I love you but I can't tell you | Feat. Lexa Black

Le temps passe et la situation, bien loin de s'arranger, rend les retours à la maison après les cours plus tendu qu'avant. Il a encore retardé au maximum ce moment, traînant en ville sans but réel. Juste, ne voulant pas affronter le regard de sa mère trop tôt. Seulement il a bien fallu qu'il retourne vers leur logement. Il a pris son temps, essayant de jongler avec la prise de drogue pour ne pas que cela se voit de trop. Surtout qu'il y a son beau-père qui est dans l'équation et il ne sait jamais s'il va tomber sur lui en rentrant ou pas.

Après avoir passé quelques minutes dans le parc pour y fumer, il rentre finalement chez lui, passant par la plage. S'il était un garçon de la ville jusque-là, il s'est vite fait à la présence aussi proche de l'eau. Il adore ça, c'est l'un des rares lieux où il se sent encore bien. Aussi, il prend son temps, retirant ses chaussures et ses chaussettes, remonte les jambes de son jean autant qu'il peut et marche au bord de l'eau, retournant vers la grande maison familiale.

Xander remonte l'escalier qui mène à la maison, s'essuyant les pieds avant de rentrer et de poser ses affaires au même endroit qu'habituellement. Il monte tout de suite, le plus rapidement possible pour aller se brosser les dents et se changer, laissant les vêtements de la journée à sa fenêtre pour éliminer au maximum l'odeur de ce qu'il a fumé une heure avant.

Une fois changé et rafraîchi, il redescend pour se poser dans la cuisine. Il ne va pas mentir, il a faim et puis il sait parfaitement que s'il s'enferme dans sa chambre, il sait que sa mère l'y cherchera. Alors, autant l'attendre ici, avoir la discussion qu'il ne pourra pas éviter de toute façon et être tranquille pour le reste de la soirée...

La vie n’était pas forcément facile lorsque Tony était en vie, mais depuis son décès, s’est encore pire que tout. Mon restaurant marchait vraiment bien, je n’avais rien à dire à ce niveau. Mais mon fils m’inquiétait vraiment. Quand mon mari était encore en vie, nous avions eu une discutions de famille à propos de son comportement. Il n’était plus le même et il était tombé dans la drogue. Nous l’avions menacé de le mettre en maison de désintoxication, mais nous n’avions jamais mit cette menace en place. En revanche, plus je voyais son comportement, plus je me disais que ce serait la solution.

Ce soir-là, j’étais rentrée chez moi déterminée à avoir une conversation calme avec mon fils. Je n’avais jamais été une mère qui élevait la voix. Je n’en voyais pas l’utilité du moins, pas jusqu’ici en tout cas. Une fois rentrée, j’allais me prendre une douche et je commençais à cuisiner pour le repas du soir. J’avais toujours fait en sorte que mes plats soient maison. Pour moi, bien manger et manger saint était une chose qui me tenait à coeur. J’étais partie dans la cave chercher des légumes, lorsque je vis mon fils. « Bonjour Alex. »

J’avais tellement envie de le bombarder de questions, mais je savais que ça risquerait de le braquer et je ne voulais pas de ça. Alors, je prenais la décision de poser des questions basiques pour prendre la température. « Est-ce que ta journée s ‘est bien passée ? » Je lui parlais tout en cuisinant. Je ne voulais pas le mettre en maison, j’aurai l’impression d’être une mauvaise mère. Mais j’en arrivais à un stade où je ne savais plus quoi faire et je savais très bien que mon fils n’allait pas y mettre du sien. Mais bon sang, où était passé mon fils ? Celui qui était si proche de moi quand il était petit ?

Je n’avais pourtant jamais privé mes enfants de quoi que ce soit, je leur laissais des libertés, je ne comprenais vraiment pas ce que j’avais pu faire de travers. Pour moi, il était clair qu’il y avait quelque chose qu’il ne me disait pas. On allait avoir besoin de communiquer et je ferai tout mon possible pour qu’il me parle. Son père n’était plus là pour me soutenir mais je me sentais capable d’y arriver. Je voulais que mon fils redevienne comme avant.

L'odeur du repas maison lui tire un petit sourire. Nombreux sont ceux qui pensent avoir la mère qui cuisine le mieux, mais Alexander sait que lui qu'il a sans doute beaucoup de chance à ce niveau. Il lève les yeux vers sa mère quand celle-ci lui demande comment s'est passée sa journée. Il hausse un peu ses épaules.

- Comme tous les jours… longue…

Il pose son crayon et regarde son dessin qu'il est censé rendre en fin de semaine. Il soupire un peu, loin d'être satisfait. Il n'arrive plus à être inspiré ces derniers temps. Comme si les substances qu'il fument ne lui faisaient plus suffisamment d'effet pour anesthésier sa douleur et permettre à son esprit de vagabonder à nouveau. Dire qu'il n'y a pas si longtemps encore, il partageait cette passion pour le dessin avec sa mère. C'est même pour cela qu'il s'est lancé dans les études qu'il vient de commencer.

- C'est pas qu'ça m'plaît pas, c'juste que… bah ça me saoul d'aller en cours tous les jours…

Il referme sa pochette dans laquelle il range les dessins qu'il doit faire et la pose plus loin, se levant pour commencer à sortir assiettes et couverts. Alexander se dit clairement que s'il met la table, la discussion se passerait mieux, pour lui et pour sa mère. Parce qu'il ne veut pas la faire souffrir malgré tout. Il l'aime énormément, il ne sait juste plus comment lui parler, évoquer avec elle tous les problèmes qu'il a en ce moment. Puis elle aussi en a, pas des moindres en plus. Leurs vies ont été sacrément bouleversées.

- Et toi ? Ta journée c'était comment ?

Il esquisse un sourire, cherchant sincèrement à savoir comment cela s'est passé pour celle qui lui a donné la vie tant d'année avant.

J’étais contente de voir que mon fils était rentré et plus encore que ce dernier reste dans la cuisine avec moi. Les moments que l’on partageait se faisait de plus en plus rare et je trouvai ça triste. Ca me manquait vraiment de ne plus dessiner avec lui comme je le faisais avant. Il était parti sur un tout autre chemin et je n’aimais pas ça du tout. Je savais qu’il se droguait et je savais aussi que s’il n’y avait pas d’amélioration à ce niveau, je n’aurai pas d’autre choix que de le mettre en désintoxication. Mais pour l’heure, je ne voulais pas gâcher ce moment où il me parlait.

« Tu sais, je comprends tout à fait. Dans ma profession, il y a aussi des choses que j’ai horreur de faire, mais je n’ai pas le choix. Ce sera comme ça peu importe ce que tu choisiras de faire de ta vie. » Je lui parlais tout en cuisinant. Je mettais aussi servi un verre de vin. Je ne me saoulais pas, mais j’aimais bien boire un petit verre tout en cuisinant. Mon père faisait ça et je pense que j’ai prit cette habitude avec lui. Il mettait la table sans que je ne lui demande quoi que ce soit et un sourire se dessina sur mes lèvres.

« Elle s’est très bien passée. Les clients adorent la nouvelle carte et j’en suis soulagée. J’ai passé des heures sur ces plats. J’espère que tu viendras les goûter à l’occasion. Est-ce que tu me montreras ton dessin ? Je sais ce que c’est que d’avoir du mal à trouver l’inspiration parfois. » J’allais prendre les assiettes et je m’appliquais à faire une jolie présentation, puis, je les posais avant de prendre place. Je regardais mon fils droit dans les yeux en souriant en espérant qu’il me parle.

Sa mère avait parfaitement raison et c'était peut-être même ça qui lui faisaient le plus mal. Quoi qu'on fasse on est obligé de faire des choses que l'on ne veut pas. Il soupire alors, marquant bien sa connaissance de ce fait et son avis sur la question. Tout en finissant de dresser la table il continua d'écouter et sourit même en entendant que les clients sont satisfaits des nouveautés. Malgré les nombreux qu'il peut avoir et dieu sait qu'il en a un paquet, il est véritablement intéressé par ce que sa mère fait, par son restaurant et s'inquiète toujours aux changements de carte, craignant que cela ne plaise pas.

Il redresse un peu la tête quand elle lui annonce son espoir de le voir venir goûter les plats en question. Réfléchissant un instant, alors qu'elle lui demande s'il lui montrera son dessin, il prend son temps avant de répondre.

- Demain j'ai plus de temps pour manger à midi… je pourrais venir si tu veux. Pour le dessin, si tu veux… mais je te préviens c'est d'la merde…

Se servant un verre de soda, il prend place en face d'elle et lui adresse un petit sourire suivis d'un « bon app' » avant de commencer à manger. Il n'y a pas à dire, la cuisine de sa mère est de loin celle qu'il préfère. En plus fumer lui donne faim, alors ça tombe bien que le repas soit prêt rapidement. Il mange donc de bon cœur, en silence pour le moment. Profitant juste du plat il finit tout de même par faire une pause et boire un peu en souriant.

- C'est vraiment très bon, comme toujours.

Il continue de manger tranquillement, prenant exprès son temps pour ne pas paraître complètement affamé. Alexander sait bien que sa mère sait ce qu'il fait et il n'a pas l'intention de lui donner de raisons en plus de s'inquiéter et d'être davantage sur son dos.

J’avais l’impression de retrouver un peu mon fils. C’était rare que ce dernier passe tout le repas avec moi. D’habitude, soit il mangeait en deux secondes et partait, soit il prenait son assiette et mangeait dans sa chambre. Alors, autant dire qu’il y avait vraiment du progrès et j’en étais vraiment ravie. Je buvais une gorgée de vin tout en écoutant ce qu’il me disait. Je levais les yeux au ciel et je secouais négativement la tête. «Alex… Tu sais que je n’aime pas quand tu parles de cette manière. Sans compter que je suis certaine que ton dessin est très bien. »

Je mangeais quelques bouchées et je posais ma fourchette. « Oui, ça me ferait vraiment plaisir de te voir et que tu me donnes ton avis. Merci, je suis ravie que le repas te plaise. » Je mangeais tout en restant silencieuse. Je me demandais si je devais lui parler de Jeff. Ca faisait quelques mois que nous étions ensemble. Mais je ne voulais pas gâcher la bonne entente que nous commencions à avoir tous les deux. Je terminais mon assiette et j’attendais que mon fils termine la sienne. « Est-ce que tu veux encore que je te serve un peu de tout ? »

En ce qui me concernait, mon appétit revenait au galop. J’avais des grosses journées et je commençais à me détendre car quand j’étais nerveuse ou stressée, je n’arrivais plus à manger et je perdais du poids. Mais là, le fait de rependre la communication avec mon fils, je commençais à reprendre un peu plus le goût à la vie. Je me servais un verre de soda à mon tour car je ne m’autorisais qu’un seul verre de vin lorsque je mangeais. Je ne voulais pas tomber dans les travers de l’alcool. Mes enfants n’avaient pas besoin de ça.

Il grimace un peu. Bien sûr qu'il sait qu'elle n'aime pas qu'il ait ce genre de réflexion, mais il n'est pas vraiment du genre à avoir un langage soutenu. Il soupire un bref instant et glisse un pardon en buvant une gorgée de son verre. Il ne pense pas que son dessin soit si bien, il n'est pas satisfait de ce qu'il a fait, il n'arrive plus à l'être. Sauf que ça, il se garde bien de le dire, de peur d'inquiéter encore plus ses proches.

La conversation se poursuit donc sur la venue, le lendemain midi, d'Alexander au restaurant de sa mère. C'est une chose qu'il a toujours aimée faire, découvrir les nouveautés que sa mère prépare. Il a eu cette chance d'être habitué très jeune à la cuisine. En tout cas, lui le vois comme une chance.

Un petit silence se fait le temps que les assiettes se vident et que les verres subissent globalement le même sort. C'est là que la voix de sa mère le tire des pensées un peu floue qu'il commence à avoir en tête. Est-ce qu'il a encore faim pour une autre assiette ? Bien sûr que oui.

- Je veux bien, merci maman

Un sourire, un peu plus sincère, s'affiche sur son visage pendant que sa mère le ressert. De son côté il en profite pour reprendre un verre de soda, c'est qu'il lui faut du sucre. Surtout qu'il veut parler d'un sujet un peu compliqué, surtout pour lui. Il se gratte la tempe et inspire un grand coup avant de se lancer.

- Dis maman… tu… vois quelqu'un ? Je veux dire… un nouvel homme…

Il voit bien que sa mère semble moins éteinte qu'avant, il se demande si elle recommence enfin à vivre ou si c'est juste lui qui perd la tête.

Je posais son assiette devant lui en souriant. J’allais ensuite mon servir et la question que ce dernier me posa arrêta mon geste. Je ne voulais pas lui mentir. « Eh bien euh… Plus où moins, pourquoi tu me demandes ça ? » Disons que c’était un peu compliqué. Je ne savais pas vraiment les sentiments que j’avais envers Jeff. Pour le moment, on se voyait sans se poser de question, sans se mettre de barrière ni de limite et j’aimais vraiment ça ! On passait juste du bon temps ensemble. Il avait sa vie et j’avais la mienne.

Je n’avais pas vraiment fait attention à mon comportement, mais je réalisais à présent que j’étais moins triste, je m’enfermais moins dans mon travail et je me reprenais en main. Finalement, cette relation était bénéfique. Mais une chose était clair, si ça devait aller plus loin avec Jeff, il était absolument hors de question qu’il remplace mon mari et qu’il commence à faire sa loi envers mes enfants. Ca, il en était absolument hors de question. Je ne voulais pas avoir de secret pour mes enfants mais ça devait aller dans les deux sens. Je n’étais pas idiote, je savais très bien que mon fils me cachait quelque chose.

« Si je suis sincère avec toi, je veux que tu soi aussi sincère avec moi Alex. Est-ce que tu as recommencé à te droguer ? »

Oui, je lui avais posé ouvertement la question car je commençais à en avoir assez de tourner autour du pot ou de prendre des pincettes. Il avait besoin d’aide et quand je le retrouverais mort, ce serait bien trop tard. J’étais vraiment blessée qu’il en arrive à se stade de devoir prendre des trucs comme ça pour se sentir bien dans sa vie. Et à présent, j’étais seule pour le confronter.

Il fallait qu'il pose la question, aussi dure que la réponse puisse être à entendre. Parce qu'il ne sait pas comment il va réagir. Est-ce qu'il sera vraiment soulagé de savoir que sa mère refait ou refera sa vie ? Ou va-t-il lui en vouloir d'avancer alors que lui reste plonger dans des ténèbres dont il lui semble qu'il ne verra jamais le bout. C'est assez tendu qu'il attend une réponse qui ne vient pas véritablement. Ce n'est pas ce à quoi il s'attendait, si jamais il s'attendait à quelque chose de particulier. Mais loin de le satisfaire, il aimerait bien lui poser d'autres questions, en savoir plus.

Au lieu de cela, il reste silencieux, fixant un point imaginaire sur la table, hochant un peu la tête, très discrètement. Juste ce qu'il faut pour signifier qu'il a entendu, que l'information est enregistrée dans un coin de sa tête.

Alors qu'il cherche un autre sujet de conversation ou une excuse pour quitter la table et éviter le sujet qui fâche, il est pris de cours par sa mère et se fige un instant. Il aurait dû le savoir, prévoir qu'elle finirait par poser cette question. Seulement, il n'a pas envie de lui répondre. Pour différentes raisons. La honte déjà. De ne pas être capable de s'en sortir seul. La colère contre qu'il ressent contre son être pour la même raison. Mais aussi la peine qu'il sait faire subir à sa mère. Il sait qu'il ne peut pas dire la vérité, mais il sait aussi qu'il ne peut pas lui mentir. Parce qu'elle le sentirait, puis, il doit bien reconnaître qu'il n'a pas envie de le faire.

Alexander cherche donc rapidement une réponse qui pourrait minimiser les choses, sans pour autant tout cacher.

- Je…

Il commence à vouloir parler, mais bloque. Venant se ronger l'ongle du petit doigt, comme à chaque fois qu'il est mal à l'aise.

- Ça m'arrive de fumer encore… mais c'est pas tous les jours.

Pour une fois, c'est presque vrai. Même si s'en passer est vraiment dur, il lui arrive de temps en temps, parfois, de devoir faire sans pendant une journée. Mais il se rattrape la nuit généralement. Toujours est-il que pour le coup, il ne ment pas véritablement, il omet juste une partie de la vérité.

Mon fils venait de faire un grand pas en avant. Pour une fois, il ne m’avait pas menti. Il m’avait dit la vérité. Il fumait encore. En même temps, il aurait été mal placé de me mentir, car ses yeux parlaient pour lui. Il avait clairement les yeux et le comportement d’un fumeur. Je me passais une main dans les cheveux en fermant les yeux. Je mettais promise d’être forte, je mettais promise de ne pas pleurer. Mais la théorie est une chose et la pratique en est une autre. Pourquoi mon fils faisait ça ? Qu’est-ce que j’avais manqué dans son éducation.

« Je te remercie d’avoir été sincère avec moi Alexander. Je te remercie de m’avoir dit la vérité. Mais il va falloir que tu comprennes que la situation ne va pas pouvoir durer dans le temps. Je comprends que tu souffres, je comprends que tu sois en colère. Tu en as parfaitement le droit. Mais tu n’as pas le droit de te détruire comme tu le fais… Si tu continues de te droguer, tu vas tuer ton avenir et je ne vais pas pouvoir te laisser faire. Donc soit tu arrêtes, soit tu vas en cure de désintox. »

Oui, je savais que j’avais utilisé les mots interdit. Car les personnes qui se droguent ne considèrent pas qu’elles ont un problème. Mais en tant que mère, je ne pouvais pas continuer à regarder mon fils se détruire sans réagir. Mon mari n’était plus là et j’allais donc devoir assurer les deux rôles. Ca allait-être dur mais je n’avais pas le choix. J’étais prête à lui payer tous les psy qu’il fallait si c’était pour retrouver mon fils. J’étais prête à tous les sacrifices et les moyens, je les avais. « Je suis prête à tout pour toi mais tu vas devoir m’aider. »

Je finissais mon verre et je me levais pour le débarrasser ainsi que mon assiette. Sa révélation venait de me couper l’appétit. Je mettais le tout dans le lave vaisselles et je me retournais pour lui faire face. « J’aimerai que tu me dises ce que j’ai mal fait pour que tu en arrives à ce stade. Est-ce que je suis une mauvaise mère Alexander ? Pourtant, il me semble que tu ne manques de rien. Donc j’aimerai comprendre ce qui te pousse à agir de cette manière… Tu me manques, tu n’es plus le même depuis que tu es tombé dans ce cercle infernal. »

Il le savait, il savait bien que la discussion allait partir sur ce sujet-là. Pour le coup, il ne sait pas ce qui lui fait le plus mal. Devoir le dire à voix haute, avouer qu'il ne peut pas se passer de ces substances à la con qui ont de plus en plus de mal à le faire se sentir bien ? Ou bien voir la réaction de sa mère ? Parce qu'il l'aime plus que tout, mais ne sait plus comment le dire et ne sait même pas vraiment si elle le croira encore si jamais il s'y risquait. « la situation ne va pas pouvoir durer dans le temps » les mots résonnent dans sa tête comme un gong, c'est ça qu'il voulait éviter à tout prix devoir se défaire de son addiction. C'est ce qui lui fait probablement le plus peur en ce moment. Il ne veut pas envisager de vivre sans cette béquille chancelante.

Sans dire un mot de plus il laisse sa mère continuer à parler. Dire ce qu'elle a sur le cœur. Ce qu'elle a bien raison de lui dire en plus. Sauf que dans son cerveau les paroles ditent ne semble pas avoir le même sens. La brume qui englobe son esprit à ce moment, lui fait comprendre partiellement autre chose que le message originel. Il se redresse en entendant sa mère parler de l'envoyer en cure et sa mâchoire se crispe à lui en faire mal. Il ne dit rien, alors qu'il voudrait hurler qu'il a besoin d'aide. Il devrait le faire, mais il y a une espèce de force surnaturelle qui l'en empêche. Une partie de son cerveau joue contre lui en ce moment même, lutte intérieure dont il ne laisse rien transparaître.

Il finit par se lever doucement et reprendre son porte-dessin. Tentant de rester le plus calme face à ce que sa mère vient de lui dire.

- Tu t'entends ? Tu penses que je manque de rien ? Tu penses vraiment qu'au matériel là ?… Tu sais quoi ? Tu te demandes si tu as fait quelque chose de mal, mais visiblement tu ne penses pas une seconde que j'ai peut-être pas eu le temps de faire mes deuils… oui mes. Au cas où tu l'aurais oublié j'ai perdu deux personnes qui m'étaient chères en trop peu de temps pour pouvoir tenir, puis il a fallu reprendre les cours, puis tu as repris le travail et je me suis retrouvé seul… J'ai même pas eu l'occasion de réaliser ce qui était arrivé qu'il fallait recommencer à vivre. Alors, non je n'ai pas ce qu'il me faut, je m'accroche comme je peux en fermant ma gueule pour ne pas vous faire de mal à toi et Elena, pour pas vous rajouter mes problèmes en plus… Il peine à lever les yeux vers elle, alors qu'ils sont emplis de larmes qui se refusent à tomber.

Je savais très bien que le sujet de la cure allait faire dégénérer la soirée calme que j’étais en train de passer avec mon fils. Mais voir mon bébé foutre sa santé en l’air et devenir jour après jour de plus en plus accro à toutes ces substances, devenait de plus en plus insupportable pour moi. Je ne pouvais plus le laisser comme ça. J’avais repoussé depuis trop longtemps l’échéance et à présent, je devais me monter plus ferme. Je devais me répéter que c’était pour son bien, que plus tard, il me dira merci et que son père serait fier de lui.

Mais pour l’heure, je le laissais vider son sac et un flot de reproche me submergea. Je n’avais donc rien vu ? Il fallait dire que nous avions tous vécu notre deuil de manière différente. En ce qui me concernait, je m’étais noyée dans le travail pour ne pas penser. Mais mon fils… Il avait plongé dans la drogue et je n’avais rien vu venir… Comment avais-je pu être aussi idiote ? Je sentais les sanglots monter dans ma gorge mais je ne devais pas craquer maintenant. Je me levais et j’allais me mettre face à lui

« Et pourquoi tu n’es pas venu me voir ? Pourquoi tu n’es pas venu me parler Alex ? Tu sais très bien que je suis là pour toi. Je ne suis pas dans ta tête, je ne peux pas deviner comment tu traverses tout ça si tu ne me dis rien… La drogue n’est pas une solution ! Je ne peux pas te laisser continuer à te détruire sans rien faire. Tu crois vraiment que ta petite amie et ton père aurait voulu ça pour toi ? J’ai perdu mon mari je ne veux pas perdre mon fils en plus ! J’entends très bien ce que tu me dis, mais j’en arrive à un stade où je ne peux plus te laisser le choix. Tu iras faire cette cure et ce n’est pas négociable. »

J’allais faire la vaisselle, il fallait que je m’occupe si je ne voulais pas pleurer devant mon fils. Je devais me montrer forte car j’étais le seul parent vivant qui lui restait et je ne voulais pas qu’il me voit faible. Je fermais les yeux et je laissais les larmes couler en silence. Les prochains mois allaient être difficile mais il était hors de question que je le laisse.

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