Entre la chaleur étrangement étouffante pour ce coin des Etats-Unis et et les clients qui se faisaient plus nombreux à cause de cette même chaleur qui détériorait les moteurs parfois usés de leurs voitures, le travail se faisait rapidement… Vite et bien comme dirait le patron. Ce à quoi j’avais bien envie de lui répondre qu’il pouvait aussi mettre la main à la patte mais il semblait plus désireux de vouloir embaucher plutôt que mettre lui-même les mains dans le cambouis. A vrai dire tout ce qui m’importait c’était que les clients soient contents mais entre les vacances d’été des collègues, le départ en retraite d’un des gars du garage les plus expérimenté et les demandes qui affluent, je ne savais plus vraiment où donner de la tête. J’avais demandé au patron s’il compter embaucher quelqu’un et il semblerait que oui mais j’attendais encore le gars qui allait prendre la relève et je dois avouer que vue la quantité de travail il n’allait pas être déçu !!
La tête et le corps caché sous une voiture avec une planche à roulette pour glisser comme je veux en dessous, j’entends au loin des bruits de pas et une voix féminine qui cherche son chemin… Etant le seul sur place au garage aujourd’hui, je me signale d’une voix forte :
« J’suis là… Je termine un truc et j’suis à vous mais on a plus de place pour réparer votre voiture… ou alors faudra être patiente… »
Je finis de viser un truc et roule pour sortir de la voiture et me retrouver nez à nez avec cette femme. Un sourire cordial se place sur mes lèvres comme toujours et cela malgré la masse de travail… Ce n’est clairement pas la faute de cette personne si je suis débordé…. D’autant plus qu’elle me semble familière…
▻ LOCALISATION : Quelque part à Blue Cove, avec Asher
▻ OREOS : 2084
▻ LOISIRS : Faire du roller, manger de la glace et des frites, faire du roller, apprendre de nouvelles choses, savourer sa liberté et oh faire du roller
Je venais de sortir du Centre, enfin, cela ne faisait pas encore vingt-quatre heures. J'avais couru comme jamais une fois le nez dehors, découvrant aussi vite que mes pas qui se succédaient ce que c'était que de respirer l'air de l'extérieur, voir cet extérieur que je n'avais entrevu que par des vidéo. Cette nuit avait été à la fois magique et terrifiante. J'avais enfreint toutes les règles, et me voilà libre. J'avais grimpé à l'arrière d'un pick-up qui passait miraculeusement sur cette route en contre-bas du Centre. Je m'étais assoupie avant d'être réveillée par le propriétaire du véhicule extrêmement mécontent d'avoir une passagère clandestine à bord... Et finalement, après m'avoir fichu la peur de ma vie en me menaçant, cet homme avait troqué la véhémence contre une bienveillance maladroite. Il m'avait offert un toit dans sa caravane et des vêtements.
C'est ainsi que je savourais ma première journée de liberté, me délectant des rayons du soleil sur ma peau, j'observais tout et tout le monde, sourire presque béat aux lèvres mais restant prudente car je me doutais que mon absence avait été remarquée. Je devais me fondre dans le décor, être comme tout le monde. Seulement je n'avais aucune idée de ce que cela signifiais mais je savais qu'il me fallait un travail pour pouvoir subvenir à mes besoins. Je savais pour ainsi dire tout faire, en théorie bien sûr. Je m'étais souvenue, passant devant ce garage nommé Blue Garage, que dans le pick-up, j'avais remarqué un son anormal et que ce matin j'avais procédé à une réparation plutôt efficace. Pourquoi ne demanderais-je pas si dans ce garage, ils cherchaient du personnel ?
Ce fut donc armée de mon courage et surtout de ma naïveté que j'entrai là, vêtue d'un T-shirt trop grand pour moi pour dissimuler les vêtements du Centre. Le jeune homme qui travaillait sur une voiture sortir de dessous et je souriais toujours, admirant l'ingéniosité de ce système à roulette.
- Bonjour. Je vois que vous êtes débordé. Est-ce que vous auriez besoin d'aide ? Parce que je recherche un travail, et je me débrouille plutôt bien pour réparer les voitures. Pas plus tard que ce matin, j'ai réparé le moteur d'un pick-up.
Je lui adressai un sourire sincère mais au fond de moi, j'étais plutôt intimidée parce que je n'avais jamais postulé à un travail. Du haut de mes trente-deux ans, j'étais toujours cette gamine de sept ans qui avait été enlevée à ses parents et à qui ont avait enlevé tout souvenir.
Le fait d’avoir des clients était toujours un gage de qualité mais cela n’enlevait rien au fait que nous n’étions pas des surhommes. Et malheureusement, sans main d’œuvre, je n’allais pas faire long feu dans cet endroit. Une part de moi espérait que le patron veuille bien entendre raison ou alors qu’il se bouge enfin les fesses pour recruter sinon j’irais chercher la main d’œuvre moi-même.
Enfin bref, toujours est-il qu’aujourd’hui j’étais tout seul et assez pris par les différentes réparations à faire. Même si je me montrais au maximum présent pour les différentes visites impromptues qui se présentaient au garage, je n’avais pas énormément de temps pour blablater. Alors lorsque je suis sorti de dessous la voiture pour faire face à cette face à l’accoutrement assez étrange, je lui offrais malgré tout un sourire cordial en espérant pouvoir lui répondre rapidement afin de reprendre là où j’en étais.
Ses mots eurent cependant le mérite de me faire sourire. Je soupire un coup en me relevant pour arriver à sa hauteur. Je la détaille de haut en bas. Je dois avouer que prendre une personne comme ça de but en blanc n’est pas l’attitude de la maison mais à la vérité, oui j’ai besoin d’un coup de main.
« Mais vous avez déjà fait ça ? Mécanicienne, je veux dire. C’est quoi vos qualifications ? »
Je réfléchis un instant en prenant un chiffon pour m’essuyer les mains tout en l’écoutant. Puis je prends mon téléphone et envoie un sms au patron en disant qu’une personne s’est présentée et que je voudrais faire l’essai. Je ne suis pas le propriétaire mais clairement si elle peut m’aider même un peu, je ne vais clairement pas l’envoyer promener. En attendant sa réponse, je me poste devant elle en tenant ma main dans sa direction :
« Allen, Jason Allen… Et tu t’appelles comment ? Désolé, je te tutoie mais c’est plus facile non ? … »
Je montre rapidement mon téléphone en ajoutant :
« J’ai envoyé un message à mon patron mais si tu veux faire un essai aujourd’hui, je pense que ça va être possible. Histoire que je vois ce que tu sais faire et si ça te convient aussi. Ça t’irait ? »
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Je regardai le jeune homme avec un mélange de soulagement et de nervosité. Il avait l'air plutôt accueillant, ce qui était un bon début. Cependant, le fait qu'il semble hésiter me rappela brusquement que ce n'était pas si simple de se faire accepter dans un environnement que je connaissais à peine.
Il se leva de dessous la voiture, s'essuya les mains avec un chiffon, puis me détailla avec une curiosité que je trouvai à la fois flatteuse et déstabilisante. Je tentai de rester sereine, même si l’ombre du doute planait au-dessus de moi. Mon expérience avec les voitures avait été principalement théorique et, malgré mon habileté naturelle, je savais que chaque garage avait ses propres méthodes et standards. Je devais prouver que j’étais à la hauteur.
Lorsqu'il m'adressa un sourire et me posa des questions sur mes qualifications, je sentis une vague d'angoisse monter en moi. Je n'avais jamais eu à expliquer mes compétences auparavant, surtout pas dans un cadre aussi informel. J’avais toujours été protégée par un mur de sécurité et de contrôle. Maintenant, je devais démontrer que j’étais capable de me débrouiller seule dans le monde réel.
- Eh bien, je... j'ai acquis beaucoup de compétences en mécanique en autodidacte. Vous savez, j’ai souvent dû bricoler des choses pour passer le temps et j’ai été formée à réparer différents types de moteurs et de systèmes mécaniques. Mon expérience pratique est surtout le fruit de ma passion et de ma curiosité, mais je suis plutôt bonne dans ce que je fais, je crois.
Je me demandais si mes mots résonnaient comme des excuses ou des justifications. Mais je ne pouvais pas me permettre de douter de moi-même. Je savais que je devais faire bonne impression pour obtenir ce poste. La perspective de pouvoir travailler ici, même en tant que mécanicienne temporaire, m'apportait un certain réconfort et un semblant de normalité dans un monde qui me semblait encore étrange et effrayant.
Je vis Jason envoyer un message à son patron et je respirai un peu plus facilement. Cela signifiait qu'il était prêt à me donner une chance, et j'étais prête à la saisir. Il me tendit la main en se présentant comme Allen, Jason Allen, et je lui serrai la main avec un sourire. Il me demanda mon prénom, ce qui me rappela une fois de plus à quel point tout était nouveau pour moi. Le fait de devoir utiliser mon vrai nom, celui qui avait été soigneusement effacé de ma mémoire, me ramenait à la réalité.
- Je m’appelle Kassandra. Je suis vraiment contente d’avoir l’opportunité de montrer ce que je sais faire. Je suis prête pour l’essai, je vous remercie de me donner cette chance.
Je regardai autour de moi, observant le garage avec un regard critique mais plein d’intérêt. Il était bien équipé, et je pouvais déjà identifier certains outils et machines qui me seraient utiles. J'étais impatiente de mettre en pratique ce que j’avais appris et de découvrir comment je pouvais m’adapter à cet environnement.
- Et si vous avez des questions spécifiques ou des tâches que vous voulez que je réalise pour démontrer mes compétences, n'hésitez pas à me le dire. Je veux vraiment faire mes preuves.
Je me préparai mentalement à l’épreuve qui m’attendait. Si tout se passait bien, ce serait un pas de plus vers l’intégration dans ce monde extérieur que je commençais à peine à comprendre. Le soleil brillait dehors, et je sentais que chaque instant était une chance de redémarrer, de bâtir une nouvelle vie loin des ombres du passé.
Je dois avouer que je ne m’attendais pas à avoir de la visite au garage et encore moins une femme qui cherchait un travail, mais étant donné que j’étais clairement coulé et que le boss ne voulait pas se bouger les fesses, je n’allais clairement pas cracher sur de la main d’œuvre. Pour autant, son aveu sur le manque de qualification m’effraya un peu. Mine de rien, le garage avait une réputation à tenir et il me faudrait alors prendre le temps d’évaluer ses compétences et connaissances avant de la laisser seule sur un bolide pour le remettre à niveau.
« Hum hum… je vois… Je vais devoir évaluer tout ça pour voir si cela le fait ou pas… Je n’peux pas dire. Personnellement, j’suis pas contre de la main d’œuvre, qualifiée ou non, mais j’peux pas laisser une inconnue toucher les voitures si au final, elle n'y connait rien… vous comprenez ? »
Après débarbouillage des mains, j’envoie un SMS au boss pour le tenir informé et avoir son approbation malgré tout.
« Bienvenue au garage Kassandra… Tu as les vestiaires là-bas si tu veux poser tes affaires et de toute façon, j’suis tout seul cet été … enfin avec toi si tu restes… Mais Ne t'en fais pas, je ne mords pas. »
Je rigole doucement en lui montrant les locaux du personnel et je l’ai même suivie jusqu’au stock pour trouver une combinaison de travail afin qu’elle ne salisse pas ses fringues. Perso, je mets des vieux vêtements pour travailler avec un t-shirt avec le logo du garage, mais je sais que des collègues préfèrent les combinaisons. Je lui tends l’une des plus petites que j’ai trouvées.
« Tiens comme ça tu ne te saliras pas. »
Je lui laisse quelques minutes le temps qu’elle se change et pendant ce temps-là, je check rapidement ce qu’il y a à faire sur les différentes voitures et motos. Je sais que je suis déjà à la bourre, mais si l’observer une heure ou deux me permet de gagner un temps précieux derrière, je ne dis pas non. Je trouve finalement un véhicule qui a simplement une révision à faire et une vidange. Rien de bien sorcier, surtout que ce ne sont pas des pannes, mais simplement de l’entretien.
Lorsqu’elle revient, remontée à bloc pour travailler, je lui souris :
« Déjà, tu me tutoies aussi et tu m’appelles Jason et ensuite voilà ton essai… La fiche technique remplie par la secrétaire selon les demandes du client… »
Je lui montre sur le document en même temps que je lui explique :
« Tu vois là, t’as le modèle du véhicule, la plaque, le numéro du porte-clef provisoire qu’on met au trousseau pour la boite à clefs, le nom du propriétaire, les infos sur la voiture qu’on a et la liste des choses à faire dessus… Si c’est une panne à trouver ou un entretien à faire. Donc là, c'est un entretien. Je te laisse prendre les clefs et je te regarde faire, si je n’ai pas à intervenir, tu pourras faire l’entretien des autres voitures et si on avance bien, on fera les pannes… ça te va comme programme ? »
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J'étais un peu soulagée parce que le fait qu'il demande à son patron signifiait qu'au moins, ce n'était pas un "non" catégorique, mais il était évident que je devais faire mes preuves. J'affichais mon sourire et mon enthousiasme habituel à l'idée de découvrir de nouvelles choses. J'avais vu des vidéo, fait des simulations avec quelques éléments mais jamais été dans un réel garage pour de vrai, avec de vraies voitures entières qui roulaient vraiment, et je devais reconnaître que de voir tout cela en vrai me rendait extrêmement joyeuse. J'écoutais attentivement tout ce que Jason me disait, tout était instantanément mémorisé, tout comme la configuration des lieux que j'analysais visuellement.
- Merci, répondis-je avec des étoiles dans les yeux avant de reporter mon regard sur les outils.
Puis, il m'expliqua qu'il était seul pour travailler cet été. Je pourrais donc me montrer utile car j'imaginais bien qu'il aurait une masse de travail très importante. Je me retournai un peu brusquement quand il déclara ne pas mordre avant de se mettre à rire. Cela signifiait-il que d'autres gens mordaient ? Je le regardai rire et je compris que c'était probablement du... second degré ?
Je prenais la combinaison que Jason m'avait tendue, presque intimidée par la gentillesse qu’il me montrait. Ce n’était pas de l’inquiétude ou de la méfiance que je ressentais, mais une certaine curiosité. Je n’avais jamais été confrontée à ce genre de situation auparavant, une situation où tout n’était pas une question de règles strictes, de résultats à obtenir, mais plutôt de... travail normal, de petites interactions humaines. L'idée de changer de vêtements pour ne pas salir les miens semblait si banale et pourtant si nouvelle pour moi. À l’intérieur du vestiaire, je me changeai rapidement, en essayant de ne pas penser à quel point cette petite routine m'était inconnue.
Quand je revins, Jason m’accueillit avec un sourire que je n’étais pas sûre de comprendre. Pourquoi souriait-il comme ça ? J’avais appris que les sourires pouvaient cacher des intentions multiples, et c’était encore difficile pour moi de discerner les sincères des autres. Mais je m'efforçai de ne pas trop y penser, j’avais une chance à saisir.
Jason me tendit la fiche du véhicule et les clefs, en me parlant d’une manière assez décontractée. Ses mots étaient simples. Dans mes anciens repères, chaque mot avait son importance, et il fallait souvent décoder des messages cachés. Cette liberté de ton, cette légèreté dans les paroles, tout cela restait étranger. Un regard sur la fiche, parcourue de haut en bas, et toutes les informations étaient mémorisées.
Je pris une profonde inspiration et me concentrai sur la tâche. Je devais montrer que je pouvais faire ce travail, que je pouvais être utile ici. Le monde extérieur était un endroit étrange, certes, mais au moins, il était plus prévisible que les sous-sols du Centre.
- Oui, merci, c'est parfait, répondis-je.
J’approchai de la voiture indiquée, observant chaque détail avec précision. Le modèle du véhicule me semblait familier, et je m’efforçai de me rappeler de tout ce que j’avais appris sur ce type de mécanique. C’était l’heure de vérité. Pas d’angoisse cette fois, juste une tâche à accomplir. J’insérai les clefs pour l'ouvrir et commençai l’inspection.
Mon esprit se perdit un instant dans le bruit mécanique du garage, le frottement des outils contre le métal. Pour une fois, personne n'observait mes moindres gestes pour juger si j’allais réussir ou échouer. C'était étrange, et cette pensée fit battre mon cœur plus vite. Je m'accrochai à cette nouvelle réalité.
Sur la fiche, j'avais lu que le dernier entretien remontait à plus de six mois, et j'avais appris que normalement c'était tous les six mois. Il faudrait donc porter une attention particulière pour ne pas passer à côté de quelque chose. J'étais méthodique, j'avais été formatée ainsi. Je repassai dans ma tête chacune des étapes pour un révision. L’inspection des pneus et réglage de la pression, le remplacement de l’huile moteur et du filtre à huile, la vérification des différents liquides à savoir liquide de refroidissement et lave-glace, le contrôle des disquettes et plaquettes de frein, l’inspection visuelle du système d’échappement, de la suspension et de la direction, la vérification de l’état de la batterie et des lumières extérieures et finalement le contrôle des essuie-glaces.
J'effectuai chacune de ces tâches, sans omettre de demander à Jason où se trouvaient les choses dont j'avais besoin, espérant qu'il me trouverait à la hauteur.
Je ne sais combien de temps s'était écoulé depuis que j'avais commencé, ma combinaison arborait plusieurs tâches à présent, mais j'étais allée au bout de chacune des étapes. Je reculai d'un pas en observant la voiture, espérant n'avoir rien oublié. Je faisais une check-list mentale et il semblait que non.
- Je crois que le client n'avait pas d'autre demande ? énonçai-je après être allée auprès de Jason.