Lolth tient son nom d'un ancien formateur qui appréciait un peu trop les jeux de rôles sur table. Il voyait en elle beaucoup de similitude avec la déesse araignée. Même après toutes ses années, c'est resté et personne ne l'appelle plus Gabriella. En fait, les gens ignorent que ce n'est pas son nom au final. / Gabriella se souvient peu de sa famille. Ses parents sont décédés quand elle n'avait que 8 ans. Son oncle a gardé son frère, mais c'est débarrassé de sa sœur et d'elle à la première occasion. Pour lui, les femmes n'avaient pas beaucoup d'intérêt. / Elle porte un médaillon caché sous ses vêtements qui représentent le dernier souvenir de sa famille. Même si elle ne veut pas vraiment se souvenir d'eux, Gabriella le garde toujours prêt de son cœur. / Elle a fini dans les rues de Milan comme voleuse insignifiante. / À 13 ans, elle s'était fait une petite réputation parmi ceux qui vivaient dans la rue. Audacieuse et n'ayant pratiquement peur de rien, Gabriella vola un homme qui était bien loin d'être un homme ordinaire. Son nom était Alexis Novàk. Sa détermination a lui échapper impressionnant l'homme au point qu'il lui fit la proposition suivante : devenir quelqu'un avec un but plus grand que de simplement voler des touristes. / Elle a montrée énormément de talent dès le début de sa formation quand il s'agit de neutraliser définitivement des gens. Malheureusement, son attitude peu social et le fait qu'elle ne s'exprimait pas avec des mots alors qu'elle semblait être parfaitement capable de le faire, rendait plus limiter ses affectations. / Elle a appris le langage des signes même si elle sait parler. / De 18 ans à 22 ans, elle est allée sous couverture dans une unité de l'armée. / À l'âge de 23 ans, on lui confia comme mission de tenter d'infiltrer le clan Costa qui se trouve être la branche de la mafia italienne. Ce ne fut pas une tâche facile, mais après un an de travail la jeune femme réussie à se remarquer par nulle autre que Dario Costa lui-même. / Elle est devenue le bras droit de celui-ci à l'âge de 26 ans et depuis elle lui est totalement loyale... en apparence. / Malgré qu'Alexis l'est sorti de la rue et qu'elle lui doit qui elle est aujourd'hui. La jeune femme commence à sérieusement douter du but de la division. Elle est devenue très attaché à la famille qu'elle sert et don elle fait maintenant intégralement partie. / Il y a environ 1 an, elle a fait disparaître le fils d'un sénateur après qu'il est presque violé la nièce de son patron. Elle connaissait la rumeur comme quoi il avait violé d'autres femmes donc ce ne fut pas vraiment une décision à prendre, mais disons que la Division ne fut pas très heureux avec cette décision surtout qu'on lui avait clairement dit de ne rien faire au jeune homme.

Le temps était loin d'être clément depuis quelques jours. Le ciel était constamment gris et la pluie tombait en alternance. Au final, j'avais l'impression qu'elle collait avec mon humeur maussade du moment. J'étais sur le pied de guerre depuis un certain temps. Tout ce que j'attendais maintenant était un signe ou plutôt le signe qui me donnait l'autorisation d'agir comme je l'entendais. Je tends la main pour la glisser à l'intérieur de la veste de cuir que je porte au lieu d'une de ses vestes de créateurs que j'ai l'habitude depuis plusieurs années. Je manque parfois de porter ce genre de vêtements, mais être bien habillé va avec l'emploi du coup, je fais avec maintenant. Quand je jette un coup d'œil au rétroviseur, je me détends. La porte de la voiture s'ouvre et un homme prend place sur le siège passager. Dans un premier temps, je ne me retourne pas vers lui et je ne fais que taper mes doigts sur le volant avec une certaine impatience claire. Je sais très bien que je dois m'attendre à des commentaires sur mon attitude depuis quelques mois. Je suis beaucoup moins réceptive aux ordres de la Division. L'homme finit par parler à mon plus grand soulagement. Je commençais à en avoir marre de ce silence pesant et inconfortable qui règne dans l'habitacle de la voiture. « Tu sais pourquoi je t'ai fait venir ce soir n'est-ce pas Gabriella ? » Je le regarde d'une manière soutenue alors que j'attends la suite. Ce n'est pas mon ancien mentor du coup je ne me sens pas aussi menacé. Harold, si je me souviens bien de son nom, n'est qu'un simple messager envoyé par la Division quand ils ne pensent pas que ça soit assez important pour eux de se déplacer. Je soupire exaspérer alors qu'il tente de paraître autoritaire avec moi. C'est mal foutu. Je commence à agiter mes mains devant lui pour lui répondre. « Dis ce que tu as à dire et arrête de me faire perdre mon temps. » Il avale tranquillement. J'ai l'impression qu'il veut autant que moi que tout ça soit terminé. J'ai des choses à faire et j'imagine que lui aussi.

Il me regarde à nouveau sans savoir comment prendre mon attitude et je commence franchement à en avoir marre qu'il ne dise rien. Il me fait perdre mon temps. Je claque alors des doigts pour le faire parler ce qui a pour effet de le faire sursauter. « Ils ne sont pas contents de comment tu as géré ta mission depuis ce qui s'est passé avec le fils du sénateur Dawson. Tu devais garder la famille Costa sous contrôle, mais ils ont l'impression que c'est eux qui te contrôle maintenant. » Je serre les dents alors que mon regard devient des plus meurtrier. Il a l'audace de continuer avec un sourire sur ses lèvres. Sans doute penses-t-il que je ne lui ferai pas de mal peu importe ce qu'il va me dire. Quel idiot. C'est très mal me connaître. « La nièce de Costa a ouvert ses jambes pour toi et maintenant tu fais tout pour qu'elle reste à réchauffer ton lit. Pas très professionnel Gabriella. » Je lève une main pour lui faire clairement comprendre qu'il va trop loin alors que je bouille de rage sur place. Malheureusement, il semble jouir de ma colère plus qu'en avoir peur. Une autre preuve de sa stupidité. J'ai croisé beaucoup d'hommes comme lui dans ma vie. Des hommes qui se pensent tellement meilleurs, tellement importants alors qu'ils ne sont que des cailloux insignifiants dans un rouage beaucoup plus grand. Il ne comprend pas qu'allumer ma mèche sera sa perte. « Il semblerait que même toi, la reine araignée, est un penchant. Quelle déception... » J'en ai assez entendu de sa part. Avant même qu'il ne puisse terminer, je l'attrape par la nuque et l'envoie violemment frapper sur le tableau de bord de la voiture. Après trois fois, je peux entendre le bruit très distinct d'un os qui se casse, mais franchement, j'en ai rien à foutre. Je suis bien trop en colère contre lui pour me soucier des conséquences. Je l'envoie deux fois de plus dans le tableau de bord avant de lâcher sa nuque. Je prends un grand respire, puis sort de la voiture pour en faire le tour. Une fois au niveau passager j'ouvre la porte et le tire sans ménagement sur le trottoir. Nous sommes en pleine nuit, il pleut et il fait particulièrement froid ce qui m'assure une bonne couverture. Très peu de gens font des promenades par un temps pareil. L'homme gémit au sol alors que je pose mon genou sur sa poitrine et l'oblige à me regarder. Son nez est définitivement cassé vu l'angle et sans doute sa pommette droit aussi. « Dis-leur que j'ai réussi à convaincre Dario de choisir les Russes au lieu des Mexicains comme on me l'avait demandé. Si tu parles de cette affaire à nouveau, je te coupe la langue. Compris ? » Je signe lentement pour qu'il puisse bien comprendre avec ce qui semble un œil en moins. Il hoche la tête en gémissant et je sais que le message est bien passé. Je me relève alors les yeux pleins de mépris. Je sais très bien que des conséquences vont venir quand il va rentrer pour faire son rapport. Mais, il m'a provoqué donc il doit en payer le prix.

Toujours en colère, je le laisse sur le sol sans un autre regard. Je n'ai aucune forme de compassion pour cet homme pitoyable. Il ose même tendre la main pour que je l'aide à se remettre debout. Qu'il aille au diable! Je ne veux plus jamais le revoir et je sais qu'ils ne vont pas le renvoyer comme messager la prochaine fois. Sans doute ne s'attendait-il pas à ce que je me montre violente parce qu'on bosse tous les deux pour les mêmes personnes. Quelle erreur de jugement de sa part. Je démarre la voiture sans faire de bruit en laissant cet idiot dans le noir et la pluie alors que je rentre vers la planque où je cache cette voiture. C'est un modèle passe-partout et très populaire dans le coin ce qui rend plus difficile l'identification en cas de problème. Une fois la voiture de retour dans le garde meuble, je prends le temps de me changer. Je dois enlever les vêtements de rues que je porte pour remettre mon costume à 3 000$ cadeau de mon patron. J'affectionne particulièrement celui-ci. Il est d'un bleu profond qui va de pair avec mes yeux. La chemise noire et la cravate bleue sont un bonus bien équilibré. Une fois changé, je retourne complètement dans la peau de Lolth, le bras droit de la famille Costa. En quelques minutes, je rejoins le restaurant qui sert de préface à la famille. Dario m'avait envoyé pour faire une petite course et du coup j'en ai profité pour aller voir cet idiot de messager. Ni vu, ni connu. Je m'approche de mon patron qui est assis avec son frère dans la zone privée. Dès qu'il me voit, il se lève pour me serrer dans ses bras. C'est une chose que je ne vais jamais m'habituer. Ils sont très tactiles... alors que moi je ne l'ai jamais été encore moins avec des hommes. Trop de mauvais souvenir. Je me tends encore malgré que je sache que je suis en sécurité avec lui. « Enfin tu es de retour! Paolo vient de m'annoncer que les Dorokhov font bien leur part du travail. Nous allons pouvoir nous étendre plus rapidement qu'avec les Mexicains. C'est une raison pour célébrer. Prends ta soirée et va rejoindre les autres en arrière. » Dario n'est pas connu pour être un homme sympathique dans le monde criminel, pourtant il a un bien plus grand cœur qu'on ne le pense. Chaque fois qu'il me regarde de la manière dont il le fait présentement, avec fierté, avec respecte... avec amour ? Vous savez le genre d'amour d'un père pour sa fille ? Enfin bref, je me sens à ma place quand ça arrive... puis je me rappelle que je lui mens depuis le début. Je me rappelle que je suis là pour les garder loin des pattes de la Division en premier lieu et je me sens nauséeuse. Je hoche tout simplement la tête et tourne les talons. Son frère, Paolo, prend la parole. « Je crois qu'Odessa t'attend depuis un moment. Fais-moi plaisir et assure-toi qu'elle rentre en sécurité. » Ce n'est plus un secret ce qui s'est passé entre nous ou pourquoi Taylor Dawson s'est retrouvé dans le fleuve. Paolo m'a bien fait comprendre que j'avais son approbation. Après tout, je suis de la famille, mais malgré tout je ne dois pas blesser sa fille chérie pour autant.

L'atmosphère de l'arrière-boutique, qui se trouve être une pseudo boîte de nuit / casino underground créer par les plus jeunes membres de la famille pour sortir s'amuser, est très différent. Le restaurant respire la classe. Ici, ça pue la cigarette et l'eau de colonne masculine. Mes yeux passent rapidement en revenu la foule avant de trouver la jeune femme. Comme elle est dos à moi, il m'est facile de me glisser derrière elle sans qu'elle ne s'en rende compte. Ses amis qui me font face, par contre, me voit arriver et m'envoie la main ce qui la fait se retourner. Elle me regarde avec un large sourire, puis s'empresse de me tirer vers la table par la main. « Tu en as mis du temps! Tu es relevé de tes fonctions pour la nuit ? » Je fais oui tout simplement de la tête ce qui la fait sourire. « Parfait! Alors buvons! » Je secoue la tête avec un petit sourire en coin à son énergie. Odessa a eu une vie bien différente de la mienne. Pas nécessairement plus facile, juste différente. Elle ne connait pas la faim et la pauvreté, mais elle sait ce qu'est la violence tout comme la douleur. Après quelques verres, je me retrouve à devoir être celle qui se dirige vers le bar afin de ramener des bouteilles pour tout le monde. J'en profite pour me commander le meilleur bourbon qu'ils ont en stock. Quand le plateau arrive devant moi, je vois aussitôt la note sur la serviette sous la bouteille de tequila. « N'oublie pas qui tu es et qui t'a créé. AN » Je regarde les mots un instant avant d'attraper le bout de tissus pour le mettre dans ma poche de pantalon. Je tente de me recomposer alors que je reviens avec les boissons. Odessa me jette un regarde et pendant un instant je suis presque certaine qu'elle va me poser des questions. Heureusement, un de ses amis attirent son attention et elle laisse tomber. Je ne peux pas me permettre de me montrer secouer par ses mots. Je dois me reprendre et faire ce qui doit être fait, ce pourquoi je suis ici, ce pourquoi on m'a créé. Mais ne suis-je pas plus que ce que pourquoi je fus créer au final ?

L'équipe municipale de Blue Cove