questions se bousculaient dans la tête du pauvre Jarod, qui une fois n'est pas coutume, n'était parvenu à dompter sa maladive curiosité.
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Kassandra Watson
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C’était une aubaine incroyable pour Kassandra d’avoir l’opportunité de discuter avec un autre caméléon et ce sans réelle surveillance. Elle ne put s’empêcher de se demander si ce n’était pas un piège, si elle n’aurait pas droit à des remontrances ou autre, d’où ses petites hésitations quand Jarod commença à lui poser des questions. Mais il avait l’air en confiance, il était plus âgé et ici depuis plus longtemps qu’elle, Kassie sentait qu’elle pouvait avoir foi en son jugement, s’il disait qu’ils pouvaient discuter tranquillement, c’était sûrement vrai. Elle lui sourit.
- Je t’ai aperçu dans un couloir quand Stanley m’emmenait dans une salle de simulation. Tu devais sûrement en revenir, je ne sais pas. Ma cellule, elle est à l’étage en-dessous, quand tu sors de l’ascenseur, trente-et-un pas dans le couloir de droite. Enfin, trente-et-un pour moi, mais t’es plus grand, alors je dirais vingt-sept pour toi.
Il lui avait demandé depuis combien de temps elle était là, et il lui avait fallu quelques secondes de réflexion pour évaluer la durée.
- C’est pas que je veux pas répondre, c’est que je réfléchissais. Toi aussi alors tu avais un cahier ? J’adorais dessiner aussi. Mais ici, je crois qu’on n’a pas le droit. Je me souviens que peu après que je sois arrivée, j’avais commencé un dessin avant l’arrivée de Stanley, et je me suis fait gronder par celui qui fait peur.
Raines, cet homme lui faisait froid dans le dos, son regard avait de quoi glacer n’importe qui, elle en était sure.
- Tu as une amie ici ? Quelle chance ! Tu la vois souvent ?
Rien que d’entendre ça, le sourire était revenu sur le visage de la jeune fille. Un sourire qui s’effaça lentement lorsque Jarod parla de ses parents. Elle aussi, on essayait de lui faire avaler des couleuvres.
- On m’a fait croire que mes parents voulaient que je sois ici, on m’a donné de fausses lettres soi-disant d’eux dans lesquelles j’ai pu lire qu’ils étaient fiers de moi. Je suis pas stupide, je sais que mes parents n’accepteraient jamais de ne plus jamais me revoir. J’espère juste qu’ils vont bien, qu’ils ne m’oublient pas et qu’ils me cherchent. Stanley m’a donné ces lettres au début, me disant que peut-être je reverrai ma famille si j’obéissais. Je crois qu’il n’a pas le choix, je vois de la tristesse dans son regard. Je pense qu’il n’aime pas me mentir.
Elle soupira en baissant le regard. La jeune adolescente aurait aimé connaître le fin mot de l’histoire, savoir exactement à quoi tout ceci rimait.
- Dis, Jarod, tu crois qu’on pourra partir d’ici un jour ?
Il lui demanda alors si elle avait déjà parlé à d’autres enfants, dont Angelo. Kassie lui sourit, les regard pétillant.
- Je lui ai parlé la première fois peu de temps après mon arrivée. Et tu sais quoi ?
Elle s’approcha de son interlocuteur et se hissa sur la pointe des pieds pour lui confier à l’oreille cette révélation :
- Il a réussi à venir me voir dans ma cellule.
Remettant une petite distance entre eux, toujours souriante, elle continua. - Il est très débrouillard. Mais j’ai jamais osé faire comme lui. Et toi ?
Elle secoua ensuite la tête en signe de négation.
- Non, je ne sais pas qui est mademoiselle Parker. C’est la fille de monsieur Parker ? Elle est comme nous, ici ?
Un tas de questions se bousculèrent d’un coup. Qui était cette fille ? Si elle avait un lien de parenté avec celui qui gérait le Centre, comment se pouvait-il qu’elle soit l’une des leurs ? Cet homme pouvait-il délibérément infliger ça à un membre de sa famille ?
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Il n'y a rien de pire que la solitude. L'être humain n'est pas fait pour être seul, et même si son caractère lui laisse imaginer qu'il pourrait aisément se passer des autres, c'est faux. Nous ne sommes pas conçus pour être et vivre seul. Et c'était encore pire pour Jarod depuis le départ de Mademoiselle Parker, des années plutôt. Bien sûr, il restait Angelo, fidèle au poste et très adroit pour circuler à travers les différents conduits d'aération. Une présence qui rassurait Jarod et une façon pour lui de se remémorer les meilleurs moments partagés avec ses deux amis. Kassandra balaya le passé du revers de sa manche et ramena Jarod à lui. Le voyant de la caméra ayant disparu, le caméléon savait qu'il pouvait s'octroyer un peu de temps avant de reprendre la simulation et puisqu'il n'était pas seul aujourd'hui, autant sympathiser. « - Quant à moi, je n'ai pas le souvenir de t'avoir aperçu. Il faut dire qu'ils s'arrangent pour que nous n'ayons que peu de contact. Avant, j'occupais une cellule plus petite, elle était elle aussi à l'étage inférieur de l'ascenseur. À approximativement vingt-cinq pas à gauche. Je me suis moi aussi amusé à faire le décompte. Maintenant, je suis dans une cellule plus grande, un étage au-dessus et j'ai arrêté de compter. Cela expliquerait peut-être pourquoi nous n'avons pas eu le plaisir de nous rencontrer. Stanley a l'air sympathique, soit-il au passage. Moi c'est Sydney qui s'occupe de moi depuis mon arrivée ici. » Et c'est tout naturellement que le caméléon se demanda depuis combien de temps son interlocutrice était présente entre ces mûrs. D'ailleurs, était-elle la seule avec Eddy et Alex ou subsistait-il à cette époque d'autres caméléons ? La curiosité prenant le pas sur la raison, Jarod se sentit coupable d'interroger Kassandra de la sorte ? Ici, l'on devait s'en tenir à ce qu'on nous disait. La curiosité était indéniablement un vilain défaut, comme on le lui avait appris, cependant Jarod ne parvenait à la réfréner. Il avait tant de questions et si peu de réponses, qu'il se sentait légitime à s'interroger jusqu'à trouver des réponses. N'était-il pas ici pour ça ?
« - On réfléchit beaucoup ici n'est-ce pas ? Parfois, je me demande si nous avons le droit de faire autre chose. » Il émit un long soupir avant de rebondir sur les paroles de la jeune demoiselle qui était à ses côtés. « - Celui qui fait peur ? Tu parles de l'homme qui traîne une bouteille d'oxygène ? » Et sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, Jarod évoqua Mademoiselle Parker qui n'existait plus à présent que dans sa mémoire. « - Mademoiselle Parker l'appelait Nosferatu. Raines ! » se sentait-il obligé de préciser avant de reprendre avec un peu moins de ferveur. « - Non, je ne la vois plus ! » Il ne préférait plus compter les années tant ça lui faisait mal d'être ainsi ignoré par la personne qu'il considérait comme étant la plus importante dans sa vie. L'amertume le gagna encore lorsqu'il évoqua son histoire, du moins ce qu'il en savait avant que Kassandra ne se prête au jeu en retour. « - Je pense aussi que Sydney n'aime pas me mentir. Il a parfois été gentil avec moi, mais j'ai très vite compris que les limites qu'il s'imposait résultaient de décisions qui n'étaient pas les siennes. » Il tenta quand même de sourire à Kassandra histoire de rendre la conversation agréable.
« - J’ai envie de croire que oui ! » La question de Kassandra semblait pourtant si simple à l’énoncée et pourtant malgré une réponse rapide dans la formulation, Jarod doutait encore. « - Je ... Je me pose souvent cette question parce que je n’ai pas l’impression d’être à ma place ici. » Il lui demanda ensuite, par curiosité, si elle avait parlé à d’autres personnes, Angelo pour ne citer que lui. De toute évidence, celui qui se prénommait jadis Timmy, avait lui aussi fait la connaissance de Kassandra en témoignaient ses yeux pétillants lorsque Jarod évoqua son ami. Les secrets étant de rigueur ici, la pétillante. Kassy, à l'abri des regards et micro, avoua à Jarod, au creux de son oreille, qu'elle avait elle aussi reçu la visite de leur commun ami. Un aveu qui permit à Jarod de retrouver le sourire qui s'était peu à peu éclipser à mesure de l'échange. « - Angelo connaît les lieux comme sa poche, mais plus encore le système d'aération. Et il est doué, pour preuve, il arrive à me ramener des crackers jack sans se faire prendre. C'est mademoiselle Parker qui les lui a fait aimer » Mademoiselle Parker, encore elle. Décidément plus il cherchait à s'en détacher et plus le souvenir de son amie s'ancrait dans sa mémoire et dans les conversations. « - Oui, c'est la fille du directeur, mais non elle n'est pas comme nous et elle a beaucoup de chance. Nous étions amis, mais c'est de l'histoire ancienne, désormais elle n'est plus là. J'imagine qu'elle profite de la vie et de sa liberté. Comment pourrais-je lui en vouloir ? Peut-être que notre lien n'était pas assez fort. La conception de l'amitié diverge selon les individus. Certains s'attachent et d'autre tournent vite la page »
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Kassandra Watson
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Échanger avec Jarod et sur autre chose que le « travail » était quelque chose d’assez nouveau, mais la sociabilité naturelle de la petite Kassandra revenait au galop quand elle percevait une personnalité sympathique. Elle expliqua qu’elle l’avait déjà aperçu au détour d’un couloir, mais lui non, visiblement, ce qui sembla un peu la décevoir.
- Oui, c’est vrai que c’est rare d’en croiser d’autres sans qu’ils ne l’aient voulu. Si ça se trouve, ils ont voulu que je t’aperçoive ce jour-là. Tout a l’air tellement… chronométré ici. Une cellule plus grande ?
Les yeux de la fillette venaient de s’illuminer.
- Grande comment ? Tes mains ne touchent plus les deux murs si tu te mets au milieu et que tu écartes les bras ?
C’était sa façon à elle de mesurer la largeur de la pièce et d’estimer qu’elle était trop petite. Elle n’avait pas vraiment de souvenir de sa chambre chez ses parents, mais il lui semblait qu’avant, elle se sentait moins oppressée. Ou peut-être n’était-ce que dans ses rêves ?
- Oui, Stanley est gentil la plupart du temps. Sydney aussi a l’air gentil.
La petite brune acquiesça lorsque son comparse déclara qu’ils réfléchissaient beaucoup ici. Et hocha la tête de plus belle en détournant le regard lorsque Jarod évoqua Raines, avec sa bouteille d’oxygène. Kassandra en avait vraiment peur, c’était sans doute la personne qui l’effrayait le plus.
- Nosferatu ? Ça lui va bien, osa-t-elle dire en ricanant avant de mettre ses mains sur sa bouche d’un air coupable.
Et s’il parvenait à savoir qu’elle avait dit ça, est-ce qu’il lui arriverait un quelconque châtiment ? Serait-elle punie ? Enfermée dans le noir sans même une visite de Stanley ? Son coeur se mit à battre la chamade en pendant à cela. Et puis Jarod évoqua l’une de ses amies, ce qui détourna l’attention de la jeune caméléone sur autre chose. Une amie, quelle chance. Mais Jarod sembla amer en l’évoquant. Il préféra parler de Sydney. Les deux caméléons échangèrent leurs avis sur leurs précepteurs. Finalement, l’un comme l’autre n’étaient pas trop mal lotis. Mais si Kassie aimait beaucoup Stanley, elle aurait voulu qu’il l’aime assez pour la faire sortir.
- Personne n’est à sa place ici. Pourquoi on devrait rester là ? Eux, ils ont bien le droit de partir, de rentrer chez eux, je suis sure qu’ils n’habitent pas dans des cellules comme nous et qu’ils sortent voir l’extérieur. Et même qu’ils ont des voitures et tout ça, comme dans les vidéo qu’on nous montre, comme les vrais gens de dehors. Eux, ce sont des vrais gens de dehors. Pourquoi nous on ne pourrait pas aussi en être ?
A cette question, la demoiselle sentit des larmes lui monter aux yeux et sa voix trahissait son émotion. Elle se reprit bien vite, par habitude.
- Qu’est-ce que c’est, des crackers Jack ? demanda-t-elle avec curiosité.
Jarod évoqua alors un peu plus en détail cette fameuse mademoiselle Parker, la fille du directeur. L’amitié entre eux avait, semblait-il, pris fin et ce pauvre Jarod paraissait bien triste. Kassie posa une main sur son épaule, se voulant rassurante.
- Je suis désolée pour toi, ça a vraiment l’air de te faire de la peine. Si tu veux, moi je veux bien être ton amie.
Elle aussi voulait avoir des amis, quelqu’un avec qui parler et partager ses ressentis. Angelo ne venait pas souvent et n’était pas toujours très causant. Jarod ici présent était différent et Kassandra aimait sa conversation. Il était plus grand, il connaissait beaucoup de choses.
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Le temps qui leur était imparti ainsi, libres de parler, était-ce calculé ?
- Je n’aime pas quand je ne sais pas ce qui se passe. Ce n’est pas normal qu’on nous laisse sans aucune instruction. Tu crois qu’il y a un souci ? demanda-t-elle légèrement anxieuse.
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Miss.Pie
Jarod Russel
Citrouillon
▻ ARRIVE(E) LE : 07/01/2017
▻ LOCALISATION : Everywhere except at the Centre
▻ OREOS : 1685
▻ LOISIRS : Helping the widow and the orphan. Fill my red notebook, eat pez, oreos and discover new things.
Jarod cherchait du regard le voyant de la caméra, avant de reporter son attention sur ce qu'il savait être une vitre sans-tain. Le départ de Sydney, l'arrivée de Kassandra, cette simulation, ce petit chamboule tout dans ses habitudes, ne l'avait pas aidé il est vrai. Conditionné depuis des années à faire des tâches répétitives, il lui fallait toujours un peu de temps pour s'acclimater lorsqu'on le confrontait à une inconnue dans l'équation. Le Centre l'ignorait encore, mais c'est en agissant de la sorte, qu'il permettrait à Jarod d'étayer sa capacité d'adaptation. « - Oui, je suis d'accord avec toi, rien n'est le fruit du hasard. Cela ressemblerait presque à du conditionnement. » Il baissa la voix de peur d'être entendu. « - Il y a des jours où je déteste ça. C'est si morne de toujours devoir faire la même chose. » Ils évoquèrent ensuite leur cellule et Jarod comprit très vite, que les conditions de Kassandra n'étaient pas semblables aux siennes. Un traitement de faveur qui le mit aussitôt mal à l'aise malgré le regard brillant de la fillette encline à plus de détails. « - Tes mains touchent les deux murs ? Mais c'est petit et injuste. Si on fait le même travail, nous devrions avoir une cellule de la même taille. Tu crois qu'ils hiérarchisent ? » De toute évidence, il jouissait d'un traitement de faveur qui faisait défaut à Kassandra. De ce fait, pour ne pas creuser davantage cette inégalité illégitime, le caméléon préféra opter pour une autre problématique afin de ne pas parler de ce qui ressemblait plus à une chambre qu'une cellule pour lui. Il tenta toutefois un sourire pour achever de mettre sa jeune interlocutrice à l'aise.
« - Les gens gentils ne sont pas nombreux ici. Ils sont donc plus faciles à reconnaître. Parker disait qu'ils font tâches dans le paysage. Je crois que ça veut dire qu'ils ne sont pas à leur place. C'est elle aussi qui a trouvé ce surnom à Mr Raines. » À son tour, il se mit à rire, se surprenant de voir Kassandra s'en cacher aussitôt. Elle était jeune et n'avait sûrement pas encore réussi à vaincre la peur qui rayonnait telle une aura démoniaque autour de Raines. Jarod ne pouvait la blâmer, car avant de connaître Mademoiselle Parker, lui aussi tâchait de rester dans le rang de peur d'affronter le Croquemitaine. « - Tu as le droit de rire, tu sais ! Ils nous interdissent beaucoup de choses, mais pas ça heureusement. » Il déposa une main rassurante sur l'épaule de sa cadette qui lança ensuite, un sujet de conversation fort pertinent. « - Si on nous laissait le choix, nous ne serions pas ici. Quand mademoiselle Parker était encore ici, avant... » Parler de mort n'était pas un sujet facile à évoquer encore moins lorsqu'il était question d'une personne à laquelle on tenait. Catherine avait beaucoup compté pour Jarod et le fait de devoir se remémorer le souvenir de « son départ » fit au caméléon plus de mal qu'il ne l'aurait cru. « - Catherine Parker était quelqu'un de bien elle aussi. Même si parfois elle était très triste. Elle était pourtant à l'extérieur. Tous les soirs, je rêve d'être dehors. Et dans mes rêves, je vois ma mère. Mais les traits de son visage ne sont pas clairs. » Jarod laissait parler ses émotions comme toujours, il ne craignait pas les remontrances, puisque pour lui, il n'était pas question d'une simulation.
« - Angelo est mon ami et je partage des crackers Jack avec lui. Maintenant, on les partagera avec toi. » Il était encore jeune et pourvu de cette incroyable candeur qui lui permettait de relativiser quel que soit la situation. « - Tu ne dois pas avoir peur. Il ne faut pas. C'est ce que me disait Mademoiselle Parker avant de nous faire faire les quatre cent coups. Et si on leur faussait compagnie pour que je te montre ma cellule ? »
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Halloween is the only night when our fears become invitations.
Kassandra Watson
Citrouillon
▻ ARRIVE(E) LE : 03/01/2017
▻ LOCALISATION : Quelque part à Blue Cove, avec Asher
▻ OREOS : 2084
▻ LOISIRS : Faire du roller, manger de la glace et des frites, faire du roller, apprendre de nouvelles choses, savourer sa liberté et oh faire du roller
Décidément, cette petite conversation avec son comparse apprenait beaucoup de choses à Kassandra, comme le fait qu’il existait plusieurs tailles de cellules.
- Oui, si je me mets bien au milieu, je tends les bras et je peux toucher les deux murs, comme ça, dit-elle en joignant le geste à la parole.
Elle haussa les épaules suite à sa remarque, même si elle aussi trouvait que c’était injuste.
- C’est peut-être parce que tu es plus grand ? Ou parce que tu es là depuis plus longtemps ? Peut-être que tu as été plus… sage que moi. Tu sais, quand je suis arrivée, je l’ai mis en colère… Nosferatu, ajouta-t-elle en murmurant.
Peut-être que c’était pour ça qu’elle n’avait pas la chance de bénéficier d’une cellule plus grande à l’instar de celle de Jarod. N’empêche, ça la faisait rêver. - Est-ce que tu penses qu’ils font ça dans le but de nous monter les uns contre les autres ? Par exemple, tu as quelque chose que je n’ai pas… Ils nous laissent parler ensemble, alors que clairement, depuis le temps que je suis là, ce n’est jamais arrivé. Je me pose des questions…
Jarod évoqua Catherine Parker. Kassandra ne l’avait vue qu’une fois, mais elle lui avait inspiré confiance, elle respirait la gentillesse. - Elle était gentille, oui, répondit-elle tristement.
Ce genre de personnes donnait de l’espoir, mais il y en avait trop peu au Centre. Et si Stanley était vraiment aux petits soins la plupart du temps, ça ne faisait jamais de mal de côtoyer d’autres personnes à l’aura positive. Jarod parlait de ses rêves dans lesquels il voyait sa mère. Kassandra ne rêvait plus de ses parents, elle n’avait aucune idée du visage qu’ils pouvaient avoir. Pourtant, elle savait qu’ils existaient, elle culpabilisait beaucoup de ne pas s’en souvenir, pas même de leurs noms.
- C’est vrai, tu la vois ? Moi, je n’y arrive pas. Je n’ai aucun souvenir, je ne sais pas comment les faire revenir, dit-elle sur le ton de la déception.
Jarod était réconfortant et la jeune fille se sentait plus rassurée en sa présence. Il lui disait de ne pas avoir peur, et même si elle s’efforçait depuis longtemps de ne rien laisser paraître, au fond d’elle, elle restait cette petite fille terrifiée et seule.
- C’est gentil de vouloir partager avec moi. Je ne sais pas quoi te donner en échange. Je peux te prêter mon Galilée si tu veux dormir avec. C’est mon nounours. Enfin, c’est la version 2.0, je l’ai fabriqué avec un oreiller et des lacets.
Elle n’en était d’ailleurs pas peu fière. C’était son seul réconfort quand elle n’arrivait pas à trouver le sommeil. Un sourire se dessina sur ses lèvres quand son interlocuteur parla de s’éclipser pour aller voir sa cellule. Sa grande cellule que Kassie imaginait déjà comme étant immense. Des étoiles plein les yeux, elle hocha la tête vivement, impatiente de découvrir un lieu encore inédit.
- Est-ce qu’on va avoir des ennuis ? demanda-t-elle alors un peu inquiète.
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Jarod Russel
Citrouillon
▻ ARRIVE(E) LE : 07/01/2017
▻ LOCALISATION : Everywhere except at the Centre
▻ OREOS : 1685
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C'était agréable de parler avec quelqu'un qui vivait la même chose, qui subissait les mêmes injustices et qui de ce fait était plus à même de vous comprendre/entendre. De plus, rares étaient les contacts avec « les autres » Jarod le savait, il n'était pas seul à vivre à travers l'un des immuables niveaux souterrain du Centre. Il ignorait combien de « comme lui » étaient enfermés, mais il n'était pas seul, telle était sa certitude. Mais de toute évidence, le traitement divergeait d'un cas à l'autre. Si Jarod pouvait aisément se mouvoir dans l'espace qui lui était alloué, la pauvre Kassandra était quant à elle restreint, ce qui peinait son interlocuteur au point de le révolter. « - Je trouve ça injuste. Ce n'est pas qu'une question de taille ou de temps passé ici. Et puis de toi à moi, je l'ai mis en colère plus d'une fois Nosferatu. Donc la logique voudrait que moi aussi, je me retrouve dans un espace confiné et ça n'est pas le cas. Mademoiselle Parker disait qu'on lui en faisait voir de toutes les couleurs et elle, elle n'avait pas peur de le défier, mais elle, elle pouvait sortir. » Force était de constater qu'il était toujours aussi difficile de parler de son « amie » qui malgré la correspondance épistolaire dont il l'affublait, gardait le silence. « - Ils nous manipulent tous, c'est ainsi que fonctionne le système. » laissa-t-il entendre sans craindre d'avoir des ennuis. « - Je pense qu'ils ne font que ce qui les arrange. Ils ne pensent qu'à leur intérêt avant le nôtre. Tu sais une fois, j'ai cessé de faire ce qu'ils me demandaient. J'étais plus jeune, je me suis barbouillé le visage parce que je n'arrivais plus à comprendre ce que je faisais et qui j'étais. Je crois que c'était ma façon à moi d'enrayer leur système. Heureusement que mon précepteur a été concilient. Il a coupé les caméras et m'a permis de me sentir libre quelques minutes. Avec tout ce qu'ils nous font subir, on finit par s'oublier soi-même. Mais finalement est-ce qu'on sait vraiment qui nous sommes ? Je suis ici depuis tellement longtemps que j'ai fini par tout oublier, jusqu'à ma propre famille. Ils utilisent le conditionnement dès le plus jeune âge. C'est une sorte d'endoctrinement. Plus le sujet est jeune, plus il est malléable. En l'extrayant de son cercle familial avant qu'il n'ait eu le temps d'intégrer les normes sociables, l'on peut facilement le conditionner pour lui imposer d'autres normes. »
Puis il cessa son analyse et évoqua Catherine Parker qui faisait office d'exception dans ce milieu. « - Oui, elle était la gentillesse incarnée. Elle s'inquiétait toujours de savoir si j'allais bien, mais je crois qu'elle ne se rendait peut-être compte à l'époque de ce que Raines faisait et qu'il continue à faire. Mais quand elle était là, j'avais comme l'impression qu'il existait une sorte de rempart de protection, que le pire ne pouvait arriver. » L'évocation de Catherine Parker et de sa disparition était d'autant plus amère qu'elle rappelait à Jarod l'absence de Mademoiselle Parker. « - C'est important de partager avec ses amis » déclarait-il avec une once de tristesse dans le regard. « - Et, tu n'as rien besoin de me donner en échange, mais je serais quand même ravi de rencontrer ton Galilée. Je m'en étais fabriqué un aussi quand j'étais plus petit, mais on me l'a pris. Sydney n'a rien pu faire. » Puis il lui proposa ce qui semblait être une petite folie « - Si vraiment on devait avoir des ennuis, ils ne nous auraient pas permis d'être ensemble non ? Aller viens ! »
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