Victoria, sa fille de dix-huit ans, est atteinte de xeroderma pigmentosum qui lui cause de sévère lésions cutanée et oculaire à la moindre exposition aux UV, ce qui demande de lourds traitements et des photo-protections pour empêcher le moindre rayon UV d'atteindre la pea. # Depuis cinq ans il fait partie d'un club d'improvisation, ce qui -en plus des séances aux AA- l'a beaucoup aidé à ne plus consommer d'alcool : il est sobre depuis six ans et demi. # Afin de s'aider à ne plus fumer, il garde toujours sur lui une boîte de chewing-gum. # Il a un tatouage commun avec Andrew fait lors d'une soirée beuverie au cours de laquelle il s'est passé bien des choses entre les deux hommes. # Bien qu'étant officiellement divorcé il a fait le choix de continuer à vivre sous le même que son ex-femme pour que leur fille puisse les voir tous les jours sans devoir se déplacer. # Il garde toujours deux lettres dans son porte-feuille : l'une adressée à sa fille et l'autre adressée à son ex-femme. Ces lettres ne sont pas destinées à être lues par les intéressées mais elles sont pour lui s'il venait à se perdre dans son rôle de Steve Frey.

Steve Frey est né le 1er août 1978 à New-York d'une mère institutrice, Sharon, et d'un père épicier, Eugene Frey. Sa famille il l'a toujours aimée même si de nombreuses périodes l'ont vu manquer de respect à ceux qui donnaient tout pour qu'il réussisse et cela était passé par leur installation dans le quartier qui avait vu grandir sa mère : le Little Italy du Bronx. Ce n'était pas le quartier le plus huppé et ce n'était pas l'un des pires où les drogues, la violence et la misère régnaient en maîtresses, c'était un lieu où tout le monde se connaissait, s'invitait sans prise de tête, où les anciens écoutaient les matches à la radio en étant assis sur une chaise pliable à l'ombre des immeubles, où Steve pu connaître un cadre rassurant et débrouillard à la fois. Il n'était pas rare de le voir aider son père à l'épicerie pour emballer les courses des clients, d'aller transmettre des messages entre bars différents pour recevoir quelques pièces qu'il allait tout de suite dépenser en confiserie ou en jeux d'arcades devant un des meilleurs joueurs de Space Invaders de l'arcade à quelques blocs du quartier.

A mesure des années Steve est devenu moins patient et plus porté sur l'aventure que sur les études, bien que par l'opération du Saint-Esprit il arrivait toujours à retomber sur ses pieds et s'en tirait toujours avec la moyenne. En cela, son père se montrait régulièrement excédé par le comportement de son fils qui "gâchait son potentiel" et cela ne s'arrangea à son entrée au lycée : il trouva LE camarade parfait, le complice de méfaits, son meilleur ami en la personne d'Andrew Washington. Durant toute leur scolarité ils ont été inséparables, commettant de nombreuses bêtises, blagues de mauvais et allant même jusqu'à enfreindre quelques lois. Même si ce n'était pas le mieux pour son futur, Steve appréciait ces moments passés avec son ami et pour rien au monde il n'aurait voulu changer cela. Désireux cependant de faire honneur à ses parents il tâcha de donner son meilleur à chaque examen afin de pouvoir entrer à l'université et cela paya lorsqu'il fut accepté à l'université publique de New-York où il décida d'entrer dans la filière juridique. Il avait pu en voir des policiers dans sa vie, en avoir fuit quelques uns après des tags et autres actions peu recommandables, il avait envie de protéger les autres et de montrer que la loi il pouvait l'appliquer et la faire respecter et cela passait d'abord par l'école de droit.

Ce fut l'année de ses vingt ans qu'il rencontra celle qui deviendrait sa femme et cela lui donna une motivation supplémentaire pour réussir, s'attelant à travailler ardemment. Il obtint son Bachelor's degree parmi les meilleurs élèves de sa promotion, une première pour lui, et il s'inscrivit sans tarder à l'école de police. De longs et intenses mois de formation le virent devenir plus sérieux, bien que son âme de bout-en-train pouvait encore ressortir, et lorsqu'il pu enfin entrer dans la police de New-York il se sentit fier de son travail.

Les premiers mois furent difficiles avec la masse d'habitudes à connaître, les éléments à apprendre pour mieux cerner les habitant et les collègues, après tout il n'était qu'un rookie qui devait tout apprendre de la vie, tout en gérant la naissance de Victoria. Ce n'était pas aisé d'être jeune policier et d'être père mais il se débrouilla pour trouver les ressources nécessaires dans son esprit et s'entourer de proches amis pour gérer. Ce fut quelques jours après le deuxième anniversaire de Victoria que cette routine bien huilée se brisa, pour le laisser dans le désarroi, la colère liée à la situation et son désir de ne pas faire tout capoter au travail. Il savait qu'il devait attendre quelques années avant de demander sa mutation mais il y avait là un cas de force majeure et avec Amanda il avait trouvé une petite ville dans le Delaware où Vicky pourrait grandir à l'écart des pollutions sonores, visuelles et atmosphériques de New-York. Il prit son courage à deux mains, après tout la santé de sa petite fille était en jeu et il se devait de la protéger, et alla voir son capitaine...

Mardi 25 juillet 2020, 19h47
- Mais c’est toujours la même chose avec toi, tu reste là sans rien faire, tu me dégoûte il n’y pas que toi qui souffre !

Les mots de Piper résonnaient dans la tête de Steve qui restait assit sur sa chaise face à son groupe d’improvisation et les mots, bien qu’ayant été choisis au hasard avec le thème du jour, faisaient échos aux paroles prononcée par son ex-femme. A l’annonce de la maladie de Victoria, Steve avait senti sont monde rudement construit se fissurer et les mois qui avaient suivit avaient vu la relation de couple qu’il partageait avec Amanda se plie jusqu’à ce qu’ils atteignent le point de rupture. Pour sa fille il avait décidé de s’inscrire aux AA et de se défaire de son addiction, il avait été à fleur de peau avec la mort d’un collègue qui était sur le point de dénoncer les ripoux. Cet argent avait été si facile à gagner pour payer le traitement. Il avait été profondément triste de voir sa fille être aussi éprouvée mais il s’était accroché pour être sain et avoir toutes ses capacités pour apporter toute l’aide dont avait besoin Vicky. Mais Amanda lui avait tout de même reproché de ne pas en faire assez et le divorce avait été la meilleure solution même s'il l'aimait encore à ce moment-là. Un soupir moqueur franchit les lèvres du brun, perdu dans ses pensées. Il releva le visage vers sa partenaire d’improvisation.

- Je fais ce que je peux, tu ne pas à me demander de toujours tout faire et de te plaindre parce que je montre que je ne vais pas bien. La porte est grande ouverte, pars si je te dégoûte tant que ça ! dit-il non sans se projeter un an en arrière où lui et Amanda s’étaient dit leurs quatre vérités tout en tentant de ne pas réveiller leur fille.

Il se leva à l’instant où son téléphone vibra dans sa poche de pantalon, quel idiot il avait oublié de le ranger dans sa veste avant de monter sur la petite scène aménagée. S’excusant il le prit et consulta le message envoyé : c’était le Centre et il y avait une nouvelle mission pour lui. Le Centre… Il avait beau commencé à avoir cherché des informations sur eux, au fond de lui il louait tout de même leur existence car grâce à eux il n’avait plus besoin de prendre des risques inconsidérés, bien qu’il lui arrivait encore de fermer les yeux sur certaines choses que lui demandait son meilleur ami. Grâce à eux Victoria pouvait recevoir son traitement et ses soins sereinement, pour cela il était reconnaissant envers son ami de toujours : le nouveau maire Andrew Washington. Dans leurs années lycées ils avaient été inséparables, faisant les quatre cent coups ensemble et brisant au passage quelques législations sur leur sillage d’amusement d’adolescents et malgré les années qui s'étaient écoulées et les chemins différents empruntés, ils étaient restés très proches. Il s'excusa auprès des autres membres du club puis il prit ses affaires et quitta les lieux, prenant soin d'appeler sa fille.

- Je vais être un peu en retard ce soir, tu commande ce que tu veux et j'irais chercher de la glace aux fruits rouges pour le dessert, ça t'irais ? ... Ta mère est sortie ?... Ok à tout à l'heure et si tu as besoin de quoi que ce soit appelle maman, dit-il avant de raccrocher, de s'installer dans sa voiture puis il démarra et alla accomplir la mission confiée par le Centre pour ce soir. Ces derniers temps n'étaient pas aisés entre les missions du Centre, son emploi d'inspecteur de police avec l'enquête sur les ossements trouvés dans le parc pour les Cent ans de la ville et il n'avait qu'une hâte : rentrer à la maison pour se poser sur le canapé et regarder un bon film avec Vicky...

Lettre à Amanda (quelques semaines après le mariage)

Amanda Wilford, devrais-je plutôt écrire Amanda Frey, ma femme, mon amie. Je suis tellement heureux que nous soyons à présent mariés, oui je sais que tu n'aimais pas cette convention fixée par la société, que ça a peut-être blessé sur le moment la guerrière que tu es mais tu ne regretteras pas cet anneau à ton doigt. Je suis bien avec toi et à présent la voie nous est pleinement ouverte pour parcourir le monde à deux, faire ce que nous aimons, fuir ce que nous voulons fuir. Les mois ont défilé à une vitesse folle, ils se sont transformés en années mais pour rien au monde je ne regrette cette attente, j'ai appris à te connaître, on est de devenus des partenaires et cet après-midi passé au bord de l'Hudson où tu as accepté ma demande à été l'apogée de ce que nous avions vécu jusque là.

Je me rappelle de cet été 98, celui de nos vingt ans, quand je suis entré dans le hall du Village East Cinema. Il y avait un de ces mondes ! Je crois que j'avais jamais vu autant de personnes agglutinées en un seul endroit depuis un après-midi d’août où tout le monde s'était réunis autours d'un barbecue géant sur Arthur Avenue pour l'anniversaire de Tommy Matarazzo. Tu étais là, derrière ton comptoir à accéder aux commandes de chacun avec une efficacité déconcertante, toi l'étudiante de St John's en Histoire mondiale. Tes beaux yeux bleus qui survolaient les visages pour déterminer à quelle vitesse la file d'attente se réduisait, tes cheveux blonds bouclés qui retombaient avec grâce sur tes épaules lorsque tu cessais tout mouvement et dont deux mèches étaient retenue par une pince. Dis comme ça je passe pour un stalker mais je t'assure que je n'avais pas la moindre pensée salace ! Enfin bref, je suis vraiment tombé amoureux de toi non pas quand tu t'es adressée à moi pour savoir si je comptais prendre le menu pop-corn mais plus tard quand t'es venue salle. C'était littéralement le bordel en salle, faut dire qu'Armagedon avait de quoi attirer tout plein d'étudiants mais un 4 juillet... cette froide autorité teinté de sarcasme derrière ton sourire poli dont tu as fait preuve, c'était si beau, c'est là que je suis tombé sous ton charme. Je ne sais pas combien de temps j'ai attendu mais oui, je l'avoue j'ai fait exprès de laisser mon porte-feuille (vide, je suis pas fou) sous mon fauteuil en salle pour qu'on aille le récupérer ensemble. Futé hein ? On a pu parler, on a décidé de manger ensemble et au fur et à mesure de ces après-midi ou soirées, passées à s'amuser, discuter de tout et de rien mais aussi de cinéma, on s'est vraiment mis en couple.

Ce n'était pas facile d'être à St John's et l'école de droit de l'université publique de New-York mais je crois qu'on s'en est plutôt bien tirés tu ne crois pas ? J'ai eu mon diplôme, gagné en maturité et j'ai pu entrer dans l'école de police. Quant à toi tu as pu devenir professeure d'Histoire Européenne. On a fait ce qu'il fallait pour réussir nos objectifs et à présent je me contente bien de ce que j'ai ... quoi que le plus serait que nous ayons un enfant ?

Lettre à Victoria (commencée le 5 avril 2004 au soir, peu de temps avant le diagnostic de la maladie, et poursuivie quelques semaines après.)

Ma petite Vicky je suis vraiment le plus heureux des pères :  aujourd'hui tu as eu deux ans ! Qu'est-ce que tu grandis vite ma princesse et tu auras probablement honte d'avoir un père comme moi si un jour tu tombe sur cette lettre en fouillant mes affaires pour récupérer quelques billets pour une soirée avec tes amies. En tout cas je veux que tu sache que ta maman et moi ont est fiers de t'avoir.

Le 5 avril 2002 je m'en rappelle comme si c'était hier ! Ce soir-là je devais aider au au poste et j'étais donc parti en urgence, quittant ta mère alors qu'elle était prise en charge à l'hôpital et que l'accouchement commençait. En arrivant au poste j'ai reçu un appel me disant que le travail s'était arrêté alors j'ai fait ce que j'ai pu pour tout boucler au plus vite et lorsque je suis revenu l'accouchement était tout juste reparti. Bonne âme que tu es, tu ne voulais pas que je rate ta naissance. J'ai rapidement perdu la notion du temps, j'étais vraiment toute chose et seule la poigne de fer de ta mère me permettait de rester un minima concentré. Quand enfin tu as décidé à montrer le bout de ton nez, j'avais le cœur qui battait aussi fort que lorsque j'ai demandé à ta mère de sortir avec moi ! Et lorsqu'on a pu enfin voir ton beau visage, j'ai vraiment fondu en larmes. Bon anniversaire Victoria Frey, je t'aime



Je ne pensais vraiment pas que j'écrirais à la suite mais après quelques jours de réflexions, de visites chez le médecin et différents spécialistes, j'ai besoin te t'écrire à nouveau. Ces nombreuses "tâches de rousseur" qui constellent ta peau et qui sont apparues au fur et à mesure des mois n'en sont pas, ces rares moments d'inadvertence où tu restais trop longtemps au soleil malgré les protections recommandées n'ont pas été sans conséquences pour toi, les coups de soleil ont mis trop longtemps à guérir. Tu es malade et l'apprendre a été un véritable coup de massue, si jeune, si vive et te voilà déjà frappée parla vie. Je suis tellement désolé que ça t'arrive, ni toi ni personne ne mérite d'avoir cette maladie au nom imprononçable. De manière vulgaire, tu es une enfant de la lune, une enfant qui ne pourra jamais être exposée au moindre rayon UV sous peine d'être encore plus malade. Je suis si triste que tu ne puisse pas sortir au grand jour pour profiter de l'herbe du parc, des embruns du fleuves et entendre le cri des mouettes et je suis en colère que ça t'arrive à toi alors que tu n'as encore rien vu du monde...
J'essaye d'être optimiste mais il faudrait d'abord que je digère la nouvelle et que je réfléchisse à tous les moyens pour te protéger tout en faisant en sorte que tu puisse avoir une vie normale, je t'en fais la promesse. New-York n'est pas une ville pour toi, je pense qu'il vaut mieux qu'on s'éloigne de cette trop grande ville...

L'équipe municipale de Blue Cove