« - Stalker ? » demandais-je pas certain d’avoir compris de quoi elle parlait, du moins pas dans l’immédiat. Mais tout n’étant qu’une question de logique et après ce que je venais de dire, cet anglissime devint tout d’un coup plus clair à mes yeux. « - Je ne t’espionnes pas si c’est ce que tu veux dire. J’ai juste conservé pas mal d’anecdotes dans un coin de ma tête. » Oui, de celles qui pourraient aisément me permettre de dire que, j’te connais comme personne. Je préférais toutefois éviter de faire entendre cette information, conscient du fait qu’elle pourrait mal le prendre. Autant qu’elle avait mal pris le simple fait que j’ose naïvement faire entendre son prénom. Elle se protégeait encore, car elle était ainsi faite. S’endurcir était sa seule alternative pour survivre à la mort de sa mère. Et après toutes ces années, elle avait érigé autour d’elle des murs infranchissables pour le commun des mortels. Et une fois encore, j’avais franchi la limite. Mais cette fois, plus que d’habitude, je m’en voulais d’avoir outrepassé les choses mettant ainsi en périple un semblant d’équilibre que je savais instable de toute façon.

Je ne voulais pas la voir partir, pas maintenant, pas comme ça. Et j’étais prêt à bien des choses pour la convaincre de rester, ne serait-ce que quelques minutes supplémentaires. Tout d’un coup, cela était presque devenu vital, je crois. Je ne suis sûr de rien, car je peine encore à définir les choses et à comprendre les expressions usuelles. Mais j’étais sûr d’une chose, je peinais de plus en plus à me défaire de sa présence, de son contact. Et même si elle ne refrénait pas son hostilité, moi, j’étais tout bonnement incapable de ne pas lui sourire comme lorsque nous étions enfants.

« - Bien sûr qu’ils sont bons sinon je n’aurai pas pris le risque de t’en proposer. » Mon sourire s’agrandit avant de lâcher ses mains à contre cœur pour ensuite regagner la cuisine tandis qu’elle prenait place sur l’un des tabourets à disposition. J’achevais sans attendre la préparation de la pâte à pancake tout en lançant la cafetière. « - Café noir sans sucre ? » demandais-je quasi-certain de ne point me tromper tout en sortant deux mugs que je disposais sur le plan de travail avant d’allumer la plaque à induction pour y déposer une poêle que je devais laisser chauffer.

« - Le plus important, c’est l’équilibre avec le sucre et j’ai une petite botte secrète. » Sans attendre, je sors un petit pot de miel contenant des morceaux de noix et de l’écorce de citron. Munis d’une cuillère à café, je glisse une noisette de ce miel artisanal à l’intérieur de la préparation histoire de lui donner ce petit quelques trucs en bouche. « - J’ai regardé quelques tutos sur internet. Cuisiner, ce n’est pas si compliqué, plus encore la pâtisserie. Après tout ce n’est que de la chimie. »

Les incompréhensions de Jarod sur les mots simples et usuels du quotidien n’en finissaient jamais de m’étonner. Sa justification aussi. Parfois j’en oubliais qu’avec son intelligence hors norme, il avait la mémoire qui allait avec. Je me contentai de hocher la tête.

J’avais finalement accepté de rester, faisant fi des propos que venait d’énoncer mon hôte. Je devais vraiment me calmer et je me dis finalement qu’une petite pause ne me ferait pas de mal. Même une grande pause, même carrément des vacances. A la vérité, ce dont j’avais besoin c’était de changer de boulot, de pouvoir démissionner en paix. Ne plus rien avoir à faire avec le Centre. Mais plus les mois passaient et plus j’avais l’impression que cette idée ne resterait qu’un doux rêve idyllique et que j’allais finir mes jours là-bas, à cautionner leurs trucs tordus.

J’avais donc accepté de rester pour goûter les pancakes de Jarod. C’était rare qu’on m’en fasse, la dernière personne, hormis dans des restaurants, à m’en avoir fait, c’était ma mère. Ce souvenir me rendit nostalgique quelques secondes avant que le caméléon ne réponde quant au goût de sa création culinaire. Je hochai alors la tête.

- Je vois, en effet tu sembles maîtriser le sujet.

Installée sur mon tabouret, j’observais sagement l’artiste à l’oeuvre. C’était agréable finalement que quelqu’un cuisine pour moi. Puis, Jarod rompit le silence pour me proposer du café. J’esquissai un sourire, le café avait, depuis longtemps, élu domicile au rang d’habitude réconfortante.

- Avec plaisir.

Je m’étonnai qu’il sache exactement comment je buvais mon café mais après tout ce n’était pas bien original. Je n’aimais pas sucre et encore moins le lait. Je le regardai sortir deux mugs, puis reprendre sa préparation culinaire. Là, il me livra un petit secret.

- ça alors, j’y aurais jamais pensé !

J’eus un léger rire quand il déclara que la pâtisserie n’était ni plus ni moins que de la chimie.

- OK, je comprends mieux pourquoi je suis pas fichue de faire des cookies. J’ai jamais été si bonne en chimie.

Et puis je n’avais pas le temps, en partie à cause de ce charmant monsieur en face de moi. Maintenant, j’avais vraiment hâte de goûter à ces pancakes. En attendant, je me saisis de la tasse de café qu’il venait de servir, en humant l’arôme avant d’en boire une gorgée. Ça faisait du bien.

- J’avoue que je suis impatiente d’y goûter maintenant.

Elle ne parlait pas beaucoup et d’aussi loin que je m’en souvienne, Mademoiselle Parker n’avait jamais été une adepte des grands monologues. Preuve, une fois encore, que certaines choses n’avaient pas changé. Cela me rassurait en un sens et puis peut-être qu’à force de passer « un peu » de temps ensemble, nous retrouverons quelques-uns de nos automatismes d’autrefois dans un contexte différent toutefois. Moi, comme toujours, j’avais cette propension à parler trop, plus qu’à l’ordinaire qui plus est. Je ne voulais pas laisser au silence une place de choix dans notre échange. Un silence que j’étais à peu près sûr de supporter avec les autres, mais pas avec elle. Et j’osais espérer que le fait de se connaître aussi bien, nous exempterait du silence. Peut-être me trompais-je, chose qui arrivait très souvent en la compagnie (agréable) de Mademoiselle Parker.

Par chance, elle avait accepté de rester – une petite victoire pour moi – et venait de prendre place sur l’un des tabourets à disposition. Bon sang qu’elle était belle assise ainsi, dans la lumière, les cheveux en bataille et dans cette non-maitrise dont je me savais être le spectateur privilégié. « Ne te laisse pas déconcentrer. Tu as des pancakes à faire. » Tel était mon impératif, car je voulais sûrement l’impressionner et lui montrer que je pouvais faire des choses pour elle. En somme lui faire plaisir. Je savais aussi que Catherine lui préparait quelques fois des pancakes lorsqu’elle était enfant. Une information que je préférais toutefois ne pas mettre en exergue de peur que cette femme magnifique, me file à nouveau entre les doigts. Je m’activais donc pour que nous puissions prendre un semblant de petit-déjeuner « ensemble. »

« - A force de pratique, on finit par maitriser son sujet. » lançais-je presque innocemment en achevant de préparer mon premier pancake tout en préparant du café. Car je la connaissais assez bien pour savoir à quel point elle raffolait de cette boisson que je commençais moi aussi à apprécier, surtout après une nuit de garde à la caserne. Je profitais aussi pour mettre en exergue mon savoir sur sa personne, allant jusqu’à décrire la façon dont elle prenait son café. Elle ne semblait point rechigner, je pouvais donc continuer à œuvrer derrière ma poêle, intarissable sur mon sujet, au point de livrer quelques secrets de préparation. Mais le meilleur restait à venir.

La voilà qui se mettait à rire après que je lui ai fait savoir que la pâtisserie était comme de la chimie. C’était un rire léger, mais sincère, un de ceux qui arrivent quand même à me déséquilibrer légèrement, comme tout ce qui émanait d’elle. « - J’aurai payé cher pour te voir faire des cookies. Mais je pense que bien au-delà de la chimie, tout n’est qu’une question de pratique. Car comme je te l’ai dit tout à l’heure, à force de pratiquer, on finit par maitriser son sujet. » Je l’affublais d’un clin d’œil et d’un sourire avant de reprendre la préparation de mes pancakes. D’ailleurs, la pile grossissait à vue d’œil.

« - Voilà ! » déclarais-je presque victorieux en réalisant mon dernier pancake. Je pris à mon tour un mug pour me servir en café tout en récupérant du sirop d’érable dans le placard voisin. Et me voilà enfin à prendre place. « - Te rends-tu compte que c’est la toute première fois que toi et moi, nous prenons un petit-déjeuner ensemble ? »

Je me laissais surprendre par l’habileté en cuisine de ce cher Jarod, mais à al vérité, avec les capacités qui étaient les siennes, il pouvait exceller dans n’importe quel domaine, et transformer la pratique la plus simple en chef d’oeuvre, un peu comme sa version de la pâte à pancakes. J’avais donc observé le chef à l’oeuvre tandis qu’il m’expliquait que la cuisine ou la pâtisserie s’apparentait à la chimie, et que je rétorquais ma nullité en confection de cookies, pourtant l’un des biscuits les plus élémentaires.

- Oui c’est sans doute une question de pratique, mais je n’ai que peu de temps à accorder aux cookies. Je préfère d’autres pratiques, quand j’ai du temps libre, ajoutai-je avec un regard entendu.

A mesure que nous échangions, la pile de pancakes grandissait dans l’assiette jusqu’à ce qu’il ne reste plus de pâte dans son saladier.

- On dirait que c’est prêt !

Tandis qu’il se saisissait du sirop d’érable et de sa tasse de café – moi j’avais déjà fini la mienne -, je pris deux assiettes et des fourchettes et nous voilà installés à sa table. Il souligna le fait que c’était ma première fois que nous prenions un petit déjeuner ensemble et j’esquissai un sourire ironique.

- Si ça peut te rassurer, je crois que ces dernières années je n’ai pris aucun petit déjeuner avec qui que ce soit.

De toute façon, c’était rare que j’avale autre chose qu’un café le matin, surtout en semaine. Soudain, je me pris de curiosité à connaître ses petites routines à lui. Pourquoi ? Aucune idée. Sans doute étais-je curieuse de connaître la vision de la vie d’une personne qui avait passé toute la sienne enfermée. D’ailleurs, qu’est-ce qu’on leur donnait, au Centre, en guise de petit déjeuner ? Je ne savais même pas à quoi pouvait ressembler une réelle journée-type pour un caméléon. Je n’avais vu Jarod que quelques heures par jour quand j’étais enfant alors que mes parents travaillaient. Je ne me rendais pas vraiment compte, à l’époque, de ce que vivre là-dessous représentait ou impliquait. Il avait été mon seul ami pendant longtemps. Quasiment une année je dirais.

- Tu te fais des pancakes tous les matins ? hasardai-je en prenant ma fourchette pour en mettre un dans mon assiette.

J’étais soudain impatiente d’y goûter, ils sentaient divinement bon et je sentis mon estomac se réveiller rien à n humer l’odeur. Je pris ensuite la bouteille d sirop d’érable pour en verser un peu dessus, attendant qu’il ait fait pareil, et enfin je coupai un morceau avec un coin de fourchette pour le porter à ma bouche. Je fus si surprise par le goût incomparable que j’en écarquillai les yeux en le regardant.

- La vache, c’est délicieux ! lâchai-je après avoir avalé ma bouchée.

Bon, je n'avais pas douté de la capacité de Jarod à faire des pancakes, mais sa version était tout bonnement surprenante et exquise. Ils fondaient en bouche et avaient une saveur délicate.

C’était un moment agréable, peut-être trop pour être vrai. Toujours est-il qu’elle était là, que plus aucune animosité ne mettait à mal nos échanges et que je préparais de ce fait, quelques pancake sans m’offusquer le moins du monde de la situation absurde que nous étions pourtant amenés à vivre à l’instant T. « - Il ne faut jamais dire jamais. » tentais-je en l’affublant d’un clin d’œil. « - Et, je dois reconnaître que tu maitrises plutôt bien cette fameuse pratique que tu exerces durant ton temps libre. J’en serais presque à maudire celui qui t’empêche d’avoir plus de temps libre. » fis-je entendre en arborant moi aussi un regard entendu tout en continuant à accroître ma pile à pancake qui revêtait peu à peu la forme de la tour de Pise. Par chance, le dernier pancake ne fit pas tout s’écrouler me donnant ainsi la satisfaction d’un travail bien fait. Nous pouvions dès lors offrir une petite collation à nos deux estomacs aux abois.

Parker semblait tellement à l’aise que l’espace d’un infime instant – que j’aurais voulu graver dans le marbre – j’eus l’impression d’être chez elle. Elle qui venait de se saisir de deux fourchettes et de deux assiettes, me rejoignait à présent sur la table et réagissait à ce que je venais de souligner concernant le petit-déjeuner. « - Pourquoi cela devrait-il me rassurer ? Ne me dis pas que tu fais l’impasse sur le petit-déjeuner ? » lançais-je sans animosité, au contraire, tout n’était que douceur. À mon tour, je fus surpris de la voir s’intéresser à moi et au fait que je fasse ou pas des pancake tous les matins. « - Non, je n’en fais que pour les grandes occasions. » À mon tour et sans la quitter du regard – trop curieux de connaitre sa réaction – je me saisis d’une fourchette pour attraper un pancake et le glisser dans mon assiette. « - J’ai hâte d’avoir ton avis. » Je me tus l’espace d’un instant, alors qu’elle achevait d’enrober la préparation de sirop d’érable avant d’en découper un morceau pour le porter jusqu’à ses lèvres que je rêvais de posséder encore. « - Alors ? » osais-je quasi-sûr, au vu de l’expression qu’arborait son visage, que c’était bon au point d’être délicieux.

« - On dit que la cuisine est un don. Mais je pense qu’à force de pratiquer et d’apprendre le don peut devenir un automatisme. En tout cas, je ne démérite pas le titre de roi des pancakes de la caserne. Et si en plus j’ai réussi à conquérir tes papilles, j’ai tout gagné. Je pourrais éventuellement te cuisiner d’autres trucs si tu consentais à revenir dans la zone neutre à l’occasion. »

Je n’avais pu que sourire à la remarque de Jarod. Etait-il vraiment en train de faire l’éloge de mes capacités en sport-matelas ? Quant à celui qui m’empêchait d’avoir plus de temps libre, vu qu’il s’agissait de lui… Je secouai la tête avec un sourire.
Nous voilà à présent à table, prêts à déguster des pancakes tout chauds. J’avais admiré avec quelle dextérité Jarod avait empilé ses petites créations culinaires en une tour presque parfaite. Je reconnaissais là le petit génie, mi cuistot, mi architecte.
Alors que nous nous asseyions, sa question me fit sourire une nouvelle fois. Il avait l’air choqué à propos d’une impasse éventuelle sur le petit déj, et intérieurement, cela m’amusa qu’il y ait encore des choses qu’il ne sache pas malgré sa passion pour fouiner dans les affaires des autres et tout savoir.

- Je te le dirais pas… Un café ça compte ?

Je finis donc par goûter un premier pancake après avoir versé du sirop d’érable dessus. Et le verdict fut sans appel, c’était certainement les meilleurs pancakes qu’il m’ait été donné de manger. Je fus bien obligée de le lui dire d’ailleurs. Par contre, lui lâcha une information, que j’avais déjà mais je n’avais pas encore partagée à mon équipe, en laissant filtrer le mot « caserne ». Mais n’étions-nous pas dans la zone neutre ?

- Tout s’apprend, effectivement. En tout cas, bravo, ils sont délicieux.

Je ne me fis pas prier pour en prendre un deuxième. Voilà qu’il proposait déjà que je revienne pour qu’il cuisine d’autres choses pour moi. C’était dangereux… J’hésitais tout en continuant à savourer ce petit déjeuner nocturne.

- On verra, Jarod. Je peux rien te promettre, c’est un peu spécial comme situation.

J’avais terriblement peur de m’attacher, de ne plus être capable de travailler correctement et donc de ne jamais recouvrer ma liberté. Je ne savais quelle était la bonne chose à faire, quel comportement adopter. Tout ce que je savais, c’était que j’appréciais un peu trop ces moments seuls avec Jarod, et que ce n’était pas compatible avec ma mission. Quel bordel ! Le jour commençait lentement à se lever.

- Merci pour le petit déj, dis-je en me levant.

Il fallait que je rentre chez moi, que je prenne une douche, que j’appelle une dépanneuse pour récupérer ma voiture toujours bloquée sur le lieu de la fête clandestine, puisque je rende la sienne à Weather… et éventuellement que je dorme aussi avant de retourner au Centre, ce n’était pas le moment de me mélanger les pinceaux.
Je rapportai mon assiette dans sa cuisine avant de revenir vers lui.

- Il faut que j’y aille.

Comme c'était étrange, je me sentais si bien ici, avec lui.

C’était paradoxal. Plus je passais du temps avec elle et plus je me sentais normal. C’était comme si jusqu’à présent, bien que libre, je déplorais encore et toujours l’absence d’une infime part de moi-même. Bien sûr cela était scientifiquement impossible et mon esprit rationnel n’avait de cesse de me le faire entendre pour que je ne me fourvoie pas. Pourtant c’était ce que je ressentais à présent, du moins c’était le cas avant d’avoir la chance de passer du temps avec elle. Cela n’avait aucun sens, car elle était de ceux qui avaient pour mission de me ramener au Centre. Je ne pouvais donc m’attacher, ni faire montre d’autant de faiblesse. Car étais-je vraiment sûr qu’elle ne se jouait pas de moi ? Cette simple pensée m’était désagréable, toutefois je ne pouvais me résoudre à faire l’impasse dessus. Parker travaillait pour le Centre et quoi qu’il arrive elle devait m’y ramener. Tout ça ne pouvait être une réalité, ni la perspective d’un avenir quelconque. Et quand bien même, elle était sincère, je la mettais en danger. Je préférais toutefois ne rien laisser paraître de ce sursaut de lucidité. Je voulais encore profiter un peu avant que chacun ne retourne à sa vie.

« - Un café ne fait pas office de petit déjeuner. C’est le repas le plus important de la journée. Comment peux tu me courir après sans rien dans le ventre ? » Heureusement que l’ironie ne me quittait pas et que nous avions choisi d’en rire plutôt que de se murer dans un silence de gêne. Malgré tout, je n’étais pas naïf au point d’imaginer que passé ma porte, elle ne redeviendrait pas l’imperturbable mademoiselle Parker prête à envoyer tout valdinguer pour mener à bien sa mission.

Elle se lança donc dans la dégustation de pancakes. J’étais ravi de savoir que pour une fois, elle n’allait pas se contenter d’un café en guise de petit déjeuner et plus encore ravi de constater qu’elle semblait appréciée ce qu’elle dégustait. « - Venant de toi ce sont des compliments qui me font plaisir. » Et j’étais tellement enjoué, que je m’imaginais déjà cuisiner entre chose pour elle, oubliant bien malgré moi que tout cela n’avait aucun sens. Parker semblait comme toujours mieux ancrée dans la réalité que moi. « - Je suis désolé » commençais en baissant la tête tout en fixant le plan de travail. « - Je devrais essayer d’avoir les idées claires, c’est préférable. » Et cacher cette légère déception qui survint lorsque mon invitée d’un jour me fit comprendre qu’il était temps pour elle de mettre les voiles.

« - Tu n’as pas à me remercier, c’est normal, enfin je crois. » Elle venait de se lever pour s’en aller déposer son assiette dans l’évier. Je me sentais con et incapable de plus malgré le fait que je voulais la voir rester. Mais c’était impossible et pas raisonnable au vu de notre situation.

« - Oui je crois que c’est mieux ainsi. » Je peinais à la regarder dans les yeux, autant que je peinais à me montrer convaincant. « - C’était bien… » Je me levais à mon tour pour me saisir de mon assiette et débarrasser le plan de travail sur lequel nous venions de nous accorder quelques brèves minutes de normalité par le biais de ce petit déjeuner. « - Alors vas-y, je ne te retiens pas plus longtemps. » Que pouvais-je faire de plus de toute façon ?