Ivy Lov se trouvait dans son appartement depuis trois jours. Avant, elle se situait à l’hôpital pendant deux jours. Pourquoi ? La jeune femme avait connu un enlèvement, une séquestration et de la torture. Une histoire de fou ! La journaliste avait publié un article qui permettait l’anéantissement d’une carrière pour une politicienne très connue dans le coin. Cette dernière entretenait une relation adultère avec un gérant du Centre. Ce scoop servait à ternir l’image de cette personnalité et de l’établissement en question. Bref, cette entreprise avait fonctionné. La politicienne était ruinée et son entourage ne pouvait plus profiter de son argent, de ses biens. Alors, quatre d’entre eux choisissaient la vengeance comme motif d’où cette histoire de fou. Ivy en conservait des séquelles morales et physiques. La jeune femme se renfermait sur elle-même et elle décidait de ne pas sortir. Cette situation l’avait assez traumatisé. Pour le moment, elle ne travaillait pas. Son patron lui laissait le temps de s’en remettre. Il prenait des nouvelles tous les jours en précisant : « tu as le temps de revenir mais ne tarde pas trop quand-même, tu nous manques ». Le sous-titre de ce message ? Il ne fallait pas qu’elle traine trop longtemps. Le texte était clair et précis, Ivy connaissait tellement bien son boss. Or, elle n’imaginait pas reprendre le boulot de suite. Elle avait besoin d’un peu de temps. L’infirmière passait tous les jours pour changer les pansements de la blondinette. La première fois, Lov avait failli ne pas ouvrir sa porte tant elle se méfiait des gens désormais. Sa mère lui rapportait des petites courses car Ivy ne bougeait plus de chez elle. Elle ne voulait pas remettre un pied dehors. C’était encore trop difficile. L’enlèvement avait eu lieu devant son immeuble. Les images défilaient pas mal dans sa tête. La journaliste passait beaucoup de temps allongée dans son lit, sous la couette, dans le noir. Elle effectuait le minimum vital : se laver, manger un peu, dormir légèrement, ranger et nettoyer les pièces avec aération pour tenter de maîtriser au moins un élément de son quotidien bousculé, regarder les actualités sans y prêter une grande attention. Ce quotidien morne lui convenait pour l’instant. Elle oubliait légèrement de donner des nouvelles à ses proches. Par contre, elle savait en prendre de sa petite-sœur. Elle culpabilisait tellement d’avoir placé Lisa, dans une posture aussi dangereuse, tout cela à cause de ses actes. Il s’agissait de la goutte de trop. Cet élément l’amenait à réfléchir sur sa position. Devait-elle rectifier des éléments sur sa personne ou autre ? La journée de réflexion demeurait bien remplie. June lui manquait beaucoup aussi. La brune s’était déplacée à l’hôpital pour voir sa meilleure amie. Ivy était dans "le coltard" et elle n’avait pas pu discuter avec elle. Depuis, elles ne s’étaient pas revues et Lov s’effaçait de plus en plus. Pourtant, elle pensait à June et elle espérait que tout allait bien de son côté. Elle se rappelait du problème avec Sam. Présentement, l’heure était à… refaire le monde pliée en différents morceaux sous les draps.

Pliée en trois mille morceaux, Ivy Lov refaisait le monde sous ses draps. La chambre restait plongée dans le noir mais il fallait que l'endroit soit encore plus sombre. Bêtement, elle reproduisait la situation vécue quelques jours plus tôt, cet enlévement : le noir, le froid, la soif, la faim, la peur, la solitude... . Cela ne l'aidait pas à aller mieux, bien au contraire, elle s'enfonçait et elle s'effaçait. Il s'agissait de sa volonté. Pendant deux jours, elle avait représenté un objet de vengeance et de défouloir. Les actions de la journaliste étaient punies par un groupe de gens. Ces derniers avaient fait ce choix ensemble sans prendre en compte la morale et la loi. Leur acte avait permis à Ivy de se remettre en question car Lisa avait été mêlée à cette affaire. Cela entrainait la culpabilité chez son aînée. Désormais, il fallait composer avec tous ces paramètres.

Présentement, les pensées de la jeune femme allaient dans tous les sens sans trouver une réelle direction. Un bruit de sonnette. Ron se mettait à courir près de la porte d'entrée de l'appartement. Ce chat adorait June Myers, la brunette se situait derrière la porte. Il sentait déjà sa présence. Ivy ne bougeait pas encore. Deuxième coup de sonnette. Là, elle comprenait. Quelqu'un était présent pour la voir. Pas l'infirmière, pas sa mère... qui ? La police ? Pour poser encore et encore des questions ? Impossible, un rendez-vous était programmé pour demain, six jours après les faits. Un démarcheur ? Possible. Un kidnappeur ? Non, ces gens ne sonnaient pas aux portes ! Troisième sonnette. Ivy se levait instinctivement, ses idées redevenaient claires. Elle savait. La journaliste comprenait finalement que sa meilleure amie était là. Elle, qui lui manquait tant. Mince... elle l'avait fait attendre. Culpabilité. Que faire ? Que dire ?

Ivy se pressait d'ouvrir la porte, en jetant un œil au juda. Bingo ! June Myers se trouvait bien dans le couloir. Ni une, ni deux, elle ouvrait la porte qui était fermée à double tour pour laisser entrer June puis pour refermer la porte à double tour de suite. Le chat miaulait et Ivy sautait dans les bras de sa meilleure amie. Des larmes coulaient. Un regard avait servi à apporter ce résultat. Ivy s'en voulait de ne pas donner de nouvelles mais aussi elle demeurait triste par rapport à son vécu récent. Elle cherchait une forme de réconfort. Avec June, c'était immédiat. Ivy se reprenait en séchant ses larmes et en se reculant d'un pas.

Coucou June, tu vas bien ? Désolé pour cet accueil ! Je t'aime, tu m'as trop manqué ! Je te sers quelque chose ? Elle portait Ron. Le chat ? Elle lui donnait dans ses bras, Ron était très heureux, il ronronnait déjà. Un café ? Un thé ? J'ai même des viennoiseries apportées par ma mère ce matin. Installe-toi. La journaliste s'activait un peu, cela faisait du bien de recevoir, surtout de recevoir June. Celle-ci était chez elle et elle le savait.

Les deux meilleures amies se retrouvaient après quasiment une semaine sans se parler. Sans se voir également ? Faux. June Myers avaient rendu visite à Ivy Lov sur le site de l'hôpital. Lors de cette visite, la journaliste était trop fatiguée pour ouvrir les yeux. En effet, les médicaments faisaient leurs effets. Alors, c'était comme si elles ne s'étaient pas vues. Le manque restait très présent des deux côtés. D'ailleurs, les retrouvailles s'entouraient d'énormément d'émotions. Les amies pleuraient : la joie de se retrouver, la tristesse des derniers événements, la culpabilité évidente. De nombreux paramètres se mélangeaient. June se montrait présente pour sa sœur de cœur. Elle se déplaçait, dans son temps libre, afin de prendre des nouvelles de la journaliste qui venait de vivre un drame. Cette dernière restait traumatisée. Sa façon de refermer la porte d'entrée le prouvait. La jeune femme demeurait marquée à vie. Il s'agissait d'une vérité extrême. Le leader du groupe de kidnappeur avait aisément laissé des traces sur la peau de Ivy. La blondinette mettrait un temps assez important pour guérir. Moralement et physiquement. A chaque secondes, des images et des paroles, venaient l'agresser. Présentement, Ivy accueillait son interlocutrice. Elle lui proposait de se mettre à l'aise et de boire, voire manger un petit quelque chose. Lov séchait ses larmes. Elle tentait de reprendre un peu de contenance. Elle prenait tellement l'habitude de s'effacer, qu'exister devenait une tâche complexe. En tout cas, la présence de June lui faisait tellement de bien : son rayon de soleil était là.

Ne sois pas désolée, tu n'y peux rien. Ivy souriait légèrement. Elle savait qu'elle devrait développer certains éléments. Avec June, elle partageait tout. En compagnie de sa mère, elle n'y arrivait pas du tout. Celle-ci était désemparée. Quand elle apportait des petites courses, elle craignait toujours le pire. Le dialogue était simple et partiel. Une tension se lisait à cause d'une forme de tristesse qui prenait toujours le dessus. Les mots ne venaient pas, contrairement aux côtés de sa meilleure amie. Merci d'être là, c'est énorme pour moi. Ron ne lâchait pas les filles. Ce chat possédait une réelle présence. Myers le considérait beaucoup. Elle était adorable avec cet animal. Ivy souriait plus franchement en observant les gestes de la brune envers Ron. Ces attentions donnaient du baume au cœur. Ivy reprenait. Morts... non, emprisonnés, certainement en attendant un procès. Demain, je dois aller au commissariat pour encore donner des éléments sur ce qui s'est passé. Je ne sais pas si je vais y arriver. Bref, je suis si contente de te voir, merci June. Tu m'as manqué aussi, désolé pour le manque de nouvelles... c'est pas facile tu sais... . Elle changeait de sujet. Volontairement ? Oui. Alors avec Sam, ça se passe mieux ? Ivy laissait June gérait les choses. Elle semblait si ravie d'agir ainsi. Tu peux. Un thé comme toi alors, tu es la meilleure ! Je te sers une viennoiserie pendant ce temps. Myers se situait chez elle. Tous les accès lui étaient autorisés. Ces derniers jours ont été si... compliqués. Respiration forte. J'ai pensé à toi... j'ai même cru qu'on ne se verrait plus jamais, j'en ai eu peur. Tu es ma sœur... ma famille. Alors, je ne pourrai pas partir sans te dire au revoir, tu es tellement indispensable à ma vie. Déclaration d'amitié et d'amour bienvenue. L'instant se voulait sincère et authentique.

June Myers était adorable. Elle possédait cette habitude de porter tout le poids du monde sur ses épaules. Quand il s'agissait de sa meilleure amie, elle vivait les choses avec elle. Les filles restaient très fusionnelles. Les amies d'enfance partageaient tout. L'empathie demeurait leur force. Il s'agissait de sœurs de cœur. L'inverse existait également : Ivy Lov subissait le même procédé. Tout ce qui entourait June la touchait totalement. Forcément, elle comprenait les paroles de la brunette. Par contre, elle rencontrait moins de soucis à se faire quant à la profession de Myers. Cette dernière ne risquait pas grand chose. En se plaçant de l'autre côté, elle saisissait les inquiétudes de l'écrivaine. Désormais, elle réfléchirait plus avant d'agir. Sa curiosité la poussait à des extrêmes. La jeune femme venait de connaître les conséquences de ses actes. De plus, Lisa, sa petite-soeur, avait été sélectionnée dans l'équation alors qu'elle était innocente. Cela, Ivy ne se le pardonnerait jamais. Elle aimait tellement sa frangine. Il était question de balayer les trahisons du passé et de redémarrer de zéro. Avec ces éléments, cette entreprise ne semblait pas totalement gagnée. La culpabilité l'emportait. June la côtoyait aussi. La brune ne pouvait rien y faire. Elle était responsable de rien du tout. Elle ne devait pas s'en vouloir. Ivy tentait de lui le faire comprendre ?

Merci June, je serai toujours là pour toi aussi. Tu n'as pas à culpabiliser. Tu es coupable de rien. J'ai mérité ce qui m'est arrivé... . J'ai été trop loin, je me suis brûlée les ailes. C'est plutôt moi qui culpabilise de te créer tant d'inquiétudes. Je te remercie d'être venue à l'hôpital, on me l'a dit après car je n'ai rien capté. Tu es là pour le moment, c'est déjà énorme !

June possédait sa propre vie. La journaliste ne pouvait pas la solliciter pour toujours. Sa présence lui procurait un bien fou. Myers représentait la meilleure amie idéale. Ivy reconnaissait avoir une chance monstre. June détendait l'atmosphère en discutant avec le chat Ron. Elle se mettait en avant par rapport à lui. Elle avait bien raison. Lov avançait un sourire. Ron n'avait pas le choix. Il comptait mais moins que June. Celle-ci le savait. Cela prêtait à rire. Les sujets sérieux revenaient sur le tapis. Ivy était convoquée au commissariat le lendemain pour faire un point cinq jours après le sauvetage. Il fallait encore décrire la situation. C'était trop ! La journaliste ne se sentait absolument pas capable de bouger et de développer de nouveau son traumatisme. June proposait son soutien et des solutions. Elle était exceptionnelle ! Le savait-elle ? Ivy l'observait avec admiration.

Tu pourras les appeler pour moi et dire que je ne suis pas capable de venir ? Tu ne m'en veux pas ? Merci de me le proposer. Je n'y arriverai pas. Les filles allaient prendre le goûter. La journaliste avait hâte de boire un thé. Reproduisant les éléments de son enlèvement, sa situation à ce moment de sa vie, elle oubliait quelques éléments importants pour sa survie. Présentement, Myers n'hésitait pas à parler de Sam, poussée par Ivy. Cette dernière voulait en savoir plus sur les avancées du couple. Le partenaire de la jeune femme avait avoué son addiction à l'alcool. Libéré, le couple vivait mieux et communiquait plus simplement. Ils étaient forts et soudés. Sam s'était montré très courageux. Seulement, tout était faux. Les amies n'en avaient pas connaissance, pas encore... .Je suis ravie pour vous deux. Tu as raison d'y aller prudemment. C'était tendu il y a peu, il risque de rapidement se brusquer si des exigences apparaissent. Tu le vis comment toi ? Cette nouvelle révélation ? Son addiction ? Ivy souhaitait s'assurer de la bonne santé de sa meilleure amie. June avait donné des éléments mais pas assez pour la journaliste. Tout l'intéressait. Je suis fière de vous. Encore bravo ! Tu as été forte ma meilleure amie. Le goûter était prêt. Ivy s'installait comme proposé à l'instant, tout en portant une main sur son ventre : sa blessure ne cicatrisait pas et certaines positions ne paraissaient pas si confortables que cela. Lov avait la tâche la plus facile de poser les viennoiseries sur la table. June gérait le thé. Il y avait plus de manipulations. Bon goûter, merci ! Règale-toi bien. Le temps s'arrêtait. L'instant était doux et agréable. Le sujet de l'enlèvement retombait sur la table. Je vais essayer de te parler.  

June Myers était totalement dévouée en amitié. Elle représentait une valeur sûre. On pouvait largement compter sur elle. Or, il n’était pas question d’en profiter ou d’user de sa bonté. June ne qualifiait pas une personne naïve. Elle repérait facilement ceux qui n’en valaient pas la peine. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. June et Ivy affichaient un magnifique lien depuis de nombreuses années. Il perdurait malgré les aléas du temps. Elles tenaient l’une à l’autre et elles étaient très fusionnelles. Le nouvel incident dans la vie d’Ivy touchait fortement June. Cette dernière se montrait compatissante et surtout présente. Elle culpabilisait énormément alors que la situation ne se résumait pas de son fait. La brunette ne pouvait absolument rien y faire.
 
Ne dis pas cela. Tu es là, c’est le principal. Tu as tenté de me prévenir et je ne t’ai pas écouté, c’est de ma faute. Tu ne peux rien y faire et regarde… tu es chez moi là : c’est déjà beaucoup !

Lov restait émue par la réaction de sa meilleure amie qui possédait les larmes aux yeux. Elle souhaitait la prendre dans ses bras mais pas le temps, la conversation reprenait de plus belle. Lov écoutait attentivement son interlocutrice. Cette dernière tentait de remettre les choses dans leur contexte. Selon elle, il s'agissait de la faute de personne et rien ne prédestinait la journaliste à ce dangereux destin. Cela n'était pas écrit et Ivy ne méritait pas cela. La jeune femme pouvait avancer une réelle forme d'indiscrétion dans ses faits et gestes au travail. Or, cela ne voulait pas dire que forcément son vécu actuel allait arriver un jour.

Merci June. Je sais que je ferai plus attention à l'avenir. Cette expérience m'a servi de leçon. Elle baissait les yeux. Myers citait Lisa. De suite, Ivy se sentait plus que concernée. Je crois qu'elle va bien. Je n'ai pas pris de nouvelles mais maman me dit qu'elle ne parle pas de cela et que ça a l'air d'aller. Nous étions proches quand c'est arrivé... . Je lui dois beaucoup car elle m'a sauvé la vie. Je pense qu'elle a compris que je l'aime c'est le principal. J'irai la voir quand ça ira mieux.

June avait raison. Ivy avait beaucoup pris sur elle pour éviter que sa frangine subisse des tortures. La journaliste avait usé d'un courage et d'une force lors des moments les plus chaotiques. Elle culpabilisait tellement. Elle éprouvait une grande reconnaissance envers sa petite-soeur. Lors de l'enlèvement, elle voulait éviter les dangers pour Lisa, la protéger. Cette dernière en faisait tellement en se livrant aurpès des malfaiteurs... . Lisa aussi avait fait preuve d'un courage monstre. Ivy était fière de sa sœur. Elle la savait déjà ainsi mais la démonstration le prouvait encore plus : Lisa possédait tous les traits de caractère de leur père. Ivy espérait que leur relation allait s'améliorer avec le temps. Présentement, June entrait plus dans les détails. Ivy devrait se livrer.

Oui les médicaments. J'ai passé deux jours dans cet entrepôt. Alors... il valait mieux dormir un peu après tout cela. Un petit sourire apparaissait. Merci pour tes gâteaux. Je n'ai pas pu les goûter car ils ne voulaient pas mais ils sont dans mon placard. Merci. June faisait tout pour Ivy. Elle était adorable, une amie en or ! Merci, j'veux pas y aller. Ils veulent faire le point quelques jours après. Tu les connais... . C'est utile pour eux alors qu'ils ont les coupables, ils se sont rendus . La suite était plus réjouissante. Je te comprends. Avoir un chéri qui cache des choses c'est un élément mais comprendre qu'il a une addiction donc obtenir la vérité, c'est un autre élément encore plus perturbant. Il a tout avec toi mais ses démons du passé l'empêche d'avancer. Il a de la chance de t'avoir à ses côtés, comme moi. Il y a des structures pour accueillir les gens qui boivent pour les aider et les accompagner. Tu ne peux pas tout résoudre seule et je le rappelle tu n'es coupable de rien, d'accord ? Sam a choisi ce chemin tout seul. On va le soutenir. Sam représentait un ami. Ivy croyait en ce qu'elle disait. Elle désirait aider Sam et June aussi. Le compagnon subissait aussi la situation, il ne fallait pas croire que tout était facile. Sam dissimulait bien son jeu. Les filles ne l'avaient jamais aperçu saoule. Oui de la musique ! Après un film si tu veux. Merci June, je veux être qu'avec toi. Bon goûter, tu as raison c'est sympa. Avec toi surtout. La suite la faisait tiquait mais il fallait bien y passer. Oui, viens. Elle se relevait difficilement en tenant toujours son ventre. Elle prenait la main de June. Je te prends deux minutes de ton temps après on retourne au goûter. Elle l'emmenait dans la chambre plongée dans le noir. Y'a pas d'obstacle, aie confiance et suis-moi. Elle l'invitait à monter dans le lit et se plonger sous les couvertures. Elle attendait quelques secondes avant de dire : Voilà c'était ça... . J'ai vécu comme ça. L'émotion manquait. La situation devenait familière, la partager faisait du bien.

June Myers culpabilisait beaucoup pour ce qui arrivait à sa sœur de cœur. Ivy Lov avait été enlevée, séquestrée et torturée pendant deux jours. Si les collègues de Lisa n’étaient pas arrivés à temps, les frangines seraient mortes à l’instant T. Cela représentait une certitude. June pensait aux choses qu’elle aurait pu faire ou dire en plus afin d’éviter ce drame. Elle n’y pouvait rien et elle n’était responsable de rien. Personne n’allait refaire le monde. Ivy avait suivi ses propres envies et elle écoutait rarement autrui quant aux différents avertissements donnés. La faute revenait à la journaliste elle-même qui devait assumer ses bêtises et tenter de ne pas reproduire ses erreurs. Présentement, la présence de June faisait beaucoup de bien à celle qui venait de connaître un épisode difficile. Alors, Ivy arborait un petit sourire, timide certes mais présent. Myers essayait de détendre l’atmosphère. Elle agissait bien. Or, le fond revenait : l’écrivaine était triste et désolée pour sa meilleure amie. Compatissante et adorable comme elle l’était, elle relativisait les choses tout en détournant les éléments. Elle précisait que ce n’était pas de la faute d’Ivy car elle effectuait purement et simplement son travail. Lov gardait le sourire, ces compliments la touchaient tellement. June resterait autant qu’il le fallait. Ce geste prouvait encore toute la fidélité et l’amitié de la jeune femme envers la journaliste.

Merci June, j’ai beaucoup de chance de t’avoir. Les filles évoquaient le sauvetage de Lisa. Ivy restait très reconnaissante et admirative. Sa petite-sœur avait réalisé clairement un exploit. Elle s’était mise en danger, sans réfléchir, afin d’aider celle qu’elle détestait tant. Les liens demeuraient gravés et la famille qualifiait la famille : impossible d’en changer. Lisa avait réagi avec son instinct de policière mais également de sœur. Elle était exemplaire ! Oui, elle me manque. Lisa m’a épaté. Elle n’a peur de rien, on dirait notre père. Je ne la remercierais jamais assez. Si je suis ici, c’est grâce à elle. Même à l’hôpital, elle m’a accompagné, jusqu’au bout et j’ai même eu le droit à un câlin : tu réalises ? Tout n’est pas réparé mais on avance. Je suis contente. Le contexte était volontairement placé sur le côté… finalement, il revenait au grand galop. Que faire ? Tout dire ? Rester sur la réserve ? Il ne fallait pas effrayer June, ni l’écœurer. Ivy se sentait-elle capable de raconter cet épisode ? A sa meilleure amie, certainement. Ces deux âmes fusionnelles partageaient tout tout tout. Je donne peut-être trop de détails. Faim ou soif, tu oublies vite… même le confort. Ce qui compte, c’est la famille dont toi donc tu luttes pour ne pas partir. Vous êtes mes moteurs. J’ai tenu en pensant à vous. Ivy essayait de ne pas se replonger, face à son amie, dans la situation traumatisante. Myers posait d’autres questions. Non ça va, rien de grave : juste une plus importante au niveau du ventre. Elle fait un peu mal. Merci pour tes gâteaux. Si tu en veux, sers-toi. Tu es chez toi. Ron venait encore le souligner. Ce chat adorait tant Myers. Merci de me soutenir.

Ivy n’était pas prête à s’avancer vers l’extérieur. Aller au commissariat ? Encore moins. Elle y croiserait certainement Lisa. Or, il lui était impossible de faire la route, de sortir tout simplement. L’enlèvement avait eu lieu aux portes de son immeuble. Alors, les mauvais souvenirs prenaient le dessus sur tout, notamment la peur. Elle préférait un appel. Cela lui permettrait de répondre de chez elle : lieu où elle se sentait bien pour le moment. Lov se cachait dans sa bulle. De coutume, elle sortait énormément pour le travail, même pour quelques sorties avec ses amis ou pour rendre visite à sa mère. Elle côtoyait peu l’intérieur de son logement. Le traumatisme absorbait toute bonne volonté. Il faudrait du temps. Des personnes comme June l’aideraient dans le bon sens. Les amies de toujours évoquaient la situation de Sam donc forcément celle du couple. Où June se positionnait face au mal qui rongeait son partenaire ? Comment agissait ce dernier suite à la révélation ? Myers se livrait sans problème. La conversation était agréable même si le sujet ne demeurait pas si simple.

Il a de la chance de t’avoir, je me répète mais c’est vrai. Beaucoup aurait pris peur. Une maladie met du temps à guérir surtout une addiction. En tout cas, je suis contente de t’entendre dire que tu n’es pas coupable. C’est la vérité. Sam est fragile et il s’est laissé emporter par une forme de facilité qui l’aide à accepter ses problèmes. C’est dommage mais c’est comme cela. Il aura besoin de toi. Il va devoir s’accrocher. Son travail fait que commencer. Si les groupes de parole ne fonctionnent pas, il faudra trouver une autre méthode. Reconnaître son addiction c’est déjà une grande étape mais il faut avancer. Tu es d’accord ? Tu as raison d’être fière de lui et de lui dire. Il va y arriver. Si Sam n’était pas lui, c’était parce qu’il mentait à sa chérie. Il n’était pas du tout alcoolique. Il dissimulait sa vraie nature. Il semblait évoquer un autre personnage… il s’agissait d’un autre personnage ! June se trouvait à des années lumières de la vérité. Puis, June se recentrait sur sa meilleure amie. Mets ce que tu veux, je te suis. Je n’ai pas d’envie particulière, je te fais confiance. L’important c’est d’être avec toi. Ivy le pensait sincèrement. June demandait plus de partage concernant l’événement traumatisant en question. La blondinette proposait une démonstration. Cela changeait des mots. Le but était de faire preuve de clarté et de partager son quotidien actuel. La réaction de June ne tardait pas : elle n’arrêtait pas de pleurer. Ivy culpabilisait de nouveau. Quelques larmes s’installaient mais pas de vrais pleurs. Les filles se situaient dans le noir, ensemble. Oui c’était ça. C’est encore ça tu sais…. . Ivy prenait June dans ses bras. Tout était résumé par la mise en situation et ces mots... .

Retirer des éléments positifs d'une expérience dite traumatisante ? Cela demeurait possible. Les sœurs Lov s'étaient rapprochées. En effet, Lisa n'avait pas hésité à se présenter pour sauver sa frangine malgré le danger. Elle s'était montrée très héroïque et exemplaire. Quoi d'autre ? Ivy prendrait en compte les recommandations de sa meilleure amie. Elle éviterait un peu plus les dangers. Cette résolution allait-elle durer longtemps ? Impossible de le dire. June Myers soulignait le premier paramètre. Elle semblait ravie du rapprochement effectif entre les sœurs Lov. La brunette tentait également de les réconcilier, en vain. Sa discussion, autour d'un café, avec Lisa, portait peut-être aussi ses fruits. Personne ne se situait dans la tête de la policière donc tout semblait envisageable. C'est gentil, c'était presque inimaginable. Elle souriait, la comparaison avec son père lui faisait toujours plaisir et surtout entendre parler de lui. Avec ce qui s'était passé, elle n'irait pas pendant un long moment, rendre visite à la tombe de son père. Merci. J'espère la revoir c'est sûr et surtout entretenir ce lien plus... positif. Lisa a vraiment été exemplaire et incroyable ! Je n'oublierai pas son geste. Le sujet principal restait l'enlèvement et la séquestration. L'écrivaine posait toutes les questions qui lui paraissait importante. Ivy ne rejetait pas ses sollicitations car les meilleures amies partageaient tout. June n'hésitait pas à féliciter le courage de son interlocutrice. Tu es adorable. J'avais pas le choix, il ne fallait pas flancher et encore moins quand Lisa était là. Je ne souhaite pas penser à ta réaction dans cette situation car je ne veux même pas imaginer qu'un truc comme cela puisse t'arriver. Simplement, dans ces moments, même sans le vouloir, on se dépasse. Tu es forte June, une vraie battante. Tu peux tout atteindre, tout faire. La suite était plus délicate. Myers remarquait les blessures de sa sœur de cœur. Ivy possédait une légère comotion cérébrale à cause d'un coup sur la tête d'où un pansement apparent, une plaie profonde sur l'un des bras et une sacrée décoration sur le ventre. Cette dernière lui faisait mal car elle était mal placée. Il valait mieux rester en position allongée ou debout. Assise, Ivy sentait les points de suture sauter au moment de se relever donc parfois, le sang se remettait à couler. La blessure tirait sans arrêt. Impossible de mouiller le pansement car il pouvait se décoller mais Lov n'en faisait qu'à sa tête. L'infirmière trouverait une autre solution. Ivy garderait des cicatrices physiques et morales. Tu es trop chou, l'infirmière passe tous les jours. La première fois, j'ai failli ne pas ouvrir. Elle est sympa. J'ai... j'ai... le leader du groupe a fait un « joli » dessin sur mon ventre avec un scalpel tout en s'appliquant afin de marquer le corps et les esprits, pour le citer. J'vais pas te cacher que c'est la pire des blessures.... j'vais encore conserver une trace à vie. Ivy partageait les détails. Parler lui faisait du bien. Or, elle se remettrait difficilement de cet épisode marquant de son existence. Ensuite, Ivy amenait sa meilleure amie, par la main, dans son univers : sombre, triste, mort. Les filles se trouvaient dans le noir, sous la couette de la journaliste. Ivy démontrait son quotidien pendant deux jours et... actuel car elle ne s'en défaisait pas. Elle se sentait bien dans ce contexte. Elle était à moitié vivante, à moitié morte. Elle souhaitait rester seule dans cet arrêt sur la vie. Cet état ne lui ressemblait pas. L'expérience subie amenait quelques déréglements. June comprenait ce qui se jouait : son amie ne guérissait pas du tout. Alors, elle se reprenait pour conseiller et soutenir son interlocutrice. Celle-ci se confiait grandement. Je sais mais je suis bien ici. Pour le moment, c'est mon refuge. Merci de le partager avec moi. Tu veux retourner dans la cuisine ? Tu me raconteras tes nouveautés. J'ai certainement loupé des éléments avec... avec tout cela. Je t'aime ma sœur et je veux que tu saches que je ne changerai pas avec toi. Je ferai toujours tout pour toi et j'suis désolée si je ne suis pas la même... mes réactions ne modifient en rien notre réalité à nous : tu comprends ? Ivy voulait rassurer June. Elle lui reprenait la main, une fois sortie du lit.

June Myers avait totalement raison. Cet épisode traumatisant rapprochait les sœurs Lov qui étaient en froid depuis de nombreuses années. Pour sûr, cela aurait pu se dérouler autrement. Personne ne méritait ce qu'avait vécu Lisa et Ivy. Cette dernière se sentait coupable. La journaliste avait tellement mal agi et elle payait les conséquences de ses actes. Elle les assumait grandement. Or, était-ce normal de vivre un tel calvaire ? Pas forcément. Les filles avaient connu la compagnie de deux couples complétement cinglés qui prenaient des décisions très dangeureuses et qui inventaient des scénarios à faire peur en portant notamment des masques d'animaux pour ne pas être vus. Bref. Ivy en garderait un très mauvais souvenir. June imaginait donc un avenir plus radieux grâce à ce rapprochement entre Lisa et Ivy. Cela restait plaisant à entendre et imaginer. Lisa manquait beaucoup à Ivy qui se coupait un peu trop du monde extérieur et qui prenait des nouvelles grâce à leur mère. Myers évoquait les efforts de la policière. L'écrivaine était fière de la jeune femme. Celle-ci s'était mise en danger pour sauver la meilleure amie de June. Alors, elle la remercierait. Un autre rapprochement ? Certainement. Cette perspective rassurait Ivy. La suite la touchait énormément car son père ne demeurait pas oublié mais cité et mis en avant. La famille représentait le meilleur pillier ! June faisait partie de la famille Lov depuis tant d'années ! Ivy conservait un sourire. Elle n'oublierait pas les paroles de son interlocutrice. June poursuivait ses compliments. Cela donnait chaud au cœur.

Merci ma chérie. J'ai eu cet instinct sûrement mais tu l'as aussi. Regarde... tu vis des choses pas évidentes ces derniers temps et... et tu fonces, tu te donnes à fond. Ce n'est pas donné à tous ! Moi aussi je suis très fière de toi. Merci d'être là. Tu es la meilleure. Myers s'engageait pleinement. Qui possédait autant de chance d'avoir une June dans sa vie ? Personne. Ivy mesurait cette donnée. Le surnom donné par June à Ivy était si mignon. Comment se sentir mal à côté de ce bon climat ? Tu es trop chou, je sais bien mais je ne veux rien t'imposer. Alice est gentille, je m'y habitue. June félicitait chaque pas de son amie et elle se montrait très impliquée et blessée. Ivy confiait quelques détails moins glorieux. Sa blessure au ventre qualifiait le pire moment de son existence. Elle ne pouvait pas l'ignorer. Il était marqué sur elle. June proposait une solution pour le visualiser autrement. Ivy y croyait vaguement. Avec ça, ils ont gagné. Ta proposition est adorable... mais ça représente la honte pour moi. Je ne le vois pas encore de cette manière. Je déteste cette blessure. Convaincue, son ton était plus fort. Si elle en rencontrait le loisir, elle changerait de peau. Les confidences allaient bon train. La démonstration de Ivy sur son quotidien actuel parlait plus que les mots. June se projetait dans la tête de sa meilleure amie. Elle côtoyait ses nouvelles habitudes. Toujours rassurante et de bons conseils, elle tentait d'ouvrir les yeux de la journaliste. Comme pour la plaie sur son ventre, ce sujet restait compliqué. Pour le moment, je suis bien là. Ça viendra... j'en suis sûre, merci pour tes conseils et surtout pour ton aide. Les filles repartaient dans le salon pour goûter et voir le film. Ivy s'était bien livrée. June faisait de même en comparant cet épisode avec celui de la perte de son père. Ivy pouvait que la comprendre. Elle avait vécu la même chose. Merci de me comprendre et de ne pas me juger. C'est pas évident en ce moment. J'ai de la chance de t'avoir.... . Leur moment suivait son cours. Ivy ne touchait pas à son goûter mais elle passait du bon temps avec son amie à se relâcher et rire devant un film. Quelle belle parenthèse !

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Une dizaine de jours après la venue de June Myers, les filles faisaient leurs premiers pas dehors, ensemble. June sortait mais pas sa meilleure amie qui se remettait doucement mais sûrement d'un épisode traumatisant de sa vie : un enlèvement, une séquestration, de la torture. Ivy avait perdu environ trois kilos mais elle remangeait presque normalement ses repas. Elle ne s'enfermait plus du tout dans le noir. Elle cauchemardait toujours et possédait toujours des flashs de ces deux jours passés avec des fous. Elle se soignait en respectant mieux les consignes afin de guérir plus vite, Alice trouvait des solutions pour l'aider. Ce jour, il était temps de prendre l'air après environ quinze jours coincée dans un énorme cauchemar. Près de l'entrée de son immeuble, Ivy tenait la main de June. Elle fermait un peu les yeux. Des larmes coulaient lentement. Elle prenait une grande inspiration pour souffler er assumer le fait d'observer l'extérieur. La journaliste avançait d'un pas franc, sans jeter un coup d'oeil en arrière. Une voisine, vieille et curieuse, se permettait une remarque au passage sur cette réapparition. Ivy l'ignorait totalement.

Alors, on va où ? J'ai du temps à tuer. Ivy riait. Montre-moi le dehors, qu'est-ce qui a changé en bien ou en mal ?