Qu'est ce qu'un monde sans difficultés, où tout semble à portée de mains ? C'est un monde avec plus de difficultés que jamais. C'est un monde plus terrible que l'autre, où la difficulté n'est pas là où on le pense. Là où les gens pleurent parce qu'ils ne comprennent pas pourquoi "sh" ça fait "shh" et pas "sssss", David, lui devait faire face au fait qu'il ne comprenait pas pourquoi personne ne comprenait que c'était pas logique que "sh" fasse "ss" et que la dame avait fait une faute au tableau. Que juste faire 4+4 aurait pu être résumé par 4*2 et que lui était déjà passé à autre chose.
Et surtout, quand tout le monde comprenait que dire "salut ça va, moi hier j'ai vu tel dessin animé haha oui c'est trop rigolo", permettait de se faire aimer, David lui, préférait sortir "Tu as déjà entendu parler du théorème de Pythagore ? Ca a l'air rigolo".

Alors on riait. Mais pas avec lui. Mais de lui. Et David n'était pas idiot, c'était plutôt l'inverse, alors il essaya de faire comme dans le film qu'il avait vu la veille, qui était assez violent et son premier coup de poing partit.
C'était comme ça que David compris que se faire des amis c'était trop dur, pour lui, et que peut-être, que ça servait à rien. Il commença alors à se battre, pour faire passer ce dégoût des autres. Parce qu'il ne comprenait pas pourquoi il était tout inversé par rapport aux autres.
Pourquoi lui comprenait que x+4=5 avait du sens, et que comprendre que devenir amie avec Suzie parce qu'elle a des jolis boucles, ça n'avait aucun sens.

Il aurait pu en parler à ses parents, expliquer simplement, comme il avait parfois l'impression d'être : "Pourquoi je suis cassé, papa, maman ?"
Mais ses parents ne semblaient pas comprendre, ou pire, ne pas l'écouter. Alors son père, rustre et conservateur, décida de le frapper et de le punir pour lui apprendre à être un bon garçon. Que se battre avec ses camarades c'était mal.
Régler le mal par le mal, n'a jamais servi à personne. Et surtout pas à David, qui se mit à haïr encore plus les gens. Et se détester lui-même, et ses capacités.
Mutant dans un état de muet, il arrêta de parler, et s'il continua de donner des coups, il décida de ne plus parler, de ne plus avoir l'air intelligent. Il ne savait pas ce qu'il voulait. Et parfois, quand il voyait les livres de science fiction, il fixait le ciel et se demandait, si lui aussi, il venait d'une autre planète.
Il n'avait aucune difficulté en cours. Il comprenait tout très vite, tout trop vite. Mais les difficultés qui s’amoncelaient sur son chemin, le faisait envier les cancres et autres clowns au fond de la classe.
Parce que quand ses camarades pensaient juste au match de demain, David, lui, avait parfois l'impression que son cerveau était beaucoup trop rempli pour son bien.

Quand il eut une dizaine d'années, l'effet s'inversa. Il décida d'ouvrir sa grande gueule, et de ne plus se laisser faire. Déjà que ses coups rentraient en écho avec ceux de son père, ses mots furent plus brutaux que jamais.
Il défiait les professeurs, se foutaient de leur poire parce qu'ils ne savaient pas de quoi il parlait. Il était déterminé à prendre encore plus d'avance qu'avant. Être réellement le meilleur. Et un jour, partir de son foyer familial. Partir pour toujours. Disparaître.
Être tranquille.
David voulait de la tranquillité. Son propre monde. Ou personne ne viendrait lui dire qu'il n'était pas comme les autres.
Il parvint à survivre avec cet espoir.
Cette image de lui, posé dans un endroit où rien ni personne ne viendrait le déranger.

Survivre jusqu'à ce que sa mère, se pose enfin la bonne question "tiens donc, et si mon fils était intelligent ?". Lors de cette illumination divine, elle compris que plutôt que de laisser son mari s'occuper de leur fils, elle devrait aider David.
Alors, elle fit tout pour trouver un établissement où il se sentirait mieux. Où les gens ne seraient pas dérangeant, pas des infâmes idiots qu'il ne supportait pas. Un endroit où il ne se battrait pas.
Mais au fond, ça ne correspondait pas tant à ce que son fils voulait. Aller dans une autre école, ne changerait rien, selon lui.

Perdant espoir, il se tourna vers la drogue. On lui avait dit que comme ça, il y trouverait de la tranquillité qu'il cherchait tant.
Il ne trouva rien d'autre que des effets qu'il n'apprécia pas, un nez blanc, et des marques de piqûres sur ses bras. Il ne comprit pas en quoi c'était une bonne chose, et même s'il profita de certains effets, il décida de laisser tomber.
Se résignant totalement à l'idée de sa mère de "l'emmener vers des gens comme lui". Comme si cela allait l'aider à se faire des amis.

Du coup, être placé en institut, ne l'intéressa pas du tout au début. Si bien, que lorsqu'il arriva, il n'essaya pas de faire un effort pour s'entendre avec le monde, et se mit directement en conflit avec tous les gens qui l'entouraient. Déterminé à prouver qu'il était le meilleur, mais aussi, qu'il n'avait pas besoin d'amis.
Enfin. C'était comme ça, jusqu'à ce qu'il comprenne que certains étaient comme lui, ou qu'ils pouvaient être sympathiques... Par contre, si on avait dit à David que son premier ami serait un type comme Azzam, il ne l'aurait jamais cru.
Pourtant ce fut le cas.
Azzam et David s'entendirent malgré tout, parce que peut-être que la collection de Rubik's cube de David faisait marrer Azzam, sans qu'il ne se moque, et qu'ils se trouvaient certains points communs.
Bon, cela ne l'empêcha pas de détester la plupart du reste de sa classe, dont l'espèce de machin trop intelligent qu'était Alicia.
David ne la supporta pas. Ni au début. Ni maintenant. Il ne sait pas ce qu'elle lui veut, mais il la trouve horriblement horripilante, et fait tout pour l'éviter.

Il aurait eut apparemment d'autres "amis" mais ne fut jamais sûr qu'ils soient vraiment ses amis ou pas.
Toujours est-il que c'est avec eux qu'il découvrit l'autre face de l'Institut : Ses sous sols, riches en secrets. Tout cela grâce à cette alarme qui résonna si fort, et les intrigua comme jamais. Contenant apparemment des gens comme eux, mais encore plus différents, dont celle qui l'intéressa plus que tous les autres.
Mélanie. Elle était là, devant lui, elle était si... Fascinante. Si intéressante au dialogue, et tellement mystérieuse.
Plus intelligente que lui, sûrement, mais leurs intelligences et leurs caractères semblaient se mêler. Et elle plu à David, qui, comprenant qu'elle n'était pas là complètement de son plein gré, jura de la sortir de là quoi qu'il advienne.

Et il compte bien y arriver. Il se sait assez intelligent pour pousser les choses jusqu'au bout. Il est prêt à fouiller les secrets du Centre, pour elle, pour la sauver, et pour qu'ils soient ensemble.
Il ignore si ce qu'il ressent est de l'amour ou de la fascination, sûrement les deux, mais il veut l'aider, comme jamais.
Elle est son nouveau rêve. Son nouvel espoir. Puisque dans ce monde, même avec des facilités, il est difficile de vivre tranquille.

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