Avec les gars, nous avions donc œuvré pour vider le pick-up de Lexa qui n’était effectivement pas venu les mains vides. C’était tout elle, jamais dans la demi-mesure, mais toujours dans la générosité, sans concessions qui plus est. Toutefois, quelque chose retint mon attention. Lexa semblait comme légèrement détachée en la présence de Tony. Elle n’avait d’ailleurs pas répondu au baiser de son mari, ce qui ne lui ressemblait guère, tout comme cette légère froideur qu’elle peinait dès lors à dissimuler, malgré les sourires bienveillants à l’encontre de celles et ceux qui s’approchaient pour mieux la saluer.  Nul doute que sous peu, nous aurons une petite conversation. Je ne pouvais me résoudre à rester impuissant face à ça et plus encore, je voulais comprendre ce qui s’était passé pour qu’un couple si aimant, n’ait de cesse de s’éloigner sans que l’on ne puisse rien faire pour empêcher cela. Ce n’était pas mon affaire, et sûrement devrais-je me mêler de ce qui me regarde, mais je tenais trop à ses deux là pour ne pas tenter de leur apporter mon aide.

Chacun reprit ensuite sa place sur le chantier. J’avais invité Lexa à se joindre aux filles, non pas par pur esprit machiste, mais bien pour lui permettre de faire connaissance, tandis que nous œuvrions tous de notre côté. Un travail collectif qui nous permettait d’avancer vite, bien plus que tout ce que j’aurais pu imaginer. Nous pouvions donc prétendre à une pause, bien méritée qui plus est. Je vis alors Kassy s’approcher le sourire aux lèvres pour venir retrouver Asher. Ils faisaient plaisir à voir ces deux-là. Je me réjouissais pour mon amie qui avait trouvé chaussure à son pied, comme on dit, et qui semblait heureuse. Je ne désespérais pas d’un jour ressentir la même chose de mon côté, même si pour l’heure cela relevait plus du doux rêve que d’une quelconque réalité.

« - Sandra… » commençais-je pas certain de comprendre où moi-même je voulais en venir en l’apostrophant ainsi en pleine conversation. « - Tu m’accordes deux petites minutes ? J’aimerais te parler de quelque chose en privé. » Allais-je vraiment le faire ? Lui dire ce qui s’était récemment passé avec Mademoiselle Parker ? Vraisemblablement oui. Après tout, je lui avais promis de ne plus rien lui cacher, mais était-ce le bon moment ?

La petite pause bien méritée permit à chacun d’admirer l’avancée de divers travaux des autres, et aussi, surtout, de prendre de quoi se restaurer. Kassie opta pour sa part pour un verre de jus d’orange histoire de refaire le plein de vitamine C. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire en voyant tous ces gens si gentils qui s’étaient donné la peine de venir pour son ami. Le monde normal était si beau, empli de solidarité, d’entraide… La caméléone sentait son coeur se gonfler (au sens figuré, évidemment…) en voyant toute cette générosité et cette amitié pour Jarod. Sa maison serait rapidement habitable et il serait heureux, en espérant bien sûr que jamais il ne soit repéré, mais elle le savait assez intelligent pour se bricoler un système de sécurité pour se prémunir du moindre indésirable. La brunette lança un regard plein d’amour à Asher, eux aussi avaient leur chez eux, reculé du centre ville, bien en campagne, avec la forêt tout proche, un petit lac et même un arbre avec une balançoire en corde qui faisait le bonheur de Kassandra.
Elle observa Sean et Lexie, puis Lexa et son mari, chacun se parlaient à part, et soudain, la voix de Jarod la sortit de sa rêverie. Il voulait lui parler, alors elle hocha la tête.

- Bien sûr, je te suis.

Elle déposa un baiser sur la joue d'Asher, elle ne pouvait pas s'en empêcher.

- Je reviens.

Une fois suffisamment à l’écart pour ne pas être entendus, celle que tous appelaient Sandra plongea son regard dans celui de l’autre caméléon, interrogatrice.

- Qu’est-ce qui se passe, quelque chose a l’air de te préoccuper. Tout va bien ?

Cela ne devait pas être la maison, c’était plus sérieux que ça, son intuition le lui disait.

J’avais observé Kassandra du coin de l’œil. Elle semblait heureuse, plus encore depuis qu’elle portait cette magnifique bague à son doigt. Asher, aussi rustre soit-il, la rendait heureuse et c’est tout ce qui comptait. Elle méritait d’être heureuse après tout et je me réjouissais de la voir ainsi et je ne boudais pas mon plaisir de vivre ça par procuration à défaut d’être complètement heureux. Mais peut-être le serais-je un tant soit peu ici, à travers les murs de mon chez moi. Mais qu’en serait-il de Parker ? Les choses n’avaient-elles pas changé depuis notre dernière « rencontre ? » Bien sûr qu’elles avaient changé si bien qu’il était tout bonnement impossible de faire comme si rien ne s’était passé. Je devais le dire à Kassandra, je le lui devais au nom de ce lien si particulier qui nous lie l’un à l’autre depuis des années.

Pourquoi me sentais-je soudainement si mal à l’aise ? Si bien que je me demandais si j’étais encore capable de m’exprimer sans fioritures face à Kassandra qui avait gentiment accepté de me suivre à l’écart des autres. Je n’étais pourtant pas du genre à éprouver des difficultés d’élocution. Alors pourquoi aujourd’hui, je peinais soudainement à trouver mes mots ? Une difficulté accrue lorsque mon amie perçut mon trouble. Je ne pouvais plus me défiler à présent, je devais me lancer. Peut-être serais-je allégé de ce petit fardeau, au moins pour un temps.

« - Tu es mon amie la plus proche Kassandra, tellement que tu peux prétendre lire en moi comme dans un livre ouvert. » tentais-je avec une légèreté que je peinais à assumer. Elle avait raison sur toute la ligne, j’étais préoccupée et désormais incapable de garder plus longtemps mon secret.

« - Je ne vais pas passer par quatre chemins et puis je t’ai promis d’être sincère avec toi. Je me suis retrouvé coincé avec Mademoiselle Parker, il y a quelques jours durant la tempête qui a ébranlé toute la ville. » Mâchoires serrées, je tentais encore de gagner du temps alors que j’avais pourtant omis les grands discours. J’appréhendais sa réaction au moment de lui avouer ce qui s’était passé ensuite. Je ne voulais pas la blesser, ni qu’elle se sente trahie, mais quoiqu’il arrive et qu’importe le scénario, cela demeurait inéluctable.

« - J’ai… » commençais-je en avalant bruyamment ma salive tout en fuyant son regard. « - Nous avons couché ensemble. » finis-je par faire entendre sans fierté. Mais de toute évidence, cette révélation aussi triviale soit-elle ne suffisait pas à m’alléger, bien au contraire, je me sentais plus coupable que jamais face à celle qui avait subi les foudres du 9mn de Mademoiselle Parker, un soir d’évasion.

« - Je n’arrête pas d’y penser depuis, autant que je n’arrête pas de penser à elle. Je suis perdu Kassandra. Mais avant tout, j’ai besoin de savoir si tu m’en veux ? » C’était pour l’heure ma seule priorité.

Kassandra s’inquiétait de la mine soucieuse de son ami Jarod et espérait que rien de trop grave n’entachait la bonne humeur de cet homme si gentil. La demoiselle avait donc accepté de s’éloigner un peu avec lui, si bien qu’ils se retrouvèrent à l’abri des regards et oreilles indiscret sur ce qui serait la terrasse de la maison bientôt. Jarod commença timidement. Kassandra hocha la tête avec un sourire rassurant, oui elle était son amie, depuis bien longtemps malgré la légère dissension au moment de l’évasion du caméléon avant elle.

- Et je serai toujours là pour toi, tu peux en être sûr, affirma-t-elle.

Elle voulait vraiment qu’il se sente soutenu, comme lui l’avait fait pour elle en lui sauvant la vie (et l’épaule) lors de leur mission sauvetage. Elle l’écouta donc avec attention, plongeant son regard dans le sien. L’évocation du nom de Mlle Parker la fit frémir, elle sentit même comme une légère décharge électrique parcourir sa cicatrice. Et la tempête, elle s’en souvenait très bien, elle était restée coincée aux urgences et avait apporté son aide pour toutes ces pauvres personnes accidentées à cause des intempéries. L’inquiétude se lisait dans le regard de Kassie qui espérait que Jarod n’avait pas été blessé.

- Est-ce que tu vas bien ?

Elle se demandait quel avait bien pu être le dénouement de cette rencontre, comment il avait fait pour s’en sortir, négocier sa liberté peut-être ? Devait-il vendre les autres pour ça ? Non, il était bien trop intègre. Mais alors quoi ?
Et la réponse tomba comme un couperet. Il avait… Kassandra écarquilla les yeux. Et la question qui suivit la surprit d’autant plus.

- Quoi ? Si je t’en veux ? Mais…

Elle eut un rire nerveux en croisant les bras.

- Jarod, je n’ai pas à t’en vouloir, c’est de toi dont il s’agit, pas de moi. Mais je… Je ne comprends pas. Tu es amoureux d’elle alors ? Parce que je crois qu’on ne couche qu’avec une personne dont on est amoureux, enfin… la plupart du temps.

Elle se souvenait aussi que Asher lui avait expliqué que certains le faisaient sans sentiment, mais elle imaginait mal Jarod être aussi détaché. Les caméléons avaient tant besoin de cette affection dont ils avaient été privés toute leur vie.

- Explique-moi, je veux comprendre, s’il te plaît. Tu y penses parce que tu l’aimes ? Mais… comment tu peux aimer quelqu’un qui veut nous faire retourner là-bas ?

C’est une conversation que je redoutais, autant que la réaction de Kassy, qui je le savais, ne pourrait se résoudre à faire preuve de retenue aux vues de ce qui s’était passé précédemment avec Parker. Et la cicatrice qu’elle portait, n’aura de cesse de le lui rappeler. Je me sentais coupable quelque part. Peut-être aurais-je pu lui épargner cette mésaventure. Mais comme le dit « Bucky » à la caserne, « ce n’est pas avec des si que l’on refait le monde. » Je dois reconnaître qu’il m’arrive encore de méditer là-dessus. Cela reviendrait à dire qu’il est inutile de concevoir des hypothèses j’imagine. Il faut parfois accepter qu’il nous ait impossible de revenir en arrière pour changer les choses. C’est ainsi que va la vie et je devrais en faire autant.

Je me surprenais à faire preuve de retenue de prime abord, obligeant Kassandra à faire entendre une promesse qu’elle tiendrait quoiqu’il arrive. Et je la connaissais assez pour savoir qu’elle était sincère et que ce n’étaient pas des paroles en l’air. Je devais donc lui faire honneur et me lancer, sans fioritures et avec sincérité. « - Ca va ne t’en fais pas. C’est juste que souvent, on cherche à trouver les bons mots pour que personne ne soit froissé et bien malgré nous c’est l’inverse qui se produit. » Elle était inquiète tellement que cela en était touchant. De mon côté, je voulais la préserver pour au moins faire honneur à notre amitié, mais le simple fait d’évoquer mademoiselle Parker, sans entrer dans les détails pour l’instant, me fit comprendre qu’il était déjà trop tard pour amoindrir la crainte que je décelais dans le regard de mon amie.

J’avais commencé en « douceur » en posant les bases de l’histoire, à savoir la tempête. Et je savais que les méninges de Kassandra s’étaient dès lors activer pour comprendre comment en de telles circonstances, je me trouvais là devant elle, jouissant d’une liberté qui aurait dû me faire défaut après une telle confrontation. Sans atours, ni ruse pour contourner un sujet éminemment polémique pour les caméléons que nous sommes, j’évoquais la conclusion de cette rencontre fortuite. Je me sentais si mal à l’aise et chargé par la culpabilité, car en prononçant ces mots, j’avais soudainement l’impression de trahir mon amie.

« - Bien sûr que si tu as le droit de m’en vouloir si c’est ce que tu ressens, bien au-delà de l’incompréhension. Quant à ce qui relève du sentiment, c’est compliqué comme toujours avec ce genre de choses. » Et autant vous dire qu’avec Mademoiselle Parker le niveau de complexité redoublait en intensité. « - J’aimerais te permettre de comprendre, mais j’en suis tout bonnement incapable. Certaines choses ne s’expliquent pas. Et l’on a beau essayé, rien n’y fait. Ce soir-là, nous étions confrontés à une situation aussi absurde que périlleuse. Mais l’espace d’un instant, aussi infime soit-il j’ai retrouvé cette petite fille qui m’a littéralement retourné la tête et le cœur lors de notre première rencontre. » Je devais marqué une pause, conscient que c’était peut-être un peu trop pour elle. Avant de reprendre, puisque de toute évidence, Kassy cherchait encore à comprendre.

« - Je sais que ça va te paraître fou voire improbable, mais en un sens, elle aussi est prisonnière du Centre. Elle n’a pas voulu développer, mais elle a très clairement laissé entendre, qu’on ne lui laissé par le choix, que c’est sa liberté contre la nôtre. Mais je demeure convaincu qu’il y a du bon en elle si l’on cherche à voir bien au-delà des apparences. Elle a beaucoup souffert dans sa vie, si bien qu’elle a du apprendre à survivre pour s’en sortir. Kassy, je sais et je conçois que tu puisses mal le prendre, mais Parker n’est pas notre ennemie.»

Jarod tournait autour du pot, il faisait une sorte d’introduction et le stress de Kassandra était palpable, mais finalement, le boulet de canon fut lancé, et la caméléone aurait finalement préféré qu ‘il continue à tergiverser.
Tout un tas de sentiments traversait la brunette sans qu’elle ne sache réellement poser des mots sur ses émotions. Son ami lui demandait si elle lui en voulait, mais la réponse était non, évidemment. Il était son ami, elle tenait à lui, elle ne voulait que son bien, comment alors aurait-elle pu lui en vouloir ? Il n’y était pour rien, les sentiments ne se contrôlaient pas, Kassie le savait, mais… tout de même !

- Non, je ne t’en veux pas ! répéta-t-elle un peu sèchement.

Elle croisa les bras, secouant lentement la tête, le regard perd dans le vague, tandis que Jarod expliquait un peu ce qui s’était passé cette nuit-là lorsqu’il s’était retrouvé seul à seule avec Parker.

- Désolée mais… Tu te rends compte que tu la défends parce qu’elle a été gentille avec toi il y a des lustres ? Tu prends des risques inconsidérés parce que cette fille a été son amie voilà quoi, vingt ans ? Je crois que tu devrais plutôt tenir compte de l’actualité, des dernières expériences en date… de ce trou dans mon épaule que tu as refermé !

Malgré tout, Jarod continuait de défendre Parker, et Kassie soupira silencieusement, braquant son regard brillant d’émotion dans celui de son ami. Les explications qui suivirent la touchèrent quand même. Parker était-elle réellement prisonnière du Centre elle aussi ? Certainement pas dans la même mesure que les caméléons, mais Jarod avait l’air de dire que malgré tout, elle n’avait pas le choix.

- J’ai envie de te croire, je te fais confiance, mais comment peux-tu être sûr que tout ça est vrai ? Et par ailleurs, quelle est la solution ? Il est clair que ni toi, ni moi, ni Caël ne retournerons là-bas. Elle va nous traquer jusqu’à nous attraper ou jusqu’à ce que quelqu’un finisse par être gravement blesser et mourir ? Est-ce qu’il faut qu’on parte, qu’on change d’État ou même de pays ? Et les autres, tu y as pensé ? Nos proches? Asher ? Je peux pas permettre qu’il soit en danger.

Plus que sa propre vie, c’était celle de son fiancé qui comptait le plus pour Kassandra.

- Tu prends beaucoup de risques, Jarod, je ne suis pas sure que ça en vaille la peine. L’amour, comme l’amitié, c’est sensé être beau et apporter du réconfort, pas des angoisses et des traques.

Elle ne m’en voulait pas, bien que son langage corporel semble indiquer tout autre chose. Et j’étais quasi certain qu’à force de lui demander si vraiment elle m’en voulait, elle finirait par répondre « oui » tant elle peinait à contrôler ses émotions. « À quoi t’attendais-tu ? Une effusion de joie ? » Non, évidemment, je n’étais pas assez naïf pour me dire que sous prétexte que nous étions amis, Kassandra allait oublier du jour au lendemain la blessure infligée par Parker. Et me voilà rendu à me sentir mal d’avoir fait preuve de sincérité, moi qui ne voulais rien cacher à mon amie qui passa outre sa gentillesse légendaire pour m’infliger un odieux revers qui me blessa plus que je l’aurais cru.

« - Vraiment, tu en es réduite à penser que je la défends juste parce qu’elle a été gentille avec moi il y a des lustres ? Non, mais tu t’entends Kassandra ? Elle, elle a été ma première amie, elle m’a sorti de ma morosité quotidienne, elle m’a fait découvrir des choses, elle m’a fait sourire un nombre de fois incalculable. Nous avons vécu tant de choses sur un laps de temps. Elle était là pour moi et j’étais là pour elle. Alors non c’est bien plus que de défendre une fille qui a été gentille avec moi il y a des lustres. Et est-ce qu’au moins tu as essayé de la comprendre ? Je sais qu’elle n’a pas pris les meilleures décisions, mais doit-on la condamner comme ça, sans procès ? Je la connais comme personne, elle, la véritable mademoiselle Parker et je sais qu’elle n’est pas l’image qu’elle renvoi aux yeux de tous. »

J’étais ému et sûrement un peu en colère contre Kassandra qui ramenait tout à sa blessure sans chercher à accorder la moindre chance à Parker, alors que moi jamais de mon côté je ne m’étais mis à juger Asher qui jouait pourtant sur deux tableaux, mais qui à la différence de Parker, n’était pas prisonnier du Centre. Je continuais toutefois à argumenter sans relâche en faveur de Parker, me surprenant moi-même je l’avoue. Mais de toute évidence – enfin je crois – cela semblait payer à en juger par le regard moins hostile de Kassandra et ses paroles certainement moins véhémentes que celles prononcées au début de notre échange.

« - Je ne suis sûr de rien, mais je me fis à mon instinct et à ce qu’elle m’a dit. Elle semblait sincère même si cela n’a duré qu’un infime instant. Kassy, je n’ai aucune solution à te proposer hélas et j’en suis vraiment désolé, mais peut-être qu’effectivement toi et Asher vous devriez changer de pays et disparaître. Tu sais, parfois j’en arrive à me dire que ça serait plus simple si j’y retournais. Après tout c’est moi qu’ils veulent non ? Si je rentre au bercail peut-être finiront-ils par vous laisser tranquille. » Mais bien que cela me fasse mal, les paroles de Kassandra étaient censées, trop pour que je les ignore ou que je cherche à la contredire à nouveau.


« - Je pense que l’on devrait retrouver les autres. On en reparlera un autre jour c’est préférable. » J’étais déçu d’avoir laissé ma propension à voir le bien partout, prendre le pas sur ma raison. Mais je tâchais encore de faire bonne figure malgré tout.

Visiblement, Jarod et Kassandra n’étaient pas du tout d’accord sur le sujet de discussion qu’il avait amené sur le tapis, à savoir Mlle Parker. Voilà que lui se mettait à la défendre, alors que Kassie, en bonne scientifique, prenait pour exemple des faits concrets.

- OK, tu es en colère parce que je ne suis pas d’accord, mais peut-être aussi parce que j’ai raison. Je suis désolée de te le dire, mais tes arguments ne tiennent pas la route ! Tu parles de faits qui se sont produits quand vous étiez enfants ! Et sur combien de temps, quelques semaines tout au plus ? Et là, en tant qu’adulte qui pense par elle-même et qui est responsable de ses actions, combien de temps cela fait-il qu’elle te traque ? Un an. Six mois pour mois. Alors non, Asher, figure-toi que je n’ai pas essayé de la comprendre, pas plus qu’elle n’essaie de nous comprendre. J’imagine que je n’ai pas besoin de te rappeler que ce qu’ils font là-bas est illégal ? Ce qu’ils NOUS ont fait est illégal. Tu parles de la condamner sans procès, mais que crois-tu qu’il va arriver à l’un d’entre nous si elle tombe dessus ?

Kassie soupira en levant les yeux au ciel. L’amour rendait aveugle et c’était carrément ce qui arrivait à Jarod.

- Tout ce que je veux, c’est qu’il ne t’arrive rien. Et à Caël ou moi non plus. Et j’aimerais que les autres soient libérés, et qu’ils arrêtent de voler des enfants à leurs familles. Parce que tu te doute bien que leur petit manège immonde continue.

Voilà qu’il lui disait de changer de pays avec Asher.

- Et tu crois que c’est aussi simple que ça ? Asher travail au Centre en tant qu’enseignant, ça ne va pas paraître louche ? Je me refuse à lui faire prendre le moindre risque. Et…

Elle éclata d’un rire nerveux.

- Parce qu’en plus d’être aveuglé par l’Amour, tu es devenu prétentieux ? Redescends, y a pas que toi au monde. Ils nous cherches tous les trois. On a tous nos spécificités, et surtout, étant libres, on est dangereux pour eux.

La jeune femme croisa les bras en secouant lentement la tête, sans le quitter du regard.

- Ouais, c’est sûrement la seule chose que tu aies dite dans cette conversation avec laquelle je sois d’accord, rentrons… On en reparle quand tu veux, j’espère que d’ici là tu te seras fait un tableau des pour et des contre pour comprendre un raisonnement scientifique de base.

Sans attendre, elle rentra et afficha un sourire de façade avant de venir retrouver Asher et se blottir dans ses bras. Elle avait besoin de réconfort.

- Tu crois qu’on pourrait rentrer pas trop tard ? murmura-t-elle à son oreille.