L’air marin pouvait te faire du bien. Tu avais eu envie de sortir un peu en ce jour de repos, le temps de digérer un peu les derniers événements. Ta vie était un foutoir étrange, sans nom, mais qui te plaisait mine de rien. Peut-être que l’âge aussi te permettait d’y voir un peu plus clair. Tu t’arrêtes un peu, observant les bateaux présent, les âmes qui s’activent et tu réfléchis à tout ça. Il s’était passé quoi encore ? Oh, un peu de silence dans les rangs, la disparition de la tête de file et le devoir de ralentir ta consommation de sucre.

Tu allais tranquillement vers tes quarante ans et si c’était pas un possible diabète qui allait te tuer, tu sais que c’est le stress dans ton travail. Ou un membre de la CIA, qui sait. M’enfin. Tu soupires doucement et secoues la tête en reprenant ta route. Tu salues un peu les travailleurs et décides de tourner dans une ruelle un peu sombre. Tu n’as pas peur de tomber sur des gens qui pourraient avoir la mauvaise idée de tomber sur toi. Tu le sais… Ton instinct bute pourtant un instant. Il y a bien quelqu’un… Mais ce n’est pas un hurlement du type à te stopper pour prendre ton argent.

Non.

Tu te figes et t’approches un peu. C’est quoi ? Des râles ? Des pleurs ? Tu t’accroupis et fronces les sourcils.

- Il y a quelqu’un ?

Que tu oses, que tu tentes. Tu réussis enfin à voir qu’il ne s’agit ni plus ni moins qu’un ado. Ou un jeune adulte. Tu fronces les sourcils.

- Hey ? Tout va bien ? Tu as besoin d’aide ?

Tu essayes de t’approcher un peu plus, mais tu vois bien à ses yeux que quelque chose cloche chez ce gamin. Pourquoi tu te mets toujours dans des situations de merde déjà ?

Il ne sait pas trop ce qu'il lui a pris. Après que Jarod soit venu lui parler, la discussion qu'il avait eu avec sa mère a été pour lui la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. C'est là qu'il a décidé de partir, de s'éloigner d'elle. Pas nécessairement pour la faire souffrir, pas du tout même, mais pour la protéger du gouffre dans lequel il est déjà en train de tomber.

Mais il n'avait pas vraiment prévu le fait de se retrouver dans une ruelle, près du port. Replier sur lui-même il est dans un sale état, en manque et ayant faim. Entendant des pas puis une voix près de lui, il sursaute et se replit encore un peu plus. Avant de finalement lever les yeux vers l'homme qui est en face de lui.

- Je…

Il peine à parler, ne sachant pas trop s'il doit dire la vérité ou pas. C'est qu'il pourrait tomber sur un psychopathe, mais dans le même temps, il a besoin de manger, de dormir et puis s'il doit mourir c'est que la vie l'a décidé ainsi.

- J'ai faim… et froid

Alexander se gratte un peu le dos de la main et l'avant-bras. Se redressant comme il peut, le jeune homme prend son sac, le serrant dans ses bras pour se donner un minimum de contenance.

- Mais j'ai plus d'argent…

Réalisant qu'il se retrouve à être en train de mendier, il décide de se lever, bien que cela soit on ne peut plus compliqué pour lui vu son état.

- Désolé, je… je vous embête pas plus je… vais y aller…

N'attendant pas réellement de réponse il garde son sac contre lui et commence à longer le mur pour se diriger vers la sortie de la ruelle, sans même savoir jusqu'où il pourra tenir comme ça.