- J’ai loupé mes examens de tirs trois fois avant de réussir. Depuis, mon mari s’amuse à me dire que je n’ai absolument aucun don pour le tir. Pourtant, j’atteins mes cibles … parfois.

- Je possède une moto Kawasaki Ninja ZX-10R de couleur noire. C’est mon petit plaisir d’aller bosser avec les jours de beaux temps.

-J’ai horreur des pâtes et des mets italiens en général.

- Un jour, l’homme de ma vie est arrivé à la maison avec un air abbatue car il était allé porter un chiot chez le vétérinaire. Il avait trouvé le petit animal blessé et amaigri sur une intervention. Nous avons donc adopté cette boule de poil hystérique et affectueuse. Il se nomme Snow et il s’agit d’un Husky qui suit mon mari comme son ombre.

- J’ai perdu mes eaux, lorsque j’étais enceinte, au bureau alors que je remplissais un rapport après un interrogatoire. C’était plutôt rigolo quand j’y repense.

- Ma fille a eu un grave accident en tombant d’un module de jeu. Elle est tétraplégique avec une haute atteinte cervicale. Elle n’arrive donc plus à bouger elle-même et ne parle même plus. Elle a 8 ans maintenant et sa santé est plus que fragile.

Je suis née le 17 février durant une tempête de neige. Ma mère n’a pas eu le temps de se rendre à l’hôpital et c’est mon père qui l’a accouché dans la salle de bain alors que l’ambulance n’était même pas encore. Il faut croire que j’étais pressée d’arriver au monde. Je poussais donc mon premier cri dans cette magnifique maison au milieu des bois. Nous étions alors à Lake Louise en Alberta, une petite ville tout près du parc national de Banff. Mon père était garde forestier et ma mère enseignante à l’école locale. C’était une toute petite ville qui ne tenait que par le tourisme. L’endroit était magnifique, mais isolé de tout. J’ai eu une enfance heureuse et sans particularité. Ma mère étant américaine, mes parents décidèrent de déménager aux États-Unis pour que je puisse avoir une meilleure éducation pour mes études post-secondaire.

Depuis toute jeune, je me passionnais pour les films policiers ainsi que les interrogatoires. J’aimais décortiquer le comportement des gens et je lisais beaucoup sur le sujet. J’étais une jeune femme très réservée. J’étais douée en sport et j’adorais surtout l’escalade et les randonnées en montagnes. Mon père et moi en faisions beaucoup lorsque nous étions à Lake Louise. Je retourne encore avec ma famille à cette maison familiale que mes parents ont conservé. C’est chez moi et elle me permet de me ressourcer totalement.

Je rentrais à l’université Chicago en cursus double. Psychologie du comportement et école de police. Je rêvais de devenir technicienne en polygraphe et en interrogatoire. J’allais donc tout faire pour réaliser mon rêve. Je rencontrais celui qui allait devenir mon futur mari à cet époque : James McCoy. Ce fut un coup de foudre instantané pour cet homme que je trouvais plus que magnifique. Il dégageait quelque chose que je ne pouvais expliquer. Il me complétait parfaitement. Rapidement, nous avons commencé à sortir ensemble. Il m’était d’une grande aide à l’école de police. J’étais excellente pour tout ce qui était du comportemental, mais au niveau des compétences de neutralisation physique j’étais beaucoup moins douée. J’ai tout de même réussi mes examens grâce à son aide plus que précieuse. Nous étions inséparables et nous le sommes toujours.

Je rentrais avec James dans le corps de police de Chicago. La ville avec le plus haut taux de criminalité aux États-unis. J’étais un petit bout de femme et mes collègues masculins se moquaient souvent de moi. Heureusement que j’étais forte de caractère car je n’aurais sans aucun doute jamais réussi à devenir ce que je suis maintenant. J’étais toujours sur la circulation avec des vieux policiers et très rarement avec mon homme que l’on mettait sur des choses beaucoup plus … intéressantes. Je regardais les voitures défilées les unes après les autres et je donnais des contraventions. Je n’avais pas signé pour ça. Je rageais intérieurement alors que James gravissait les échelons à vitesse grand V. Je me sentais comme un poids mort comparativement à lui. Je continuais des cours de psychologie que comportement et j’obtenais un doctorat en la matière en plus de bosser à plein temps.

C’est en pleine nuit alors que j’attendais que mon collègue du jour termine d’uriner que je voyais James sortir du bureau d’interrogatoire avec un air complètement désespéré. Personne n’arrivait à faire parler le type dans la salle et le spécialiste en interrogatoire du FBI était en retard de plusieurs heures. Je me risquais à m’approcher doucement pour lui dire «Je peux le faire si tu veux ...» Évidemment, il y eut des moqueries, mais James réussi à me faire entrer dans la salle d’interrogatoire après une conversation musclée avec le chef. Je retirais mon habit de policière de circulation et je prenais une grande inspiration avant de passer la porte. Mon avenir se jouait maintenant. J’avais globalement lu le dossier. J’allais devoir le faire craqué. Combien de temps je discutais avec ce type? Impossible à dire. Probablement des heures. Je l’observais, je le manipulais et je retournais ses propres faits dans son visage et … Il craquait totalement. Je me souviens encore quand il avait dit «C’est moi ok! J’ai tué mon fils et le corps est dans les égouts de West-side.» Je sortais alors de la salle en fermant la porte pour m’asseoir sur le sol alors que James s’approchait de moi pour me prendre dans ses bras. J’avais fait le plus dur. J’avais réussi l’impossible. J’avais gagné ma place à la dure. C’était également la dernière fois que je portais mon uniforme de policière. J’étais désormais dans les bureaux des enquêteurs comme agent en interrogatoire et spécialiste du polygraphe.

Je me mariais avec James l’année suivante. J’avais 30 ans et lui 34. Nous étions heureux comme jamais. Nous avions des postes en or, une ravissante maison en banlieue et une vie à faire rêver les plus envieux. Nous travaillions ensemble chaque jour et nous nous étions promis de ne plus jamais nous quitter. Nous étions une équipe d’enfer qui se complétait à merveille. Je refusais un poste au FBI alors que mon mari devenait le plus jeune lieutenant de police dans le district de Chicago. La vie était douce car deux ans plus tard, je tombais enceinte de notre fille Sarah. Une bonheur que nous avions longtemps attendu. Je continuais de travailler durant ma grossesse jusqu’à mon terme. Je perdais les eaux à mon bureau alors que je remplissais un rapport. Une anecdote qui reste encore dans les plus inoubliables de notre vie.

Notre belle Sarah vu le jour durant la nuit suivante le 23 juin. J’étais épuisée mais totalement comblée. Cette petite fille avait rempli mon coeur d’un amour infini. Qu’est-ce qui pouvait nous arriver de mal en fait? La vie continuait donc son chemin rapidement. Notre fille était avec sa gardienne et avait 6 ans. Nous étions sur une grosse affaire et nous avions une confiance des plus totale envers Betanie. J’étais en train de regarder une vidéo d’interrogatoire lorsque mon cellulaire sonnait. La gardienne était paniquée et parlait d’une chute au parc et d’une ambulance. Immédiatement, je me rendais aux urgences avec James. Je cherchais ma fille comme une malade et je perdais totalement mon sang froid. Je voyais mon bébé passer scanner sur scanner et voir des pédiatres , des neurologues, des orthopédistes sans avoir la moindre réponse. Elle ne réagissait à rien. Elle ne bougeait plus du tout et en quelques heures le diagnostic tombait comme une épée de Democles. Tétraplégie. Je poussais un hurlement horrible aux urgences et je m’effondrais. Pourquoi nous? Pourquoi elle? Pourquoi cet accident imbécile alors qu’elle était montée tant de fois sur ce module de jeu?

Je prenais un arrêt de travail pour m’occuper à plein temps de notre fille. Je ne quittais jamais l’hôpital tant qu’elle y étais. Je voulais qu’elle soit bien et je voulais m’assurer que le personnel faisait son maximum pour elle. La maison connue de nombreuses rénovations en vue de son retour. Tout était adapté pour son confort. Les sommes étaient astronomiques, mais James et moi ne pouvions nous résoudre à la mettre dans un institut. Je recommençais à travailler un an après l’accident. Nous avions une infirmière à la maison qui s’occupait d’elle. Cependant, l’air de Chicago présentait des lacunes majeures et le niveau de pollution était trop élevé. Pour le bien-être de Sarah, nous avions décidé de déménager. James demandait sa mutation à Blue Cove dans le Delaware et je demandais la mienne. Nous avions espoir d’avoir un avenir meilleur. La police de la ville était heureuse de nous avoir et mon mari avait un poste de lieutenant et moi le mien. Le meilleur ami de ce dernier nous suivait également. Mon mari n’aurait jamais passé au travers de tout cela sans son partenaire Eric.

Nous étions donc ici pour débuter notre nouvelle vie. J’espérais que les tensions diminueraient avec le temps entre James et moi. Ce n’était pas toujours facile avec notre fille, mais notre couple tenait le coup malgré tout. Pour le meilleure et pour le pire, dans la richesse ou la pauvreté et jusqu’à ce que la mort nous sépare.

L'équipe municipale de Blue Cove