Je reprends ma vie en main… Ces derniers temps j’avais ralenti les appels à des heures indécentes, les envois de colis obligeant la fine équipe à grimper dans le premier jet à disposition, pour me courir après. D’ailleurs, j’avais cessé de parcourir tout le pays pour jouer les justiciers. J’avais envie de stabilité et soyons fous, de vivre une vie tout ce qu’il y a de plus normal. Et me voilà de retour à Blue Cove. Hier encore, j’aurai aisément pu célébrer les trois mois de vie dans cette « charmante » bourgade du Delaware. Je vivais encore à l’hôtel, mais c’était provisoire, autant que mon silence.
Sydney était inquiète et se servait de « Refuge » pour me le faire savoir. Elle peinait à comprendre pourquoi du jour au lendemain, j’avais cessé d’émettre. Elle semblait ignorée que j’avais élu domicile à Blue Cove. Ce qui laissait entendre que Mademoiselle Parker n’avait rien dit. « Ne te fais pas de films Jarod. Si elle a délibérément omis de transmettre cette information, c’est uniquement pour ne pas devoir assumer son échec. » Car oui, elle avait échoué à m’attraper alors que nous étions si près, trop pour que l’échec soit pardonnable.
La tempête avait dévasté une partie de la ville et notre raison. Je n’avais de cesse de repenser à cette nuit, me demandant si je n’avais finalement pas fantasmé ce moment tant il demeurait surréaliste. Je pensais encore sentir son corps contre le mien, son souffle dans la nuque et la chaleur qui nous étreint alors que dans l’âtre de la cheminée, les flammes livraient leur ballet le plus intense, là où nous nous livrions sans modération l’un à l’autre.
« Bon, vous avez fait votre choix ? » La voix du glacier me ramena soudainement à la réalité. « - Oui ! » fis-je entendre en posant mon regard sur le bac contenant de la vanille, une saveur qui trouvera toujours grâce à mes yeux. Le glacier s’exécuta presque aussitôt, légèrement bougon toutefois. Il me tendit ensuite un cornet sur lequel trônait une boule de vanille, des éclats de chocolats et une animosité en inadéquation avec le métier, mais qui ne m’offusqua point, car quoiqu'il arrive, j’avais toujours le sourire aux lèvres. Je réglais la note et me voilà parti pour rejoindre le banc qui se trouvait à quelques mètres du stand.
D’habitude je me plaisais à faire tournoyer les pages de mon carnet rouge, pour examiner les quelques articles précautionneusement collés à l’intérieur. J’avais cessé d’alimenter mes carnets rouges depuis mon retour à Blue Cove. Être pompier me permettait de me rendre utile différemment certes, mais je pouvais continuer à sauver des vies en agissant de la sorte. Je pris toutefois le soin de sortir mon portable de la poche de mon jean pour y déverrouiller l’écran tactile tout en savourant ma glace. « Rien n’a signaler ! » laissais-je entendre avant de ranger à nouveau mon mobile. Toutefois, alors que je tâchais de savourer les arômes chimiques de ma glace, mon regard fut attiré par la boutique d’en face.
« L’antre des geeks » Jamais encore je n’avais vu pareille nomination et je me demandais ce que voulait dire ce mot « geek » que j’avais entendu à plusieurs reprises dans la bouche de Buck à la caserne sans être capable d’en amorcer la moindre définition. Un peu honteux de ne pas savoir, je n’avais pas jugé utile d’attirer sur moi l’attention. Je n’en demeurais pas moins intrigué par cette débauche de néon et toutes ces figurines dans la vitrine. J’étais intrigué et peut-être bien charmé, assez pour prendre la direction du commerce.
A peine ai-je franchi la porte, qu’une petite clochette se fit entendre attirant sur moi l’attention du vendeur qui m’offrit un léger sourire auquel je répondis. Je n’avais jamais vu un tel magasin, il y avait tout un tas de rayons, aussi variés qu’intrigants. L’on pouvait y voir des bandes dessinées, tout un tas d’objets étranges et bien sûr des figurines, beaucoup de figurines. Happé par la curiosité, je ne pus résister à l’envie de déambuler, sans trop savoir ce que je cherchais ici. Je me souvins alors de la petite mademoiselle Parker, qui le sourire aux lèvres et vêtue de son uniforme scolaire, vint me parler film et DeLorean
« - Excusez-moi ! » me surpris-je à faire entendre en m’approchant du gérant de cette étrange boutique. « - Je cherche une DeLorean » L’homme me détailla de la tête aux pieds légèrement intrigué. « Retour vers le futur ? » me demanda-t-il ensuite pour briser le silence. « - C’est un nom de film c’est ça ? Il y avait cette voiture dedans ? » Je me sentais incompris et peut-être un peu idiot.
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Le problème avec les commandes internet c'est qu'il faut avoir un point de livraison ou être chez soi… Et on n'est pas toujours certain de l'état du colis… Alors que les boutiques spécialisées ont souvent des gérants passionnés qui non seulement prennent le plus grand soin des produits mais en plus pouvaient être de bon conseil et faire découvrir des œuvres ou produits insoupçonnés. Le résultat c'est que Teddy était un acheteur régulier de l'Antre des Geeks. Il y prenait toutes les dernières publications et beaucoup de vêtements et objets de collections. Ainsi en ce jour il espérait bien récupérer les derniers numéros des aventures du docteur Aphra, de Miles Morales, et un sweat à capuche aux couleurs du vignoble Château Picard, afin d'avoir bien chaud durant l'automne. Il irait à merveille compléter sa collection avec le t-shirt Kirk - Spock 2020 récemment acheté. C'est ainsi qu'il arriva à la boutique, lançant un poli mais distrait bonjour, il commença à flâner dans les rayons, prenant les comics dans leur bac et jetant un œil à d'autres séries, craquant sur un numéro des aventures de Diana Prince qu'il avait raté. Lorsque la clochette sonnait, il n'y prêtait nullement attention, ayant ses trois comics en main et se dirigeant vers les habits afin de chercher un sweat à sa taille. A ce moment une voix qu'il connaissait se fit entendre. Absorbé par sa recherche il n'y prêta pas attention… Jusqu'au moment ou il entendit que la personne recherchait une DeLorean sans savoir qu'il s'agissait de Retour vers le Futur.
"Nom de Zeus!"
S'exclama-t-il alors. Seul un Caméléon pouvait balancer une pareille question sans mourir de honte… Et il avait plus d'une fois entendue la voix alors que Sydney partageait ses enregistrements… Jarod était à Blue Cove! Que faire??? Prenant son téléphone, il voulait directement envoyer un SMS à Mlle Parker tout en faisant quelques pas pour vérifier discrètement de ses yeux que ses oreilles ne le trompaient pas…
Ce faisant le téléphone et les achats tombèrent à ses pieds, le téléphone rebondissant même avant de glisser tel un palet de hockey jusqu'aux pieds du Caméléon alors que Teddy se précipitait pour ramasser les comics, effrayé à l'idée de les avoir écornés….
Poussant un soupir de soulagement en constatant que le sweat avait tout protégé dans la chute à l'exception du téléphone, Teddy se redressa en poussant un soupir de soulagement avant de se rendre compte qu'il était face à Jarod, que son téléphone était aux pieds du Caméléon et que si l'écran ne s'était pas brisé il devait tranquillement attendre que l'on rédige un message pour Mlle Parker.
"Retour vers le Futur est une trilogie, la DeLorean qui apparait dans le premier film est modifiée dans chacune des suites en fonction des époques traversées. Il doit exister en tout quatre versions différentes, le troisième film modifiant la voiture à deux reprises, et des dizaines de reproductions offrant différentes échelles ou fonctionnalités pour chaque exemplaire de la voiture. Avec un peu de patience et d'argent on peut même trouver une véritable DeLorean à conduire qui arbore les modifications des films, ou le faire soi même."
Expliqua alors Teddy très vite, d'une voix anxieuse… Après Kassandra, voilà qu'il se retrouvait nez à nez avec Jarod et, une fois encore, à jouer les professeurs de pop culture! Que dire face au plus célèbre et au plus recherché des trois Caméléon??
"Bonjour…."
Ah bah bravo… Voilà qui était très inspiré et intimidant, un bonjour apeuré…
Jarod Russel
Caméléon
▻ ARRIVE(E) LE : 07/01/2017
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D’aussi loin que je m’en souvienne, jamais depuis mon évasion du Centre, je n’avais vu pareille boutique. D’ailleurs je me demandais bien où j’étais et si cela n’offusquerait personne de voir un adulte passer la porte. De toute évidence non, car à en juger par les gens qui flânaient de rayons en rayons, je n’étais pas le seul adulte dans cet univers « enfantin. » J’étais intrigué, la plupart d’entre eux arboraient des t-shirts à l’effigie de personnages de comics, enfin je crois. Il y avait aussi quelques adolescents, tous attirés par le rayon « funko pop » des petites figurines elle aussi à l’effigie de leurs héros et de figures de la pop-culture. Un univers qui m’était inconnu, assez pour m’intriguer et me pousser à le découvrir pour combler mes lacunes.
L’expression adéquate serait « caverne d’Ali baba » pour les adeptes de la pop culture. Sur les murs, l’on pouvait voir quelques posters, des « Une » de comics dédicacées et encadrées. Je reconnu Spider Man dont Buck m’avait parlé à la caserne. Lui aussi était un fin connaisseur et n’avait de cesse de parler des Avengers que je n’avais encore jamais rencontrés et je compris pourquoi en découvrant qu’il s’agissait du nom d’une équipe de super-héros. J’étais fasciné plus encore en découvrant l’existence de ce Thor qui semblait être une réinterprétation du mythe nordique. Je me sentais aussi un peu idiot d’être ainsi ébahi alors que pour la plupart des personnes présentes, maitrisaient les codes de ces univers qui me faisaient défaut. Alors pour tenter de m’intégrer, maladroitement qui plus est, je sortais non sans fierté la seule référence que j’avais et qui émanait d’un film que …dont elle m’avait parlé jadis. Un « elle » que je ne voulais plus nommer tant j’étais mal à l’aise.
Le vendeur me dévisageait comme si tout d’un coup, en parlant « Delorean » j’avais dit une bêtise. « Oui nous avons ça ! » commença-t-il l’air désolé avant qu’un téléphone portable ne glisse négligemment près de mes pieds. Mon regard braqué au sol et sur l’écran allumé du mobile, glissa jusqu’à se poser sur le type qui s’empressait de ramasser les quelques comics qu’il venait de faire tomber avec tout autant de négligence. Et lorsque je compris à qui j’avais affaire, je me sentis, l’espace d’un court instant, victime de la fatalité, ou d’une grosse poisse.
« - Vous ? » lançais-je alors qu’il venait de débiter à vitesse grand v un monologue dont je n’avais pas compris un traitre mot. Mon regard se posa à nouveau sur le portable qui se trouvait à mes pieds. Le bougre avait cherché à rédiger un message à ma chasseresse attirée. Le vendeur se sentant de trop, mit les voiles, tandis que je me baissais pour ramasser le mobile. « - Monsieur Weather ! Vous permettez que je m’assure que vous n’allez pas chercher à contacter votre très estimée collaboratrice ? » Pour dire vrai, je ne lui laissais aucune marge de manœuvre puisque je détenais encore son portable. « - Dois-je en conclure que vous êtes un spécialiste ? » Il était tendu et comment ne pas l’être en de telles circonstances ? Moi je me sentais bête d'être ainsi confronté à l'une des personnes en charge de mon retour au Centre.
« - Cette situation n’est pas commune, c’est même cocasse à vrai dire. Vous me traquez et me voilà. Ecoutez, je ne vais pas me livrer à un grand discours pour tenter de vous convaincre. Pour dire vrai, je n’ai qu’à sortir, avec votre portable et mettre les voiles. Je serais déjà bien loin quand vous serez parvenu à joindre quelqu’un. Mais je ne vais pas faire ça. Je n’ai pas compris un traitre mot de votre monologue sur la voiture, mais ça m’a intrigué, comme ce magasin d’ailleurs. Teddy, je vous propose un marché. À compter de ce jour, cet endroit, « l’Antre des geeks » devient officieusement une zone neutre et pour vous et pour moi. Ce qui veut dire qu’ici vous n’êtes pas un crack en informatique et que je ne suis pas le fugitif que vous êtes censé attraper. Non, ici vous êtes Teddy, un inconditionnel de bien des choses qui me dépassent et moi, je suis comme qui dirait un noob. C’est bien comme ça qu’on dit non pour quelqu'un qui n'a aucune culture populaire ou très peu ? »
Je ne voulais pas le menacer, parce qu’on fond je savais que ce type n’était pas une réelle menace, ni une mauvaise personne. Il avait juste des capacités, elles aussi exploitées par le Centre. Ce qui, en un sens, nous faisait un point commun.
« - Alors ? Est-ce que ça vous va ? Zone neutre ? »
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La poisse. Voilà ce que j'avais en tête…. J'étais le mec le plus poissard de tout Blue Cove… Alors que je venais de tomber comme par hasard sur Kassandra quelques temps auparavant, voilà que je me retrouvais à tomber sur Jarod, l'ennemi public numéro 1 de tous les gens que je connaissais, dans le seul endroit que j'appréciais autant que mon chez moi, l'Antre du Geek… Et impossible de faire semblant de ne pas le reconnaître, il m'avait reconnu… Et s'il n'avait rien compris à mon babillage, il avait parfaitement compris l'importance de récupérer mon téléphone.
"Je n'ai pas la latitude de refuser… "
Répondis-je en approchant de lui, les bras chargés d'achat que je posais sur le comptoir avec des gestes lents pour ne pas que Jarod ne se sente menacé et n'agisse contre moi… J'ignorais comment il allait agir mais clairement il n'était pas menaçant… Il était même plutôt amical. C'était déstabilisant… Oh bien entendu il suffisait de lire ses dossiers ou parler à Sydney pour s'en rendre compte mais quand on pourchasse quelqu'un on finit toujours par se faire une image mentale négative de la personne afin de pouvoir se regarder dans le miroir… Et là clairement cette image se fracturait.
"Vous comprendrez aisément que j'ai du mal à apprécier l'humour de la situation… Mais je ne désire pas voir cet endroit remplis de nettoyeurs… Pas plus que vous en tout cas… Vous seriez chez moi que je ne sentirais pas la chose différemment… "
Fouillant dans mes poches je sortais quelques billets que je posais sur la caisse pour quand le vendeur reviendrait. Je n'étais pas un voleur, mais comme j'ignorais comment la situation allait évoluer et que je ne quitterais pas les lieux sans mes précieux achats, je préférais prendre les devants.
"Zone neutre… Ce terme a bien des sens pour moi… Mais l'idée est grosso-modo la même pour nous deux je pense. Un endroit sans conflit, ou on discute en paix… J'aime l'idée même si j'ai peur de ce que ça pourrait nous coûter…"
Poussant un soupir, je lui lançais un regard quelque peu craintif.
"Ma très estimée collaboratrice a une façon bien à elle de partager son mécontentement… Mais si vous êtes un noob en pop culture, aucun de nous deux n'est un noob lorsqu'il s'agit de survivre à son courroux…"
Un petit sourire s'afficha sur mon visage.
"Zone Neutre donc, on va éviter de se demander lequel de nous deux est de Starfleet par contre. Besoin d'aide ou des questions au sujet de la DeLorean du coup ?
Il était plus que certain que Jarod n'avait pas compris ma blague mais au moins on allait pouvoir discuter tranquillement et il allait avoir des réponses à certaines de ses questions… C'était un début… Mais arriverais-je à garder un tel secret face à Mlle Parker ?? J'allais certainement en faire de très imaginatifs cauchemars.
Jarod Russel
Caméléon
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Il y a des rencontres surprenantes qui peuvent parfois s’avérer agréables. Mais par opposition, il subsiste aussi des rencontres surprenantes qui peuvent être désagréables. En soi, je n’avais rien contre Theodore Weather à ceci près que son employeur voulait me remettre la main dessus pour à nouveau exploiter mes capacités au détriment de ma liberté. Ce qui en théorie, faisait de cet homme chétif, un opposant et non un adjuvant selon la formule consacrée. Mais à bien y regarder, avais-je seulement quelque chose à craindre de ce « Teddy » ? Si je devais m’appuyer sur mes observations, je dirais que non. Il n’avait pas l’allure athlétique et n’était pas affuté. Sa dextérité laissait quant à elle à désirer, si bien que je me demandais s’il savait se servir d’une arme. Probablement pas et si Sydney m’avait enseigné à me méfier des apparences, il était fort peu probable que je me trompe sur Weather. Mais, car il en subsiste un malgré tout, je ne pouvais imaginer que le Centre ait engagé cet homme sans raison. J’avais eu ouï dire qu’il œuvrait derrière un ordinateur.
Les ongles étaient rongés, pas jusqu’au sang, mais assez pour souligner la pression constante que l’on devait lui faire subir. De plus il était pâle et ne semblait point s’offusquer de ne pas prendre le soleil. Nombreux étaient les bureaux à se trouver aux sous-sols. Même Sydney n’avait pas l’opportunité de jouir ne serait-ce que d’une fenêtre et ce malgré son ancienneté. Weather devait donc passer beaucoup de temps dans ce qui lui faisait office de bureau. Ses doigts quant à eux semblaient longs et fins. Je pouvais même, en prêtant attention aux détails, voir de la corne sur le bout de ses doigts.
Je le vis alors poser ses quelques achats sur le comptoir. Je n’étais pas à l’aise, mais il l’était tout autant que moi à en juger par les regards distants et ses petits gestes lents de surcroît. Je crois même qu’il était déstabilisé, assez pour amoindrir ma méfiance.
« - Je ne vois aucun humour dans la situation, de l’ironie peut-être. Et je suis d’accord sur la désagréable perspective de voir des nettoyeurs débarquer ici. Mais vous n’avez rien à craindre. » me sentis-je obliger de faire entendre alors qu’il déposait précautionneusement une liasse de billets sur le comptoir où se trouvaient encore ses précieux achats. Etrangement, je ne voulais pas mettre si vite, un terme à la conversation. Car je sentais bien que ce pauvre Teddy n’avait pas pour projet de s’attarder. Faire de ce lieu une zone neutre, me paraissait être la meilleure des idées, tellement que je ne pus le garder pour moi.
« -Vous êtes anxieux Monsieur Weather n’est-ce pas ? Les personnes nerveuses parlent beaucoup lorsqu’elles sont soumises à une forte pression ou à une situation tendue. » Et effectivement, le simple fait d’évoquer Mademoiselle Parker et la façon dont il avait d’en parler, me permis d’appréhender plus aisément l’origine de sa nervosité. Je ne pus dès lors m’empêcher de sourire, avec bienveillance malgré tout.
« - Mademoiselle Parker peut être impressionnante j’en conviens. Mais de vous à moi, Raines demeure la personne que je crains le plus. Entendre les roulettes de sa bonbonne d’oxygène grincer est à mon sens aussi terrifiant que le courroux de votre très estimée collaboratrice. » répondis-je à sa suite, curieux d’avoir son avis sur celui que la petite mademoiselle Parker se plaisait à appeler Nosferatu.
« - Je n’ai a priori pas besoin d’aide sur la DeLorean, à ceci près que je pense commencer par me procurer tous les « Retour vers le Futur » Par contre dites-moi, qu’est-ce que Starfleet ? » Certains regards se posèrent à nouveau sur moi, comme si soudainement je venais de leur faire offense. Je compris alors à quel point j’étais mal barré et qu’il me faudrait plus de temps que prévu pour appréhender la Pop Culture.
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Bon.... Jarod m'examinait alors que je m'assurait que quoiqu'il arrive, le commerçant ne serait pas lésé de mes achats. Je me demandais bien ce qu'il pouvait percevoir de moi. Il était censé être doté d'une intelligence supérieure, et il était probable que ce soit le cas puisqu'il ne cessait de nous échapper, mais clairement cela ne signifiait pas non plus qu'il était capable de jouer les Sherlock Holmes en regardant quelqu'un... Mais peut-être que si il en était capable? Après tout c'est probablement cela qui justifiait la capacité des Caméléons à devenir autrui.
Quoiqu'il en soit ce n'est pas être observé ainsi qui allait me mettre à l'aise... Et Jarod prit la parole... Effectivement la situation était plutôt ironique.... Mais cela suffirait-il à me convaincre que je n'avais rien à craindre? Il avait beau le dire, j'ignorais s'il était sincère ou me mentais... Je n'étais pas un enqueteur, mon expertise se limitait aux ordinateurs...
Mon silence ne l'empêcha cependant pas de continuer et il me demanda si j'étaix anxieux...
"Anxieux? Moi? Qu'est-ce qui vous fais dire ça?"
J'avais tenté de faire de l'autodérision mais ma voix était montée dans les aigus, trahissant mon anxiété... Raté... Et alors qu'il venait de parler de Mlle Parker voila qu'il parlait de Raines. Déjà parler d'eux dans un lieux public me paraissait inconcevable mais en plus parler de Raines!
"Oula... J'espère que Sydney a pensé à vous dire qu'il ne fallait pas prononcer son nom trois fois de suites. Il y a une hiérarchie des démons... Vous venez de traverser plusieurs cercles, Jarod."
Et alors que ma réponse laissait Jarod perplexe, me rappelant son inadéquation avec le lieu voilà qu'il lançait la pire des ignonimies dans une boutique de geek, en montrant qu'il ignorait tout de Star Trek.... Ma main s'écrasa sur mon visage alors que je me lançais dans une tirade fort inspirée... Par une autre œuvre de fiction.
"J'ai ressenti un grand bouleversement de la Force. Comme si des millions de fans avaient soudainement hurlé de terreur et puis s'étaient éteintes aussitôt...comme si un drame terrible s'était produit."
Déclarait-je alors en m'adossant au comptoir. Prenant mon courage a deux mains je me redressais, prenais Jarod par le bras et l'emmenait dans le rayon Star Trek:
"Jarod songez que du haut de ses rayonnages, 5 décennies de science fiction vous contemplent. Starfleet est le nom de l'organisation pour laquelle travaillent les nombreux héros de Star Trek, découvrant des mondes nouveaux et étranges, de nouvelles formes de vies et de nouvelles civilisations au mépris du danger et par le simple goût du savoir, sans aucune intention de conquête, sans rien demander d'autre qu'un respect mutuel."
Je lui lachait alors le bras et me tournait vers lui:
"Depuis 1964 il ne s'est pas passé une décennie sans au moins un film ou un épisode de Star Trek, c'est probablement l'œuvre télévisuelle la plus importante de par son impact et la plus développée en terme de création d'univers de l'histoire. La NASA a baptisé le prototype de ses navettes en référence à Star Trek, le Docteur King est intervenu auprès de l'actrice principale de la série, des villes ont des statues de personnages inaugurées en présence des acteurs tandis qu'un bled paumé de l'Iowa s'enorgueillit d'être le futur lieu de naissance de l'un des deux plus célèbres capitaines de l'œuvre. Je ne peux croire que quelqu'un comme vous se rende dans un tel endroit sans faire ses devoirs. Venir ici sans savoir ce qu'est Star Trek c'est comme mettre les pieds dans une église et demander qui est le type crucifié. Franchement pour un Caméléon vous n'êtes pas si doué que cela pour passer inaperçu."
Alors que je le regardais j'espérais qu'il n'allait pas me demander qui était le Docteur King ou ce qu'était la NASA... Qu'il soit à la rue au sujet de l'une des trois principales œuvres de science fiction du pays ou il était né et avait vécu toute sa vie passait encore, mais qu'il ignore l'histoire du pays ou il désirait se fondre ce serait plus inquiétant autant pour sa capacité de Caméléon... Que nos propres capacités de limier si nous n'étions pas capable d'attraper une quiche pareille Du coup toute anxiété s'était évanouie alors que je n'étais plus que désespoir et exaspération face à celui qui aurait du être ma proie .
Jarod Russel
Caméléon
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Il était un tantinet mal à l’aise, les signes ne trompaient pas. Comment ne pas l’être en de telles circonstances ? Je posais sur lui un regard que certains pourraient qualifier d’inquisiteurs. D’ailleurs, l’on m’avait fait comprendre, à plusieurs reprises, qu’il était plutôt mal vu d’observer une personne avec insistance. Je n’étais donc pas encore au fait de toutes les normes sociales, mais je savais à présent, qu’il était malvenu de trop regarder quelqu’un. J’aurais pu m’en excuser, mais je m’étais abstenu, car je voulais malgré tout, continuer d’intimider ce cher Monsieur Weather, pour avoir un tant soit peu le contrôle sur la situation.
« - Oui je vous trouve anxieux. On dit de l’anxiété qu’elle correspond à l’attente plus ou moins consciente d’un danger ou d’un problème à venir. Mais je dois reconnaître que c’est le son de votre voix et plus précisément le changement de tonalité et le fait que vous optiez pour l’autodérision, qui vous a trahi. Toutefois, je peux comprendre que vous voyez en moi un danger, ou un problème à venir si Miss Parker venait à apprendre que nous nous sommes croisés et que vous ne l'avez pas contacté. Soyez rassuré Teddy. Je peux vous appeler Teddy au moins ? Je sais garder un secret. »
J’avais bien compris à quel point il était effrayé par Parker et comment ne pas l’être? Les dragons sont de féroces créatures après tout, aussi fictives soient-elles. Mais de toute évidence, l’homme craignait aussi les croque-mitaines à en juger par sa réaction lorsque je me mis à parler de ce cher Monsieur Raines. Une réaction bien étrange qui ne manqua point de m’interloquer.
« - Sydney ne m’a jamais parlé de cette étrange pratique. Et les démons étant des êtres surnaturels, je pense qu’il ne faut accorder aucun sérieux à une telle hiérarchie. A moins que…C’était du second degré c’est ça ? Une façon pour vous d’accentuer le caractère démoniaque de … l’emphysémateux à roulettes. » J'avais quand même pris soin de ne pas prononcer à nouveau le nom démoniaque. « - Mademoiselle Parker l’appelait Nosferatu dans mes souvenirs. Est-ce un bon compromis pour échapper à la hiérarchie démoniaque ? » essayais-je pour tenter d’entrer dans le jeu pas certain toutefois d’en avoir compris tous les codes.
Si je pensais m’en être sorti, j’étais loin du compte. En parlant avec franchise et en faisant savoir mon ignorance concernant Star Trek je venais de commettre un parjure qui donna naissance à une tirade dont je ne comprenais pas le sens. « - Le bouleversement dans la Force ? Des millions de fans, rien que ça ? » Faisant fi de sa timidité, le blondinet m’entraina alors dans un rayon entièrement dédié à l’univers qui semblait me faire défaut. Et il est vrai que le rayon était impressionnant, autant que la tirade de Weather.
« - Pour ma défense, je n’ai que très peu de référence en matière de science-fiction, si ce n’est l’œuvre d'Howard Phillips Lovecraft. » Puis je compris qu’il était préférable que je le laisse parler, je pourrais ainsi plus facilement m’instruire. Ce que je fis presque aussitôt en écoutant avec attention les paroles de mon interlocuteur dévoué à son œuvre. « - C’est intéressant ! À vous entendre, on a l’impression que l’on pourrait prendre en compte la culture populaire et plus encore Star Trek pour aborder des notions philosophiques voire historiques. C’est fascinant je trouve. » Autant que sa conviction et sa connaissance du sujet. L’homme parlait sans bafouiller et je voyais bien à quel point il était à l’aise, ce qui faisait plaisir à voir.
« - Cela fait beaucoup à rattraper, mais je m’en voudrais de ne pas faire correctement mes devoirs. Et pour rebondir sur vos dernières paroles, je tiens juste à vous rappeler que votre employeur m’a enlevé alors que j’avais à peine cinq ans et m’a privé des joies de la pop culture pendant presque trente ans. Alors oui, j’ai des lacunes, mais à ce que je sache, le monde n’a pas cessé de tourner pendant que j’étais enfermé. »
Oui je dois le reconnaître, cela manqué de tact et peut-être étais-je légèrement vexé. « - Excusez-moi, je ne voulais pas me montrer condescendant. C’est juste que c’est assez agaçant de devoir subir ce genre de réflexion. Et pour vous rassurer et ne pas vous laisser croire que je suis une buse en plus de vous donner la date de création de la NASA, soit le 29 juillet 1958, je peux aussi vous parlez des télescopes spatiaux Hubble et Kepler, des sondes Viking, MER et Curiosity envoyées pour explorer Mars. On pourrait aussi parler des sondes Pioner, Voyager, Galileo, Cassini-Huygens et New Horizons, qui ont-elles servis à explorer Jupiter, Saturne et Pluton. Nous pourrions aussi évoquer cette simulation où l’on m’a fait étudier l’explosion qui a eu lieu au décollage d’une fusée Apollo. Et vous seriez même surpris de savoir que le Centre a collaboré à plusieurs reprises avec la NASA. Je suis donc largué sur la pop culture je l’avoue, mais pas sur le reste cher monsieur Weather. »
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Tout commença par un bon gros moment d'anxiété et de gêne ou Jarod avait le contrôle de la conversation alors qu'il m'observait comme sous un microscope et commentait mon anxiété. Que lui répondre ? Il fallait répondre dans tous les cas puisque Jarod m'adressait la parole… D'une voix que je cherchais à affermir, je répondis alors:
"Oui je ne doute pas que les secrets sont votre force et oui allez-y pour Teddy…"
Je ne désirais pas parler plus de Mlle Parker, elle était bien trop effrayante… mais Jarod n'en avait cure puisqu'il enchainait sur Raines qui l'était encore plus… Et il m'aurait fait rire si la simple mention de Raines ne suffisait pas à me glacer le sang…
"Oui c'est du second degrés… C'est nécessaire pour vivre en ce monde de fous sans perdre la tête. Nosferatu est effectivement un mot que j'entends souvent… Et c'est un bon compromis oui, Jarod."
Ensuite la discussion dérapa et aussitôt le Trekkie en moi s'emporta et fit la leçon à un pauvre Jarod qui n'avait rien demandé… Au départ Jarod sembla boire les paroles et je me sentais plus calme, soulagé, alors qu'il indiquait trouver la culture pop fascinante et du coup lorsqu'il me sermonna sur la vie qu'il avait connu, je fus décontenancé au point d'en oublier ses références à Lovecraft.
"Heu…"
Bon… là clairement j'avais fait preuve d'une belle répartie… Non mais sérieusement vous voulez répondre quoi après que l'on vous a rappelé que votre employeur se prenait pour l'Ordre Jedi en enrôlant des enfants… Mais sans demander la permission aux parents selon le discours des Caméléons.
"C'est bon, on a tous les deux merdé je crois, inutile de me citer Wikipédia… J'ignorais que vous aviez travaillé sur Apollo… Vous ne me semblez pas assez âgé pour cela… Mais effectivement nous avons tous deux manqués de tact…"
Je me passais une main sur le visage, avant de pousser un soupir.
"Bon maintenant que toute la situation est claire... Que faisons-nous ? Si ici est une Zone Neutre... J'imagine que ce n'est pas uniquement pour venir faire un achat que vous désirez une Zone Neutre, je me trompe ? "
J’avais l’impression de négocier mon âme avec le Diable... Pas la situation la plus plaisante... Mais clairement il fallait bien trouver une porte de sortie a la situation et je n'avais pas envie d'un affrontement...
Jarod Russel
Caméléon
▻ ARRIVE(E) LE : 07/01/2017
▻ LOCALISATION : Everywhere except at the Centre
▻ OREOS : 1500
▻ LOISIRS : Helping the widow and the orphan. Fill my red notebook, eat pez, oreos and discover new things.
J’esquissais un sourire, léger qui plus est. Même si Monsieur Weather ne semblait représenter aucune sérieuse menace, je préférais rester sur mes gardes de prime abord. Une façon pour moi de garder un semblant de contrôle sur la situation j’imagine.
« - Je n’irai pas jusqu’à dire que les secrets sont ma force, juste qu’avec moi vous avez l’assurance qu’ils seront bien gardés cher Teddy. »
Puisqu’il m’avait autorisé à employer son diminutif, je m’exécutais presque aussitôt, espérant ainsi instiguer un semblant de familiarité susceptible d’amoindrir la moindre tension. Je compris, après coup, qu’évoquer Parker et Raines, n’était pas la meilleure des solutions pour que l’échange demeure agréable et ce malgré le petit surnom de ce « charmant » docteur William Raines. Une appellation qui n’était pas, je le concède, le fruit de mon imagination, mais bien l’initiative d’une Mademoiselle Parker qui trouvait en Raines, de nombreuses similitudes physiques avec le personnage de Friedrich Wilhelm Murnau. Pour avoir découvert le film récemment, je ne pouvais qu’être d’accord avec la petite Parker de l'époque.
Weather sembla bien plus à l’aise, quand le moment fut venu pour lui, de m’instruire. Mais avant, il prit le temps qu’il fallait pour s’offusquer de mon manque criard de culture populaire. Une attitude et des mots, qui je l’avoue, me vexèrent au point de peut-être me montrer un peu plus véhément.
« - Excusez-moi, j’ai sûrement été un peu trop abrupte. Et pour revenir sur Apollo, il était question d’une simulation réalisée bien longtemps après les évènements que nous connaissons. Effectivement, je suis un peu trop jeune. Et attention à ce que vous allez dire, je pourrais m’offusquer sur l’âge. » tentais-je avec second degré. Il venait d’admettre lui aussi, qu’il avait « merdé » des paroles censées, les premières depuis notre rencontre. « - J’accepte vos excuses. » Un comble, puisqu’il ne les avait même pas formulées explicitement. « - Acceptez les miennes. » renchéris-je pour que nous puissions repartir sur de bonnes bases.
« - Ce que nous faisons ? Eh bien déjà pour commencer, mettons-nous d’accord. Nous allons très certainement nous recroisés en ces lieux. Donc je pourrais aisément vous demander de cesser de me voir comme l’ennemi public numéro 1 du Centre, lorsque vous passerez le seuil de la porte. Et peut-être pourrions-nous également profiter de cette zone neutre pour échanger. Et vous pourriez me conseiller. » Je peinais à croire que j’en étais rendu à dire ça. Weather malgré sa bonhomie apparente, travaillait pour le Centre, il était impératif que je ne l’oublie pas, mais ne dit-on pas qu’il faut être proche de nos amis et plus encore de nos ennemis ? Un mot, je le concède, peut-être un peu trop fort pour désigner « Teddy » mais une réalité que je ne pouvais me permettre de nier.
« - Bon et bien et si l’on se rencontrait à nouveau la semaine prochaine, ça vous irait ? »
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Les amours impossibles sont ceux qui durent le plus longtemps, qui laissent les souvenirs les plus durables, qui blessent le plus profondément, et qui nous marquent à jamais. aeairiel
Bon… Jarod esquissait un sourire, la situation était donc désamorcée… Non ? Soulagé, je sentis la tension quitter mes muscles alors qu’il me répondait avec assurance qu’il ne serait pas celui qui trahirait le secret… Bon du coup ça signifiait que la pérennité du secret ne dépendait que de moi et une boule se forma dans mon ventre, l’angoisse étant réels vis-à-vis de mon sort si le Centre découvrait que j’avais une Zone Neutre avec Jarod… Et aussitôt la tension revint quand Jarod mentionna Parker et Raines… Franchement cette journée c’était les montagnes russes pour mes pauvres tripes qui devaient ressembler à un plat de spaghetti sous la fourchette d’un gamin gavé de bonbons et dépourvus d’appétit… La discussion passa ensuite à la Culture Pop puis la NASA ou Jarod me sembla bien conservé pour son âge… Avant qu’il n’avoue que la simulation avait eu lieu bien après les faits pendant sa jeunesse… Forcément même les Caméléons ne vieillissaient pas aussi bien. Et il accepta mes excuses avant même qu’elles ne soient réellement présentées… Franchement il essayait d’énerver les gens en étant parfait ce Jarod ? Je comprenais l’agacement que tous ressentaient quand ils parlaient de lui… Il était difficile de ne pas se sentir minable face à ce Caméléon qui était si poli et si intelligent et avec un look qui devait faire craquer toutes les femmes…
« Je… Vous êtes pardonné… Et je n’ai pas l’habitude de plaisanter sur l’âge… Je ne suis moi-même plus tout jeune même si je n’ai jamais vu la moindre mission Apollo en direct... Mais je me souviens de Challenger… »
Après avoir bien refroidis l’atmosphère en parlant de la première des deux navettes spatiales à avoir exploser en vol, mais quelque chose me chiffonnait… Cependant comment présenter des excuses quand elles ont déjà été acceptées ??
« Merci d’accepter des excuses aussi maladroites… Et inadéquates… Je ne sais quoi dire sans passer encore plus pour un boulet… »
Un petit sourire gêné sur les lèvres, je le laissais répondre… et enchainer sur la suite de la conversation… La discussion concernait la Zone Neutre.
« Naturellement, je ne peux tenir un comportement autre qu’amical si je veux que tout se passe bien et que le lieu soit préservé. Je pense qu’on est d’accord là-dessus… Et si vous désirez vraiment des conseils sur la culture Pop, regardez la trilogie Retour vers le Futur, pour comprendre votre achat. Ce sera déjà un bon début et ça ne fait que trois films. Faites-moi ensuite un retour la semaine prochaine et on verra en fonction du retour ce que je peux vous conseiller. Ça vous va ? »
Puisque Jarod était prêt à une rencontre la semaine prochaine, il fallait lui donner des devoirs. Je pense que Retour vers le futur était un bon début. C’était un vrai film de culture pop et c’était suffisamment court pour qu’il puisse découvrir l’œuvre en une seule semaine.
Jarod Russel
Caméléon
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Au Centre, ma vie était rythmée par les simulations. De ce fait (et bien malgré moi) l’improvisation avait peu de place. Ainsi, tous les jours, je me levais en sachant à l’avance de quoi ma journée serait faite. Mais depuis mon évasion, de nouvelles perspectives s'étaient ouvertes à moi. Et si le fait de n’avoir aucun contrôle sur la situation pouvait parfois être la source de quelques anxiétés, je suis forcé d'admettre que je trouve à l'imprévu, un charme fou plus encore lorsqu'il est à l'origine de quelques situations rocambolesques et de rencontres tout aussi improbable. Évidemment que si j’avais su en amont, que j’allais tomber sur l’un des collaborateurs de Mademoiselle Parker, jamais je n’aurais foulé le seuil de cette boutique pour grands enfants. Mais puisque les dés étaient lancés et que la partie ne semblait pas encore en ma défaveur, je me risquais à en apprendre un peu plus sur Theodore Weather.
Je devais reconnaître, que de primes abords en le jaugeant uniquement sur son apparence, il était peu probable que ce type soit à considérer comme une véritable menace. « Mais » car il en subsiste toujours un planqué pour rabattre les cartes, il[Teddy] travaillait pour le Centre et si cette entreprise de malheur était ce qui se rapprochait le plus de l’antichambre de l’enfer, je ne pouvais nier l’excellence des éléments employés pour assurer la pérennité de cette sordide boutique des horreurs. Ce Teddy à l’apparence de monsieur tout le monde, était sûrement une pointe dans son domaine. Un domaine qui me sembla être l’informatique. Le champ lexical ne trompait personne, ni sa facilité à manier des termes inhérents à la pop culture qui faisait de lui un « geek » averti. Une appellation avec laquelle je n’étais pas encore tout à fait à l’aise, si bien que je m’étais convaincu, passé cet échange, de faire quelques recherches pour nourrir mon inépuisable soif de connaissances. Toujours est-il, que malgré notre appartenance à « deux camps opposés » la conversation était dénuée de la moindre animosité, j’en arrivais même à le trouver agréable malgré sa maladresse et le fait qu’il cherche encore à se rattraper après avoir présenté ses excuses une première fois.
« - Je ne suis pas rancunier, du moins pas de la sorte si ça peut vous rassurer. » Mon attention se porta alors sur le dernier terme qu’il venait d’employer et pour cause, à la caserne j’entendais souvent le bleu se plaindre d’être considéré comme un boulet. J’en déduisais qu’il était sûrement question de lourdeur et d’un manque de vivacité d’esprit. « - Évitez de représenter des excuses et je pense que vous vous exempterez d’être un boulet comme vous dites. » lançais-je avec bienveillance avant que nous n’évoquions la zone neutre. Ce qui nous renvoyait à un champ lexical de la guerre, qui je l’avoue me déplaisait fortement, autant que la perspective de considérer cet homme emplit de bonhomie et de maladresse, comme un ennemi.
« - Bien sûr que nous sommes d’accord. Je m’en voudrais de voir une si belle boutique devenir le terrain d’un quelconque conflit. » Et alors que je m’apprêtais à développer, la voix du gérant de ce petit paradis d’afficionados de la pop culture, résonna dans les allées, accompagnée par le mécontentement à peine voilé d’un homme d’un certain âge. « Saperlipopette, puisque je vous dis que je cherche cette référence de produit. Nom d’un ouistiti, je ne suis pas encore sénile ! » Ce qui valut au client mécontent une remarque condescendante, peu digne d’un commerçant. « Aller donc manger votre soupe de fèves. Ça vous fera travailler votre mémoire… » J’étais à la fois amusé, par l’échange et pourvu de l’envie presque irrépressible d’intervenir pour apporter mon savoir et rectifier quelques petits points sur les bienfaits de la fève. Toutefois, je pris sur moi reportant dès lors mon attention sur Teddy qui venait, je crois, de me donner mes premiers devoirs.
« - C’était cocasse ! Mais revenons à nos moutons. Vous préconisez donc la trilogie de « Retour vers le futur ? » Bien, trois films sur une semaine cela me semblent faisables. Va pour « Retour vers le futur » alors ? Même jour, même heure ? » J’attendais à présent qu’il saisisse la main que je venais de lui tendre pour sceller un semblant de promesse.
« - A très bientôt alors. » Je profitais d’être dans le bon rayon pour me saisir du coffret « édition remastérisé » qui semblait me tendre les bras avant de me rendre vers la caisse où le gérant avait repris sa place. Un dernier regard sur Monsieur Weather avant que je ne décoche ma carte de crédit pour régler l’achat et me voilà désormais l’heureux propriétaire d’un coffret que j’avais une semaine pour découvrir avant une prochaine rencontre.
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Bon et bien la catastrophe était évitée… Pour le moment. L'Antre du Geek ne devenait pas une scène de crime ou un champ de bataille et je gagnais une relation plus qu'ambiguë avec ma cible. Ma cible… Sérieusement? La cible de ma patronne que j'aidais à trouver serait plus juste… Je me demandais sincèrement comment je m'étais retrouvé dans cette galère a cet instant mais au moins tout semblait s'apaiser alors que Jarod trouvait que je présentais trop mes excuses quand je n'étais pas convaincu d'avoir présenté d'excuses convenables la première fois… Et alors qu'il me rassurait sur le fait qu'aucun de nous ne désirait que la boutique ne devienne zone d'affrontement, voilà qu'une personne âgée se faisait remarquer en se plaignant de ne pouvoir trouver l'article recherché… Je ne pu que sourire, n'ayant pas entendu vocabulaire si désuet depuis bien longtemps… Et le Caméléon ramena la conversation sur un terrain plus simple et agréable.
"Effectivement cette trilogie est un classique. Elle fait partis des prérequis pour être Geek et ne vous prendra pas autant de temps que Star Wars, Star Trek ou le Seigneur des Anneaux, alias la Sainte Trinité du Geek…. "
Jarod me demanda alors si nous nous reverrions même jour, même heure.
"Je serais là, faites en sorte que Mlle Parker ne vous empêche pas de venir."
Répondis-je ensuite…. Surpris par mes propos et, plus encore, par la sincérité qui transpirait de ceux-ci. J'allais clairement au devant d'ennuis…
" Vous comptez partir avec mon téléphone?"
Demandais-je alors, avec un sourire amusé, au Caméléon qui s'apprêtait à partir. Je m'approchais alors du comptoir pour récupérer mes achats et les payer tout en laissant Jarod réagir et trouver une solution qui lui convienne pour me rendre le téléphone sans se sentir menacé.
"Du coup, comment faisons nous pour le téléphone? Vous le posez dans un coin ou vous me le donnez?"
Tendant la main, j'attendis sa réponse.
Jarod Russel
Caméléon
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Nous en étions rendus à ce qui ressemblait à l’épilogue de cette première rencontre, impromptue et riche en enseignement. Du moins pour ma part. Ne me restait plus qu’à lui rendre son téléphone portable pour que nous nous séparions en bonne et due forme bien que j’aurais pu juger propice de garder le mobile. Une mesure préventive au nom de ma trop grande propension à croire en la bonté des gens. Mais non, car du bout des doigts, me voilà rendu à lui rendre ce qui pourrait signer ma perte, si d’infortune Weather, dès mon départ, se décidait à appeler Parker. « - Je vous le rends directement, sans cérémonial en espérant ne pas vous voir alerter la cavalerie à la seconde où j’aurai quitté « l’antre du Geek » J’ai tendance à voir du bon, chez les personnes que je rencontre. Alors ne me faites pas mentir Monsieur Weather. » Et ce sont sur ces mots, que munit d’une trilogie, je quittais les lieux en quatrième vitesse par précaution.
Une semaine s’écoula, aussi rapide et riche en rebondissements que la précédente. Entre plusieurs interventions et tout autant de gardes, j’avais pris le temps de visualiser « Retour vers le futur » en compagnie de quelques collègues, intrigués par le simple fait que je ne connaisse pas l’une des œuvres majeures de Robert Zemeckis. Et je dois reconnaître, si l’on fait abstraction de quelques aberrations scientifiques, d’incohérences et l’impossibilité (si ce n’est dans nos fantasmes les plus fous) de voyager ainsi dans le temps, que c’est un très bon divertissement, assez pour oser prétendre avoir vécu un bon moment.
« - Je prends une petite pause ! » lançais-je à Tony avant de prendre la route pour regagner le lieu de notre officieux rendez-vous avec Monsieur Weather. « - Bonjour ! » lançais-je au vendeur qui esquissa un sourire. La semaine précédente, Teddy avait évoqué la sainte trinité du geek. Je m’attelais de ce fait à trouver l’une des reliques en attendant l’arrivée de l’informaticien.
« - Excusez-moi ! » demandais-je à l’autre vendeuse du jour en m’approchant précautionneusement lui exposant ma requête, à savoir qui de Star Wars, ou du Seigneur des anneaux, était l'œuvre la plus rapide à regarder ? Ma question sembla surprendre la jeune femme qui se montra malgré tout bienveillante à mon égard et me conseilla le Seigneur des Anneaux, une trilogie qui est, mais à voir en version longue pour ne rien perdre de l’œuvre. Elle eut même la bondé de me mener jusqu’aux coffrets dvd en promotion. « De quoi parfaire des lacunes. » lança-t-elle ensuite avant de s’éloigner après l'avoir remercié chaleureusement.
Intrigué, je pris en main l’imposant coffret pour m’enquérir de son contenu tout en observant avec attention ce qui était inscrit. Il était donc question « entre autres » d’un anneau magique, mais plus encore d’une saga littéraire écrite par un certain J.R.R Tolkien dont le nom ne m’était pas inconnu, mais que par curiosité j’avais envie de découvrir. Et vue le soin que je prenais à me perfectionner et mettre à mal mes lacunes, je savais dès lors qu’il me faudrait également en passer par de la lecture pour appréhender totalement cet univers.
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Une semaine s'écoula... Une semaine ou Mlle Parker m'humilia et m'effraya à plusieurs reprises et je faillis révéler la vérité sur mes agissements... Une semaine ou je ne vis que peu la lumière du jour.... Jusqu'à mon jour de repos... Lorsque le réveil sonna il me fut difficile de me lever et ce n'est qu'au sortir de la douche, me glissant dans un slip Pierre Cardin (Calvin Klein pour la VO) que je me rappelais soudainement que j'avais rendez-vous avec Jarod à l'Antre du Geek.... Voilà qui était problématique... Certes ce serait intéressant de rencontrer Jarod et de discuter avec lui... Mais dans le même temps cela signifiait qu'il me faudrait mentir encore plus à mes employeurs.
"C'est pas le pied."
Soupirais-je alors avant de prendre mes affaires et de prendre la direction du magasin, avançant à pieds. Eteignant le téléphone en chemin, je prenais un trajet compliqué afin de vérifier que je n'étais pas suivi. Si je n'avais rien dit à mes employeurs, je n'allais pas assumer que je n'étais pas soupçonné ou suivi...
C'est ainsi que j'arrivais dans l'Antre bien plus tardivement qu'à mon habitude... Mais pourtant je n'allais pas regarder les nouvelles parutions de comics, ou les nouvelles sorties. Parcourant les lieux du regard, je voyais que l'homme que je venais retrouver n'était pas visible depuis l'extérieur. Avançant dans le magasin, je vis qu'il était au rayon Tolkien ou diverses éditions des films et livres côtoyaient tout le merchandising des films dont de belles épées.
"Bonjour Jarod, déjà impatient de partir sur la leçon 2 avant d'avoir fini la première?"
Je montrais au Caméléon que mon téléphone était éteint avant de le glisser dans ma poche de la main gauche et de tendre la main droite pour une poignée de main.
"Comment allez-vous aujourd'hui?"
Demandais-je alors avec politesse. Il était évident que le Caméléon vivait confortablement au vu de son allure, mais cela ne signifiait pas qu'il vivait sans stress ou soucis... J'étais bien placé pour le savoir étant une cause probable de stress et de soucis pour ledit Caméléon.
Dernière édition par Theodore Weather le Mar 19 Jan - 13:12, édité 1 fois
Jarod Russel
Caméléon
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Ces lieux, affable petit coin de culture pour passionnés, me paraissaient de moins en moins hostiles à mesure que j’étoffais ma culture populaire. Et comme à chaque fois que je découvrais quelque chose, je prenais plaisir à le partager avec quiconque, au risque aussi de passer pour un hurluberlu, car sans filtre. D’ailleurs, je crois même que le terme « hurluberlu » me vaudrait quelques regards perplexes. Note pour moi-même, mettre à jour mon vocabulaire. « - Eh bien je vais parfaire mes lacunes. » lançais-je à la charmante vendeuse qui continuait à s’éloigner le sourire aux lèvres. Preuve que l’inculture peut aussi avoir son charme m’autorisais-je à penser loin de me douter que d’ici peu, l’informaticien attitré de cette chère Parker, allait me retrouver dans un nouveau rayon que je prenais plaisir à parcourir du regard enchanté par cet amoncellement de fantaisie, par ces histoires folles, par ces grandes quêtes héroïques et ces légendes d’un autre temps. J’aurai tant aimé m’abreuver de ce genre d’œuvres étant plus jeune et ainsi trouver là le bon motif pour fuir cette réalité que je cherchais déjà à fuir à tout prix.
J’étais perdu dans mes pensées, mais le sourire aux lèvres face à tant de possibilités. Je ne vis pas Teddy s’approcher ce qui me valait presque un sursaut lorsque j’entendis sa voix. « - Non de Zeus ! » commençais-je avec humour. « - J’aime beaucoup cette expression du Doc au passage. Un personnage fascinant avec de bonnes références littéraires. À n’en pas douter « Vingt mille lieues sous les mers » de Jules Verne a suscité beaucoup de vocations scientifiques. » La bonne entente était à nouveau de mise, plus encore lorsque ce cher Theodore me fit voir son portable éteint, preuve que je pouvais avoir confiance. J’appréciais le geste, je demeurais malgré tout encore un peu sur la réserve, mais tâchais de ne rien laisser paraître pour ne pas mettre à mal notre échange.
« - Je vais bien cher Teddy. Je suis à présent à jour avec la Trilogie « Retour vers le futur » un titre qui je l’avoue, ne fait pas toujours sens. Hormis ça, je dois reconnaître que j’ai passé un très bon moment. D’ailleurs, j’ai visualisé les trois films d’une seule traite, histoire de ne rien omettre. Bon j’aurai toutefois quelques griefs à formuler, parce que je suis tatillon. Déjà pour commencer je doute que pour voyager dans le temps, l’énergie fournie par un éclair voire même un échantillon de plutonium alimentant un quelque dispositif, soient suffisants. Et je constate aussi que le paradoxe du grand-père n'est pas résolu dans les trois films qui prennent des libertés avec la logique. Mais si l'on omet ces facilités, on s'éclate. »
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Dim 4 Oct - 22:59
