◊ Asher ignore tout de son passé et pour cause, l'accident de voiture qui a tué son père sur le coup et dont il a réchappé, l'a rendu amnésique et délesté des premières années de sa vie. De plus, il semblerait que certaines personnes se soient donné beaucoup de mal pour l'éloigner de Blue Cove.

◊ Il souffre d'algoataraxie (ne ressens pas la douleur) et pour palier à ce manque, il est devenu accro à la naloxone qui lui permet de réactiver la propagation du message douloureux jusqu'au cerveau, diminuant de ce fait le seuil nécessaire pour faire naître la douleur. D'ailleurs, c'est à sa résistance à la douleur qu'il doit son surnom de « Painless » Dans le rayon addiction, l'on peut également y ajouter l'alcool.

◊ Il souffre d'aquaphobie et est persuadé que c'est dû aux tortures qu'il a subi en Irak. Il ignore que cette peur est bien plus profonde. (cf l'accident de voiture)

◊ Il a tellement l'habitude de boire, qu'il lui faut une sacrée quantité d'alcool dans le sang pour commencer à sentir l'ivresse. De ce fait, il est capable de s'enfiler à lui tout seul, plus de la moitié d'une bouteille de Whisky. Cependant, à ses yeux, ce n'est pas de l'alcoolisme, juste une mauvaise habitude.

◊ Son torse et son dos sont pourvus de plusieurs cicatrices émanant des tortures subit lorsqu'il a été capturé par les rebelles en Irak. Si la douleur est absente, le traumatisme est bien réel. Un sentiment paradoxal qui l'a mené à sa dépendance au naloxone. Il prend aussi beaucoup de somnifères pour dormir et se délester de toutes ces images qui peuplent ses songes. Sinon quoi, il est incapable de dormir, d'ailleurs, il ne dort pas beaucoup sans ses petits cachets.

◊ Il ne se rase pas souvent, ne se souciant guère d'avoir l'air négligé. Il entretient donc avec passion cette barbe de trois jours qu'il arbore depuis son retour du Moyen-Orient après l'armée.

◊ C'est un excellent tireur, tellement qu'il aurait aisément pu devenir sniper, c'est d'ailleurs cette faculté qui a sauvé certains de ses camarades et plus d'une fois.

◊ Asher n'a jamais été heureux. Il est un homme à femmes et à enchaîner les conquêtes. Il déleste l'amour et les sentiments se pensant incapable d'aimer. D'ailleurs, il se voit comme une bête sauvage tout bonnement incapable d'être apprivoisé.

Je ne me souviens plus du jour, ni de l'heure. Je crois qu'il était tard, suffisamment pour que le gérant du pub que j'avais l'habitude de squatter, pour mes grandes beuveries, commence à appeler des taxis, pour ses clients les plus éméchés. Ce soir, je n'avais pas bu une seule goutte d'alcool, pour dire vrai, cela faisait des jours que la bouteille ne faisait plus parti de ma quotidienneté, et ce, malgré les tremblements dû au manque. Ouais, ai-je oublié de préciser, que cela dure depuis des années et qu'il est de ce fait difficile de se débarrasser d'une habitude aussi mauvaise soit-elle. Je sais que ce soir-là, je n'étais pas là pour me tester une fois encore, j'attendais quelqu'un, une femme. Non pas un PQR loin de là, juste quelqu'un qui tenait entre ses mains expertes, ma vie toute entière enfin, je crois. Elle est arrivée, en retard, soit, mais elle était là. Blonde, la cinquantaine avancée, arborant un tailleur noir et une paire de talons accordée à ce qui me semblait être un uniforme pour elle. Elle m'a souri et j'ai compris qu'elle n'avait pas l'habitude de cela puis tout a commencé, j'ai commencé…

« -J'ai un intérêt certain pour la douleur. Je peux même me targuer d'avoir lu tout un tas de trucs sur le sujet. Certains, les vieux briscards de la vie, je suppose, disent qu'avec l'expérience, ils sont capables de parler de la douleur et de toutes les formes qu'elle peut prendre. Ils évoquent ce petit pincement qui vous ébranle à peine, cette douleur lancinante que l'on arrive à supporter, que l'on ignore presque malgré sa quotidienneté. Puis, à l'inverse, nos vieux briscards évoquent la douleur que l'on ne peut ignorer, car trop grande, trop intense, elle bloque tout rendant le reste du monde invisible à nos yeux. C'est là que pour eux, la souffrance atteint son paroxysme. Les psys disent que « la façon dont on gère notre douleur, dépend de nous. » Ca m'a toujours fait marrer ça. Autant que mon intérêt pour le sujet. En fait, de vous à moi je trouve ça même ironique qu'un type s'intéresse autant à quelque chose qu'il n'a et qu'il ne connaîtra sûrement jamais. Alors, moi pour faire « comme tout le monde » et gérer cette douleur inconnue, j'ai décidé de… bah de ne rien faire puisque de toute façon, je ne ressens rien, du moins rien de physique pour ce qui est du reste, là je souffre tous les jours comme un gars normal pas atteint d'algoataraxie. »

Nous changeons de narrateur, car les éléments et événements suivants sont inconnus d'Asher Collins. Philadelphie ou la cité fraternelle est la vie dans laquelle il a poussé ses premiers cris. Son père, Nathan Sullivan était un scientifique, du genre jeune chercheur ambitieux, mais pas assez pour devenir un odieux connard. Sa spécialité, la génétique le mènerait, à n'en pas douter, vers un succès amplement mérité, tant il mettait du cœur à l'ouvrage et dédié son temps à la recherche. Sa mère, Joséphine était une jeune femme rêveuse, douce, gentille quelques fois et vulgaire, colérique, lunatique d'autres fois. Malgré tout Joséphine, pouvait se targuer d'être tombée sur quelqu'un de bien qui pour le meilleur et le pire, s'était promis de l'aimer et de la chérir.

Cinq ans après la naissance d'Ash, la famille Sullivan se vit offrir une opportunité qu'il était difficile de refuser tant l'offre semblait alléchante pour Nathan, qui s'en le savoir, venait de pactiser avec le diable et d'entraîner sa famille avec lui. Les Sullivan quittèrent donc l'état de Pennsylvanie pour le Delaware et plus précisément la ville de Blue Cove. Le Centre, belle entreprise privée (en apparence) qui ne rechignait pas sur les dépenses pour acquérir les meilleurs chercheurs, avait jeté son dévolu sur le Dr Sullivan. Joséphine reléguée au rang de mère au foyer, vivait très mal la situation, laissant paraître des crises de plus en plus violentes. Quelque chose n'allait pas, le genre de choses que l'on ne peut garder pour soit. La pauvre Joséphine souffrait d'une forme de « démence avancée » Nathan refusait quant à lui de mettre des mots sur le mal qui rongeait son épouse qui donna naissance à son second fils, Gabriel, né huit ans après Asher.

Le bonheur fut de courte durée tout comme les compétences du Dr Sullivan qui devait également se consacrer à sa tâche au sein du Centre. Malgré l'omniscience, nous nous targuerons de faire comme si nous ne savions que peu de chose. Toujours est-il que trois ans plus tard, Asher alors âgé d'une dizaine d'années et son petit frère de trois ans, ont rejoint l'une des annexes du Centre. Un trou subsiste de cette période. Trois ans plus tard, le père et l'un de ces fils périra dans un tragique accident de voiture. (officiellement)

Assit sur son tabouret, Ash continuait à fixer la nouvelle arrivante, la blonde qui n'avait pas perdu une miette de son monologue sur la douleur. « - C'est étrange, bizarre même, vous n'êtes pas la première à vous intéresser à ma petite personne. Je me souviens encore de l'autre femme, comment pourrais-je l'oublier d'ailleurs ?! Quelques jours auparavant, sans que je n'aie le temps de l'accoster, elle déposait une enveloppe dans ma boîte aux lettres. Je n'ai pas de réelles certitudes sur le fait que ça soit elle qui est déposée l'enveloppe, mais j'imagine qu'en réunissant les éléments ça paraît probable. À l'intérieur, il y avait une photo, celle d'une famille. Je ne saurais l'expliquer, mais ce cliché me paraissait si familier et en le retournant, j'y ai découvert une inscription en lettres capitales, le nom « Sullivan ». Et là voilà, la femme mystérieuse quelques jours plus tard. Elle n'était pas blonde comme vous, mais brune. Elle était douce, gentille mais tellement triste, il suffisait de voir son regard. Elle s'est brièvement présentée à moi, d'après ses dires, le temps venait à lui manquer. Toujours inquiète, elle passait le plus clair de son temps à regarder par-dessus son épaule. Elle n'a eu de cesse de me parler de « vérités » et de secrets. Puis elle m'a murmuré un nom d'Elizabeth FITZGERALD. Le vôtre, je suppose ! Elle m'a dit de vous faire aveuglément confiance et que vous m'apporterez des réponses, sans que je n'ai à formuler la moindre question. »

Elizabeth, le regard persan, a sorti un paquet de cigarettes de son sac et s'en ait allumé une malgré l'interdiction en vigueur dans l'établissement. Elle a tiré longuement sur son mégot afin d'en sortir un impressionnant nuage de fumée, puis elle a aussitôt écrasé sa cigarette et fait signe au barman de s'approcher. « -Un double bien tassé ! » Pas, de s'il vous plaît, de toute évidence la politesse ça n'était pas son truc puis elle a reporté son attention sur Asher. « -Vous êtes sorti d'un coma, vous n'aviez que 14 ans, il me semble. Période difficile n'est-ce pas ? On vous a par la suite diagnostiqué une légère algoataraxie » Asher se fit plus menaçant au vu des dires de la blonde. Comment pouvait-elle être en possession de ces informations. Cela ne semblait l'ébranler puisqu'elle continua l'air de rien « - Vous étiez dans un foyer et vous avez connu la prison à 16 ans. Ce n'est pas jojo ça. Trois plus tard, vous perdez votre meilleur ami dans une fusillade. Ne me demandez pas d'où je le sais, laissez-moi continuer. » Son verre arriva enfin, Ash en profita pour en commander un. Il risquait d'en avoir besoin.

« -Puis vous vous enrôlez dans l'armée. Mais vous prenez grand soin de cacher votre maladie, cependant vous lui devez votre réussite n'est-ce pas. C'est sûr que de ne pas ressentir la douleur ça aide. Comment, vous surnommez ils déjà ? »

« -Painless ! »

« -Charmant. »

« -Continuez ! Je suis curieux d'écouter la suite de mon histoire »

« -Vous avez grimpé les échelons jusqu'à parvenir à entrer dans la Navy Seals. Bravo ! Beaucoup d'appeler pour très peu d'élu. Passé la 24e semaine vous ressortez diplômer. Trois ans plus tard, vous êtes sur le terrain en Irak. »

« -Je préfère taire ce chapitre. La guerre civile, la famine, le terrorisme ça n'est pas glorieux. »

« -Vous faisiez parti du convoi n'est-ce pas ? »

« -Oui avec la Delta Force, des ranger des membres du 160th Special Operations Aviation Regiment. Vous voulez que je vous détaille la petite histoire, je suppose ? »

« -Faites donc ! »

« -Pourquoi, vous avez les éléments non ? On devait trouver le général Aidid, le neutraliser lui et ses lieutenants. Mais rien ne s'est passé comme prévu. Un raid héliporté est lancé près de Bakara, là où les membres d'une faction rebelle se tenaient, près du marché. Les opérateurs de la DF devaient capturer les dirigeants rebelles, les autres les couvrirent. Mais les milices ont contre-attaqué en masse et ont abattu deux hélicoptères. »

« -Leave no man behind ! »

« -C'est la devise de l'armée. J'ai refusé de me contenter de couvrir. Et puisque je ne craignais pas la douleur et le danger, j'ai décidé de me rendre à Bakara pour sauver les survivants des hélicoptères. J'ai délibérément outrepassé les ordres et j'ai convaincu les membres de mon unité de me suivre. »

« -Vous avez été capturé n'est-ce pas et torturé par les rebelles ?! »

« -Comment êtes-vous au courant de tout ça. La seule personne à qui j'en ai parlé, c'est le psy et aux dernières nouvelles, il est tenu par le secret professionnel. »

« -Nous avons tous nos petits secrets Asher. Voulez-vous aussi parler de votre aquaphobie?  »

« -Arrêtez, c'est bon ! »

« -Ce même psy qui découvrira plus tard votre maladie et mettra un terme à votre carrière. Et à ce que je vois, les années passées ont été rudes. Autant que votre alcoolisme et votre addiction à la naloxone. »

« -On fait ce qu'on peut pour vivre… »

« -Vous survivez là ! Écoutez Asher, on vous a dit de me faire confiance et vous pouvez me faire confiance. Si je suis là, ce n'est pas pour vous enfoncer, mais bien pour vous aidez. »

« -En échange de quoi ? L'autre femme m'a dit que vous aussi vous connaissiez les secrets et la vérité. De quoi parlait-elle ?! »

« -Je sais qui vous êtes Asher et je peux vous aider à retrouver la mémoire, mais pour ça vous devez m'aider moi et mon amie. »

« -Pourquoi, je ferais ça ?! »

« -Parce que vous n'avez pas le choix si vous voulez connaître la vérité. » Voilà donc comment Asher Collins s'est retrouvé à intégrer le Centre sous l'égide de d'Elizabeth Fitzgerald, qui joua de ses relations pour lui obtenir un poste d'enseignant au sein de l'institut Catherine Parker. « Un cheval de Troie » comme elle se plaisait à le nommer...