Le weekend vient tout juste de débuter. Jarod et les autres Caméléons sont calme et se font discret ces temps-ci. Parker et sur les dents et moi je suis épuisée de devoir supporter sa mauvaise humeur constante. Jack quant à lui s'en est retourné à Washington depuis des mois déjà et je dois bien l'admettre la solitude me pèse. Je ne suis plus toute jeune, mais je suis encore une belle femme et il est temps que je me remette à sortir et à revoir du monde. Il fait beau aujourd'hui, le ciel est sans le moindre nuage à l'horizon et c'est un temps à aller boire un verre en extérieur. Je décide alors de me prendre un café et de me poser en terrasse. Rien de mieux pour débuter la journée de bonne humeur qu'un peu de soleil. Malgré le froid de l'hiver, le soleil est chaud en terrasse et c'est très agréable. J'en ai assez d'être enfermé entre quatre murs que cela soit chez moi où au Centre d'ailleurs.

Cherchant des yeux une table de libre, je n'en vois aucune et je suis quelques peu dépité. J'avais tellement envie de m'assoir dehors. Mon café à la main je m'apprête à repartir quand soudainement une table se libère. Je vais donc vers celle-ci, mais un homme est plus rapide et y prend place avant moi. Je soupire pensant à repartir à l'intérieur lorsque finalement je décide de faire autrement.

Je m'avance donc vers la table et j'interpelle l'homme assis. "Bonjour. Puis-je m'assoir et boire mon café à vos cotés ? Je désir simplement profiter du soleil. Si vous ne voulez pas me parler je ne vous ennuierais pas le moins du monde, je vous en fais la promesse." Retirant mes lunettes de soleil je souris à l'homme qui me fait face espérant qu'il accepte de me faire une place à sa table.

Ah le weekend! Le moment où je devais me détendre. Le dimanche était jour de repos complet. J’allais à l’église a 10h00 avant d’aller prendre un gros petit déjeuner à l’américaine! Mais aujourd’hui, nous sommes samedi et j’avais besoin de faire mes courses. Je me levais comme d’habitude et je regardais dans mon pot à café pour me faire un bon café bien fort.

- Ah putain de merde! C’est pas vrai! Désolé Bett!

Plus de café. C’était la catastrophe. Je grognais en refermant le couvercle de ma boîte en métal qui avait une trentaine d’années. On n’en faisait plus des comme ça de nos jours. Maintenant c’était du plastique bas de gamme au lieu de trucs durables! Je mettais donc une chemise propre et je peignais mes cheveux un peu pour avoir l’air de prendre soins de moi un minimum. Avoir l’air négligé pour sortir hors de question. Je prenais donc mon gros camion pour me rendre à un endroit où on servait du café. Je me stationnais devant un Starbucks en soupirant. Je n’aimais pas payer cher pour mon café.

Je descendais avant d’entrer dans l’établissement. Je regardais le menu avant de froncer les sourcils. C’était quoi ça venti machin et un latte truc. Merde! Je voulais un café! Un simple café. La caissière me regardait avec un air «Décide toi le vieux». J’ouvrais mon portefeuille en lui donnant un billet de cinq dollars.

- Je vais prendre un café dans une tasse.

- La grandeur et la sorte monsieur

- Un café ORDINAIRE dans une tasse REGULIÈRE.

La jeune fille ne semblait pas comprendre. Je lui grognais de faire comme elle voulait et je piquais un journal en le mettant sous mon bras. Je prenais ma tasse de porcelaine pour aller dehors. Une table se libérait et je m’installais en ouvrant directement le journal local. Je n’avais pas vu la dame qui voulait la place car sinon je la lui aurais laissée. J’avais une once de savoir vivre quand même. Je tournais les pages avant d’entendre la voix de cette dernière. Je baissais le journal et je la regardais par-dessus mes lunettes. Aucune femme ne s’était assise auprès de moi depuis plus de … Merde ça faisait si longtemps que Betty était morte? Ça me donnait un coup de vieux.

- Je vous en pris mademoiselle assoyez-vous avec moi. Je dois vous avouer que ma compagnie n’intéresse pas grand monde. Je suis supposément grincheux. BON SANG DE BONSOIR!

Un oiseau venait de faire une belle fiente directement sur les pages de mon journal. Décidément c’était pas mon jour.

- Stupide volatile! Je te souhaite de passer dans une turbine de 7-47 gros imbécile. Il a ruiné mon journal …

Je prenais une gorgée de café. Mais c’était quoi ça? Un arôme de noisette. Eurk.

Mon dieu mais quel homme étrange ? Mais à vrai dire il est ce don j'ai besoin en ce moment. Il semble savoir ce qu'il veut. En attendant sa voix je la reconnais. C'est lui qui a demandé un café ordinaire dans une tasse régulière. Mon Cappuccino va lui sembler d'une grande extravagance. Je souris à cette idée. Je prends ensuite place à ses cotés à la table puisque il accepte de la partager avec moi. Bon sang de bonsoir laisse t'il échapper alors qu'un pigeon vient de souiller son journal de fientes... Je ne peux alors retenir un rire et j'ajoute à sa déclaration sur la mort qu'il souhaite à ce pauvre volatile : "Les pigeons n'ont aucune éducation ! Vraiment. Peut-être que les dernière nouvelles ne lui plaisaient pas ?" Je lui tends ensuite ma serviette en papier pour qu'il puisse essuyer les dégâts que le pigeon a causé.

Retirant mes lunettes de soleil, je bois ensuite un peu de mon cappuccino. N'ayant plus ma serviette en papier pour m'essuyer la bouche, je sors ensuite de mon sac un mouchoir en tissu pour retiré la trace de mousse sur mes lèvres. Mon regard se pose ensuite sur l'homme. "Je suis Sydney et vous ?" Puis je regarde son café et j'ajoute : "Votre café est il assez réglementaire pour vous ? Je suppose vue votre attitude générale que vous étiez dans l'armée ? De l'air ou de terre ?" Je me sens détendu. Contrairement à ce qu'il voudrait bien laisser croire, je suis sur que cet homme est de bonne compagnie. Mon travail me permet de facilement jaugé les gens et sa compagnie ne sera surement pas pire que celle de certaines énergumènes froides et insensible du Centre !

Il y a quelques temps déjà, Jarod m'a proposé de fuir cet endroit. Il m'offrait même son aide pour le faire. Mais tant qu'il restera dans leur collimateur je ne pourrais me résoudre à le faire ! Sait il qu'il est en fait l'ancre qui me retient attaché au Centre ?  

Journée de merde! Déjà, le café avait été difficile à commander! Un café dans une tasse et elle me foutait un truc avec un arôme de noisette! J’ai l’air d’un type qui prend un café à la noisette?! Non, moi j’ai une paire de couilles et je bois mon café comme un homme. Pleins de préjugés? Toujours! Je déclarais officiellement la guerre à ce volatile de merde en plus. Heureusement que je n’avais pas mon arme car je l’aurais descendu. Je continuais de grogner. C’était la section du sport en plus… C’était pas mon jour. J’en oubliais la présence de ma délicate invitée en face moi. Je prenais sa serviette avec douceur et j’essuyais la fiente. Super, l’encra partait avec.

- Ce volatile de Satan vient de chier directement dans la section des résultats sportifs. Une véritable honte! Je vais devoir aller vérifier sur les internet pour savoir qui a gagné entre les Cowboys de Dallas et les Vikings du Minnesota. C’était important ce pointage. Enfin bref, je vous remercie mademoiselle pour la serviette en papier.

Ah oui, je restais poli avec la dame bien que ça me faisait chier de ne pas savoir le score avec les statistiques complète du match. J’aimais bien faire des paris avec quelques anciens collègues à la retraite. Elle retirait ses lunettes et je la regardais par-dessus les miennes. Jolie la demoiselle.

- Ravi de faire votre connaissance mademoiselle Sydney, je me nomme Edward Watson.

Je prenais une autre gorgée de mon café en faisant la grimace. Pipi de chat ce truc. Bande de mauviette! Elle me demandait si mon café était assez règlementaire et je me mettais à rire.

- Disons qu’il est bon pour les bonnes femmes le dimanche après l’église. J’étais dans l’armée effectivement mais dans mes Marines. Lieutenant général plus précisément. J’ai eu plus de 2000 hommes sous mon commandement sur le USS-MERLIN. J’y vais encore assez souvent. Servir son pays, on a ça dans la peau mademoiselle. Vous faites quoi dans la vie?

Je fermais mon journal pour continuer de boire mon café infect et je regardais les gens marcher en même temps autour. Il faisait très beau en plus. C’était une belle journée.

- Les Sous-marins c’est quelque chose. Je n’avais pas assez de patience pour y rester. Mon navire était un navire de guerre. Un gros truc bien méchant et costaud comme le Mont Washington. Ensuite, rien n’est pire que de passer des mois en mer sans avoir ceux que l’on aime proche de nous. Je pense à ma Betty qui a enduré tout ça! Paix à son âme, elle peut désormais le suivre partout.

Je lui posais une question comme je le faisais avec tout le monde. Je me fichais bien de son boulot. Une mouche se mettait à me faire suer. Je prenais le journal et je le roulais en regardant la bestiole voler. J’écoutais attentivement les paroles de la femme malgré tout.

- Ah ben c’est intéressant tout ça ! Vous faites un beau métier.

Je tapais sur la table sans retenue avec le journal. Cette mouche était désintégrée. Je remettais le journal sur la table avant de reprendre mon café en le levant pour porter un toast avec la femme.

- Navré, j’ai horreur des volatiles ailés qui m’agacent. Probablement pour ça que je n’ai pas fait Air Force. Je suis certain que vous êtes une femme patiente. La preuve étant que vous vous êtes assise avec le vieux que je suis.

Je reprenais une grande gorgée de jus de vaisselle avant de regarder la femme dans les yeux. Elle était drôle de me demander si j’avais peur de son métier. Je n’avais pas peur d’elle. Je me foutais bien qu’elle vende des marguerites ou qu’elle soit psychiatre. Moi, je voulais juste boire un café régulier dans une tasse ordinaire !

- Peur de quoi ? Vous n’avez jamais connu ma femme, car elle, elle faisait peur lorsqu’elle était en colère. C’était la pire des situations de combat ! Je n’ai pas peur de vous. Si vous deviez psychanalyser quelqu’un, je vous suggère mon fils. Il est un bon candidat à se faire jouer dans le cerveau. Moi, je suis trop vieux et mes neurones n’ont rien d’intéressant. Mes pensées sont les miennes et je m’en bats les couilles de ce que vous pouvez analyser. Je ne changerais pas. Ils ont fait ce café avec quoi ? De la pisse de jument ? Même l’eau recyclée du navire avait plus de goût que ça !