- Je ne porte jamais une tenue pas parfaitement repassée, à cette image mon appartement est toujours parfaitement rangé et chaque objet a une place exacte désignée au centimètre près.
- Je calcule les calories de tous mes aliments et ne fait jamais d'écart, du nombre de sucres dans mon café jusqu'à la quantité de viande en grammes que je consomme.
- Je connais plusieurs styles de combat à main nue, mon style de prédilection est le Krav Maga pour son efficacité.
- Je parle et écrit l’anglais, l'arabe, l'égyptien, l'espagnol, le français et je parle uniquement le mandarin et le russe.
- De ma propre initiative, je ne suis jamais en retard et je déteste qu'on le soit.
- J'ai beaucoup de problèmes de sommeil de mon passé et mes jeunes années à la Division et le sport intensif nocturne est ma réponse la plus efficace en général.
- Je vis dans un appartement individuel juxtaposé à celui de mon amie de toujours, Ashanty, nous passons autant de temps ensemble que nous le pouvons avec nos responsabilités respectives.
- J'ai toujours sur moi trois choses, un couteau, un livre et un pistolet.
- J'ai été vendue à la Division à l'âge de 7 ans par mon père et Novak est devenu mon père de substitution, un père violent et impitoyable mais qui voulait de moi.
- Mon surnom général d'agent est Anubis, un choix et trait d'humour de Novak légèrement douteux.

Enfance dorée
Je pourrais vous dire que j'avais une belle vie et que les premières années de ma vie étaient les plus belles, mais il m'a fallu vivre le pire pour en avoir conscience. La petite fille que j'étais vous aurait simplement dit que ce serait sa vie et qu'elle était contente de la vivre. Je suis née Rania d'une grande famille égyptienne, la famille Mubarak dont le patriarche était le sommet tout puissant en tant qu'homme politique et représentant de l'ordre de celle-ci. Notre éducation était supervisée par lui mais celle qui en avait la charge, dûe aux nombreuses absences de mon père, était ma mère. J'ai baigné dans le luxe, l'opulence mais aussi dans des attentes très exigeantes avec l'image de mon père comme modèle duquel je devais me montrer digne. J'étais heureuse de m'y conformer avec curiosité et intelligence dans un contexte musulman rigide dont je n'avais pas conscience grâce à l'amour de mon père et de ma mère. La vie m'avait choyé je dois dire avec le recul mais cela allait s'arrêter brutalement car le destin avait d'autres projets pour moi...

Indésirable expédiée
A mes 5 ans, tout change avec le décès brutal de ma mère dans un accident de voiture, totalement banal et la fin de mon existence heureuse. Très rapidement, environ deux mois plus tard mon père s'était déjà trouvé une autre compagne et qu'il se dépêcha d'épouser. Il m'avait expliqué que c'était nécessaire pour son image mais moi je ne voyais qu'un père effaçant sans difficulté l'absence de ma mère qu'il prétendait avoir aimé malgré qu'il semble très prompt à l'oublier rapidement. Toute cette situation créa une distance entre lui et moi, un gouffre qui ne serait jamais comblé. En plus sa nouvelle "femme" ne me portait pas dans son coeur, ne me considérant au minimum juste pas de sa famille à elle et ne me considèrerait jamais ainsi.

Pendant près de deux ans, je vivais avec la même importance qu'on aurait donné à un meuble tellement considération et amour était absent de mes rapports avec ma famille. Et je disparus complètement à leurs yeux le jour où ma belle-mère accoucha d'un fils, un héritier pour mon père. Peu après, quelques semaines plus tard, mon père m'expliqua que je ne pouvais plus vivre avec eux et que des hommes m'emmènerait en sécurité. On m'emmena, mais pas comme une princesse, plutôt comme un colis, saisie, emmenée et livrée en Amérique à un endroit appelé le Centre, et plus exactement une sous branche appelée la Division. Ce jour-là, Victor Novak m'expliqua que mon père m'avait vendu, fait passer pour morte publiquement et que désormais je leur appartenais mais que ma place ne se mériterait par l'excellence. Ma vie de princesse en tant que Rania Mubarak était définitivement terminée et réduite en cendre.

Nouvelle vie
Je dus rapidement m'adapter à cette nouvelle vie violente, dangereuse, exigeante, et à ma nouvelle identité symbolisant l'effacement de tout ce qui l'avait précédé. J'étais Isis Blackwell désormais, comme si je pouvais tirer un trait sur mon passé d'un coup de baguette magique. Dans cet enfer, je trouvai une amie, Ashanty, qui sans aucun intérêt pour elle m'aida à rapidement comprendre comment tout cela fonctionnait, les règles, les pièges à éviter. Je compris très vite que se rebeller n'était qu'une douce utopie ne finissant que dans le sang à tous les coups, il me fallait accepter et m'adapter au mieux avec la seule alliée sur qui je pouvais compter. Je m'illustrai par deux choses, ma rapidité d'adaptation et les connaissances que j'avais de par mon éducation. Mais ça ne suffisait pas, ça ne suffisait jamais d'ailleurs pour Novak, cette figure paternelle froide, dure, impitoyable attendant la réussite et punissant sévèrement tout échec.

Face à ça, je me forgeai une carapace calculatrice, rigide, méfiante, inexpressive. Je refusais de leur donner le moindre cri de douleur, le moindre morceau de ma peur et la moindre larme d'émotion. Solennellement, je me jurai qu'ils n'auraient rien d'autre que ma liberté et que je la récupèrerai un jour ou l'autre, ainsi que celle d'Ashanty. Elle devint rapidement plus qu'une amie pour moi, comme le seul autre être vivant autorisé dans cette carapace impénétrable. Novak essaya de l'altérer avec ses jeux insidieux de manipulation, mais il s'y était pris alors que notre lien était déjà devenu trop solide pour réellement l'empêcher. Au fil des années, notre proximité devint même physique et intime sans réellement savoir si c'était autre chose qu'une amitié, une fusion amicale peut être, ou juste une amitié dans un contexte totalement malsain qui nous préservait toutes les deux.

L'entraînement consistait à faire de nous de parfaits soldats, physiquement, psychologiquement et intellectuellement. Du combat à main nue aux armes de tous types combiné à des tests psychologiques et des cours de langues, de tactique ou encore sur les cultures d'un grand nombre de contrées du monde. Docile et assidue, on me dirigea à l'adolescence vers l'infiltration et l'élimination en renforçant mes connaissances du Moyen et Proche Orient sans me fermer aux autres régions du monde. Plus le temps passait, plus cette carapace devenait qui j'étais et elle aurait pris toute la place si Ashanty n'avait pas été là pour m'aider à ne pas oublier qui j'étais avant tout ça.

Premières missions
Le jour de mes 18 ans, comme tous les autres, on me déclara "apte au service", et on m'attribua un nom d'agent. Novak me l'attribua, Anubis, mon avis est que c'était presque une blague raciste sur mes origines, mais j'avais intégré depuis longtemps que mon opinion ne rentrait pas dans l'équation. On m'envoya tuer mes premières cibles, et la liste de succès fut très rapidement au rendez-vous après ces 11 années d'entraînement assidues et impitoyables. Tout sens moral avait disparu de mon système analytique, on m'avait entraîné à tuer et c'est ce que je ferais, ma survie en dépendait et c'est ce que la loyauté qu'ils avaient insidieusement instillée en moi me disait de faire. Je devins rapidement de réussite en réussite un agent de renom au sein de la Division et un jour je crus même voir une once de fierté dans le regard de Novak, tellement inexistant que c'était comme si tout mon être en dépendait au même titre que la drogue d'un junkie. Ce taux de réussite élevé me valut au bout d'un certain temps quelques privilèges, comme celui d'obtenir un appartement individuel en ville et surtout hors de la Division. La chance fut qu'il était juste à côté de celui attribué à mon amie Ashanty, nous permettant de passer plus de temps ensemble.

Tabula rasa
Après plusieurs années de service et d'attente, l'occasion que j'attendais depuis très longtemps arriva. On m'envoya en mission au Caire et j'étais bien décidée à faire ce que je devais pour tirer un trait définitif sur mon passé d'avant la Division. Avant de m'occuper de ma cible, je m'étais débrouillée pour remplacer une serveuse d'un restaurant où dinait mon père afin de l'empoisonner mais pas le tuer. Il finit à l'hôpital pour plusieurs jours, le temps d'exécuter la cible qu'on m'avait désignée. La nuit précédant mon extraction, je me rendis à l'hôpital déguisée en infirmière pour m'introduire dans sa chambre, je fermai les rideaux, sabotai le signal d'appel reliant la chambre au terminal des infirmières. Tout était prêt, je pris une seringue en aspirant de l'air pour l'injecter dans le tube de sa perfusion créant une bulle d'air qui lui provoquerait un arrêt cardiaque. La douleur de celui-ci lui fit avoir un sursaut de conscience pendant quelques instants où je le fixai dans les yeux et lui dit dans sa langue.
Rania et Rachida te salue....père.
Je lus la terreur dans ses yeux distinctement en le regardant sombrer dans l'inconscience avant de quitter l'hôpital le plus normalement du monde, ne laissant aucune trace derrière moi. J'avais tué mon père et ce faisant j'avais tué Rania Mubarak par la même occasion.

Mort de Novak et succession
Ca aurait du être un soulagement, j'aurais aimé que ça le soit et je pensais que ça le serait quand ça arriverait. Mais en vrai ce fut un choc profond qui créa un vide et une déchirure et réveilla cette peur de l'abandon lié à mon passé. J'avais l'impression que c'était comme perdre tout but et tout espoir de reconnaissance à laquelle j'avais tant aspiré contre mon gré. Et j'aurais cru que je me sentirais plus libre, mais ma vie appartenait toujours à la division et je savais qu'un ou une autre finirait par le remplacer quoi qu'il arrive. C'était une liberté presque pesante et insoutenable dont je ne savais même pas quoi faire au final. En même temps, c'était aussi la disparition de cette chape de plomb mental qui m'avait été imposé depuis si longtemps et la renaissance de cet espoir, celui de leur échapper un jour. Sans Novak, mon esprit devenait capable de formuler la possibilité d'imaginer un scénario dans lequel je finirais par me soustraire à leur contrôle et leur droit de propriété sur ma personne. Mais je ne pouvais imaginer aucun scénario qui n'incluait pas Ashanty avec moi, c'était purement et simplement impensable pour moi au sens premier du terme. Avant toute autre chose, il me faudrait obtenir la confiance du remplaçant ou de la remplaçante de Novak peu importe le temps que ça me prendrait.

L'équipe municipale de Blue Cove