Tout avait été bousculé ces derniers temps. En effet, le directeur avait été retrouvé mort, sans que personne sache vraiment ce qui s’était passé. Il avait fallu trouver un nouveau directeur rapidement et c’est à moi qu’on avait confié cette mission. Nous n’allons pas nous le cacher, c’est quelque chose qui m’allait amplement. Et pour cause, j’avais toujours voulu avoir un poste avec du pouvoir. De toute façon, j’étais certainement la mieux placée pour prendre cette succession : depuis mon arrivée, il y a de nombreuses années maintenant, j'ai fait mes preuves. Mais surtout, je n’avais commis aucun écart, ce qui était quelque chose de rassurant pour de nombreuses personnes. Que l’on m’aime ou que l’on ne m’aime pas n’est pas quelque chose qui m’importait, bien au contraire. J’avais donc pris place dans le bureau du directeur. La décoration se voulait froide et austère : je n’avais pas l’intention de changer cette dernière, bien au contraire.

J’avais fait mon enquête. Ou du moins, j’avais chercher à savoir ce qui était arrivé à l’ancien directeur. On m’avait informé qu’une certaine Mlle Parker l’avait pour la dernière fois. Je ne la connaissais pas. Est-ce que je ne voulais pas en apprendre plus sur elle ? Certainement. Mais pas pour copiner. Je voulais savoir ce qu’elle savait. J’avais donc demandé à ce que quelqu’un la convoque. Depuis que j’étais passée directrice, j’avais des personnes qui s’occupaient des petites missions dans ce genre. Je savais qu’elle allait arriver et elle n’avait pas intérêt à être en retard. Je détestais les personnes en retard.

J’attendais patiemment, assise derrière le bureau, que cette dernière arrive. Il ne fallut pas plus de cinq minutes pour que la porte s’ouvre et que je la vois. Bizarrement je ne l’imaginais pas du tout comme ça. Elle avait un tailleur, plutôt bien maquillée. Je lançais : « Bonjour ! » Il n’était pas froid, ni glacial. Mais il n’était pas non plus des plus chaleureux. Je restais toujours méfiante lorsque je rencontrais une personne pour la première fois. D’autant plus que cette dernière avait vu Alexis Novak vivant pour la dernière fois. Elle devait certainement avoir quelques informations croustillantes à me communiquer. Je lui montrais les chaises face au bureau et lui indiqua : « Je vous en prie, asseyez-vous. » Oui, je n’étais pas sauvage à ce point-là pour la laisser debout pendant notre entrevue. Je lui demandais ensuite : « Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes là ? » Je ne savais pas ce qui avait pu être dit. Après tout, j’aimais garder le secret, mais peut-être qu’il avait fallu la convaincre pour qu’elle daigne se déplacer.

J'observais la femme devant moi. Plutôt élégante et sûre d'elle. Du moins, ce sont les impressions que je pouvais avoir au premier abord. Elle s'installa sur le fauteuil qui était derrière mon bureau. Il n'y avait plus grand-chose qui nous séparait, je devais bien l'avouer. Mais elle ne me faisait pas peur. Après tout, je n'avais jamais eu peur de personne et ce n'est pas maintenant que ça allait commencer. Elle comprit rapidement la raison de sa présence ici. Et pour cause, il était évident que j'allais m'entretenir avec puisqu'il s'agissait littéralement de la dernière personne à avoir vu Novak en vie. Je ne savais si elle allait m'éclairer. Je ne savais pas non plus si je pouvais lui faire confiance. J'ai toujours été méfiante envers les gens que je ne connaissais et rares sont ceux qui réussissaient à gagner cette dernière. J'écoutais ce qu'elle avait à me dire sans l'interrompre et sans lui poser de questions. Néanmoins, je trouvais les explications relativement courtes. Je continuais de la regarder quelques secondes en silence, puis soupirais. Je lui demandais ensuite :

« Quel était le nom du caméléon en fuite ? »

Dans ce genre d'histoire, il fallait être attentif au moindre détail. Une petite hésitation et toute son explication pourrait être remise en cause. Lorsque quelque chose est vrai, ça se voit. Et même si le nom du caméléon en question m'importait peu, je voulais surtout voir sa réaction et analyser sa réponse. J'avais toujours eu un sens accru de l'observation et ce n'était pas près de changer. Je renchéris par la suite :

« Et c'est tout ? » Je marquais une brève pause avant d'ajouter : « Vous connaissez le nom de l'agent de la CIA en question ? »

J'avais le don de me créer des ennemies n'import où. Mais d'un autre côté, je n'étais pas vraiment une personne qui se laisse avoir facilement. Si Mlle Parker avait un nom à me donner, je savais que je pouvais compter sur elle. Et je traquerai cet agent jusqu'à que mort s'ensuive. Et le pire dans tout ça ? C'est ce que j'allais le faire, sans aucune émotion. J'avais été formaté pour le combat et toutes personnes qui se mettaient en travers de mon chemin en payait le prix et les conséquences. Je continuais de l'observer en attendant une réponse de sa part. Mais une chose était certaine : elle ne sortait de ce bureau tant que je n'étais pas sûre qu'elle m'est tout dit.